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Le réalisateur Rob Reiner et son épouse retrouvés morts, “apparemment” poignardés

Le réalisateur américain Rob Reiner, auteur de la comédie “Quand Harry rencontre Sally”, et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts dimanche en Californie, la police confirmant la thèse d’un “homicide apparent”.Les deux corps ont été retrouvés au domicile du cinéaste.La rédaction californienne de la chaîne NBC a cité une source proche de la famille indiquant que le couple avait été retrouvé mort, apparemment victime de blessures par arme blanche. Un porte-parole de la famille a confirmé à CNN que Reiner et sa femme étaient décédés.La police de Los Angeles a indiqué avoir été appelée au domicile du couple, dans le quartier cossu de Brentwood (sud de la Californie), suite à la découverte de deux corps qu’elle n’a pas immédiatement identifiés.”Nous sommes bouleversés par cette perte soudaine et nous demandons le respect de notre vie privée en cette période incroyablement difficile”, a annoncé la famille du couple, dans un communiqué cité par la revue Variety.Le compte X de la LAPD a indiqué que l’enquête se dirigeait vers “un homicide apparent”. Les médias américains ont indiqué que le couple serait mort des suites de coups de couteau.Mais rien ne filtrait à ce stade en terme de mobile, ni de suspect.”Personne n’a été placé en détention. Personne n’est interrogé en tant que suspect”, a déclaré Alan Hamilton, chef adjoint de la police de Los Angeles (LAPD). “Nous allons essayer de parler à tous les membres de la famille afin d’établir les faits”.Rob Reiner était âgé de 78 ans.D’abord acteur dans des séries télévisées dans les années 1970, il a commencé sa carrière comme réalisateur en 1984 avec le film “Spinal Tap” sur un groupe de rock imaginaire. Il restera surtout l’auteur de nombreux films cultes, notamment “Quand Harry rencontre Sally” avec Billy Crystal et Meg Ryan, mais aussi “Stand by me” ou encore “Misery”.En 1993, son film “Des hommes d’honneur” – avec Tom Cruise, Jack Nicholson et Demi Moore – avait été nommé aux Oscars. Au total, Bob Reiner a réalisé 23 longs-métrages.- “Militant engagé” -Retrouvant parfois son rôle de comédien, il était apparu récemment dans quatre épisodes de la série “The Bear”.”C’est une perte immense pour notre ville et notre pays. L’héritage de Rob Reiner est profondément ancré dans la culture et la société américaines”, a déclaré de son côté la maire de Los Angeles sur son compte X.Karen Bass a salué “son oeuvre créative ainsi que son engagement pour la justice sociale et économique”, qui “ont transformé la vie d’innombrables personnes”. “Acteur, réalisateur, producteur, scénariste et militant politique engagé, il a toujours mis ses talents au service des autres”, a ajouté l’édile. Rob Reiner et Michele Singer “étaient de véritables défenseurs des droits LGBTQ+”, a-t-elle rappelé.L’actrice Kathy Bates, qui a travaillé avec Reiner sur le film “Misery” de 1990, s’est dite “horrifiée d’apprendre cette terrible nouvelle” dans un communiqué à NBC.”J’aimais Rob. Il était brillant et bienveillant, un homme qui a réalisé des films de tous les genres pour se dépasser en tant qu’artiste. Il a aussi défendu avec courage ses convictions politiques (…). Michelle était une photographe de grand talent (…). J’ai le coeur brisé pour eux deux”, a déclaré la comédienne.Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a également présenté ses condoléances.”Son empathie sans borne a rendu ses histoires intemporelles, apprenant à des générations à voir la bonté et la droiture chez les autres et nous encourageant à rêver plus grand”, a déclaré le gouverneur démocrate.

