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Macron rencontre Starmer à Downing Street, avec l’immigration au menu des discussions

Le président français Emmanuel Macron s’est rendu à Downing Street mercredi, au deuxième jour de sa visite d’État au Royaume-Uni, pour un entretien avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, au coeur duquel figure le sujet difficile des migrants traversant la Manche. Après une première journée consacrée essentiellement au faste royal au château de Windsor, place aux questions politiques: sécurité, défense et immigration clandestine sont au menu des discussions des deux dirigeants, selon Downing Street.Plus de 21.000 migrants ont traversé la Manche depuis le début de l’année – un record, alors que Keir Starmer a promis de “reprendre le contrôle des frontières”. “Nous travaillons en étroite collaboration avec les Français sur cette question”, a-t-il martelé mercredi à la Chambre des communes (chambre basse du Parlement).Ces sujets seront également au programme d’un sommet jeudi qui réunira les deux dirigeants et une douzaine de ministres. “Cette visite d’État et le sommet représentent une occasion unique en ces temps difficiles de travailler ensemble sur l’Ukraine et (…) de réaliser des avancées majeures sur la défense, la sécurité, la technologie”, a déclaré Emmanuel Macron à son arrivée à Downing Street, sans mentionner la question migratoire. La France est accusée de ne pas en faire assez contre les “small boats” – les embarcations de migrants – alors que depuis 2018, Londres a financé des actions visant à sécuriser la frontière pour plus de 750 millions d’euros, selon un rapport du parlement britannique. Les négociations portent notamment sur une expérimentation d’un échange de migrants, qui reposerait sur le “principe de un pour un”. Mais les discussions “continuent”, selon un porte-parole de Keir Starmer.- “Entente amicale” -Emmanuel Macron et son épouse Brigitte ont quitté mercredi matin le château de Windsor, à une trentaine de kilomètres de Londres. Ils ont pris congé de leurs hôtes avec des embrassades réciproques bien éloignées de l’étiquette royale.Le président a démarré la journée en se recueillant sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022.La visite d’État est la première d’un président français au Royaume-Uni depuis Nicolas Sarkozy (2006-2012) en 2008, et la première d’un chef d’État de l’Union européenne depuis le Brexit en 2020.Les deux pays, qui avaient déjà renoué en 2023, après les tensions liées au Brexit, à l’occasion d’une visite d’État du roi Charles III et d’un sommet avec l’ex-Premier ministre Rishi Sunak en France, ont proclamé une nouvelle ère d'”entente amicale”, à l’image de “l’Entente cordiale” scellée en 1904.Mardi après-midi, M. Macron, qui s’exprimait, honneur rare, devant le Parlement britannique, a appelé la France et le Royaume-Uni à “travailler ensemble” pour protéger l’ordre mondial hérité de 1945 et renforcer les liens entre Londres et l’Union européenne.Le président français a promis des résultats “tangibles” durant la visite en matière de coopération économique, de défense et de lutte contre l’immigration.Côté défense, “nous franchirons une nouvelle étape qui changera l’échelle de (notre) coopération”, a assuré Emmanuel Macron devant le Parlement.La coopération militaire entre les deux pays repose sur les accords de Lancaster House, signés en 2010, qui comprennent un volet nucléaire, la mise en place d’une force expéditionnaire conjointe et la fabrication en commun de missiles.- “Confrontés” aux “mêmes défis” – Mercredi matin, le président français a échangé avec des entrepreneurs et scientifiques sur l’intelligence artificielle (IA) à l’Imperial College de Londres. Le Royaume-Uni et la France “mènent la course en Europe, mais nous sommes à la traîne par rapport aux États-Unis et à la Chine”, a-t-il déclaré. Un partenariat entre les deux pays est “crucial, car nous sommes confrontés exactement aux mêmes défis”. Il rencontrera aussi la communauté d’affaires lors d’un dîner organisé en son honneur au Guildhall, bâtiment historique de la City, en présence de 650 convives.Il doit aussi se rendre mercredi après-midi au British Museum pour sceller l’annonce du prêt au Royaume-Uni de la célèbre tapisserie de Bayeux, symbole quasi millénaire des relations longtemps belliqueuses entre l’Angleterre et le continent.Elle sera exposée au British Museum entre septembre 2026 et juin 2027. En échange, le musée britannique va prêter à la France des pièces issues notamment du trésor de Sutton Hoo, un des joyaux de sa collection.

