L’avocat Ursulet acquitté dans le procès pour le viol d’une stagiaire

L’avocat Alex Ursulet, figure du barreau parisien, a été acquitté samedi soir au bénéfice du doute par la cour criminelle de Paris qui le jugeait pour le viol d’une stagiaire dans son cabinet en janvier 2018.Dans ses derniers mots avant que la cour ne se retire pour délibérer, l’avocat avait répété son “innocence” pour les faits dont il était accusé, dans le huis clos de son cabinet l’après-midi du 30 janvier 2018. “C’est une décision cynique qui appelle nécessairement un nouveau procès”, a réagi l’avocat de la plaignante, Thibault Laforcade, appelant de ses vœux un appel du parquet général qui peut intervenir dans un délai de dix jours.Celui-ci semble probable au vu du réquisitoire de l’avocat général Philippe Courroye, qui avait réclamé treize ans de réclusion criminelle contre Alex Ursulet, 68 ans.  Si la cour a estimé qu’il y avait bien eu “des actes de pénétration sexuelle”, elle “a eu un doute sur l’intention criminelle” d’Alex Ursulet: des messages envoyés à la jeune femme après les faits et le lendemain laissent “penser qu’il n’avait pas conscience d’avoir accompli un acte répréhensible”. Or pour condamner en droit pénal français, il faut que l’auteur présumé ait eu la volonté consciente de commettre un crime ou un délit. La cour a donc entendu les plaidoiries de l’équipe de défense. Pour condamner, il “faut une certitude à la hauteur” de la peine demandée, a plaidé Me Fanny Colin. Or ici, “il existe un doute plus que raisonnable” sur une culpabilité.   Alors que son client avait toujours nié une quelconque relation d’ordre sexuel avec sa stagiaire, son confrère Luc Brossolet a infléchi avec succès la stratégie de défense, décrivant une “relation malheureuse dominant-dominée”, dans laquelle la plaignante serait d’abord rentrée de son plein gré, comme l’attestent des échanges de messages. “Il y avait un jeu” de nature sexuelle “que cela nous plaise ou non”, selon l’avocat d’Alex Ursulet. Certes, il “n’a pas laissé indemne” la plaignante, qui a choisi d’en sortir en quittant le cabinet dès le lendemain des faits. Mais quand elle s’y est engagée, il était consenti, selon lui. Et dans ce contexte, a poursuivi Me Brossolet, rien ne pouvait indiquer à Alex Ursulet que ce n’était plus le cas au moment des faits. – “Chemin de croix” -Autre élément de doute qui a emporté la décision de la cour, le fait que les actes de pénétration aient pu être imposés avec surprise ou contrainte, actuellement deux des quatre éléments constitutifs du viol en droit français (avec la menace et la violence, qui n’étaient pas en jeu). Introduite début novembre par le législateur dans une nouvelle définition pénale du viol, la notion explicite d’un consentement “libre et éclairé, spécifique, préalable et révocable”, ne s’applique pas pour ces faits vieux de près de huit ans. Philippe Courroye avait auparavant livré un réquisitoire impitoyable, introduit par cet incipit lapidaire: “Il y a dans cette salle quelqu’un qui ment. Qui de la stagiaire ou du maître de stage?”. Il avait désigné sans ambiguïté l’accusé: “Le mensonge, il est de ce côté de la barre”.Il avait salué la décision de la plaignante de s’engager dans “le chemin de croix des victimes” en portant plainte, elle, jeune stagiaire, contre une célébrité du barreau 35 ans plus âgé, ex-associé de Jacques Vergès, compagnon de route de la droite gaulliste, qui a accédé à la célébrité pour avoir défendu le tueur en série Guy Georges.Alex Ursulet avait écouté la charge, tantôt soutenant d’un regard incrédule celui du magistrat, tantôt le détournant, haussant parfois des sourcils désapprobateurs ou secouant la tête. De marbre d’abord, le visage s’est marqué au fil des heures.Pour arbitrer ce parole contre parole, Philippe Courroye avait mis en miroir un accusé qui, selon lui, avait offert à la cour ses “contradictions” et ses “incohérences” et lui avait “chanté l’air de la calomnie”, et une plaignante, depuis devenue avocate, “constante dans ses déclarations”. La cour criminelle a également dit croire la plaignante et s’est dit pleinement consciente de son mal-être. Elle a aussi relevé les contradictions d’Alex Ursulet. Insuffisant toutefois pour condamner.

