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“Un lieu pour tous”: la première piste de skateboard ouvre à Bagdad

Rukaya al-Zubaidi, 22 ans, pose avec précaution un pied sur son skateboard et cherche son équilibre, au milieu d’une foule de patineurs qui s’élancent sur la piste, la première ouverte à Bagdad.”C’est seulement la deuxième fois que je patine, mais je veux continuer, surtout maintenant que nous avons un espace consacré à cela”, se réjouit la jeune femme en pullover rose, pendant que les rires des patineurs se mêlent à une forte musique d’ambiance.Après une première piste à Souleimaniyeh, dans le nord de l’Irak, celle de Bagdad vient d’ouvrir au ministère des Sports, dans la banlieue de la capitale, après cinq ans de négociations entre les autorités et trois associations, italienne, irakienne et belge, qui ont porté le projet.Pour les jeunes, ces pistes offrent une bouffée d’oxygène dans un pays qui a vécu des décennies de conflits, à l’écart du regard souvent inquisiteur de la société conservatrice irakienne.Rukaya al-Zubaidi observe les patineurs, professionnels ou amateurs, sur leurs planches colorées.”Quand mes amis m’ont parlé de faire du skateboard, j’ai eu peur”, raconte-t-elle, pas seulement du risque de chute mais aussi du regard désapprobateur de la société et de ses parents. “Mais quand j’ai essayé, je me suis sentie remplie d’une belle énergie”.- “Un nouveau chapitre” -Le projet se veut “inclusif et collectif, un lieu pour tous”, explique Ishtar Obaid, de l’association irakienne Forsah, qui signifie “opportunité”, l’une des trois organisations à l’origine du projet.”Des gens de différents horizons” se rencontrent sur la piste, et c’est là “la beauté du sport”, ajoute Ishtar Obaid, qui est aussi conseillère pour le Comité olympique irakien. Son organisation projette d’organiser des cours de skateboard pour les enfants et les entraîneurs. “C’est un nouveau chapitre pour les sports en Irak”, souligne-t-elle.Sitôt reçu le feu vert des autorités à la fin 2024, il a fallu un mois aux trois associations pour construire la piste. Parmi elles, Make Life Skate Life, une organisation belgo-américaine qui a déjà installé des pistes dans le nord de l’Irak, en Libye et en Inde.Kjell Van Hansewyck, qui travaille pour Make Life Skate Life, affirme que cela a été un “vrai combat” pour trouver un lieu dans cette ville “très peuplée, avec beaucoup de pollution et d’embouteillages”, qui manque “de terrains publics et d’installations pour les enfants”.Les chantiers foisonnent à Bagdad, où les grues et les engins ont envahi les rues, construisant des tunnels et des ponts.Quand les autorités leur ont proposé un emplacement au ministère des Sports, les associations ont accepté, malgré la présence de plusieurs points de contrôle qui compliquent l’accès.Kjell Van Hansewyck souligne que la piste “n’est pas visible depuis la rue”. Mais il espère que le bouche à oreille fonctionnera pour la faire connaître. – “Vous devenez amis” – Mohammad al-Qadi, 19 ans, a acheté sa première planche en 2019, alors qu’il participait à un mouvement national de manifestations contre le gouvernement. Bagdad fut l’épicentre du mouvement, qui s’est accompagné d’événements artistiques et sportifs et de lieux de discussions, avant d’être écrasé par une répression qui a fait plus de 600 morts.Depuis lors, Mohammad al-Qadi n’a pu patiner que dans les rues. “A chaque fois que nous sortions, les gens nous traitaient de mauvais garçons”, se souvient-il.Dans ce pays conservateur, le skateboard est souvent considéré comme un sport alternatif pratiqué par des jeunes en rébellion. Même si cette perception a quelque peu évolué, souligne le jeune homme, les patineurs n’avaient toujours aucun lieu dédié.”Quand je me sens sous pression à cause de mes études ou de ma vie personnelle, je me tourne vers le skateboard”, raconte-t-il, en ajoutant que la nouvelle piste offre une “opportunité” pour faire une pause ou se changer les idées. Hussein Ali, 18 ans, pratique depuis cinq ans le skateboard, discipline olympique depuis les Jeux de Tokyo 2020, et espère qu’une “équipe nationale” verra le jour en Irak.Pour lui, c’est aussi une façon de faire des rencontres. “Quand vous voyez quelqu’un patiner, vous lui tendez simplement la main, et c’est ainsi que vous devenez amis”, remarque-t-il.

