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Derrière l’essor de l’IA générative, une main-d’oeuvre invisible et précaire

Comment apprendre à une intelligence artificielle générative à réaliser un rapport d’autopsie ? En demandant à des travailleurs précaires d’annoter des milliers d’images de scènes de crime. Du Kenya à la Colombie, les annotateurs de données sont de plus en plus nombreux et luttent pour de meilleures conditions de travail.”Il faut passer la journée à regarder des cadavres”, “zoomer sur les plaies” pour les détourer afin d’aider l’IA à identifier ces images, “sans aucun soutien psychologique”, raconte à l’AFP Ephantus Kanyugi. Le Kényan, âgé de 30 ans, classe et étiquette des images pour une poignée de dollars afin d’entraîner des algorithmes depuis 2018. Il est aussi vice-président de la Data Labelers Association, basée à Nairobi et forte de 800 membres. L’organisation doit dévoiler prochainement un code de conduite à destination des plates-formes d’annotation de données pour améliorer les conditions de travail, en l’absence d’une législation encadrant cette activité au Kenya.”Nous sommes comme des fantômes, personne ne sait qu’on existe alors qu’on contribue à l’avancement technologique de la société”, déplore de l’autre côté du globe Oskarina Fuentes. Cette Vénézuélienne de 35 ans, installée à Medellín en Colombie, travaille pour cinq plates-formes d’annotation de données qui la payent entre 5 et 25 centimes de dollar la tâche.Ce travail invisible s’est développé à une vitesse fulgurante avec l’essor de l’IA générative. C’est lui qui permet d’enseigner aux voitures autonomes à reconnaître des piétons ou des arbres, à un agent conversationnel comme ChatGPT à s’exprimer de façon naturelle, ou aux systèmes de modération à supprimer des contenus violents ou pornographiques.  Le marché mondial de l’annotation de données a représenté 3,77 milliards de dollars en 2024 et devrait atteindre 17,1 milliards de dollars d’ici 2030, selon le cabinet Grand View Research. – “Esclavage moderne” -“Tant qu’elle reste basée sur l’apprentissage automatique”, l’IA a toujours besoin de vérification humaine, résume Antonio Casilli, professeur de sociologie à l’Institut Polytechnique de Paris qui a enquêté dans plus de 30 pays sur ce qu’il appelle le “travail du clic”.Il faut des humains en amont pour mettre en état les données qui abreuvent les modèles, mais aussi en aval pour évaluer la pertinence des réponses.Les géants de la tech sous-traitent ce travail à des myriades d’entreprises.L’une des plus importantes est l’américaine Scale AI dans laquelle Meta a récemment investi plus de 14 milliards de dollars. Elle compte parmi ses clients Microsoft, le ministère américain de la Défense et a longtemps collaboré avec OpenAI.  Les annotateurs de données ont souvent entre 18 et 30 ans et sont faiblement rémunérés malgré un haut niveau d’études, explique M. Casilli. Ils viennent majoritairement de pays à faible revenu, même si cette activité progresse aussi aux États-Unis ou en Europe où les rémunérations sont beaucoup plus élevées. A mesure qu’ils montent en gamme, les modèles derrière ChatGPT d’OpenAI ou Claude d’Anthropic ont en effet besoin de se spécialiser dans des matières complexes comme les mathématiques, la chimie ou les langues rares.  Le site d’Outlier, filiale de Scale AI, propose ainsi nombre d’offres d’emplois pour des experts en biologie, langue malaisienne ou programmation en espagnol, avec des rémunérations annoncées de 30 à 50 dollars de l’heure.Au Kenya, Remotasks, autre filiale de Scale AI, paye ses annotateurs de données environ 0,01 dollar pour une tâche pouvant prendre plusieurs heures, d’après Ephantus Kanyugi qui dénonce “de l’esclavage moderne”. “Les gens développent des problèmes de vue, de dos, ils souffrent d’anxiété et de dépression à force de travailler jusqu’à 20 heures par jour ou six jours par semaine pour une paie dérisoire et parfois pas de paie du tout”, alerte-t-il.- “Comment se suicider ?” -Scale AI est visé par plusieurs plaintes aux États-Unis: des employés l’accusent de travail non rémunéré, de les déclarer comme travailleurs indépendants et non comme salariés, et de les exposer à des contenus traumatisants sans mesures de prévention suffisantes, selon des documents judiciaires consultés par l’AFP. Les plaignants disent par exemple avoir dû discuter avec une intelligence artificielle de “Comment se suicider ?”, “Comment empoisonner quelqu’un ?” ou “Comment tuer quelqu’un ?”. L’entreprise a refusé de commenter les poursuites en cours, mais reconnaît que certains projets peuvent inclure des contenus sensibles.Les travailleurs sont toujours prévenus à l’avance et peuvent choisir d’arrêter une tâche à tout moment, affirme-t-elle à l’AFP, faisant aussi état de ressources dédiées à la santé mentale et d’une ligne d’écoute anonyme. Elle assure fournir une grille de rémunération transparente, avec des tarifs égaux ou supérieurs au salaire minimum en vigueur là où elle exerce. La question de l’exposition de travailleurs précaires à des contenus insoutenables par les géants de la tech et leurs sous-traitants n’est toutefois pas nouvelle. Meta est notamment visé par des poursuites de modérateurs de contenus dans plusieurs pays, de l’Espagne au Kenya en passant par le Ghana, pour des conditions de travail indignes et des traumatismes psychologiques.