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Pétrole, armement et diplomatie : menu copieux pour la visite de Poutine en Inde

Le président russe Vladimir Poutine arrive jeudi en ami en Inde pour une visite très attendue dans le contexte des sanctions douanières imposées à New Delhi par Donald Trump en représailles à ses achats de pétrole russe.Le locataire du Kremlin, qui ne s’était plus rendu à New Delhi depuis 2021, doit retrouver en soirée le Premier ministre Narendra Modi pour un dîner informel, en préambule à leur entretien officiel le lendemain.Malgré l’invasion russe de l’Ukraine, les deux partenaires historiques ont su maintenir des liens étroits. Voici les principaux sujets au menu de leurs discussions:PétroleL’Inde est l’un des principaux importateurs de pétrole russe, à rebours des Occidentaux qui ont coupé leur robinet de brut à cause de la guerre en Ukraine.En 2024, la Russie a livré aux raffineries indiennes 36% de leur consommation, selon la plateforme d’informations commerciales Kpler.L’Inde, qui importe 85% de ses besoins en or noir, y a trouvé moyen de remplir ses cuves à bon prix. Mais les Etats-Unis l’ont punie en août d’une surtaxe de 50% sur ses exportations au motif que ces achats financent l’effort de guerre de Moscou en Ukraine.Donald Trump a assuré que Narendra Modi lui avait promis de renoncer au pétrole russe, en pleine tractations commerciales entre leurs deux pays.New Delhi n’a rien confirmé. Mais les statistiques récentes révèlent que ses achats auprès de Moscou ont baissé.”Nous n’avons aucun doute que ces échanges bénéficient largement à l’Inde, et sont avantageux pour les deux parties”, a noté avant la visite du président russe son porte-parole, Dmitri Peskov.”Il y aura peut-être une réduction des achats d’énergie (indiens) sous pression américaine, mais le lien sera maintenu car les deux pays ont stratégiquement besoin l’un de l’autre”, a jugé pour l’AFP Nandan Unnikrishnan, du centre de réflexion Observer Research Foundation, proche du gouvernement indien.DéfenseMême si l’Inde s’est récemment tournée vers d’autres fournisseurs – dont la France – et privilégie les équipements nationaux, la Russie reste une de ses principales sources d’approvisionnement en matériels militaires.Selon l’Institut international pour la recherche sur la paix (SIPRI) de Stockholm, la part des équipements russes dans l’arsenal indien a reculé de 76% sur la période 2009-2013 à 36% en 2019-2023.Tirant les enseignements de sa confrontation militaire avec le Pakistan en mai, New Delhi a manifesté son intérêt pour l’achat de nouveaux missiles sol-air russes de type S-400.”Il ne fait aucun doute que ce sujet sera évoqué pendant la visite”, a indiqué M. Peskov.La presse indienne a par ailleurs souligné l’intérêt de New Delhi pour le chasseur russe de 5e génération Su-57.CommerceEnergies comprises, la Russie arrive au 4e rang des partenaires commerciaux de l’Inde avec des échanges bilatéraux chiffrés à 68,7 milliards de dollars – un record – sur l’année 2024-25, selon les statistiques officielles.Mais la relation reste très déséquilibrée. Plus de 90% de ce montant – 63,8 milliards de dollars – provient des importations indiennes, pour l’essentiel des hydrocarbures. En retour, l’Inde vend à la Russie des machines-outils et des médicaments pour l’essentiel.”Nous voulons diversifier nos échanges et faire en sorte de les rééquilibrer”, a fait savoir un haut-diplomate indien s’exprimant sous couvert d’anonymat.”Notre volonté est de maintenir et même d’accroître le volume de nos échanges bilatéraux”, a pour sa part assuré Dmitri Peskov, “sans laisser qui que ce soit d’autre s’en mêler”.DiplomatieLe haut-diplomate indien a qualifié la relation de son pays avec la Russie de “la plus stable des temps modernes”.Jusqu’à ce jour, l’Inde a évité de condamner ouvertement l’invasion russe en Ukraine, tout en réussissant à maintenir ses liens avec l’Europe et les Etats-Unis.Narendra Modi a rarement haussé le ton vis-à-vis de Vladimir Poutine sur ce thème, sauf en 2022 lors d’une rencontre en Ouzbékistan où il avait exigé la fin de la guerre “le plus vite possible”.Il a depuis répété à de multiples reprises son attachement à un ordre mondial “multipolaire” et résisté aux injonctions occidentales à s’éloigner de Moscou.”Nous sommes unis par notre vision commune d’un avenir mondial multipolaire”, a abondé M. Peskov.”L’Inde veut maintenir ses liens solides avec la Russie, vitale à la gestion de ses relations compliquées avec la Chine et à son autonomie stratégique”, a commenté Praveen Donthi, de l’ONG International Crisis Group.