“Un lieu pour tous”: la première piste de skateboard ouvre à Bagdad

Rukaya al-Zubaidi, 22 ans, pose avec précaution un pied sur son skateboard et cherche son équilibre, au milieu d’une foule de patineurs qui s’élancent sur la piste, la première ouverte à Bagdad.”C’est seulement la deuxième fois que je patine, mais je veux continuer, surtout maintenant que nous avons un espace consacré à cela”, se réjouit la jeune femme en pullover rose, pendant que les rires des patineurs se mêlent à une forte musique d’ambiance.Après une première piste à Souleimaniyeh, dans le nord de l’Irak, celle de Bagdad vient d’ouvrir au ministère des Sports, dans la banlieue de la capitale, après cinq ans de négociations entre les autorités et trois associations, italienne, irakienne et belge, qui ont porté le projet.Pour les jeunes, ces pistes offrent une bouffée d’oxygène dans un pays qui a vécu des décennies de conflits, à l’écart du regard souvent inquisiteur de la société conservatrice irakienne.Rukaya al-Zubaidi observe les patineurs, professionnels ou amateurs, sur leurs planches colorées.”Quand mes amis m’ont parlé de faire du skateboard, j’ai eu peur”, raconte-t-elle, pas seulement du risque de chute mais aussi du regard désapprobateur de la société et de ses parents. “Mais quand j’ai essayé, je me suis sentie remplie d’une belle énergie”.- “Un nouveau chapitre” -Le projet se veut “inclusif et collectif, un lieu pour tous”, explique Ishtar Obaid, de l’association irakienne Forsah, qui signifie “opportunité”, l’une des trois organisations à l’origine du projet.”Des gens de différents horizons” se rencontrent sur la piste, et c’est là “la beauté du sport”, ajoute Ishtar Obaid, qui est aussi conseillère pour le Comité olympique irakien. Son organisation projette d’organiser des cours de skateboard pour les enfants et les entraîneurs. “C’est un nouveau chapitre pour les sports en Irak”, souligne-t-elle.Sitôt reçu le feu vert des autorités à la fin 2024, il a fallu un mois aux trois associations pour construire la piste. Parmi elles, Make Life Skate Life, une organisation belgo-américaine qui a déjà installé des pistes dans le nord de l’Irak, en Libye et en Inde.Kjell Van Hansewyck, qui travaille pour Make Life Skate Life, affirme que cela a été un “vrai combat” pour trouver un lieu dans cette ville “très peuplée, avec beaucoup de pollution et d’embouteillages”, qui manque “de terrains publics et d’installations pour les enfants”.Les chantiers foisonnent à Bagdad, où les grues et les engins ont envahi les rues, construisant des tunnels et des ponts.Quand les autorités leur ont proposé un emplacement au ministère des Sports, les associations ont accepté, malgré la présence de plusieurs points de contrôle qui compliquent l’accès.Kjell Van Hansewyck souligne que la piste “n’est pas visible depuis la rue”. Mais il espère que le bouche à oreille fonctionnera pour la faire connaître. – “Vous devenez amis” – Mohammad al-Qadi, 19 ans, a acheté sa première planche en 2019, alors qu’il participait à un mouvement national de manifestations contre le gouvernement. Bagdad fut l’épicentre du mouvement, qui s’est accompagné d’événements artistiques et sportifs et de lieux de discussions, avant d’être écrasé par une répression qui a fait plus de 600 morts.Depuis lors, Mohammad al-Qadi n’a pu patiner que dans les rues. “A chaque fois que nous sortions, les gens nous traitaient de mauvais garçons”, se souvient-il.Dans ce pays conservateur, le skateboard est souvent considéré comme un sport alternatif pratiqué par des jeunes en rébellion. Même si cette perception a quelque peu évolué, souligne le jeune homme, les patineurs n’avaient toujours aucun lieu dédié.”Quand je me sens sous pression à cause de mes études ou de ma vie personnelle, je me tourne vers le skateboard”, raconte-t-il, en ajoutant que la nouvelle piste offre une “opportunité” pour faire une pause ou se changer les idées. Hussein Ali, 18 ans, pratique depuis cinq ans le skateboard, discipline olympique depuis les Jeux de Tokyo 2020, et espère qu’une “équipe nationale” verra le jour en Irak.Pour lui, c’est aussi une façon de faire des rencontres. “Quand vous voyez quelqu’un patiner, vous lui tendez simplement la main, et c’est ainsi que vous devenez amis”, remarque-t-il.

