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Wall Street termine en berne, les perspectives économiques américaines inquiètent

La Bourse de New York a terminé en nette baisse mercredi, lestée par les perspectives moroses de la banque centrale américaine (Fed) quant à l’état de santé de l’économie des Etats-Unis, et par l’escalade dans la guerre commerciale entre Pékin et Washington.L’indice Nasdaq, où se concentre le secteur technologique, a plongé de 3,07%, l’indice élargi S&P 500 a perdu 2,24% et le Dow Jones a reculé de 1,73%.Déjà dans le rouge à l’ouverture, la place américaine a été plombée de plus belle par les propos du patron de la Fed, Jerome Powell, qui a estimé que les droits de douane voulus par le président américain Donald Trump placent la banque centrale face à une situation “compliquée dans laquelle nos deux objectifs sont en tension”.La Fed est chargée d’un double mandat, sans priorité, entre le maintien de l’inflation proche de sa cible de long terme de 2% de hausse en rythme annuel, tout en assurant les conditions économiques propices au plein emploi.Jerome Powell “a transformé ce qui était une journée de baisse modérée en une glissade assez spectaculaire”, a résumé auprès de l’AFP Jack Albin de Cresset Capital.Lors d’un événement du club de l’économie de Chicago, M. Powell a jugé que “les droits de douane vont très certainement entraîner au moins une hausse temporaire de l’inflation” avec la possibilité que “les effets inflationnistes soient également persistants”.”L’ampleur des droits de douane dépasse tout ce que la Fed a pu modéliser”, a constaté auprès de l’AFP Christopher Low, de FHN Financial. Côté indicateur, le marché a fait fi de l’accélération des ventes au détail en mars publiées mercredi (+1,4% à 734,9 milliards de dollars).Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est détendu à 4,28% vers 20H20 GMT contre 4,33% la veille en clôture.L’indice de volatilité Vix, surnommé indice de la peur, qui mesure la nervosité des investisseurs sur le marché, a quant à lui progressé de plus de 10%.En outre, le secteur des semiconducteurs, déjà miné par mercredi par la guerre commerciale lancée par Trump, s’est aussi enfoncé de plus belle après le discours de M. Powell. Les géants du secteur des semiconducteurs Nvidia et AMD ont plongé de plus de 10% à Wall Street en séance, avant de terminer respectivement à -6,87% et -7,35%.Nvidia a perdu près d’un quart de sa valorisation depuis l’investiture de Donald Trump, fin janvier.Taiwan Semiconductor Manufacturing (TSMC) a perdu 3,60% et Broadcom 2,43%.”L’angoisse de la guerre commerciale (…) est revenue après les mesures prises par Pékin à l’encontre de Boeing et l’obligation faite par les États-Unis à Nvidia d’obtenir des licences d’exportation pour exporter ses puces” vers la Chine et d’autres pays, commente pour sa part Marc Chandler de Bannockburn Global Forex.Dans un document transmis à la SEC, le gendarme boursier américain, Nvidia a précisé que le gouvernement américain l’a informé la semaine dernière qu’il devrait désormais obtenir une licence pour exporter certaines puces utilisée pour l’intelligence artificielle (IA) vers la Chine et d’autres pays.La Chine, qui riposte systématiquement aux surtaxes douanières américaines, a suspendu toute réception d’avions fabriqués par le constructeur américain Boeing (+0,57%).Ailleurs, à la cote, le loueur de véhicules Hertz a terminé en orbite (+56,44%) après que le fonds de l’investisseur Bill Ackman a racheté 12,7 millions d’actions du groupe.La compagnie aérienne américaine United Airlines a terminé à l’équilibre (+0,01%) après avoir indiqué mercredi qu’elle n’anticipait pas d’impact direct sur le prix de ses nouveaux avions du fait des nouveaux droits de douane imposés sur les importations aux États-Unis.

