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Au pays de Galles, la flambée de l’or relance une mine oubliée chère aux Windsor
On y accède par des échelles vacillantes, le long de boyaux étroits, caillouteux et humides, pour atterrir 50 mètres plus bas: au fond de cette mine galloise longtemps abandonnée, une compagnie attirée par la flambée des prix traque un or rarissime, fondu pour les alliances royales.Il semble parfois pleuvoir au cinquième sous-sol de la mine de Clogau-St David’s, où les gouttes glacées qui s’échappent du plafond se faufilent dans le cou des visiteurs.Ces galeries sinueuses étaient inondées il y a peu. Il a fallu plus de six mois à Alba Mineral Resources, titulaire depuis 2018 de la licence d’exploration, pour les vider.Le cinquième niveau est celui qui les intéresse le plus, avec une forte concentration en quartz, cette roche blanche aux faux airs de neige, indicateur classique de gisements aurifères.Ici, on fore, on dynamite, puis on hisse le minerai à la surface dans un wagonnet rouillé, monté sur câble.”Jusqu’à présent, la mine est en phase d’exploration. Nous passons lentement à l’exploitation”, raconte Mark Austin, géologue principal et vétéran des mines africaines.Nichée dans un parc national, Clogau a connu ses premiers coups de pioche en 1854, d’abord pour le plomb, puis rapidement l’or. Selon la légende, un mineur a découvert les premières paillettes par accident, d’un coup de pied dans la roche.- Lady Di, Kate et Meghan -Après six décennies florissantes, la mine ferme en 1911 et ne sera plus exploitée que par intermittence.Quand elle cesse définitivement son activité en 1998, l’or se monnaye 300 dollars l’once. Il en vaut dix fois plus aujourd’hui, et son cours a battu un nouveau record mercredi, à 3.317 dollars, porté par l’inquiétude autour des droits de douane de Donald Trump.”Trouver des veines d’or inexplorées devient évidemment très intéressant”, s’enthousiasme George Frangeskides, le PDG d’Alba.”On s’est dit qu’avec les techniques modernes, nous pourrions trouver des filons”, poursuit-il devant l’entrée grillagée de la mine, au bout d’un chemin terreux qui serpente en pleine forêt.L’or de cette mine est d’autant plus attrayant qu’il peut se vendre plus de dix fois plus cher, malgré une composition identique. D’abord en raison d’un label “gallois” recherché, ensuite grâce à un lien historique avec Buckingham.Depuis un siècle, les alliances royales sont façonnées avec le précieux métal, une tradition qui remonte aux noces de la reine Elizabeth Bowes-Lyon, la “Reine mère”, en 1923.Ses filles Elizabeth et Margaret, la princesse Anne, mais aussi Lady Di, Camilla, Kate Middleton et Meghan Markle: toutes ont porté un anneau en or gallois. Charles III aussi.”Cela ajoute évidemment au cachet et à l’attrait du projet”, reconnaît George Frangeskides.Même avec une extraction limitée à quelques centaines d’onces par an, il croit son affaire rentable. Quatre millions de livres ont été investis dans le site, où travaillent une dizaine de personnes. Trois pièces d’une once (environ 30 grammes) ont été frappées à partir de vieux déchets miniers, puis mises aux enchères. La première s’est vendue 20.000 livres (26.000 dollars), soit huit fois le prix de l’or.- Chauve-souris -Sous les bottes en caoutchouc du PDG, seuls de vieux rails oxydés et d’antiques fondations en bois témoignent des décennies passées, au cours desquelles 80.000 onces ont été extraites (2,5 tonnes).Casque sur la tête, Mark Austin désigne d’une main gantée les creux dans la paroi où seront installés les explosifs. Le minerai sera ensuite broyé, puis tamisé, pour en extraire d’infimes particules d’or.Une extension prometteuse à la veine de quartz d’origine, d’environ 120 mètres, a été identifiée, sur une zone d’exploration de 107 km2.”Il s’agira d’une petite mine (…) qui produira des quantités très limitées”,  explique à l’AFP John Reade, du Conseil mondial de l’or (CMO), représentant de l’industrie. Mais son lien royal peut attirer des acheteurs “très traditionalistes ou fervents monarchistes”, prêts à payer le prix fort.Au milieu des vieilles pierres grises de Dolgellau, à quelques kilomètres, ce n’est pas la promesse de l’or qui agite les conversations, mais les craintes de pollution liées à la reprise de l’activité.Alba affirme avoir rassuré les autorités et veiller à la protection des chauves-souris qui habitent les lieux.Pour le reste, personne ici ne semble tirer la moindre fierté de cette mine aux accents royaux, tant le pays de Galles reste indifférent à la chronique de Buckingham.Attablé au Cross Keys, pub agité de la petite ville, Will Williams, médecin retraité de 75 ans s’en amuse: “Je ne serais pas étonné que beaucoup de jeunes du coin ignorent même (son) existence.”
