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Zelensky, critiqué par Trump, reçu par ses alliés européens

Volodymyr Zelensky doit revoir lundi à Londres ses alliés européens Keir Starmer, Emmanuel Macron et Friedrich Merz, au moment où Donald Trump lui reproche de ne “pas avoir lu” sa proposition de règlement du conflit, objet de tractations séparées avec Moscou et Kiev.Le président ukrainien sera reçu par le Premier ministre britannique, en compagnie du président français et du chancelier allemand.La réunion est destinée à faire le point sur “les négociations en cours dans le cadre de la médiation américaine”, avait déjà écrit samedi sur X Emmanuel Macron en promettant de “continuer à faire pression sur la Russie pour la contraindre à la paix”.Au même moment, la cheffe de la diplomatie britannique Yvette Cooper est attendue à Washington pour rencontrer son homologue américain Marco Rubio, dans le cadre d’intenses efforts diplomatiques pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine déclenchée par l’invasion russe du 24 février 2022.Le Royaume-Uni et les Etats-Unis devraient réaffirmer “leur engagement à parvenir à un accord de paix en Ukraine”, a annoncé le Foreign Office, ajoutant que Londres appuie “les efforts continus du président Trump pour garantir une paix juste et durable”.- Questions clés -Ces rencontres suivent des réunions à Miami, en Floride, entre responsables ukrainiens et américains, autour du plan qu’a dévoilé Donald Trump il y a trois semaines et censé trouver une issue à la guerre.Samedi, M. Zelensky avait assuré avoir eu une conversation téléphonique “substantielle et constructive” avec les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner et ses propres négociateurs dépêchés en Floride.”Les questions clés qui pourraient garantir la fin de l’effusion de sang” et “le risque que la Russie ne tienne pas ses promesses” ont été abordés, avait alors prévenu le président ukrainien.De son côté, la diplomatie américaine a annoncé ce week-end s’être entendue avec l’Ukraine pour affirmer que “tout progrès réel vers un accord dépendait de la volonté de la Russie de s’engager sérieusement en faveur d’une paix durable”.Depuis la présentation du plan américain il y a trois semaines, les puissances européennes alliées de Kiev tentent de faire entendre leur voix. Elles ont tenté, lors d’une réunion à Genève fin novembre, d’amender un texte perçu comme très favorable à la Russie car porté par M. Witkoff, un promoteur immobilier intime du président Trump et accusé d’être également proche de Moscou où il s’est rendu plusieurs fois depuis près d’un an.- Il reste “beaucoup de travail” -Lui et M. Kushner, gendre de Donald Trump, avaient été reçus la semaine dernière par le président russe Vladimir Poutine, le Kremlin parlant alors de certaines avancées, même s’il reste “beaucoup de travail”.Interrogé dimanche soir lors d’une soirée de gala à Washington, le président des Etats-Unis, qui souffle le chaud et le froid à l’endroit de son homologue ukrainien, lui a reproché de n’avoir “pas lu” son plan pour l’Ukraine.”Nous avons donc parlé au président Poutine, nous avons parlé aux dirigeants ukrainiens — notamment Zelensky, le président Zelensky — et je dois dire que je suis un peu déçu que le président Zelensky n’ait pas encore lu la proposition”, a lancé M. Trump.”Cela convient à la Russie, vous savez je pense que la Russie préférerait avoir tout le pays”, mais “je ne suis pas sûr que cela convienne à M. Zelensky”, a ajouté le milliardaire républicain, qui s’est rapproché de Moscou depuis qu’il est revenu à la Maison Blanche il y a près d’un an.Le Kremlin a d’ailleurs qualifié dimanche de “globalement conformes à (sa) vision” les “ajustements” contenus dans la “nouvelle stratégie de sécurité nationale” dévoilée vendredi par la Maison Blanche.Ce texte d’une trentaine de pages s’en prend à l’Europe, confrontée à un “effacement civilisationnel” attribué à l’immigration et s’engage à ce qu’il n’y ait pas d’élargissement de l’Otan.Sur le terrain en Ukraine, neuf personnes de plus ont été blessées par des frappes attribuées à la Russie dans la nuit de dimanche à lundi: sept dans la région de Soumy (nord-est) et deux à Tchernihiv (nord).burs-nr/phs

