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Dette: Bayrou diagnostique une “situation intolérable”, sans s’avancer sur les solutions

François Bayrou a voulu de nouveau alerter les Français sur le “piège” de la dette qui menace “la survie de notre pays”, sans proposer de remède immédiat et en écartant la piste des augmentations des impôts.”Seule la confrontation les yeux ouverts avec la vérité de notre situation peut soutenir une action déterminée”, a déclaré le Premier ministre à l’issue d’un “Comité d’alerte du budget” qui a réuni – sans lui – plusieurs membres de son gouvernement avec des parlementaires, des représentants d’organismes de sécurité sociale ou encore syndicaux. Graphiques à l’appui, le chef du gouvernement a énuméré les faiblesses de la France qui “manque de moyens” pour financer ses priorités parce “qu’elle ne produit pas assez et ne travaille pas assez” par rapport à ses voisins, notamment en raison d’un taux d’emploi plus faible chez les jeunes et les seniors.Cela conduit à une aggravation de la dette – 3.305,3 milliards d’euros en 2024, soit 113% du PIB – qui devient “un piège dangereux, potentiellement irréversible”, selon le Premier ministre. – “Explosion assurée” -“Nous ne pourrons pas en supporter durablement la charge” qui pourrait “atteindre 100 milliards d’euros en 2029”, a-t-il prévenu.  “Si les taux d’intérêt explosent, alors c’est l’explosion assurée” à laquelle aucun gouvernement ne résistera, a-t-il insisté, un leitmotiv de longue date chez lui.Après avoir fait ce “diagnostic” d’une “situation intolérable”, et annoncé “un effort de quelque 3 milliards supplémentaires” en 2026 pour la défense face à la guerre en Ukraine et au retournement stratégique des États-Unis, François Bayrou n’a pas détaillé de réponses concrètes à ce stade. Il a simplement annoncé que les “grandes orientations” et les “grands choix” du prochain budget seront proposés avant le 14 juillet, en amont des débats budgétaires au Parlement début octobre.”Ce calendrier va permettre de rassembler toutes les contributions pendant quelques semaines autour des choix que nous allons devoir faire”, a-t-il expliqué.Dans un contexte de ralentissement de la croissance pour 2025, rabotée à 0,7% dans les prévisions du gouvernement, après 1,1% en 2024, le Premier ministre n’a pas chiffré le volume d’économies à réaliser.A ses côtés, le ministre de l’Economie Eric Lombard avait évoqué dimanche “un effort” de 40 milliards pour réduire le déficit de 5,4% du PIB — objectif 2025 — à 4,6% en 2026. Il a précisé mardi viser une réduction de 6% des dépenses en cinq ans.Sur quels leviers agir ? “L’effort doit être équitable entre les trois grandes catégories” – Etat, sécurité sociale et collectivités locales, a indiqué M. Lombard. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a notamment évoqué une action contre “la très grande dérive” des arrêts maladie. Côté recettes, M. Bayrou a exclu “d’augmenter les prélèvements” car c’est “intenable”.”Si nous choisissions de continuer à augmenter ces prélèvements, c’est notre pays qui en souffrirait”, a-t-il dit. Afin de préserver la compétitivité des entreprises, “nous ne souhaitons pas augmenter ni les impôts, ni les charges des entreprises”, a renchéri M. Lombard.Mais pour le premier président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, “il faut que tous les Français fassent des efforts à hauteur de leur capacité contributive”, a-t-il avancé mardi soir sur BFM, jugeant qu’il ne devait pas y avoir de “tabou” sur la “fiscalité”.”Nous sommes mis dans une telle situation que nous n’avons pas d’autre choix que de faire un effort budgétaire”, a-t-il par ailleurs jugé.- “Opération de communication” -Embourbé dans les sondages et souvent taxé d’immobilisme après quatre mois à Matignon, François Bayrou entendait mardi amorcer la méthode dite de “coresponsabilité” avec les Français qu’il a souvent prônée avant de prendre les commandes du gouvernement.Mais ce gouvernement tiendra-t-il jusqu’à la présentation du budget 2026 alors que La France insoumise et le Rassemblement national menacent à nouveau de censurer ? “La conférence de presse du Premier ministre n’est pas à la hauteur de la grave crise des finances publiques”, a réagi Marine Le Pen, prévenant que le RN “ne laissera pas passer des mesures contre les Français alors qu’il existe tant de gabegies”.La gauche s’inquiète, elle, de “l’impact récessif” sur la croissance de nouvelles économies et appelle le  gouvernement à envisager des hausses d’impôts pour les plus riches et des remises en causes d’exonérations aux entreprises.Pour la leader de la CGT, Sophie Binet, le Premier ministre n’a apporté “aucune réponse” à ses “interrogations” et “interpellations”. De son côté, la patronne de la CFDT, Marylise Léon, a déploré “une vision comptable” du gouvernement, estimant qu'”on ne fait pas un budget uniquement avec un tableur Excel”. bur-bpa-far-max/jbo/asm

