Le pape travaille, signe qu’il va mieux selon le Vatican

Le pape François, 88 ans, hospitalisé dans un état “critique” avec une double pneumonie, a signé un décret de canonisations, preuve selon le Vatican que le pape travaille et que sa santé s’améliore.François “s’est bien reposé, toute la nuit”, a indiqué mardi le Vatican au 12e jour de son hospitalisation, après avoir fait état la veille d’une “légère amélioration”. Des nouvelles rassurantes alors que l’état de santé du pontife argentin suscite l’inquiétude à travers le monde.Le Vatican a annoncé que le pape avait reçu lundi la visite de son Secrétaire d’Etat, le cardinal italien Pietro Parolin, et de Mgr Edgar Peña Parra, respectivement N.2 et N.3 du Saint-Siège.Au cours de leur première visite depuis son admission à l’hôpital Gemelli de Rome, le pape a autorisé la canonisation de deux laïcs du Venezuela et d’Italie et convoqué un consistoire (assemblée de cardinaux), dont la date n’a pas été précisée.A court terme, “cette audience signifie que le pape va mieux”, a déclaré à l’AFP une source vaticane, même si le dernier pronostic des médecins, publié lundi soir, reste “réservé”. Un nouveau bulletin de santé est attendu mardi soir vers 18H00 GMT.François avait été initialement hospitalisé le 14 février pour une bronchite mais celle-ci a évolué en pneumonie, une infection du tissu pulmonaire potentiellement mortelle, et les fidèles prient depuis pour sa guérison.Lundi soir, le Vatican avait assuré que “l’état clinique du Saint-Père, tout en restant critique, s’est légèrement amélioré. Aucun épisode de crise respiratoire asthmatique n’est survenu aujourd’hui; certains résultats d’analyses sont meilleurs”.La “légère insuffisance rénale” qu’il présente depuis dimanche “n’inspire pas d’inquiétude” et s’il continue de recevoir de l’oxygène, c’est à “débit et pourcentage réduits”, précise-t-il.- “Bouffée d’oxygène” -Une autre source vaticane a assuré que François était en mesure de se lever et de se nourrir normalement, qu’il ne souffrait pas et gardait le moral. Selon le Vatican, il a même appelé lundi la paroisse de Gaza pour remercier ses membres d’une video de soutien qu’ils lui ont adressée. “Le monde entier prie pour vous (…) et tous vous souhaitent une bonne santé”, affirmé le prêtre entouré de ses fidèles dans cette vidéo publiée sur Vatican News.Par ailleurs, le Bureau de presse du Vatican a démenti auprès de l’AFP une information publiée lundi par l’hebdomadaire français Paris Match selon laquelle le pape serait prochainement transféré dans un autre hôpital situé sur l’île Tibérine, à Rome. Mardi soir, malgré un temps pluvieux, des centaines de fidèles sont de nouveau attendus sur la place Saint-Pierre pour prier pour la guérison de François, après une première prière lundi en présence d’une trentaine de cardinaux.Si la scène rappelait les rassemblements avant la mort de Jean-Paul II, en 2005, “il n’est pas encore temps pour lui (le pape, ndlr) d’aller au ciel”, a déclaré le cardinal hondurien Oscar Rodriguez Maradiaga. “C’est quelqu’un qui ne recule pas devant la difficulté, qui ne se décourage pas (…) et qui va de l’avant”, a-t-il ajouté au quotidien La Repubblica.L’église de la communauté argentine à Rome accueille elle aussi mardi soir une messe de soutien à leur compatriote, tandis que des fidèles d’origine vietnamienne se sont réunis mardi devant l’hôpital Gemelli en priant et en chantant, a constaté l’AFPTV.- Interrogations -Des messages de soutien ont également été envoyés par des dirigeants du monde entier. “La situation est très grave mais nous lui souhaitons de se rétablir”, a déclaré le président américain Donald Trump, tandis que son homologue français, Emmanuel Macron lui a souhaité un “prompt rétablissement”.L’état de santé du chef de l’Eglise catholique s’était dégradé samedi avec “une crise asthmatique prolongée” et des problèmes hématologiques ayant requis “une transfusion sanguine”.Cette hospitalisation, la quatrième et plus longue depuis 2021, suscite de vives inquiétudes, le pape ayant déjà été affaibli par une série de problèmes ces dernières années: il a, entre autres, subi des opérations du côlon et de l’abdomen et connu des difficultés à marcher.L’hospitalisation du pape, à la fois chef spirituel du 1,4 milliard de catholiques et chef de l’Etat de la Cité du Vatican, a relancé les interrogations autour de sa capacité à assumer ses fonctions. Le droit canonique ne prévoit aucune disposition en cas de problème grave qui altérerait sa lucidité.Elle relance également les conjectures sur la possible démission de François, qui a cependant dit plusieurs fois que ce moment n’était pas arrivé.