“Un lieu pour tous”: la première piste de skateboard ouvre à Bagdad

Rukaya al-Zubaidi, 22 ans, pose avec précaution un pied sur son skateboard et cherche son équilibre, au milieu d’une foule de patineurs qui s’élancent sur la piste, la première ouverte à Bagdad.”C’est seulement la deuxième fois que je patine, mais je veux continuer, surtout maintenant que nous avons un espace consacré à cela”, se réjouit …

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Malgré Trump, les avocats mexicains très demandés aux Etats-Unis pour le Super Bowl

“Le client les veut toujours” : malgré les menaces tarifaires de Donald Trump, les avocats mexicains sont toujours aussi demandés aux Etats-Unis à la veille du Super Bowl ce dimanche, où la consommation de guacamole va battre des records.Dimanche, les Kansas City Chiefs et les Philadelphia Eagles vont disputer la finale du championnat de football américain à la Nouvelle-Orléans, avec un spectacle de Kendrick Lamar à la mi-temps.Le grand rendez-vous sportif de l’année marque un record de consommation de guacamole, la fameuse purée d’avocats.A quelques jours du Super Bowl, la menace de Trump ne mine pas l’optimisme des travailleurs à Uruapan dans le Michoacan (nord-ouest), grande région productrice d’avocats.”Les petits arbres sont ici, les avocats sont ici, le client les voudra”, déclare à l’AFP Agustín del Río, producteur de la région.La valeur des exportations d’avocats du Mexique s’élève à plus de trois milliards de dollars par an, ce qui a permis la floraison de vergers et d’emballeurs dans le Michoacán, une région agro-industrielle dynamique un peu plus grande que le Costa Rica, où se concentre la majeure partie de la production.- “Une monnaie d’échange” -Lorsque Trump a annoncé des taxes sur les produits importés du Mexique et du Canada, les accusant de tolérer le trafic de fentanyl et la migration illégale, les producteurs d’avocats et d’autres industries orientées vers l’exportation, comme l’automobile, ont plongé dans l’incertitude.”Est-ce que cela m’inquiète? Bien sûr, comme cela inquiéterait tout le monde que l’on impose une taxe sur ce que vous vendez ou exportez”, déclare M. del Río, 49 ans.”Qu’avons-nous fait de mal? Nous sommes une monnaie d’échange”, ajoute-t-il parmi les arbres luxuriants de son verger à Uruapan, qui, avec d’autres villes de la région, a envoyé environ 110.00 tonnes d’avocats pour le Super Bowl, selon l’association des producteurs et exportateurs d’avocats au Mexique, APEAM.Pour l’instant, Trump a accepté de retarder les taxes d’un mois, jusqu’au début mars. En échange, le Mexique s’est engagé à déployer 10.000 soldats à la frontière avec les États-Unis.Près du verger d’Agustín del Río, des dizaines d’employés travaillent à emballer les avocats, un processus mécanisé qui permet aux cargaisons d’atteindre la frontière en un jour.D’immenses machines trient les fruits par taille et par qualité, puis des ouvrières les placent dans des cartons de 25 livres.Chaque opération d’emballage ne prend que 30 secondes, de sorte que ce lieu traite quotidiennement 150 tonnes étiquetées “Avocados from Mexico. The world’s finest” (les avocats du Mexique, les meilleurs du monde).Conservées au froid, les boîtes ont des codes qui permettent de suivre toute la chaîne de production. De plus, pour chaque cargaison, un inspecteur du département américain de l’agriculture (USDA) prélève un échantillon pour vérifier son innocuité à la frontière.Comme si cela ne suffisait pas, les transporteurs doivent encore se méfier des vols dans une zone qui a souffert des assauts de la violence et des extorsions de la criminalité organisée, bien que les policiers locaux affirment qu’elle est désormais “tranquille”.Les avocats sont l’un des exemples de la forte intégration économique entre le Mexique et les Etats-Unis, grâce à l’accord commercial existant depuis 1994 et que Trump a renégocié lors de sa première présidence (2017-2021).Pour toutes ces raisons, M. del Río a poussé un soupir de soulagement après l’accord entre Trump et la présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, bien qu’il ne doute pas que ses avocats convoités aient de nombreux Super Bowl devant eux. “Jusqu’où va l’incertitude? La rhétorique? Heureusement, le client les veut toujours”.