Les Bourses mondiales rivées sur les tensions commerciales, Nvidia sous pression

Les Bourses mondiales évoluent toujours mercredi au gré des tensions commerciales entre Pékin et Washington, qui plombent particulièrement Nvidia et les valeurs technologiques.En Europe, après une séance dans le rouge, les marchés ont finalement fait le pari d’avancer en fin de journée. Francfort a fini en hausse de 0,27%, Londres de 0,32% et Milan de 0,62%. Paris est restée à l’équilibre (-0,07%).A Wall Street, en revanche, les indices s’incrivaient en baisse: vers 15H40 GMT, le Dow Jones cédait 0,27%, le Nasdaq 1,84% et le S&P 500 0,95%.”Les marchés restent fragiles, à l’affût de la moindre déclaration ou information sur la politique douanière de Donald Trump”, même si “la volatilité est moins forte qu’il y a quelques jours”, explique à l’AFP Andrea Tueni, analyste pour Saxobank.Les investisseurs s’inquiètent “d’un durcissement de la guerre commerciale”, relève Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank.Pékin et Washington continuent de se renvoyer la balle sur les droits de douane, alimentant l’incertitude quant à l’issue du conflit commercial engagé par le président américain depuis le début de son mandat.Imposée à 145% sur ses exportations, la Chine a suspendu toute réception d’avions fabriqués par le constructeur américain Boeing. La Poste de Hong Kong a de son côté arrêté les envois de colis vers les Etats-Unis.”Si les Etats-Unis veulent véritablement résoudre le problème par le dialogue et la négociation, ils doivent (…) cesser de menacer et de faire du chantage”, a dit mercredi Lin Jian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.La veille, la porte-parole de la Maison-Blanche Karoline Leavitt avait affirmé que la balle était “dans le camp de la Chine”.Nvidia tousse, la tech s’enrhumeLe titre du numéro un mondial des puces électroniques Nvidia dévissait de 6,20% à Wall Street vers 15H50 GMT, après avoir annoncé mardi soir que ses résultats du premier trimestre décalé devraient inclure jusqu’à environ 5,5 milliards de dollars de charges exceptionnelles.En cause, une décision du gouvernement américain l’ayant informé qu’il devrait désormais obtenir une licence pour exporter certaines puces d’intelligence artificielle (IA) vers la Chine et d’autres pays, selon un document envoyé à la SEC.Les autres valeurs américaines de la tech reculaient aussi: Meta cédait 1,80%, Apple 1,89% et Microsoft 1,67%.Le secteur des semi-conducteurs souffre aussi de la chute du néerlandais ASML, de près de 5,19%, après des résultats décevants. Le PDG du groupe a déclaré que les annonces liées aux tarifs douaniers avaient “accru l’incertitude”.Les valeurs européennes de la branche ont suivi le mouvement: Soitec a perdu 1,85% et STMicroelectronics 1,35% à Paris. Infineon a cédé 1,27% à Francfort.Le dollar à la peineLe dollar souffre depuis plusieurs jours d’une “érosion de la confiance” des investisseurs en raison de la politique commerciale erratique de Trump, note Stephen Innes, analyste chez SPI AM.Depuis le 2 avril, date de l’annonce des droits de douane américains colossaux visant les importations de la plupart des pays et déjà partiellement suspendus, le dollar a cédé environ 5% face à l’euro.Mercredi, vers 15H30 GMT, le billet vert perdait encore 0,78% face à la monnaie unique européenne, à 1,1375 dollar pour un euro.En revanche, le marché de la dette américaine se stabilise, après une flambée des taux d’intérêt la semaine dernière en raison d’une perte de confiance des investisseurs. Vers 15H40 GMT, le rendement de l’obligation à dix ans atteignait 4,32%, contre 4,34% mardi.Nouveau record de l’or, le pétrole bonditL’or, considéré comme la valeur refuge par excellence, s’est hissé mercredi à un nouveau record historique, à 3.325,17 dollars l’once. Vers 15H40 GMT, elle atteignait 3.323,70 dollars.Le métal précieux est le principal gagnant de l’incertitude qui entoure actuellement l’économie mondiale et la perte de confiance envers les actifs américains.Les tensions commerciales pourraient provoquer une chute des échanges de marchandises dans le monde jusqu’à 1,5% en volume en 2025, a averti l’OMC mercredi.Côté pétrole, les prix montaient, sur fond de croissance meilleure qu’attendue cette année en Chine, première importatrice mondiale.Vers 15H40 GMT, le baril de WTI américain prenait 2,02% à 62,57 dollars et celui de Brent de la mer du Nord de 1,87% à 65,88 dollars.

