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Premier voyage en Europe de l’australopithèque Lucy, exposée à Prague

Précieusement emballés, ils ont atterri mi-août à Prague : les ossements de la plus célèbre australopithèque Lucy, découverts il y a un demi-siècle en Ethiopie, sont exposés au musée national de Prague à partir de lundi.Ces 52 fragments dentaires, de crâne, de bassin et de fémur, vieux de 3,18 millions d’années, “n’ont voyagé qu’une seule fois, aux États-Unis”, entre 2007 et 2013, a rappelé le directeur de l’institution, Michal Lukes, à leur arrivée sur le sol tchèque.Ils figurent parmi “les pièces paléoanthropologiques les plus précieuses et les plus anciennes au monde”, souligne-t-il, saluant ce rare prêt d’une durée de 60 jours du musée national d’Éthiopie.Les visiteurs pourront aussi découvrir le squelette quasi complet de Selam, jeune australopithèque morte à deux ans et sept mois, qui aurait vécu 100.000 années avant Lucy. Découvert en 2000, il n’avait jamais quitté l’Éthiopie.- Chanson des Beatles -Une exposition “historique” donc, selon Addis Abeba, offrant “une occasion unique de voir de près ces fossiles humains”.C’est le 24 novembre 1974, dans la région de l’Afar nichée dans le nord-est du pays, que les ossements de Lucy ont été mis au jour, permettant de composer environ 40% du squelette.Donald Johanson, qui faisait partie de l’équipe scientifique également composée de Maurice Taieb, Yves Coppens, Jon Kalb et Raymonde Bonnefille, était présent à l’ouverture de l’exposition lundi, aux côtés du Premier ministre tchèque Petr Fiala et de la ministre éthiopienne du Tourisme Selamawit Kassa.”Les deux squelettes figurent parmi les expositions du patrimoine mondial… ils sont exposés dans un pays européen pour la première fois de l’histoire,” a déclaré Petr Fiala lors de l’ouverture solennelle avec un orchestre de cuivres militaire.Selamawit Kassa a déclaré que l’exposition était unique en ce que Lucy et Selam sont exposées ensemble pour la première fois, “en dehors de l’Éthiopie bien sûr”. “L’Éthiopie est inégalée pour son registre fossile continu des ancêtres humains s’étendant sur six millions d’années, avec 14 spécimens d’ancêtres humains allant de l’Australopithèque à Homo sapiens découverts en Éthiopie”, a-t-elle ajouté.Donald Johanson, qui a découvert Lucy avec son équipe, a salué l’Afrique comme le lieu où “nous nous sommes d’abord séparés des grands singes africains, c’est là que nous nous sommes d’abord tenus debout, c’est là que nos cerveaux ont d’abord grandi, où nous avons commencé à créer de l’art et des outils en pierre spécialisés, et où nous, ce que nous appelons Homo sapiens, avons évolué”. “Nous partageons tous une ascendance commune, nous sommes unis par notre passé. Et je pense que c’est un rappel extrêmement important pour l’humanité aujourd’hui”, a-t-il ajouté.D’abord appelé A.L-288-1, cet hominidé bipède a été baptisé ainsi en référence à la chanson des Beatles “Lucy in the Sky with Diamonds”, écoutée par les paléontologues pendant les fouilles.Morte possiblement entre 11 et 13 ans (ce qui est considéré comme un âge adulte pour cette espèce), mesurant moins d’1,10 m de haut et pesant autour de 29 kg, Lucy est habituellement conservée dans une pièce non ouverte au public au cœur de la capitale éthiopienne.- Tante de l’humanité -Tout comme Selam, le plus vieil enfant du monde, Lucy est “une ambassadrice de l’Éthiopie, berceau de l’humanité”, s’enthousiasme-t-il. Longtemps décrite comme la grand-mère de l’humanité, elle est aujourd’hui plutôt considérée comme une tante ou une cousine – sa filiation directe avec l’Homme étant contestée. Selon une étude publiée en 2016 dans la revue Nature, elle passait au moins un tiers de son temps dans les arbres où elle dormait pour échapper aux prédateurs, ce qui lui aurait été fatal puisque qu’elle est “probablement” morte après une chute.De nombreuses trouvailles ont depuis rebattu les cartes, en Ethiopie, en Afrique du Sud, au Kenya mais aussi au Tchad.Toumaï, considéré par certains paléontologues comme le premier représentant de la lignée humaine du haut de ses 7 millions d’années, ou encore Ardi, âgé de 4,5 millions d’années, ont rejoint Lucy au panthéon préhistorique.