Au pays de Galles, la flambée de l’or relance une mine oubliée chère aux Windsor
On y accède par des échelles vacillantes, le long de boyaux étroits, caillouteux et humides, pour atterrir 50 mètres plus bas: au fond de cette mine galloise longtemps abandonnée, une compagnie attirée par la flambée des prix traque un or rarissime, fondu pour les alliances royales.Il semble parfois pleuvoir au cinquième sous-sol de la mine …
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Au pays de Galles, la flambée de l’or relance une mine oubliée chère aux Windsor
On y accède par des échelles vacillantes, le long de boyaux étroits, caillouteux et humides, pour atterrir 50 mètres plus bas: au fond de cette mine galloise longtemps abandonnée, une compagnie attirée par la flambée des prix traque un or rarissime, fondu pour les alliances royales.Il semble parfois pleuvoir au cinquième sous-sol de la mine de Clogau-St David’s, où les gouttes glacées qui s’échappent du plafond se faufilent dans le cou des visiteurs.Ces galeries sinueuses étaient inondées il y a peu. Il a fallu plus de six mois à Alba Mineral Resources, titulaire depuis 2018 de la licence d’exploration, pour les vider.Le cinquième niveau est celui qui les intéresse le plus, avec une forte concentration en quartz, cette roche blanche aux faux airs de neige, indicateur classique de gisements aurifères.Ici, on fore, on dynamite, puis on hisse le minerai à la surface dans un wagonnet rouillé, monté sur câble.”Jusqu’à présent, la mine est en phase d’exploration. Nous passons lentement à l’exploitation”, raconte Mark Austin, géologue principal et vétéran des mines africaines.Nichée dans un parc national, Clogau a connu ses premiers coups de pioche en 1854, d’abord pour le plomb, puis rapidement l’or. Selon la légende, un mineur a découvert les premières paillettes par accident, d’un coup de pied dans la roche.- Lady Di, Kate et Meghan -Après six décennies florissantes, la mine ferme en 1911 et ne sera plus exploitée que par intermittence.Quand elle cesse définitivement son activité en 1998, l’or se monnaye 300 dollars l’once. Il en vaut dix fois plus aujourd’hui, et son cours a battu un nouveau record mercredi, à 3.317 dollars, porté par l’inquiétude autour des droits de douane de Donald Trump.”Trouver des veines d’or inexplorées devient évidemment très intéressant”, s’enthousiasme George Frangeskides, le PDG d’Alba.”On s’est dit qu’avec les techniques modernes, nous pourrions trouver des filons”, poursuit-il devant l’entrée grillagée de la mine, au bout d’un chemin terreux qui serpente en pleine forêt.L’or de cette mine est d’autant plus attrayant qu’il peut se vendre plus de dix fois plus cher, malgré une composition identique. D’abord en raison d’un label “gallois” recherché, ensuite grâce à un lien historique avec Buckingham.Depuis un siècle, les alliances royales sont façonnées avec le précieux métal, une tradition qui remonte aux noces de la reine Elizabeth Bowes-Lyon, la “Reine mère”, en 1923.Ses filles Elizabeth et Margaret, la princesse Anne, mais aussi Lady Di, Camilla, Kate Middleton et Meghan Markle: toutes ont porté un anneau en or gallois. Charles III aussi.”Cela ajoute évidemment au cachet et à l’attrait du projet”, reconnaît George Frangeskides.Même avec une extraction limitée à quelques centaines d’onces par an, il croit son affaire rentable. Quatre millions de livres ont été investis dans le site, où travaillent une dizaine de personnes. Trois pièces d’une once (environ 30 grammes) ont été frappées à partir de vieux déchets miniers, puis mises aux enchères. La première s’est vendue 20.000 livres (26.000 dollars), soit huit fois le prix de l’or.