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Ruée en Chine sur de nouvelles Labubu, ces poupées virales

Mini-poupées Labubu de toutes les couleurs accrochées autour du cou, Maki Li, un jeune trentenaire chinois, pose fièrement vendredi devant une boutique de Pékin, au lancement d’un nouveau modèle de ces jouets stars.Vendues par la chaîne chinoise de magasins Pop Mart, ces petites peluches poilues aux sourires malicieux ont déferlé sur la planète cette année, des rues branchées de New York aux sacs de stars comme Rihanna et Dua Lipa.Jeudi soir, de nouveaux modèles, miniatures, de la taille de la paume d’une main, ont été mis en vente en ligne en Chine pour 78 yuans pièce (9 euros). Elles ont trouvé preneur pratiquement instantanément.Maki Li fait partie des heureux acheteurs qui ont réussi à mettre la main sur un coffret de 14 figurines.”Je suis super heureux”, confie à l’AFP l’homme de 32 ans après avoir récupéré et déballé la précieuse boîte dans un magasin Pop Mart d’un centre commercial pékinois.”Je vais les accrocher partout où je peux”, affirme-t-il.- “Trop mignon!” -Produites en quantités limitées, les Labubu (prononcer “La-bou-bou”) ont provoqué des ruées dans certains magasins Pop Mart dans le monde.Elles sont généralement vendues dans des “boîtes mystères” où l’acheteur ignore quel modèle est à l’intérieur.A l’extérieur de la boutique bondée de Pékin, Li Jianuo, 43 ans, filme ses deux enfants en train de déballer leurs mini-peluches, qu’elle leur a offertes à l’occasion de la rentrée scolaire.”Il est trop mignon!”, s’exclame sa fille de 12 ans en découvrant les oreilles blanches du jouet dans sa boîte.”Je voulais réaliser le souhait de mes enfants. Ils adorent vraiment” ces poupées, explique-t-elle.Cette maman a dépensé plus de 1.000 yuans (120 euros) pour leur acheter plusieurs de ces nouvelles Labubu. Elle assure qu’elle ne les revendra pas, même si ses enfants s’en désintéressent un jour.”Quand ils seront grands, ils pourront se souvenir de tout le mal qu’on s’est donné pour les avoir. C’est important de garder ce souvenir, je pense”, ajoute-t-elle.- “C’est apaisant” -Les Labubu connaissent un tel succès en Chine qu’elles ont même fait leur apparition… dans certains discours des responsables du Parti communiste au pouvoir.Le mois dernier, le ministre du Commerce, Wang Wentao, avait cité ces poupées comme des exemples “de nouvelles tendances, modes et styles” susceptibles de stimuler l’économie chinoise, qui tourne au ralenti depuis la pandémie.Agée de 27 ans, Zhang Jiaru a acheté vendredi une boîte de mini-peluches car elle dit adorer leur côté “laid mais mignon”.”Au final, je paie, mais pour quelque chose qui m’intéresse. Ces poupées, c’est un truc qui me rend heureuse”, explique-t-elle.Dans le contexte économique actuel, les gens “ne peuvent pas s’offrir du Balenciaga, alors ils achètent du Pop Mart”, explique en souriant Maki Li, en référence à la marque de luxe.Porter ces Labubu sur soi, “c’est apaisant”, explique le trentenaire.”Elles vont m’accompagner pendant longtemps”.