Premier voyage en Europe de l’australopithèque Lucy, exposée à Prague

Précieusement emballés, ils ont atterri mi-août à Prague : les ossements de la plus célèbre australopithèque Lucy, découverts il y a un demi-siècle en Ethiopie, sont exposés au musée national de Prague à partir de lundi.Ces 52 fragments dentaires, de crâne, de bassin et de fémur, vieux de 3,18 millions d’années, “n’ont voyagé qu’une seule …

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Premier voyage en Europe de l’australopithèque Lucy, exposée à Prague

Précieusement emballés, ils ont atterri mi-août à Prague : les ossements de la plus célèbre australopithèque Lucy, découverts il y a un demi-siècle en Ethiopie, sont exposés au musée national de Prague à partir de lundi.Ces 52 fragments dentaires, de crâne, de bassin et de fémur, vieux de 3,18 millions d’années, “n’ont voyagé qu’une seule fois, aux États-Unis”, entre 2007 et 2013, a rappelé le directeur de l’institution, Michal Lukes, à leur arrivée sur le sol tchèque.Ils figurent parmi “les pièces paléoanthropologiques les plus précieuses et les plus anciennes au monde”, souligne-t-il, saluant ce rare prêt d’une durée de 60 jours du musée national d’Éthiopie.Les visiteurs pourront aussi découvrir le squelette quasi complet de Selam, jeune australopithèque morte à deux ans et sept mois, qui aurait vécu 100.000 années avant Lucy. Découvert en 2000, il n’avait jamais quitté l’Éthiopie.- Chanson des Beatles -Une exposition “historique” donc, selon Addis Abeba, offrant “une occasion unique de voir de près ces fossiles humains”.C’est le 24 novembre 1974, dans la région de l’Afar nichée dans le nord-est du pays, que les ossements de Lucy ont été mis au jour, permettant de composer environ 40% du squelette.Donald Johanson, qui faisait partie de l’équipe scientifique également composée de Maurice Taieb, Yves Coppens, Jon Kalb et Raymonde Bonnefille, était présent à l’ouverture de l’exposition lundi, aux côtés du Premier ministre tchèque Petr Fiala et de la ministre éthiopienne du Tourisme Selamawit Kassa.”Les deux squelettes figurent parmi les expositions du patrimoine mondial… ils sont exposés dans un pays européen pour la première fois de l’histoire,” a déclaré Petr Fiala lors de l’ouverture solennelle avec un orchestre de cuivres militaire.Selamawit Kassa a déclaré que l’exposition était unique en ce que Lucy et Selam sont exposées ensemble pour la première fois, “en dehors de l’Éthiopie bien sûr”. “L’Éthiopie est inégalée pour son registre fossile continu des ancêtres humains s’étendant sur six millions d’années, avec 14 spécimens d’ancêtres humains allant de l’Australopithèque à Homo sapiens découverts en Éthiopie”, a-t-elle ajouté.Donald Johanson, qui a découvert Lucy avec son équipe, a salué l’Afrique comme le lieu où “nous nous sommes d’abord séparés des grands singes africains, c’est là que nous nous sommes d’abord tenus debout, c’est là que nos cerveaux ont d’abord grandi, où nous avons commencé à créer de l’art et des outils en pierre spécialisés, et où nous, ce que nous appelons Homo sapiens, avons évolué”. “Nous partageons tous une ascendance commune, nous sommes unis par notre passé. Et je pense que c’est un rappel extrêmement important pour l’humanité aujourd’hui”, a-t-il ajouté.D’abord appelé A.L-288-1, cet hominidé bipède a été baptisé ainsi en référence à la chanson des Beatles “Lucy in the Sky with Diamonds”, écoutée par les paléontologues pendant les fouilles.Morte possiblement entre 11 et 13 ans (ce qui est considéré comme un âge adulte pour cette espèce), mesurant moins d’1,10 m de haut et pesant autour de 29 kg, Lucy est habituellement conservée dans une pièce non ouverte au public au cœur de la capitale éthiopienne.- Tante de l’humanité -Tout comme Selam, le plus vieil enfant du monde, Lucy est “une ambassadrice de l’Éthiopie, berceau de l’humanité”, s’enthousiasme-t-il. Longtemps décrite comme la grand-mère de l’humanité, elle est aujourd’hui plutôt considérée comme une tante ou une cousine – sa filiation directe avec l’Homme étant contestée. Selon une étude publiée en 2016 dans la revue Nature, elle passait au moins un tiers de son temps dans les arbres où elle dormait pour échapper aux prédateurs, ce qui lui aurait été fatal puisque qu’elle est “probablement” morte après une chute.De nombreuses trouvailles ont depuis rebattu les cartes, en Ethiopie, en Afrique du Sud, au Kenya mais aussi au Tchad.Toumaï, considéré par certains paléontologues comme le premier représentant de la lignée humaine du haut de ses 7 millions d’années, ou encore Ardi, âgé de 4,5 millions d’années, ont rejoint Lucy au panthéon préhistorique.

