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Robert Badinter, artisan de l’abolition de la peine de mort, est entré au Panthéon
Robert Badinter est entré jeudi au Panthéon, le temple de l’universalisme républicain, “avec les Lumières” et “les principes de l’Etat de droit”, lors d’une cérémonie solennelle en hommage à l’artisan de l’abolition de la peine de mort.Emmanuel Macron a promis dans son discours de continuer à “porter” son combat “jusqu’à l’abolition universelle”. “Pour Robert Badinter, chaque jour devant nous doit être un 9 octobre”, date de la loi de 1981 portant l’abolition de la peine de mort, a dit le chef de l’Etat sous la nef du Panthéon.Peu avant, le cénotaphe, cercueil au nom de l’ancien avocat et garde des Sceaux décédé en février 2024 à l’âge de 95 ans, était entré dans l’ancienne église du centre de Paris, devenue monument funéraire portant sur son fronton la devise “Aux grands hommes, la patrie reconnaissante”.Sous les applaudissements du public venu nombreux, les mots du discours du ministre de la Justice de François Mitterrand ont résonné, quand il demanda à la tribune de l’Assemblée nationale le 17 septembre 1981, et obtint “l’abolition de la peine de mort en France”, conformément à un engagement du président socialiste à rebours de l’opinion de l’époque.”Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue”, lançait l’homme de droit devenu homme politique aux députés dans un débat passionné.Parmi les temps forts, Julien Clerc a interprété sa chanson “L’assassin assassiné” consacrée en 1980 à la lutte pour l’abolition du châtiment suprême.Le comédien Guillaume Gallienne a lu un texte de Victor Hugo, précurseur dans ce même combat. Ce texte, comme d’autres, a été choisi par la veuve de l’avocat qui sauva plusieurs hommes de la guillotine, la philosophe Élisabeth Badinter, également applaudie à son arrivée sur place.”Robert Badinter entre au Panthéon avec les Lumières et l’esprit de 1789″, “avec les principes de l’Etat de droit”, a déclaré Emmanuel Macron dans son discours.”Il entre au Panthéon et nous entendons sa voix qui plaide ses grands combats essentiels et inachevés: l’abolition universelle de la peine de mort, la lutte contre le poison antisémite et ses prêcheurs de haine, la lutte pour la défense de l’Etat de droit”, a ajouté le chef de l’Etat.Il a rappelé que Robert Badinter était “né dans les années vingt ravagées par la haine des Juifs” et “s’est éteint dans nos années vingt où à nouveau la haine des Juifs tue”. “N’éteignons jamais cette colère face à l’antisémitisme”, a martelé le président de la République.-“Universalisme républicain”-La journée a été ternie par une profanation de la tombe de Robert Badinter dans la matinée à Bagneux, où il est effectivement enterré. Les “tags qui insultent ses engagements contre la peine de mort et pour la dépénalisation de l’homosexualité”, dénoncés par le maire de la ville, ont été rapidement nettoyés.”Honte à ceux qui ont voulu souiller sa mémoire”, avait immédiatement réagi Emmanuel Macron.Prévue de longue date, cette cinquième panthéonisation sous ses mandats sera une parenthèse en pleine crise politique pour le chef de l’Etat, qui doit décider d’ici vendredi soir quoi faire pour sortir le pays de l’impasse.Celui qui fut aussi président du Conseil constitutionnel de 1986 à 1995 repose désormais symboliquement au Panthéon, à travers des objets déposés dans son cénotaphe: sa robe d’avocat, une copie de son discours sur l’abolition de la peine de mort et trois livres dont un de Victor Hugo.Dans le caveau “des révolutionnaires de 1789″, où reposent Condorcet, l’abbé Grégoire et Gaspard Monge depuis le bicentenaire de la Révolution.Emmanuel Macron a déjà fait entrer dans la nécropole républicaine Simone Veil, rescapée d’Auschwitz et auteure de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse, l’écrivain chroniqueur de l’horreur des tranchées de la Première Guerre mondiale Maurice Genevoix, la star du music-hall, résistante et militante antiraciste franco-américaine Joséphine Baker, et le résistant communiste d’origine arménienne Missak Manouchian.L’historien et résistant Marc Bloch sera à son tour panthéonisé mi-juin, 82 ans après son exécution par la Gestapo en 1944.Pour l’historien Denis Peschanski, le fil conducteur de ces choix présidentiels est l'”universalisme républicain”. “C’est la France des Lumières, qu’incarnait Robert Badinter à travers son combat abolitionniste mais aussi sa défense acharnée des victimes et sa lutte pour les droits”.