Face à l’extrême-droite, Londres annonce une vaste réforme pour dissuader les migrants

Restriction de la protection accordée aux réfugiés et des aides accordées aux demandeurs d’asile: le gouvernement britannique a annoncé samedi soir qu’il allait prendre des mesures “historiques” pour limiter les arrivées de migrants au Royaume-Uni et contrer la montée du parti anti-immigration de Nigel Farage. “Ce pays a une fière tradition d’accueil des personnes fuyant le danger, mais notre générosité attire les migrants illégaux à travers la Manche”, a déclaré la ministre de l’Intérieur Shabana Mahmood, citée dans un communiqué de son ministère.Deux mesures phares ont été annoncées par des communiqués du ministère de Mme Mahmood, en attendant la présentation de son plan détaillé prévue devant le Parlement lundi.Le gouvernement va d’abord réduire la protection accordée aux réfugiés, qui seront “forcés de rentrer dans leur pays d’origine dès qu’il sera jugé sûr”.”Un +billet en or+ a fait grimper les demandes d’asile au Royaume-Uni, poussant les gens à traverser l’Europe, via des pays sûrs, pour monter à bord d’embarcations de fortune”, a indiqué la ministre. “Je vais mettre fin à ce ticket en or”. “Grâce à des conditions bien plus généreuses au Royaume-Uni”, les réfugiés peuvent actuellement demander à s’installer définitivement, sans frais, après cinq ans au Royaume-Uni, “sans avoir contribué” au pays, a souligné son ministère. Le nouveau système réduira la durée de leur séjour de cinq ans à 30 mois, et multipliera par quatre, de cinq à 20 ans, le délai nécessaire pour demander à devenir résident permanent, a-t-il précisé. Les réfugiés qui souhaitent devenir résidents permanents plus vite “devront travailler ou étudier”, a-t-il encore ajouté.L’autre mesure phare est la suppression de l’accès automatique aux aides sociales – logement, allocations financières – pour les demandeurs d’asile. Le gouvernement veut supprimer ces aides “pour ceux qui ont le droit de travailler et qui peuvent subvenir à leurs besoins, mais choisissent de ne pas le faire, ou pour ceux qui enfreignent la loi”, selon le communiqué.- ManifestationsArrivé au pouvoir en juillet 2024, le gouvernement de Keir Starmer est sous pression quasi-quotidienne pour freiner les arrivées de migrants et restreindre leurs droits. Depuis plusieurs mois, il est largement devancé dans les sondages par le parti Reform de Nigel Farage, qui a fait de la question des migrants son sujet principal. Cet été, de nombreuses manifestations ont eu lieu devant des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile et une manifestation organisée par l’extrême droite à Londres mi-septembre a réuni jusqu’à 150.000 personnes selon la police.Dans ce contexte, le gouvernement travailliste a promis de faire baisser le nombre de migrants qui traversent la Manche à bord d’embarcations de fortune. Sans succès pour l’instant.Depuis le 1er janvier, 39.292 personnes ont débarqué sur les côtes anglaises à l’issue de cette périlleuse traversée, un chiffre qui dépasse le total de l’année 2024 (36.816).Par ailleurs, les demandes d’asile ont augmenté de 18% en 2024 au Royaume-Uni, alors qu’elles baissaient de 13% dans l’ensemble de l’Union européenne sur la même période, selon les chiffres du gouvernement. Plus de 400.000 demandes ont été enregistrées depuis 2021, contre 150.000 sur la période 2011-2015, toujours selon les chiffres officiels.- Modèle danois -Le ministère a souligné s’être inspiré de l’exemple danois pour ces réformes. Ce pays scandinave de 6 millions d’habitants, dirigé par les sociaux-démocrates depuis 2019, défend une politique stricte en matière de droit d’asile. Les réfugiés y obtiennent ainsi un permis de séjour, généralement de deux ans renouvelable, mais sont encouragés à prendre le chemin du retour dès que les autorités estiment que le besoin de protection a disparu.Le regroupement familial y est aussi soumis à des exigences strictes, dont des tests de langue pour les nouveaux arrivants.Au Royaume-Uni, la restriction de la protection des réfugiés était une mesure jusqu’ici défendue par Nigel Farage, qui avait annoncé qu’en cas d’arrivée au pouvoir, il obligerait les migrants – y compris ceux déjà régularisés – à demander un visa tous les cinq ans.Mais la gauche du parti travailliste s’était dite opposée à de telles restrictions, et avait prévenu que le parti, au plus bas dans les sondages, y perdrait de nombreux électeurs. 

