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“Assumez votre acte”, lance Gisèle Pelicot à un accusé dans le déni
“A quel moment je vous ai donné le consentement ? Jamais !”, a lancé Gisèle Pelicot à Husamettin Dogan. Avant d’ajouter, face à un accusé qui s’enfonce dans le déni malgré des preuves vidéos accablantes: “Assumez votre acte, j’ai honte pour vous !”.Depuis un an et le verdict d’Avignon où 51 hommes dont son ex-mari avaient été condamnés, celle qui est devenue un symbole des violences sexuelles faites aux femmes n’avait plus pris la parole.Depuis lundi, ses entrées et sorties de la cour d’assises d’appel du Gard sont couvertes d’applaudissements, hommage populaire à une femme qui a redit mercredi: “Que les victimes n’aient jamais honte de ce qu’on leur a imposé par la force”.Chemisier blanc, gilet noir et blanc, Gisèle Pelicot, bien droite, la parole posée et affirmée, commence: “j’ai le sentiment d’être allée au bout de cette épreuve qui a duré cinq ans, je souhaite ne jamais retourner dans un tribunal de ma vie. Moi, le mal est fait, il va falloir que je me reconstruise sur cette ruine. Je suis en bonne voie”.Puis elle ajoute: “Bien évidemment, monsieur Pelicot est responsable de ma souffrance, mais monsieur Dogan et les 50 autres aussi”. “La seule victime, c’est moi ! En aucun cas vous n’êtes victime de monsieur Pelicot, assumez votre acte, j’ai honte pour vous !”.”Il a soumis une femme qui était insoumise. J’étais soumise chimiquement bien sûr”, a lancé indirectement à son ex-mari cette femme, 72 ans aujourd’hui. La veille, Dominique Pelicot, simple témoin cette fois-ci avait dit: “on a vécu 50 ans ensemble. 40 ans où j’ai été impeccable, 10 ans où j’ai été misérable”.Elle a aussi évoqué le “tsunami” familial qu’a déclenché l’affaire et dit “comprendre la souffrance” de sa fille Caroline Darian, qui a porté plainte contre son père qu’elle accuse de l’avoir agressée sexuellement et a publiquement accusé sa mère de pas la soutenir, remettant en cause son statut “d’icône” des luttes féministes.- “Icône malgré moi” -A ce sujet, Gisèle Pelicot a lancé mercredi: “Arrêtez de dire que je suis une icône. C’est malgré moi. Je suis une femme ordinaire qui a levé le huis clos”.Depuis lundi Husamettin Dogan, le seul à avoir fait appel de sa condamnation en première instance à neuf ans de prison, continue de nier toute intention de violer Gisèle Pelicot.Même après la diffusion mercredi matin d’une douzaine de courtes vidéos tournées par Dominique Pelicot ce fameux 28 juin 2019 où l’accusé s’est rendu à leur domicile de Mazan.Avant leur projection, le président de la cour, Christian Pasta, avait soigneusement pris soin d’inviter les personnes sensibles à sortir, prévenant: “Les images que vous allez voir sont très avilissantes pour la gente féminine”.On y voit l’accusé réaliser plusieurs actes sexuels sur une Gisèle Pelicot en sous-vêtements, portant des sandales et parfois un bandeau sur les yeux, totalement inerte et ronflant parfois fortement. Husamettin Dogan et Dominique Pelicot chuchotent pour éviter de la réveiller. A aucun moment, la victime ne manifeste la moindre activité.Le président le passe alors sous un feu de questions obligatoirement crues mais sensibles à la fois. “Cette femme ne s’est jamais réveillée… Est-ce que les femmes réagissent comme ça ?” et encore: “Est-ce qu’elle fait comme ça, une femme qui a du plaisir ?””Non monsieur le président”, répond l’ex-ouvrier de 44 ans, admettant avoir eu honte en partant.Mais pour autant, il a fermement maintenu: “J’ai fait un acte sexuel, j’ai jamais violé personne”, “c’est lui le manipulateur, c’est pas moi. C’est lui qui m’a attiré là-bas”. Disant avoir été “sous l’emprise” de Dominique Pelicot, il explique être resté car il se sentait menacé.Les avocats de l’accusé ont ensuite tenté d’appuyer sur le point central de leur défense, l’intentionnalité: “Vous aviez conscience de commettre un viol?”. “S’il avait dit: +Viens, je vais te filmer, on va la violer+, je serais jamais allé là-bas”.Mais pour Gisèle Pelicot: “Toute sa vie, il sera violeur” et il n’a ni fait demi-tour ni dénoncé la situation.Ce second procès de ce dossier hors-norme touche désormais à sa fin. Après les plaidoiries des avocats de Gisèle Pelicot, l’avocat général fera son réquisitoire. En première instance, 12 ans de prison avaient été requis contre l’accusé qui, poursuivi pour “viols aggravés”, risque un maximum de 20 ans de réclusion.Les plaidoiries des avocats de la défense sont attendues en fin de journée ou plus probablement jeudi, avant le verdict.
