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Une comédienne devenue éleveuse, un pari fou sauvé par une foncière solidaire

“Sans ça, j’aurais arrêté”: victime de sécheresses à répétition, Chloé Pimont, une comédienne parisienne et végétarienne devenue éleveuse de brebis dans le Morvan, a été sauvée de la déroute par une foncière solidaire qui achète des terres pour des néo-agriculteurs.”Je ne savais même pas comment poussait une carotte”: véritable citadine, elle alignait des rôles dans les comédies musicales quand elle rencontre son compagnon, un arboriculteur qui lui fait découvrir le massif bourguignon du Morvan. Dans ce pays de bocages et forêts, elle croise la route d’une feutrière qui lui donne l’amour de la laine. “J’étais végétarienne et j’avais une peur monstrueuse des moutons mais j’ai eu un coup de cœur”, se souvient-elle auprès de l’AFP. En 2017, à 33 ans, elle troque les paillettes pour les bottes en caoutchouc et s’installe d’abord très modestement sur un petit lopin, avec une trentaine de brebis. Mais les sécheresses à répétition se font vite menaçantes: “J’étais sur des terrains avec très peu d’herbe. Je n’avais plus de quoi nourrir les bêtes.”L’éleveuse cherche donc de nouvelles terres et trouve une ferme de 47 hectares. “Mais je n’avais pas le profil idéal pour la banque: j’étais devenue une mère célibataire, avec trois enfants, sans mari pour ramener des sous et une néo-agricultrice pas du tout issue du milieu agricole…”L’ex-comédienne découvre finalement une entreprise foncière agricole “solidaire”, “Fermes en vie” (Fève), qui rachète des terres pour les mettre à disposition d’agriculteurs, à condition qu’ils adoptent une culture respectueuse de l’environnement, ce qui était déjà le cas pour Chloé.- Mitaines -Fève rachète la ferme et la loue à l’éleveuse à un tarif raisonnable: la foncière, qui a le statut d'”entreprise à mission de l’économie sociale et solidaire”, a en effet un objectif autre que financier.”Je paie 1.200 euros par mois pour la ferme, et 1.800 euros par trimestre pour le fermage des terres”, explique-t-elle en étiquetant les chaussettes, mitaines et autres bonnets tissés avec la laine de ses brebis.”Sans ça, j’aurais arrêté”, assure Chloé depuis ses nouveaux prés où quelque 200 brebis paissent enfin une herbe grasse entre deux bêlements.A l’aide de la viande d’agneau qu’elle produit également, l’ex-comédienne de 41 ans se verse 1.000 euros par mois. “Je m’en sors sans problème”, assure-t-elle.Fondée en septembre 2020 par des ingénieurs agronomes, Fève “a accompagné une quarantaine de fermes, soit une bonne soixantaine” de paysans, indique Louise Bolmont, chef de projets.”La moitié des agriculteurs vont prendre leur retraite d’ici les dix prochaines années”, rappelle-t-elle. Or la transmission familiale des terres est largement chose du passé: “Aujourd’hui, deux tiers des agriculteurs qui souhaitent s’installer ne sont pas issus du milieu”, ajoute-t-elle.Avec le prix d’une ferme qui approche un million d’euros en moyenne, 20.000 hectares de terres perdent chaque année leur usage agricole.Les foncières solidaires ont donc commencé à peupler la campagne, comme Fève mais aussi d’autres telles Terres de liens: première du genre, elle a acquis en 20 ans 300 fermes et installé plus de 700 paysans.- Epargne citoyenne -“C’est une solution formidable”, estime Chloé devant des investisseurs venus visiter son exploitation à Monthelon (Saône-et-Loire).Pour acheter les terres, les foncières solidaires comptent sur l’épargne “citoyenne”, voire humaniste, collectant des fonds majoritairement auprès de particuliers.”J’ai investi dans des circuits classiques. Mais c’est abstrait. Ici, c’est du concret”, explique Michel Guimet, 65 ans, en pataugeant dans la gadoue de la ferme de Chloé.”Je veux aider des initiatives positives pour la société. L’idée n’est pas de faire des sous. La Bourse offre du 7-8%. Fève, c’est juste l’inflation grosso modo”, calcule le retraité.”Aujourd’hui, on est proche d’un pour cent”, reconnaît Paul-Antoine Raulin, responsable investisseurs chez Fève.”La finance solidaire reste marginale, avec seulement 0,5% de l’épargne des Français”, confesse-t-il. “Mais de plus en plus se posent la question de l’impact de leur épargne”. L’an dernier, Fève a presque triplé sa collecte, à 19 millions d’euros contre sept millions en 2023.