Guerre commerciale: la directrice générale l’OMC “très préoccupée”

L’incertitude autour du commerce mondial déclenchée par le président américain Donald Trump pourrait “avoir de sévères conséquences négatives”, en particulier pour les économies les plus vulnérables, a averti mercredi la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, qui craint un “découplage” commercial entre les Etats-Unis et la Chine.La suspension temporaire des droits de douane punitifs américains, sauf pour la Chine, atténue la contraction des échanges mais le recul du commerce mondial de marchandises pourrait atteindre jusqu’à 1,5% en volume en 2025, en fonction de la politique douanière de Donald Trump, selon les prévisions annuelles de l’Organisation mondiale du commerce.”Je suis très préoccupée”, a déclaré Mme Okonjo-Iweala lors d’une conférence de presse, indiquant que l’OMC s’attendait à un effondrement de 81% du volume commercial entre les Etats-Unis et la Chine. “L’incertitude persistante menace de freiner la croissance mondiale, avec de sévères conséquences négatives pour le monde, en particulier pour les économies les plus vulnérables”, a-t-elle ajouté dans un communiqué.- Oublier l’expansion -L’OMC s’attendait à une expansion continue du commerce mondial en 2025 et 2026. Mais l’organisation a revu sa copie face à la guerre commerciale.”Dans les conditions actuelles”, à savoir en prenant en compte la suspension annoncée par le président américain Trump de ses droits de douane colossaux contre le reste du monde, à l’exception de la Chine, “le volume du commerce mondial des marchandises devrait diminuer de 0,2% en 2025”, avant d’afficher une “reprise modeste” de 2,5% en 2026, selon l’OMC.Mais “il existe d’importants risques de détérioration, comme l’application de droits de douane réciproques et la propagation plus large de l’incertitude entourant les politiques, ce qui pourrait entraîner un recul du commerce mondial des marchandises encore plus marqué (de 1,5%) et nuire aux pays les moins avancés tournés vers l’exportation”.Dans les conditions actuelles, la baisse du commerce de marchandises “devrait être particulièrement marquée en Amérique du Nord, où les exportations devraient chuter de 12,6%” cette année, détaille l’OMC. Les importations de cette région devrait elles chuter de 9,6%.L’Asie devrait afficher une croissance “modeste” des exportations et des importations cette année (1,6% pour les deux), de même que l’Europe (1% pour les exportations et 1,9 % pour les importations).Les exportations de marchandises chinoises devraient augmenter de 4 à 9% dans toutes les régions hors Amérique du Nord, conséquence des perturbations des échanges entre les États-Unis et la Chine. Le rapport de l’OMC contient pour la première fois une prévision concernant le commerce des services, qui devrait augmenter de 4,0% en 2025, soit environ 1 point de pourcentage de moins que prévu.- Découplage -L’OMC table sur une croissance de 2,2% du Produit intérieur brut (PIB) cette année et de 2,4% l’année prochaine. Mme Okonjo-Iweala a fait part de ses vives inquiétudes face à la chute du commerce entre les Etats-Unis et la Chine, alors que les deux pays sont entrés dans une surenchère douanière. Même si leurs échanges “ne représentent qu’environ 3% du commerce mondial de marchandises, un découplage” de ces deux grandes économies “pourrait avoir des conséquences considérables”, a-t-elle averti, affirmant que cela pourrait “contribuer à une fragmentation plus large de l’économie mondiale” qui serait alors organisée “selon des lignes géopolitiques en deux blocs isolés”.Dans ce scénario, a-t-elle dit, “le PIB réel mondial serait réduit de près de 7% à long terme”, à savoir d’ici 2040.”Face à cette crise”, la cheffe de l’OMC considère que les pays “ont une occasion sans précédent d’insuffler du dynamisme à l’organisation”, en mettant notamment en oeuvre un processus de décision plus rapide. Elle appelle aussi, entre autres, à “favoriser des conditions de concurrence équitables” face aux différentes formes de subventions qui existent dans les pays.”Les États-Unis, comme vous le savez, sont très préoccupés par l’égalité des conditions de concurrence, tout comme l’UE” alors que “la Chine est préoccupée par les subventions agricoles”, a-t-elle cité en exemple.Elle appelle aussi le continent africain à “une plus grande autonomie” face à “l’aide internationale qui se tarit et au commerce mondial qui se politise”.