- Accès coupé -Les petites mains de l’IA peuvent en outre se retrouver sans travail, ni paie du jour au lendemain.  Oskarina Fuentes accuse l’une des plates-formes qui l’employait de ne jamais lui avoir versé environ 900 dollars, soit trois mois de travail, après une actualisation de son système de paiement.  “J’ai perdu mon temps, mes forces et mon sommeil”, confie-t-elle, sans donner le nom de son ex-employeur car elle a dû signer un accord de confidentialité, une pratique fréquente dans cette industrie qui réduit au silence la plupart des annotateurs. Au Kenya, la Data Labelers Association envisage une action en justice contre Remotasks, accusée par des étiqueteurs de données d’avoir soudainement coupé l’accès à sa plate-forme en mars 2024, sans leur payer des sommes dues.La maison mère Scale AI admet une réduction de son activité au Kenya, mais déclare avoir fermé des comptes d’annotateurs pour violation de ses règles internes, assurant que toutes les tâches terminées ont été rémunérées.Microsoft et Meta n’ont pas souhaité répondre aux questions de l’AFP concernant leurs relations avec Scale AI. Le Pentagone n’a pas répondu. Anthropic, qui collabore avec Surge AI, start-up d’annotation de données également visée par une plainte aux Etats-Unis, dit exiger de ses sous-traitants qu’ils suivent des règles relatives au bien-être des travailleurs devant manipuler des contenus sensibles, et fixant un tarif équivalent ou supérieur à 16 dollars de l’heure. OpenAI, qui a affirmé jeudi à l’AFP ne plus travailler avec Scale AI, dit disposer d’un règlement strict pour ses sous-traitants sur la sécurité au travail, la rémunération équitable, la non-discrimination et le respect des droits des travailleurs. Si ce code n’est pas respecté, le créateur de ChatGPT considère cela comme une rupture de contrat et prend les mesures appropriées, affirme-t-il.- Bras de fer -Toutefois, “les travailleurs du clic”, qui œuvrent majoritairement en tant qu’indépendants ou lors de contrats courts, ne bénéficient souvent d’aucune protection sociale, rappelle le sociologue Antonio Casilli, auteur d’un livre sur le sujet, les qualifiant de “sous-prolétariat numérique”.Au Kenya, le futur code de conduite de la Data Labelers Association, auquel l’AFP a eu accès, cherche ainsi à instaurer un contrat de travail avec une “rémunération équitable”, à garantir la liberté d’association, le droit à des pauses et à un soutien psychologique en cas d’exposition à des contenus nocifs.Mais de telles revendications peuvent virer au bras de fer.Aux États-Unis, près de 250 personnes travaillant pour GlobalLogic, un sous-traitant qui entraîne l’IA Gemini de Google, ont été licenciées en septembre après que plusieurs employés ont dénoncé des disparités salariales et cherché à obtenir de meilleures conditions de travail.”Ils veulent des annotateurs de données dociles”, fustige auprès de l’AFP, Andrew Lauzon, 31 ans, qui travaillait pour GlobalLogic depuis mars 2024 et s’est fait licencier le 12 septembre. Membre du syndicat Alphabet Workers Union, ce natif de Boston réclamait avec d’autres collègues “des salaires équitables”, des “congés payés” et “une couverture santé abordable”. Contacté par l’AFP, GlobalLogic n’a pas souhaité commenter. Un porte-parole de Google a souligné pour sa part qu'”en tant qu’employeur GlobalLogic était responsable des conditions de travail de ses salariés”.Le groupe dit cependant attendre de ses sous-traitants, qui doivent adhérer à une charte, un traitement juste et équitable de leurs travailleurs. Il affirme mener des audits réguliers pour le vérifier.  – “Trous dans la raquette” -“Les géants de la tech ne peuvent construire le futur sur une main d’œuvre jetable”, insiste Christy Hoffman, secrétaire générale de la fédération syndicale internationale UNI Global Union, qui a publié début octobre une étude sur les travailleurs de l’ombre de l’IA.”Il est temps de tenir les titans de la Silicon Valley responsables des conditions de travail dans leur chaîne de sous-traitance”, ajoute-t-elle.  Un travail qui souffre avant tout d’une absence d’encadrement juridique.   En Europe, malgré l’adoption d’une réglementation d’envergure sur l’intelligence artificielle, “des trous dans la raquette” subsistent, déclare l’eurodéputée de gauche française Leïla Chaibi (La France insoumise).  “Il n’y a aucune mention des travailleurs du clic dans le règlement sur l’IA”, note-t-elle, ni dans la directive sur les travailleurs des plateformes numériques comme Uber, adoptée en octobre 2024 et dont elle a été l’une des principales architectes. La directive européenne sur le devoir de vigilance, qui impose notamment aux entreprises des règles en matière de droits humains dans toute leur chaîne de production, aurait pu être un levier, mais elle est remise en question par les États européens. Pourtant, des millions de personnes effectuent ce travail, essentiel au développement de l’IA. “Si vous êtes un charpentier ou un plombier, il y a des syndicats et un salaire minimum”, pointe Nacho Barros, quinquagénaire qui vit près de Valence en Espagne et a commencé à annoter des données pendant la pandémie. “Ce travail devrait aussi être reconnu par chaque pays comme un emploi à part entière”.  

