AFP World

Après quatre ans d’attente, les retraités afghans soulagés de toucher leurs pensions

Après quatre ans passés à s’inquiéter de son prochain repas, Abdul Sabir, 71 ans, a poussé un soupir de soulagement lorsque le gouvernement taliban a annoncé qu’il allait enfin payer les pensions de milliers de retraités afghans, restés jusqu’ici sur le carreau.Ces retraités ont longuement réclamé leur dû devant le siège de l’Assurance retraite à Kaboul, alors que le gouvernement a carrément annoncé en 2024 abolir le système de pension pour les fonctionnaires en poste.En ravissant le pouvoir à la République islamique en 2021, les talibans ont hérité d’une masse salariale publique qu’ils ont en partie écrémée.D’après des observateurs, une grande part du budget –qui est tenu secret– va au ministère de la Défense. Et l’aide étrangère, qui maintenait le service public à flot, a drastiquement baissé car la communauté internationale ne reconnaît pas l'”Emirat islamique d’Afghanistan” –seul Moscou a sauté ce pas.Dimanche, le ministère des Finances a finalement annoncé s’apprêter à payer les 150.000 fonctionnaires et retraités de l’armée, en commençant par neuf branches du secteur public.”Toutes les sommes manquantes seront distribuées”, a affirmé lundi Mohammed Rahmani, directeur général de l’Assurance retraite, tandis que Hamdullah Fitrat, porte-parole adjoint du gouvernement, précisait que le versement serait rétroactif.A cette nouvelle, Abdul Sabir s’est rué vers le centre de paiement.- Retraite supprimée -Sur place, les personnes interrogées par l’AFP disent devoir toucher entre 40.000 et 45.000 afghanis de pension (500-565 euros) par an.”Quand vous êtes à la maison, sans travail et sans rien, vous vous inquiétez de trouver de la nourriture”, dit M. Sabir, retraité de l’Autorité de gestion des catastrophes. “Alors si on vous dit que vous allez recevoir votre paie, évidemment vous êtes contents”.Les retraites bénéficient à 150.000 familles en Afghanistan, soit environ un million de personnes, dont certaines en dépendent entièrement, indiquait le Réseau d’analystes afghans (AAN) dans un rapport de 2024.Le système était déjà éprouvé avant le retour des talibans, mais la baisse de l’aide étrangère et la crise économique l’ont mis à terre, notait ce texte, soulignant que les recettes publiques étaient “simplement insuffisantes pour gérer le pays et répondre aux obligations vis-à-vis des retraités”.Si les retraites sont progressivement payées, il reste encore à s’occuper des fonctionnaires en exercice qui se plaignent régulièrement de retards de paiement.Mais le pire est à venir pour eux: le système de retraite est désormais tout bonnement supprimé pour les fonctionnaires qui atteignent les 65 ans, l’âge légal pour raccrocher les crampons, a confirmé M. Rahmani à l’AFP, après une annonce en ce sens l’an dernier.Ils risquent donc de subir le même sort que les retraités impayés avant eux, plongés dans une grande précarité.- Trop âgé pour travailler -D’après la Banque mondiale, près de la moitié de la population afghane vit dans la pauvreté et le chômage touche plus de 13% des habitants.Abdul Wasse Kargar, 74 ans, a accumulé 31.000 afghanis (390 euros) d’emprunts auprès d’amis pour survivre sans sa pension, après 45 ans de bons et loyaux services au sein du ministère de l’Education.”Si on nous donne notre pension, cela résoudra 50% des problèmes, on pourra joindre les deux bouts et être en partie épargnés par la pauvreté et la détresse”, dit M. Kargar à l’AFP, épuisé de faire du porte-à-porte pour un peu d’argent.Pour se sortir de la misère, Shah Rassoul Omari, 70 ans, a tenté de retrouver un emploi, avec toujours la même réponse: trop âgé.”On veut un jeune homme qui peut travailler et à qui on peut donner des ordres”, lui a-t-on dit récemment lorsqu’il a proposé d’être cuisinier.”Mes six fils et leurs enfants dépendent tous de ma pension”, se désole l’ancien soldat de l’armée de l’air, qui vit aujourd’hui dans une modeste maison de terre battue.Les défaillances du système de retraite font regretter à Nabiullah Attai sa carrière au sein de la police.”J’ai donné 38 années à ce pays, les meilleures de ma vie”, souffle-t-il. “Mais aujourd’hui, cela ne représente rien”.