Canada: statu quo de la banque centrale, qui juge impossible les prévisions

La Banque du Canada, qui a maintenu mercredi son taux directeur à 2,75% après sept baisses consécutives, a expliqué que l’incertitude entourant les droits de douane rendait impossible la publication de prévisions économiques et opté pour la présentation de deux scénarios.”Le changement majeur d’orientation de la politique commerciale américaine et l’imprévisibilité entourant les droits de douane ont accru l’incertitude, modéré les perspectives de croissance économique et fait monter les attentes d’inflation”, a noté la banque centrale dans un communiqué.Plutôt que de publier ses prévisions économiques trimestrielles habituelles, la Banque du Canada a présenté deux scénarios.Dans le premier scénario, plus positif, la portée des droits de douane reste “limitée” et la croissance canadienne s’affaiblit temporairement, avec une inflation qui reste autour de la cible de 2%.Dans le pire des cas, une guerre commerciale prolongée avec les États-Unis – le principal partenaire commercial du Canada – déclencherait une récession et ferait grimper les prix en flèche.Les annonces de droits de douane et l’incertitude ont miné la confiance des consommateurs et des entreprises dans le pays, a indiqué la Banque du Canada, ce qui a entraîné une baisse de la consommation et des dépenses des entreprises, ainsi qu’un déclin de l’emploi et un ralentissement de l’embauche.”Les droits de douane et les perturbations des chaînes d’approvisionnement devraient faire monter certains prix” et “les attentes d’inflation à court terme ont augmenté, les entreprises et les consommateurs anticipant des coûts plus élevés en raison du conflit commercial”, a noté la banque centrale.En mars, l’inflation sur un an a ralenti au Canada pour atteindre 2,3% contre 2,6% en février, après avoir oscillé sous la barre des 2% au cours des six mois précédents.Lors d’une conférence de presse, le gouverneur Tiff Macklem a déclaré que la banque centrale a décidé de maintenir son taux directeur le temps que l’orientation des droits de douane et leurs effets se précisent.”Nous ne pouvons pas, avec la politique monétaire, résoudre l’incertitude liée au commerce ni neutraliser les répercussions d’une guerre commerciale”, a-t-il déclaré.Mais “nous pouvons préserver la confiance des Canadiens dans la stabilité des prix”, a-t-il souligné.La prochaine annonce de la politique monétaire aura lieu le 4 juin et la banque fera preuve de “prudence” en étant moins “tournée vers l’avenir que d’habitude, jusqu’à ce que la situation soit plus claire”, a ajouté Tiff Macklem.

La Cour des comptes menace de ne plus certifier le budget de l’Etat si elle n’est pas davantage écoutée