Sous un ciel parsemé de drones, des robots pour aider les médecins militaires ukrainiens

A l’aide d’un robot piloté à distance, un militaire ukrainien récupère l’un de ses camarades blessés pour le transporter vers un lieu sûr, loin du front. Soudain, le pire se produit sur son écran.Ce jeune homme de 27 ans répondant au nom de guerre “Magicien”, aperçoit une fumée grise: sa machine a heurté une mine.”Magicien” est alors convaincu que la mission est un échec, et que son frère d’armes a péri par sa faute. “Pendant cinq minutes, la mort de cette personne pesait sur ma conscience”, raconte-t-il à l’AFP.Mais en regardant l’écran, qui montre des panaches de fumée s’échappant du véhicule, il aperçoit une silhouette qui rampe pour se mettre en sécurité: le soldat blessé est toujours vivant. Il ne reste pour l’équipe qu’à envoyer un deuxième robot pour finir la mission.La prolifération de drones bon marché mais mortels déployés tant par la Russie que l’Ukraine a profondément changé la façon dont la guerre est menée. Elle a aussi transformé la manière dont les médecins de première ligne récupèrent les blessés sur le champ de bataille.Au début de l’invasion russe lancée début 2022, les soignants pouvaient se précipiter sur le champ de bataille et évacuer les soldats avec des civières ou des véhicules. C’est aujourd’hui impossible en raison des drones.Olena Ivanenko raconte des épisodes douloureux où elle n’a pas pu atteindre des soldats blessés, pourtant à moins d’un kilomètre de distance. “J’entendais leurs voix à la radio, mais je ne pouvais rien faire”, dit avec regret cette infirmière militaire.- “Trop loin” -Sur dix kilomètres autour de la ligne de front s’étend désormais une “zone mortelle” où tout mouvement peut être fatal, selon des analystes.”Quand un frère ou une soeur meurt, c’est fini. On ne peut pas les ramener à la vie, mais quand on a une chance de sauver quelqu’un et qu’on ne peut pas le faire parce qu’on est trop loin, c’est très dur”, témoigne Mme Ivanenko, qui sert au sein du 412e régiment ukrainien.Cette impuissance a contraint l’armée à faire preuve d’ingéniosité.L’unité de Mme Ivanenko envoie souvent de la nourriture ou des médicaments à l’aide de drones aux militaires immobilisés par leurs blessures. Cela va même jusqu’à envoyer des seringues en expliquant à distance comment s’en servir.Les robots d’évacuation comme ceux de “Magicien” sont une autre solution, mais seuls des opérateurs qualifiés peuvent mener à bien ces missions délicates.”Il faut être très prudent, ne pas faire de mouvements brusques, être très attentif”, explique “Krop”, un opérateur de robot de la 5e brigade.Sur un terrain d’entraînement dans l’est de l’Ukraine, il montre à l’AFP les mouvements agiles dont sont capables les machines qu’il pilote à l’aide d’une manette équipée d’un écran.”Krop” envoie le robot à travers un champ de tournesols et le fait tourner sur place, tandis qu’un autre pilote joue le rôle du blessé sur la plate-forme destinée à les transporter.- “Tout mon corps tremblait” -L’attitude des opérateurs change en fonction de la mission, souligne “Bot”, pilote de la 5e brigade.”Il s’agit de la vie de quelqu’un. Ce n’est pas un jeu”, dit le jeune homme de 24 ans.Les robots sont lents, ce qui signifie que les drones russes peuvent facilement les localiser et les prendre pour cible, s’ils ne sautent pas sur une mine avant cela.Le bilan des évacuations ratées, en termes de vies perdues, pèse lourdement sur les pilotes.”On passe une demi-heure à se flageller, puis on se dit: +Bon sang, ce sont ces salauds qui les ont tués. Ce n’est pas moi qui leur ai tiré dessus+”, assure “Magicien”.Après avoir cru à l’échec de sa mission d’évacuation de son camarade blessé, il s’en est tiré avec un deuxième robot.”À ce moment-là, je conduisais et tout mon corps tremblait, sauf les doigts qui tiennent le joystick”, raconte le militaire.Le trajet du retour a duré des heures, avec des moments douloureux pour le soldat blessé, entre nids-de-poule, creux et bosses.”J’avais un peu pitié de lui. Quinze kilomètres dans un panier qui tremble, ce n’est pas très confortable”, remarque “Magicien”. “Mais je l’ai sorti de là”.