Dermatose: la ministre de l’Agriculture attendue dans le Sud-Ouest, où les actions se multiplient

La ministre de l’Agriculture Annie Genevard se rend lundi à Toulouse pour défendre sa gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) contre laquelle des agriculteurs en colère bloquent des autoroutes et axes de grand passage dans le sud-ouest.Alors que la crise sanitaire menace de devenir politique, la ministre, a affirmé lundi matin que “la situation est sous contrôle”. Elle doit se rendre en Haute-Garonne dans l’après-midi “afin de lancer la campagne de vaccination” d’un million de bêtes, destinée à endiguer cette maladie dans le Sud-Ouest.A Carbonne, tout près de Toulouse, où elle est attendue notamment à la préfecture pour une “réunion de crise sur la situation sanitaire et la campagne vaccinale”, une vingtaine d’agriculteurs ont passé la nuit sur un barrage installé sur l’A64 depuis vendredi.”On attend d’être reçus et surtout d’être entendus” par la ministre, a déclaré à l’AFP Frédéric Meynard, céréalier, sur le blocage où une affiche proclame “Ici continue le pays de la résistance agricole.A Cestas, près de Bordeaux, c’est l’autoroute A63 qui pour la première fois a été bloquée tard dimanche soir. Les glissières ont été rapidement démontées, les braseros se sont mis à crépiter, les vivres rapidement installés, dont des dizaines de saucisses grésillant sur des planchas, sous des barnums situés sous le pont autoroutier”Mon devoir est aussi de protéger 125.000 autres éleveurs qui ne veulent pas voir arriver la maladie chez eux, et de préserver 16 millions de bovidés”, a déclaré la ministre à L’Opinion.”La vaccination dans les zones concernées et dans le cordon qui les entoure, mesure centrale et déterminante pour enrayer la propagation de la maladie, constitue aujourd’hui le principal horizon d’espoir pour les éleveurs bovins”, affirme le ministère, soutenu par l’alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes Agriculteurs.La stratégie mise en place implique l’abattage de toutes les bêtes des foyers affectés, des restrictions de mouvements des troupeaux et une “vaccination d’urgence” des bovins sur 50km à la ronde.Mais cette méthode est vivement contestée par des éleveurs et d’autres syndicats, comme la Coordination rurale et la Confédération paysanne, et les actions se multiplient dans le Sud-Ouest, comme le blocage de routes.Dimanche, 27 actions ont été recensées en fin d’après-midi, rassemblant un peu plus de 1.000 agriculteurs, selon le ministère de l’Intérieur. La sous-préfecture de Millau (Aveyron) a été recouverte de paille, lisier et pneus usagés, tandis que l’A64 était bloquée depuis vendredi soir sur plus d’une centaine de kilomètres du Pays basque à l’est de Tarbes par des dizaines de tracteurs.- “Le compte n’y est pas” -“On sait que la ministre se déplace et on fera quelque chose pour lui confirmer notre volonté que cette politique sanitaire d’abattage total s’arrête”, a dit à l’AFP Emilie Deligny, secrétaire générale de la Confédération paysanne.Ce syndicat dit porter “toujours le même message”, qui est la demande d'”élargissement de la vaccination et l’arrêt des abattages totaux”.”On est en lien plus ou moins avec la ministre pour lui porter nos revendications mais ça n’avance pas à la vitesse que l’on voudrait”, déplore Emilie Deligny.La DNC, non transmissible à l’humain, est apparue en France en juin, en Savoie. Elle s’est depuis développée dans le Sud-Ouest après la détection d’un foyer dans un élevage de l’Ariège, le 9 décembre, où plus de 200 vaches ont été abattues malgré la mobilisation de manifestants.Du 29 juin au 13 décembre 2025, 111 foyers ont été détectés en France, selon le ministère : Savoie (32), Haute-Savoie (44), Ain (3), Rhône (1), Jura (7), Pyrénées-Orientales (20), Doubs (1), Ariège (1), Hautes-Pyrénées (1) et Haute-Garonne (1).Des responsables politiques, du Rassemblement national à LFI, ont critiqué ce weekend la gestion du gouvernement face à la colère montante d’une partie des agriculteurs. La présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga, a adressé dimanche une lettre ouverte au Premier ministre Sébastien Lecornu, lui demandant “d’intervenir afin de garantir, dans les plus brefs délais, un dialogue franc et sincère avec les agriculteurs”.D’autres dossiers brûlants comme la baisse annoncée du budget de la Politique agricole commune (PAC) européenne et l’accord de libre-échange prévu entre l’UE et les États du Mercosur alimentent aussi la colère des agriculteurs.Emmanuel Macron a demandé à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen “un report de l’examen de l’accord” par les États membres de l’UE, constatant que “le compte n’y est pas pour protéger les agriculteurs français”, a indiqué dimanche soir l’entourage présidentiel. Mme von der Leyen souhaite parapher l’accord avec l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay samedi prochain lors d’un sommet Mercosur au Brésil. Un feu vert préalable des États membres est nécessaire.

