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Brésil: Bolsonaro sous la menace d’un procès pour “coup d’Etat”

La Cour suprême du Brésil a repris mercredi ses débats pour décider si elle ouvre ou non un procès contre Jair Bolsonaro pour un présumé projet de coup d’Etat de l’ex-président d’extrême droite, qui se dit victime de la “plus grande persécution politico-judiciaire de l’histoire du Brésil”.Dans un pays encore hanté par le souvenir de la dictature militaire (1964-1985), ravivé récemment par le film-phénomène “Je suis toujours là” de Walter Salles, Oscar du meilleur film international, un procès de l’ancien chef de l’Etat serait historique.Nostalgique assumé de ces années de plomb, l’ex-capitaine de l’armée, 70 ans, encourt une peine pouvant dépasser les 40 ans de réclusion.Contrairement à mardi, quand il avait fait son apparition au siège de la Cour suprême à la surprise générale pour faire face aux magistrats au premier rang, Jair Bolsonaro a décidé de ne pas assister en personne aux délibérations qui pourraient aboutir à son renvoi en procès pénal.Les chefs d’accusation sont gravissimes: “coup d’Etat”, “tentative d’abolition violente de l’Etat de droit démocratique” et “organisation criminelle armée”.A l’ouverture des débats mardi, le procureur général de la République, Paulo Gonet, a accusé M. Bolsonaro, aux affaires de 2019 à 2022, d’avoir été le “leader” d’une “organisation criminelle qui avait pour objectif de garantir qu’il se maintienne au pouvoir”.Et ce “quel que soit le résultat des élections de 2022”, qu’il a finalement perdues au second tour face au président actuel de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva.Selon l’accusation, après la défaite, les présumés conspirateurs auraient Å“uvré à l’élaboration d’un décret prévoyant la convocation d’un nouveau scrutin, mais aussi projeté l’assassinat de Lula, de son vice-président élu Geraldo Alckmin et d’Alexandre de Moraes, un juge de la Cour suprême.- “Procès politique ” -Par communiqué ou sur les réseaux sociaux, Jair Bolsonaro a clamé son innocence: “Ils m’accusent d’un crime que je n’ai pas commis”, tonne-t-il. Il se décrit en victime d’un “procès politique”, estimant que “l’arbitre a déjà sifflé avant même que le match ne commence”.Celui qui, dans le plus grand pays d’Amérique latine, reste l’incontournable leader du puissant courant conservateur joue gros, très gros.Inéligible jusqu’en 2030 en raison de ses attaques sans preuves contre les urnes électroniques, Jair Bolsonaro espère encore voir cette sanction annulée ou réduite pour lui permettre d’être de nouveau candidat en 2026.Mais une condamnation pour complot contre la démocratie brésilienne briserait cet espoir. Et forcerait son camp à lui choisir un successeur, alors que le jeu semble ouvert face à un Lula plus impopulaire que jamais, sur fond d’inflation.Dos au mur, Jair Bolsonaro veut croire que Donald Trump, “ami” et modèle politique, jouera de son “influence” en sa faveur.- “Noyau crucial” -Au total, 34 personnes ont été inculpées en février, dont plusieurs ex-ministres et des militaires de haut rang.Après avoir rejeté mardi les recours de la défense, cinq des 11 juges de la Cour suprême doivent évaluer mercredi s’ils disposent d’éléments suffisants pour ouvrir un procès pénal contre Jair Bolsonaro et sept autres inculpés, tous soupçonnés d’avoir fait partie du “noyau crucial” du complot supposé.Les magistrats votent tour à tour. Le premier à se prononcer est Alexandre de Moraes, puissant juge honni du camp Bolsonaro, qui voit en lui un “dictateur”.Invoquant son “intérêt personnel” en tant que potentielle victime d’un projet d’assassinat, la défense avait tenté d’obtenir la récusation du juge Moraes. En vain. Pas plus qu’elle n’a pu écarter deux autres membres du “Supremo”: un ex-ministre de Lula, Flavio Dino, et l’ancien avocat de l’actuel chef de l’Etat, Cristiano Zanin.Cherchant à démontrer que la démocratie au Brésil a réellement frôlé le désastre, l’accusation s’appuie aussi sur les événements du 8 janvier 2023 à Brasilia. Une semaine après l’investiture de Lula, des milliers de sympathisants bolsonaristes avaient envahi et saccagé les bâtiments de la Cour suprême, du Parlement et du palais présidentiel, criant à la fraude électorale et appelant à une intervention militaire.M. Bolsonaro, qui se trouvait alors aux Etats-Unis, dit avoir répudié les “actes violents” commis ce jour-là.