Derrière l’essor de l’IA générative, une main-d’oeuvre invisible et précaire

Comment apprendre à une intelligence artificielle générative à réaliser un rapport d’autopsie ? En demandant à des travailleurs précaires d’annoter des milliers d’images de scènes de crime. Du Kenya à la Colombie, les annotateurs de données sont de plus en plus nombreux et luttent pour de meilleures conditions de travail.”Il faut passer la journée à …

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Le président de l’Arcom défend son budget face aux “attentes” de la société

Face aux restrictions budgétaires, le président de l’Arcom Martin Ajdari a défendu jeudi le rôle du régulateur de l’audiovisuel et du numérique, et les moyens qui lui sont alloués, au regard des “attentes de plus en plus importantes” de la société.”Les contraintes des finances publiques s’imposent à tous. On a déjà eu, en 2025, une …

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Le président de l’Arcom défend son budget face aux “attentes” de la société

Face aux restrictions budgétaires, le président de l’Arcom Martin Ajdari a défendu jeudi le rôle du régulateur de l’audiovisuel et du numérique, et les moyens qui lui sont alloués, au regard des “attentes de plus en plus importantes” de la société.”Les contraintes des finances publiques s’imposent à tous. On a déjà eu, en 2025, une petite diminution de notre budget” et le projet 2026 prévoit “une légère progression qui nous permettra de rattraper une petite partie”, a-t-il déclaré devant l’Association des journalistes médias.Le budget de l’Arcom s’élève à quelque 50 millions d’euros, avec un plafond de 378 équivalents temps plein pour 2026. Face aux critiques envers le coût des nombreuses autorités administratives indépendantes, M. Ajdari a rappelé l'”utilité” de l’Arcom, pour réguler les sites pornographiques, vérifier le respect du pluralisme dans l’audiovisuel et encore mettre en œuvre des sanctions contre les médias russes.Et “on nous ajoute des compétences”, par exemple contre le piratage, et la société a des “attentes de plus en plus importantes en matière de régulation du numérique”, a souligné le dirigeant de l’Arcom.Concernant l’audiovisuel, l’autorité a été accusée de “censure” par des médias dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, notamment sur CNews, après le non-renouvellement de la chaîne C8. En réponse, M. Ajdari fait valoir “l’indépendance et l’impartialité” des membres de son collège.”Si on veut demain supprimer l’Arcom (…) que fait-on des missions qu'(elle) remplit ?”, a-t-il aussi questionné, demandant notamment si l’attribution de fréquences télé ou radio avait vocation à se retrouver “entre les mains d’un gouvernement”.En outre, l’Arcom est intervenue récemment dans le conflit opposant ces mêmes médias privés dans la sphère Bolloré et l’audiovisuel public.Le conflit entre ces deux blocs médiatiques a explosé en septembre dans le sillage de l’affaire Legrand-Cohen, deux journalistes du service public accusés de connivence avec le PS.L’Arcom est en train d'”approfondir ses travaux sur l’impartialité du service public” et rendra ses conclusions d’ici quelques mois.”On voudrait que des juristes, des universitaires se penchent dessus”, a dit M. Ajdari. Ces travaux “ne signifient pas qu’il y a un problème, une défaillance” actuellement, a-t-il précisé.Quel est son avis sur CNews, que la présidente de France Télévisions a qualifiée de “chaîne d’extrême droite” ? M. Ajdari s’est refusé à toute qualification mais a relevé que “rien n’interdit à un média d’avoir une ligne éditoriale, donc quelque part une forme d’orientation”, tant que les règles du pluralisme sont respectées.

