Grève SNCF: pagaille évitée dans les trains, polémique sur le recours aux volontaires pour remplacer les grévistes

Des perturbations localisées dans les trains régionaux et des circulations quasi normales sur les TGV: la “semaine noire” annoncée à la SNCF n’atteint pas l’ampleur espérée par les syndicats contestataires du groupe, qui accusent la direction d’avoir eu recours à des “briseurs de grève”.”Il y a une volonté d’invisibiliser complètement le conflit”, s’indigne le secrétaire fédéral SUD-Rail, Fabien Villedieu. Son syndicat, en pointe dans la contestation, appelait les conducteurs à se mettre en grève mercredi, puis les contrôleurs pour tout le week-end à partir de vendredi.La CGT-Cheminots appelait elle toutes les catégories de personnel à la mobilisation dès lundi. Les deux organisations syndicales réclament des mesures salariales et une meilleure anticipation des plannings, trop imprévisibles à leur goût.Les deux autres syndicats, l’Unsa-Ferroviaire et la CFDT-Cheminots, n’ont pas appelé à la grève.”On estime qu’il y a 40% de conducteurs de train en grève” dans toute la France mercredi, assure Fabien Villedieu. Les régions les plus touchées sont l’Ile-de-France avec une moyenne d’un train sur deux supprimés et la Nouvelle-Aquitaine avec seulement quatre TER sur dix en circulation. Les TGV roulent eux normalement.En début de semaine, les perturbations ont surtout concerné les Hauts-de-France, place forte de la CGT. Côté TGV, la grève des contrôleurs des 9, 10 et 11 mai n’entraînera la suppression que de 10% des trains, selon la direction.- Cadres volontaires -La SNCF est parvenue à limiter les effets de la grève par un recours massif aux “volontaires accompagnement occasionnel” (VAO), des cadres de l’entreprise ayant reçu une formation express et capables de remplacer ponctuellement les chefs de bord.Ces “mercenaires briseurs de grève” sont des “gens archi sous-formés et archi-surpayés”, s’emporte M. Villedieu. Les VAO bénéficient de sept jours de formation et sont rémunérés entre 15 et 50 euros de l’heure en fonction du type de service pour remplacer les contrôleurs grévistes.”Ca n’est pas acceptable d’instrumentaliser de cette manière l’encadrement”, a réagi la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. SUD-Rail a annoncé son souhait d’attaquer ce dispositif en justice.Pour autant, d’après un cadre syndical de la SNCF, “le mouvement n’est pas aussi suivi qu’ils (CGT et SUD) le pensaient”. Certaines régions ont été quasiment épargnées, comme le Centre-Val-de-Loire, où l’on comptait 16% de grévistes chez les conducteurs mardi.Chez les contrôleurs, le taux de gréviste atteint 31% pour vendredi, dont environ 60% sur le TGV, selon les déclarations d’intention des salariés. Il pourrait être un peu plus élevé samedi, indique un document interne à la direction. – Grève en juin -“Chez les contrôleurs, cette grève n’est pas aussi populaire que les précédentes”, souligne le rédacteur de la lettre spécialisée Mobilettre et spécialiste des transports, Gilles Dansart.D’après lui, les jeunes contrôleurs ne sont pas en phase avec les plus âgés, rassemblés au sein du Collectif national ASCT (CNA), et très engagés sur les questions des fins de carrière et des droits à la retraite.”La majorité des syndicats ne cautionnent pas les mouvements catégoriels”, ajoute-t-il. La “semaine noire” a été évitée mais “l’hypothèse d’un conflit important n’était pas crédible”, juge-t-il.La stratégie mise en place par la direction avec le recours aux VAO a en plus été efficace, dit Gilles Dansart.Pour autant, les syndicats sont loin d’avoir rendu les armes. “La colère restera et il y aura des suites dans la mobilisation. On ne s’arrêtera pas là”, prévient Fabien Villedieu de SUD-Rail. La CGT-Cheminots a d’ores et déjà appelé les cheminots à une nouvelle journée de mobilisation le 5 juin.Après l’échec du dernier mouvement contre le démantèlement de Fret SNCF en fin d’année dernière, les syndicats contestataires jouent gros sur ce dossier.