Mort du petit Emile: poursuite des auditions marathon de quatre membres de la famille

Suite des auditions “marathon” pour quatre membres de la famille du petit Emile Soleil, toujours en garde à vue mercredi à la mi-journée et entendus au sujet de la disparition en juillet 2023 au Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence) du garçonnet, retrouvé mort neuf mois plus tard.Philippe et Anne Vedovini, ses grands-parents maternels, ainsi qu’un oncle et une tante, avaient été interpellés tôt mardi par les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie de Marseille à leur domicile de La Bouilladisse (Bouches-du-Rhône), un coup de théâtre dans cette histoire.Tous sont entendus pour “homicide volontaire” et “recel de cadavre”, avait indiqué mardi le procureur d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon. Les enquêteurs semblent donc désormais privilégier la piste familiale dans cette enquête qui n’avait enregistré aucune annonce significative depuis la découverte, il y a un an, d’ossements du petit garçon de deux ans et demi.”Les choses se passent très sereinement” et “plusieurs auditions sont prévues cet après-midi”, a déclaré vers 13H00 mercredi l’avocate du grand-père, Isabelle Colombani, en sortant des locaux de la gendarmerie à l’occasion d’une pause dans les interrogatoires.Après trois auditions mardi, achevées vers minuit, Me Colombani, a dit s’attendre à “une nouvelle journée marathon”: “On peut aller jusqu’au bout de la garde à vue, c’est-à-dire demain (jeudi) 06H05”.La garde à vue ne pouvant dépasser 48H, une décision devrait donc tomber d’ici là pour trancher entre une remise en liberté ou un déferrement devant un juge.Me Colombani s’est refusée à tout commentaire sur le fond des auditions, soulignant “qu’il appartient au procureur de communiquer”.- Confrontations à venir ? -Elle a toutefois indiqué qu'”aucune confrontation” entre les quatre membres de la famille en garde à vue n’avait encore eu lieu. L’oncle et la tante du garçonnet, deux des enfants majeurs du couple Vedovini, sont eux auditionnés dans une autre gendarmerie du département. Leurs gardes à vue ont également été prolongées, selon une source proche de l’enquête.Ces placements en garde à vue des chefs d'”homicide volontaire” et “recel de cadavre” s’inscrivent “dans une phase de vérifications et de confrontations des éléments et informations recueillis lors des investigations réalisées ces derniers mois”, avait souligné dans un communiqué mardi matin le procureur Jean-Luc Blachon.Une garde à vue est “forcément une épreuve”, a souligné l’avocat d’Anne Vedovini, Me Julien Pinelli, qui avait précédemment indiqué que sa cliente “n’attend rien de plus que la vérité sur ce drame”.Mardi, le domicile de Philippe et Anne Vedovini, un cossu mas provençal situé à La Bouilladisse, fief de cette famille catholique traditionaliste qui compte dix enfants, avait également été perquisitionné. Un véhicule SUV et une remorque à cheval y ont été saisis par les enquêteurs.Selon une source proche du dossier, “une dizaine d’auditions de témoins” ont eu lieu mardi dans ce dossier.- Une jardinière analysée -Le petit Emile a disparu le 8 juillet 2023, alors qu’il venait d’arriver chez ses grands-parents maternels, dans leur résidence secondaire du hameau du Haut-Vernet, perché à 1.200 mètres d’altitude dans les Alpes-de-Haute-Provence.Les parents du garçonnet n’étaient pas sur place au moment de la disparition, mais plusieurs autres membres de la famille étaient présents. Malgré plusieurs jours de battues citoyennes et de “ratissages judiciaires”, aucune trace de l’enfant n’avait été retrouvée dans cette zone escarpée et isolée.Pendant neuf mois, l’enquête n’avait rien donné de concret, jusqu’à la découverte, fin mars 2024 par une promeneuse, du crâne et de dents de l’enfant, à environ 1,7 km du hameau, à 25 minutes de marche pour un adulte. Des vêtements et un petit bout d’os avaient également été retrouvés dans la même zone.Le 13 mars, la présence d’enquêteurs dans le hameau du Haut-Vernet avait relancé les spéculations. Les gendarmes avaient saisi devant l’église paroissiale une grande jardinière, dans laquelle des traces de sang ont été retrouvées, selon une source proche du dossier à l’AFP.jra-vid-sm-dac/swi