La France riposte à l’Algérie, la crise diplomatique reprend de plus belle

La crise diplomatique entre Paris et Alger repart de plus belle, quinze jours seulement après une accalmie: Emmanuel Macron a décidé mardi d’expulser douze agents consulaires algériens en réponse à une mesure similaire de l’Algérie, accusée d’être responsable de cette nouvelle “dégradation brutale”.Le président français, qui s’était personnellement entretenu au téléphone avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune le 31 mars pour relancer le dialogue après des mois de brouille, a aussi “décidé de rappeler pour consultations l’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet”, a annoncé l’Elysée dans un communiqué.Les autorités algériennes ont déclaré dimanche persona non grata douze fonctionnaires français du ministère de l’Intérieur, leur donnant 48 heures pour quitter l’Algérie, en réponse à l’arrestation en France, puis à sa mise en détention, d’un agent consulaire algérien.Le chef de l’Etat français avait d’abord temporisé, mais voyant que le pouvoir algérien ne revenait pas sur sa décision, il a décidé de monter en première ligne.L’expulsion de ces Français, qui étaient en route vers la France mardi soir, “méconnaît les règles élémentaires de nos procédures judiciaires” et “est injustifiée et incompréhensible”, a affirmé l’Elysée. Qui a décidé de procéder “symétriquement”, aussi sous 48 heures, “à l’expulsion de douze agents” consulaires et diplomates algériens.”Les autorités algériennes prennent la responsabilité d’une dégradation brutale de nos relations bilatérales”, juge l’Elysée. Pour le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, qui était allé à Alger début avril pour recoudre les liens, Alger a “choisi l’escalade”.- Réponse “appropriée” -L’Algérie avait défendu lundi soir sa décision “souveraine”, faisant porter au ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau “la responsabilité entière” de ce regain de tensions. Cette figure de la droite française s’est fait le porte-voix ces derniers mois d’une ligne de fermeté face à l’Algérie, notamment en matière migratoire.”Bruno Retailleau n’a rien à voir avec cette affaire judiciaire”, a assuré mardi M. Barrot, insistant sur l’indépendance de la justice française.L’Algérie doit “continuer à tenir ses obligations” en matière migratoire et sécuritaire malgré les “différends” avec la France, a-t-il ajouté mardi soir.Trois hommes, dont un employé dans l’un des consulats d’Algérie en France, ont été mis en examen (inculpés) vendredi à Paris pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le 7e jour, en relation avec une entreprise terroriste, selon le parquet national antiterroriste français.Dans cette affaire d’enlèvement qui visait l’opposant au régime algérien Amir Boukhors, influenceur surnommé Amir DZ, ces hommes sont aussi poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Ils ont été placés en détention provisoire.Prenant la parole mardi soir après l’Elysée, M. Retailleau a estimé que la réponse française était “totalement appropriée”, et a jugé “inadmissible que la France soit un terrain de jeu pour les services algériens”.- “Reprendre le dialogue” -Malgré cette soudaine rechute, l’Elysée a estimé que “l’intérêt même de la France et de l’Algérie” était de “reprendre le dialogue”, exhortant Alger à “faire preuve de responsabilité”.”Le dialogue, toujours, mais pas à sens unique”, a nuancé M. Barrot.Il y a quinze jours, les deux pays liés par une histoire commune souvent douloureuse avaient décidé de tourner la page d’une crise d’une intensité rare qui les avait précipités au bord de la rupture.Elle avait démarré huit mois plus tôt lorsque M. Macron avait apporté son soutien total à un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger. L’Algérie avait immédiatement retiré son ambassadeur à Paris.Les deux chefs d’Etat avaient alors chargé leurs ministres des Affaires étrangères de reprendre le dialogue sur tous les sujets “irritants”, dont la question migratoire et l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.M. Barrot a estimé que M. Sansal, condamné à de la prison en première instance en Algérie, n’avait “pas à faire les frais de problèmes” diplomatiques. “Et j’ose croire, étant donné son état de santé et sa situation, à un geste d’humanité de la part des autorités algériennes”.Les deux filles de l’écrivain ont d’ailleurs appelé M. Macron à obtenir sa libération au plus vite, dans une tribune publiée mardi soir sur le site du Figaro, qualifiant cette demande de “dernier élan d’espoir”.  Selon l’historien Pierre Vermeren, professeur à l’université Sorbonne à Paris, “la crise prouve qu’à l’intérieur de l’armée, de l’état-major” algériens, “il y a une partie des généraux ou des colonels qui veulent rompre avec la France, qui ne veulent pas se réconcilier, qui veulent saboter le travail de reprise des relations normales”, a-t-il dit à l’AFP.