Les médias rejettent des restrictions d’informer voulues par le Pentagone

Un grand nombre de médias américains et internationaux, dont le New York Times, Fox News, Associated Press et l’AFP, ont refusé mardi de signer un document du Pentagone établissant des mesures restrictives pour la presse, au risque d’y perdre leur accréditation.Ce document introduit en particulier l’idée que les journalistes accrédités ne peuvent pas solliciter ni …

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Les médias rejettent des restrictions d’informer voulues par le Pentagone

Un grand nombre de médias américains et internationaux, dont le New York Times, Fox News, Associated Press et l’AFP, ont refusé mardi de signer un document du Pentagone établissant des mesures restrictives pour la presse, au risque d’y perdre leur accréditation.Ce document introduit en particulier l’idée que les journalistes accrédités ne peuvent pas solliciter ni publier certaines informations sans autorisation explicite du ministère de la Défense.Ces nouvelles dispositions “musèlent les employés du Pentagone et menacent de représailles les journalistes qui vont à la recherche d’informations qui n’ont pas été approuvées en amont pour être publiées”, s’inquiète l’Association des journalistes du Pentagone (PPA) dans un communiqué. “Les nouvelles restrictions proposées dans ce document vont à l’encontre des fondements du travail de journaliste et sapent les droits prévus au premier amendement de la Constitution des Etats-Unis”, qui consacre la liberté de la presse, écrit l’AFP dans un communiqué mardi.”Elles placent des entraves non nécessaires au travail des journalistes et créent la confusion entre les responsabilités des employés du Pentagone et celles des journalistes qui en couvrent l’actualité”, poursuit-elle.Dans un communiqué commun publié sur les réseaux sociaux, les chaînes américaines ABC, CBS, CNN, NBC et Fox News expliquent se “joindre à pratiquement tous les autres médias en refusant d’accepter les nouvelles exigences du Pentagone, qui restreindraient la capacité des journalistes à continuer à informer la nation et le monde sur des questions importantes de sécurité nationale”.”Nous continuerons à couvrir l’armée américaine (…) en défendant les principes d’une presse libre et indépendante”, ajoutent-elles.- Délogés et escortés -Le Washington Post, l’agence de presse Reuters, ou encore des médias conservateurs tels que la chaîne Newsmax, ont aussi refusé de signer le document.Ces nouvelles mesures s’inscrivent dans une offensive plus large, menée depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, restreignant l’accès des journalistes au Pentagone – le premier employeur du pays avec un budget annuel de plusieurs centaines de milliards de dollars.Dans les mois précédents, le ministère de la Défense – dernièrement rebaptisé ministère de la Guerre par l’administration Trump – a délogé de leurs bureaux dédiés au Pentagone huit médias, dont le New York Times, le Washington Post et CNN. Les conférences de presse y ont été drastiquement réduites : moins d’une demi-douzaine ont eu lieu depuis le début de l’année, contre au moins deux par semaine en moyenne sous la présidence démocrate de Joe Biden.Le ministère a également restreint les déplacements des journalistes à l’intérieur du Pentagone, en leur imposant d’être escortés en dehors d’un nombre limité de zones.En avril, Pete Hegseth, le ministre de la Défense, ancien présentateur sur Fox News, a été impliqué dans une fuite de plans militaires quand un journaliste a été ajouté par mégarde à un groupe dont il était membre sur la messagerie Signal.La presse américaine a rapporté qu’il avait discuté de ces mêmes plans visant le Yémen dans un autre groupe Signal avec une douzaine de personnes de son entourage personnel et professionnel. Son utilisation de ce service de messagerie est à l’origine d’une enquête interne du Pentagone.A plusieurs organes de presse qui ont exprimé sur les réseaux sociaux leur refus de souscrire au document du Pentagone, Pete Hegseth a répondu par une main mimant un au revoir.

