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La trêve à Gaza mise à l’épreuve après les menaces de Trump

Le cessez-le-feu entre le Hamas et Israël à Gaza est mis à l’épreuve mardi après que Donald Trump a promis “l’enfer” au mouvement islamiste palestinien s’il ne relâchait “tous les otages” israéliens d’ici samedi.Le Hamas a répondu au président américain, premier allié d’Israël, en affirmant que “le langage des menaces est sans valeur et ne fait que compliquer les choses”.”Trump doit se rappeler qu’il y a un accord (de trêve) qui doit être respecté par les deux parties (Israël et le Hamas) et que c’est le seul moyen de faire revenir les prisonniers”, a déclaré Sami Abou Zouhri, un chef du mouvement palestinien.Le patron de l’ONU a appelé le Hamas à poursuivre la libération des otages. “Nous devons éviter à tout prix une reprise des hostilités à Gaza qui conduirait à une immense tragédie.”Ces otages ont été enlevés lors de l’attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d’Israël à partir de la bande de Gaza voisine le 7 octobre 2023. En représailles Israël a lancé une offensive dévastatrice à Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts. Après 15 mois de guerre dans le territoire palestinien assiégé par Israël, un accord de trêve conclu par l’intermédiaire des médiateurs internationaux -Qatar, Etats-Unis, Egypte, est entré en vigueur le 19 janvier, prévoyant l’arrêt des hostilités, la libération des otages contre des prisonniers palestiniens et une aide humanitaire accrue à Gaza.Mais lundi, le Hamas a menacé de reporter la prochaine libération d’otages prévue samedi dans le cadre de l’accord de trêve, en accusant Israël de le violer. Il a assuré que “la porte reste ouverte” pour une libération samedi si Israël “s’acquitte de ses obligations”.- “Annulez-le!” -Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a aussitôt ordonné à son armée de se préparer à “tous les scénarios” et envoyé des renforts autour de la bande de Gaza.Dans ce contexte de menaces, Donald Trump, qui prône une prise en main américaine de Gaza et un déplacement de ses quelque 2,4 millions d’habitants, hors du territoire, est intervenu en qualifiant de “terrible” la menace du Hamas de reporter les libérations.”Si tous les otages ne sont pas ramenés d’ici samedi (…) je dirais: annulez-le et rien ne va plus, qu’un véritable enfer se déchaîne (…)”, a-t-il déclaré à la presse, appelant à les libérer “tous, pas au compte-gouttes, pas deux et un et trois et quatre et deux. Samedi à 12 heures, après cela je dirais que l’enfer va se déchaîner.”Cette exigence va plus loin que les termes de l’accord de trêve.Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, l’accord prévoit la libération de 33 otages, dont huit annoncés comme morts, en échange de 1.900 Palestiniens détenus par Israël, durant une première phase courant sur six semaines.Depuis le début de la trêve, 16 otages israéliens ont été libérés, en plus de cinq Thaïlandais (hors accord), en échange de 765 prisonniers palestiniens.Soixante-treize otages sont toujours retenus à Gaza, dont au moins 35 sont morts selon l’armée.Mardi, l’armée et le Kibboutz de Kissoufim ont annoncé la mort en captivité à Gaza de Shlomo Mansour, 86 ans, enlevé chez lui au kibboutz lors de l’attaque du Hamas.Le 8 février, trois otages israéliens, très éprouvés physiquement, ont été libérés en échange de 183 Palestiniens, cinquième échange depuis le 19 janvier.La deuxième phase du cessez-le-feu est censée aboutir à la libération de tous les otages et à la fin définitive de la guerre, avant une étape finale dédiée à la reconstruction de Gaza.Des négociations auraient dû déjà être en cours pour discuter de la deuxième phase mais le gouvernement israélien a jusque-là refusé de les reprendre.- “Allez-y”! -De nombreux Israéliens dont des proches d’otages ont manifesté devant le devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, pour demander à aller de l’avant dans l’application de l’accord.Parmi eux Shahar Mor Zahiro, neveu d’un otage tué, Avraham Munder. “Nous ne pouvons pas nous permettre un autre bras de fer entre les parties. Il y a un accord. Allez-y !”, dit-il.L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.210 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes.L’offensive israélienne a fait au moins 48.208 morts, en majorité des civils, à Gaza et provoqué des destructions colossales et un désastre humanitaire, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.Recevant la semaine dernière à Washington Benjamin Netanyahu, Donald Trump a affirmé que les Etats-Unis allaient prendre le “contrôle” de Gaza afin de la reconstruire et la développer économiquement, proposant de déplacer les Gazaouis notamment en Jordanie ou en Egypte.Le plan Trump a soulevé un tollé international et a été rejeté par les Palestiniens, la Jordanie et l’Egypte, deux pays parmi les plus importants bénéficiaires de l’aide américaine.Mais M. Trump, qui reçoit mardi le roi de Jordanie Abdallah II, a averti qu’il envisageait d’arrêter les aides à l’Egypte et à la Jordanie si elles n’accueillaient pas les Palestiniens.Mardi, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a estimé “nécessaire de commencer la reconstruction de Gaza (…) sans déplacer les Palestiniens”.