Un père recherché pour l’enlèvement présumé de sa fillette de trois ans
Un homme d’origine mongole soupçonné d’avoir enlevé sa fillette de trois ans dans l’Orne est activement recherché mercredi, malgré la levée d’une procédure d’alerte enlèvement seulement quelques heures après son déclenchement dans la nuit.Le parquet d’Alençon a communiqué avec parcimonie sur ce dossier rempli de zones d’ombres.Les faits remontent à lundi soir. Une fillette, prénommée Khuslen, est enlevée vers 21h40 selon l’alerte qui sera diffusée plus de 24 heures après. Son père, un homme de 36 ans soupçonné d’être le ravisseur, aurait pris la fuite dans un véhicule blanc Peugeot 308.La voiture a été retrouvée près d’Alençon, a annoncé mercredi matin la vice-procureure, Élodie Casanovas. “L’enquête se poursuit pour retrouver Khuslen et son ravisseur”, a-t-elle précisé.Selon Ouest France, le suspect avait déjà été condamné pour violences conjugales en 2024. L’homme était séparé de la mère de leur fille dont il avait perdu l’autorité parentale, et il serait venu à son domicile d’Alençon lundi soir en prétextant vouloir récupérer des affaires, selon le quotidien.Il serait donc reparti avec Khuslen. – Appel à témoins -La fillette a “la peau mate”, des “yeux et cheveux noirs” et une “mèche sur le front”. Elle portait “un ensemble gris, une tétine et un doudou Mickey” au moment des faits, a expliqué le parquet.Le père, Enkhbold Enkhtaivan, mesure 1,69 m. Il a “l’allure mince”, des “cheveux bruns” et des “yeux noirs”, a précisé Mme Casanovas. Il est reconnaissable à “une grosse tache rouge dans le cou” et “un tatouage de la poitrine jusqu’à l’omoplate avec des motifs tribaux”. Il portait un pull vert et des baskets.Le parquet appelle d’éventuels témoins à contacter les services de police ou de gendarmerie pour communiquer tout élément qui pourrait être utile à l’enquête.La procédure d’alerte enlèvement avait été déclenchée mardi soir, avant d’être levée mercredi matin “sans parvenir à la découverte de Khuslen”, a souligné Mme Casanovas. Mais la vice-procureure n’a pas expliqué dans l’immédiat le motif de l’arrêt de la procédure.Le 25 septembre, le dispositif alerte enlèvement avait déjà été déclenché dans l’Orne, avec succès, après la disparition d’une enfant de douze ans enlevée par un ami de son père à Dompierre.Le suspect et la mineure, saine et sauve, avaient été retrouvés quelques heures plus tard en Loire-Atlantique, grâce à un signalement. L’homme âgé de 34 ans et sous tutelle avait été mis en examen pour enlèvement, séquestration, viol et agression sexuelle aggravés, puis placé en détention provisoire.Adopté en France en février 2006, “alerte-enlèvement” est un dispositif d’alerte massive et immédiate déployé pour aider à la recherche d’un enfant présumé enlevé. Il est largement inspiré du plan “Amber Alert”, créé au Texas en 1996, après l’enlèvement et l’assassinat de la petite Amber Hagerman.Il a été déclenché en France à plus d’une trentaine de reprises depuis sa création.