Après quatre ans d’attente, les retraités afghans soulagés de toucher leurs pensions

Après quatre ans passés à s’inquiéter de son prochain repas, Abdul Sabir, 71 ans, a poussé un soupir de soulagement lorsque le gouvernement taliban a annoncé qu’il allait enfin payer les pensions de milliers de retraités afghans, restés jusqu’ici sur le carreau.Ces retraités ont longuement réclamé leur dû devant le siège de l’Assurance retraite à …

Après quatre ans d’attente, les retraités afghans soulagés de toucher leurs pensions Read More »

Après quatre ans d’attente, les retraités afghans soulagés de toucher leurs pensions

Après quatre ans passés à s’inquiéter de son prochain repas, Abdul Sabir, 71 ans, a poussé un soupir de soulagement lorsque le gouvernement taliban a annoncé qu’il allait enfin payer les pensions de milliers de retraités afghans, restés jusqu’ici sur le carreau.Ces retraités ont longuement réclamé leur dû devant le siège de l’Assurance retraite à Kaboul, alors que le gouvernement a carrément annoncé en 2024 abolir le système de pension pour les fonctionnaires en poste.En ravissant le pouvoir à la République islamique en 2021, les talibans ont hérité d’une masse salariale publique qu’ils ont en partie écrémée.D’après des observateurs, une grande part du budget –qui est tenu secret– va au ministère de la Défense. Et l’aide étrangère, qui maintenait le service public à flot, a drastiquement baissé car la communauté internationale ne reconnaît pas l'”Emirat islamique d’Afghanistan” –seul Moscou a sauté ce pas.Dimanche, le ministère des Finances a finalement annoncé s’apprêter à payer les 150.000 fonctionnaires et retraités de l’armée, en commençant par neuf branches du secteur public.”Toutes les sommes manquantes seront distribuées”, a affirmé lundi Mohammed Rahmani, directeur général de l’Assurance retraite, tandis que Hamdullah Fitrat, porte-parole adjoint du gouvernement, précisait que le versement serait rétroactif.A cette nouvelle, Abdul Sabir s’est rué vers le centre de paiement.- Retraite supprimée -Sur place, les personnes interrogées par l’AFP disent devoir toucher entre 40.000 et 45.000 afghanis de pension (500-565 euros) par an.”Quand vous êtes à la maison, sans travail et sans rien, vous vous inquiétez de trouver de la nourriture”, dit M. Sabir, retraité de l’Autorité de gestion des catastrophes. “Alors si on vous dit que vous allez recevoir votre paie, évidemment vous êtes contents”.Les retraites bénéficient à 150.000 familles en Afghanistan, soit environ un million de personnes, dont certaines en dépendent entièrement, indiquait le Réseau d’analystes afghans (AAN) dans un rapport de 2024.Le système était déjà éprouvé avant le retour des talibans, mais la baisse de l’aide étrangère et la crise économique l’ont mis à terre, notait ce texte, soulignant que les recettes publiques étaient “simplement insuffisantes pour gérer le pays et répondre aux obligations vis-à-vis des retraités”.Si les retraites sont progressivement payées, il reste encore à s’occuper des fonctionnaires en exercice qui se plaignent régulièrement de retards de paiement.Mais le pire est à venir pour eux: le système de retraite est désormais tout bonnement supprimé pour les fonctionnaires qui atteignent les 65 ans, l’âge légal pour raccrocher les crampons, a confirmé M. Rahmani à l’AFP, après une annonce en ce sens l’an dernier.Ils risquent donc de subir le même sort que les retraités impayés avant eux, plongés dans une grande précarité.- Trop âgé pour travailler -D’après la Banque mondiale, près de la moitié de la population afghane vit dans la pauvreté et le chômage touche plus de 13% des habitants.Abdul Wasse Kargar, 74 ans, a accumulé 31.000 afghanis (390 euros) d’emprunts auprès d’amis pour survivre sans sa pension, après 45 ans de bons et loyaux services au sein du ministère de l’Education.”Si on nous donne notre pension, cela résoudra 50% des problèmes, on pourra joindre les deux bouts et être en partie épargnés par la pauvreté et la détresse”, dit M. Kargar à l’AFP, épuisé de faire du porte-à-porte pour un peu d’argent.Pour se sortir de la misère, Shah Rassoul Omari, 70 ans, a tenté de retrouver un emploi, avec toujours la même réponse: trop âgé.”On veut un jeune homme qui peut travailler et à qui on peut donner des ordres”, lui a-t-on dit récemment lorsqu’il a proposé d’être cuisinier.”Mes six fils et leurs enfants dépendent tous de ma pension”, se désole l’ancien soldat de l’armée de l’air, qui vit aujourd’hui dans une modeste maison de terre battue.Les défaillances du système de retraite font regretter à Nabiullah Attai sa carrière au sein de la police.”J’ai donné 38 années à ce pays, les meilleures de ma vie”, souffle-t-il. “Mais aujourd’hui, cela ne représente rien”.