Malgré Trump, les avocats mexicains très demandés aux Etats-Unis pour le Super Bowl

“Le client les veut toujours” : malgré les menaces tarifaires de Donald Trump, les avocats mexicains sont toujours aussi demandés aux Etats-Unis à la veille du Super Bowl ce dimanche, où la consommation de guacamole va battre des records.Dimanche, les Kansas City Chiefs et les Philadelphia Eagles vont disputer la finale du championnat de football …

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Intelligence artificielle: pourquoi certains pays interdisent-ils DeepSeek?

L’irruption du robot conversationnel R1 de la start-up chinoise DeepSeek a stupéfié l’industrie de la tech par sa capacité à égaler ses concurrents américains pour un coût moindre, rebattant les cartes de l’intelligence artificielle (IA).Mais ce chatbot à peine lancé, plusieurs gouvernements ont déjà restreint son utilisation, invoquant des menaces pour la sécurité nationale ou de potentielles fuites d’informations sensibles.L’AFP fait le point sur la situation: – Qui a interdit DeepSeek? -L’Italie est le premier pays à avoir ouvert une enquête sur DeepSeek, à qui elle a interdit de traiter les données d’utilisateurs italiens. En 2023, l’organisme de surveillance italien avait déjà temporairement bloqué le chatbot d’OpenAI dans le pays, ChatGPT, pour des raisons de confidentialité.Après l’Italie, les autorités taïwanaises ont interdit à leurs fonctionnaires et à des infrastructures-clés d’utiliser les applications de la start-up chinoise, invoquant des risques pour “la sécurité nationale de l’information”.Cette décision a été suivie quelques jours plus tard par l’Australie.En Corée du Sud, plusieurs ministères, dont celui qui supervise les relations avec la Corée du Nord, ont bloqué l’accès à DeepSeek sur leurs ordinateurs. Ces mesures de blocage concernent également les “PC militaires”.Aux Etats-Unis, une proposition de loi a été présentée par des parlementaires pour empêcher l’utilisation de DeepSeek – qualifiée d'”entreprise affiliée au Parti communiste chinois” par le représentant Darin LaHood – sur les appareils du gouvernement pour des raisons de cybersécurité.- Que craignent-ils? -Les conditions générales de DeepSeek renferment une section sur la transmission des données personnelles à des tiers, très semblable à celle de ChatGPT, le robot conversationnel de son rival américain OpenAI.Mais “en Chine, lorsque le gouvernement demande l’accès aux données des utilisateurs, les entreprises sont légalement tenues de les fournir”, relève Youm Heung-youl, enseignant et spécialiste de la sécurité des données à l’université Soonchunhyang en Corée du Sud.Selon la politique de confidentialité de DeepSeek, la start-up chinoise collecte également des informations sur “les frappes au clavier”, c’est-à-dire toute interaction qu’un utilisateur effectue avec une touche de son clavier.Pékin affirme pour sa part que le gouvernement chinois “n’exigera jamais des entreprises ou des individus qu’ils collectent ou stockent illégalement des données”.La Chine a dénoncé les restrictions récemment imposées par plusieurs pays, y voyant une “politisation des questions économiques, commerciales et technologiques”.