Vote de confiance: quand le “boomer” François Bayrou présente sa carte jeunes

La dette, un conflit de générations ? En invoquant les “jeunes” comme les principales victimes de l’endettement, à qui il a opposé le “confort” des “boomers”, François Bayrou tente une nouvelle carte face à l’opinion. Une expression du Premier ministre, mardi soir sur TF1, a créé une sorte de débat dans le débat. Plaidant que les “premières victimes” de l’endettement sont “les plus jeunes” qui “devront payer la dette toute leur vie”, M. Bayrou a ajouté: “Vous ne trouvez pas ça génial, tout ça pour le confort de certains partis politiques et pour le confort des boomers ?”S’en est suivie une série de débats sur les antennes de radio et de télévision autour de la notion de “boomers”, dans laquelle s’est inclus M. Bayrou, la définissant comme la génération “née entre 1945 et 1965″ (lui est né en 1951).Celle de l’après-Seconde Guerre mondiale, qui a connu le plein-emploi et l’expansion économique de la reconstruction, jusqu’aux chocs pétroliers des années 1970. Époque à partir de laquelle le chômage a pris une pente ascendante et la France a commencé à présenter des budgets en déficit.Un argument qui a suscité un certain scepticisme, voire une désapprobation dans la classe politique et au-delà.”Je ne crois pas que la meilleure des méthodes soit d’opposer les actifs et les inactifs et les générations”, a réagi sur BFMTV Arnaud Péricard, le maire (Horizons) de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines).Quelque 11% des retraités vivent en dessous du seuil de pauvreté, a de son côté fait valoir la secrétaire nationale de la CFDT, Marylise Léon.Mais le chef du gouvernement persiste. “J’ai reçu énormément de messages de jeunes qui disaient: +Pour la première fois, on a parlé de nous+. Les générations du baby-boom, qui ont beaucoup fait marcher le pays, ne peuvent pas se désintéresser de la situation qui est faite aux jeunes Français”, a insisté M. Bayrou depuis la foire de Châlons-en-Champagne (Marne). Et “les jeunes ont bien le droit d’être respectés et soutenus au lieu d’être constamment ignorés et alourdis par des engagements qu’on a pris en leur nom sans leur demander leur avis”, a-t-il insisté.- “Esclavage” -“La dette c’est l’esclavage des plus jeunes”, a martelé le Premier ministre en sursis, observant, comme pour mieux le souhaiter, que les “jeunes” ont “des instruments, les réseaux sociaux” pour “faire pression sur les appareils politiques”.La question de la contribution des boomers, dont la plupart sont aujourd’hui retraités, agite régulièrement le débat politique. Le président Emmanuel Macron l’a lui-même expérimenté en début de mandat: la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) sur les retraités les plus aisés, ce afin de “favoriser le travail”, a été fortement critiquée, jusqu’à son amenuisement au moment de la crise des gilets jaunes.Le sujet a occupé une partie du conclave sur la réforme des retraites. “Le discours qui monte, c’est: +Vous avez eu l’âge d’or, vous avez profité, vous n’avez pas eu de chômage (…) vous avez eu l’ascenseur social, vous avez cramé la planète, et maintenant, on se retrouve avec la dette”. Mais “il y a quand même des personnes qui ont de toutes petites pensions”, expliquait alors un participant.Chez les politiques, le sujet est considéré comme explosif. De nombreux partis, dont Les Républicains et le Rassemblement national, défendent ce segment de la population, le plus assidu dans l’isoloir.”A partir du moment où les retraités sont ceux qui votent le plus et qu’ils sont de plus en plus nombreux, un certain nombre de propositions sont des suicides et personne ne va les faire”, expliquait il y a quelques mois un élu du bloc central.François Bayrou, dont le bail à Matignon est sévèrement compromis par sa décision de solliciter la confiance de l’Assemblée nationale sur le constat de l’endettement et le niveau de réponse à apporter dans le budget 2026, s’affranchirait-il de ce tabou électoral ? “Il reste dix jours pour convaincre, et dix jours, c’est très long”, a-t-il dit vendredi depuis Châlons.