“Comme l’apocalypse”, les incendies de forêt en Corée du Sud déchirent les montagnes

Le chauffeur de camion Lee Seung-joo traversait les montagnes d’Andong en voiture, dans le sud-est de la Corée du Sud, lorsque les incendies ont frappé, transformant la région en “un véritable enfer” qui a fait au moins 24 morts.”C’était comme l’apocalypse”, se souvient l’homme de 39 ans. Il fait partie des quelque 27.000 évacués en raison des feux de forêt qui ravagent la région depuis cinq jours, attisés par des vents violents et une sécheresse extrême.Ils ont causé des “dégâts sans précédent”, a déclaré le président par intérim Han Duck-soo, selon lequel la situation peut encore empirer.  Des tronçons de la route nationale 7, la principale autoroute de la côte est, ont été plongés dans le chaos alors que les incendies rattrapaient les personnes évacuées, coincées dans les embouteillages.”Des boules de feu sont tombées comme une pluie entre les véhicules bloqués, mettant le feu aux voitures”, a décrit un témoin aux médias locaux.”Les conducteurs ont à peine réussi à s’échapper des voitures en feu. C’était le chaos total”, raconte à l’AFP Cho Jae-oak, 75 ans, producteur de pommes qui a dû fuir de sa propriété. Lui et sa femme ont tenté de sauver leur ferme, en vain. Les vents violents, ainsi qu’un accident qui a coûté la vie à un pilote, ont contraint les autorités à suspendre les opérations de lutte par hélicoptère et par drone.- Évacuez!  -“Attention ! Veuillez évacuer rapidement !”, lance le chef du village de Hawmaeri, où vivent environ 46 foyers, dans une vidéo circulant sur Internet et vérifiée par l’AFP. “Le village entier est en feu, et votre maison va bientôt prendre feu”, ajoute-t-il alors que l’incendie d’Uiseong se dirige à toute allure vers leurs maisons.La plupart des habitants se sont échappés mais lui et sa famille ont été retrouvés morts mardi, à côté de leur voiture incendiée, dirigée dans le sens opposé de celui des évacués, a indiqué la police locale. Ils ont “essayé de secourir les habitants qui auraient pu être isolés”, ont raconté des témoins.Au moins trois pompiers ont été tués, ainsi qu’un pilote d’hélicoptère, qui est décédé lorsque son appareil s’est écrasé dans une zone montagneuse, ont indiqué les autorités.En plus des milliers de pompiers, soutenus par des soldats et d’autres personnels d’urgence, des secouristes se sont rendus dans le sud-est pour distribuer notamment des médicaments.Les organisations de secours aux animaux se sont également rendues dans la région, où de nombreux chiens souvent attachés dehors, sont morts après avoir inhalé de la fumée. D’autres, retrouvés vivants, étaient brulés et en état de choc. – Colère-La majorité des victimes et des évacués sont des personnes âgées, souvent entre 60 et 70 ans, dans une région ou la moyenne d’âge dépasse les 60 ans, et le taux de natalité est le plus bas du monde, selon les autorités.Certains d’entre eux, encore sous le choc après la perte de leur maison dans les flammes, ont été accueillis à l’intérieur d’un gymnase d’une école à Andong où le silence est pesant.D’autres rescapés expriment leur colère, déplorant avoir vu leur maison réduites en cendres avant même l’arrivée des secours. “Toute la région doit coopérer pour éteindre cet incendie. Nous devons éteindre le feu rapidement”, a plaidé à l’AFP Park Sung-tae, un agriculteur. Car, s’inquiète-t-il, si la fumée bloque la lumière du soleil trop longtemps, “le travail agricole sera difficile” et la récolte de cette année sera perdue. 