Trump veut restreindre la durée des visas des journalistes et étudiants étrangers

Le gouvernement de Donald Trump a proposé jeudi de réduire la durée de séjour aux Etats-Unis des étudiants et journalistes étrangers, dans un contexte de renforcement des restrictions à l’immigration légale dans le pays.  Selon cette proposition, les ressortissants étrangers détenteurs d’un visa étudiant ne seraient pas autorisés à rester plus de quatre ans sur le territoire américain.Les journalistes étrangers, seraient, pour leur part, limités à des séjours de 240 jours, tout en pouvant solliciter des renouvellements pour des périodes identiques. Seuls les journalistes chinois seraient limités à 90 jours.Jusqu’à présent, les Etats-Unis octroyaient des visas pour la durée du programme d’un étudiant et jusqu’à cinq ans pour un journaliste. Ces visas, dits de catégorie “non-immigrant”, sont limités à 10 ans.Cette mesure, si elle est mise en oeuvre, affecterait des journalistes accrédités pour des centaines de médias étrangers aux Etats-Unis.”Pendant trop longtemps, les administrations précédentes ont autorisé des étudiants étrangers et d’autres détenteurs de visas à rester aux Etats-Unis, presque indéfiniment, présentant des risques pour la sécurité, coûtant une somme incalculable aux contribuables et désavantageant les citoyens américains”, a affirmé le ministère de la Sécurité intérieure, dans un communiqué mercredi.Cette proposition a été publiée dans le Federal Register, le journal officiel du gouvernement fédéral, ouvrant une courte période pour des commentaires publics, avant que le changement n’entre en vigueur.Selon les statistiques du ministère du Commerce, les étudiants internationaux ont contribué à l’économie américaine à hauteur de plus de 50 milliards de dollars en 2023.Les Etats-Unis ont accueilli plus de 1,1 million d’étudiants internationaux lors de l’année académique 2023-2024, davantage que n’importe quel autre pays. Payant généralement la totalité des frais d’inscription, leur présence représente une source de revenus cruciale pour les universités américaines.- Diminution de la “compétitivité à l’international”-“Cette règle proposée envoie un message aux personnes talentueuses à travers le monde, leur signifiant que leurs contributions ne sont pas valorisées aux Etats-Unis”, a réagi Miriam Feldblum, à la tête d’un groupe représentant les responsables d’établissements d’enseignement supérieur américains.”Cela ne nuit pas seulement aux étudiants internationaux — cela affaiblit également la capacité des établissements d’enseignement supérieur et des universités américains à attirer les meilleurs talents, cela diminue notre compétitivité à l’international”, a affirmé la présidente de l’Alliance des présidents de l’enseignement supérieur et l’immigration. Cette annonce intervient au début de l’année scolaire universitaire, plusieurs établissements rapportant une diminution des inscriptions des étudiants internationaux.  L’administration Trump s’est engagée dans une série de batailles contre les universités, s’en prenant à des établissements de renom suspectés de laisser, sur leurs campus, se propager des idées antisémites, notamment dans le cadre des manifestations contre la guerre dans la bande de Gaza.Mi-août, le département d’Etat a annoncé avoir révoqué 6.000 visas étudiants depuis janvier. Et quelque 55 millions de détenteurs de visas sont touchés par des contrôles renforcés.En début de semaine, Donald Trump a déclaré vouloir accueillir 600.000 étudiants chinois, une annonce en décalage avec la volonté affichée de son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de révoquer “avec fermeté” les visas de certains étudiants chinois. Les avantages liés à l’immigration, notamment le droit de vivre et travailler aux Etats-Unis, “restent un privilège et non un droit”, répète volontiers le secrétaire d’Etat américain.Dès son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue, évoquant une “invasion” des Etats-Unis par des “criminels venus de l’étranger”.A la fin de son premier mandat, Donald Trump avait proposé de réduire la durée des visas de journaliste, idée abandonnée par son successeur, le démocrate Joe Biden.  