A la Mostra, Julia Roberts défend un cinéma qui dérange

Julia Roberts a défendu vendredi, à la Mostra de Venise, la capacité du cinéma à bousculer les consciences avec son nouveau film, un thriller psychologique très attendu sur fond de scandale sexuel dans une université américaine.La star hollywoodienne vient pour la première fois sur le Lido pour présenter “After the hunt” (hors compétition) du réalisateur italien Luca Guadagnino (réalisateur de “Call me by your name”), qui a surpris la critique par son discours parfois perçu comme ambigu sur le féminisme contemporain.Elle y incarne Alma, une professeure de philosophie à la prestigieuse université de Yale, confrontée à un dilemme quand une de ses étudiantes accuse son ami et collègue Hank (Andrew Garfield) d’agression sexuelle.Interrogée sur le risque de voir le film assimilé à un manifeste de la “cancel culture”, l’actrice a expliqué qu’il cherchait à interroger plutôt qu’à donner des réponses, sans prendre parti.”Chacun exprime des sentiments, des émotions et des points de vue différents. Vous réalisez vos convictions profondes, car nous les remuons pour vous”, a-t-elle déclaré aux journalistes. A l’heure où “nous sommes en train de perdre l’art de la conversation dans l’humanité actuelle”, le film “ne fait aucune déclaration” mais “met les gens au défi d’engager le dialogue et de s’enthousiasmer ou de s’indigner, à chacun de voir”.Produit par Amazon, ce thriller psychologique à la narration lente aborde aussi le sujet du fossé générationnel entre une jeunesse américaine radicalisée sur les sujets de société et de genre et un corps enseignant blanc, bourgeois, plus conservateur.- Journalisme à l’honneur -Si Julia Roberts est, à 57 ans, une novice sur le Lido, le réalisateur Park Chan-wook y revient vingt ans après sa dernière visite. Elle remontait à 2005, pour le film “Lady Vengeance”.Le maitre coréen (“Mademoiselle”, “Old Boy”) adapte ici le roman “Le couperet” de Donald Westlake, déjà mis en scène par Costa-Gavras en 2005.Ce roman noir, paru en 1997, parle d’un “homme qui croit que l’industrie du papier est toute sa vie, que le monde le veuille ou non. Je ressens exactement la même chose pour le cinéma”, a confié Park Chan-wook au site de la Mostra de Venise.Après avoir lu le livre, “je ne pensais pas que ça me prendrait vingt ans pour tourner le film”, a-t-il ajouté. “No Other Choice”, en lice pour le Lion d’or, raconte l’histoire d’un employé d’une papeterie licencié qui va tout faire pour récupérer sa place, quitte à se débarrasser de ceux qui se mettent en travers de sa route.Autre adaptation d’un livre sélectionnée en compétition officielle: “A pied d’œuvre”, de la Française Valérie Donzelli.Le comédien Bastien Bouillon y joue un photographe décidant de quitter le confort de sa vie bourgeoise pour devenir écrivain, découvrant les affres des petits boulots alimentaires, la précarité et la rudesse de la vie d’artiste.Après avoir démarré sur une note très politique avec la lettre d’un collectif d’artistes et de cinéastes baptisé Venice4Palestine appelant le festival à dénoncer ouvertement les actions d’Israël dans la bande de Gaza, le soufflé est retombé sur le Lido.Aucune mention de la guerre au Proche-Orient ou en Ukraine n’a eu lieu lors de la cérémonie d’ouverture mercredi et, jeudi, les stars hollywoodiennes Emma Stone et George Clooney ont accaparé l’attention.Un documentaire hors compétition promet cependant de susciter des réactions vendredi. Réalisé par Laura Poitras (oscarisée en 2015 pour “Citizenfour”, sur le lanceur d’alerte Edward Snowden), il revient sur la carrière du journaliste Seymour Hersh.Prix Pulitzer en 1970, il a révélé de nombreux scandales ayant éclaboussé l’armée américaine, du Vietnam à la prison d’Abou Ghraib en Irak, tristement célèbre pour des tortures et des humiliations.”Cover-up” est un hommage au journalisme d’investigation américain, capable de révéler les scandales de la violence institutionnelle, selon la réalisatrice, Lion d’or 2022 à Venise pour son documentaire sur la crise des opiacés aux Etats-Unis et le combat de la photographe Nan Goldin.