Au Tadjikistan, une eau abondante mais impropre

Pour étancher sa soif, Nematoullo Bassirov doit puiser l’eau d’un ruisseau dans sa cour, en espérant ne pas tomber malade après l’avoir bue. Malgré les abondantes réserves hydriques du Tadjikistan, l’accès à l’eau potable reste un privilège dans ce pays montagneux d’Asie centrale.”Il y a n’importe quelle saleté dedans”, dit à l’AFP M. Bassirov, en nettoyant le petit canal d’irrigation qu’utilise tout ce village du district de Balkh, aussi appelé Kolkhozobod, dans le sud du pays.La récolte du jour: sacs poubelles, emballages plastiques, canettes de boissons énergisantes… Il lui arrive de trouver des couches-culottes, mais l’eau contient aussi des déchets invisibles, comme les “déjections des oies” du voisin, ou pire.”Après l’irrigation des cultures, l’eau boueuse arrive ici, elle contient des pesticides”, explique ce maçon de 58 ans, pendant que sa belle-soeur rince des raisins dans le canal pour les servir à table.Seuls 41% des quelque dix millions de Tadjiks ont accès aux services d’approvisionnement en eau potable sûre et 15% aux réseaux d’assainissement, taux les plus bas d’Asie centrale, d’après les données officielles de 2023.Au niveau régional, environ 10 des 80 millions de Centrasiatiques n’ont pas accès à l’eau potable, note la Banque eurasiatique de développement (BED).Et ce alors que le Tadjikistan et le Kirghizstan, dans une situation comparable, détiennent environ deux tiers des ressources hydriques centrasiatiques.Avec environ 25.000 glaciers cumulés, ces deux pays extrêmement montagneux font office de châteaux d’eau dans une région qui en manque cruellement.- “Priorité absolue” -“Grâce aux rivières vivifiantes qui coulent des montagnes enneigées tadjikes, les déserts assoiffés se transforment en oasis. L’eau est source de vie !”, clame une citation du président Emomali Rakhmon à Balkh.Sur la scène internationale, le dirigeant au pouvoir depuis 1992 a fait de la diplomatie de l’eau un pilier de sa politique étrangère, avec de nombreuses résolutions adoptées par l’ONU à son initiative.Conscientes de ce problème crucial de santé publique dans un pays en pleine croissance démographique, les autorités ont lancé au printemps un plan d’action à horizon 2040. Elles le promettent: “fournir eau potable et services d’assainissement est une priorité absolue”.Pour l’heure à Balkh, les femmes font la vaisselle et la lessive dans le canal, des écolières y lavent la peinture verte de leurs pinceaux et des enfants s’y baignent.A quelques kilomètres de là, avoir un cours d’eau à proximité serait déjà un luxe pour Malika Ermatova, 30 ans, vivant sur une terre aride.Elle se fait livrer par camions-citernes, pratique qui a cours jusqu’aux faubourgs de la capitale Douchanbé, et conserve l’eau dans un réservoir de quatre tonnes sous sa cour.”Nous utilisons cette eau pour tout: nous la buvons, faisons la lessive, nettoyons la cour, arrosons le jardin”, explique Mme Ermatova, entourée de ses trois enfants.”Mais l’eau se dégrade vite. Nous la changeons toutes les trois–quatre semaines”, dit-elle, alors que la région de Khatlon, bordant l’Afghanistan, est la plus chaude du pays.- Hors service -Une étude publiée en 2024 par des chercheurs dans la revue de référence Nature note en moyenne “1.620 décès annuels liés à l’eau insalubre entre 1990 et 2020” au Tadjikistan.M. Bassirov, qui fait décanter l’eau dans un seau pour retirer la couche supérieure d’impuretés puis la fait bouillir, raconte les maladies régulières dans sa famille et “son estomac qui ne supporte plus cette eau”.”Les prévisions indiquent une tendance à la hausse des décès liés à l’eau”, selon ces chercheurs saoudiens et pakistanais, relevant “l’urgence d’améliorer les infrastructures”.Le chantier reste colossal: 7% des infrastructures hydrauliques sont partiellement fonctionnelles et 25% sont hors service, d’après la BED.Datant de l’ère soviétique et endommagées par la guerre civile des années 1990, elles souffrent aussi des catastrophes naturelles, récurrentes au Tadjikistan.Pour Abdourakhim Abdoulloev, ingénieur hydraulique à Balkh, ces problèmes sont réguliers.”Cette station d’approvisionnement en eau potable dessert 2.800 foyers. Mais l’équipement nécessite des réparations pour que l’approvisionnement en eau de la population reprenne”, explique M. Abdoulloev.Les autorités ont récemment augmenté les tarifs de l’eau, extrêmement bas, héritage soviétique rendant le secteur non rentable.Mais selon la BED, le déficit de financement reste important au vu de l’économie tadjike, la plus modeste de toute l’ex-URSS, et atteindra 1,2 milliard de dollars d’ici 2030.