- Chauve-souris -Sous les bottes en caoutchouc du PDG, seuls de vieux rails oxydés et d’antiques fondations en bois témoignent des décennies passées, au cours desquelles 80.000 onces ont été extraites (2,5 tonnes).Casque sur la tête, Mark Austin désigne d’une main gantée les creux dans la paroi où seront installés les explosifs. Le minerai sera ensuite broyé, puis tamisé, pour en extraire d’infimes particules d’or.Une extension prometteuse à la veine de quartz d’origine, d’environ 120 mètres, a été identifiée, sur une zone d’exploration de 107 km2.”Il s’agira d’une petite mine (…) qui produira des quantités très limitées”,  explique à l’AFP John Reade, du Conseil mondial de l’or (CMO), représentant de l’industrie. Mais son lien royal peut attirer des acheteurs “très traditionalistes ou fervents monarchistes”, prêts à payer le prix fort.Au milieu des vieilles pierres grises de Dolgellau, à quelques kilomètres, ce n’est pas la promesse de l’or qui agite les conversations, mais les craintes de pollution liées à la reprise de l’activité.Alba affirme avoir rassuré les autorités et veiller à la protection des chauves-souris qui habitent les lieux.Pour le reste, personne ici ne semble tirer la moindre fierté de cette mine aux accents royaux, tant le pays de Galles reste indifférent à la chronique de Buckingham.Attablé au Cross Keys, pub agité de la petite ville, Will Williams, médecin retraité de 75 ans s’en amuse: “Je ne serais pas étonné que beaucoup de jeunes du coin ignorent même (son) existence.”
A l’approche de Pâques, des chrétiens de Palestine entre peur et piété
Certains battent le rappel des scouts pour la procession, d’autres préparent les gâteaux fourrés aux dattes, la chorale répète… Plus que quelques jours avant Pâques et la majorité des 5.000 habitants, des chrétiens, s’active à Zababde, dans le nord de la Cisjordanie occupée.L’objet de toutes les conversations n’est pourtant pas la résurrection du Christ qu’ils …
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A l’approche de Pâques, des chrétiens de Palestine entre peur et piété
Certains battent le rappel des scouts pour la procession, d’autres préparent les gâteaux fourrés aux dattes, la chorale répète… Plus que quelques jours avant Pâques et la majorité des 5.000 habitants, des chrétiens, s’active à Zababde, dans le nord de la Cisjordanie occupée.L’objet de toutes les conversations n’est pourtant pas la résurrection du Christ qu’ils vont bientôt célébrer, ni ce qu’ils pourront manger après 40 jours de privations, mais la guerre qui semble se rapprocher de ce petit îlot de maisons coquettes perchées au milieu des collines.”L’autre jour, l’armée est entrée à Jénine”, la grande ville la plus proche du village, raconte Janet Ghanam, une habitante de 57 ans.”Les gens étaient paniqués, les familles couraient récupérer leurs enfants (à l’école), il y a vraiment une peur constante. Tu te couches avec, tu te réveilles avec”.Avant de filer assister à une des dernières méditations du Carême, cette paroissienne de l’église anglicane raconte la guerre à Gaza qui la bouleverse, mais aussi les opérations de l’armée israélienne dans la région ou la dégradation de l’économie en Cisjordanie.Occupé par Israël depuis 1967, le territoire est désormais menacé d’annexion.Son fils, qui vit à Bethléem, à une centaine de kilomètres au sud, lui a annoncé qu’il ne pourrait pas lui rendre visite pour la fête: il craint d’être bloqué sur les routes où l’armée israélienne a dressé des barrages supplémentaires ces derniers mois.D’où qu’ils soient, les Palestiniens vivent depuis plus d’un an et demi au rythme de la guerre entre le Hamas et Israël, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023.Dans la bande de Gaza, plus de 50.000 personnes ont été tuées, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.Et dans ce village de carte postale, l’aviation israélienne couvre parfois la mélodie des clochers.”Cela amène beaucoup de gens à se demander s’ils seront encore chez eux dans cinq ans: +Est-ce que l’armée va bombarder ma maison?