Groenland: le Danemark salue le changement de programme de la visite américaine

Le Danemark s’est félicité mercredi de la décision de Washington de limiter la visite de sa délégation au Groenland à une base militaire américaine, renonçant à ses programmes initiaux qui avaient suscité la colère du territoire autonome danois convoité par Donald Trump.La venue annoncée de l’épouse du vice-président américain JD Vance, pour une course de chiens de traineaux, le déploiement d’une avant-garde de sécurité avec véhicules blindés à Nuuk, la possible visite du conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz: les détails de l’arrivée non sollicitée d’une délégation de haut niveau s’accumulaient, au grand dam du gouvernement groenlandais.Le Premier ministre sortant groenlandais Mute Egede avait dénoncé lundi une “ingérence étrangère” et le gouvernement par intérim avait rappelé qu’il ne pouvait y avoir d’invitation ni de rencontre officielle, faute d’exécutif en place.Depuis les législatives du 11 mars, le Groenland est en pleines négociations en vue de former une coalition gouvernementale.La Première ministre danoise Mette Frederiksen avait critiqué une “pression inacceptable” sur le Groenland et le Danemark, et promis d’y résister. Elle semble avoir obtenu gain de cause avec l’annonce par JD Vance qu’il se rendrait uniquement sur la base militaire de Pituffik.JD Vance ira vendredi sur cette base de la branche de l’armée américaine dédiée à l’espace, “pour être informé des sujets liés à la sécurité de l’Arctique” et rencontrer les troupes, ont indiqué mardi ses services.La base de Pituffik “sert à la détection de départ de missile, la défense antimissile et les missions de surveillance de l’espace”, précise la vice-présidence américaine. Donald Trump justifie son intérêt pour le Groenland par la nécessité d’y renforcer “la sécurité internationale”. – “Pirouette magistrale” -La diplomatie danoise a salué ce revirement américain, précisant qu’il n’était plus question de déplacement ailleurs dans le territoire autonome danois.”Je pense qu’il est très positif que les Américains annulent leur visite auprès de la société groenlandaise. A la place, ils visiteront leur propre base, Pituffik, et nous n’avons rien contre”, a déclaré à la radio DR le ministre danois des Affaires étrangères Lars Løkke Rasmussen.”Les voitures (de la délégation américaine, ndlr) qui ont été livrées il y a quelques jours sont en train d’être ramenées à la maison, et l’épouse du vice-président américain et son conseiller en matière de sécurité ne feront pas de visite dans la société groenlandaise”, a -t-il précisé. “L’affaire est en train d’être bouclée, et c’est positif”, s’est félicité M. Løkke.”Je suis le ministre des Affaires étrangères, je dois donc parler de manière diplomatique, mais à bien des égards, il s’agit d’une pirouette magistrale pour faire croire à une escalade alors qu’il s’agit en réalité d’une désescalade”, selon lui.Marc Jacobsen, maître de conférence au College royal de Défense danois, rejoint le ministre, estimant lui aussi qu’il s’agit d'”une désescalade”. “Le fait que les autorités groenlandaises et danoises vous disent que vous n’êtes pas les bienvenus est significatif”, dit-il à l’AFP. “Le risque d’une couverture négative dans les médias et les réseaux sociaux a peut-être encore plus pesé”, ajoute-t-il, rappelant qu’une manifestation était annoncée à Sisimiut, après une première manifestation anti-américaine dans la capitale Nuuk le 15 mars.Sur le fond, le spécialiste estime que le seul pays qui menace le Groenland sont les Etats-Unis. “La Chine ou la Russie (..) n’ont aucun intérêt à attaquer le Groenland”, dit-il, et ils n’y ont “aucune activité” actuellement.Depuis décembre et les premières annonces de Donald Trump sur son intention d’acquérir l’immense île arctique, sa classe politique a souligné qu’elle n’était pas à vendre, mais “ouverte aux affaires”. Dans un sondage réalisé fin janvier, la population groenlandaise s’est dite massivement opposée à l’idée d’un rattachement à Washington.Territoire grand comme quatre fois la France, le Groenland attise les convoitises sur ses supposées richesses minérales, très largement inexploitées.