La trêve à Gaza mise à l’épreuve après les menaces de Trump

Le cessez-le-feu entre le Hamas et Israël à Gaza est mis à l’épreuve mardi après que Donald Trump a promis “l’enfer” au mouvement islamiste palestinien s’il ne relâchait “tous les otages” israéliens d’ici samedi.Le Hamas a répondu au président américain, premier allié d’Israël, en affirmant que “le langage des menaces est sans valeur et ne fait que compliquer les choses”.”Trump doit se rappeler qu’il y a un accord (de trêve) qui doit être respecté par les deux parties (Israël et le Hamas) et que c’est le seul moyen de faire revenir les prisonniers”, a déclaré Sami Abou Zouhri, un chef du mouvement palestinien.Le patron de l’ONU a appelé le Hamas à poursuivre la libération des otages. “Nous devons éviter à tout prix une reprise des hostilités à Gaza qui conduirait à une immense tragédie.”Ces otages ont été enlevés lors de l’attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d’Israël à partir de la bande de Gaza voisine le 7 octobre 2023. En représailles Israël a lancé une offensive dévastatrice à Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts. Après 15 mois de guerre dans le territoire palestinien assiégé par Israël, un accord de trêve conclu par l’intermédiaire des médiateurs internationaux -Qatar, Etats-Unis, Egypte, est entré en vigueur le 19 janvier, prévoyant l’arrêt des hostilités, la libération des otages contre des prisonniers palestiniens et une aide humanitaire accrue à Gaza.Mais lundi, le Hamas a menacé de reporter la prochaine libération d’otages prévue samedi dans le cadre de l’accord de trêve, en accusant Israël de le violer. Il a assuré que “la porte reste ouverte” pour une libération samedi si Israël “s’acquitte de ses obligations”.- “Annulez-le!” -Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a aussitôt ordonné à son armée de se préparer à “tous les scénarios” et envoyé des renforts autour de la bande de Gaza.Dans ce contexte de menaces, Donald Trump, qui prône une prise en main américaine de Gaza et un déplacement de ses quelque 2,4 millions d’habitants, hors du territoire, est intervenu en qualifiant de “terrible” la menace du Hamas de reporter les libérations.”Si tous les otages ne sont pas ramenés d’ici samedi (…) je dirais: annulez-le et rien ne va plus, qu’un véritable enfer se déchaîne (…)”, a-t-il déclaré à la presse, appelant à les libérer “tous, pas au compte-gouttes, pas deux et un et trois et quatre et deux. Samedi à 12 heures, après cela je dirais que l’enfer va se déchaîner.”Cette exigence va plus loin que les termes de l’accord de trêve.Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, l’accord prévoit la libération de 33 otages, dont huit annoncés comme morts, en échange de 1.900 Palestiniens détenus par Israël, durant une première phase courant sur six semaines.Depuis le début de la trêve, 16 otages israéliens ont été libérés, en plus de cinq Thaïlandais (hors accord), en échange de 765 prisonniers palestiniens.Soixante-treize otages sont toujours retenus à Gaza, dont au moins 35 sont morts selon l’armée.Mardi, l’armée et le Kibboutz de Kissoufim ont annoncé la mort en captivité à Gaza de Shlomo Mansour, 86 ans, enlevé chez lui au kibboutz lors de l’attaque du Hamas.Le 8 février, trois otages israéliens, très éprouvés physiquement, ont été libérés en échange de 183 Palestiniens, cinquième échange depuis le 19 janvier.La deuxième phase du cessez-le-feu est censée aboutir à la libération de tous les otages et à la fin définitive de la guerre, avant une étape finale dédiée à la reconstruction de Gaza.Des négociations auraient dû déjà être en cours pour discuter de la deuxième phase mais le gouvernement israélien a jusque-là refusé de les reprendre.- “Allez-y”! -De nombreux Israéliens dont des proches d’otages ont manifesté devant le devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, pour demander à aller de l’avant dans l’application de l’accord.Parmi eux Shahar Mor Zahiro, neveu d’un otage tué, Avraham Munder. “Nous ne pouvons pas nous permettre un autre bras de fer entre les parties. Il y a un accord. Allez-y !”, dit-il.L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.210 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes.L’offensive israélienne a fait au moins 48.208 morts, en majorité des civils, à Gaza et provoqué des destructions colossales et un désastre humanitaire, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.Recevant la semaine dernière à Washington Benjamin Netanyahu, Donald Trump a affirmé que les Etats-Unis allaient prendre le “contrôle” de Gaza afin de la reconstruire et la développer économiquement, proposant de déplacer les Gazaouis notamment en Jordanie ou en Egypte.Le plan Trump a soulevé un tollé international et a été rejeté par les Palestiniens, la Jordanie et l’Egypte, deux pays parmi les plus importants bénéficiaires de l’aide américaine.Mais M. Trump, qui reçoit mardi le roi de Jordanie Abdallah II, a averti qu’il envisageait d’arrêter les aides à l’Egypte et à la Jordanie si elles n’accueillaient pas les Palestiniens.Mardi, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a estimé “nécessaire de commencer la reconstruction de Gaza (…) sans déplacer les Palestiniens”.