L’Australie et Trump saluent des “héros” face à l’attentat de Sydney

Un vendeur de fruits désarme à mains nues un homme qui tire sur la foule, des sauveteurs en mer se précipitent pour sauver des enfants, un jeune homme se cache avec d’autres dans une épicerie: l’Australie et des dirigeants étrangers comme Donald Trump ont salué ces “héros” pour leur courage face à l’attentat antisémite de Sydney.Un père et son fils ont ouvert le feu à au moins 40 reprises, pendant une dizaine de minutes dimanche en fin de journée, sur des gens qui célébraient la fête juive de Hanouka sur la plage mythique de Bondi. Ils ont fait au moins 15 morts et plus de 40 blessés.Une vidéo qui s’est propagée sur les réseaux sociaux et des médias de la planète montre un homme penché entre des voitures sur un parking: il se précipite tout d’un coup avec audace sur l’un des tireurs qui lui tourne le dos, l’agrippe par le cou, le maîtrise et lui arrache son fusil. Avant de le faire tomber, de le mettre en joue, de le faire reculer et fuir.Cet homme s’appelle Ahmed al Ahmed, il a 43 ans et est vendeur de fruits près de Sydney, selon le média 7News. A peine son identité dévoilée, il a été salué en “héros” par les dirigeants australiens et étrangers, du Premier ministre australien Anthony Albanese à Donald Trump.- “Sauvé des vies” -“C’est une personne extrêmement courageuse qui a affronté l’un des tireurs et sauvé de nombreuses vies. Cette personne, très courageuse, est actuellement hospitalisée, grièvement blessée”, a commenté le président des Etats-Unis à la Maison Blanche, dimanche.”Au milieu de toute cette horreur, au milieu de toute cette tristesse, il y a encore des Australiens merveilleux et courageux, prêts à risquer leur vie pour aider un parfait inconnu”, a renchéri le Premier ministre de la Nouvelle-Galles-du-Sud, Chris Minns, Etat dont Sydney est la capitale.D’après 7News, M. Ahmed a été blessé par balle à deux reprises par l’autre tireur, le fils du premier assaillant qui a été désarmé et abattu par la suite par la police.”C’est un héros à 100%”, a commenté sur 7News un homme se disant être son cousin et du nom de Mustapha.Sur la plage de Bondi, tout d’un coup transformée en scène d’horreur, des sauveteurs en mer qui n’étaient pas en service ont surgi pour tenter de sauver des enfants.- “Couru sous les balles” -“L’équipe a couru sous les balles pour tenter de sortir des enfants d’une aire de jeux alors que les tireurs faisaient feu”, a témoigné Steven Pearce du club Surf Life Saving New South Wales.”Ils ont réussi à mettre les enfants à l’abri”, s’est-il réjoui auprès de l’AFP, ajoutant que d’autres sauveteurs ont prodigué des premiers soins à des personnes blessées.Une femme enceinte, qui avait ses premières contractions, après s’être réfugiée dans le club de surf, a été emmenée à l’hôpital pour accoucher, selon M. Pearce.Près de cette plage réputée dans le monde entier, des églises, bars, restaurants, commerces ont ouvert leurs portes à des centaines de personnes paniquées.Un Français de 23 ans, Alban Baton, s’est caché pendant des heures avec d’autres clients dans la chambre froide d’une épicerie. “C’est allé très vite”, a-t-il confié ensuite à l’AFP. “Une fille a dit +il y a un type avec un flingue+. A partir de là, tout le monde s’est mis à courir et, par instinct de survie, on s’est tous réfugiés dans la chambre froide”, a témoigné M. Baton.burs-djw-nr/vgu

L’Australie en deuil après un attentat antisémite qui a fait 15 morts sur une plage de Sydney