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

A Béziers, des milliers de viticulteurs demandent “d’agir vite” face à leur détresse

Des milliers de viticulteurs ont exprimé leur désarroi dans les rues de Béziers samedi pour demander aux pouvoirs publics d'”agir vite” face à la concurrence étrangère et à la grande distribution qui tirent les prix vers le bas et au réchauffement climatique.Au moins 4.000 manifestants, selon la préfecture, 7.000 selon les organisateurs, ont également demandé un allègement des normes, trop contraignantes selon eux.En marge du cortège, qui a défilé dans le calme, un magasin Lidl a été dégradé et saccagé, et un radar et des poubelles brûlées, selon la préfecture.Des membres de la Coordination rurale ont craqué des fumigènes jaunes et noirs à leur effigie. Côté FNSEA, le premier syndicat agricole s’est réjoui de l’affluence.”Voir toute cette mobilisation, ça fait plaisir mais je sais pas si ça fera avancer les choses. On a l’impression qu’on ne nous écoute pas, qu’on se fout de nous”, confie Carole, viticultrice de 51 ans qui produit un vin d’appellation Minervois et qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.Son exploitation de 17 ha à Pouzzoles, dans l’Aude, est dans la famille depuis trois générations mais elle “ne sait pas si on pourra la léguer à nos enfants, c’est le plus dur”. Son fils, Romain, âgé de 16 ans, ne souhaite pas reprendre l’exploitation. “Quand on voit (la situation) maintenant, c’est pas possible de se projeter car ça empire d’année en année. C’est pas vivre, c’est survivre”, explique-t-il à l’AFP.A intervalle régulier, des Biterrois ont applaudi de leurs fenêtres. “Merci !”, ont lancé des manifestants émus, leurs applaudissements se propageant au cortège. “On nous étouffe sous les normes. On nous noie sous les taxes. On nous ment sur les prix. Et pendant qu’on se bat pour survivre, d’autres exportent le vin au prix de l’eau. D’autres vendent des bouteilles au prix d’un simple café”, a affirmé Romain Angelras, président des Jeunes agriculteurs (JA) du Gard.”On nous parle aujourd’hui de souveraineté alimentaire. Mais nos politiques la sacrifie sur l’autel du libre-échange. Les vignerons ne se tairont pas. Il nous faut des réponses vite maintenant!”.Une délégation de viticulteurs doit être reçue le 24 novembre par le ministère de l’Agriculture, veille du grand salon professionnel Sitevi prévu à Montpellier du 25 au 27 novembre et où est attendu la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.Elle avait déjà reçu des représentants le 6 novembre. Selon le président des Vignerons indépendants Jean-Marie Fabre, “trois leviers” à actionner pour amorcer une sortie de crise avaient été évoqués: un soutien de trésorerie sous la forme notamment de prêts de consolidation, un nouveau plan d’arrachage à hauteur de 35.000 hectares (sur les 780.000 ha de vigne française) et davantage de soutien au plan du commerce international.- 2025, mauvais millésime -Consommation de vin des Français en recul, épisodes de gel, de grêle et de sécheresse qui se multiplient, droits de douane de Donald Trump et taxes chinoises sur le cognac et l’armagnac… “Jamais notre secteur n’avait eu à traverser en quatre ou cinq ans autant de crises avec des origines multiples, multifactorielles”, souligne Jean-Marie Fabre.”Dans toutes les zones viticoles de France, c’est compliqué”, rappelle Jean-Samuel Eynard, président de la chambre d’agriculture de Gironde, où il cultive 35 ha de vigne d’appellation Côte-de-bourg.Les difficultés sont accrues en Occitanie, premier vignoble de France en surface, aux appellations souvent moins renommées, et territoire particulièrement frappé par le changement climatique où les grappes se sont desséchées cet été sous des températures supérieures à 40 degrés.Signe de l’urgence, FNSEA/JA et Coordination rurale ont mis de côté leurs divergences et portent une vingtaine de revendications comme “la lutte contre les prix du vin abusivement bas pratiqués par les négociants et la grande distribution”, l’accès à l’eau ou encore l’assouplissement de la loi interdisant la publicité pour le vin.Tous craignent en plus que le millésime 2025 soit d’une maigreur inédite.