Au Tadjikistan, une eau abondante mais impropre

Pour étancher sa soif, Nematoullo Bassirov doit puiser l’eau d’un ruisseau dans sa cour, en espérant ne pas tomber malade après l’avoir bue. Malgré les abondantes réserves hydriques du Tadjikistan, l’accès à l’eau potable reste un privilège dans ce pays montagneux d’Asie centrale.”Il y a n’importe quelle saleté dedans”, dit à l’AFP M. Bassirov, en nettoyant le petit canal d’irrigation qu’utilise tout ce village du district de Balkh, aussi appelé Kolkhozobod, dans le sud du pays.La récolte du jour: sacs poubelles, emballages plastiques, canettes de boissons énergisantes… Il lui arrive de trouver des couches-culottes, mais l’eau contient aussi des déchets invisibles, comme les “déjections des oies” du voisin, ou pire.”Après l’irrigation des cultures, l’eau boueuse arrive ici, elle contient des pesticides”, explique ce maçon de 58 ans, pendant que sa belle-soeur rince des raisins dans le canal pour les servir à table.Seuls 41% des quelque dix millions de Tadjiks ont accès aux services d’approvisionnement en eau potable sûre et 15% aux réseaux d’assainissement, taux les plus bas d’Asie centrale, d’après les données officielles de 2023.Au niveau régional, environ 10 des 80 millions de Centrasiatiques n’ont pas accès à l’eau potable, note la Banque eurasiatique de développement (BED).Et ce alors que le Tadjikistan et le Kirghizstan, dans une situation comparable, détiennent environ deux tiers des ressources hydriques centrasiatiques.Avec environ 25.000 glaciers cumulés, ces deux pays extrêmement montagneux font office de châteaux d’eau dans une région qui en manque cruellement.- “Priorité absolue” -“Grâce aux rivières vivifiantes qui coulent des montagnes enneigées tadjikes, les déserts assoiffés se transforment en oasis. L’eau est source de vie !”, clame une citation du président Emomali Rakhmon à Balkh.Sur la scène internationale, le dirigeant au pouvoir depuis 1992 a fait de la diplomatie de l’eau un pilier de sa politique étrangère, avec de nombreuses résolutions adoptées par l’ONU à son initiative.Conscientes de ce problème crucial de santé publique dans un pays en pleine croissance démographique, les autorités ont lancé au printemps un plan d’action à horizon 2040. Elles le promettent: “fournir eau potable et services d’assainissement est une priorité absolue”.Pour l’heure à Balkh, les femmes font la vaisselle et la lessive dans le canal, des écolières y lavent la peinture verte de leurs pinceaux et des enfants s’y baignent.A quelques kilomètres de là, avoir un cours d’eau à proximité serait déjà un luxe pour Malika