Le Nobel de littérature décerné au Hongrois Laszlo Krasznahorkai, le “maître de l’apocalypse”
Le prix Nobel de littérature 2025 a été décerné jeudi à l’écrivain hongrois Laszlo Krasznahorkai, dont l’oeuvre explore les thèmes de la dystopie et de la mélancolie.Agé de 71 ans, il a été récompensé “pour son œuvre fascinante et visionnaire qui, au milieu d’une terreur apocalyptique, réaffirme le pouvoir de l’art”, a expliqué le jury.Né le 5 janvier 1954 à Gyula, dans le sud-est de la Hongrie, Laszlo Krasznahorkai est surtout lu en Allemagne, où il a vécu pendant des années, et en Hongrie, où il est considéré par beaucoup comme l’un des plus importants auteurs vivants du pays. Une région rurale reculée sert de décor à son premier roman, “Le Tango de Satan” (Satantango), paru en 1985. “Sensation littéraire” en Hongrie, ce roman marque la percée de l’auteur, explique le jury.”Je suis très heureux, calme et très nerveux à la fois”, a-t-il réagi, à chaud, auprès de la radio suédoise SR.Son nom revenait depuis plusieurs années dans les conjectures des critiques littéraires. La critique américaine Susan Sontag l’avait qualifié de “maître de l’apocalypse” après avoir lu son deuxième roman, “La mélancolie de la résistance” (1989), où l’on suit dans une petite ville du sud-est de la Hongrie Mme Pflaum, qui se débat avec une menace jamais nommée. La venue d’un cirque et l’exhibition d’une immense baleine sèment le trouble dans la communauté, puis précipitent la ville dans une explosion de violences.- “La réalité examinée jusqu’à la folie” -László Krasznahorkai est “un grand écrivain épique dans la tradition d’Europe centrale qui s’étend de Kafka à Thomas Bernhard et se caractérise par l’absurdisme et l’excès grotesque. Mais il a plus d’une corde à son arc et il se tourne également vers l’Orient en adoptant un ton plus contemplatif et finement calibré”, selon l’Académie.Outre “la syntaxe ample et sinueuse de Krasznahorkai qui est devenue sa marque distinctive en tant qu’écrivain, son style laisse également place à une certaine légèreté et à une grande beauté lyrique”, a estimé l’un des membres du comité de l’Académie suédoise, Steve Sem-Sandberg.Difficile et exigeant, son style a été décrit par le romancier hongrois lui-même comme “la réalité examinée jusqu’à la folie”. Son penchant pour les longues phrases et les rares coupures de paragraphe ont également valu à l’écrivain d’être qualifié d'”obsessionnel”. Krasznahorkai a grandi dans une famille juive de classe moyenne et puisé son inspiration dans son expérience du communisme ainsi que dans les nombreux voyages qu’il a entrepris après s’être installé à l’étranger pour la première fois, en 1987, à Berlin-Ouest, grâce à une bourse.Il partage sa vie entre Vienne, Trieste et Budapest.Le chef du gouvernement hongrois Viktor Orban, envers lequel l’écrivain se montre critique en raison de sa politique nationaliste, l’a félicité.”La fierté de la Hongrie, premier prix Nobel originaire de Gyula, László Krasznahorkai. Félicitations !”, a-t-il écrit sur Facebook.- Kafka, Hendrix et Kyoto -En 2015, il remporte le prix britannique Man Booker International pour l’ensemble de sa carrière.”C’est le regard artistique de László Krasznahorkai, entièrement dépourvu d’illusions et capable de percevoir la fragilité de l’ordre social, associé à sa foi inébranlable dans le pouvoir de l’art” qui a motivé la décision du jury, a souligné Steve Sem-Sandberg.Deuxième auteur hongrois à recevoir ce prix, après Imre Kertész en 2002, le lauréat a cité l’auteur Franz Kafka, le chanteur Jimi Hendrix et la ville de Kyoto au Japon en tant que sources d’inspiration. Interrogé après avoir reçu son prix sur sa plus grande source d’inspiration, il a répondu : “l’amertume”.Le romancier s’est dit “très triste” face à “l’état du monde” actuel qu’il décrit comme une période “très, très sombre”.La littérature offre de l’espoir, a-t-il déclaré dans un communiqué envoyé à l’AFP par son