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Cédric Jubillar résiste au feu roulant de son interrogatoire

Bien qu’agité de tics nerveux, Cédric Jubillar, accusé du meurtre de sa femme Delphine, a résisté vendredi au feu roulant de quatre heures de questions devant la cour d’assises du Tarn, réaffirmant avec aplomb ne pas avoir “fait de mal” à l’infirmière disparue.Debout dans son box vitré, le peintre-plaquiste de 38 ans, vêtu d’un pull gris, a été interrogé tous azimuts, notamment sur les menaces de mort rapportées par sa propre mère et deux amis, qu’il a reconnu avoir prononcées, pour partie, avant la disparition de Delphine née Aussaguel, fin 2020.”C’est une expression que j’utilise fréquemment”, a-t-il affirmé, droit comme un I, en réponse à une question de la présidente de la cour, Hélène Ratinaud, qui lui rappelait ces propos, “Je vais la tuer”, rapportés par un de ses amis. C’est “comme quand je dis des gros mots, c’est exactement pareil”, a-t-il déclaré, mettant ça sur le compte de son “tempérament”.Des “signes avant-coureurs”, comme dans un “séisme”?, lui a demandé l’avocat général Pierre Aurignac: “non”, a-t-il répondu fermement, estimant plus tard que “tout le monde cherche à m’incriminer”.”Je n’ai jamais fait de mal à Delphine”, a martelé l’accusé, comme il n’a eu de cesse de le répéter lors des trois premières semaines de son procès.- “Mal au coeur” -Au début de cet interrogatoire très attendu, ce père de deux enfants a affirmé n’avoir “jamais levé la main” sur sa femme, déclarant: “Je l’aime encore et je l’aimerai toujours”.Enumérant les éléments établissant l’adultère de son épouse, qu’il avait découverts les semaines précédant sa disparition, Me Mourad Battikh, avocat des parties civiles, le presse de s’exprimer sur son état d’esprit de l’époque: “Le Cédric Jubillar, impulsif, nerveux, qu’est-ce qu’il ressent à ce moment-là?”. “De la trahison, du mensonge, rien de plus”, rétorque l’accusé.”De la colère, de la haine?, relance l’avocat. “Non pas du tout”, répond le peintre-plaquiste. “Un désir de vengeance?, essaie encore Me Battikh. “Non pas du tout”, répète M. Jubillar. “Ça fait mal au cœur, mais c’est tout”, minimise l’homme, rigide.Un autre avocat des parties civiles tente aussi de questionner le ressenti de l’accusé à l’époque, alors que les preuves de la relation extraconjugale de son épouse s’accumulent: les achats de lingerie, les locations de voiture pour aller retrouver son amant, le récit de Louis, le fils du couple, qui dit avoir vu “l’ami de maman” en visio.”Chaque jour, vous découvrez quelque chose et vous ne montez pas en température? Vous restez stoïque?”, l’interroge Me Laurent Nakache-Haarfi. “Exactement”, déclare simplement M. Jubillar.Souvent agité de mouvements nerveux et de tics, se grattant le crâne et le cou, il a reconnu que oui, il traitait Delphine de “salope”, mais “c’est un mot que j’emploie souvent, j’ai toujours été un vulgaire personnage”, énonce-t-il comme une évidence.Ce “côté bad boy a dû lui plaire au début, mais à la fin, ça l’a saoulée”, a estimé M. Jubillar qui, à propos de la volonté de séparation exprimée par son épouse, a déclaré: “Je ne voulais pas divorcer, mais je n’avais pas le choix.”- “Spontané -La présidente a relaté les mois qui ont précédé la disparition de Delphine Jubillar dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, revenant par exemple sur les échanges de messages entre elle et son mari, où transparaissent la tension au sein du couple, mais aussi les tentatives de l’accusé de reconquérir sa compagne.”Ça va, M. Jubillar? Je vois que vous transpirez”, lui lance un moment Hélène Ratinaud. “Oui, ça va”, lui répond-il.A la sortie de l’audience, l’un de ses avocats, Me Alexandre Martin, l’a trouvé “sincère et spontané” tandis que son autre conseil, Me Emmanuelle Franck, a insisté: “On a quand même quelqu’un qui reconnaît assez facilement un certain nombre de choses qui sont loin de lui être avantageuses, mais qui continue à dire +Par contre, dans la nuit du 15 au 16 décembre, je n’ai rien fait à Delphine+”.La présidente de la cour a défini une dizaine de thèmes pour l’interrogatoire de l’accusé et entend le poursuivre “une grosse partie de la journée de lundi”. Verdict attendu le 17 octobre.