Equateur: le président indemne après une attaque visant le cortège présidentiel
Le président de l’Equateur, Daniel Noboa, est sorti indemne mardi d’une attaque contre son véhicule dans le sud du pays, où se déroulent des manifestations indigènes sous tension, selon les autorités, violence vivement condamnée par l’OEA.”500 personnes sont apparues et ont commencé à jeter des pierres (sur le cortège présidentiel, ndlr) et, clairement, il y a aussi des traces de balles sur la voiture du président”, a déclaré à la presse la ministre de l’Environnement et de l’Energie, Inés Manzano, assurant que le président en est sorti indemne. Sur le réseau social X, la présidence a évoqué une “attaque” et diffusé des vidéos filmées de l’intérieur de l’un des véhicules du cortège présidentiel, au moment où plusieurs projectiles heurtent ses vitres et qu’un passager crie : “baissez la tête !”. Sur d’autres images tournées à l’extérieur, apparaît un groupe de manifestants, certains en tenues traditionnelles, lançant des pierres et des bâtons contre le cortège. Les autorités enquêtent pour déterminer si les impacts visibles sur le SUV blindé qui transportait le dirigeant proviennent de tirs par balles.Le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA) Albert Ramdin a “fermement condamné l’attaque” sur le réseau social X.”Ces actes de violence constituent une atteinte à la démocratie”, a ajouté M. Ramdin.Il a appelé les Equatoriens à “maintenir un esprit de dialogue pacifique”.Le cortège a été pris pour cible alors qu’il se dirigeait vers la localité andine de Cañar (sud). Le président conservateur a ensuite participé à un événement public dans la ville de Cuenca, où il a fustigé “ces agressions (qui) ne sont pas acceptables dans le nouvel Equateur”. “La loi s’applique à tous (…) Nous ne permettrons pas qu’une poignée de vandales nous empêchent de travailler pour vous”, a-t-il déclaré à l’assistance. Mme Manzano a indiqué que le gouvernement avait déposé plainte pour “tentative de meurtre” et que cinq personnes avaient été arrêtées. Elles feront l’objet d’une enquête pour le délit de terrorisme, passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 30 ans de prison.- Manifestations tendues -L’avocat et leader autochtone Yaku Pérez a déclaré aux journalistes que les personnes arrêtées, dont un homme et une femme de 60 ans, lui avaient affirmé qu'”aucune d’entre elles n’étaient à la manifestation”. Il a évoqué une méprise au milieu de l’agitation, au cours de laquelle les forces de sécurité ont, selon lui, fait usage de gaz lacrymogènes.Depuis le 22 septembre, le gouvernement Noboa fait face à des manifestations accompagnées de blocages de routes dans plusieurs provinces, à l’appel de la plus grande organisation des peuples autochtones du pays (Conaie), en réaction à la suppression de la subvention au diesel dont le prix est passé de 1,80 à 2,80 dollars le gallon (3,8 litres). Depuis le début de cette mobilisation qui se prolonge, un manifestant autochtone a été tué par balles, 16 soldats ont été pris en otage puis libérés, quelque 150 ont été blessés parmi les civils, militaires et policiers et une centaine de personnes a été arrêtée.La hausse des prix des carburants avait déjà provoqué une forte mobilisation en 2019 et en 2022 sous de précédents gouvernements qui avaient dû y renoncer.Les peuples autochtones représentent près de 8% des 17 millions d’habitants de l’Equateur, selon le dernier recensement. Les dirigeants autochtones affirment que, d’après des études indépendantes, ils représentent 25% de la population.Le président Noboa, réélu en 2025, tente de réduire les subventions au diesel pour économiser environ 1 milliard de dollars de dépenses publiques et financer sa lutte contre le crime organisé.Du fait de sa situation entre la Colombie et le Pérou – les plus grands pays producteurs mondiaux de cocaïne – et de ses ports stratégiques sur le Pacifique, l’Equateur est devenu ces dernières années le théâtre de violents affrontements liés au narcotrafic.
