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Chômage record en Allemagne depuis 2015, l’appel aux réformes s’intensifie
Le nombre de chômeurs en Allemagne a dépassé les 3 millions en août, un seuil symbolique jamais atteint depuis 2015, qui alerte sur la nécessité de réformes pour relancer la première économie européenne.Selon les données publiées vendredi par l’Agence pour l’emploi, le chômage a augmenté de 45.700 personnes sur un mois, portant le total à 3,03 millions de sans-emplois.La pause estivale explique en partie cette mauvaise statistique, car, corrigé des variations saisonnières, le chiffre recule de 9.000 personnes sur un mois et le taux de chômage se maintient à 6,3%.Le marché du travail allemand subit néanmoins les effets combinés d’une stagnation économique prolongée et de la pression internationale, aggravée par le conflit en Ukraine et les incertitudes mondiales.Ses coûts d’énergie en hausse ont également nui à la compétitivité des produits “made in Germany”.Depuis mai 2022, le chômage a ainsi augmenté régulièrement, passant d’un point bas de 2,2 millions de personnes sans emploi à plus de 3 millions aujourd’hui.La dernière fois qu’un mois d’août a dépassé cette barre symbolique remonte à 2010, selon les archives de l’Agence pour l’emploi.- “Automne des réformes” -Ces chiffres bruts sont moins le révélateur d’une tendance structurelle qu’un électrochoc pour le débat public: vendredi, le quotidien populaire Bild en a fait la une de son site en ligne.Ces trois millions de chômeurs représentent surtout “un constat d’échec face au refus de réformes de ces dernières années”, a réagi Rainer Dulger, président de la Fédération allemande des employeurs (BDA). Pour lui, l’Allemagne a besoin d’un véritable “automne des réformes”.Après un départ poussif au printemps, le gouvernement de coalition dirigé par le chancelier conservateur Friedrich Merz est attendu à la rentrée sur les réformes promises, notamment fiscales et sociales, pour relancer une économie en berne.”Le vent contraire conjoncturel laisse toujours des traces sur le marché du travail et nécessite des mesures de riposte”, a reconnu la ministre social-démocrate du Travail, Bärbel Bas, dans un communiqué. Mme Bas a aussi mis en avant les efforts du gouvernement fédéral, qui a adopté des incitations à l’investissement et un plan de 500 milliards d’euros pour les infrastructures – routes, ponts, bâtiments – vieillissantes du pays.- Recul industriel -Les représentants de fédérations industrielles insistent aussi sur l’urgence d’une politique économique qui stimule d’avantage l’emploi et les investissements.Dans le secteur de la machine-outil, le directeur du lobby VDMA, Thilo Brodtmann, souligne que “sans diminution des dépenses sociales et réformes concrètes, la situation pourrait continuer à se détériorer”. Ce secteur vital pour l’économie allemande cherche d’urgence des travailleurs qualifiés face au vieillissement démographique du pays.Dans les autres pans de l’industrie, la dégradation des effectifs s’accélère: fin juin, l’emploi y avait reculé de 2,1% sur un an, soit environ 114.000 postes supprimés.Depuis 2019, ce sont près de 250.000 emplois qui ont disparu, a relevé le cabinet EY. Dans l’automobile, en pleine mutation vers l’électrique, le recul est de 6,7% sur un an, soit 51.500 postes supprimés, et plus de 112.000 depuis 2019, selon EY.Stephanie Schoenwald, économiste chez KfW Research, relativise la situation, en rappelant que l’Allemagne reste loin de ses niveaux records des années 2000, avec 5 millions de chômeurs et un taux de chômage tournant autour de 11‑12 %.Ces chiffres avaient donné naissance aux réformes Hartz, lancées entre 2003 et 2005, qui avaient durci nettement le système d’allocations chômage. La reprise de l’économie allemande “attendue l’an prochain” suggère à elle seule que “les chances d’amélioration du marché du travail restent bonnes”, conclut Mme Schoenwald.
L’Iran a exécuté au moins 841 personnes jusqu’ici cette année
Plus de 800 personnes ont été exécutées en Iran depuis le début de l’année, a déclaré vendredi l’ONU, dénonçant “un schéma systématique d’utilisation de la peine de mort comme outil d’intimidation par l’Etat”. Le bureau des droits de l’homme des Nations Unies a indiqué qu’il y avait eu une “augmentation majeure des exécutions au cours du premier semestre 2025”. “Les autorités iraniennes ont exécuté au moins 841 personnes depuis le début de l’année et jusqu’au 28 août 2025”, a déclaré la porte-parole Ravina Shamdasani aux journalistes à Genève, avertissant que “la situation réelle pourrait être différente. Elle pourrait être pire, compte tenu du manque de transparence”. En juillet seulement, elle a déclaré que l’Iran avait exécuté au moins 110 individus – soit le double du nombre de personnes exécutées en juillet 2024. “Le nombre élevé d’exécutions indique un schéma systématique d’utilisation de la peine de mort comme outil d’intimidation d’État, avec une focalisation disproportionnée sur les minorités ethniques et les migrants”, a-t-elle mis en garde.Mme Shamdasani a notamment évoqué les exécutions de ressortissants afghans ainsi que de Kurdes d’Iran, d’Iraniens arabes ou de membres de la minorité baloutche. Au cours des six premiers mois de l’année, au moins 289 personnes ont été exécutées pour des infractions liées à la drogue. Selon la porte-parole du bureau des Nations Unies aux droits de l’homme, le schéma observé dans plusieurs pays montre que les gouvernements qui perçoivent une résistance à leur politique de maintien de l’ordre, deviennent plus répressifs et moins tolérants. -Pendaisons devant des enfants-Mme Shamdasani a particulièrement déploré l’utilisation des exécutions publiques en Iran, le bureau des droits ayant documenté sept de ces cas depuis le début de l’année, dont certaines devant des enfants. “Les exécutions publiques ajoutent une couche supplémentaire d’indignation à la dignité humaine, non seulement à la dignité des personnes concernées, celles qui sont exécutées, mais aussi à celles de tous ceux qui doivent en être témoins”, a-t-elle déclaré. “Le traumatisme psychologique d’assister à une pendaison publique, en particulier pour les enfants, est inacceptable”, s’est-elle indigné. Le bureau des droits de l’homme de l’ONU a déclaré qu’il existait de sérieuses préoccupations quant au respect de la procédure dans certaines condamnations à la peine capitale. “Ce qui nous inquiète particulièrement, c’est que beaucoup de ces condamnations à mort sont prononcées sur la base de lois floues,” a déclaré la porte-parole, comme lors d’accusations d’inimitié contre Dieu.Ravina Shamdasani a déclaré que 11 personnes faisaient actuellement face à une “exécution imminente” en Iran, dont six qui ont été accusées de “rébellion armée” en raison de leur appartenance présumée à l’opposition en exil des Moudjahidines du peuple d’Iran. Les cinq autres ont été condamnées à mort pour leur participation aux manifestations à grande échelle de 2022, a-t-elle indiqué, ajoutant que la Cour suprême iranienne avait confirmé la semaine dernière la condamnation à mort de la militante des droits des travailleurs Sharifeh Mohammadi.”La peine de mort est incompatible avec le droit à la vie et irréconciliable avec la dignité humaine”, a-t-elle insisté.”Elle crée un risque inacceptable d’exécuter des personnes innocentes. Elle ne devrait jamais être imposée pour des actes protégés par le droit international des droits de l’homme”, selon la militante. Le haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Turk, appelle Téhéran à imposer un moratoire sur l’application de la peine capitale, comme une étape vers son abolition.