A Marseille, où le feu est désormais “fixé”, les habitants découvrent l’ampleur du “massacre”

Le violent incendie qui a touché le nord de Marseille mardi, dopé par une longue canicule et un mistral violent, est désormais “fixé” après avoir parcouru 750 hectares et détruit ou endommagé de nombreuses maisons, laissant leurs habitants face à des scènes de désolation.”Le feu est fixé”, a déclaré à 16H00 la préfecture des Bouches-du-Rhône, soulignant que cela signifiait qu’il “n’évolue plus” mais pas que “les interventions sont terminées”.Dans la montée de l’Estaque, face à la Méditerranée, dans le nord de Marseille, une voiture est calcinée et deux maisons entièrement brûlées. Dans un jardin, trois vélos, dont une minuscule bicyclette d’enfant, ont été tordus par la chaleur. Joëlle Marrot, 78 ans, habitante du quartier de La Pelouque, à l’Estaque, vient tout juste de revenir à sa maison et elle “découvre les dégâts”: “Il y a un côté qui a brûlé”, mais “je vois la maison qui est là (à côté), elle est toute brûlée, il n’y a plus de toit, c’est horrible”, se désole-t-elle.”Quand on a vu que le feu approchait, on a fait descendre ma belle-mère de 93 ans, chez mon frère, dans le bas de l’Estaque”, raconte Dominique Russo, 59 ans, qui venait de finir de rénover la maison familiale.Jusqu’à 2H00, il a arrosé sa maison et son terrain en utilisant des seaux et en finissant avec l’eau du bassin des poissons rouges.Résultat: le feu a seulement brûlé un volet et une fenêtre. Mais, à l’intérieur, le salon et les placards sont noirs de suie, le climatiseur fondu et le sol est jonché de verre.Habitants aux Pennes-Mirabeau, commune au nord de Marseille d’où l’incendie était parti mardi matin, Philippe Landreat, sa compagne et sa belle-fille ont dû passer la nuit dans une salle polyvalente après avoir évacué leur maison, finalement épargnée par les flammes. Mais ils ont eu peur. “Après des trucs comme ça, on dort très peu”, souffle-t-il.”C’est un massacre (…), c’est allé super vite”, déplore Thierry Heraud, premier riverain touché par l’incendie, parti d’une voiture en feu sur l’autoroute en contrebas de sa villa.Cette origine accidentelle du sinitre a été confirmée mercredi après-midi par le procureur de la République d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon. Le feu a été causé par “un véhicule qui s’est enflammé en roulant” sur l’autoroute A55, a-t-il insisté auprès l’AFP, pour démentir des rumeurs.Malgré la violence et la rapidité des flammes, aucune victime humaine n’était signalée mercredi matin. Une quarantaine de personnes ont été traitées par les secours, la plupart incommodées par les fumées, ainsi que 28 pompiers et 26 policiers, selon la préfecture. Côté bilan matériel, 70 maisons ont été “atteintes” et 10 totalement détruites.Quelque 400 personnes au total ont été évacuées face à cet incendie, dont les 71 résidents d’un Ehpad aux Pennes-Mirabeau. Parmi elles, 250 personnes ont rejoint les différents centres d’hébergement selon les derniers chiffres de la préfecture en fin de matinée. Si le ciel est redevenu bleu mercredi et l’odeur de brûlé s’est enfin dissipée dans le centre de Marseille, les autorités craignent toujours une reprise des bourrasques de mistral.- “Eté à haut risque” -Ces feux virulents en tout début d’été inquiètent, alors que le mois de juin a été le plus chaud jamais enregistré en Europe de l’Ouest, selon l’institut européen Copernicus. “Il y a tout lieu de penser qu’on va vers un été à haut risque”, a averti mardi soir le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, à Marseille.Sous l’effet du changement climatique, ces événements météorologiques extrêmes devraient en effet se multiplier, alertent les scientifiques. Mardi, les pompiers des Bouches-du-Rhône sont intervenus à 40 reprises sur des départs de feu, un chiffre “exceptionnel”, six fois plus élevé qu’en moyenne.Interrompu mardi après-midi, avec plus de 110 vols annulés, le trafic à l’aéroport d’Aix-Marseille Provence, le quatrième français en nombre de passagers, a repris.Les autoroutes autour de la deuxième ville de France ont également rouvert. Si la circulation des trains à grande vitesse à Marseille a repris depuis 06H00, le trafic TER vers le nord restait interrompu et la Côte bleue non desservie.A l’autre bout du littoral méditerranéen, près de Narbonne, dans l’Aude, département touché par trois feux de forêt en une semaine, un incendie ayant parcouru au moins 2.000 hectares de forêt depuis lundi reste toujours actif mercredi mais ne présente plus de risque pour les zones habitées.”Le feu ne menace plus d’habitations”, même s’il n’est “pas fixé, ni maîtrisé. On travaille encore dessus, mais avec une intensité moindre que ces derniers jours”, a précisé le préfet de l’Aude Christian Pouget.Dans l’Hérault, l’incendie de Castelnau-de-Guers, qui avait entraîné la fermeture temporaire mardi de l’autoroute A9 entre Sète et Agde, a été “fixé” vers 05H00 mercredi, après avoir brûlé 400 hectares de végétation. Quant à celui de Montdardier, dans le Gard, il a également été déclaré “maîtrisé” mercredi, après avoir parcouru 500 hectares.