Crise politique en Charente, le conseil départemental sera mis sous tutelle

“Nous rendons les clés”: Le conseil départemental de Charente, n’ayant pas réussi à voter son budget 2025 mardi, sera mis sous tutelle préfectorale dès mercredi, une situation très rare pour une collectivité de cette taille. Fin mars, celui-ci, d’un montant de 615 millions d’euros, avait été retoqué lors d’un premier vote, du fait notamment de l’abstention d’un groupe de six élus de la majorité de gauche qui avaient fait scission après des mois de dissensions politiques au sein de l’assemblée de ce territoire de quelque 350.000 habitants.L’exécutif présidé par Philippe Bouty (DVG) avait dès lors jusqu’à mardi pour présenter une nouvelle copie et la faire voter, sous peine de voir le préfet prendre la main sur les finances départementales en saisissant la Chambre régionale des Comptes (CRC).Mais à 20H00, le quorum n’avait pas été atteint pour que l’assemblée se tienne, les élus de l’opposition et le groupe sécessionniste n’étant pas venus siéger.”Nous n’avons pas le quorum et nous rendons les clés à la CRC. C’est un précédent sans équivalent. Ce soir, la Charente sera le seul département à ne pas avoir de budget”, a déclaré devant la presse le président du département, qui emploie quelque 2.000 agents.Il a déploré une “tentative de putsch” de la part des élus de droite et de la sénatrice PS Nicole Bonnefoy, l’une des six élus de gauche à avoir boycotté la séance après s’être abstenus fin mars.Philippe Bouty, qui avait fait basculer le département à gauche en 2021 avec un seul canton d’avance, a rapidement vu sa majorité gauche plurielle se fissurer, ses critiques lui reprochant des “annonces intempestives” et des “comportements parfois inadéquats”.”Ce n’est pas un problème de personne mais de dysfonctionnements depuis des années, devenus inacceptables à la longue”, a fait valoir Mme Bonnefoy, accusée par des élus restés dans la majorité de convoiter la tête de l’exécutif.Le groupe des sécessionnistes et l’opposition, emmenée par le centriste Jérôme Sourisseau, qui a présidé le conseil départemental en 2020-2021, réclament la démission de M. Bouty depuis sa mise en minorité fin mars, mais ce dernier s’y refuse.”Le préfet va saisir la CRC” de Nouvelle-Aquitaine, a confirmé la préfecture à l’AFP en précisant que cette saisine interviendrait mercredi.L’instance régionale de contrôle financier aurait alors un mois pour élaborer un nouveau projet de budget et le transmettre au préfet, qui disposerait ensuite d’un délai de 20 jours pour le faire exécuter en l’état, avec la possibilité d’y apporter des modifications motivées.”Une situation très exceptionnelle pour un département”, même s’il “n’y aura pas de +shut down+” à l’américaine, avait souligné début avril le président de la CRC, Vincent Léna, dans une interview à Charente Libre.