Grève SNCF: pagaille évitée dans les trains, polémique sur le recours aux volontaires pour remplacer les grévistes

Des perturbations localisées dans les trains régionaux et des circulations quasi normales sur les TGV: la “semaine noire” annoncée à la SNCF n’atteint pas l’ampleur espérée par les syndicats contestataires du groupe, qui accusent la direction d’avoir eu recours à des “briseurs de grève”.”Il y a une volonté d’invisibiliser complètement le conflit”, s’indigne le secrétaire fédéral SUD-Rail, Fabien Villedieu. Son syndicat, en pointe dans la contestation, appelait les conducteurs à se mettre en grève mercredi, puis les contrôleurs pour tout le week-end à partir de vendredi.La CGT-Cheminots appelait elle toutes les catégories de personnel à la mobilisation dès lundi. Les deux organisations syndicales réclament des mesures salariales et une meilleure anticipation des plannings, trop imprévisibles à leur goût.Les deux autres syndicats, l’Unsa-Ferroviaire et la CFDT-Cheminots, n’ont pas appelé à la grève.”On estime qu’il y a 40% de conducteurs de train en grève” dans toute la France mercredi, assure Fabien Villedieu. Les régions les plus touchées sont l’Ile-de-France avec une moyenne d’un train sur deux supprimés et la Nouvelle-Aquitaine avec seulement quatre TER sur dix en circulation. Les TGV roulent eux normalement.En début de semaine, les perturbations ont surtout concerné les Hauts-de-France, place forte de la CGT. Côté TGV, la grève des contrôleurs des 9, 10 et 11 mai n’entraînera la suppression que de 10% des trains, selon la direction.- Cadres volontaires -La SNCF est parvenue à limiter les effets de la grève par un recours massif aux “volontaires accompagnement occasionnel” (VAO), des cadres de l’entreprise ayant reçu une formation express et capables de remplacer ponctuellement les chefs de bord.Ces “mercenaires briseurs de grève” sont des “gens archi sous-formés et archi-surpayés”, s’emporte M. Villedieu. Les VAO bénéficient de sept jours de formation et sont rémunérés entre 15 et 50 euros de l’heure en fonction du type de service pour remplacer les contrôleurs grévistes.”Ca n’est pas acceptable d’instrumentaliser de cette manière l’encadrement”, a réagi la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. SUD-Rail a annoncé son souhait d’attaquer ce dispositif en justice.Pour autant, d’après un cadre syndical de la SNCF, “le mouvement n’est pas aussi suivi qu’ils (CGT et SUD) le pensaient”. Certaines régions ont été quasiment épargnées, comme le Centre-Val-de-Loire, où l’on comptait 16% de grévistes chez les conducteurs mardi.Chez les contrôleurs, le taux de gréviste atteint 31% pour vendredi, dont environ 60% sur le TGV, selon les déclarations d’intention des salariés. Il pourrait être un peu plus élevé samedi, indique un document interne à la direction. – Grève en juin -“Chez les contrôleurs, cette grève n’est pas aussi populaire que les précédentes”, souligne le rédacteur de la lettre spécialisée Mobilettre et spécialiste des transports, Gilles Dansart.D’après lui, les jeunes contrôleurs ne sont pas en phase avec les plus âgés, rassemblés au sein du Collectif national ASCT (CNA), et très engagés sur les questions des fins de carrière et des droits à la retraite.”La majorité des syndicats ne cautionnent pas les mouvements catégoriels”, ajoute-t-il. La “semaine noire” a été évitée mais “l’hypothèse d’un conflit important n’était pas crédible”, juge-t-il.La stratégie mise en place par la direction avec le recours aux VAO a en plus été efficace, dit Gilles Dansart.Pour autant, les syndicats sont loin d’avoir rendu les armes. “La colère restera et il y aura des suites dans la mobilisation. On ne s’arrêtera pas là”, prévient Fabien Villedieu de SUD-Rail. La CGT-Cheminots a d’ores et déjà appelé les cheminots à une nouvelle journée de mobilisation le 5 juin.Après l’échec du dernier mouvement contre le démantèlement de Fret SNCF en fin d’année dernière, les syndicats contestataires jouent gros sur ce dossier.