L’Australie est en deuil lundi au lendemain d’un attentat antisémite perpétré par un père et son fils qui ont ouvert le feu sur un millier de personnes rassemblées sur une plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, faisant 15 morts, dont une enfant, et 42 blessés.Sur cette plage mythique de Bondi prisée par des Australiens et des touristes du monde entier, des effets personnels sont encore sur le sable taché de sang, une vingtaine d’heures après une tuerie de dix minutes qui a provoqué une onde de choc dans cet immense pays d’Océanie et à l’international.”Ce que nous avons vu hier était un acte purement maléfique, antisémite et terroriste sur nos rives”, a proclamé le Premier ministre Anthony Albanese en déposant des fleurs sur ce lieu baigné par le Pacifique.L’Australie, qui n’avait pas été frappée par une telle tuerie depuis 1996, a mis tous ses drapeaux en berne, a ordonné M. Albanese, qui a proposé aussi une législation encore plus stricte sur les armes à feu. Dès dimanche, il avait dénoncé “une attaque ciblée contre les juifs australiens, au premier jour de Hanouka”, la fête juive des “lumières” qui se tient durant neuf jours en décembre. Et il avait jugé que l’attentat visait “tous les Australiens”.Le chef de la police locale, Mal Lanyon, a précisé que ses enquêteurs avaient “découvert un engin explosif artisanal dans une voiture liée au criminel décédé”, l’un des deux tireurs, le père, abattu par la police.Et son fils, grièvement blessé, a fait l’objet d’une enquête du renseignement australien en 2019 pour des liens avec le groupe jihadiste Etat islamique (EI), a révélé la chaîne publique australienne ABC.- “Dix minutes” -L’attentat a meurtri dimanche vers 18H45 (07H45 GMT) l’immense plage de Bondi, la plus connue d’Australie et à l’étranger, envahie par des milliers de promeneurs, nageurs et surfeurs en ce début d’été austral.”Nous avons entendu les coups de feu (…) Dix minutes de détonations incessantes”, a déclaré à l’AFP Camilo Diaz, étudiant chilien de 25 ans.Timothy Brant-Coles, touriste britannique, a confié à l’AFP avoir vu “deux tireurs vêtus de noir et armés de fusils semi-automatiques”. “C’est allé très vite”, a confié aussi à l’AFP un Français de 23 ans, Alban Baton, qui s’est réfugié dans la chambre froide d’une épicerie.Les assaillants étaient Sajid Akram, 50 ans, entré grâce à un visa en Australie en 1998 et qui avait un permis pour le port de six armes, et son fils Naveed Akram, 24 ans, né dans le pays, selon la police de la Nouvelle-Galles-du-Sud, Etat dont Sydney est la capitale. Le père a été abattu par des policiers, le fils est hospitalisé dans un état critique, selon la police et la presse.Sur la colline verdoyante surplombant la plage, un journaliste de l’AFP a vu lundi encore une poussette, des sacs et des serviettes laissés par les gens qui ont couru se mettre à l’abri. Depuis la nuit de dimanche à lundi, ce quartier d’habitude très animé a été bouclé.- “Héros” -Le Premier ministre Albanese, tout comme le président américain Donald Trump, ont salué des “héros” qui sont intervenus dimanche.Une vidéo virale sur les réseaux sociaux montre un homme sur un parking se précipiter par derrière sur un assaillant, l’agripper et lui arracher son arme, avant de le mettre en joue et de le faire fuir.Nombre de dirigeants mondiaux ont condamné avec force un attentat qui a tué 15 personnes âgées de dix ans pour une fillette, à 87 ans, un Français de 27 ans, Dan Elkayam, un rabbin de 41 ans né à Londres, Eli Schlanger, et Alex Kleytman, un survivant de la Shoah né en UKraine.On compte au moins 42 blessés.Donald Trump a fustigé un attentat “purement antisémite”.La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a assuré que “l”Europe se tenait aux côtés de l’Australie et des communautés juives partout dans le monde”.En Israël, le président Isaac Herzog a parlé d’une “attaque très cruelle contre des juifs” perpétrée par “d’ignobles terroristes”. Son Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui dénonce la résurgence de l’antisémitisme dans le monde depuis le massacre du 7 octobre 2023 et la guerre dans la bande de Gaza, a fustigé un “cancer qui se propage lorsque les dirigeants restent silencieux et n’agissent pas”. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron ont fait part de leur solidarité.Le Conseil national des imams australien a appelé “tous les Australiens, y compris la communauté musulmane australienne, à se serrer les coudes dans l’unité, la compassion et la solidarité”.Une série d’attaques antisémites a semé la peur chez les juifs d’Australie depuis plus de deux ans et Canberra a accusé Téhéran d’être à l’origine de deux de ces actes et a expulsé il y a quatre mois l’ambassadeur iranien. burs-nr/lgo

Chili: une large victoire de l’extrême droite porte José Antonio Kast à la présidence

Les électeurs chiliens ont élu dimanche le leader d’extrême droite José Antonio Kast à la tête du pays, devenant le président le plus à droite depuis la fin de la dictature d’Augusto Pinochet en 1990.L’ultraconservateur de 59 ans recueille environ 58% des suffrages contre 42% pour Jeannette Jara, une communiste modérée représentant une vaste coalition de gauche, selon des résultats officiels portant sur la quasi-totalité des bulletins de vote.”Nous allons instaurer le respect de la loi dans toutes les régions”, a déclaré le vainqueur du scrutin à des milliers de partisans réunis devant le siège du Parti républicain, dans l’est de Santiago.L’annonce de sa victoire a donné lieu à des célébrations à travers le pays, plusieurs milliers de personnes descendant dans les rues pour brandir des drapeaux chiliens, notamment dans la capitale, où ont retenti les klaxons pendant plusieurs heures.Mme Jara a rapidement reconnu sa défaite et promis une opposition “exigeante”.”Beaucoup de gens se sont laissé emporter par la campagne de la peur et par l’ignorance”, a regretté Gabriela Acevedo, 21 ans, étudiante en éducation spécialisée et électrice de Jeannette Jara.- Portraits de Pinochet -Au quartier général de José Antonio Kast, dans le quartier de Las Condes à Santiago, l’un des plus aisés du pays, plusieurs milliers de sympathisants étaient rassemblés.”Nous étions très fatigués, à l’échelle du pays, par l’usure économique (…) La droite nous manquait”, a déclaré Maribel Saavedra, une travailleuse sociale de 42 ans, en ouvrant une bouteille de champagne. Elle espère que M. Kast “renforce le pays par le travail” et “régularise la question migratoire”.Une fois le résultat connu, un groupe de personnes a scandé “Pinochet, Pinochet” et brandi des portraits de l’ancien dirigeant, défendu par le passé par José Antonio Kast, dans un pays où la dictature a fait quelque 3.200 morts et disparus entre 1973 et 1990.A peine élu, le candidat du Parti républicain a affronté sa première manifestation sur la Plaza Italia, épicentre à Santiago de la révolte sociale de 2019. Des dizaines de protestataires y ont été dispersés par la police à l’aide d’un canon à eau, selon la presse locale. Près de 16 millions d’électeurs étaient appelés à départager les deux candidats. Les sondages anticipaient une large victoire de José Antonio Kast. Au premier tour mi-novembre, les deux finalistes avaient chacun recueilli un quart des suffrages, avec une légère avance pour la gauche. Mises ensemble, les forces de droite avaient totalisé 70%.Le président élu, qui prendra ses fonctions en mars, a reçu les félicitations du chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, qui a vanté “des priorités communes, notamment le renforcement de la sécurité publique, la fin de l’immigration illégale et la revitalisation de notre relation commerciale”.L’ultralibéral argentin Javier Milei, allié de Donald Trump, a fait part sur X de son “immense joie” après “l’écrasante victoire de (son) ami”, se disant certain de pouvoir travailler avec lui pour que la région “adopte les idées de la liberté et que nous puissions nous libérer du joug oppresseur du socialisme”.Au Brésil, le président de gauche Lula a souhaité à M. Kast “beaucoup de succès”.- Conservatisme -L’ex-député, catholique pratiquant et père de neuf enfants, a fait campagne sur la lutte contre la criminalité et la promesse d’expulser les près de 340.000 migrants en situation irrégulière.Face à lui, Mme Jara, 51 ans, ex-ministre du Travail du président sortant Gabriel Boric, et issue des rangs du Parti communiste, promettait l’augmentation du salaire minimum et la défense des retraites.La criminalité et l’immigration irrégulière sont en tête des préoccupations des Chiliens, devant les difficultés économiques liées à une croissance atone.  Les experts parlent de perceptions en décalage avec la réalité, dans un pays qui connaît une hausse des enlèvements et de l’extorsion mais reste l’un des plus sûrs d’Amérique latine.Pendant cette campagne, M. Kast, opposé à l’avortement même en cas de viol ainsi qu’au mariage des couples de même sexe, a mis en sourdine ses positions les plus conservatrices.Le discours sécuritaire de la droite et de l’extrême droite au Chili trouve d’autant plus d’écho que le gouvernement de gauche sortant a généré des frustrations.L’explosion sociale de 2019 pour davantage d’égalité sociale, marquée par des violences, a été “très traumatisante” et, conjuguée à la pandémie, elle a produit “un mouvement vers le conservatisme”, relève la politologue Claudia Heiss. 

Hong Kong: l’ex-magnat prodémocratie Jimmy Lai jugé coupable dans son procès pour atteinte à la sécurité nationale

Un tribunal de Hong Kong a jugé coupable lundi l’ancien magnat des médias prodémocratie Jimmy Lai dans son procès pour atteinte à la sécurité nationale, risquant la prison à perpétuité, dans l’une des décisions de justice les plus marquantes depuis la rétrocession du territoire à la Chine en 1997.M. Lai, âgé de 78 ans, a été reconnu coupable d’un chef d’accusation de sédition, et de deux chefs d’accusation de collusion avec l’étranger. Ces deux derniers chefs se basent sur la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin après les vastes manifestations prodémocratie, parfois violentes, qui ont secoué Hong Kong en 2019.Pour le parquet, M. Lai était le cerveau derrière deux complots demandant à des pays étrangers d’imposer des “sanctions ou un blocus” ou de mener des “activités hostiles” contre Hong Kong ou la Chine. L’ex-magnat est aussi accusé d’avoir publié des contenus qui “incitaient à la désaffection” envers le gouvernement.Jimmy Lai, resté impassible à l’énoncé du verdict, a constaté un journaliste de l’AFP présent dans la salle, avait plaidé non coupable et risque la prison à perpétuité. Les peines seront prononcées à une date ultérieure, il pourra faire appel.”Il ne fait aucun doute que [M. Lai] a nourri sa rancœur et sa haine envers la RPC pendant une grande partie de sa vie d’adulte et cela apparaît dans ses articles”, a déclaré la juge Esther Toh à la cour, utilisant l’acronyme désignant la République populaire de Chine. “Il est également clair pour nous que le premier accusé, bien avant l’adoption de la loi sur la sécurité nationale, réfléchissait à la manière dont les