A Béziers, des milliers de viticulteurs demandent “d’agir vite” face à leur détresse

Des milliers de viticulteurs ont exprimé leur désarroi dans les rues de Béziers samedi pour demander aux pouvoirs publics d'”agir vite” face à la concurrence étrangère et à la grande distribution qui tirent les prix vers le bas et au réchauffement climatique.Au moins 4.000 manifestants, selon la préfecture, 7.000 selon les organisateurs, ont également demandé un allègement des normes, trop contraignantes selon eux.En marge du cortège, qui a défilé dans le calme, un magasin Lidl a été dégradé et saccagé, et un radar et des poubelles brûlées, selon la préfecture.Des membres de la Coordination rurale ont craqué des fumigènes jaunes et noirs à leur effigie. Côté FNSEA, le premier syndicat agricole s’est réjoui de l’affluence.”Voir toute cette mobilisation, ça fait plaisir mais je sais pas si ça fera avancer les choses. On a l’impression qu’on ne nous écoute pas, qu’on se fout de nous”, confie Carole, viticultrice de 51 ans qui produit un vin d’appellation Minervois et qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.Son exploitation de 17 ha à Pouzzoles, dans l’Aude, est dans la famille depuis trois générations mais elle “ne sait pas si on pourra la léguer à nos enfants, c’est le plus dur”. Son fils, Romain, âgé de 16 ans, ne souhaite pas reprendre l’exploitation. “Quand on voit (la situation) maintenant, c’est pas possible de se projeter car ça empire d’année en année. C’est pas vivre, c’est survivre”, explique-t-il à l’AFP.A intervalle régulier, des Biterrois ont applaudi de leurs fenêtres. “Merci !”, ont lancé des manifestants émus, leurs applaudissements se propageant au cortège. “On nous étouffe sous les normes. On nous noie sous les taxes. On nous ment sur les prix. Et pendant qu’on se bat pour survivre, d’autres exportent le vin au prix de l’eau. D’autres vendent des bouteilles au prix d’un simple café”, a affirmé Romain Angelras, président des Jeunes agriculteurs (JA) du Gard.”On nous parle aujourd’hui de souveraineté alimentaire. Mais nos politiques la sacrifie sur l’autel du libre-échange. Les vignerons ne se tairont pas. Il nous faut des réponses vite maintenant!”.Une délégation de viticulteurs doit être reçue le 24 novembre par le ministère de l’Agriculture, veille du grand salon professionnel Sitevi prévu à Montpellier du 25 au 27 novembre et où est attendu la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.Elle avait déjà reçu des représentants le 6 novembre. Selon le président des Vignerons indépendants Jean-Marie Fabre, “trois leviers” à actionner pour amorcer une sortie de crise avaient été évoqués: un soutien de trésorerie sous la forme notamment de prêts de consolidation, un nouveau plan d’arrachage à hauteur de 35.000 hectares (sur les 780.000 ha de vigne française) et davantage de soutien au plan du commerce international.- 2025, mauvais millésime -Consommation de vin des Français en recul, épisodes de gel, de grêle et de sécheresse qui se multiplient, droits de douane de Donald Trump et taxes chinoises sur le cognac et l’armagnac… “Jamais notre secteur n’avait eu à traverser en quatre ou cinq ans autant de crises avec des origines multiples, multifactorielles”, souligne Jean-Marie Fabre.”Dans toutes les zones viticoles de France, c’est compliqué”, rappelle Jean-Samuel Eynard, président de la chambre d’agriculture de Gironde, où il cultive 35 ha de vigne d’appellation Côte-de-bourg.Les difficultés sont accrues en Occitanie, premier vignoble de France en surface, aux appellations souvent moins renommées, et territoire particulièrement frappé par le changement climatique où les grappes se sont desséchées cet été sous des températures supérieures à 40 degrés.Signe de l’urgence, FNSEA/JA et Coordination rurale ont mis de côté leurs divergences et portent une vingtaine de revendications comme “la lutte contre les prix du vin abusivement bas pratiqués par les négociants et la grande distribution”, l’accès à l’eau ou encore l’assouplissement de la loi interdisant la publicité pour le vin.Tous craignent en plus que le millésime 2025 soit d’une maigreur inédite.