Sur une île écossaise, les difficultés d’une distillerie aggravent la crainte du dépeuplement

A la distillerie de Harris, il n’est pas seulement question de whisky: cette entreprise a permis à des dizaines de jeunes de rester travailler sur cette île du nord de l’Ecosse qui se dépeuple. Mais un plan social vient d’être annoncé et avec lui, la crainte de l’exode des locaux grandit.Quand on arrive en ferry à Tarbert, c’est d’abord le bâtiment blanc de la distillerie que l’on voit, dressé dans le petit port. Elle est la fierté locale, avec son gin et son whisky aux multiples récompenses qui se vendent aux quatre coins du monde. “Je dis souvent que le monde n’avait pas besoin d’un nouveau whisky, mais que l’île, elle, en avait besoin”, raconte Shona MacLeod, qui a fait partie des dix premiers salariés. Mais dix ans après son ouverture, la distillerie est rattrapée par la crise qui frappe le whisky depuis plusieurs mois.L’objectif initial était de “créer des emplois à long terme pour les gens” alors que la population de Harris a baissé d’environ 50% en 50 ans, les jeunes étant forcés de partir pour trouver du travail, explique Shona MacLeod. Il y a environ 1.800 habitants sur cette île battue par les vents, connue pour ses plages à l’eau turquoise.- “Triste” -La distillerie compte une cinquantaine de salariés, avec une moyenne d’âge de 32 ans.Quand l’AFP l’a visitée, plusieurs d’entre eux avaient du mal à dissimuler leur émotion: des suppressions d’emplois ont été annoncées fin avril. L’entreprise n’a pas encore annoncé combien sont concernés, misant d’abord sur les départs volontaires.”C’est désespérément triste”, reconnaît Ron MacEachran, le directeur financier, les larmes aux yeux. Lui aussi a ses racines là, plus précisément à Scalpay, une petite île à quelques kilomètres reliée par un pont depuis 1997. Il se souvient quand la région était “florissante”, il y a des décennies, avec un port prospère et 80 enfants inscrits à l’école du village.”Nous avons reporté le plus possible la décision de réduire le personnel, mais il a fallu la prendre (…) pour permettre à l’entreprise de naviguer à travers ce qui semble être un défi qui va durer”. Le directeur financier met en avant plusieurs facteurs pour expliquer la crise du whisky: une surproduction, des changements dans les habitudes des consommateurs, la volatilité internationale. Les droits de douane de 10% imposés par Donald Trump, alors que les Etats-Unis sont les premiers importateurs de whisky écossais, “participent à créer de l’incertitude”.  – “Meilleur job” -Alors quel avenir pour le “Hearach”, le whisky star de la distillerie? Son nom désigne en gaélique les personnes nées et élevées à Harris. Et le gin, servi dans les bars branchés de Londres? Il doit son goût particulier à un ingrédient local: la laminaire sucrée, une algue récoltée à la main dans la mer autour de Harris.Le whisky et le gin sont fabriqués par une équipe de cinq distillateurs.”Après le Covid, j’étais prêt à quitter l’île pour commencer ma carrière” face à la difficulté de trouver un travail, avait raconté avant l’annonce du plan social l’un d’eux, Donald MacRae, 27 ans. Il s’était imaginé professeur de sport sur le continent, puis il a vu que la distillerie recrutait.Il a finalement acheté une maison sur l’île. Sa petite amie travaille également à la distillerie.”Mes racines sont ici”. “Beaucoup de jeunes sont heureux de vivre ici, ce sont juste les opportunités qui manquent”, avait-il expliqué.”C’est le meilleur job que j’ai eu”, se félicitait son collègue Thomas MacRae, également âgé de 27 ans. Lui était prêt à partir pour Glasgow avant d’être embauché à la distillerie: “je ne le voulais pas mais je pensais qu’il le fallait pour travailler”. En raison du plan social, “des jeunes salariés pourraient avoir à quitter l’île”, regrette Shona MacLeod.”Mais nous avons eu du succès et nous en aurons encore”, espère-t-elle.C’est “un gros caillou sur la route” mais l’objectif de la distillerie “ne va pas changer”, affirme Ron MacEachran. Il promet de “poursuivre l’aventure pour offrir des emplois sur l’île et stimuler l’économie” locale. “Nous avons quelque chose de très précieux ici”, vante le directeur, fier de son gin et son whisky. De plus, une lueur d’espoir est aussi arrivée mardi dans le monde des spiritueux: le Royaume-Uni a signé un accord commercial avec l’Inde, ce qui devrait fortement augmenter les exportations vers ce pays qui raffole de whisky. 