Zelensky reçu par le pape à la veille d’une conférence sur l’Ukraine à Rome

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été reçu mercredi par le pape Léon XIV dans sa résidence d’été de Castel Gandolfo près de Rome, à la veille d’une conférence pour la reconstruction de son pays dans la capitale italienne.A l’issue de l’échange, qui a duré environ 30 minutes, Volodymyr Zelensky a déclaré avoir évoqué avec le pape “le retour de nos enfants volés par la Russie pendant cette guerre, et le retour de nos proches en Ukraine”.Depuis 2022, le Saint-Siège joue un rôle central pour faciliter l’échange de prisonniers et le retour des enfants emmenés en Russie depuis les zones occupées de l’Ukraine.M. Zelensky doit également rencontrer dans l’après-midi l’émissaire du président américain pour l’Ukraine, le général Keith Kellogg, a indiqué la présidence ukrainienne.A la mi-journée, le président ukrainien a été reçu par Léon XIV à Castel Gandolfo, au sud-est de Rome, où le pape américain se trouve en villégiature jusqu’au 20 juillet.”Au cours de cet entretien cordial (…) le Saint-Père a exprimé sa tristesse pour les victimes et a renouvelé ses prières et sa solidarité avec le peuple ukrainien, encourageant tous les efforts visant à la libération des prisonniers et à la recherche de solutions communes”, a indiqué le Vatican dans un communiqué.Léon XIV “a réitéré sa volonté d’accueillir au Vatican des représentants de la Russie et de l’Ukraine pour des négociations”, a-t-il ajouté.Toutefois, “à l’heure actuelle, seule Moscou continue de rejeter cette proposition, comme elle a rejeté toutes les autres initiatives de paix”, a déploré le président ukrainien dans un communiqué, précisant avoir invité le pape à se rendre en Ukraine.Le pape américain avait déjà reçu M. Zelensky une première fois en audience privée au Vatican le 18 mai, le jour de la messe inaugurale de son pontificat.A l’issue de cette messe en présence d’un parterre de chefs d’Etat, dont M. Zelensky, le pape avait prononcé ces quelques mots en public : “L’Ukraine attend finalement des négociations pour une paix juste et durable”.Son prédécesseur, le pape François, avait plaidé pour la paix entre les deux pays majoritairement orthodoxes, sans obtenir de résultats concrets et non sans être critiqué en Ukraine pour avoir appelé en mars 2024 à “avoir le courage de hisser un drapeau blanc” face à la Russie.M. Zelensky est arrivé mercredi à Rome pour participer jeudi et vendredi à une conférence destinée à aider Kiev à combattre et à reconstruire le pays face à l’invasion russe, au moment où le soutien américain s’amenuise.C’est la Première ministre italienne Giorgia Meloni qui donnera le coup d’envoi de cette conférence avec M. Zelensky. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen est aussi attendue, de même qu’une quinzaine de chefs d’Etat et de gouvernement, dont le chancelier allemand Friedrich Merz.Le général Keith Kellogg sera à la tête de la délégation dépêchée par le président Donald Trump.Cette conférence, à laquelle participeront également des dirigeants d’entreprises et des représentants de la société civile, a pour objectif de mobiliser des investissements pour ce pays qui affronte sa quatrième année de guerre.Kiev cherche notamment à signer des accords pour sécuriser son approvisionnement en énergie face aux attaques russes sur son réseau de distribution, a indiqué M. Zelensky la semaine dernière.L’Ukraine a affirmé mercredi que la Russie avait lancé dans la nuit sa plus grande attaque de drones et missiles depuis le début de l’invasion en février 2022, dans un contexte d’intensification des frappes russes et d’impasse diplomatique. 