La Cour des comptes pourrait refuser de certifier les comptes de l’Etat si ses recommandations ne sont pas mieux écoutées, a menacé mercredi son Premier président Pierre Moscovici, tout en reconnaissant que le budget 2025 s’annonçait mieux que celui de 2024.”J’aimerais vous faire part, non pas de ma mauvaise humeur, mais de ma très mauvaise humeur s’agissant des suites – ou plutôt de l’absence systématique de suites – qui sont données à l’acte de certification que nous publions annuellement”, a lancé M. Moscovici devant la presse, puis à l’Assemblée nationale, en présentant divers documents liés aux finances publiques, dont la certification des comptes de l’Etat pour 2024.”J’imagine la situation d’une entreprise” où le commissaire aux comptes “certifierait les comptes avec de fortes réserves ou ne les certifierait pas, et où le conseil d’administration dirait +on s’en fiche+: l’Etat fait ça, la Sécurité sociale fait ça”, a assuré M. Moscovici.Notant que, “pour la 19e année consécutive, les comptes de l’État ne sont pas en mesure d’être certifiés sans des réserves très significatives”, M. Moscovici a indiqué “qu’en l’absence de progrès en 2025, la Cour pourrait être amenée à (…) ne pas les certifier”. Il a écrit en ce sens à Bercy cette semaine.La Cour a relevé cinq “anomalies significatives”, comme en 2023, dans le budget 2024, portant surtout sur des surévaluations et sous-évaluations.  Le Premier président est revenu sur les prévisions trop optimistes pour le budget 2024, concocté fin 2023 par Bercy alors dirigé par Bruno Le Maire. Notamment un déficit public annoncé à 4,4% du PIB mais qui a dérapé à 5,8%. Devant cet écart, la Cour des comptes active le “mécanisme de correction”, qui oblige le gouvernement à présenter des mesures d’amélioration.M. Moscovici a évoqué “la gestion erratique, le pilotage à vue, la succession de reports, gels, surgels, coups de rabot” qui ont émaillé l’année dernière.Pour 2025, avec le gouvernement Bayrou, les choses se présentent “un peu mieux”, même si “nous observons encore, soit de légers biais optimistes, soit des risques qui ne sont pas tout à fait évalués”, a-t-il signalé, jugeant l’actuelle prévision de croissance à 0,7% “pas hors d’atteinte”.Il a appelé “au réalisme et à la prudence” dans les prévisions : “on saura toujours que faire d’une bonne surprise alors que les mauvaises seront de plus en plus complexes à absorber”. Ainsi, “il ne faut pas s’amuser à se faire plaisir avec de bons chiffres inventés pour pousser devant soi les problèmes, il faut traiter” ces derniers.Malgré “des débats” en son sein, la Cour des comptes n’a cependant pas voulu conclure à “l’insincérité” du budget 2024, ce qui impliquerait “une intention de tromper”, et l’inconstitutionnalité du texte, a-t-il précisé.”Je ne participe à aucun procès, aucune forme de règlement de comptes à l’égard de personne, a fortiori à l’égard d’un successeur”, a assuré M. Moscovici, lui-même ministre des Finances de 2012 à 2014.Il a préconisé cependant le renforcement du rôle du Haut conseil des Finances publiques (HCFP), qu’il préside également, afin que ce dernier valide désormais les prévisions du gouvernement, “selon un mécanisme de +comply or explain+” (appliquer ou expliquer) : si le HCFP doute d’une prévision, le gouvernement devrait la modifier, ou d’expliquer pourquoi il ne le fait pas.

Wall Street recule, plombée par Nvidia et la guerre commerciale

La Bourse de New York a ouvert en baisse mercredi, lestée par les nouvelles restrictions sur les exportations de puces imposées au géant américain Nvidia, ainsi que par les nouveaux fronts ouverts par Washington dans son offensive commerciale.Vers 13H55 GMT, le Dow Jones reculait de 0,74%, le Nasdaq cédait 2,21% et l’indice élargi S&P 500 perdait 1,38%.Nvidia lâchait 5,94%, entraînant dans sa baisse d’autres fabricants de semiconducteurs, à l’image de Broadcom (-3,35%) ou AMD (-5,85%).Nvidia a annoncé mardi soir que ses résultats du premier trimestre décalé (février à avril) devraient inclure jusqu’à environ 5,5 milliards de dollars de charges exceptionnelles.Dans un document à la SEC, il a précisé que le gouvernement américain l’a informé la semaine dernière qu’il devrait désormais obtenir une licence pour exporter certaines puces d’intelligence artificielle (IA) vers la Chine et d’autres pays.Sous Biden comme sous Trump, les Etats-Unis ont interdit ou restreint les exportations des processeurs les plus sophistiqués vers la Chine, notamment ceux qui permettent de développer des technologies d’IA de pointe et des superordinateurs.Washington essaie ainsi de conserver son avance dans ce secteur, et d’empêcher Pékin de développer certaines applications militaires.”Une grande partie de la progression du marché boursier de ces deux dernières années était le résultat du mouvement vers l’intelligence artificielle et les semi-conducteurs qui pourraient soutenir ce mouvement”, rappelle auprès de l’AFP Steve Sosnick, d’Interactive Brokers.”Nvidia étant la plus importante de ces actions, toute nouvelle l’affectant négativement aura un impact important sur le marché dans son ensemble”, ajoute l’analyste.Cet épisode “fait partie de l’ensemble de la discussion sur les droits de douane”, car s’il ne s’agit pas d’une surtaxe, “cela revient à l’idée du protectionnisme, à l’idée d’une moindre mondialisation”, estime Steve Sosnick.Pékin et Washington continuent de se renvoyer la balle dans la guerre des droits de douane qui les oppose, un conflit qui pourrait provoquer un recul du commerce mondial en 2025, a prévenu l’OMC mercredi, au lendemain de nouvelles restrictions commerciales venues de plusieurs fronts.La Chine, qui a publié mercredi une croissance économique de 5,4% au premier trimestre 2025, plus forte qu’anticipé, a suspendu toute réception d’avions fabriqués par l’américain Boeing.De son côté, la Maison Blanche a ouvert la voie à des droits de douane sur certains minerais et objets électroniques comme les smartphones et les véhicules électriques.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans était stable par rapport à la veille, à 4,33%.Côté indicateurs, la place américaine n’a pas franchement réagi à l’accélération des ventes au détail  (+1,4% à 734,9 milliards de dollars)en mars, tirées par d’importants achats de véhicules neufs.”Il est très possible que les consommateurs concentrent leurs achats” avant l’application de droits de douane, “et que nous assistions à une augmentation artificielle des ventes”, selon Chris Zaccarelli, de Northlight Asset Management.De son côté, la production industrielle américaine a reculé en mars conformément aux attentes, sous l’effet en particulier d’une baisse de la production d’énergie du fait de conditions climatiques clémentes, selon l’enquête mensuelle de la Réserve fédérale (Fed).Ailleurs à la cote, la compagnie aérienne américaine United Airlines avançait de 1,15% après sa meilleure performance pour un premier trimestre depuis 2021 malgré un “environnement macroéconomique difficile”.La plateforme de réservation de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) Lyft perdait 1,01% après avoir annoncé qu’elle rachetait l’application européenne de réservation de taxis Free Now pour un montant de 199 millions de dollars.