Syrie: plus de 10 ans après sa disparition, l’espoir de retrouver le père Paolo renaît

Dans un ancien monastère perché sur une colline rocheuse au nord de Damas, des proches du père Paolo Dall’Oglio poursuivent son Å“uvre, espérant que la chute de Bachar al-Assad permette enfin de lever le voile sur le sort du prêtre jésuite italien.Le père Paolo a vécu plusieurs années dans ce monastère fondé au VIe siècle et dont il a contribué à la restauration.Opposant farouche au pouvoir sous Bachar al-Assad, il avait été expulsé en 2012 après avoir rencontré des membres de l’opposition. L’année suivante, il était revenu clandestinement dans les zones rebelles, avant de disparaître en juillet 2013 alors qu’il se rendait à Raqqa pour négocier la libération de militants enlevés par un groupe qui deviendrait plus tard l’organisation Etat islamique (EI).”Nous voulons savoir si le père Paolo est vivant ou mort, qui l’a emprisonné et qu’en est-il de son sort”, affirme le père Jihad Youssef, supérieur du monastère Deir Mar Moussa al-Habachi (Saint-Moïse l’Abyssin), situé à une centaine de kilomètres de la capitale syrienne.Depuis sa disparition, des informations contradictoires ont circulé sur son sort: certaines affirmant qu’il a été capturé par les jihadistes, d’autres qu’il a été tué ou encore remis aux autorités syriennes.La défaite territoriale de l’EI en 2019 n’a apporté aucune certitude, dans un pays où des dizaines de milliers de personnes ont disparu dans les geôles de Bachar al-Assad ou ont été portées disparues au cours de la guerre civile déclenchée en 2011.La chute de Bachar al-Assad en décembre dernier a permis à ses amis du monastère d’exprimer ouvertement leurs soupçons selon lesquels le père Paolo aurait pu être “emprisonné par le régime”, explique le père Youssef.”Nous avons attendu un signe de lui… dans la prison de Saydnaya ou la branche Palestine”, dit-il, en référence à des centres de détention tristement célèbres, d’où des détenus ont été libérés après la chute de Bachar al-Assad.”On nous a dit beaucoup de choses, notamment qu’il aurait été aperçu à la prison d’Adra en 2019″, à la périphérie de Damas, “mais rien de fiable”, ajoute-t-il.