L’écrivain Angelo Rinaldi est mort, annonce l’Académie française

L’écrivain, critique littéraire et académicien Angelo Rinaldi, prix Femina 1971, est mort mercredi à l’âge de 84 ans, a annoncé l’Académie française.”Le Secrétaire perpétuel et les membres de l’Académie française ont la tristesse de faire part de la disparition de leur confrère, Angelo Rinaldi, survenue ce mercredi 7 mai, à Paris”, a indiqué l’Académie dans un communiqué.Il avait été élu parmi les Immortels en 2001, au fauteuil 20.Né à Bastia le 17 juin 1940, dans une famille de bergers, il était le fils d’un résistant. Il avait quitté la Corse à 20 ans, pour ne presque jamais y revenir, même s’il n’oublia jamais la langue corse.Son métier de toujours est resté celui de journaliste, d’abord comme reporter et chroniqueur judiciaire dans des quotidiens comme Nice-Matin et Paris-Jour, puis comme chroniqueur et critique littéraire dans des parutions hebdomadaires: L’Express, Le Point, Le Nouvel Observateur, Le Figaro littéraire.Il connaît la consécration des prix d’automne à 31 ans seulement avec son deuxième roman, “La Maison des Atlantes”, une confession, au soir de sa vie, d’un avocat originaire de Corse.Comme critique littéraire, il était connu comme extrêmement exigeant quant au style, ce qui lui valut des jugements sévères sur des écrivains aujourd’hui consacrés, comme Milan Kundera, Marguerite Duras ou Patrick Modiano.”J’ai toujours écrit ce que je pensais. Je ne dis pas que j’ai toujours eu raison. Il faut choisir entre son métier ou sa carrière. Si vous écrivez ce qui enchantera l’éditeur ou l’auteur, vous faites carrière, mais vous ne faites pas votre métier de critique littéraire”, disait-il à La Revue des deux mondes en 2024.En mars avait été réédité un recueil de 58 chroniques sous le titre “Les Roses et les Épines”.

Dans un hameau rasé de Cisjordanie, résister à la colonisation israélienne en restant