Paris-Roubaix: l’ogre Pogacar plonge dans l’Enfer du nord

“Un grand moment pour le cyclisme”: Tadej Pogacar disputera le 13 avril son premier Paris-Roubaix, le Monument le plus dangereux du calendrier, où la perspective d’un nouveau duel avec Mathieu van der Poel promet des étincelles.Signe du coup de tonnerre que constitue cette annonce communiquée mardi par son équipe UAE, ce sera la première fois depuis… 1991 qu’un vainqueur sortant du Tour de France prendra le départ de la Reine des classiques, lorsque l’Américain Greg LeMond avait pris la 55e place dans le vélodrome de Roubaix.Auparavant, Bernard Hinault, en 1982, et Eddy Merckx, en 1975, s’étaient également alignés au départ d’un Paris-Roubaix – une classique normalement réservée aux armoires à glace et a priori incompatible avec un gabarit de grimpeur comme celui de Pogacar – après avoir été sacrés l’année précédente sur la Grande Boucle.Mais le Slovène de 26 ans est un coureur ultra complet qui brille autant sur les grands Tours – trois victoires dans le Tour de France et une dans le Giro – que sur les classiques, avec sept Monuments à son palmarès, dont le Tour des Flandres en 2023.- “Un défi à hauteur de son talent” -Le champion du monde dit lui-même qu’il préfère les courses d’un jour, des shoots d’adrénaline pure, aux épreuves par étapes où il faut aussi savoir calculer ses gestes et économiser ses forces.Il devait d’ailleurs participer vendredi au Grand Prix E3 et dimanche à Gand-Wevelgem, deux prestigieuses classiques belges, pour préparer le Tour des Flandres, l’autre Monument pavé qui aura lieu le 6 avril.”Après des discussions (en interne), il a été décidé qu’il ajusterait son programme pour se concentrer sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix”, a indiqué l’équipe UAE dont les dirigeants étaient réticents à libérer Pogacar pour Roubaix avant de céder face à l’insistance du Slovène.”C’est un grand moment pour le cyclisme. Ça fait bien longtemps qu’on n’avait pas eu un vainqueur de Tour de France qui est en capacité d’aller jouer la gagne sur Paris-Roubaix. Là, il va avoir un défi à la hauteur de son talent”, s’est félicité le directeur de la course Thierry Gouvenou auprès de quelques journalistes dont l’AFP.Sur l’Enfer du Nord, “Pogi” retrouvera le Néerlandais Mathieu van der Poel, double vainqueur sortant qui vient de le priver de la victoire à Milan-Sanremo, et des outsiders comme le Belge Wout Van Aert ou l’Italien Filippo Ganna, 2e à Sanremo.”Si Van Der Poel est au sommet de son art, ce sera très difficile pour Pogacar, estime Gouvenou. Il va rencontrer un parcours qui n’est pas fait pour lui. Si, un jour, il vient à gagner Paris-Roubaix, ce sera dans la difficulté. Et ça, c’est ce qu’on attend tous: voir les champions en difficulté. Cette course risque de le rendre encore plus grand.”- Six millions de pavés dangereux -Si Paris-Roubaix ne figurait jusque-là pas au programme de Pogacar, c’est aussi parce que son équipe ne voulait pas prendre de risques avec le coureur le mieux payé du peloton, avec un salaire estimé à 8 millions d’euros par an, pour lequel le Tour de France reste la priorité.  “Une mauvaise chute pourrait remettre en cause le Tour de France et peut-être même toute la saison. Il a encore du temps dans sa carrière pour courir Paris-Roubaix”, disait le manager de son équipe, Mauro Gianetti, au soir des Strade Bianche où Pogacar venait justement de chuter avant de s’imposer, ce qui n’a évidemment pas rassuré son équipe.Avec ses six millions de pavés souvent disjoints, Paris-Roubaix est de fait considéré comme la course la plus dangereuse du calendrier et de nombreux coureurs y ont connu des blessures sérieuses les couchant sur le flanc pour de longs mois.Mais Pogacar avait envie et a réveillé la planète cyclisme en février lorsqu’il a publié sur Instagram une vidéo le montrant en reconnaissance dans la trouée d’Arenberg, secteur pavé mythique de l’Enfer du nord.Depuis, il entretenait le mystère, sachant que ces derniers jours les signaux d’une première participation se sont accumulés. Jusqu’à la confirmation mardi qui promet un Paris-Roubaix encore plus incandescent que d’habitude le 13 avril.