Ukraine: 14 morts, dont des enfants, dans des frappes russes sur Kiev

Au moins 14 personnes, dont trois enfants, ont été tuées à Kiev lors d’une des plus importantes attaques aériennes russes contre l’Ukraine, ont annoncé jeudi les autorités ukrainiennes, Volodymyr Zelensky accusant Moscou de préférer “continuer à tuer” plutôt que négocier une paix.Les efforts diplomatiques se sont récemment accélérés, sous la houlette du président américain Donald Trump, mais ils n’ont pas encore donné de résultats concrets et la Russie a intensifié ses attaques aériennes contre l’Ukraine.Tôt jeudi, les secouristes et les habitants s’affairaient à ramasser des débris dans les rues du centre de Kiev, a constaté un journaliste de l’AFP.Une frappe a creusé un cratère fumant dans un immeuble d’habitation de plusieurs étages, le coupant en deux.Des secouristes debout sur les décombres ont dégagé des gravats un corps, vêtu d’un pyjama recouvert de poussière, qu’ils ont emporté dans un sac de plastique noir, selon un reporter de l’AFP.L’attaque de drones et de missiles a fait au moins 14 morts, dont trois enfants, ont indiqué les services de secours à l’AFP.La Russie a tiré 598 drones et 31 missiles balistiques et de croisière sur l’Ukraine dans la nuit de mercredi à jeudi, a annoncé l’armée de l’air ukrainienne. Le bâtiment de la mission de l’UE à Kiev a été endommagé par une frappe russe “délibérée”, a par ailleurs annoncé le président du Conseil européen, Antonio Costa, promettant que l’UE ne se laisserait “pas intimider”.Volodymyr Zelensky a lui estimé que la Russie “choisit de continuer de tuer plutôt que de mettre fin à la guerre” lancée par l’invasion de l’Ukraine en 2022.”Cela veut dire que la Russie n’a toujours pas peur des conséquences”, a-t-il ajouté, notant que tous les ultimatums lancés au Kremlin pour mettre fin au conflit avaient été sans effet.- Sanctions -Volodymyr Zelensky a dit attendre une “réaction” de la part de la communauté internationale, notamment de nouvelles sanctions contre Moscou.Il a appelé la Chine, alliée de la Russie, et la Hongrie, membre de l’Union européenne mais restée proche du Kremlin, à faire pression sur Moscou.Kiev, très loin du front et dotée d’importantes défenses antiaériennes, a été longtemps relativement préservée des attaques aériennes comparé à d’autres parties du pays.Mais la capitale a été la cible de frappes meurtrières ces derniers mois, la Russie lançant des attaques de drones et missiles records vers son voisin.Selon l’administration militaire de Kiev, l’attaque de jeudi a été menée à l’aide de drones et missiles qui ont frappé la capitale en plus de 20 endroits.Des reporters de l’AFP ont entendu de puissantes explosions et vu un missile être abattu.Une école maternelle et un centre commercial ont été touchés, selon les autorités locales.- Avancées russes -Fin juillet, des bombardements russes avaient fait plus de 30 morts à Kiev, l’une des attaques les plus meurtrières dans la capitale en plus de trois ans de guerre. Ces frappes avaient poussé le président américain, Donald Trump à accroître la pression sur Moscou pour accepter une trêve et conduit à sa rencontre avec son homologue russe, Vladimir Poutine, en Alaska le 15 août.Après ce sommet, suivi par une visite à Washington de M. Zelensky accompagné de ses alliés européens, le dirigeant américain a dit vouloir préparer une rencontre en face à face entre les présidents russe et ukrainien.La perspective d’un tel sommet semble depuis s’éloigner, la Russie ayant fait comprendre qu’il n’était pas à l’ordre du jour.Avant la conclusion d’un hypothétique accord de paix, l’Ukraine veut obtenir des garanties de sécurité des Occidentaux pour dissuader Moscou de toute nouvelle attaque.M. Zelensky a annoncé que des membres de son équipe allaient rencontrer vendredi à New York des représentants de l’administration de Donald Trump.Pour mettre fin à son assaut, la Russie réclame notamment que l’Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées, en plus de la Crimée annexée en 2014, et renonce à intégrer l’Alliance atlantique. Des conditions que Kiev juge inacceptables.Côté russe, l’armée a indiqué avoir intercepté 102 drones ukrainiens, alors que les attaques aériennes de Kiev ciblant les raffineries ces dernières semaines ont fait flamber le prix de l’essence.