L’UE avance au pas de charge pour durcir sa politique migratoire

Sous pression de la droite et de l’extrême droite, les 27 pays de l’Union européenne vont entériner lundi un net durcissement de leur politique migratoire et la possibilité de renvoyer les migrants dans des centres hors des frontières européennes.Réunis à Bruxelles, les ministres de l’Intérieur des Etats membres de l’UE se prononcent pour la première fois sur trois textes présentés cette année par la Commission européenne afin d’encadrer plus strictement les arrivées et les renvois d’exilés.Ils permettraient notamment:- D’ouvrir des centres en dehors des frontières de l’UE pour y envoyer les migrants dont la demande d’asile aurait été rejetée, les fameux “hubs de retours”. – De sanctionner plus durement ceux qui refusent de quitter le territoire européen, via des périodes de détention plus longues.- De renvoyer des migrants vers des pays dont ils ne sont pas originaires mais que l’Europe considère comme “sûrs”.La baisse des arrivées — environ 20% d’entrées irrégulières en moins par rapport à l’an dernier — n’a pas fait retomber la pression sur les responsables politiques du Vieux continent. Bien au contraire.”Il est vraiment important que nous donnions aux citoyens le sentiment que nous maîtrisons ce qui se passe”, a martelé lundi le commissaire européen Magnus Brunner, architecte de ce tour de vis migratoire.- La France et l’Espagne sceptiques -Ses idées font bondir la gauche et les associations de protection des exilés, qui dénoncent des mesures violant les droits humains.”Au lieu d’investir dans la sécurité, la protection et l’inclusion, l’UE choisit des politiques qui plongeront davantage de personnes dans le danger et l’insécurité juridique”, alerte Silvia Carta de PICUM, une ONG de protection des sans-papiers.Sous l’impulsion du Danemark, qui assure la présidence tournante de l’Union européenne et défend de longue date ce durcissement migratoire, les Etats membres avancent au pas de charge dans leur examen des mesures.”Nous progressons très vite”, affirme un diplomate européen, estimant qu’il existe une “volonté politique largement partagée” parmi les Vingt-Sept pour valider ces propositions.Parmi les rares sceptiques: la France, qui s’interroge sur la légalité et l’efficacité de certaines de ces mesures, et l’Espagne, pas convaincue par les “hubs de retour”, déjà expérimentés par plusieurs pays mais sans réel succès.Cette position est toutefois de plus en plus “difficile à tenir” tant la pression exercée par certains pays pour les adopter est forte, assure le ministre espagnol de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska.Ces mesures bénéficient aussi du net soutien de la droite et de l’extrême droite qui se sont alliées au Parlement européen la semaine dernière pour leur accorder de premiers feux verts.Là encore, l’idée est d’avancer vite, de nombreux eurodéputés et dirigeants plaidant pour leur adoption finale en début d’année prochaine.- Qui accueillera les demandeurs d’asile ? -Des discussions extrêmement périlleuses sont par ailleurs prévues lundi sur un nouveau système de répartition des demandeurs d’asile en Europe.Afin de soulager les pays se situant le long des routes migratoires, comme la Grèce et l’Italie, l’UE exigera bientôt que les autres Etats membres relocalisent des demandeurs d’asile sur leur sol. Ou versent, à défaut, une contribution financière de 20.000 euros par demandeur d’asile aux pays sous pression.Les pays de l’UE négocient depuis plusieurs semaines sur comment mettre en place ce système.Mais les tractations ont déjà connu de nombreux remous: dans le contexte politique actuel, quels pays seraient prêts à accepter les demandeurs d’asile d’un autre?Plusieurs pays, dont la Belgique, la Suède ou l’Autriche, sont déjà sortis du bois en annonçant qu’ils n’accepteront pas les demandeurs d’asile d’autres Etats membres.”Il y a peu de ministres de l’Intérieur qui vont vouloir venir devant la presse et dire +ok j’en ai pris 3.000+”, prédit un responsable européen, s’exprimant sous couvert d’anonymat.Une décision finale sur la répartition de plusieurs milliers de demandeurs d’asile est malgré tout requise d’ici la fin de l’année.