“Génération Notre-Dame”: Macron décore les artisans de la reconstruction

Emmanuel Macron a décoré mardi cent participants au chantier titanesque de la reconstruction de Notre-Dame de Paris, six ans exactement après l’incendie dévastateur, lors d’une cérémonie où il a salué en eux “la génération Notre-Dame”.”Vous avez montré en effet durant ces cinq années ce que peut faire une grande nation (…), une nation faite d’une histoire plus grande qu’elle-même, et capable encore d’embrasser des rêves plus grands qu’elle-même”, a déclaré le chef de l’Etat avant de procéder aux remises de décorations à l’Elysée.A l’heure même où, le 15 avril 2019, les flammes se déclaraient dans le chef-d’oeuvre gothique de l’île de la Cité, Emmanuel Macron a distingué le président de l’établissement public qui a permis la restauration en un temps record de cinq ans, Philippe Jost, promu commandeur de la Légion d’honneur.Ce haut fonctionnaire avait succédé au général Jean-Louis Georgelin, décédé accidentellement en 2023 et lui-même grand’croix, plus haut grade de cette récompense fondée par Napoléon Bonaparte.Les architectes Rémi Fromont et Philippe Villeneuve ont aussi été distingués. A leurs côtés, près de 100 fonctionnaires, entrepreneurs ou artisans représentatifs de l’ensemble des 2.000 personnes qui ont participé à l’opération, ont été décorés de la Légion d’honneur ou de l’Ordre national du mérite. Ils sont issus de “l’ensemble des corps de métiers, les charpentiers, les ferronniers, les échafaudistes, les cordistes, les restaurateurs de l’orgue, les restaurateurs des vitraux, les restaurateurs des peintures”, a énuméré la présidence de la République.Aymeric Albert, qui a été fait chevalier de la Légion d’honneur, a par exemple prospecté dans les forêts de France pour sélectionner les chênes nécessaires à la reconstruction de la flèche, de la nef et du choeur. Cette promotion spéciale a été publiée au Journal officiel du 18 janvier, un mois après la réouverture en grande pompe de la cathédrale, le 9 décembre. Depuis, ce sont en moyenne 30.000 personnes par jour qui visitent l’édifice.- “Plus belle encore” -“Le 15 avril 2019, Notre-Dame-de-Paris était en feu. Nous étions plusieurs à craindre le pire. Vous l’avez sauvée. Et nous l’avons rebâtie. En cinq ans, grâce à vous, Notre-Dame de Paris fut reconstruite, rebâtie, plus belle encore qu’elle n’était”, a redit mardi Emmanuel Macron.Le chef de l’Etat a décerné ces décorations accompagné du Premier ministre François Bayrou, d’autres membres du gouvernement dont la ministre de la Culture Rachida Dati, mais aussi du général Jean-Claude Gallet qui était à la tête de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris lors du sinistre retransmis en direct par les télévisions du monde entier.”C’est un des grands enseignements de ce chantier: la France peut être fière, elle détient les fabuleux savoir-faire qui permettent aujourd’hui de rebâtir une cathédrale”, a aussi souligné Philippe Jost, mardi sur France 2.Ce chantier titanesque a été financé grâce à près de 850 millions d’euros de dons en provenance du monde entier.”La générosité a été telle dans les jours qui ont suivi l’incendie qu’il nous reste (…) 140 millions d’euros. Et donc, on va pouvoir engager de nouvelles restaurations à l’extérieur pour des travaux dont la cathédrale avait déjà besoin avant l’incendie”, a expliqué M. Jost.Ces derniers mois, le chef de l’Etat a plusieurs fois invoqué cet “esprit”, ainsi que celui des Jeux olympiques réussis de l’été dernier dans la capitale, comme exemple de la capacité de la France à s’unir dans l’adversité. Sans que cela ait déteint sur la vie politique du pays, plus fracturée que jamais depuis qu’il a dissous l’Assemblée nationale en juin.