Le gouvernement veut liquider l’éditeur de “60 millions de consommateurs” d’ici à mars

Le projet de budget du gouvernement prévoit la liquidation, d’ici à mars 2026, de l’Institut national de la consommation (INC), éditeur depuis 1970 du magazine “60 millions de consommateurs” qui pourrait lui être vendu à un acteur privé, selon un document consulté par l’AFP.”L’établissement public” INC, qui emploie quelque soixante salariés, dont une vingtaine de journalistes, “est dissous et mis en liquidation (…) au plus tard le 31 mars 2026”, indique le document budgétaire, confirmant une mesure dans les tuyaux depuis plusieurs mois et que doit préciser un décret.Créé en 1966 et devenu un établissement public industriel et commercial (EPIC) en 1990, l’INC “a pour mission d’apporter un appui technique aux organisations de consommateurs” et “de produire et diffuser des informations, études, enquêtes et essais comparatifs auprès du grand public et des professionnels”, est-il rappelé. La “situation financière” de cette structure basée à Malakoff (Hauts-de-Seine) est de “plus en plus dégradée, avec un déficit d’exploitation croissant”, et les perspectives “crédibles d’amélioration” sont “faibles”, justifie le texte.  “Une solution dite de rebond présenterait un coût très élevé” sans garantie de retour à l’équilibre. “Dans ce contexte, il est proposé de retenir la solution de la cession de l’activité de presse” à “un acteur privé” et “la dissolution de l’établissement”.”Des démarches visant à la recherche d’un repreneur” du mensuel ont “été engagées” et pourront être poursuivies par le liquidateur. “En cas de cession”, la “commission des participations et transferts” sera saisie notamment pour “émettre un avis sur la procédure”, d’après le document. Contacté par l’AFP, Lionel Maugain, délégué du SNME CFDT à l’INC, a redit l’opposition des salariés à ce “sacrifice” aux “raisons budgétaires pas du tout convaincantes”. “Avec un déficit de 719.000 euros” en 2024 pour un chiffre d’affaires de 11,6 millions d’euros, ce n’est pas l’INC qui “ruine les finances de la France”, a-t-il fait valoir. “Nous allons concentrer l’essentiel de nos efforts à convaincre les députés d’amender cette décision”, a ajouté M. Maugain. Le magazine, dont proviennent deux tiers des recettes de l’INC, compte quelque 80.000 abonnés, pour 20.000 à 30.000 exemplaires vendus en kiosque chaque mois, selon M. Maugain.”Qui accepterait de reprendre” un titre dont la ligne éditoriale repose sur l’absence de publicité commerciale et le paiement d’études comparatives coûteuses, interroge-t-il ?Les associations de consommateurs sont également vent debout contre la suppression de l’INC. “La santé et la sécurité des consommateurs sont en jeu”, ont ainsi estimé un douzaine d’organisations comme Foodwatch, l’Union nationale des associations familiales (Unaf) ou encore Indecosa-CGT (association pour l’information et la défense des consommateurs salariés-CGT), dans un communiqué début octobre.Dans un autre, Indecosa-CGT a appelé “à la mobilisation la plus large pour la sauvegarde” des agences comme l’INC qui “jouent un rôle majeur”.Fin 2024, l’association UFC-Que Choisir s’était dite intéressée par un rachat de “60 millions de consommateurs” à condition de ne pas le faire “tout seul”.

Le gouvernement veut liquider l’éditeur de “60 millions de consommateurs” d’ici à mars

Le projet de budget du gouvernement prévoit la liquidation, d’ici à mars 2026, de l’Institut national de la consommation (INC), éditeur depuis 1970 du magazine “60 millions de consommateurs” qui pourrait lui être vendu à un acteur privé, selon un document consulté par l’AFP.”L’établissement public” INC, qui emploie quelque soixante salariés, dont une vingtaine de …

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Instagram va filtrer davantage de contenus sur les comptes ados et encadrer l’IA