A 102 ans, une ancienne victime du STO réclame réparation à l’Etat français

Envoyé en Allemagne à 20 ans dans le cadre du Service du travail obligatoire, Albert Corrieri, aujourd’hui âgé de 102 ans, traduit l’Etat français devant la justice pour obtenir réparation de ses deux années de travail forcé et faire reconnaître les droits des “victimes oubliées” du STO.”C’est un procès pour l’histoire et pour la mémoire, pendant que je peux encore témoigner de ce que j’ai subi”, a déclaré mardi à la presse celui qui fut le doyen des porteurs de la flamme olympique en mai à Marseille, avant d’entrer dans la salle d’audience du tribunal administratif.Employé comme plombier dans un restaurant du Vieux-Port à Marseille, le jeune Albert Corrieri est emmené, le 13 mars 1943, dans le cadre du STO, institué par le gouvernement de Vichy pour répondre aux exigences allemandes de main d’oeuvre.”J’ai pris le train, destination inconnue. Nous sommes partis dans la ville de Ludwigshafen”, dans l’ouest de l’Allemagne, se souvient l’alerte centenaire, sa canne-siège à la main.Interné dans un camp, il charge des wagons de charbon pour soutenir l’effort de guerre allemand. Il sera blessé au bras lors des bombardements alliés. “J’ai subi plus d’une centaine de bombardements, j’ai vu un camarade mourir à côté de moi, il m’arrive encore d’en rêver”, affirme-t-il.”Nous sommes des victimes oubliées”, dit le vieil homme, qui réclame 43.200 euros (soit 10 euros de l’heure) au titre de sa rémunération pour la période de travail forcé accomplie à Ludwigshafen du 13 mars 1943 au 15 avril 1945.Tout en reconnaissant un “exil forcé organisé par l’Etat français”, la rapporteure publique a rappelé que la législation française n’accorde pas le statut de “déporté” aux Français “contraints au travail en pays ennemi”, reconnus comme “victimes civiles de guerre ayant droit à pension et avantages sociaux, ainsi qu’à une indemnité forfaitaire”. Elle a donc recommandé le rejet de la requête au motif de la prescription.Dans sa plaidoirie, Me Michel Pautot a rappelé que son client avait été “déporté par la volonté du régime de Vichy et réduit en esclavage”. “Or, a-t-il insisté, selon toutes les lois et conventions, nationales et internationales, la déportation comme la réduction en esclavage sont des crimes contre l’humanité et sont donc imprescriptibles par nature.” “Il ne peut pas y avoir de discrimination dans les crimes contre l’humanité”, a-t-il lancé.L’affaire a été mise en délibéré au 18 mars.Le 5 février, le tribunal administratif de Nice avait rejeté une requête similaire déposée par un autre ancien du STO, Erpilio Trovati, âgé de 101 ans, également défendu par Me Pautot. Une décision contre laquelle l’avocat a fait appel.Au total, entre 600 et 700.000 Français sont partis en Allemagne dans le cadre du STO. Si certains l’ont fait volontairement – souvent trompés par la propagande de Vichy -, l’immense majorité ont été emmenés contre leur gré.”Ils ne sont plus que quatre ou cinq en France”, a rappelé Me Pautot, qui “demande à la République française de +solder+ le bilan mémoriel de cette triste et tragique période”, affirmant que “Vichy est un passé qui ne passe pas”.