Barnier veut une “coalition” centre-droite en 2027 contre “l’impuissance publique”

L’ancien Premier ministre Michel Barnier a souhaité mardi qu’une “coalition” du centre et surtout de la droite arrive en position de force en 2027 pour lancer la lutte contre “l’impuissance publique”. “Je pense qu’il faudra une coalition, et même si le (futur) Président de la République a un grand parti avec lui, ce que je souhaite, il faudra qu’il fasse attention aux autres”, a déclaré sur RMC-BFMTV Michel Barnier, discret depuis qu’il a été renversé par l’Assemblée nationale début décembre.Tout en entretenant le mystère sur son éventuelle candidature – “ça ne sert pas de personnaliser les choses à ce stade” -, l’ancien commissaire européen a vanté les mérites du “socle commun” qui “rassemble aujourd’hui les centristes, une famille importante, les amis d’Édouard Philippe, les amis de M. Macron et puis les Républicains qui ont retrouvé de l’élan depuis que j’ai été Premier ministre et avec de grands ministres comme Bruno Retailleau” notamment.Michel Barnier a apporté son soutien à la candidature du ministre de l’Intérieur à la tête de LR.  “On a besoin d’un parti de la droite républicaine qui soit fort, notamment pour que des citoyens qui, en toute bonne foi ont eu la tentation” de voter pour l’extrême droite “reviennent vers nous”, a-t-il détaillé. Pour lui, 2027 sera l’heure “des comptes” car avec François Bayrou à Matignon, “l’état de la France, le déficit public, l’impuissance publique” sont “toujours là”. “Le diagnostic, moi j’ai envie de le reprendre là où il était”, a-t-il expliqué, “il faudra qu’on assume dans le débat présidentiel (…) ce constat de l’impuissance publique et qu’on dise la vérité aux gens”. Il a entre autres cité “l’impuissance publique à réduire la bureaucratie, à donner de la souplesse, à permettre aux gens qui veulent travailler de le faire, à réduire l’immigration ou à réduire la dette”. 

Economies: le gouvernement prépare les esprits et réveille les oppositions

La gauche et le Rassemblement national ont brandi de nouveau lundi, à la veille d’une conférence sur les finances publiques, la menace de la censure après l’annonce par le gouvernement d’un effort de 40 milliards d’euros pour le budget 2026.Dimanche, le ministre des Finances Eric Lombard a mis les pieds dans le plat en annonçant un effort de “40 milliards d’euros” l’an prochain, sous forme “essentiellement” d’économies, pour réduire le déficit public de 5,4% du PIB – objectif 2025 – à 4,6% en 2026. L’exécutif veut préparer les esprits à une France “en état d’alerte budgétaire”. Mardi, François Bayrou réunira une conférence sur les finances publiques avec des parlementaires, des organismes de sécurité sociale ou encore des collectivités locales. L’Association des maires de France (AMF), qui voit dans cette réunion “convoquée à la hâte” une “énième séquence de communication”, n’y participera pas.Aucune annonce immédiate n’ait à attendre, si ce n’est la création de groupes de travail pour identifier les économies.La conférence servira “à la fois à dire où on en est et où on veut aller. Après, il y aura trois mois, trois mois et demi, de mise au point, d’avancée, vers des décisions”, a expliqué le Premier ministre dans Le Parisien.Du “dialogue avec toutes les parties prenantes” et destiné à faire émerger “un consensus”, a déclaré Eric Lombard. “40 milliards, c’est l’écart par rapport à la trajectoire naturelle du budget. Une autre façon de le dire, c’est que nous allons légèrement baisser la dépense publique, très légèrement, par rapport à son niveau de 2025”, a-t-il relativisé lundi.Mais point de consensus en vue. Au contraire, cette perspective a fait bondir, pour des raisons différentes, les oppositions qui remettent la censure sur le tapis.Le Rassemblement national se dit favorable à des économies, mais refuse qu’elles visent “les Français”.  “Si le projet, c’est de demander aux Français de se serrer la ceinture sans que l’État n’aille sur le chemin des économies en matière d’immigration, de train de vie de l’État, des collectivités, nous nous emploierons à le censurer”, a prévenu son vice-président Sébastien Chenu.- Récession -A l’inverse, la gauche s’inquiète de “l’impact récessif” de nouvelles économies sur une croissance déjà fragilisée par les incertitudes liées à la politique protectionniste des Etats-Unis.Jean-Luc Mélenchon (LFI) s’est indigné que “le peuple de France soit traité comme la Grèce en 2010″, contrainte à une sévère cure d’austérité.”On n’en est pas à la Grèce. Mais ça ne veut pas dire que l’équilibre qui est aujourd’hui proposé par le gouvernement est un équilibre juste”, a temporisé le premier secrétaire du PS Olivier Faure sur BFMTV.Et de s’insurger que le gouvernement refuse toujours d’envisager des hausses d’impôt pour les plus riches.S’il continue à nous expliquer “qu’on ne touchera pas au patrimoine des plus riches, qu’on ne touchera jamais aux grandes fortunes, mais qu’on fera tout payer à la classe moyenne, aux classes populaires, la réponse est immédiate: oui, il y aura censure”, a-t-il averti, chiffrant à “80 milliards d’économies” l’abandon des “cadeaux fiscaux depuis 2017”.La gauche a fait notamment adopter à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à instaurer un impôt plancher sur le patrimoine des “ultra-riches” afin de s’assurer qu’ils payent au moins 2% de leur fortune en impôt. Ce texte, inspiré par les travaux de l’économiste Gabriel Zucman, sera débattu au Sénat, à majorité de droite, en juin.Mais la gauche reste divisée sur l’opportunité de faire tomber rapidement le gouvernement. Les socialistes, qui avaient refusé de voter la censure sur le projet de budget 2025 et permis ainsi à François Bayrou de se maintenir, voudront probablement attendre, officiellement l’issue du conclave sur les retraites, et officieusement celle de leur propre congrès à la mi-juin à Nancy. Et, comme l’exécutif envisage de ne pas convoquer de session extraordinaire du Parlement en juillet, cela pourrait renvoyer la question de la censure à l’automne… au moment des débats budgétaires.