Trump, Macron et Zelensky ou la “nouvelle diplomatie” du téléphone portable

“Emmanuel, pardon”, “je peux te rappeler dans quinze à vingt minutes?” En plein échange avec la presse, Volodymyr Zelensky est interrompu par un appel du président français. Le bouleversement géopolitique s’accompagne aussi d’une “nouvelle diplomatie” du téléphone portable.Depuis que Donald Trump a regagné la Maison Blanche et qu’il a appuyé sur l’accélérateur pour mettre fin …

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Trump, Macron et Zelensky ou la “nouvelle diplomatie” du téléphone portable

“Emmanuel, pardon”, “je peux te rappeler dans quinze à vingt minutes?” En plein échange avec la presse, Volodymyr Zelensky est interrompu par un appel du président français. Le bouleversement géopolitique s’accompagne aussi d’une “nouvelle diplomatie” du téléphone portable.Depuis que Donald Trump a regagné la Maison Blanche et qu’il a appuyé sur l’accélérateur pour mettre fin à la guerre en Ukraine, les sonneries retentissent comme jamais de Washington à Paris en passant par Londres, Kiev, et même Moscou.Emmanuel Macron parle “quasiment tous les jours” à ses homologues ukrainien et américain, assure-t-on dans son entourage. Même fréquence avec le Premier ministre britannique Keir Starmer.Au Quai d’Orsay, un adage dit que les diplomates sont malheureux depuis l’invention du téléphone: les appels directs entre dirigeants rendraient moins incontournables les émissaires. Le téléphone portable amplifie encore ce mouvement.Pour un conseiller du président français, c’est même “une nouvelle diplomatie” qui prend forme, “plus directe et spontanée”, faite d’échanges entre leaders “plus fréquents, plus rapides”.Là où un “call” entre chefs d’Etat ou de gouvernement était auparavant calé à l’avance par leurs collaborateurs, et se déroulait en leur présence, cela peut être aujourd’hui beaucoup moins formel.Emmanuel Macron, qui lui-même a théorisé l’importance diplomatique des relations personnelles, y compris avec ses homologues les plus controversés, raconte à ses interlocuteurs comment Donald Trump peut le contacter “en ligne directe” sans préavis, l’obligeant à quitter une réunion pour un bref appel.Un fonctionnement essentiel, pense-t-on à Paris, pour espérer influer un tant soit peu sur les décisions du président américain.En jeu: faire en sorte que l’Europe et l’Ukraine aient leur mot à dire dans des pourparlers qui, sans cela, se tiendraient dans un tête-à-tête à hauts risques entre les Etats-Unis et la Russie.Ces échanges ne sont pas une nouveauté, et ils ont pu déjà être fréquents quand une crise atteignait son apogée.Cela dépend aussi des personnalités: Donald Trump aime les contacts sans intermédiaires, et a pu communiquer de la sorte dès son premier mandat (2017-2021), quand Joe Biden préférait passer par “le processus bureaucratique” classique, rapporte un ex-diplomate.