Foot: la sélection palestinienne “en mission” pour la paix à Bilbao

“En mission” pour la paix à Bilbao, les footballeurs palestiniens, symboles d’un sport dévasté par deux ans de conflit à Gaza, se sont inclinés (3-0) samedi soir contre l’équipe du Pays basque, lors d’un match symbolique, le premier en Europe pour leur pays.Il ne pouvait y avoir qu’un vainqueur. Et il est, sportivement, assez logique de voir la sélection basque, composée majoritairement de joueurs évoluant en première division espagnole, s’imposer. Mais les deux équipes, unies par une quête d’indépendance encore inassouvie, ont célébré côte à côte, en se tenant par les épaules,sur la pelouse de San Mamés, devant plus de 50.000 spectateurs.Et la soirée, riche en émotions, s’est terminée comme elle avait commencée, avec un message clair: le Pays basque soutient et soutiendra toujours la Palestine. Avant le coup d’envoi, un bandeau circulant sur les panneaux publicitaires de l’antre de l’Athletic Bilbao résumait la quête de la sélection palestinienne, qu’une équipe de l’AFP a suivi dans sa préparation de cette rencontre symbolique: “Dignité, liberté, paix”.”C’est difficile d’entraîner lorsque votre mère vit dans une tente de fortune. Je viens de Gaza. Nous avons perdu près de 200 personnes dans ma famille. Ma maison a été détruite”, confiait le sélectionneur Ehab Abou Jazarà l’AFP. “Mais représenter la Palestine est le plus grand honneur qui soit”.Contrairement à leur coach, la plupart des joueurs sélectionnés n’ont jamais mis les pieds dans la bande de Gaza. Ils jouent au Qatar, au Chili, en Islande, ou aux États-Unis. Mais ils sont les représentants du petit territoire dévasté par deux ans de guerre, déclenchée en réponse aux attaques sanglantes perpétrées par le mouvement islamiste Hamas en Israël le 7 octobre 2023. – “Vivre avec dignité” -Depuis, plus de championnat, plus aucun club ne fonctionne, et des centaines de sportifs ont été blessés ou tués, dont le plus célèbre joueur du pays, Suleiman Al-Obeid, 41 ans, surnommé le “Pelé palestinien”.”Dès le premier jour, ils ont pris pour cible le sport. Ils ont détruit toutes les infrastructures à Gaza, 289 au total”, accuse le président de la Fédération palestinienne de football Jibril Rajoub à l’AFP. “1.100 athlètes, employés, entraîneurs et arbitres ont été tués, dont notre capitaine (Al-Obeid). Des milliers ont été blessés, des centaines d’autres sont portés disparus. (…) Israël devrait être sanctionné”, affirme le dirigeant de 72 ans, également secrétaire général du Fatah, le parti du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.Ehab Abu Jazar, keffieh autour du cou, poursuit. “Nous sommes ici en mission. Pour délivrer un message au monde entier: le peuple palestinien mérite de vivre avec dignité”.”Il faut mettre fin à l’occupation, mettre fin à cette guerre et à ce génocide. La mort continue de frapper à Gaza, la famine aussi. Et il n’y a aucun abri”, assure-t-il, malgré le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre.Il espère, comme ses joueurs, que ce match dont tous les bénéfices seront reversés à Médecins sans frontières permettra d’accentuer “la pression” sur la communauté internationale pour une paix durable et la reconnaissance de l’Etat de Palestine.- “Toujours se relever” -“C’est le plus important: donner une voix aux Palestiniens qui n’en ont pas, et rassembler des fonds pour aider les associations humanitaires. Cet argent va beaucoup aider, notamment à reconstruire des hôpitaux, à acheminer des médicaments, etc.”, assure Yaser Hamed, né à Bilbao, formé à l’Athletic Club et qui évolue au Qatar.Le défenseur, qui parle basque et espagnol, s’estime “chanceux” de pouvoir continuer à vivre de sa passion “alors que certains Palestiniens meurent de faim”.”Cela te fait savourer chaque assiette, et toutes les petites choses dont les gens ne se rendent pas compte au quotidien”, affirme-t-il. “Nous avons cette responsabilité de donner un peu de joie à nos compatriotes qui souffrent. Il faut que tout cela cesse et que la Palestine soit enfin libre”.Son coéquipier Ahmad Alqaq, né aux États-Unis de parents palestiniens, veut croire que les rencontres contre la sélection basque et la sélection catalane, mardi à Barcelone, pourront “ouvrir les yeux du monde” sur la situation humanitaire à Gaza.”Nous ne sommes pas des politiques, mais en tant que joueurs nous donnons aux gens quelque chose à quoi s’accrocher. Avec tout ce qu’ils traversent, cela leur donne une lueur d’espoir”, explique l’ailier de 23 ans.Même si le résultat est une défaite, comme face à la Malaisie ou l’Algérie, en octobre? “On s’en remettra. C’est dans nos gènes de toujours se relever lorsque l’on tombe”.