Déficit: Eric Lombard annonce un effort “considérable” de 40 milliards d’euros en 2026

La France va devoir réaliser “un effort supplémentaire de 40 milliards d’euros” l’an prochain, un engagement “très considérable”, sous forme “essentiellement” d’économies, nécessaire pour atteindre son objectif de déficit public de 4,6% du PIB en 2026, a annoncé dimanche le ministre de l’Economie Eric Lombard.Le pays s’était déjà doté d’un budget pour 2025 prévoyant une cinquantaine de milliards d’euros d’efforts, renforcé cette semaine par cinq milliards supplémentaires puisés dans des crédits mis en réserve.La France est “en état d’alerte budgétaire”, a prévenu dimanche M. Lombard sur BFMTV, une situation qui n’est pas liée à la guerre commerciale déclenchée par les Etats-Unis mais bien aux “déficits cumulés” du pays.Le ministre a tenu ces propos l’avant-veille d’une conférence publique convoquée par le Premier Ministre François Bayrou, destinée à sensibiliser les Français aux “pathologies” budgétaires du pays, dont la grande fragilité est exacerbée par les incertitudes liées à l’assaut protectionniste des Etats-Unis.L’effort de 40 milliards d’euros portera “essentiellement” sur des “économies”. Mais “ça peut être aussi une augmentation des recettes liées à la croissance”, a tenu à rassurer M. Lombard.- “Crédibilité sur les marchés” -“Avec 57% de PIB de dépenses publiques, on peut tout à fait à la fois réduire les dépenses et maintenir la qualité des services”, a-t-il estimé, refusant de qualifier cette politique “d’austérité”.En outre, il a dit “souhaiter” que la contribution différentielle sur les plus hauts revenus (CDHR), appliquée aux ménages les plus aisés, présentée comme temporaire et qui fixe un taux minimal d’imposition de 20%, soit “pérenne” dans “un souci d’équité”, précisant que le gouvernement s’engageait à combattre la suroptimisation fiscale. Bercy travaille à transformer cette contribution “en un outil de lutte contre les suroptimisations fiscales”, a précisé son cabinet à l’AFP.”Nous avons une méthode radicalement nouvelle, avec le Premier ministre, qui est de construire ce budget dès mardi”, a-t-il lancé.Réagissant rapidement après cette annonce, le leader de la France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a jugé que “le peuple de France est traité comme la Grèce en 2010″. Le leader de la gauche radicale fait référence dans son message à la crise grecque qui avait provoqué une crise de toute la zone euro et obligé la Grèce à une cure d’austérité d’une rare sévérité.”La macronie vous présente sa facture (…). L’équivalent du budget de l’Éducation nationale”, écrit-il également dans un message posté sur X.La porte-parole du gouvernement Sophie Primas a admis dimanche qu’il s’agissait “d’une équation difficile”. Cependant, “le Premier ministre s’est engagé, le président de la République également, (…) à ne pas augmenter les impôts”, a-t-elle rappelé au “Grand Jury” RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat. Pour 2025, l’objectif d’un déficit à 5,4% du PIB “est une question de crédibilité sur les marchés”, a-t-elle estimé, en assurant: “Nous tiendrons ces 5,4%.”Concernant le maintien de cet objectif, Eric Lombard a de son côté suggéré qu’il était “possible” que les efforts additionnels soient supérieurs aux cinq milliards d’euros prévus. “Ca peut être plus d’économies car il est hors de question d’augmenter les impôts.”- “Pas tirés d’affaire” -Le ministre de l’Economie a été longuement questionné à propos des droits de douane américains. Le président américain Donald Trump a récemment fait volte-face et les a ramenés à 10% pendant 90 jours, ce qui reste “beaucoup trop”, a rappelé le ministre. Si ces droits de douane sont passés de 20% à 10% pour l’Union européenne, “on a l’impression qu’on est tirés d’affaire, mais pas du tout”, a-t-il averti, soulignant que l’objectif était “de revenir au libre-échange”.Interrogé sur l’introduction éventuelle d’un “quoi qu’il en coûte”, comme pendant la pandémie de Covid 19, le ministre s’est montré ferme : “Nous n’en avons pas les moyens d’une part et puis, d’autre part, notre économie grâce d’ailleurs au +quoi qu’il en coûte+ est solide, nos entreprises sont solides”. Eric Lombard a toutefois dit suivre “très attentivement” la situation et notamment les “28.000 entreprises qui exportent aux Etats-Unis, dont 40% (…) la moitié de leur production”.”Le temps n’est pas à distribuer de l’argent public que nous n’avons pas. Il faut trouver d’autres solutions pour soutenir nos filières industrielles”, a-t-il ajouté.