- Messageries cryptées -“Mais là, ça s’est quand même beaucoup accéléré. Il y a un changement de rythme qui entraîne un changement dans la nature des relations”, dit à l’AFP l’ancien ambassadeur de France Michel Duclos, expert à l’Institut Montaigne.Selon lui, côté français, “cela a comme conséquence de concentrer encore plus la politique étrangère à l’Elysée”.A Kiev, Volodymyr Zelensky a commencé dès le début de l’invasion russe, en février 2022, à utiliser le canal des appels directs sur smartphone, d’abord avec son homologue polonais Andrzej Duda, parfois pour débloquer “des problèmes logistiques ou administratifs à la frontière” par où était acheminée l’aide militaire occidentale, se souvient un proche du président ukrainien. Cela a permis de “simplifier et accélérer les choses au maximum”.Le corollaire, c’est que les conseillers ne sont pas toujours présents pour écouter. “Si le dirigeant ne les débriefe pas rapidement, le risque est qu’ils ne soient plus au diapason”, prévient Michel Duclos.De la même manière, les communiqués rapportant la teneur de ces entretiens bilatéraux se raréfient. De plus en plus souvent, Emmanuel Macron poste lui-même un bref compte-rendu sur les réseaux sociaux, comme Donald Trump en avait déjà l’habitude.Mais les appels impromptus sur portable se restreignent à une poignée de leaders. Le coup de fil “officiel” reste en vigueur, en parallèle.Ainsi, si le président américain a donné son numéro de portable à son homologue ukrainien, ce dernier n’en a jamais fait usage.Quant à Donald Trump, ses deux entretiens téléphoniques avec Vladimir Poutine en février et mars, qui ont sorti le président russe de son isolement de la part des Occidentaux, ils semblent avoir suivi un processus diplomatique traditionnel.Mais le milliardaire républicain s’est aussi targué d’avoir parlé au maître du Kremlin “à plusieurs reprises”, lors “d’autres appels” dont il n’existe aucune trace officielle.Or, si les deux présidents se parlent seul à seul, “c’est dangereux”, met en garde Michel Duclos, qui redoute la capacité de Vladimir Poutine à “manipuler” son interlocuteur.Pour Ian Bremmer, président de l’Eurasia Group, cabinet d’analyse spécialisé dans les risques politiques, ces contacts informels “sont très positifs s’ils ont lieu entre deux dirigeants qui se font confiance, dans le cadre d’une relation stable”. Ce qui, à ses yeux, n’est pas le cas s’agissant de Donald Trump.Ces communications posent enfin la question de leur confidentialité. Selon des sources diplomatiques, les leaders échangent souvent via des messageries cryptées.Or c’est par l’une de ces plateformes, Signal, qu’un journaliste américain a eu accès par erreur a des échanges sur des plans militaires secrets entre hauts responsables du gouvernement Trump, vivement critiqué pour cette faille de sécurité.vl-ant-dk-fff/jmt/ybl