États-Unis pourraient faire pression sur la RPC”, a-t-elle ajouté.Disposant d’un passeport britannique, le fondateur du journal prodémocratie Apple Daily, aujourd’hui fermé, est emprisonné depuis 2020. Âgé de 78 ans, il est maintenu à l’isolement, “à sa demande” selon les autorités. Il a salué les personnes venues le soutenir, dont sa femme Teresa et son fils Lai Shun-yan, d’un sourire et d’un hochement de tête, selon un journaliste de l’AFP.Il “est dans un bon état d’esprit”, a affirmé son avocat Robert Pang aux journalistes à la sortie du tribunal.Des représentants consulaires, notamment ceux des États-Unis, de l’Union européenne et de la France, ont assisté au verdict. Des vétérans du camp pro-démocratie de Hong Kong, dont le cardinal Joseph Zen et l’ancienne députée Emily Lau ont aussi pris place dans le public.- “Glas de la liberté de la presse” -Le cas de Jimmy Lai est considéré par les défenseurs des droits comme emblématique de l’érosion des libertés politiques à Hong Kong depuis la mise en place par Pékin de la loi sur la sécurité nationale.”La prévisibilité du verdict rendu aujourd’hui ne le rend pas moins consternant: la condamnation de Jimmy Lai sonne comme le glas de la liberté de la presse à Hong Kong”, a dénoncé l’ONG Amnesty International.Pour Reporters sans frontières (RSF), cette “condamnation illégale” illustre “la détérioration alarmante de la liberté des médias sur le territoire”, tandis que le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) l’a qualifiée de “condamnation parodique” et d'”acte de persécution honteux”.De son côté, Pékin avait déclaré vendredi qu’il “soutenait fermement” Hong Kong dans “le maintien de la sécurité nationale conformément à la loi et la répression des actes criminels qui mettent en danger la sécurité nationale”.Au cours du procès, Jimmy Lai s’est décrit au moins deux fois comme un “prisonnier politique”, s’attirant des reproches des juges. En plus des accusations de collusion, il est poursuivi pour 161 “publications séditieuses”, parmi lesquelles des talk-shows sur les réseaux sociaux et des éditoriaux signés de son nom.Au cours de son procès, ouvert en décembre 2023, M. Lai a affirmé n’avoir jamais prôné le séparatisme ou la résistance violente. Il a également nié avoir appelé à des sanctions occidentales contre la Chine et Hong Kong.Jimmy Lai souhaitait une “Chine libre et démocratique”, a indiqué à l’AFP un ancien employé de l’Apple Daily, connu sous le nom de Chan, faisant la queue devant le tribunal avant le verdict lundi aux côtés d’une centaine de personnes. “Il aimait beaucoup le pays, il n’aimait simplement pas le régime”, a-t-il ajouté.Pour Eric Lai, chercheur au Centre de droit asiatique de l’université Georgetown, le discours du tribunal “correspond à la manière dont la propagande du PCC tente d’effacer la distinction entre le parti au pouvoir et le peuple qu’il gouverne.”Les autorités de l’ex-colonie britannique, désormais région chinoise à statut spécial, ont affirmé que cette affaire avait été “traitée uniquement sur la base de preuves et conformément à la loi”.- État de santé incertain -Jimmy Lai est apparu devant la cour plus mince qu’avant son emprisonnement, alors que ses enfants, réfugiés aux Etats-Unis, ont fait part la semaine dernière de leurs inquiétudes.Le commissaire Steve Li, chef de la police nationale de sécurité, a déclaré lundi lors d’une conférence de presse que les inquiétudes de la fille de M. Lai relevaient de la diffamation.Le gouvernement de Hong Kong a souligné que M. Lai était soumis aux mêmes conditions de détention que “les autres détenus” et qu’il recevait des soins médicaux “adéquats et complets”.