Meta a présenté mardi un nouveau dispositif destiné aux comptes Instagram d’adolescents, qui va filtrer encore davantage de contenus, notamment ceux liés à des tendances virales considérées comme potentiellement nocives.Le groupe prévoit aussi d’encadrer, à partir de l’année prochaine, les conversations que les jeunes utilisateurs peuvent avoir avec ses assistants d’intelligence artificielle (IA).Cette mise à jour intervient un peu plus d’un an après le lancement, en septembre 2024, des comptes ados, qui sont assignés, par défaut, à tous les utilisateurs de 13 à 18 ans (la plateforme n’accepte pas d’internautes plus jeunes).La nomenclature initiale des comptes ados écartait déjà les contenus à caractère sexuels, images explicites ou choquantes.La version actualisée va désormais également masquer ou ne pas recommander “toute publication contenant du langage grossier, certains défis considérés comme risqués”, ou plus généralement des contenus à même d’inciter à “des comportements potentiellement nocifs”, selon un communiqué.”On ajoute une barrière supplémentaire par défaut pour les adolescents, notamment face aux contenus sensibles et inadaptés”, a expliqué Capucine Tuffier, responsable des affaires publiques en charge de la protection de l’enfance chez Meta.Le cadre révisé des comptes ados va être appliqué, dans l’immédiat, aux Etats-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en Australie, avant d’être étendu à d’autres pays dans les mois à venir.Pour déterminer quels éléments doivent être rendus invisibles aux adolescents, Meta s’est appuyé sur la classification “PG-13″ utilisée au cinéma aux Etats-Unis et qui avertit les parents que certains passages de films sont déconseillés aux enfants de moins de 13 ans.Il n’existe pas de liste exhaustive des sujets ou images qui peuvent entraîner l’attribution de ce label, laquelle est à la discrétion d’une commission dédiée (CARA), composée de parents indépendants.”On veut se mettre dans les paramètres les plus restrictifs et les plus protecteurs pour les adolescents”, a dit Capucine Tuffier en réponse à une question sur la décision d’adopter, pour les 13-18 ans, des normes prévues initialement pour les moins de 13 ans.Elle a donné l’exemple de contenus promouvant des “régimes drastiques” ou “qui glorifient ou font la promotion de l’alcool ou du tabac”. La classification des messages, images ou vidéos postées se fait par une combinaison entre intelligence artificielle et jugement d’opérateurs humains.- L’IA encadrée aussi -Les utilisateurs de moins de 18 ans seront “automatiquement placés dans un mode 13+ et ils ne pourront pas en sortir sans autorisation parentale”, précise Meta.Le groupe ne s’appuie pas uniquement sur le déclaratif mais aussi sur des dispositifs de contrôle de l’âge déjà existants, qui repèrent d’éventuels “signaux” en fonction de l’usage de la plateforme.En cas de doute, Meta demande une vérification de l’âge soit via la présentation de la carte d’identité soit par selfie vidéo.Le géant des réseaux sociaux introduit aussi mardi la possibilité pour les parents d’imposer des restrictions supplémentaires aux contenus visibles par leurs adolescents.Il s’agit de la fonctionnalité “contenu limité”, qui permettra notamment d’empêcher les jeunes utilisateurs de voir, écrire ou recevoir des commentaires sous les publications.”A partir de l’année prochaine”, selon Meta, cette option “limitera aussi davantage les conversations avec l’IA (intelligence artificielle) que les adolescents peuvent avoir”.Ces évolutions interviennent sur fond de protestations contre les effets négatifs des réseaux sociaux et des assistants d’IA générative, suite notamment au suicide de plusieurs adolescents ces derniers mois.Début septembre, l’agence américaine de protection des consommateurs, la FTC, a indiqué avoir ouvert une enquête sur les chatbots utilisés comme des compagnons IA, tels ChatGPT ou Grok, après une plainte récente contre OpenAI.Quelques jours plus tôt, la start-up californienne avait annoncé instaurer un mécanisme de contrôle parental pour ChatGPT, après que des parents américains ont accusé fin août le chabot d’avoir encouragé leur enfant à mettre fin à ses jours.Lundi, le gouverneur de l’Etat de Californie Gavin Newsom a promulgué une loi contraignant les opérateurs d’assistants IA à vérifier l’âge des utilisateurs et à rappeler toutes les trois heures pour les mineurs que l’interlocuteur est une machine.

Instagram va filtrer davantage de contenus sur les comptes ados et encadrer l’IA

Meta a présenté mardi un nouveau dispositif destiné aux comptes Instagram d’adolescents, qui va filtrer encore davantage de contenus, notamment ceux liés à des tendances virales considérées comme potentiellement nocives.Le groupe prévoit aussi d’encadrer, à partir de l’année prochaine, les conversations que les jeunes utilisateurs peuvent avoir avec ses assistants d’intelligence artificielle (IA).Cette mise à …

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