Trump à nouveau l’hôte de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda

Le président américain Donald Trump accueille jeudi à Washington ses homologues congolais et rwandais pour ratifier un accord de paix censé mettre fin aux violences dans l’est de la République démocratique du Congo, ravagé par trois décennies de conflits armés.Mais à la veille de cette cérémonie, qui se déroulera en présence des présidents de la RDC Félix Tshisekedi et du Rwanda Paul Kagame, d’intenses combats ont encore opposé le groupe armé M23, soutenu par Kigali, à l’armée congolaise appuyée par des milices, dans la province du Sud-Kivu, selon des sources locales.C’est que malgré la signature en juin par les deux pays voisins de cet accord de paix, déjà à Washington sous les auspices de Donald Trump, les hostilités se sont poursuivies dans cette région riche en ressources naturelles très convoitées.Le M23 – qui n’a jamais reconnu officiellement ses liens avec Kigali – et les autorités de RDC s’accusent régulièrement de violer le cessez-le-feu qu’ils se sont engagés à respecter dans le cadre d’une médiation parallèle menée par le Qatar à Doha.Depuis mardi, des combats font rage en plusieurs points de la ligne de front dans la province du Sud-Kivu, où le M23 grignote du terrain depuis plusieurs semaines.”Beaucoup de maisons ont été bombardées et il y a beaucoup de morts”, a déclaré à l’AFP René Chubaka Kalembire, un responsable administratif à Kaziba, localité sous contrôle du M23.Théâtre de conflits armés depuis trois décennies, les violences se sont intensifiées depuis janvier avec la prise des grandes villes de Goma et Bukavu par le M23.De multiples cessez-le-feu ont été conclus et violés depuis la reprise des opérations de ce groupe armé dans l’est de la RDC en 2021, et les affrontements avec les forces gouvernementales et alliées ont déplacé des centaines de milliers de personnes et provoqué une vaste crise humanitaire.Kigali affirme que sa sécurité est depuis longtemps menacée par des groupes armés, notamment les FDLR, créées par d’anciens dirigeants hutus liés au génocide rwandais de 1994, et a conditionné la levée de ses “mesures défensives” à leur neutralisation.- Pas à vendre -Les deux présidents doivent d’abord être reçus à la Maison Blanche avant une cérémonie de signature à l’Institut américain pour la paix, renommé mercredi en “Institut Donald Trump pour la Paix” par le département d’Etat.L’accord est composé de plusieurs volets, a dit mercredi la porte-parole du président de la RDC, Tina Salama: le volet sur la paix, un cadre d’intégration économique régionale et un partenariat stratégique avec les Etats-Unis pour l’exploitation des minerais, dont la RDC regorge.Il comprend aussi des dispositions sur le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques, qui se fera de manière “individuelle”, a dit Mme Salama.Pour le président Trump, au-delà de sa quête du Nobel de la paix, l’enjeu est aussi économique.Il a ainsi exprimé l’espoir que les Etats-Unis puissent exploiter les minerais de RDC qui, autrement, pourraient être acheminés vers la Chine.Premier producteur mondial de cobalt, essentiel pour les batteries de véhicules électriques, la RDC, deuxième plus vaste pays d’Afrique, détient aussi dans ses sous-sols au moins 60% des réserves mondiales de coltan, minerai stratégique pour l’industrie électronique.Evoquant ce volet économique, la porte-parole Tina Salama a réfuté toute notion d’échange paix contre minerais.Elle a souligné devant la presse à Washington que Kinshasa entendait conserver sa souveraineté sur les ressources naturelles du pays.Comme on lui demandait si Washington exigeait en contrepartie de ses efforts que la RDC accueille aussi des migrants expulsés des Etats-Unis, elle a répondu: “On ne sait pas encore s’ils mettront cela sur la table”.Le Rwanda a déjà conclu un tel accord avec Washington.