Attentat contre l’ex-présidente Kirchner: trois ans après, le verdict
Un attentat manqué qui aurait pu faire basculer l’Argentine dans une tension extrême connaît mercredi son épilogue, avec le verdict pour deux accusés de la tentative d’assassinat en 2022 contre Cristina Kirchner, alors vice-présidente.Les faits Le 1er septembre 2022 au soir, Cristina Kirchner, alors en procès pour fraude pendant sa présidence (2007-2015), regagne son domicile de Buenos Aires.Comme tous les soirs du procès ou presque, une petite foule d’admirateurs se presse au bas de son immeuble pour la saluer.Entre les têtes, un bras se tend, pointe un pistolet calibre 32 à moins d’un mètre de sa tête. Maladresse, stress, défaillance ? La balle ne part pas. Cristina Kirchner ne se rendra compte de rien.”L’acte n’a pas été consommé pour des raisons indépendantes de (la) volonté” de l’agresseur, dira la procureure. “Bien qu’il ait appuyé sur la détente, la balle n’est pas sortie et, alors qu’il était sur le point de recharger, il a été maîtrisé par la foule”, puis arrêté.Le lendemain, des manifestations monstres de soutien à Mme Kirchner ont eu lieu à Buenos Aires et en province. “L’attentat a eu un impact dans le monde politique, et dans la société aussi, parce qu’il a ravivé le sombre souvenir qu’on peut recourir à la violence pour résoudre des différends politiques”, analyse le politologue indépendant Facundo Cruz, en référence à la dictature (1976-1983). Les accusésL’accusation a requis quinze ans de prison contre Fernando Sabag Montiel, 38 ans, vivant de petits boulots, chauffeur VTC ou vendeur de rue –de barbapapa au moment des faits. Il est décrit par les expertises comme une personnalité “narcissique” au discours “extravagant”.Contre sa petite amie de l’époque, Brenda Uliarte, quatorze ans ont été requis pour complicité, pour avoir “co-décidé, planifié, discuté des alternatives (…), motivé, soutenu et accompagné” l’agresseur sur les lieux.Un troisième accusé, Gabriel Carrizo, a été relaxé.M. Sabag Montiel a sans mal reconnu les faits, motivant l’acte par sa détestation de Mme Kirchner, “une corrompue, qui vole et nuit à la société”. Mais il a insisté avoir agi seul, dans un but presque “éthique” et “non au bénéfice d’un secteur politique”, se définissant même comme “apolitique”. Cristina, dans l’oubli ?Trois ans plus tard, la péroniste (centre-gauche), figure dominante de la politique argentine pendant 20 ans, successivement Première dame, cheffe de l’État, vice-présidente (2019-2023) est, à 72 ans, reléguée au second plan.En juin, elle a vu confirmer une peine de six ans de prison et d’inéligibilité à vie, pour administration frauduleuse dans une affaire portant sur des chantiers publics dans sa province de Santa Cruz (sud) pendant sa présidence.Son âge lui permet d’effectuer sa peine à domicile. Et c’est depuis un appartement du quartier de Constitucion qu’elle salue au balcon des fans qui viennent la saluer de temps à autre. Et interpelle régulièrement le président ultralibéral Javier Milei sur X.Lors du récent succès de l’opposition kirchnériste début septembre dans la province de Buenos Aires, le vainqueur du scrutin, le gouverneur local Axel Kicillof – considéré comme rare présidentiable de l’opposition en 2027 – a évité d’invoquer la figure tutélaire, et clivante, de “Cristina”.”Elle passe à l’arrière-plan, d’une part par sa réclusion et son inéligibilité, et parce qu’émergent des acteurs qui peuvent aspirer au leadership” du péronisme, estime Facundo Cruz.Une part de mystère ?”Ils me veulent soit prisonnière, soit morte”, a été le mot-clef de Cristina Kirchner depuis trois ans, en référence à la fois à l’attentat et au procès aboutissant à son inéligibilité.Lors de sa déposition, elle a déploré que seuls soient jugés “les auteurs matériels”, tandis que “les idéologues et financeurs” de l’attentat restent “protégés”. Elle a suggéré à plusieurs reprises des financements privés, selon elle liés à la droite et proches de son successeur Mauricio Macri (2015-2019).Pourtant en amont du procès, la juge d’instruction n’a pas retenu “d’éléments objectifs” suggérant une piste politique.Dans une procédure parallèle, visant un député conservateur qu’un témoin aurait entendu parler de l’attentat deux jours avant les faits, la magistrate a déclaré l’absence de “causes indépendantes permettant de soutenir l’accusation”.