Le sanctuaire menacé de Punta San Juan, reflet du déclin de la faune littorale au Pérou

Autrefois noires d’oiseaux, les falaises ocres de Punta San Juan de Marcona, dans le sud aride du Pérou, sont désormais presque désertes. Lions de mer et manchots de Humboldt se font rares, reflet du déclin de la faune du littoral.La grippe aviaire de fin 2022 a décimé les colonies, encore fragilisées l’année suivante par le phénomène climatique El Niño, qui repousse au large les eaux poissonneuses. La surpêche aggrave encore la crise.”Les animaux ont évolué avec El Niño et s’y sont adaptés (…), mais si ces événements sont de plus en plus fréquents et intenses, ils provoquent des effondrements (de population, ndlr) successifs très sévères dont il est beaucoup plus difficile de se relever”, explique Susana Cardenas, directrice du centre de recherche Programa Punta San Juan (PPSJ) de l’Université Cayetano Heredia de Lima.La péninsule, protégée depuis plus d’un siècle après une surexploitation du guano –cet engrais tiré des fientes d’oiseaux marins qui fit la richesse du pays au 19e siècle– avait pourtant été érigée en modèle de conservation.Un haut mur construit dans les années 1940 en a fait une “île artificielle” à l’abri des prédateurs. Un gardien, une collecte encadrée et un suivi scientifique ont complété le dispositif, renforcé en 2009 par la création d’une réserve naturelle regroupant 22 îles et 11 pointes dédiées à l’extraction du guano. “Cette expérimentation a fonctionné”, assure Mme Cardenas. Le site de 54 hectares est devenu “un refuge majeur tant pour les oiseaux à guano que pour les manchots, les lions de mer et bien d’autres espèces”. – “Seuil critique” -Pourtant, le site illustre aujourd’hui l’effondrement d’un écosystème parmi les plus riches du monde, nourri par les remontées d’eaux froides du courant de Humboldt. Riches en nutriments, elles favorisent la croissance du plancton qui alimente les anchois, ressource halieutique phare du Pérou et principale proie des oiseaux et mammifères marins.Début 2022, la péninsule comptait encore 200.000 oiseaux à guano, 2.500 manchots de Humboldt –espèce vulnérable selon l’Union internationale pour la conservation de la nature– et 11.000 lions de mer. Ils ne sont plus que 200, 500 et 1.200 respectivement, révèle Susana Cardenas, évoquant “un seuil critique”.”Avant, ici, c’était noir d’oiseaux”, se souvient Willy Hernandez, biologiste du Service national des aires naturelles protégées (Sernanp), en désignant le plateau rocailleux, encore blanchâtre du guano accumulé, qu’un petit groupe de manchots traverse d’un pas hésitant. Au pied des falaises, des lions de mer lancent des cris rauques, tandis que dans le ciel bleu, cormorans et pélicans passent sans se poser. Seuls quelques fous nichent encore sur les rochers.- “Bombe à retardement” -“Ce que l’on voit à Punta San Juan se voit dans tout le Pérou”, alerte Brayhan Caceres, chargé du suivi des colonies pour le PPSJ, pour qui la pêche industrielle d’anchois “entre en concurrence directe avec les animaux”. En 2024, les prises ont bondi de 25% sur un an, à 4,6 millions de tonnes, selon le ministère de la Production. L’anchois est presque exclusivement transformé en farine et huile pour l’aquaculture mondiale.Au Chili, “il se passe la même chose”, note Alejandro Simeone, chercheur en écologie marine à l’Université Andrés Bello de Santiago, évoquant une chute de 60 à 80% des colonies de manchots par rapport à 2022. “A terre, (ces animaux) sont assez bien protégés, mais pas en mer”, note-t-il, rappelant que les filets de pêche font aussi des victimes. Pendant que la pêche industrielle prospère, la faune s’effondre et, avec elle, l’avenir des petits agriculteurs dépendants du guano. “S’il n’y a pas d’oiseaux, il n’y a pas de guano. Et sans guano, comment soutenir l’agriculture nationale?”, interroge Brayhan Caceres. “C’est une bombe à retardement”.La dernière campagne de récolte s’achève à Punta San Juan. Seuls les camions chargés de sacs témoignent encore de l’activité, dans une odeur âcre. Entamée en avril, elle permettra d’extraire 11.000 tonnes de guano, contre près de 17.000 lors de la précédente campagne en 2019.Avant la grippe aviaire, le Pérou comptait environ 4,5 millions d’oiseaux à guano. Ils ne sont plus que 700.000 aujourd’hui, contre 25 millions au 19e siècle.