Zelensky reçu par le pape à la veille d’une conférence sur l’Ukraine à Rome

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été reçu mercredi par le pape Léon XIV dans sa résidence d’été de Castel Gandolfo près de Rome, à la veille d’une conférence pour la reconstruction de son pays dans la capitale italienne.A l’issue de l’échange, qui a duré environ 30 minutes, Volodymyr Zelensky a déclaré avoir évoqué avec …

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CEDH: la Russie condamnée pour de multiples violations des droits humains en Ukraine

Exécutions, torture, déplacements d’enfants, travail forcé, destruction du vol MH17: la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné mercredi la Russie pour les nombreuses exactions commises en Ukraine depuis 2014.A l’issue d’un délibéré lu pendant plus de 40 minutes par le président de la Cour européenne des droits de l’Homme, le juge français Mattias Guyomar, la Russie est reconnue coupable d’exécutions de “civils et de militaires ukrainiens hors de combat”, “d’actes de torture” ou de “déplacements injustifiés de civils”.La CEDH relève aussi la pratique “consistant à commettre des destructions, pillages et expropriations de biens appartenant à des personnes civiles et à des entreprises privées”, et pointe la responsabilité de Moscou dans la destruction du vol MH17.La décision a été rendue par les 17 juges de la Grande chambre, formation la plus solennelle de l’institution qui siège à Strasbourg.Celle-ci a joint dans cette même décision trois plaintes déposées par l’Ukraine contre la Russie après les opérations menées en 2014 dans le Donbass et la guerre déclenchée en février 2022, et une autre plainte des Pays-Bas pour la destruction du vol MH17, parti d’Amsterdam vers la Malaisie le 17 juillet 2014, abattu par un missile dans la région de Donetsk, dans le Donbass, et qui avait fait 298 victimes.Le ministère ukrainien de la justice a salué une décision “historique”, qui reconnait le caractère “systématiques et généralisées” des violations de droits fondamentaux commises par la Russie. “La Cour a souligné que l’agression russe ne se limite pas à l’Ukraine, mais représente une menace mondiale qui remet en question l’idée même de coexistence des États dans un cadre juridique”, a rappelé Kiev.- Caractère symbolique -Moscou “doit sans délai libérer ou renvoyer en toute sécurité toutes les personnes qui, sur le territoire ukrainien occupé par les forces russes ou sous contrôle russe, étaient privées de liberté (…) et qui sont toujours détenues par les autorités russes”, intime la CEDH.Celle-ci estime également que la Russie “doit apporter sans délai sa coopération à la mise en place d’un mécanisme international et indépendant destiné à assurer, le plus rapidement possible et en tenant dûment compte de l’intérêt supérieur des enfants, l’identification de tous les enfants transférés d’Ukraine vers la Russie ou le territoire contrôlé par la Russie”.Cependant, cette condamnation de la Russie revêt avant tout un caractère symbolique: depuis septembre 2022 et son exclusion Moscou ne donne plus aucun signe de vie devant la CEDH.Et si elle reste normalement responsable des violations des droits fondamentaux commises avant cette date, la Russie ne considère plus les décisions de la CEDH comme contraignantes à son égard: Moscou “ne compte pas se conformer” à cette décision, a déclaré mercredi matin le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov lors de son point presse quotidien. “Nous les considérons comme nulles et non avenues”.De son côté le Premier ministre néerlandais Dick Schoof s’est réjoui de la décision de la CEDH: cet arrêt “est un pas important vers la justice. La Cour a désigné la Russie comme responsable de la destruction du vol MH17 et de la mort de ses passagers, dont 196 ressortissants néerlandais. Mes pensées vont aujourd’hui à tous les parents qui ont perdu leur famille, leurs proches et leurs amis il y a plus de dix ans.”- Justice, reconnaissance… excuses ? -“C’est une décision historique, non seulement sur le MH17 mais aussi sur les crimes commis en Ukraine par les Russes”, a également déclaré à l’AFP Piet Ploeg, qui a perdu son frère, sa belle-sœur et son neveu dans la catastrophe, et préside l’association de proches de victimes “Stichting Vliegramp MH17″.”Je ne pense pas que la Russie paiera quoi que ce soit, mais ce n’est pas une question d’argent aujourd’hui, c’est une question de justice et de reconnaissance… et peut-être d’excuses, on ne sait jamais”, a-t-il ajouté.Si la plupart des requêtes émises devant la CEDH sont introduites par des individus, des sociétés ou des ONG, les Etats peuvent également en présenter une contre un autre Etat dans ce qui devient alors une “affaire interétatique”.Plus de 30 affaires interétatiques ont été présentées depuis 1953, et la Cour a parfois ordonné aux Etats ayant violé la Convention de verser des indemnités, parfois en centaines de millions d’euros.Quinze affaires interétatiques sont actuellement instruites par la Cour, dont trois autres concernant les événements dans la péninsule ukrainienne de Crimée annexée en 2014 par la Russie, dans l’est de l’Ukraine et dans la mer d’Azov.