Le courant revient progressivement dans l’ouest de Cuba après une nouvelle panne

L’électricité revient progressivement dans l’ouest de Cuba, notamment à La Havane, après une avarie sur le réseau électrique qui a touché mercredi plusieurs millions d’habitants de cette île soumise depuis deux ans à des coupures massives récurrentes.La compagnie nationale d’électricité (UNE) a annoncé à la mi-journée que “toutes les provinces” étaient “désormais connectées au système …

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Ukraine, commerce: Macron entre dans le vif du sujet avec Xi à Pékin

Le président chinois Xi Jinping a accueilli jeudi en grande pompe son homologue français Emmanuel Macron, venu le presser de corriger le déséquilibre commercial avec l’Europe, et user de ses relations avec la Russie pour mettre fin à la guerre en Ukraine.Le président chinois, accompagné de son épouse Peng Liyuan, a reçu M. Macron et son épouse Brigitte dans le cadre monumental du Palais du peuple, décor des congrès du Parti communiste chinois. Ils ont écouté les hymnes nationaux et passé en revue la garde, avant d’être salués par un groupe d’enfants auquel M. Macron a adressé un baiser de la main.M. Macron doit avoir un entretien restreint puis élargi avec M. Xi. M. Macron, arrivé mercredi soir avec son épouse Brigitte et accompagné dans son déplacement par 35 patrons de grands groupes (Airbus, EDF, Danone..) ou d’entreprises plus familiales, du luxe à l’agroalimentaire, devrait ensuite assister à la signature d’un certain nombre de contrats.Il s’agit de la quatrième visite d’Etat en Chine de la part de M. Macron depuis son accession à la présidence en 2017. Le président Xi a lui-même été reçu en France en grande pompe en 2024 et l’Elysée présente le temps que M. Xi passera avec M. Macron d’ici à vendredi, y compris à titre privé, comme un signe de l’importance de la relation.Cependant, les différends avec la France et, plus largement l’Europe, sont profonds.”Nous avons une attente constante à l’égard de la Chine. C’est qu’elle use de son influence auprès de la Russie pour l’amener à cesser la guerre” en Ukraine, aux portes de l’Union européenne, dit l’Elysée.La Chine assure constamment vouloir la paix. Mais elle n’a jamais condamné l’invasion de l’Ukraine. Partenaire économique et politique primordial de la Russie, elle est le premier pays acheteur de combustibles fossiles russes au monde, y compris de produits pétroliers, alimentant ainsi la machine de guerre russe. Des Européens l’accusent de fournir des composants militaire à la Russie.Lors de son précédent voyage à Pékin en 2023, M. Macron avait appelé M. Xi à “ramener la Russie à la raison”.- Diplomatie des pandas -M. Xi a réservé un traitement privilégié au chef d’Etat russe Vladimir Poutine en septembre en l’invitant à ses côtés et ceux du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un à un défilé militaire géant célébrant les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale.M. Macron entend aborder des pratiques commerciales chinoises jugées déloyales, des voitures électriques à l’acier.La relation entre la Chine et l’Europe est caractérisée par un déficit commercial massif (357,1 milliards de dollars) en défaveur de l’UE.Un conseiller du président français évoquait à la veille de la visite le risque de devoir “fermer les marchés”, déjà très secoués par la guerre des droits de douanes engagée par le président américain Donald Trump.Paris pousse aussi à ce que la Chine investisse plus en France, avec à la clé un partage de technologies comparable à celui opéré par les Européens et qui a contribué au décollage économique de la Chine. Les Européens pressent aussi pour un accès plus ouvert aux métaux rares, dont la Chine domine la production et la transformation mondiales, levier dont elle a fait en 2025 un usage qui a ébranlé les chaînes d’approvisionnement mondiales et européennes.La question de Taïwan, qui a donné lieu à de vives tensions entre Pékin et la nouvelle Première ministre japonaise Sanae Takaichi, sera aussi présente en arrière-plan.M. Macron abordera également la question des droits humains en Chine, assure l’Elysée, alors que les ONG l’appellent à être plus offensif sur ce sujet face à Pékin. Comme en France en 2024, les deux couples présidentiels se retrouveront vendredi dans un cadre plus informel à Chengdu, dans la province du Sichuan (sud-ouest), berceau des pandas géants devenus des ambassadeurs de la Chine à travers le monde.