Les pays européens se réunissent au chevet de leur acier

Les menaces de hausse des tarifs douaniers sur l’acier agitées par Donald Trump risquent-elles d’entraîner la fermeture de toutes les aciéries européennes ? Une réunion exceptionnelle de ministres européens est prévue jeudi à Paris pour tenter de “maintenir l’acier” sur le continent qui l’a vu naître.La sidérurgie qui emploie plus de 300.000 personnes en Europe, s’inquiète d’une hausse de 25% des droits de douane décrétée mi-février aux Etats-Unis, et qui doit entrer en vigueur le 12 mars, alors que l’acier européen est déjà en grande souffrance face à la concurrence chinoise à bas coût.La commission européenne a réagi à cette annonce en estimant que de telles taxes ne “sont pas justifiées”, qu’elles seraient “illégales” et contre-productives sur le plan économique. Selon le syndicat de la sidérurgie européenne Eurofer, qui réclame des mesures de “protection”, l’UE pourrait perdre jusqu’à 3,7 millions de tonnes d’exportations d’acier vers les Etats-Unis, son deuxième plus grand marché d’exportation.Face aux menaces d’augmentation des tarifs douaniers américains, le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic s’est rendu la semaine dernière à Washington afin de tenter d’apaiser les tensions.Il a appelé à ne pas se cibler l’un l’autre sur l’acier en rappelant que la production européenne de ce métal, “très spécialisée”, était “nécessaire aux entreprises américaines”.- “Surcapacité mondiale” -Et il a appelé les Etats-Unis à se concentrer sur “la surcapacité mondiale de production”, de plus de 600 millions de tonnes, pointant la Chine sans la citer.”Historiquement, chaque continent produisait à hauteur de ses besoins, mais dans les dernières années, en raison du relatif ralentissement de l’économie chinoise qui construit moins, les surproductions d’acier venues d’Asie inondent la planète”, souligne un fabricant européen d’acier qui requiert l’anonymat.Face à cette situation, le ministre français de l’Industrie Marc Ferracci, hôte de la réunion des ministres européens prévue jeudi à Paris, a récemment proposé “d’adapter la clause de sauvegarde” sur l’acier qui limite les importations sur le marché européen depuis 2019.”Aujourd’hui, celle-ci limite les importations d’acier à 15% du marché européen de 2016″. Mais comme la consommation européenne d’acier a diminué depuis cette date, “cela équivaut en réalité à 30% du marché actuel”. Un seuil qu’il juge “trop élevé”.Il demande aussi d’adapter le mécanisme de taxe carbone aux frontières (MACF) qui doit entrer en vigueur début 2027.- “Tous à risque” -Avant même l’annonce de Donald Trump sur les tarifs douaniers, qui touche aussi l’aluminium, des milliers de suppressions d’emplois avaient été annoncés fin 2024 par le géant allemand de l’acier Thyssenkrupp. Des fermetures de sites en France ont aussi été annoncées chez le numéro deux mondial ArcelorMittal qui a en outre suspendu un projet d’investissement de 1,8 milliard d’euros dans la décarbonation de l’acier à Dunkerque (nord de la France), l’un des plus importants hauts fourneaux d’Europe.Le président d’ArcelorMittal France, Alain Le Grix de la Salle, a peint le 22 janvier un tableau très noir de la situation devant les députés français: l’acier européen est menacé par le coût trop important de l’énergie sur le Vieux Continent, par la surproduction chinoise, le niveau élevé d’importations à bas coût et le manque de demande intérieure, a-t-il expliqué.La sidérurgie en Europe “est entrée dans une crise importante et grave” a-t-il dit. “Les sites, quels qu’ils soient, sont tous à risque en Europe”.Or la sidérurgie, industrie de base, est beaucoup plus qu’un symbole en Europe.Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier) réunissant Allemagne, Italie, France,  Belgique, Pays-Bas et Luxembourg, a été le premier socle du rapprochement des Etats européens, supprimant les droits de douane et les restrictions à la libre circulation de ces produits, ce qui a favorisé la coopération économique.Plus tôt, au dix-neuvième siècle, la révolution industrielle autour de l’acier avait débuté sur le continent européen, dans les hauts fourneaux britanniques. Quant au miracle économique allemand du XXe siècle, il a aussi été nourri en partie par les hauts fourneaux de la Ruhr.