- “Coexistence possible” -Né en 1954, Paolo Dall’Oglio prônait le dialogue interreligieux. A Deir Mar Moussa, chrétiens et musulmans se réunissaient pour prier côte à côte, faisant du monastère un symbole de coexistence.Le monastère était un pont pour le dialogue entre Syriens, dans un pays que “l’ancien régime avait divisé en communautés, nourrissant une méfiance mutuelle”, souligne le père Youssef.Quelque 30.000 visiteurs s’y sont rendus en 2010, avant la guerre et la disparition de Paolo Dall’Oglio.Le monastère a rouvert ses portes en 2022.”Je ne connaissais pas le père Paolo”, confie Chatha al-Barrah, 28 ans, venue en retraite spirituelle. “Mais je sais qu’il ressemble à ce monastère, qui ouvre son cÅ“ur à tous, quelles que soient leurs croyances”, dit cette interprète en gravissant les 300 marches menant aux bâtiments en partie creusés dans la roche.Pour Julian Zakka, 28 ans, c’est la figure du prêtre italien qui l’a poussé à entrer dans l’ordre des jésuites.”Le père Paolo combattait l’amalgame entre islam et extrémisme’, explique-t-il, “et insistait sur le fait que la coexistence était possible”.- “Profondes blessures” -Depuis la chute de Bachar al-Assad, les nouvelles autorités s’efforcent de rassurer les minorités.Bachar al-Assad s’était présenté comme un protecteur des minorités dans une Syrie multiethnique et multiconfessionnelle, tout en concentrant le pouvoir entre les mains de la minorité alaouite, dont il est issu.”Le régime se présentait comme notre protecteur, mais en réalité, il nous utilisait comme bouclier”, estime le père Youssef.Il dit espérer qu'”enfin, le poids qui pesait sur nos poitrines s’est levé et que nous pouvons respirer”, après des décennies de “mort politique”.Et veut transmettre le message du père Paolo.”Nous allons reprendre les activités qu’il aimait tant”, annonce-t-il, notamment une marche prévue dans la province de Homs, où cohabitent alaouites, sunnites et chiites.”Le régime a creusé de profondes blessures entre les différentes communautés musulmanes” à Homs, souligne-t-il.”Père Paolo voulait organiser une grande procession là-bas  –prier sur les charniers, être un pont entre les gens– pour qu’ils écoutent la douleur des autres, pleurent ensemble et se tiennent la main.”

Syrie: plus de 10 ans après sa disparition, l’espoir de retrouver le père Paolo renaît

Dans un ancien monastère perché sur une colline rocheuse au nord de Damas, des proches du père Paolo Dall’Oglio poursuivent son Å“uvre, espérant que la chute de Bachar al-Assad permette enfin de lever le voile sur le sort du prêtre jésuite italien.Le père Paolo a vécu plusieurs années dans ce monastère fondé au VIe siècle …

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Syrie: plus de 10 ans après sa disparition, l’espoir de retrouver le père Paolo renaît