Inondations en Indonésie: le bilan monte à 950 morts et 5.000 blessés

Le bilan des inondations et des glissements de terrain qui ont frappé l’île indonésienne de Sumatra s’est alourdi, passant à 950 morts et 5.000 blessés, a annoncé lundi l’Agence indonésienne de gestion des catastrophes (BNPB).En outre, 274 personnes sont toujours portées disparues après la catastrophe qui a touché trois provinces de Sumatra, détruisant de nombreuses habitations, voies de communication et infrastructures publiques, a précisé l’agence.Au total, plus 1.800 personnes ont péri en Indonésie, au Sri Lanka, en Malaisie, en Thaïlande et au Vietnam à la suite d’une série de tempêtes tropicales et de pluies de mousson qui ont provoqué glissements de terrain et crues soudaines.Le coût de la reconstruction dans les trois provinces de Sumatra pourrait atteindre l’équivalent de 3,1 milliards de dollars, a indiqué dimanche soir Suharyanto, chef de l’agence BNPB, qui comme beaucoup d’Indonésiens ne porte qu’un seul nom.La province d’Aceh, à l’extrémité occidentale de Sumatra, déjà lourdement endeuillée par le tsunami de 2004, est la région la plus touchée, avec 386 décès et des centaines de milliers de personnes déplacées.La province “manque de tout, surtout de personnel médical. Nous manquons de médecins”, a déclaré le gouverneur d’Aceh, Muzakir Manaf, dimanche soir à des journalistes.”Les médicaments sont importants. Les produits de première nécessité le sont également”, a-t-il ajouté.Une grande partie de l’Asie connaît actuellement la pleine saison de la mousson, indispensable notamment pour la culture du riz mais aussi souvent à l’origine d’inondations.Selon les experts, le changement climatique engendre des épisodes de pluie plus intenses car une atmosphère plus chaude contient davantage d’humidité, et des températures plus élevées dans les océans peuvent amplifier les tempêtes.En Indonésie, écologistes, experts et même le gouvernement ont souligné la responsabilité de la déforestation dans les crues soudaines et les glissements de terrain à Sumatra.- Déploiement doublé au Sri Lanka -Au Sri Lanka, touché par un cyclone dévastateur qui a tué 627 personnes à travers le pays, l’armée a déclaré lundi avoir presque doublé les effectifs déployés pour venir en aide aux sinistrés.Plus de deux millions de personnes — près de 10% de la population — ont été affectées par le cyclone Ditwah. Le Sri Lanka s’attend à de nouvelles fortes pluies de mousson lundi, y compris la région centrale la plus touchée, a indiqué le Centre de gestion des catastrophes (DMC) qui a fait état de nouveaux glissements de terrain. Le chef de l’armée, Lasantha Rodrigo, a annoncé que 38.500 membres des forces de sécurité avaient été déployés pour renforcer le soutien aux zones touchées par les inondations et les glissements de terrain. “Nous avons presque doublé le déploiement car nous sommes maintenant engagés dans la reconstruction des routes, des ponts et également dans l’aide au nettoyage des puits d’eau potable contaminés par les eaux de crue”, a déclaré porte-parole de l’armée, Waruna Gamage à l’AFP. Le centre du pays, région productrice de thé, a été le plus durement touchée, avec 471 décès signalés, selon les données officielles. Le président Anura Kumara Dissanayake a décrit cette catastrophe naturelle comme la plus difficile à laquelle le Sri Lanka a été confronté. 

Coup d’Etat déjoué au Bénin, le bloc ouest-africain envoie des troupes pour soutenir Cotonou

Les autorités du Bénin ont affirmé dimanche avoir déjoué une tentative de coup d’Etat visant à renverser le président Patrice Talon, lequel a assuré que la situation était “totalement sous contrôle” et à qui le bloc ouest-africain de la Cedeao va envoyer un soutien militaire.Cette tentative de putsch intervient à quelques mois du départ de …

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L’ONU fustige l'”apathie” du monde en lançant son appel humanitaire 2026

L’ONU a fustigé lundi l’”apathie” du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre.”C’est une époque de brutalité, d’impunité et d’indifférence”, s’est emporté lors d’une conférence de presse à New York le chef des opérations …

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Honduras: le dépouillement à nouveau à l’arrêt, Nasralla accuse les “corrompus”

Le Conseil national électoral (CNE) du Honduras a reconnu dimanche une nouvelle interruption du dépouillement de la présidentielle du 1er décembre, le candidat libéral Salvador Nasralla dénonçant des “corrompus” qui compromettent selon lui le processus.Depuis samedi, le décompte reste bloqué à 88,6% des bulletins dépouillés, le candidat de droite Nasry Asfura, 67 ans, soutenu par …

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Un an après le passage du cyclone Chido, Mayotte se reconstruit lentement