Fin de vie: pour Retailleau, le texte va “dans le très mauvais sens”

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est dit dimanche “stupéfait” par la proposition de loi relative à la fin de vie étudiée en commission parlementaire, jugeant que ce texte “tellement permissif” va “dans le très mauvais sens”.”Le texte que j’ai découvert m’a stupéfié”, a dit le ministre qui était interrogé sur LCI. Les députés ont commencé vendredi en commission l’examen de ce texte et approuvé la création d’un droit à l’aide à mourir, en élargissant les cas où la substance létale pourra être administrée par un soignant.”Le texte aujourd’hui est tellement permissif, demain ce que je crains, c’est qu’il soit beaucoup plus facile de demander la mort que d’avoir des soins”, a-t-il argué. “C’est un texte qui va cumuler aussi bien le suicide assisté que l’euthanasie. Or, dans tous les pays qui ont autorisé ce double choix, et bien, c’est toujours l’euthanasie qui a écrasé le suicide assisté”, a-t-il poursuivi.”Bien sûr, c’est une proposition de loi, mais ce texte pour moi, il est terrible parce que c’est un texte d’abandon”, selon lui.Si “par malheur, il était demain voté, et bien, au moment de votre mort, les uns ou les autres devront se poser cette question non pas de tendre une main ou de demander une main secourable, mais de dire: +Suis-je un fardeau pour la société?+ “, a souligné Bruno Retailleau. “Quand on voit que dans la dernière année d’une vie, le coût pour la santé, c’est plus de 35.000 euros, ce que je crains demain, c’est que ces considérations matérielles, ces considérations économiques prennent le pas sur la dignité de la vie humaine”, a-t-il souligné.”Ce n’est pas un texte de fraternité, c’est un texte d’abandon” qui va “dans le très mauvais sens”, a-t-il jugé.Les députés ont notamment approuvé un amendement d’Elise Leboucher (LFI) accordant à la personne qui souhaite recourir à l’aide à mourir la liberté de choisir entre auto-administration du produit létal et administration par un médecin ou un infirmier. Le texte initial prévoyait que celle-ci ne soit possible que lorsque le patient “n’est pas en mesure physiquement d’y procéder”.