Les pays européens se réunissent au chevet de leur acier

Les menaces de hausse des tarifs douaniers sur l’acier agitées par Donald Trump risquent-elles d’entraîner la fermeture de toutes les aciéries européennes ? Une réunion exceptionnelle de ministres européens est prévue jeudi à Paris pour tenter de “maintenir l’acier” sur le continent qui l’a vu naître.La sidérurgie qui emploie plus de 300.000 personnes en Europe, s’inquiète d’une hausse de 25% des droits de douane décrétée mi-février aux Etats-Unis, et qui doit entrer en vigueur le 12 mars, alors que l’acier européen est déjà en grande souffrance face à la concurrence chinoise à bas coût.La commission européenne a réagi à cette annonce en estimant que de telles taxes ne “sont pas justifiées”, qu’elles seraient “illégales” et contre-productives sur le plan économique. Selon le syndicat de la sidérurgie européenne Eurofer, qui réclame des mesures de “protection”, l’UE pourrait perdre jusqu’à 3,7 millions de tonnes d’exportations d’acier vers les Etats-Unis, son deuxième plus grand marché d’exportation.Face aux menaces d’augmentation des tarifs douaniers américains, le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic s’est rendu la semaine dernière à Washington afin de tenter d’apaiser les tensions.Il a appelé à ne pas se cibler l’un l’autre sur l’acier en rappelant que la production européenne de ce métal, “très spécialisée”, était “nécessaire aux entreprises américaines”.- “Surcapacité mondiale” -Et il a appelé les Etats-Unis à se concentrer sur “la surcapacité mondiale de production”, de plus de 600 millions de tonnes, pointant la Chine sans la citer.”Historiquement, chaque continent produisait à hauteur de ses besoins, mais dans les dernières années, en raison du relatif ralentissement de l’économie chinoise qui construit moins, les surproductions d’acier venues d’Asie inondent la planète”, souligne un fabricant européen d’acier qui requiert l’anonymat.Face à cette situation, le ministre français de l’Industrie Marc Ferracci, hôte de la réunion des ministres européens prévue jeudi à Paris, a récemment proposé “d’adapter la clause de sauvegarde” sur l’acier qui limite les importations sur le marché européen depuis 2019.”Aujourd’hui, celle-ci limite les importations d’acier à 15% du marché européen de 2016″. Mais comme la consommation européenne d’acier a diminué depuis cette date, “cela équivaut en réalité à 30% du marché actuel”. Un seuil qu’il juge “trop élevé”.Il demande aussi d’adapter le mécanisme de taxe carbone aux frontières (MACF) qui doit entrer en vigueur début 2027.- “Tous à risque” -Avant même l’annonce de Donald Trump sur les tarifs douaniers, qui touche aussi l’aluminium, des milliers de suppressions d’emplois avaient été annoncés fin 2024 par le géant allemand de l’acier Thyssenkrupp. Des fermetures de sites en France ont aussi été annoncées chez le numéro deux mondial ArcelorMittal qui a en outre suspendu un projet d’investissement de 1,8 milliard d’euros dans la décarbonation de l’acier à Dunkerque (nord de la France), l’un des plus importants hauts fourneaux d’Europe.Le président d’ArcelorMittal France, Alain Le Grix de la Salle, a peint le 22 janvier un tableau très noir de la situation devant les députés français: l’acier européen est menacé par le coût trop important de l’énergie sur le Vieux Continent, par la surproduction chinoise, le niveau élevé d’importations à bas coût et le manque de demande intérieure, a-t-il expliqué.La sidérurgie en Europe “est entrée dans une crise importante et grave” a-t-il dit. “Les sites, quels qu’ils soient, sont tous à risque en Europe”.Or la sidérurgie, industrie de base, est beaucoup plus qu’un symbole en Europe.Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier) réunissant Allemagne, Italie, France,  Belgique, Pays-Bas et Luxembourg, a été le premier socle du rapprochement des Etats européens, supprimant les droits de douane et les restrictions à la libre circulation de ces produits, ce qui a favorisé la coopération économique.Plus tôt, au dix-neuvième siècle, la révolution industrielle autour de l’acier avait débuté sur le continent européen, dans les hauts fourneaux britanniques. Quant au miracle économique allemand du XXe siècle, il a aussi été nourri en partie par les hauts fourneaux de la Ruhr.