Dans le quartier résidentiel des Hauts-Vallons à Mamoudzou, prisé des fonctionnaires de Mayotte, des tas de gravats sont toujours entassés ici ou là. Un an après le passage du cyclone Chido, qui a dévasté l’archipel de l’océan Indien, “rien n’a été fait”, se désole un habitant. Assis sur un chaise de camping, devant l’immeuble construit il y a seulement cinq ans par la société immobilière de Mayotte, Anli regarde les passants. A côté de lui, s’amoncellent des morceaux de placo, de bois et de barres métalliques. Le toit de l’immeuble a été arraché le 14 décembre 2024 quand le cyclone Chido a frappé l’archipel, détruisant également les logements du dernier étage. Résident du rez-de-chaussée, Anli subit toujours des infiltrations, faute d’intervention des pouvoirs publics. Si sur le territoire des travaux ont été réalisés dans les collèges et lycées au cours de l’été pour pouvoir accueillir les élèves à la rentrée d’août, les habitations et les bâtiments publics restent marqués par la catastrophe naturelle.Selon la Fondation pour le logement, “60% du bâti de l’île a été endommagé ou détruit et plus des 2/3 des logements collectifs ont subi des dommages”.- “Explosion” des prix -“Nous avons mis du temps à démarrer les travaux”, concède Ahmed Ali Mondroha, directeur général de la société immobilière de Mayotte (SIM), qui évalue les dégâts causés par le cyclone à 72 millions d’euros. “Sur 1.600 logements impactés, 500 ont pu être remis en exploitation et environ 600 sont actuellement en travaux”.  Mais “les entreprises du bâtiment n’ont pas toujours les matériaux nécessaires, les prix ont explosé depuis le passage du cyclone – la tôle a par exemple augmenté de 40% – et les délais d’acheminement se sont allongés”, détaille le directeur général. 

Selon Julian Champiat, président de la fédération mahoraise du BTP (FMBTP), il faut en effet attendre “quatre mois” pour réceptionner une commande, contre “deux auparavant”. Notamment à cause d’un allongement des délais de dédouanement, lié au nombre important de conteneurs au port de commerce de Longoni. Faute de trésorerie – à cause d’une reprise d’activité tardive et de défauts de paiement -, les entreprises travaillent par ailleurs “en flux tendu”. “Elles n’ont pas de stock”, confirme le directeur général de la SIM. Ce qui ralentit encore les chantiers.”Le tissu économique est largement fragilisé”, souligne Fahardine Mohamed, président du Medef à Mayotte. Notamment parce que les finances du secteur public – qui représente 70% de l’économie de l’archipel – sont “au plus bas”, selon lui. “Après le cyclone, les collectivités se sont engagées dans des dépenses pour faire face à l’urgence. Et elles sont en fin de mandat”, indique le président du Medef.- “Fuites d’eau partout” -Elles-mêmes n’ont pas été épargnées. Dans le centre-ville de Mamoudzou, l’hôtel de ville conserve une partie de sa toiture arrachée et des locaux sont condamnés. Un peu plus haut, le toit du bâtiment de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) reste bâché. “On est en télétravail depuis le passage du cyclone”, confie un employé de la collectivité, souhaitant rester anonyme. “Mon bureau est inutilisable, il y a des fuites d’eau partout et lorsqu’il pleut ça fait sauter l’électricité. Rien n’a été fait. Les collectivités n’ont plus d’argent”. D’autant que les indemnisations des assurances tardent toujours à arriver. “On attend environ 20 millions d’euros”, souligne le directeur général de la SIM.Derrière le comptoir du restaurant le Camion blanc, sur le front de mer de Mamoudzou, Melie Razafindrasoa prépare un jus de papaye. “On en voit à nouveau au marché”, se réjouit-elle. En revanche, cette habitante de Doujani n’a “toujours pas vu l’argent de l’assurance”. “On a perdu les fenêtres et une porte de la maison pendant le cyclone, on a réparé nous-mêmes mais à chaque fois qu’il pleut, les chambres sont inondées”, raconte la serveuse, qui confie “avoir très peur qu’un nouveau cyclone arrive”. A Mayotte, la saison des pluies commence. Et les orages se font de plus en plus fréquents. “La dernière fois, il y a eu beaucoup de vent et de pluie. Mes enfants ont eu très peur, ils sont encore traumatisés…”, rapporte Melie Razafindrasoa. “Alors que la nouvelle saison cyclonique a débuté, des milliers de ménages sinistrés restent privés de logement digne et décent”, alerte de son côté la Fondation pour le logement. 