Guerre commerciale: les Bourses mondiales reculent, la tech sous pression

Les Bourses mondiales fléchissent mercredi face aux tensions commerciales qui s’accroissent entre Pékin et Washington, plombant particulièrement les valeurs technologiques.A Wall Street, dans les premiers échanges, vers 13H30 GMT, le Dow Jones cédait 0,48%, le Nasdaq 1,72% et le S&P 500 0,96%.En Europe, la Bourse de Paris perdait 0,59%, Francfort 0,43%, Londres 0,28% et Milan 0,56%. “Les conflits commerciaux persistants du président Trump avec ses partenaires maintiennent les investisseurs sur leurs gardes”, commente Patrick Munnelly, de Tickmill Group.Les échanges de marchandises pourraient chuter jusqu’à 1,5% en volume en 2025 en fonction de la politique douanière de Donald Trump, a averti l’OMC mercredi.La Chine a prévenu qu’elle n’avait pas peur “de se battre” avec les Etats-Unis tout en prônant le dialogue, au lendemain de nouvelles restrictions commerciales venues de plusieurs fronts.Pékin a suspendu toute réception d’avions fabriqués par le constructeur américain Boeing. La Poste de Hong Kong a de son côté annoncé mercredi suspendre les envois de colis vers les Etats-Unis.Les investisseurs s’inquiètent “des craintes d’un durcissement de la guerre commerciale”, relève Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank.Nvidia tousse, la tech s’enrhumeLe titre du géant américain des puces Nvidia dévissait de plus de 6% vers 13H30 GMT à Wall Street, après l’annonce de nouvelles restrictions des Etats-Unis sur les exportations de semi-conducteurs vers la Chine, qui pourraient coûter 5,5 milliards de dollars au premier trimestre au groupe.Les autres valeurs américaines de la tech reculaient dans son sillage: Meta cédait 1,87%, Alphabet 2,23%, Apple 1,11% et Microsoft 0,54%.Washington a fait savoir la semaine dernière à Nvidia qu’il devrait obtenir une licence pour exporter certaines puces d’intelligence artificielle (IA) vers la Chine et d’autres pays, d’après un document déposé mardi par l’entreprise auprès de la SEC, le gendarme boursier américain.Le secteur des semi-conducteurs est aussi plombé par le titre du néerlandais ASML, qui chutait de près de 5,91%. Le président directeur général du groupe a déclaré mercredi que les annonces liées aux tarifs douaniers ont “accru l’incertitude” macroéconomique.Les valeurs européennes de la branche suivaient le mouvement: Soitec perdait 2,97% et STMicroelectronics 1,97% à Paris. Infineon cédait 2,01% à Francfort.Le dollar à la peineLe dollar souffre d’une “érosion de la confiance” des investisseurs, note Stephen Innes, analyste chez SPI AM.Depuis le 2 avril dernier, date de l’annonce des droits de douane américains colossaux visant les importations de la plupart des pays et déjà partiellement suspendus, le dollar a cédé environ 5% face à l’euro.Mercredi, vers 13H30 GMT, le billet vert perdait encore 0,75% face à la monnaie unique européenne, à 1,1364 dollar pour un euro.En revanche, le marché de la dette américaine se stabilise, après une flambée des taux d’intérêt la semaine dernière en raison de la perte de confiance dans l’économie américaine. Vers 13H30 GMT, le rendement de l’obligation à dix ans atteignait 4,33%, contre 4,34% mardi.”La vente massive des bons du Trésor américain est désormais plus contenue, ce qui est important pour évaluer la gravité potentielle d’une crise financière”, note Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.Nouveau record de l’or, le pétrole bonditL’or, considéré comme la valeur refuge par excellence, s’est hissé mercredi à un nouveau record historique, à 3.317,75 dollars l’once. Vers 13H30 GMT, l’once d’or atteignait 3.304 dollars.L’actif émerge comme l’un des principaux bénéficiaires de l’actuelle fuite vers la sécurité qui balaye les marchés”, et la crise de “confiance dans les actifs américains”, explique Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades.Côté pétrole, les prix montaient mercredi, sur fond de croissance meilleure qu’attendue cette année en Chine, première importatrice mondiale.Vers 13H30 GMT, le baril de WTI américain prenait 1,02% à 61,96 dollars et celui de Brent de la mer du Nord de 0,97% à 65,30 dollars.