Juché sur ce qui fut sa maison, Haitham Dababseh aide son père à dégager les gravats. Immortalisé dans un documentaire oscarisé, leur hameau de Khallet Al-Dabaa n’est plus qu’un champ de ruines depuis que les bulldozers israéliens sont passés par là.Dans cette région du sud de la Cisjordanie occupée, les habitants palestiniens subissent depuis des décennies les violences de colons israéliens et les démolitions menées par l’armée, mais c’est la première fois qu’un hameau de cette taille est intégralement rasé.Ils “sont venus par le passé et ont démoli trois fois, quatre fois, mais c’est la plus grande entreprise de démolition qu’on ait jamais vue”, explique Haitham Dababseh à l’AFP.”Je n’ai plus que mes vêtements, tout le reste est sous les décombres”, ajoute l’agriculteur de 34 ans.Derrière lui, son père de 86 ans peine à dégager la porte de leur ancienne demeure pour faire place à leur prochain abri, une tente.L’armée israélienne a indiqué de son côté que “les autorités chargées de l’application de la loi (…) ont démantelé plusieurs structures illégales construites dans une zone militaire fermée” près d’Hébron. Elle précise que cette mesure a été prise à l’issue “de toutes les procédures administratives requises”.Khallet al-Dabaa, comme d’autres localités de la région de Masafer Yatta, figure en bonne place dans “No Other Land”, Oscar du meilleur documentaire, qui retrace la résistance des habitants face aux colons et à l’armée.Depuis la consécration de ce film israélo-palestinien à Hollywood en mars, plusieurs des localités qui y apparaissent ont été la cible de nouvelles attaques ou de démolitions.- “Laissez-moi vivre” -L’armée israélienne a désigné la zone, où vivent un gros millier de personnes réparties entre plusieurs villages, comme terrain de tir militaire depuis les années 1970. Régulièrement, elle y démantèle des bâtisses, qualifiées d’illégales.Autrefois, bon nombre d’habitants vivaient dans des grottes blotties dans la roche. Puis ils ont érigé quelque 25 habitations, même après la militarisation de la zone.Premier dans sa famille à être né dans un hôpital et non pas dans une grotte, Haitham Dababseh déplore que les décombres du village bloquent désormais l’accès à l’antre où sont nés son père et son grand-père.Au centre de Khallet Al-Dabaa, où vivent une centaine de personnes, ce qui faisait office de centre médical et maison communautaire n’est plus qu’un amas de béton brisé.Au sol gisent encore quelques carreaux –mais plus aucun mur autour– et un carnet de santé recouvert de poussière.Sur la paroi de la seule structure encore debout, une peinture murale supplie “Laissez-moi vivre”.- Le ciel pour couverture -La communauté internationale “fournit une aide de base qui permet aux Palestiniens de survivre, mais pas de protection”, regrette Mohammed Rabaa, président du conseil du village voisin de Tuwani.Du doigt, il désigne les collines encerclant le hameau détruit, toutes surmontées d’avant-postes tenus par des colons israéliens.”Depuis le début de la guerre à Gaza [en octobre 2023], neuf avant-postes ont germé dans la région de Masafer Yatta”, affirme Mohammed Rabaa.Les colons qui y habitent “attaquent les maisons, brûlent des biens, détruisent et vandalisent” en toute impunité, voire avec la protection de l’armée, pour pousser les Palestiniens à partir, selon lui.”Ils ne veulent pas d’une présence palestinienne”, dit-il.La colonisation juive en Cisjordanie, où vivent aujourd’hui environ 500.000 Israéliens au milieu de quelque trois millions de Palestiniens, est régulièrement dénoncée par l’ONU comme illégale au regard du droit international.Israël n’en a cure et, mardi, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, colon d’extrême droite, a dit espérer que son gouvernement annexerait formellement la Cisjordanie avant la fin de la législature, en novembre 2026.A 76 ans, dont 60 passés à Khallet Al-Dabaa, Oum Ibrahim Dababseh assure qu’elle ne quittera jamais les lieux.”Je leur ai dit +Creusez ma tombe ici même+”, confie-t-elle, en racontant comment des soldats l’avaient traînée hors de chez elle.”Je n’ai même pas eu le temps de m’habiller correctement, je faisais le ménage chez moi”, ajoute-t-elle, assise avec ses petites-filles à l’ombre d’un olivier.Tout près, des proches fouillent parmi les gravats.Comme Oum Ibrahim, avec qui il a des liens de parenté éloignés, Haitham Dababseh refuse de partir.”La nuit dernière, j’ai dormi là”, dit-il en désignant un lit installé à même le sol rocailleux et exposé aux éléments. “J’ai un lit, très bien… Le ciel sera ma couverture, mais je ne partirai pas”.