Ermatova, 30 ans, vivant sur une terre aride.Elle se fait livrer par camions-citernes, pratique qui a cours jusqu’aux faubourgs de la capitale Douchanbé, et conserve l’eau dans un réservoir de quatre tonnes sous sa cour.”Nous utilisons cette eau pour tout: nous la buvons, faisons la lessive, nettoyons la cour, arrosons le jardin”, explique Mme Ermatova, entourée de ses trois enfants.”Mais l’eau se dégrade vite. Nous la changeons toutes les trois–quatre semaines”, dit-elle, alors que la région de Khatlon, bordant l’Afghanistan, est la plus chaude du pays.- Hors service -Une étude publiée en 2024 par des chercheurs dans la revue de référence Nature note en moyenne “1.620 décès annuels liés à l’eau insalubre entre 1990 et 2020” au Tadjikistan.M. Bassirov, qui fait décanter l’eau dans un seau pour retirer la couche supérieure d’impuretés puis la fait bouillir, raconte les maladies régulières dans sa famille et “son estomac qui ne supporte plus cette eau”.”Les prévisions indiquent une tendance à la hausse des décès liés à l’eau”, selon ces chercheurs saoudiens et pakistanais, relevant “l’urgence d’améliorer les infrastructures”.Le chantier reste colossal: 7% des infrastructures hydrauliques sont partiellement fonctionnelles et 25% sont hors service, d’après la BED.Datant de l’ère soviétique et endommagées par la guerre civile des années 1990, elles souffrent aussi des catastrophes naturelles, récurrentes au Tadjikistan.Pour Abdourakhim Abdoulloev, ingénieur hydraulique à Balkh, ces problèmes sont réguliers.”Cette station d’approvisionnement en eau potable dessert 2.800 foyers. Mais l’équipement nécessite des réparations pour que l’approvisionnement en eau de la population reprenne”, explique M. Abdoulloev.Les autorités ont récemment augmenté les tarifs de l’eau, extrêmement bas, héritage soviétique rendant le secteur non rentable.Mais selon la BED, le déficit de financement reste important au vu de l’économie tadjike, la plus modeste de toute l’ex-URSS, et atteindra 1,2 milliard de dollars d’ici 2030.

Motions de censure et invectives: tensions croissantes au Parlement européen

Des “divisions extrêmement profondes”… L’examen de deux motions de censure contre Ursula von der Leyen va de nouveau mettre à l’épreuve la majorité dite pro-européenne au Parlement à Strasbourg, après plus d’un an de crispations et d’invectives Débattues ce lundi et soumises au vote jeudi, ces motions déposées par l’extrême droite et la gauche radicale n’ont …

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Motions de censure et invectives: tensions croissantes au Parlement européen