Le sanctuaire menacé de Punta San Juan, reflet du déclin de la faune littorale au Pérou

Autrefois noires d’oiseaux, les falaises ocres de Punta San Juan de Marcona, dans le sud aride du Pérou, sont désormais presque désertes. Lions de mer et manchots de Humboldt se font rares, reflet du déclin de la faune du littoral.La grippe aviaire de fin 2022 a décimé les colonies, encore fragilisées l’année suivante par le …

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Le sanctuaire menacé de Punta San Juan, reflet du déclin de la faune littorale au Pérou

Autrefois noires d’oiseaux, les falaises ocres de Punta San Juan de Marcona, dans le sud aride du Pérou, sont désormais presque désertes. Lions de mer et manchots de Humboldt se font rares, reflet du déclin de la faune du littoral.La grippe aviaire de fin 2022 a décimé les colonies, encore fragilisées l’année suivante par le phénomène climatique El Niño, qui repousse au large les eaux poissonneuses. La surpêche aggrave encore la crise.”Les animaux ont évolué avec El Niño et s’y sont adaptés (…), mais si ces événements sont de plus en plus fréquents et intenses, ils provoquent des effondrements (de population, ndlr) successifs très sévères dont il est beaucoup plus difficile de se relever”, explique Susana Cardenas, directrice du centre de recherche Programa Punta San Juan (PPSJ) de l’Université Cayetano Heredia de Lima.La péninsule, protégée depuis plus d’un siècle après une surexploitation du guano –cet engrais tiré des fientes d’oiseaux marins qui fit la richesse du pays au 19e siècle– avait pourtant été érigée en modèle de conservation.Un haut mur construit dans les années 1940 en a fait une “île artificielle” à l’abri des prédateurs. Un gardien, une collecte encadrée et un suivi scientifique ont complété le dispositif, renforcé en 2009 par la création d’une réserve naturelle regroupant 22 îles et 11 pointes dédiées à l’extraction du guano. “Cette expérimentation a fonctionné”, assure Mme Cardenas. Le site de 54 hectares est devenu “un refuge majeur tant pour les oiseaux à guano que pour les manchots, les lions de mer et bien d’autres espèces”. – “Seuil critique” -Pourtant, le site illustre aujourd’hui l’effondrement d’un écosystème parmi les plus riches du monde, nourri par les remontées d’eaux froides du courant de Humboldt. Riches en nutriments, elles favorisent la croissance du plancton qui alimente les anchois, ressource halieutique phare du Pérou et principale proie des oiseaux et mammifères marins.Début 2022, la péninsule comptait encore 200.000 oiseaux à guano, 2.500 manchots de Humboldt –espèce vulnérable selon l’Union internationale pour la conservation de la nature– et 11.000 lions de mer. Ils ne sont plus que 200, 500 et 1.200 respectivement, révèle Susana Cardenas, évoquant “un seuil critique”.”Avant, ici, c’était noir d’oiseaux”, se souvient Willy Hernandez, biologiste du Service national des aires naturelles protégées (Sernanp), en désignant le plateau rocailleux, encore blanchâtre du guano accumulé, qu’un petit groupe de manchots traverse d’un pas hésitant. Au pied des falaises, des lions de mer lancent des cris rauques, tandis que dans le ciel bleu, cormorans et pélicans passent sans se poser. Seuls quelques fous nichent encore sur les rochers.- “Bombe à retardement” -“Ce que l’on voit à Punta San Juan se voit dans tout le Pérou”, alerte Brayhan Caceres, chargé du suivi des colonies pour le PPSJ, pour qui la pêche industrielle d’anchois “entre en concurrence directe avec les animaux”. En 2024, les prises ont bondi de 25% sur un an, à 4,6 millions de tonnes, selon le ministère de la Production. L’anchois est presque exclusivement transformé en farine et huile pour l’aquaculture mondiale.Au Chili, “il se passe la même chose”, note Alejandro Simeone, chercheur en écologie marine à l’Université Andrés Bello de Santiago, évoquant une chute de 60 à 80% des colonies de manchots par rapport à 2022. “A terre, (ces animaux) sont assez bien protégés, mais pas en mer”, note-t-il, rappelant que les filets de pêche font aussi des victimes. Pendant que la pêche industrielle prospère, la faune s’effondre et, avec elle, l’avenir des petits agriculteurs dépendants du guano. “S’il n’y a pas d’oiseaux, il n’y a pas de guano. Et sans guano, comment soutenir l’agriculture nationale?”, interroge Brayhan Caceres. “C’est une bombe à retardement”.La dernière campagne de récolte s’achève à Punta San Juan. Seuls les camions chargés de sacs témoignent encore de l’activité, dans une odeur âcre. Entamée en avril, elle permettra d’extraire 11.000 tonnes de guano, contre près de 17.000 lors de la précédente campagne en 2019.Avant la grippe aviaire, le Pérou comptait environ 4,5 millions d’oiseaux à guano. Ils ne sont plus que 700.000 aujourd’hui, contre 25 millions au 19e siècle.