Dans un ancien monastère perché sur une colline rocheuse au nord de Damas, des proches du père Paolo Dall’Oglio poursuivent son Å“uvre, espérant que la chute de Bachar al-Assad permette enfin de lever le voile sur le sort du prêtre jésuite italien.Le père Paolo a vécu plusieurs années dans ce monastère fondé au VIe siècle et dont il a contribué à la restauration.Opposant farouche au pouvoir sous Bachar al-Assad, il avait été expulsé en 2012 après avoir rencontré des membres de l’opposition. L’année suivante, il était revenu clandestinement dans les zones rebelles, avant de disparaître en juillet 2013 alors qu’il se rendait à Raqqa pour négocier la libération de militants enlevés par un groupe qui deviendrait plus tard l’organisation Etat islamique (EI).”Nous voulons savoir si le père Paolo est vivant ou mort, qui l’a emprisonné et qu’en est-il de son sort”, affirme le père Jihad Youssef, supérieur du monastère Deir Mar Moussa al-Habachi (Saint-Moïse l’Abyssin), situé à une centaine de kilomètres de la capitale syrienne.Depuis sa disparition, des informations contradictoires ont circulé sur son sort: certaines affirmant qu’il a été capturé par les jihadistes, d’autres qu’il a été tué ou encore remis aux autorités syriennes.La défaite territoriale de l’EI en 2019 n’a apporté aucune certitude, dans un pays où des dizaines de milliers de personnes ont disparu dans les geôles de Bachar al-Assad ou ont été portées disparues au cours de la guerre civile déclenchée en 2011.La chute de Bachar al-Assad en décembre dernier a permis à ses amis du monastère d’exprimer ouvertement leurs soupçons selon lesquels le père Paolo aurait pu être “emprisonné par le régime”, explique le père Youssef.”Nous avons attendu un signe de lui… dans la prison de Saydnaya ou la branche Palestine”, dit-il, en référence à des centres de détention tristement célèbres, d’où des détenus ont été libérés après la chute de Bachar al-Assad.”On nous a dit beaucoup de choses, notamment qu’il aurait été aperçu à la prison d’Adra en 2019″, à la périphérie de Damas, “mais rien de fiable”, ajoute-t-il.- “Coexistence possible” -Né en 1954, Paolo Dall’Oglio prônait le dialogue interreligieux. A Deir Mar Moussa, chrétiens et musulmans se réunissaient pour prier côte à côte, faisant du monastère un symbole de coexistence.Le monastère était un pont pour le dialogue entre Syriens, dans un pays que “l’ancien régime avait divisé en communautés, nourrissant une méfiance mutuelle”, souligne le père Youssef.Quelque 30.000 visiteurs s’y sont rendus en 2010, avant la guerre et la disparition de Paolo Dall’Oglio.Le monastère a rouvert ses portes en 2022.”Je ne connaissais pas le père Paolo”, confie Chatha al-Barrah, 28 ans, venue en retraite spirituelle. “Mais je sais qu’il ressemble à ce monastère, qui ouvre son cÅ“ur à tous, quelles que soient leurs croyances”, dit cette interprète en gravissant les 300 marches menant aux bâtiments en partie creusés dans la roche.Pour Julian Zakka, 28 ans, c’est la figure du prêtre italien qui l’a poussé à entrer dans l’ordre des jésuites.”Le père Paolo combattait l’amalgame entre islam et extrémisme’, explique-t-il, “et insistait sur le fait que la coexistence était possible”.- “Profondes blessures” -Depuis la chute de Bachar al-Assad, les nouvelles autorités s’efforcent de rassurer les minorités.Bachar al-Assad s’était présenté comme un protecteur des minorités dans une Syrie multiethnique et multiconfessionnelle, tout en concentrant le pouvoir entre les mains de la minorité alaouite, dont il est issu.”Le régime se présentait comme notre protecteur, mais en réalité, il nous utilisait comme bouclier”, estime le père Youssef.Il dit espérer qu'”enfin, le poids qui pesait sur nos poitrines s’est levé et que nous pouvons respirer”, après des décennies de “mort politique”.Et veut transmettre le message du père Paolo.”Nous allons reprendre les activités qu’il aimait tant”, annonce-t-il, notamment une marche prévue dans la province de Homs, où cohabitent alaouites, sunnites et chiites.”Le régime a creusé de profondes blessures entre les différentes communautés musulmanes” à Homs, souligne-t-il.”Père Paolo voulait organiser une grande procession là-bas  –prier sur les charniers, être un pont entre les gens– pour qu’ils écoutent la douleur des autres, pleurent ensemble et se tiennent la main.”