Allemagne: Merz en difficulté pour financer ses grands projets militaires

Sa victoire à peine proclamée aux élections, le futur chancelier allemand Friedrich Merz s’est lancé mardi dans une course contre la montre pour trouver des financements à ses grands projets, notamment le renforcement de la défense européenne.Face au rapprochement amorcé entre Donald Trump et Vladimir Poutine, le chef de file du bloc conservateur a annoncé vouloir augmenter significativement les dépenses militaires de son pays pour continuer à soutenir l’Ukraine, avec ses voisins européens.A ses yeux, il faut aussi se préparer “au pire scénario” en créant une défense européenne autonome en tant qu’alternative à “l’Otan dans sa forme actuelle”, au vu de la rupture transatlantique en cours avec Washington.Malgré le besoin d’investissements massifs, Friedrich Merz a affirmé “exclure dans un futur proche” une réforme du frein à l’endettement, qui limite dans la constitution les nouveaux emprunts annuels à 0,35% du PIB. “Si cette réforme a lieu, c’est un travail assez vaste et difficile”, a-t-il mis en garde, alors que les conservateurs sont réticents à abandonner cette règle emblématique de la rigueur budgétaire allemande. Les sociaux-démocrates, avec qui Merz veut former un gouvernement, réclament au contraire un assouplissement urgent.Ce carcan, introduit sous le mandat d’Angela Merkel et vilipendé par nombre d’économistes – y compris aujourd’hui les plus orthodoxes – a fait chuter la coalition de son prédécesseur, Olaf Scholz, en novembre dernier, qui s’est déchirée sur le financement des dépenses publiques.- “Fonds spécial” -L’autre option sur la table de Friedrich Merz est la création d’un “fonds spécial” défense, hors budget courant. Mardi, il a confirmé que “des discussions étaient en cours” avec les sociaux-démocrates et les Verts, tout en précisant vouloir d’abord faire “un état des lieux” de la situation financière du gouvernement.Le montant de cette enveloppe pourrait atteindre 200 milliards d’euros, selon l’agence Bloomberg, un chiffre non confirmé par le futur chancelier.Dans le quotidien Bild, le ministre de la Défense Boris Pistorius a estimé qu’il faudrait plus que doubler le budget de son ministère pour réaliser les investissements nécessaires. En 2024, il s’élevait à 52 milliards d’euros.Le président de la Fédération de l’armée allemande – qui représente les militaires et les civils travaillant pour l’armée – sonne de son côté l’alarme: “les trois dernières années n’ont été qu’un jeu d’enfant comparé (…) aux menaces actuelles”, a commenté le colonel André Wüstner. “Les années à venir seront décisives pour les Européens (…) s’ils veulent réellement dissuader Poutine et garantir la paix et la liberté”, a-t-il ajouté.Manoeuvre inhabituelle en période de transition politique : ce fonds spécial pourrait voir le jour avant la rentrée parlementaire du nouveau Bundestag, le 25 mars.Car dans l’assemblée issue des législatives de dimanche, le dirigeant conservateur n’aura plus la majorité des deux tiers nécessaire à son approbation.Les formations d’extrême droite (AfD) et de gauche radicale (Die Linke) auront une minorité de blocage en raison de l’affaiblissement des partis modérés aux élections.Elles devraient donc pouvoir contrecarrer les projets de Merz, auxquels elles sont opposées pour des raisons différentes — l’AfD, proche de Poutine, se dit pacifiste et die Linke préfère dépenser l’argent pour d’autres projets.Il reste donc quatre semaines au dirigeant conservateur pour trouver un terrain d’entente avec les députés sociaux-démocrates et écologistes de l’assemblée sortante.- Risques -“L’initiative de Merz pour un fonds spécial n’est ici que la deuxième meilleure solution, mais c’est tout de même une solution et il faut donc la saluer”, a estimé le président de l’institut pour l’économie mondiale (IfW), basé à Kiel (nord), Moritz Schularick, dans un entretien mardi au quotidien Rheinische Post. Pour cet institut proche des conservateurs, “la mesure la plus décisive et la plus clairvoyante serait d’exclure les dépenses de défense du frein à l’endettement”. La création d’un fonds spécial n’est cependant pas non plus sans risque comme l’illustrent les déboires passés du gouvernement Scholz.Ce dernier en avait fait adopter un de 60 milliards d’euros pour financer des investissements massifs, notamment protéger le climat, pensant ainsi pouvoir s’affranchir des règles budgétaires.Or, cette manoeuvre a été retoquée en novembre 2023 par la Cour constitutionnelle, provoquant un trou dans le budget de la coalition de Scholz, et le début de la fin de son gouvernement.