Chômage record en Allemagne depuis 2015, l’appel aux réformes s’intensifie

Le nombre de chômeurs en Allemagne a dépassé les 3 millions en août, un seuil symbolique jamais atteint depuis 2015, qui alerte sur la nécessité de réformes pour relancer la première économie européenne.Selon les données publiées vendredi par l’Agence pour l’emploi, le chômage a augmenté de 45.700 personnes sur un mois, portant le total à 3,03 millions de sans-emplois.La pause estivale explique en partie cette mauvaise statistique, car, corrigé des variations saisonnières, le chiffre recule de 9.000 personnes sur un mois et le taux de chômage se maintient à 6,3%.Le marché du travail allemand subit néanmoins les effets combinés d’une stagnation économique prolongée et de la pression internationale, aggravée par le conflit en Ukraine et les incertitudes mondiales.Ses coûts d’énergie en hausse ont également nui à la compétitivité des produits “made in Germany”.Depuis mai 2022, le chômage a ainsi augmenté régulièrement, passant d’un point bas de 2,2 millions de personnes sans emploi à plus de 3 millions aujourd’hui.La dernière fois qu’un mois d’août a dépassé cette barre symbolique remonte à 2010, selon les archives de l’Agence pour l’emploi.- “Automne des réformes” -Ces chiffres bruts sont moins le révélateur d’une tendance structurelle qu’un électrochoc pour le débat public: vendredi, le quotidien populaire Bild en a fait la une de son site en ligne.Ces trois millions de chômeurs représentent surtout “un constat d’échec face au refus de réformes de ces dernières années”, a réagi Rainer Dulger, président de la Fédération allemande des employeurs (BDA). Pour lui, l’Allemagne a besoin d’un véritable “automne des réformes”.Après un départ poussif au printemps, le gouvernement de coalition dirigé par le chancelier conservateur Friedrich Merz est attendu à la rentrée sur les réformes promises, notamment fiscales et sociales, pour relancer une économie en berne.”Le vent contraire conjoncturel laisse toujours des traces sur le marché du travail et nécessite des mesures de riposte”, a reconnu la ministre social-démocrate du Travail, Bärbel Bas, dans un communiqué. Mme Bas a aussi mis en avant les efforts du gouvernement fédéral, qui a adopté des incitations à l’investissement et un plan de 500 milliards d’euros pour les infrastructures – routes, ponts, bâtiments – vieillissantes du pays.- Recul industriel -Les représentants de fédérations industrielles insistent aussi sur l’urgence d’une politique économique qui stimule d’avantage l’emploi et les investissements.Dans le secteur de la machine-outil, le directeur du lobby VDMA, Thilo Brodtmann, souligne que “sans diminution des dépenses sociales et réformes concrètes, la situation pourrait continuer à se détériorer”. Ce secteur vital pour l’économie allemande cherche d’urgence des travailleurs qualifiés face au vieillissement démographique du pays.Dans les autres pans de l’industrie, la dégradation des effectifs s’accélère: fin juin, l’emploi y avait reculé de 2,1% sur un an, soit environ 114.000 postes supprimés.Depuis 2019, ce sont près de 250.000 emplois qui ont disparu, a relevé le cabinet EY. Dans l’automobile, en pleine mutation vers l’électrique, le recul est de 6,7% sur un an, soit 51.500 postes supprimés, et plus de 112.000 depuis 2019, selon EY.Stephanie Schoenwald, économiste chez KfW Research, relativise la situation, en rappelant que l’Allemagne reste loin de ses niveaux records des années 2000, avec 5 millions de chômeurs et un taux de chômage tournant autour de 11‑12 %.Ces chiffres avaient donné naissance aux réformes Hartz, lancées entre 2003 et 2005, qui avaient durci nettement le système d’allocations chômage. La reprise de l’économie allemande “attendue l’an prochain” suggère à elle seule que “les chances d’amélioration du marché du travail restent bonnes”, conclut Mme Schoenwald.