Au sommet sur l’IA à Paris, les Etats-Unis en pourfendeurs de la régulation

Le sommet de Paris sur l’intelligence artificielle a vu s’affronter mardi deux visions du monde, les Etats-Unis appelant à limiter la régulation pour “ne pas tuer une industrie en plein essor” qu’ils dominent et ne signant pas l’appel sur une IA “ouverte”, “inclusive” et “éthique”.A la clôture du sommet à la mi-journée, les signataires, qui incluent la Chine, la France et l’Inde (les deux co-organisateurs), se sont prononcés pour une coordination renforcée de la gouvernance de l’IA nécessitant un “dialogue mondial” et ont appelé à éviter “une concentration du marché” afin que cette technologie soit plus accessible.Une vision très éloignée de celle défendue par les Etats-Unis qui, comme le Royaume-Uni, ne figurent pas parmi les signataires de cette déclaration, voulue par le président français Emmanuel Macron et rassemblant des principes partagés de régulation, un thème maintes fois abordé lors de ce sommet qui a débuté lundi.Ce grand raout mêlant dirigeants politiques et patrons de la tech dans l’enceinte du Grand Palais a été marqué mardi par le discours très offensif du vice-président américain J.D. Vance, dont c’est le premier déplacement à l’international depuis la prise de fonction de Donald Trump fin janvier et l’annonce de “Stargate”, un plan d’investissements dans l’IA américaine à hauteur de 500 milliards de dollars. – “Pro-croissance” -A rebours d’une Europe voulant aller plus vite tout en définissant un cadre à l’essor de l’IA, il a souhaité faire “tous les efforts possibles pour encourager les politiques pro-croissance” en la matière.”Les Etats-Unis sont les leaders dans l’IA et notre administration entend qu’ils le restent”, a-t-il souligné, quelques heures après des informations sur une offre non sollicitée d’Elon Musk, l’homme le plus riche du monde et membre de l’administration Trump, sur la start-up OpenAI, à l’origine de ChatGPT.Selon le Wall Street Journal, le milliardaire (qui dispose déjà de sa propre start-up d’IA générative, xAI, lancée en 2023) veut, avec un groupe d’investisseurs, racheter l’organisation à but non lucratif qui contrôle OpenAI pour 97,4 milliards de dollars.”Non merci”, lui a répondu lundi sur X le patron d’OpenAI, Sam Altman, présent au sommet de Paris.Avant de quitter la nef du Grand Palais pour déjeuner à l’Elysée, J.D. Vance a également mis en garde contre les partenariats avec les “régimes autoritaires”, dans une référence à peine voilée à la Chine. “S’associer avec eux (ces régimes, NDLR) revient à enchaîner votre nation à un maître autoritaire qui cherche à infiltrer, s’installer et s’emparer de votre infrastructure d’information”.- Prochain sommet en Inde -En réponse aux ambitions américaines, Emmanuel Macron a insisté sur le “besoin de règles” et d’un “cadre de confiance” pour accompagner le développement de l’IA. “Nous avons besoin de ces règles pour que l’IA avance” et “besoin de continuer à faire avancer une gouvernance internationale de l’IA”, a-t-il dit, en clôture du sommet qui s’est traduit pour la France en annonces sonnantes et trébuchantes, avec un plan d’investissements privés à hauteur de 109 milliards d’euros.Pour le Premier ministre indien Narendra Modi, qui co-présidait le sommet IA et va accueillir le prochain, le défi est de ne pas laisser “le sud global”, dont son pays et ses 1,4 milliard d’habitants, à la traine d’une révolution technologique en plein boom.Alors que l’Europe tente d’avancer ses pions dans cette course à l’IA, l’Union européenne a dévoilé mardi un plan d’investissements de 200 milliards d’euros, dont 150 milliards venant de grands groupes. Il s’agit du “plus grand partenariat public-privé dans le monde pour le développement d’une IA fiable”, au sein de l’alliance “EU AI Champions Initiative” qui regroupe plus de 60 entreprises, a souligné la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen. Le “leadership mondial est toujours à saisir”, a-t-elle estimé.Parallèlement au sommet, se tient mardi un rendez-vous “business” pour les entreprises de la tech européenne et internationale à Station F, l’incubateur de start-up fondé par le milliardaire français Xavier Niel, en présence notamment d’OpenAI. M. Macron doit aller à la rencontre des entrepreneurs sur place dans l’après-midi.