L’objectif de déficit de 4,6% du PIB en 2026 exige “40 mds d’euros d’efforts supplémentaires”, selon le ministre de l’Economie

Maintenir l’objectif de déficit de 4,6% du PIB en 2026 “va demander un effort supplémentaire de 40 milliards d’euros”, ce qui est “très considérable”, a annoncé dimanche le ministre de l’Economie Eric Lombard.”Ca va être essentiellement des économies” ou “ça peut être aussi une augmentation des recettes liées à la croissance”, a précisé le ministre sur BFM.Interrogé sur cette répartition, le ministre a répondu : “Nous sommes en avril (…) on parle du budget 2026, il est trop tôt pour donner ce détail”.Mais “avec 57% de PIB de dépenses publiques, on peut tout à fait à la fois réduire les dépenses et maintenir la qualité des services”, a estimé Eric Lombard, qui a refusé de taxer cette politique “d’austérité”.Entre “40 à 50 milliards” d’euros d’économies sont “à trouver” pour le budget 2026, a également annoncé dans le même temps la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, à l’avant-veille d’une conférence sur les finances publiques convoquée mardi par François Bayrou.C’est “une équation difficile, mais le Premier ministre s’est engagé, le président de la République également, (…) à ne pas augmenter les impôts”, a déclaré Mme Primas au “Grand Jury” RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat. Pour l’année 2025, l’objectif d’un déficit à 5,4% du PIB “est une question de crédibilité sur les marchés”, a-t-elle rappelé, en assurant: “Nous tiendrons ces 5,4%.”En outre, pour tenir le déficit budgétaire de 5,4% du PIB en 2025, il est “possible” que les efforts soient supérieurs à cinq milliards d’euros, a déclaré Eric Lombard.”Ca peut être plus d’économies car il est hors de question d’augmenter les impôts”, a promis le locataire de Bercy.Sur la question des droits de douane américains ramenés à 10% pendant 90 jours, “c’est (encore) beaucoup trop”, s’est inquiété le ministre. Passés de 20% à 10% pour l’Union européenne, “on a l’impression qu’on est tirés d’affaire, mais pas du tout”, a averti M. Lombard.

L’impopularité de Bayrou en hausse, notamment chez les soutiens de son camp

L’impopularité de François Bayrou continue de grandir, quatre mois après sa nomination comme Premier ministre, en particulier auprès de son camp, selon un sondage Ipsos pour la Tribune dimanche.Selon le baromètre mensuel, réalisé du 9 au 10 avril, 67% des Français portent un jugement défavorable sur l’action du Premier ministre, soit trois points de plus que le mois dernier. Ils sont 24% à penser le contraire (- 1 point).C’est chez les sympathisants Renaissance-MoDem-Horizons, les partis du bloc central, qu’il enregistre la plus forte baisse de sa popularité, 12 points de moins par rapport à mars, avec seulement 53% d’opinions favorables.” Le pays a le sentiment qu’on fait la planche, qu’on flotte, qu’on se laisse dériver”, analyse pour la Tribune le directeur général délégué d’Ipsos Brice Teinturier.Selon lui, c’est l’un des principaux moteurs de l’impopularité de François Bayrou: “Alors que les partis, que ce soit le Rassemblement national, LR ou le Parti socialiste, se parlent beaucoup à eux-mêmes, que les événements internationaux dominent l’actualité, le gouvernement donne le sentiment de ne pas parler aux Français”.Les récentes prises de position du Premier ministre sur l’exécution provisoire de la peine d’inéligibilité de Marine Le Pen, dont il s’est dit “troublé”, ou sur l’affaire Bétharram ont suscité des interrogations.Au sein du couple exécutif, Emmanuel Macron est relativement stable avec 26% de jugements favorables (- 1 point) et 70% défavorables (+1 point).Au sein du gouvernement, le ministre de l’Intérieur LR Bruno Retailleau (33%) et celui de la Justice Gérald Darmanin (33%) restent les plus appréciés des Français, loin devant Rachida Dati, en troisième position (16%).De nouveau ce mois, le baromètre des potentiels successeurs d’Emmanuel Macron place en tête les RN, Jordan Bardella qui stagne à 34% par rapport à mars et Marine Le Pen qui le talonne à 33% mais gagne deux points.En troisième position, l’ancien Premier ministre Edouard Philippe cède 1 point à 31%, devant Bruno Retailleau qui perd aussi 1 point à 27%. Enquête IPSOS/CESI Ecole d’ingénieurs menée sur internet les 9 et 10 avril auprès d’un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.