agence littéraire RCW.”Et pour ceux qui la lisent, elle offre un certain espoir que la beauté, la noblesse et le sublime existent encore en elles-mêmes. Elle peut même offrir de l’espoir à ceux en qui la vie ne fait que vaciller à peine”, a-t-il ajouté.L’an dernier, l’écrivaine sud-coréenne Han Kang a remporté la prestigieuse récompense, devenant la première femme asiatique primée.Depuis sa création, le Nobel de littérature est dominé par les hommes et les lettres occidentales. Parmi les 122 lauréats, seules 18 femmes ont obtenu le prix et une minorité des auteurs récompensés sont de langues asiatiques ou moyen-orientales. Aucune langue africaine n’est représentée. Longtemps critiquée pour ses choix centrés sur des auteurs occidentaux, l’Académie suédoise, bouleversée par un scandale #Metoo en 2018, a fait peau neuve et plus de la moitié de ses membres ont été remplacés. Depuis, près d’un lauréat sur deux est une femme. Le Nobel consiste en un diplôme, une médaille et un chèque de 11 millions de couronnes (environ un million d’euros).
Le Nobel de littérature décerné au Hongrois Laszlo Krasznahorkai, le “maître de l’apocalypse”
Le prix Nobel de littérature 2025 a été décerné jeudi à l’écrivain hongrois Laszlo Krasznahorkai, dont l’oeuvre explore les thèmes de la dystopie et de la mélancolie.Agé de 71 ans, il a été récompensé “pour son œuvre fascinante et visionnaire qui, au milieu d’une terreur apocalyptique, réaffirme le pouvoir de l’art”, a expliqué le jury.Né le …
Israël annonce que “toutes les parties” ont signé la première phase de l’accord sur Gaza
Israël et le Hamas ont signé jeudi la première phase d’un accord sur un cessez-le-feu à Gaza et une libération d’otages après de fortes pressions du président américain Donald Trump pour mettre fin à deux ans de guerre dévastatrice dans le territoire palestinien.La libération des captifs “devrait mettre fin à la guerre”, a déclaré le chef de la diplomatie israélienne, Gidéon Saar. Selon Shosh Bedrosian, une porte-parole du bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, “la version finale de la première phase a été signée ce matin en Egypte par toutes les parties en vue de la libération de tous les otages” retenus à Gaza. “Tous nos otages, vivants et décédés, seront libérés (au plus tard) 72 heures (après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu), ce qui nous amène à lundi”, a précisé à l’AFP Mme Bedrosian.Le président américain a toutefois reconnu que les corps de certains otages seraient “un peu difficiles à trouver”.L’accord devait encore être validé jeudi par le cabinet de sécurité israélien, avant une réunion du gouvernement au complet.Dans les 24 heures suivant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, l’armée israélienne se retirera de zones où elle est déployée, mais gardera le contrôle de 53% du territoire de la bande de Gaza, selon la porte-parole.La signature intervient après quatre jours de négociations indirectes en Egypte ayant impliqué plusieurs acteurs internationaux dont les Etats-Unis.M. Trump, qui a annoncé l’accord, conclu sur la base d’un plan qu’il a présenté fin septembre, pourrait se rendre à Jérusalem dimanche, selon la présidence israélienne. Le président américain a par ailleurs affirmé qu’il “essaierait” de se rendre en Egypte, où le président Abdel Fattah al-Sissi l’a invité à une cérémonie pour célébrer l’accord de paix. La date n’a pas été précisée. A Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, dévastée et affamée, des Palestiniens ont applaudi, chanté et dansé à l’annonce de l’accord, salué par plusieurs pays dont l’Iran, soutien du Hamas et ennemi juré d’Israël.”Dieu merci! Malgré tous les morts et la perte d’êtres chers, nous sommes heureux aujourd’hui”, a dit Ayman al-Najjar à Khan Younès.