Allemagne: un eurodéputé controversé de l’AfD entre au Bundestag

Le parti allemand d’extrême droite AfD, qui a doublé son score aux législatives, a constitué mardi son nouveau groupe parlementaire dans lequel figurent des élus de l’ultra-droite abonnés aux polémiques, dont l’eurodéputé Maximilian Krah.Cet avocat de 48 ans, élu avec une large avance dans une circonscription de Chemnitz, dans l’ex-RDA, avait été banni il y a un an des instances dirigeantes du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) après plusieurs dérapages.Peu avant les élections européennes en juin 2024, il avait fait scandale en estimant qu’un SS n’était “pas automatiquement un criminel” dans un entretien avec le quotidien italien La Repubblica, ce qui avait conduit à une rupture au parlement européen avec le parti d’extrême droite français Rassemblement national.Un de ses proches collaborateurs au parlement européen avait en outre été arrêté pour des soupçons d’espionnage au profit de la Chine, et il est lui même soupçonné d’avoir accepté de l’argent d’un réseau pro-russe, ce qu’il nie formellement. Le parquet de Dresde (est) a ouvert une enquête contre lui l’été dernier.Autre personnage controversé à intégrer le groupe, Matthias Helferich, qui selon des recherches de médias allemands, entretient des liens avec les milieux néonazis de Dortmund (ouest). La direction locale de l’AfD avait essayé de l’écarter de la liste de ses candidats, mais en vain.Il avait déjà été élu en 2021, mais exclu du groupe au Bundestag après la publication d’un ancien post sur le réseau social Facebook où il se présentait comme “le visage sympathique du NS”, soit le national-socialisme, en référence au parti nazi. Moins connu en Allemagne, Dario Seifert, 31 ans, a remporté l’ancienne circonscription électorale d’Angela Merkel dans la région de Meklembourg-Poméranie-occidentale.Selon les médias, il est enraciné dans les milieux d’extrême droite locale. Il avait confirmé à un journal local avoir été membre de l’organisation de jeunesse du NPD, ancien parti néo-nazi, entre 2012 et 2014.Avec 152 députés sur un total de 630, le groupe parlementaire de l’AfD, qui restera mené par Alice Weidel et Tino Chrupalla, représente la deuxième force au Bundestag, derrière les conservateurs de la CDU/CSU, vainqueurs du scrutin de dimanche.”Nous sommes deux fois plus grand et deux fois plus efficace”, a déclaré mardi Mme Weidel, réitérant l’objectif de son parti de “dépasser la CDU” d’ici les prochaines élections.