- Des inquiétudes justifiées? -La décision de la Corée du Sud de restreindre l’utilisation de DeepSeek répond à de “véritables inquiétudes”, mais témoigne également de “leur réflexe de suivre la ligne des Etats-Unis”, souligne Vladimir Tikhonov, professeur d’études coréennes à l’université d’Oslo. Les Etats-Unis sont un partenaire clé de la Corée du Sud, où sont stationnés des dizaines de milliers de soldats américains pour la protéger de son voisin du Nord.Selon M. Tikhonov, Séoul “ne peut pas opérer seule dans une situation de guerre à grande échelle. On s’attend donc plus ou moins à ce qu’elle suive les directives de l’armée américaine en matière de cybersécurité”.Mais, note-t-il, “aucune grande entreprise de la tech n’est politiquement neutre”. “Google stocke les données relatives à l’historique de navigation et il est naïf de penser qu’elles ne sont pas partagées avec des agences gouvernementales lorsqu’elles en font la demande”, poursuit le professeur.Il reconnaît toutefois que la collaboration des grandes entreprises de la tech avec les autorités chinoises est probablement “plus approfondie”.- DeepSeek, une surprise? -“DeepSeek a été lancé en mai 2023, et une chose pareille ne peut pas émerger du jour au lendemain”, estime Park Seung-chan, professeur d’économie chinoise à l’université sud-coréenne de Yongin.Pour les experts, DeepSeek a notamment vu le jour grâce aux investissements massifs de la Chine ces dernières années dans la recherche et le développement. Selon les données de la Chambre de commerce sud-coréenne, la Chine se classe au deuxième rang mondial des investisseurs en recherche et développement, tout juste derrière les Etats-Unis.”Je vois (l’irruption du robot conversationnel R1, ndlr) comme un coup calculé qui a été préparé avant l’ère Trump, et nous devrions prêter attention aux deuxième et troisième vagues de DeepSeek”, avertit M. Park.- Quelles leçons? -DeepSeek dit avoir utilisé des puces H800, moins performantes que d’autres modèles mais autorisées pour l’exportation vers la Chine jusqu’à fin 2023.”Si DeepSeek a réellement utilisé des H800, cela signifie que même sans semi-conducteurs dernier cri, des résultats semblables pourraient être obtenus avec des semi-conducteurs standard, tant que le logiciel est bon”, explique Park Ki-soon, professeur à l’université Sungkyunkwan en Corée du Sud.De quoi mettre sens dessus dessous l’industrie des semi-conducteurs, dont la Corée du Sud et Taïwan sont à la pointe.”Des pays comme les Etats-Unis et la Chine investissent des ressources et des talents considérables dans le développement de logiciels”, souligne Park Ki-soon, pour qui DeepSeek est la preuve que tous les gouvernements devraient davantage soutenir ce secteur.