Rugby: sans briller, la France remet la marche avant contre les Fidji

Une semaine après un revers cuisant contre l’Afrique du Sud, le XV de France a retrouvé le chemin de la victoire sans pour autant se rassurer, en l’emportant  laborieusement contre les Fidji (34-21), samedi à Bordeaux. D’un point de vue comptable, l’essentiel est là: les Bleus ont stoppé l’hémorragie en mettant fin à une sombre série de quatre revers consécutifs lancée en Nouvelle-Zélande cet été et ponctuée par la claque reçue au Stade de France voilà une semaine, dans une démonstration dont les Springboks ont fait leur marque de fabrique (32-17).Face aux Fidjiens, les hommes de Fabien Galthié ont évité l’humiliation vécue en 2018, lorsqu’ils étaient tombés piteusement face aux feux follets du Pacifique (21-14), et peuvent se tourner vers leur prochain rendez-vous, samedi prochain au Stade de France contre l’Australie.Mais en allant au-delà des considérations mathématiques, la prestation française a clairement manqué de tranchant et d’imagination.Le capitaine du soir Grégory Alldritt avait prévenu la veille: “pour être honnête, on ne pense pas forcément à la manière”. Cela s’est vu, tant ses ouailles ont semblé en panne d’inspiration sur la pelouse des Girondins de Bordeaux.- Doublé de Depoortere -La partie avait commencé pour le mieux, malgré le crachin qui avait décidé de s’abattre sur Bordeaux lors des premières minutes. Pas de quoi perturber les Bleus en début de rencontre, justes sans être géniaux, et capable de profiter des errements défensifs des Fidjiens.Pierre-Louis Barassi ne s’est pas fait prier, profitant d’un énorme intervalle laissé libre au centre du terrain pour s’engouffrer dans la brèche et servir idéalement Nicolas Depoortere, auteur de son premier essai en sélection, dans sa ville (7-0, 6e).Barassi a ensuite dû quitter ses partenaires, percuté haut par l’ailier Selestino Ravutaumada, sanctionné d’un carton jaune. Contraint de passer un protocole commotion, sans succès, le Toulousain a été remplacé par Emilien Gailleton qui a subi le même sort peu avant la demi-heure de jeu, laissant le seul Depoortere comme centre de métier dans le groupe de Fabien Galthié. Le Rochelais Oscar Jegou a alors glissé au centre, chamboulant quelque peu l’organisation tricolore.Entre temps, les Français ont profité de leur supériorité numérique pour faire parler leur puissance sur ballon porté, et sont allés aplatir derrière la ligne par Julien Marchand, avant que Louis Bielle-Biarrey ne fasse la différence en donnant un ballon d’essai au revenant Charles Ollivon (21-0, 19e), aligné pour l’occasion en deuxième ligne.Mais les coéquipiers de Grégory Alldritt n’ont pas continué à appuyer sur l’accélérateur, et ont laissé les “Flying Fijians” mettre leurs mains agiles sur le ballon.Moins d’intensité et une multitude de plaquages manqués plus tard, les Fidji ont grignoté leur retard en perforant la ligne de défense bleue, trop friable malgré les progrès promis par le sélectionneur dans la semaine.Kalaveti Ravouvou, malin pour trouver une faille entre Régis Montagne et Romain Taofifenua (28e), puis Selestino Ravutaumada y sont allés de leur essai chacun avant la pause. Puis le virevoltant Lyonnais Jiuta Wainiqolo a asséné un nouveau coup sur la tête des Français dès le retour des vestiaires, pour remettre d’emblée les deux équipes à égalité (21-21, 43e).Capables de fulgurances tout en se montrant à l’aise dans la gestion malgré quelques erreurs naïves, les Fidjiens ont montré pourquoi ils avaient fait mieux que tenir tête à l’Angleterre la semaine précédente, ne s’inclinant qu’en fin de partie à Twickenham (38-18). Secoués par le scénario et les intentions fidjiennes, les Français ont fini par relever la tête, reprenant l’avantage par deux pénalités de Thomas Ramos avant de faire un écart définitif grâce à un deuxième essai de Nicolas Depoortere (71e).De quoi soulager les plus de 40.000 spectateurs du Stade Atlantique, et sceller un succès utile, à défaut d’être rassurant.