Des “divisions extrêmement profondes”… L’examen de deux motions de censure contre Ursula von der Leyen va de nouveau mettre à l’épreuve la majorité dite pro-européenne au Parlement à Strasbourg, après plus d’un an de crispations et d’invectives Débattues ce lundi et soumises au vote jeudi, ces motions déposées par l’extrême droite et la gauche radicale n’ont quasiment aucune chance de faire tomber la présidente de la Commission.Mais elles traduisent un changement d’ambiance au Parlement européen, bousculé par la percée de l’extrême droite aux élections de juin 2024. Et elles vont permettre de mesurer dans quel état se trouve la coalition entre sociaux-démocrates, centre (Renew) et droite (PPE).”La situation est très instable”, convient le centriste Pascal Canfin, qui redoute que les sociaux-démocrates finissent par claquer la porte. “Mais y a-t-il une meilleure alternative ” que cette alliance ? “Non, loin de là”.Gauche et centre reprochent à la droite européenne, dont est issue Ursula von der Leyen, de cultiver l’ambiguïté avec l’extrême droite pour mieux détricoter les lois environnementales.”Les tensions vont encore augmenter”, car la “Commission mène un agenda de droite mâtiné d’extrême droite”, tacle l’écologiste David Cormand.L’amertume s’est accentuée cet été après l’accord commercial scellé par l’Union européenne avec les Etats-Unis, que de nombreux parlementaires, y compris parmi les soutiens de la présidente de la Commission, jugent déséquilibré.Les eurodéputés sont “rentrés énervés après s’être fait allumer tout l’été sur le deal avec Donald Trump”, raconte un haut fonctionnaire européen. Combative, Ursula von der Leyen défend cet accord –  “le meilleur possible” –  avec le président américain. Et elle a encore lancé un appel à l’unité le 10 septembre au Parlement, en insistant sur la gravité de la situation géopolitique, marquée par la guerre en Ukraine.- “Bac à sable” -Mais après son intervention, “la première réaction des dirigeants des deux principaux partis a été de s’attaquer mutuellement”, déplore une source à la Commission, en référence à l’Allemand Manfred Weber et l’Espagnole Iratxe Garcia, respectivement chefs de la droite et des sociaux-démocrates.Ce jour-là, M. Weber a lancé les hostilités en pointant du doigt le “comportement” des socialistes… espagnols, qui “divise” la coalition.”Qui est responsable du fait que cette alliance pro-européenne ne fonctionne pas dans ce Parlement ? Il a un prénom et un nom, il s’appelle Manfred Weber”, a répliqué Iratxe Garcia”C’est un bac à sable, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Leur relation est viciée”, peste un vieux routier du Parlement européen.Tandis que l’extrême droite savoure. “On regarde ça avec amusement, on les laisse gérer leurs problèmes de couple”, réagit l’eurodéputée Julie Rechagneux (Les Patriotes). Jusqu’ici, faute de lois majeures, ces crispations à répétition restent sans grande conséquence. Mais l’automne “sera un moment de vérité”, prévient Manfred Weber. Car les premières lois de fond arrivent, dont une série de mesures de simplification de lois environnementales qui divisent l’hémicycle.Gauche et centre redoutent que la droite et l’extrême droite se coordonnent pour enterrer plus largement des mesures écologiques adoptées lors du précédent mandat. “Depuis un an, notre problème, c’est que le Parlement est introuvable. C’est une situation un peu visqueuse. Et on se sait pas trop comment ça va se décanter”, témoigne un diplomate européen, anonymement.Selon un haut fonctionnaire, “le risque ce n’est pas que la motion de censure passe cette fois, mais que tout se cristallise sur un texte qui provoque un blocage et disloque la majorité”.Début juillet, le Parlement européen avait largement repoussé une motion de censure d’extrême droite visant la cheffe de l’exécutif européen. Cet examen de trois motions de censure en quelques mois est inédit à Strasbourg.Jamais, le Parlement européen n’a renversé une Commission à ce jour. Avec cependant un cas particulier en 1999. Avant un vote perdu d’avance, la Commission européenne de l’époque, présidée par le Luxembourgeois Jacques Santer, avait démissionné à la suite d’un rapport accablant sur sa “lourde responsabilité” dans des affaires de fraude.