Déficit: Paris veut toujours rentrer dans les clous européens en 2029

Cancre budgétaire de la zone euro, la France a confirmé mercredi vouloir ramener son déficit public dans les clous européens en 2029, malgré une croissance plus molle en 2025 et 2026 dans un environnement international difficile, avec dans son viseur les niches fiscales.Au lendemain de l’avertissement du Premier ministre François Bayrou contre le “piège” de la dette qui menace “la survie [du] pays”, le ministre de l’Economie, Eric Lombard, a présenté le rapport d’avancement de la trajectoire budgétaire française, légèrement ajustée par rapport à octobre, évoquant à l’issue du conseil des ministres de “fortes incertitudes” liées aux droits de douane américains. En 2024, le déficit public s’est creusé à 5,8% du produit intérieur brut (PIB). Le gouvernement espère le ramener à 5,4% cette année, au prix d’un effort budgétaire d’une cinquantaine de milliards d’euros, renforcé récemment par 5 milliards supplémentaires.Il entend ensuite le réduire à 4,6% en 2026 grâce à un nouvel effort chiffré à 40 milliards d’euros. Celui-ci reposerait essentiellement sur une réduction des dépenses, qu’Eric Lombard souhaite équitable entre l’Etat, la Sécurité sociale et les collectivités locales, tandis que la piste d’une augmentation d’impôts pour les ménages ou les entreprises a été écartée. – “Un peu mieux” -Actuellement le plus élevé de la zone euro, le déficit public français continuerait de refluer ensuite, à 4,1% du PIB en 2027 et 3,4% en 2028.   L’objectif, maintenu, est de repasser sous le plafond de 3% autorisé par les règles budgétaires européennes, mais plus tardivement que le reste de la zone euro, avec une cible à 2,8% en 2029.  “Ce n’est pas qu’une question de chiffres, c’est d’abord et avant tout une question de souveraineté: souveraineté financière, souveraineté stratégique”, a souligné la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin. Concernant la prévision de croissance, déjà rabotée à 0,7% pour 2025 après 1,1% l’an dernier, le gouvernement table sur une progression du PIB de 1,2% en 2026 (contre 1,4% espérés en octobre), dans un environnement difficile, à l’international comme en France, où la menace d’une censure du gouvernement par LFI et le RN, mécontents des annonces budgétaires, ressurgit à l’Assemblée nationale. La croissance atteindrait ensuite 1,4% en 2027 (contre 1,5% prévus auparavant), comme en 2028, et 1,2% en 2029. Le Premier président de la Cour des comptes et président du Haut Conseil des finances publiques, Pierre Moscovici, a estimé mercredi que le budget 2025 était “un peu mieux” que celui de 2024, dont il a dénoncé “la gestion erratique” par les équipes de Bercy dirigées notamment par l’ex-ministre Bruno Le Maire. La prévision de croissance pour cette année “n’est pas hors d’atteinte, même si les risques liés à la conjoncture internationale et à l’incertitude géopolitique sont élevés”, a-t-il jugé. La prévision de déficit peut également être “tenue, mais est loin d’être acquise”, selon le HCFP, car elle requiert “une stricte maîtrise des dépenses”. – Baisses d’impôts? -Mardi, après un “comité d’alerte du budget”, François Bayrou a prévenu que le coût de la dette, d’une soixantaine de milliards d’euros cette année, soit l’équivalent du budget de la défense ou de l’éducation nationale, risquait de s’envoler jusqu’à 100 milliards en 2029. La dette publique a atteint 113% du PIB en 2024, soit 3.305,3 milliards d’euros. Dans la zone euro, seules la Grèce et l’Italie présentent un endettement plus lourd. La dette française continuerait de grimper jusqu’à 118,1% du PIB en 2027 avant de refluer progressivement à 117,2% en 2029. Effort demandé aux retraités? Hausse de la TVA? Si le patron de Matignon a promis de dévoiler les “grands choix” du prochain budget avant le 14 juillet, au terme d’un dialogue “sans tabou” avant les débats budgétaires à l’automne, des pistes ont commencé à émerger. Amélie de Montchalin a évoqué la suppression, parmi les 467 niches fiscales pesant 85 milliards d’euros, de celles jugées inutiles. Si cela rapporte “beaucoup d’argent” à l’Etat, cela pourrait se traduire par des baisses d’impôts “pour un certain nombre de Français, d’entreprises”, a-t-elle dit. La ministre veut aussi faire en sorte que le travail rapporte plus, sans dire comment, et faire rentrer 15 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat en intensifiant la lutte contre les fraudes. 