+”, raconte le diacre épiscopalien Saleem Kasabreh.Et d’ajouter que le suivi en permanence de l’actualité à Gaza plonge les habitants dans la “dépression”.- Le spectre de l’exil -L’étau se resserre sur Zababde.Dans le nord de la Cisjordanie, l’armée israélienne mène une offensive majeure depuis le 21 janvier, notamment à Jénine, à 20 minutes de route du village. Considéré comme un bastion des mouvements armés, le camp de réfugiés de la ville a été largement détruit en quelques semaines.Des dizaines de familles du camp sont venues se mettre à l’abri dans le village.Parallèlement, selon la mairie, près de 450 personnes ont perdu leur emploi en Israël après l’attaque du 7 octobre, quand les autorités israéliennes ont suspendu les permis des travailleurs palestiniens.”Israël ne nous avait jamais complètement enfermés en Cisjordanie, avant cette guerre”, note Ibrahim Daoud, un agriculteur de 73 ans. “Personne ne sait ce qui va se passer”.Mais plusieurs confient être hantés par le spectre d’un exil de masse. Longtemps tabou chez les chrétiens palestiniens, des départs à l’étranger alimentent désormais l’angoisse d’une “terre sainte” vidée des disciples originels.”Les gens ne peuvent pas rester sans travail et la vie n’est pas facile”, confie Tareq Ibrahim, un professeur de mathématiques de 60 ans, qui “compatit” avec ceux qui cherchent un avenir meilleur en Europe ou aux Etats-Unis.Regrettant le désintérêt de la communauté internationale pour les Palestiniens en général et cette émigration en particulier, il finit par éclater en sanglots.A terme, “il n’y aura peut-être plus de chrétiens dans le pays de Jésus”, lâche-t-il en référence aux lieux clés de la vie du Christ dans les territoires palestiniens et en Israël.C’est peut-être sans compter sur la combativité du père Elias Tabban, à la tête de la paroisse latine, la plus grosse du village.”Ici, quand les gens partent, ils reviennent, ils ne vendent pas leur terre”, affirme-t-il.Ce prêtre polyglotte et dynamique multiplie les projets, notamment pour créer de l’emploi et des formations dans le village.La spiritualité de ses fidèles n’a jamais été aussi vibrante, selon lui. Il lui faudrait même plus de places dans son église.
Indonésie: des Vespa électriques et silencieuses mais qui font du bruit
Entre les angkot, petits bus à six places et la nuée de deux-roues pétaradants, des Vespa étonnamment silencieuses se faufilent dans le foisonnant trafic de Jakarta. Nombre de passionnés de l’iconique marque italienne ont décidé de les convertir à l’électrique.  “Je me sens bien sur ma Vespa! J’ai l’impression de contribuer à un air plus propre”, explique Hendra Iswahyudi, qui attire la curiosité sur un modèle années 1960, bien loin des inconvénients du scooter qu’il pilotait étudiant.”Après avoir mis le contact, on avait le temps de prendre une douche avant que le moteur tourne rond”, se souvient-il.Oubliés ces tracas: le fonctionnaire de 56 ans s’est récemment offert un modèle électrique dans la boutique de Heret Frasthio, qui contre un kit compris entre 1.300 et 3.500 euros, transforme une Vespa bruyante et polluante en un modèle silencieux et propre, tout en gardant son aspect vintage.Avec son look américain, l’atelier de Heret, baptisé Elders, installé dans les sous-sols d’un centre d’expositions de Jakarta, propose des dizaines de deux-roues, dont de nombreuses Vespa, en transition vers un avenir plus propre.Bouc bien taillé, lunettes de soleil, l’entrepreneur de 39 ans, aux commandes d’une Vespa VL de 1957, l’assure: “La Vespa a un design unique, elle a une valeur historique et nostalgique. Ce n’est pas juste un véhicule, c’est aussi un style!”