Procès Le Scouarnec: les proches de l’ex-chirurgien entendus par la cour

Le plus jeune fils de Joël Le Scouarnec a décrit une “famille normale”, sur laquelle pesaient toutefois des “non-dits”, mardi devant la cour criminelle du Morbihan qui examine la personnalité de l’ex-chirurgien, jugé pour des viols et agressions sexuelles sur 299 patients.”Mon témoignage sera assez bref, j’étais assez petit, adolescent à l’époque, j’ai découvert les faits quand il a été interpellé en 2017″, déclare à la barre l’homme de 37 ans.Décrivant une “enfance heureuse” dans une “famille normale” avec un père “présent” notamment pour ses études, le plus jeune des trois fils de Joël Le Scouarnec a rompu tout lien avec ce dernier. “Je garde un très bon souvenir de mon père. Je pense qu’au fond de moi c’est pour ça que, depuis 2017, je n’ai plus aucun contact avec mon père car c’est l’image que je voudrais garder de lui”, explique-t-il à la cour.Dans le box, Joël Le Scouarnec, 74 ans, crâne chauve ceint de cheveux blancs et lunettes cerclées de métal, regarde son fils sans bouger.Celui-ci “ne pense pas” avoir subi d’agressions de son père, affirmant ne souffrir d’aucun “trouble ou addiction quelconque”. Il n’a “rien vu” des agissements de celui-ci, ajoute-t-il.Interrogé par la présidente sur les “non-dits” au sein de sa famille, notamment sur la condamnation de son père à de la prison avec sursis en 2005 pour détention d’images pédopornographiques, le benjamin lâche à la barre: “Ça rend un peu paranoïaque. Mon fils, je ne le laisse jamais tout à fait seul.””Je voudrais rappeler qu’il faut séparer l’homme qui est jugé du père qui a fait (en sorte) que je ne manque de rien”, dit-il, regardant son père pour la première fois, voix nouée. Ce dernier prend la main de son avocat, semble ému, baisse la tête, enlève ses lunettes, se cache les yeux. Il semble pleurer.Plus tôt dans l’après-midi, l’ex-épouse de l’accusé, dont le témoignage très attendu est prévu en fin de journée, est arrivée au tribunal dissimulée sous une ample capuche noire, portant des gants noirs et un masque chirurgical bleu clair. Assaillie de caméras, elle a dû se frayer un passage parmi les journalistes en essayant de cacher son visage avec ses mains.Elle affirme ne jamais avoir eu le moindre soupçon sur la pédocriminalité de son mari, y compris après sa condamnation de 2005, malgré des écrits de ce dernier laissant penser le contraire, dès les années 1990.- “Blocages familiaux” -Pauline, une des victimes, confie à l’AFP avant l’audience son espoir d’avoir “des réponses”. “J’espère qu’elle va nous dire la vérité surtout. On attend de savoir si elle ne savait pas ou s’il nous ment (…) On a beaucoup de doutes”.”Aujourd’hui, je trouve que c’est une étape importante du procès, vraiment (…) Et ce serait bien de savoir le début de l’histoire, même si ça n’enlève rien à ce qu’il nous a fait, parce que c’est atroce”, ajoute Pauline.Pour la Fondation pour l’enfance, qui s’est constituée partie civile, l’enjeu de l’audience est que les victimes aient “quelques réponses à leurs questions” et des clés de compréhension du “fonctionnement familial”.”Pourquoi ce silence, pourquoi cette incapacité à parler?”, s’est interrogée sa directrice Joëlle Sicamois. “Quels ont pu être les blocages familiaux, notamment de son ex-femme, mais qui sont des blocages finalement assez classiques dans notre société?”Lundi, au premier jour de ce procès prévu sur près de quatre mois, l’accusé a pris la parole pour la première fois. “Si je comparais devant vous c’est qu’effectivement un jour, alors que pour la plupart ce n’étaient que des enfants, j’ai commis des actes odieux”, a-t-il déclaré en fin d’audience, d’une voix hésitante.”Je suis parfaitement conscient aujourd’hui que ces blessures sont ineffaçables, irréparables”, a-t-il ajouté, disant vouloir “assumer la responsabilité” de ses actes.- 111 viols, 189 agressions sexuelles -L’ancien chirurgien consignait méticuleusement dans des carnets et des fichiers le nom, l’âge et l’adresse de ses victimes ainsi que les violences infligées, souvent sous couvert de geste médical.Ses journaux intimes, et l’ampleur inédite de cette affaire, ont été découverts lors d’une perquisition à son domicile en 2017, après que sa voisine de six ans l’a dénoncé auprès de ses parents pour viol.Déjà condamné en 2020 à Saintes (Charente-Maritime) à 15 ans de prison pour viols et agressions sexuelles sur quatre enfants, dont deux nièces, l’ancien médecin est désormais jugé pour des actes perpétrés entre 1989 et 2014 dans plusieurs hôpitaux de l’ouest de la France.Jugé pour 111 viols et 189 agressions sexuelles, Joël Le Scouarnec encourt une peine maximale de 20 ans de réclusion.