CEDH: la Russie condamnée pour de multiples violations des droits humains en Ukraine

Exécutions, torture, déplacements d’enfants, travail forcé, destruction du vol MH17: la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné mercredi la Russie pour les nombreuses exactions commises en Ukraine depuis 2014.A l’issue d’un délibéré lu pendant plus de 40 minutes par le président de la Cour européenne des droits de l’Homme, le juge français Mattias Guyomar, la Russie est reconnue coupable d’exécutions de “civils et de militaires ukrainiens hors de combat”, “d’actes de torture” ou de “déplacements injustifiés de civils”.La CEDH relève aussi la pratique “consistant à commettre des destructions, pillages et expropriations de biens appartenant à des personnes civiles et à des entreprises privées”, et pointe la responsabilité de Moscou dans la destruction du vol MH17.La décision a été rendue par les 17 juges de la Grande chambre, formation la plus solennelle de l’institution qui siège à Strasbourg.Celle-ci a joint dans cette même décision trois plaintes déposées par l’Ukraine contre la Russie après les opérations menées en 2014 dans le Donbass et la guerre déclenchée en février 2022, et une autre plainte des Pays-Bas pour la destruction du vol MH17, parti d’Amsterdam vers la Malaisie le 17 juillet 2014, abattu par un missile dans la région de Donetsk, dans le Donbass, et qui avait fait 298 victimes.Le ministère ukrainien de la justice a salué une décision “historique”, qui reconnait le caractère “systématiques et généralisées” des violations de droits fondamentaux commises par la Russie. “La Cour a souligné que l’agression russe ne se limite pas à l’Ukraine, mais représente une menace mondiale qui remet en question l’idée même de coexistence des États dans un cadre juridique”, a rappelé Kiev.- Caractère symbolique -Moscou “doit sans délai libérer ou renvoyer en toute sécurité toutes les personnes qui, sur le territoire ukrainien occupé par les forces russes ou sous contrôle russe, étaient privées de liberté (…) et qui sont toujours détenues par les autorités russes”, intime la CEDH.Celle-ci estime également que la Russie “doit apporter sans délai sa coopération à la mise en place d’un mécanisme international et indépendant destiné à assurer, le plus rapidement possible et en tenant dûment compte de l’intérêt supérieur des enfants, l’identification de tous les enfants transférés d’Ukraine vers la Russie ou le territoire contrôlé par la Russie”.Cependant, cette condamnation de la Russie revêt avant tout un caractère symbolique: depuis septembre 2022 et son exclusion Moscou ne donne plus aucun signe de vie devant la CEDH.Et si elle reste normalement responsable des violations des droits fondamentaux commises avant cette date, la Russie ne considère plus les décisions de la CEDH comme contraignantes à son égard: Moscou “ne compte pas se conformer” à cette décision, a déclaré mercredi matin le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov lors de son point presse quotidien. “Nous les considérons comme nulles et non avenues”.De son côté le Premier ministre néerlandais Dick Schoof s’est réjoui de la décision de la CEDH: cet arrêt “est un pas important vers la justice. La Cour a désigné la Russie comme responsable de la destruction du vol MH17 et de la mort de ses passagers, dont 196 ressortissants néerlandais. Mes pensées vont aujourd’hui à tous les parents qui ont perdu leur famille, leurs proches et leurs amis il y a plus de dix ans.”- Justice, reconnaissance… excuses ? -“C’est une décision historique, non seulement sur le MH17 mais aussi sur les crimes commis en Ukraine par les Russes”, a également déclaré à l’AFP Piet Ploeg, qui a perdu son frère, sa belle-sœur et son neveu dans la catastrophe, et préside l’association de proches de victimes “Stichting Vliegramp MH17″.”Je ne pense pas que la Russie paiera quoi que ce soit, mais ce n’est pas une question d’argent aujourd’hui, c’est une question de justice et de reconnaissance… et peut-être d’excuses, on ne sait jamais”, a-t-il ajouté.Si la plupart des requêtes émises devant la CEDH sont introduites par des individus, des sociétés ou des ONG, les Etats peuvent également en présenter une contre un autre Etat dans ce qui devient alors une “affaire interétatique”.Plus de 30 affaires interétatiques ont été présentées depuis 1953, et la Cour a parfois ordonné aux Etats ayant violé la Convention de verser des indemnités, parfois en centaines de millions d’euros.Quinze affaires interétatiques sont actuellement instruites par la Cour, dont trois autres concernant les événements dans la péninsule ukrainienne de Crimée annexée en 2014 par la Russie, dans l’est de l’Ukraine et dans la mer d’Azov.