Russie: le chercheur français Vinatier devant le tribunal pour des accusations d'”espionnage”

Le chercheur français Laurent Vinatier, déjà condamné à trois ans de prison en Russie, doit comparaître lundi devant un tribunal de Moscou pour des accusations d'”espionnage”, ce qui laisse présager une prolongation de sa peine.L’audience dans cette nouvelle affaire doit se dérouler à huis clos et concerne une enquête pour “espionnage” lancée à l’encontre de Laurent Vinatier, a confirmé à l’AFP Anastassia Pychkina, porte-parole du tribunal de Lefortovo.Il n’est toutefois pas possible de savoir dans l’immédiat si M. Vinatier a été inculpé ou non pour ces accusations et aucune accusation spécifique n’a été dévoilée par les enquêteurs ou le Parquet. Incarcéré depuis juin 2024, ce chercheur spécialiste de l’espace post-soviétique était employé sur le sol russe par le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse qui fait de la médiation dans des conflits hors des circuits diplomatiques officiels, notamment s’agissant de l’Ukraine.Laurent Vinatier a été condamné en octobre 2024 à trois ans de prison pour ne pas s’être enregistré en tant qu'”agent de l’étranger”, un label utilisé par les autorités russes pour réprimer leurs détracteurs.Les nouvelles accusations d’espionnage le visant sont passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison.”Connaissant le gouvernement russe on n’a pas été étonné qu’ils le poursuivent à nouveau, qu’ils trouvent encore des choses à lui reprocher”, a déclaré à l’AFP la mère du chercheur français, Brigitte Vinatier.Se disant “prise de court” par ces nouvelles accusations, Mme Vinatier a dit ne s’attendre “à rien de bien, à rien de positif”.”Les autorités françaises ont réclamé des nouvelles et des informations tout le temps avec un manque de réponses de la part des autorités russes qui leur ont dit simplement qu’elles seraient prévenues en temps voulu”, a-t-elle indiqué.- Relations glaciales -Selon elle, son fils a été transféré récemment à la prison moscovite de Lefortovo, notamment connue pour accueillir des détenus visés par des affaires à résonance politique.Paris a exigé de Moscou la libération de son ressortissant, accusant la Russie de chercher à prendre des Occidentaux en otage, alors que les relations entre les deux pays sont au plus bas depuis l’assaut russe contre l’Ukraine lancé en 2022 et les sanctions qui ont suivi.Lors de son premier procès en octobre, M. Vinatier avait été reconnu coupable d’avoir manqué à son obligation de s’enregistrer sous le label d'”agent de l’étranger”, alors même qu’il collectait des “informations dans le domaine des activités militaires” pouvant être “utilisées contre la sécurité” de la Russie.L’intéressé avait reconnu les faits, mais plaidé l’ignorance. Il s’est également excusé, espérant l’indulgence de la justice.Selon des sources interrogées par l’AFP, le Français travaillait depuis des années sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine, avant même l’offensive russe de février 2022, dans le cadre de discrets efforts diplomatiques en parallèle à ceux des Etats. Jusqu’à son arrestation, il effectuait des voyages dans les deux pays.Cette nouvelle affaire survient après une série d’actes de déstabilisation et de désinformation imputées à la Russie sur le territoire français, tandis que la France se voit reprocher son soutien militaire à l’Ukraine ou encore de censurer les médias russes.La semaine dernière, alors que les efforts diplomatiques s’intensifiaient pour tenter de trouver une issue au conflit en Ukraine, le président français, Emmanuel Macron, avait qualifié son homologue russe, Vladimir Poutine, d'”ogre à nos portes” et de “prédateur” qui “ne veut pas la paix”.