.Le chef d’entreprise affirme que son entreprise a converti et vendu environ 1.000 Vespa à travers le pays depuis sa création en 2021. Et le potentiel est énorme dans un pays qui comptait près d’un million de Vespa en circulation en 2022, selon le Club Vespa de l’archipel. Une mode qui a cependant un prix: sa Vespa collector a coûté 30.000 euros (bien 30.000) à Frasthio avant conversion alors que l’on peut s’offrir à Jakarta des “Vespa Elettrica” neuves importées d’Italie pour 10.000 euros.Ces modèles neufs offrent une autonomie de 100 km maximum. Equipé d’un kit, un modèle vintage converti peut lui parcourir de 60 à 120 km et jusqu’à 200 km avec une version améliorée.Dans une capitale indonésienne qui suffoque sous la pollution atmosphérique, due en partie aux gaz d’échappement, la transition vers l’électrique est engagée. Si les autorités poussent pour plus de voitures et d’autobus électriques, elles ont aussi fixé un objectif de 13 millions de scooters électriques en 2030, contre seulement 160.000 aujourd’hui, selon des chiffres du ministère des Transports.  – Le ronronnement de la machine -Mais certains puristes sont encore réticents à renoncer au très reconnaissable moteur à deux ou quatre temps, préférant conserver le ronronnement de leur machine. “Je préfère la Vespa authentique avec son bruit d’origine, car c’est ce qui la rend unique. On l’entend arriver de loin”, explique Muhammad Husni Budiman.Cet entrepreneur de 39 ans est tombé amoureux dans sa jeunesse des Vespa vintage et a commencé à collectionner des modèles des années 1960 et 1970. En 2021, il a créé un club basé dans la capitale indonésienne et consacré aux modèles des années 1960, qui rassemble désormais plusieurs centaines de membres. Qui défilent fièrement le week-end sur la grande artère Jalan Thamrin. Bien qu’il ait essayé une Vespa électrique, son club reste dédié aux amateurs de modèles originaux.Frasthio lui ne veut forcer personne à la conversion, mettant surtout en avant la simplicité d’utilisation d’un moteur électrique. “Nous n’essayons pas de donner des leçons à qui que ce soit sur les problèmes de pollution”, se défend-il.”Nous expliquons simplement, pour ceux qui ne sont pas habitués aux scooters à embrayage et à vitesses, que les deux-roues électriques peuvent être une solution”.Â
Ukraine: dans une maison de retraite, des fins de vie bouleversées par la guerre
Le bonheur, dit Zinaïda Guyrenko, c’est “d’avoir assez pour ne pas mourir de faim, des vêtements et des chaussures”. “Et c’est mon cas”, précise cette retraitée ukrainienne à la vieillesse pourtant ébranlée par l’invasion russe.Jusqu’en mai 2024, Mme Guyrenko habitait à Zaoskillia, un village situé près du front, à côté de Koupiansk dans la région de Kharkiv (nord-est), frontalière de la Russie et ravagée par plus de trois ans de bombardements russes.La petite dame, qui perd un peu la mémoire, révèle confusément avoir survécu à des frappes. “J’étais couchée par terre, tout a commencé à s’effondrer. Quand j’ai rouvert les yeux, j’étais encore vivante, comme une idiote.”