Motions de censure et invectives: tensions croissantes au Parlement européen

Des “divisions extrêmement profondes”… L’examen de deux motions de censure contre Ursula von der Leyen va de nouveau mettre à l’épreuve la majorité dite pro-européenne au Parlement à Strasbourg, après plus d’un an de crispations et d’invectives Débattues ce lundi et soumises au vote jeudi, ces motions déposées par l’extrême droite et la gauche radicale n’ont quasiment aucune chance de faire tomber la présidente de la Commission.Mais elles traduisent un changement d’ambiance au Parlement européen, bousculé par la percée de l’extrême droite aux élections de juin 2024. Et elles vont permettre de mesurer dans quel état se trouve la coalition entre sociaux-démocrates, centre (Renew) et droite (PPE).”La situation est très instable”, convient le centriste Pascal Canfin, qui redoute que les sociaux-démocrates finissent par claquer la porte. “Mais y a-t-il une meilleure alternative ” que cette alliance ? “Non, loin de là”.Gauche et centre reprochent à la droite européenne, dont est issue Ursula von der Leyen, de cultiver l’ambiguïté avec l’extrême droite pour mieux détricoter les lois environnementales.”Les tensions vont encore augmenter”, car la “Commission mène un agenda de droite mâtiné d’extrême droite”, tacle l’écologiste David Cormand.L’amertume s’est accentuée cet été après l’accord commercial scellé par l’Union européenne avec les Etats-Unis, que de nombreux parlementaires, y compris parmi les soutiens de la présidente de la Commission, jugent déséquilibré.Les eurodéputés sont “rentrés énervés après s’être fait allumer tout l’été sur le deal avec Donald Trump”, raconte un haut fonctionnaire européen. Combative, Ursula von der Leyen défend cet accord –  “le meilleur possible” –  avec le président américain. Et elle a encore lancé un appel à l’unité le 10 septembre au Parlement, en insistant sur la gravité de la situation géopolitique, marquée par la guerre en Ukraine.- “Bac à sable” -Mais après son intervention, “la première réaction des dirigeants des deux principaux partis a été de s’attaquer mutuellement”, déplore une source à la Commission, en référence à l’Allemand Manfred Weber et l’Espagnole Iratxe Garcia, respectivement chefs de la droite et des sociaux-démocrates.Ce jour-là, M. Weber a lancé les hostilités en pointant du doigt le “comportement” des socialistes… espagnols, qui “divise” la coalition.”Qui est responsable du fait que cette alliance pro-européenne ne fonctionne pas dans ce Parlement ? Il a un prénom et un nom, il s’appelle Manfred Weber”, a répliqué Iratxe Garcia”C’est un bac à sable, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Leur relation est viciée”, peste un vieux routier du Parlement européen.Tandis que l’extrême droite savoure. “On regarde ça avec amusement, on les laisse gérer leurs problèmes de couple”, réagit l’eurodéputée Julie Rechagneux (Les Patriotes). Jusqu’ici, faute de lois majeures, ces crispations à répétition restent sans grande conséquence. Mais l’automne “sera un moment de vérité”, prévient Manfred Weber. Car les premières lois de fond arrivent, dont une série de mesures de simplification de lois environnementales qui divisent l’hémicycle.Gauche et centre redoutent que la droite et l’extrême droite se coordonnent pour enterrer plus largement des mesures écologiques adoptées lors du précédent mandat. “Depuis un an, notre problème, c’est que le Parlement est introuvable. C’est une situation un peu visqueuse. Et on se sait pas trop comment ça va se décanter”, témoigne un diplomate européen, anonymement.Selon un haut fonctionnaire, “le risque ce n’est pas que la motion de censure passe cette fois, mais que tout se cristallise sur un texte qui provoque un blocage et disloque la majorité”.Début juillet, le Parlement européen avait largement repoussé une motion de censure d’extrême droite visant la cheffe de l’exécutif européen. Cet examen de trois motions de censure en quelques mois est inédit à Strasbourg.Jamais, le Parlement européen n’a renversé une Commission à ce jour. Avec cependant un cas particulier en 1999. Avant un vote perdu d’avance, la Commission européenne de l’époque, présidée par le Luxembourgeois Jacques Santer, avait démissionné à la suite d’un rapport accablant sur sa “lourde responsabilité” dans des affaires de fraude.