EDF reporte à nouveau le redémarrage de l’EPR de Flamanville, au 21 avril

Le redémarrage de l’EPR de Flamanville (Manche), à l’arrêt depuis le 15 février, a été décalé du 17 au 21 avril, après “plusieurs opérations de maintenance supplémentaires”, désormais terminées, a annoncé EDF mercredi.C’est le 4e report du redémarrage du réacteur nucléaire normand, à l’arrêt depuis deux mois en raison d’aléas techniques. Le redémarrage devait avoir lieu cette semaine, fixé pour jeudi, avait indiqué le groupe sur son site le 10 avril.Il avait toutefois précisé dans un autre message que cet arrêt était “susceptible de se prolonger”.Désormais, “les dernières opérations de maintenance sont terminées”, a indiqué EDF à l’AFP mercredi. “Les équipes de Flamanville 3 (le réacteur EPR, NDLR) procèdent actuellement au redémarrage en toute sûreté du réacteur, dans l’objectif d’un couplage au réseau électrique le 21 avril”, a précisé le groupe. EDF rappelle que le réacteur EPR est à l’arrêt depuis le 15 février “pour réaliser un certain nombre d’interventions”. Cet arrêt “a ensuite été prolongé pour procéder à plusieurs opérations de maintenance supplémentaires”, explique l’entreprise.Mais le groupe maintient son planning prévisionnel d’atteindre “à l’été 2025” la pleine puissance, soit “100% de puissance nominale”.Selon EDF, des “interventions ont été réalisées sur un circuit de refroidissement des équipements par l’eau de mer, sur le groupe turbo alternateur (opérations de reprise des réglages sur trois paliers, pièces portant et guidant les rotors) et sur des matériels requis pour la poursuite des opérations de montée en puissance du réacteur en toute sûreté”.”Les matériels concernés sont situés dans la partie nucléaire des installations”, signale EDF. Le réacteur de 3e génération a déjà connu deux phases d’arrêt, qui étaient programmées, depuis son raccordement au réseau le 21 décembre 2024, réalisé avec 12 ans de retard.EDF avait prévenu que la montée en puissance du 57e réacteur nucléaire français serait un processus progressif, pouvant nécessiter une dizaine d’arrêts de maintenance programmés et, en parallèle, des opérations imprévues.