Mitre après mitre, les mains d’or de nonnes macédoniennes brodent les coiffes du clergé orthodoxe

Dans un silence que rien ne parait pouvoir troubler, sœur Élisabeth brode point après point au fil doré les motifs qui viendront orner la mitre d’un évêque, et qui font la renommée de son monastère de Macédoine du Nord à travers tout le monde orthodoxe.Entre ses mains expertes, la mitre -une coiffe que portent les prélats orthodoxes- qu’on lui a confiée pour réparation ressuscite et scintille comme si elle était faite d’or.Nichée en altitude à environ 130 km à l’ouest de la capitale Skopje, le monastère de Saint Georges le victorieux fabrique ou répare ces couvre-chefs ornés d’icônes, de perles, de fils d’or … dont la tradition remonte à l’empire byzantin.”Nous sommes les seules au monde à fabriquer ce type de mitre”, explique sœur Efimija, 44 ans, qui fait partie de l’atelier d’une dizaine de femmes. Avec deux novices, les sœurs travaillent en équipe, chacune d’entre elles étant spécialisée dans une étape du processus de fabrication – et gardant précieusement leurs secrets. “Chaque sœur a sa propre tâche”, précise Efimija en observant les dernières retouches que sa collègue apporte à la mitre confiée par un responsable de l’église orthodoxe dont elle préfère taire le nom. D’abord habité par des moines, le monastère a été transformé en étable lorsque la Macédoine du Nord a fait partie de la Yougoslavie socialiste, de 1945 à 1990. Rouvert en 2001, il est habité par ces sœurs orthodoxes qui ont, en près d’un quart de siècle, fabriqué 1.700 mitres, détaille Efimija.-Une mitre pour le pape François-Si seuls les hauts responsables de l’Eglise orthodoxe peuvent ceindre ces coiffes, les sœurs ont déjà fait une exception, pour le Pape François, mort au printemps. Elles avaient passé 5 mois sur la coiffe offerte au pape par une délégation de Macédoine du Nord en visite au Vatican. “Il fut agréablement surpris”, explique la religieuse sans cacher sa fierté. Chaque mitre, brodée de couleurs flamboyantes et de bijoux, pèse entre un et deux kilos – et nécessite, si elle est simple, un mois de travail. Pour les plus richement ornées, cela peut monter à 6 mois.Les nonnes respectent le style byzantin, mais les secrets de fabrication du monastère ajoutent une touche de modernité, explique encore Efimija.Devenue richement décorée au fil des siècle, la mitre symbolise à l’origine la couronne d’épine qui fut placé sur la tête de Jésus pendant la crucifixion, selon la bible.Mais, met en garde Efimija, “si un évêque porte un objet aussi inestimable sur sa tête et ne ressent pas le poids des tourments de l’homme contemporain, alors il porte la mitre en vain”.