A Berlin, le Mémorial de l’Holocauste lutte face à l’érosion mémorielle

Un champ de pierres tombales, étrangement silencieux, en plein coeur de Berlin: si le Mémorial de l’Holocauste, inauguré il y a tout juste 20 ans, ne laisse personne indifférent, les craintes d’une érosion de la culture mémorielle allemande le gagnent aussi.Quatre-vingts ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, que le monde s’apprête à commémorer, le mémorial dédié aux millions de Juifs assassinés par les Nazis est devenu un symbole puissant de la détermination de l’Allemagne à s’assurer que les crimes de la Shoah ne seront pas oubliés.Depuis son inauguration en mai 2005, ce dédale de 2.711 sombres stèles de béton a attiré des millions de visiteurs.”Les gens le trouvent assez effrayant parce que même s’il est ouvert à la ville, vous pouvez y disparaître et perdre un enfant, par exemple”, explique à l’AFP l’architecte Peter Eisenman, 92 ans, dont le cabinet new-yorkais a conçu le mémorial.Mais l’idée “n’était pas de faire en sorte que les gens se sentent mal ou coupables ou quoi que ce soit”, a-t-il dit, dédouanant les enfants qui “jouent à cache-cache” ou les adultes qui “bronzent sur les piliers”.”Vous êtes censé faire ce que vous voulez”, assure-t-il.L’idée d’établir un mémorial central de l’Holocauste à Berlin est née dans les années 1980, mais le projet a été longtemps retardé, paradoxalement par crainte qu’il nourrisse l’antisémitisme.Le parlement allemand l’a finalement acté en 1999 et le mémorial, qui comprend un centre d’information en sous-sol, a officiellement ouvert le 10 mai 2005.- “Calme et paisible” -L’endroit étant accessible jour et nuit, gratuitement et sans contrôle, il n’y a pas de statistiques sur sa fréquentation. Mais selon Uwe Neumärker, le responsable de la fondation qui le gère, “tous ceux qui visitent Berlin visitent également ce mémorial”.Tous les jours et par tout temps, des groupes de touristes errent au milieu des stèles.Venu d’Angleterre, Clifford Greenhalgh, 74 ans, salue “la nation allemande” pour avoir créé un monument “inoubliable”.Pour Polina Chernyavskaya, 24 ans, une étudiante originaire du Kazakhstan, la visite du mémorial était un “incontournable”.”Pendant que je marche ici, je me sens très calme et paisible”, comme “dans un cimetière”, a-t-elle ressenti.La commémoration régulière de la Shoah et des autres atrocités nazies a longtemps été un marqueur de l’Allemagne d’après-guerre.Mais 80 ans après, les derniers témoins directs de ce génocide disparaissent. Et les craintes que cette culture de la mémoire ne s’efface progressivement se font plus fortes. Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), désormais placé en tête de certains sondages dans le pays, veut rompre avec la tradition de repentance.Figure de son aile la plus radicale, Björn Höcke a en 2017 dénoncé un “mémorial de la honte”.Pendant la dernière campagne des législatives, le milliardaire américain Elon Musk, fervent soutien de l’AfD, a estimé que l’Allemagne ressassait trop ses fautes du passé.- Un “tournant” ? -Dans une étude publiée en avril par EVZ, une fondation dédiée à la culture du souvenir, plus de 38% des personnes interrogées ont déclaré qu’il était temps de “tirer un trait” sur le national-socialisme.Pour la première fois dans cette enquête, réalisée quatre fois depuis 2018, plus d’Allemands étaient d’accord avec cette affirmation qu’en désaccord.Pour Veronika Hager, consultante de l’EVZ, ce résultat peut être vu comme un “tournant”.”Pour de plus en plus de gens, le national-socialisme est une époque historique parmi tant d’autres, qui n’a plus grand-chose à voir avec le présent”, estime-t-elle.Le mémorial de l’Holocauste avait été plutôt épargné par la montée récente des attaques antisémites. Jusqu’à une attaque au couteau commise en février: un touriste espagnol a été gravement blessé. Le suspect syrien arrêté avait, selon la police, “l’intention de tuer des Juifs”.Par “ces temps difficiles”, Uwe Neumärker estime qu'”un mémorial comme celui-ci est plus important que jamais”.L’architecte Peter Eisenman se veut optimiste. Il pense lui avoir réalisé “un bon mémorial”, à la fois “abstrait”, “pas kitsch” et “très sérieux”, qui tiendra “longtemps”. 

Sri Lanka ruling party wins local elections

Sri Lanka’s leftist government won local council elections but with significantly lower margins, in its first test since sweeping national polls last year, official results showed on Wednesday.President Anura Kumara Dissanayake’s coalition received the most votes in 265 out of the 339 councils, but fell short of an outright majority in about half of them.The main opposition SJB won just 14 councils, while the country’s main minority Tamil party, the Tamil National Alliance, performed better, winning 35.The parties of former presidents Ranil Wickremesinghe and Mahinda Rajapaksa failed to win control of a single council, but between them secured 1,123 of the 8,299 council seats.The leftist NPP will need the support of other parties to control about 130 councils where it fell short of an absolute majority, but has ruled out any coalition with traditional parties.Dissanayake’s NPP vote share fell to 43.3 percent, down from the 61.6 percent it secured at the November parliamentary election. The main opposition SJB made a marginal gain, reaching 21.7 percent, up from 17.70 percent.Dissanayake, who upset the more established parties to win the September presidential election, built on his popularity to secure the parliamentary vote held two months later.The 56-year-old has made a U-turn since coming to power on his pledge to renegotiate the terms of an unpopular IMF bailout agreed by his predecessor, and has maintained high tariffs.He had turned the local elections into a referendum on his six-month-old administration, saying it was essential for his party to secure local councils so that all layers of government were “free of corruption and endemic waste”.About 60 percent of the 17.14 million electorate turned out to vote on Tuesday, down from nearly 70 percent in November and 80 percent in the September presidential vote.The campaign was lacklustre, with no high-profile figures in the running.