Évacuée, elle vit désormais dans le refuge pour seniors Velyka Rodyna (“Grande Famille” en ukrainien) ouvert en mars 2022 par une ONG, dans un dortoir d’une zone industrielle de Kharkiv, capitale de la région du même nom.Zinaïda Guyrenko remercie ses bienfaiteurs de s’intéresser aux “vieilles fripes” et assure ne plus se souvenir de son âge : “Je suis de 39, faites le calcul.” Toute sa vie, elle a travaillé pour les transports ferroviaires. “J’aime beaucoup les chemins de fer, depuis mon enfance”, raconte cette femme au beau regard bleu, en pleurant. – Gériatrie de guerre -En Ukraine, parmi les civils, la guerre déclenchée par la Russie tue particulièrement les personnes âgées.L’ONU a établi que près de la moitié des civils tués en 2024 près du front étaient des personnes de plus de 60 ans, qui représentent environ un quart de la population ukrainienne.Pour des motifs pouvant être personnels, financiers ou liés à des problèmes de mobilité physique, elles sont souvent les dernières à vivre, isolées, dans les localités les plus dangereuses. Certaines refusent d’évacuer, disant préférer mourir chez elles.A Kharkiv, la fondatrice du refuge pour seniors, Olga Kleïtman, 56 ans, affirme que les besoins de la gériatrie en Ukraine, en pleine guerre, sont immenses.Rien que dans sa région, elle estime que 32.000 personnes âgées ont dû quitter leur domicile à cause des combats et doivent être prises en charge.Mais, selon Mme Kleïtman, il n’y a que huit maisons de retraite publiques pour toute la zone, un nombre largement insuffisant.Elle reproche aux autorités de ne pas soutenir financièrement son établissement, qui accueillait fin mars 60 pensionnaires et dépendait uniquement de dons privés.”Des gens ayant travaillé toute leur vie méritent une vieillesse normale”, souligne Olga Kleïtman. “Il en va de notre dignité.”- “Tout ira bien” -Architecte de profession, Mme Kleïtman parle à l’AFP de projets d’agrandissement. La plupart de ses bénéficiaires venant de zones rurales, elle veut créer un grand potager avec des animaux pour reproduire “les sons et les odeurs” d’un village.L’un des résidents, Serguiï Ioukovsky, 50 ans, amputé des deux jambes après un accident du travail, vivait à la campagne avec son frère cadet. Mais son frère a été tué par une mine en allant “chercher du bois” près du village de Kotchoubeïvka, dans la région de Kharkiv.”Je ne sais même pas où il est enterré”, répète M. Ioukovsky. Pendant un an, il a vécu seul avant d’être évacué à Kharkiv. L’avenir est sombre mais, conclut-il, “tout ira bien pour l’Ukraine, Poutine est un connard”.Dans une autre chambre, alité face à une fenêtre, il y a Iouriï Miagky, 84 ans, originaire de Saltivka.Ce quartier, situé à l’entrée nord de Kharkiv, a été terriblement bombardé, dès le début de l’invasion, quand les troupes russes tentaient de conquérir la ville.”Est-ce que l’Ukraine a été divisée ?”, demande faiblement M. Miagky, perdu, comme tant d’autres, dans l’incertitude du conflit.- Cicatrice -Dans sa chambre, depuis septembre 2024, Zinaïda Guyrenko cohabite avec Olga Zolotareva, 71 ans, qui rouspète quand sa voisine se perd dans ses réponses. Pendant 28 ans, Olga Zolotareva s’est occupée de personnes handicapées mentales dans la ville de Lyptsi, non loin de la frontière russe. Quand l’invasion a commencé, ces personnes ont été évacuées, mais Mme Zolotareva est restée.En mai 2024, lorsque la Russie a lancé une nouvelle offensive sur la région de Kharkiv, elle était dans sa maison, quand “il y a eu une frappe”.Un éclat “de je ne sais quoi” lui a brisé la jambe droite. Elle montre son atroce cicatrice. En plus de la paix, elle espère pouvoir remarcher normalement.Quelques minutes plus tard, au moment des adieux, Olga Zolotareva partage un autre petit espoir. Celui d’avoir encore auprès d’elle “l’odeur d’un homme”, car, “bien sûr”, ça lui manque beaucoup.