Le gouvernement lance des conférences sur la “souveraineté alimentaire”, sur fond de méfiance agricole

Dans une France agricole affaiblie, le gouvernement lance lundi les “conférences de la souveraineté alimentaire” destinées à définir une stratégie agricole nationale sur dix ans, un exercice que les agriculteurs, échaudés, abordent avec méfiance.De l’élevage à la viticulture en passant par les céréales, les difficultés sont telles que la balance agricole française pourrait être déficitaire en 2025, pour la première fois en près de 50 ans. Aujourd’hui, la France importe la moitié des fruits, légumes et du poulet qu’elle consomme, 60% de la viande ovine, 25% du bœuf…Ces conférences, promises par la loi d’orientation agricole de mars 2025, se dérouleront sur plusieurs mois, par filières de production et au niveau régional, pour des conclusions en juin.La ministre Annie Genevard a livré en février une vision de la souveraineté alimentaire conçue comme un “réarmement” dans un monde secoué de conflits: “la France doit produire plus pour manger mieux”, avait-elle assené, appelant à la “mobilisation générale”.- Retour “symbolique” à Rungis -Elle franchit une étape supplémentaire lundi en lançant son opération “grand réveil alimentaire” au marché de gros de Rungis, avec un discours qualifié de “majeur” par son entourage.Cette entrée en matière a fait bondir le premier syndicat FNSEA, qui participera au chantier mais pas à son lancement, “s’apparentant davantage à une opération de communication”.”Cela fait 15, 20 ans qu’on dit qu’on va dans le mauvais sens. Ce qui nous intéresse maintenant, c’est ce qu’on va faire, (…) comment on assure des revenus sur les exploitations”, souligne le secrétaire général de la FNSEA Hervé Lapie.Le premier syndicat goûte assez peu ce retour “symbolique” à Rungis, où Emmanuel Macron avait en 2017 prôné une stratégie de “montée en gamme”, depuis percutée par l’inflation et la concurrence accrue sur les marchés.Huit ans plus tard, l’ambiance est morose. Après deux hivers de colère dans les campagnes, le monde agricole reste au bord de l’explosion, entre crises sanitaires dans l’élevage et prix en berne. La mobilisation s’organise, en France contre la politique d’abattage systématique de bovins touchés par la dermatose, et à Bruxelles, où une manifestation est prévue le 18 décembre contre l’accord de libre-échange UE-Mercosur ou la taxe carbone aux frontières pour les engrais.Pour la Coordination rurale, 2e syndicat agricole qui boude aussi le discours de Rungis, “le ministère ne répond pas aux attentes actuelles des agriculteurs” qu’on “empêche de produire” avec des contraintes trop fortes.A rebours de cette vision anti-normes, la Confédération paysanne est aussi critique du gouvernement, estimant que la souveraineté est avant tout la capacité d’une société à choisir son agriculture et non une course pour produire et exporter plus.Plusieurs filières soulignent que le temps n’est plus “aux nouvelles consultations” mais aux “décisions”: “il y a urgence”, a résumé l’interprofession de la viande mercredi.Certaines ont établi des diagnostics précis, comme celle de la betterave sucrière, ou lancé des “plans de souveraineté” comme les fruits et légumes en 2023, ou le blé dur et la viande en 2024. Qu’espérer donc de ces conférences ?- Impliquer la transformation -L’idée est de construire à partir “de l’évolution de la demande”, en interrogeant notamment les industriels: “il s’agit bien d’élaborer un plan d’action de production et de transformation à dix ans et on fera en sorte de partir de la demande du consommateur français, européen et mondial”, explique le ministère. Des “projets structurants” seront identifiés, de même que des “trajectoires de production”, assure-t-on.Ce plan devra aussi tenir compte de la stratégie française de lutte contre le changement climatique ou de réduction des pesticides.Ludovic Spiers, ex-directeur général du géant coopératif agricole Agrial, a été nommé “coordinateur général” du chantier. Des groupes de travail sectoriels sont prévus (cultures, viandes blanches, viticulture…), réunissant les interprofessions, l’amont (l’agriculture) et l’aval (la transformation), l’établissement public FranceAgrimer, la recherche.Ces conférences “doivent être l’occasion d’un sursaut national. Je veux impliquer le consommateur citoyen, lui faire prendre conscience que par son acte d’achat, il a une importance capitale. Ce +grand réveil alimentaire+ s’adresse d’abord à lui”, a affirmé Mme Genevard dans Les Echos dimanche.Elles devront aussi prendre en considération des stratégies nationales nutrition et climat (Snanc, SNBC…) qui se font toujours attendre.