Intelligence artificielle: pourquoi certains pays interdisent-ils DeepSeek?

L’irruption du robot conversationnel R1 de la start-up chinoise DeepSeek a stupéfié l’industrie de la tech par sa capacité à égaler ses concurrents américains pour un coût moindre, rebattant les cartes de l’intelligence artificielle (IA).Mais ce chatbot à peine lancé, plusieurs gouvernements ont déjà restreint son utilisation, invoquant des menaces pour la sécurité nationale ou …

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L’irruption du robot conversationnel R1 de la start-up chinoise DeepSeek a stupéfié l’industrie de la tech par sa capacité à égaler ses concurrents américains pour un coût moindre, rebattant les cartes de l’intelligence artificielle (IA).Mais ce chatbot à peine lancé, plusieurs gouvernements ont déjà restreint son utilisation, invoquant des menaces pour la sécurité nationale ou de potentielles fuites d’informations sensibles.L’AFP fait le point sur la situation: – Qui a interdit DeepSeek? -L’Italie est le premier pays à avoir ouvert une enquête sur DeepSeek, à qui elle a interdit de traiter les données d’utilisateurs italiens. En 2023, l’organisme de surveillance italien avait déjà temporairement bloqué le chatbot d’OpenAI dans le pays, ChatGPT, pour des raisons de confidentialité.Après l’Italie, les autorités taïwanaises ont interdit à leurs fonctionnaires et à des infrastructures-clés d’utiliser les applications de la start-up chinoise, invoquant des risques pour “la sécurité nationale de l’information”.Cette décision a été suivie quelques jours plus tard par l’Australie.En Corée du Sud, plusieurs ministères, dont celui qui supervise les relations avec la Corée du Nord, ont bloqué l’accès à DeepSeek sur leurs ordinateurs. Ces mesures de blocage concernent également les “PC militaires”.Aux Etats-Unis, une proposition de loi a été présentée par des parlementaires pour empêcher l’utilisation de DeepSeek – qualifiée d'”entreprise affiliée au Parti communiste chinois” par le représentant Darin LaHood – sur les appareils du gouvernement pour des raisons de cybersécurité.- Que craignent-ils? -Les conditions générales de DeepSeek renferment une section sur la transmission des données personnelles à des tiers, très semblable à celle de ChatGPT, le robot conversationnel de son rival américain OpenAI.Mais “en Chine, lorsque le gouvernement demande l’accès aux données des utilisateurs, les entreprises sont légalement tenues de les fournir”, relève Youm Heung-youl, enseignant et spécialiste de la sécurité des données à l’université Soonchunhyang en Corée du Sud.Selon la politique de confidentialité de DeepSeek, la start-up chinoise collecte également des informations sur “les frappes au clavier”, c’est-à-dire toute interaction qu’un utilisateur effectue avec une touche de son clavier.Pékin affirme pour sa part que le gouvernement chinois “n’exigera jamais des entreprises ou des individus qu’ils collectent ou stockent illégalement des données”.La Chine a dénoncé les restrictions récemment imposées par plusieurs pays, y voyant une “politisation des questions économiques, commerciales et technologiques”.- Des inquiétudes justifiées? -La décision de la Corée du Sud de restreindre l’utilisation de DeepSeek répond à de “véritables inquiétudes”, mais témoigne également de “leur réflexe de suivre la ligne des Etats-Unis”, souligne Vladimir Tikhonov, professeur d’études coréennes à l’université d’Oslo. Les Etats-Unis sont un partenaire clé de la Corée du Sud, où sont stationnés des dizaines de milliers de soldats américains pour la protéger de son voisin du Nord.Selon M. Tikhonov, Séoul “ne peut pas opérer seule dans une situation de guerre à grande échelle. On s’attend donc plus ou moins à ce qu’elle suive les directives de l’armée américaine en matière de cybersécurité”.Mais, note-t-il, “aucune grande entreprise de la tech n’est politiquement neutre”. “Google stocke les données relatives à l’historique de navigation et il est naïf de penser qu’elles ne sont pas partagées avec des agences gouvernementales lorsqu’elles en font la demande”, poursuit le professeur.Il reconnaît toutefois que la collaboration des grandes entreprises de la tech avec les autorités chinoises est probablement “plus approfondie”.- DeepSeek, une surprise? -“DeepSeek a été lancé en mai 2023, et une chose pareille ne peut pas émerger du jour au lendemain”, estime Park Seung-chan, professeur d’économie chinoise à l’université sud-coréenne de Yongin.Pour les experts, DeepSeek a notamment vu le jour grâce aux investissements massifs de la Chine ces dernières années dans la recherche et le développement. Selon les données de la Chambre de commerce sud-coréenne, la Chine se classe au deuxième rang mondial des investisseurs en recherche et développement, tout juste derrière les Etats-Unis.”Je vois (l’irruption du robot conversationnel R1, ndlr) comme un coup calculé qui a été préparé avant l’ère Trump, et nous devrions prêter attention aux deuxième et troisième vagues de DeepSeek”, avertit M. Park.- Quelles leçons? -DeepSeek dit avoir utilisé des puces H800, moins performantes que d’autres modèles mais autorisées pour l’exportation vers la Chine jusqu’à fin 2023.”Si DeepSeek a réellement utilisé des H800, cela signifie que même sans semi-conducteurs dernier cri, des résultats semblables pourraient être obtenus avec des semi-conducteurs standard, tant que le logiciel est bon”, explique Park Ki-soon, professeur à l’université Sungkyunkwan en Corée du Sud.De quoi mettre sens dessus dessous l’industrie des semi-conducteurs, dont la Corée du Sud et Taïwan sont à la pointe.”Des pays comme les Etats-Unis et la Chine investissent des ressources et des talents considérables dans le développement de logiciels”, souligne Park Ki-soon, pour qui DeepSeek est la preuve que tous les gouvernements devraient davantage soutenir ce secteur.