Ukraine: dans une maison de retraite, des fins de vie bouleversées par la guerre
Le bonheur, dit Zinaïda Guyrenko, c’est “d’avoir assez pour ne pas mourir de faim, des vêtements et des chaussures”. “Et c’est mon cas”, précise cette retraitée ukrainienne à la vieillesse pourtant ébranlée par l’invasion russe.Jusqu’en mai 2024, Mme Guyrenko habitait à Zaoskillia, un village situé près du front, à côté de Koupiansk dans la région de Kharkiv (nord-est), frontalière de la Russie et ravagée par plus de trois ans de bombardements russes.La petite dame, qui perd un peu la mémoire, révèle confusément avoir survécu à des frappes. “J’étais couchée par terre, tout a commencé à s’effondrer. Quand j’ai rouvert les yeux, j’étais encore vivante, comme une idiote.”Évacuée, elle vit désormais dans le refuge pour seniors Velyka Rodyna (“Grande Famille” en ukrainien) ouvert en mars 2022 par une ONG, dans un dortoir d’une zone industrielle de Kharkiv, capitale de la région du même nom.Zinaïda Guyrenko remercie ses bienfaiteurs de s’intéresser aux “vieilles fripes” et assure ne plus se souvenir de son âge : “Je suis de 39, faites le calcul.” Toute sa vie, elle a travaillé pour les transports ferroviaires. “J’aime beaucoup les chemins de fer, depuis mon enfance”, raconte cette femme au beau regard bleu, en pleurant. – Gériatrie de guerre -En Ukraine, parmi les civils, la guerre déclenchée par la Russie tue particulièrement les personnes âgées.L’ONU a établi que près de la moitié des civils tués en 2024 près du front étaient des personnes de plus de 60 ans, qui représentent environ un quart de la population ukrainienne.Pour des motifs pouvant être personnels, financiers ou liés à des problèmes de mobilité physique, elles sont souvent les dernières à vivre, isolées, dans les localités les plus dangereuses. Certaines refusent d’évacuer, disant préférer mourir chez elles.A Kharkiv, la fondatrice du refuge pour seniors, Olga Kleïtman, 56 ans, affirme que les besoins de la gériatrie en Ukraine, en pleine guerre, sont immenses.Rien que dans sa région, elle estime que 32.000 personnes âgées ont dû quitter leur domicile à cause des combats et doivent être prises en charge.Mais, selon Mme Kleïtman, il n’y a que huit maisons de retraite publiques pour toute la zone, un nombre largement insuffisant.Elle reproche aux autorités de ne pas soutenir financièrement son établissement, qui accueillait fin mars 60 pensionnaires et dépendait uniquement de dons privés.”Des gens ayant travaillé toute leur vie méritent une vieillesse normale”, souligne Olga Kleïtman. “Il en va de notre dignité.”- “Tout ira bien” -Architecte de profession, Mme Kleïtman parle à l’AFP de projets d’agrandissement. La plupart de ses bénéficiaires venant de zones rurales, elle veut créer un grand potager avec des animaux pour reproduire “les sons et les odeurs” d’un village.L’un des résidents, Serguiï Ioukovsky, 50 ans, amputé des deux jambes après un accident du travail, vivait à la campagne avec son frère cadet. Mais son frère a été tué par une mine en allant “chercher du bois” près du village de Kotchoubeïvka, dans la région de Kharkiv.”Je ne sais même pas où il est enterré”, répète M. Ioukovsky. Pendant un an, il a vécu seul avant d’être évacué à Kharkiv. L’avenir est sombre mais, conclut-il, “tout ira bien pour l’Ukraine, Poutine est un connard”.Dans une autre chambre, alité face à une fenêtre, il y a Iouriï Miagky, 84 ans, originaire de Saltivka.Ce quartier, situé à l’entrée nord de Kharkiv, a été terriblement bombardé, dès le début de l’invasion, quand les troupes russes tentaient de conquérir la ville.”Est-ce que l’Ukraine a été divisée ?”, demande faiblement M. Miagky, perdu, comme tant d’autres, dans l’incertitude du conflit.- Cicatrice -Dans sa chambre, depuis septembre 2024, Zinaïda Guyrenko cohabite avec Olga Zolotareva, 71 ans, qui rouspète quand sa voisine se perd dans ses réponses. Pendant 28 ans, Olga Zolotareva s’est occupée de personnes handicapées mentales dans la ville de Lyptsi, non loin de la frontière russe. Quand l’invasion a commencé, ces personnes ont été évacuées, mais Mme Zolotareva est restée.En mai 2024, lorsque la Russie a lancé une nouvelle offensive sur la région de Kharkiv, elle était dans sa maison, quand “il y a eu une frappe”.Un éclat “de je ne sais quoi” lui a brisé la jambe droite. Elle montre son atroce cicatrice. En plus de la paix, elle espère pouvoir remarcher normalement.Quelques minutes plus tard, au moment des adieux, Olga Zolotareva partage un autre petit espoir. Celui d’avoir encore auprès d’elle “l’odeur d’un homme”, car, “bien sûr”, ça lui manque beaucoup.