L’administration Trump décrit des villes démocrates comme des “zones de guerre”

L’administration Trump a décrit dimanche Chicago comme une “zone de guerre” pour justifier l’envoi de troupes, tandis que des membres de la Garde nationale californienne ont été déployés à Portland (Oregon, nord-ouest), autre ville dirigée par les démocrates, à l’encontre de deux décisions d’une juge fédérale.”C’est une zone de guerre. Sa ville est une zone de guerre et il ment pour que les criminels puissent y entrer et détruire la vie des gens”, a déclaré dimanche la ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, sur la chaîne Fox News, en se référant au maire de Portland, Brandon Johnson, qui dénonce des “mesures anticonstitutionnelles”.Selon la ministre, des gangs, cartels et autres “organisations terroristes connues” offrent des primes aux manifestants pour se dresser contre les agents de la police de l’immigration (ICE).Le président américain Donald Trump a signé samedi un décret pour l’envoi de 300 gardes nationaux à Chicago, dans l’Illinois, afin de “protéger les agents et biens fédéraux”, selon la Maison Blanche.Cette annonce a été vivement critiquée dans les rangs de l’opposition démocrate, le sénateur de l’Illinois, Dick Durbin, estimant que le “président ne cherche pas à combattre la criminalité, mais à répandre la peur”. “Ce sont eux qui transforment cette ville en zone de guerre”, a renchéri dimanche le gouverneur démocrate de l’Illinois, JB Pritzker, sur la chaîne CNN, décrivant de multiples raids et appelant au départ des troupes.Dans un communiqué, le gouverneur a qualifié le déploiement de militaires à Chicago d'”invasion de Trump”. “Il n’y a aucune raison” d’envoyer des soldats dans l’Illinois ou dans n’importe quel autre Etat sans “la connaissance, le consentement ou la coopération” des autorités locales.Un sondage CBS publié dimanche a révélé que 58% des Américains s’opposent au déploiement de la Garde nationale dans les villes.- Manifestations à Portland -La mégapole du nord du pays est la cinquième ville démocrate où le président Trump a ordonné le déploiement de la Garde nationale, une mesure jusqu’alors tout à fait exceptionnelle.Les gardes nationaux ont déjà été déployés ces derniers mois à Los Angeles, Washington et Memphis, à chaque fois malgré l’opposition des responsables locaux.A Washington, le président américain assure que cela a permis de “nettoyer” la capitale.”On y est beaucoup plus sûrs. Avant (le déploiement de troupes), c’était littéralement une zone de guerre”, a justifié dimanche sur NBC le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson.Un déploiement similaire à Portland, a été bloqué à titre temporaire à deux reprises, samedi et dimanche, par une juge fédérale, Karin J. Immergut, qui a souligné qu’il n’y avait pas “d’insurrection à Portland ni de menace pour la sécurité nationale”.Malgré la première décision de justice bloquant l’envoi de la garde nationale à Portland, la gouverneure de l’Oregon, Tina Kotek, a indiqué dimanche, dans un communiqué, qu’un contingent de “101” gardes nationaux venant de Californie y avaient été déployés obligeant la juge à prendre un deuxième arrêt pour suspendre l’envoi à Portland de militaires venus de Californie.”Le président (Trump) ne peut pas continuer à jouer au chat et à la souris avec les unités de la Garde nationale des différents États pour contourner les décisions de justice et l’État de droit”, s’est insurgé le procureur général de l’Oregon Dan Rayfield sur son compte X.Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom a dénoncé de son côté “l”abus de pouvoir” de Donald Trump.- “Pas d’insurrection” -Donald Trump a fait de la lutte contre l’immigration clandestine une priorité absolue de son second mandat depuis son retour à la Maison Blanche en janvier.Plusieurs manifestations et actions contre la police de l’immigration ont eu lieu dernièrement, notamment dans les villes dites “sanctuaires” telles que Portland ou Chicago, où les migrants en situation irrégulière et menacés d’expulsions sont protégés.Dimanche, le président américain, qui a dit vouloir mardi utiliser les militaires contre l'”ennemi de l’intérieur”, a affirmé, sans preuves, que “Portland est en train de brûler. Il y a des insurgés partout”.Les gardes nationaux, réservistes de l’armée, sont formés pour intervenir dans des situations de catastrophes naturelles mais ils peuvent également combattre à l’étranger.Donald Trump menace d’envoyer des militaires également à New York ou Baltimore, d’autres grandes villes démocrates.