Trump lance des sanctions contre la CPI, Israël s’en félicite

Donald Trump a signé un décret prévoyant des sanctions contre la Cour pénale internationale, accusée d’avoir “engagé des actions illégales et sans fondement contre l’Amérique et notre proche allié Israël”, qui s’en est “félicité” vendredi.Dans un communiqué sur X, le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar a assuré que la CPI poursuivait “de façon …

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Trump lance des sanctions contre la CPI, Israël s’en félicite

Donald Trump a signé un décret prévoyant des sanctions contre la Cour pénale internationale, accusée d’avoir “engagé des actions illégales et sans fondement contre l’Amérique et notre proche allié Israël”, qui s’en est “félicité” vendredi.Dans un communiqué sur X, le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar a assuré que la CPI poursuivait “de façon agressive les dirigeants élus d’Israël, la seule démocratie au Moyen-Orient”. Selon lui, la Cour n’a aucune légitimité dans la mesure où Israël et les Etats-Unis ne sont “pas membres de la CPI”. Le Conseil européen a en revanche qualifié le décret américain de “menace” pour l’indépendance de l’institution judiciaire internationale. “Sanctionner la CPI menace l’indépendance de la Cour et mine l’ensemble du système de justice internationale”, a déclaré sur X Antonio Costa, qui préside l’instance représentant les dirigeants des 27.Le texte, diffusé jeudi par la Maison Blanche, interdit l’entrée aux Etats-Unis aux dirigeants, employés et agents de la CPI ainsi qu’aux plus proches membres de leurs familles et à quiconque considéré comme ayant apporté son aide aux travaux d’enquête de la CPI.Le décret prévoit aussi de geler tous les avoirs détenus aux Etats-Unis par ces mêmes personnes.Les noms des individus visés n’ont pas été rendus publics dans l’immédiat. De précédentes sanctions prises par le précédent gouvernement Trump en 2020 avaient visé Fatou Bensouda, alors procureure de la Cour.Selon le texte diffusé par la Maison Blanche, la CPI a “engagé des actions illégales et sans fondement contre l’Amérique et notre proche allié Israël”, des références aux enquêtes de la CPI sur des crimes de guerre présumés de soldats américains en Afghanistan et de militaires israéliens dans la bande de Gaza.- “Regrets” des Pays-Bas -Les Pays-Bas, qui abritent la Cour pénale internationale, ont fait part de leurs “regrets” après l’annonce du décret.”Le travail de la Cour est essentiel pour le combat contre l’impunité”, a soutenu le ministre néerlandais des Affaires étrangères Caspar Veldkamp sur le réseau social X.Les républicains américains et de nombreux démocrates s’étaient indignés de l’émission d’un mandat d’arrêt de la CPI contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, reçu mardi par le président américain, ainsi que contre l’ancien ministre de la Défense israélien Yoav Gallant.Ses juges ont estimé qu’il y avait des “motifs raisonnables” de soupçonner les deux hommes de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité pour la guerre à Gaza, qui a suivi l’attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien.Benjamin Netanyahu avait qualifié la décision d’antisémite, tandis que l’ancien président américain, le démocrate Joe Biden, avait qualifié de “scandaleux” les mandats d’arrêt contre les Israéliens.Ni les Etats-Unis ni Israël ne sont membres de la CPI, une juridiction permanente chargée de poursuivre et juger des individus accusés de génocide, de crime contre l’humanité et de crime de guerre.Fondée en 2002, la Cour établie à La Haye compte aujourd’hui 124 Etats membres et n’a prononcé depuis sa création qu’une poignée de condamnations.La décision de Donald Trump est annoncée peu après qu’il a provoqué une commotion internationale en déclarant que les Etats-Unis allaient prendre possession de la bande de Gaza et en assurer le développement économique et immobilier, tandis que les Palestiniens qui y résident seraient déplacés, dans des conditions qu’il n’a pas précisées, vers un ou plusieurs pays voisins.