- “Ils reviennent” -Sur la “place des Otages” à Tel-Aviv, des centaines de personnes se sont rassemblées, beaucoup arborant un autocollant avec l’inscription “Ils reviennent”, d’autres s’embrassant et se félicitant.”Nous attendons ce jour depuis 734 jours”, a dit Laurence Yitzhak, 54 ans. Sur les 251 personnes enlevées et emmenées à Gaza lors de l’attaque du Hamas contre Israël ayant déclenché la guerre le 7 octobre 2023, 47 y sont toujours retenues dont au moins 25 sont mortes selon l’armée.Lancée en riposte à l’attaque du 7-Octobre, l’offensive israélienne à Gaza a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire. Jeudi soir, des journalistes de l’AFP et des témoins ont dit entendre encore des explosions et des tirs d’artillerie dans le centre et le sud du territoire palestinien. Le président égyptien Sissi a appelé Israël à “la désescalade ou à cesser le feu” jusqu’à la signature de l’accord pour ne pas compromettre son “esprit”.Selon un responsable palestinien, les otages vivants seront libérés contre près de 2.000 prisonniers palestiniens détenus par Israël, “simultanément à des retraits israéliens spécifiques (de Gaza) et une entrée de (davantage) d’aides humanitaires”. Il n’a pas mentionné les captifs morts. L’armée israélienne a par ailleurs annoncé se préparer à repositionner ses troupes dans la bande de Gaza.Lors d’un appel jeudi, le Premier ministre israélien remercié M. Trump “pour ses efforts de leadership mondial ayant permis de rendre tout cela possible”.Il a jugé, tout comme le président égyptien, qu’il “mérite” le prix Nobel de la Paix”. – Prochaine étape -Les négociations pour la deuxième phase du plan Trump devaient commencer “immédiatement” après la signature de l’accord sur la première phase, avait annoncé un responsable du Hamas. Le plan Trump prévoit un cessez-le-feu, un échange dans les 72 heures des otages contre des prisonniers palestiniens, le retrait par étapes de l’armée israélienne de Gaza et le désarmement du Hamas. Le président américain a dit jeudi qu’il y aurait “un désarmement” et un “retrait” de troupes dans une prochaine phase, précisant que la priorité était le retour des otages. L’accord prévoit aussi la création d’un “comité de la paix” présidé par M. Trump lui-même pour superviser le gouvernement de transition à Gaza.Interrogé par la chaîne Al Araby sur le comité, Osama Hamdan, un haut responsable du Hamas, a déclaré: “Aucun Palestinien ne pourrait accepter. Toutes les factions, y compris l’Autorité palestinienne, rejettent ceci (ce comité, ndlr)”.Deux précédentes trêves en novembre 2023 et début 2025 avaient permis le retour d’otages ou de corps de captifs en échange de prisonniers palestiniens, avant de s’effondrer.L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles.En riposte, Israël a lancé une campagne militaire qui a dévasté le territoire, et fait selon le ministère de la Santé du Hamas, plus de 67.194 morts, en majorité des civils.Les besoins humanitaires sont colossaux: “Le cessez-le-feu, c’est le début d’un long chemin, parce qu’on a encore actuellement plus de 300.000 personnes qui sont dans la ville de Gaza et dans le Nord, et qui sont complètement coupées de tout”, a dit à l’AFP Antoine Renard, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) dans les Territoires palestiniens.
Madagascar: milliers de manifestants à Antananarivo, des blessés et des arrestations
“Le problème, c’est le système”: des milliers de personnes, dont de nombreuses ont été blessées par les forces de l’ordre, se sont mobilisées jeudi à Antananarivo à l’appel d’un mouvement né il y a deux semaines, pour protester contre le pouvoir malgache.Les promesses du président Andry Rajoelina, 51 ans, n’éteignent pas le mouvement Gen Z …
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Madagascar: milliers de manifestants à Antananarivo, des blessés et des arrestations
“Le problème, c’est le système”: des milliers de personnes, dont de nombreuses ont été blessées par les forces de l’ordre, se sont mobilisées jeudi à Antananarivo à l’appel d’un mouvement né il y a deux semaines, pour protester contre le pouvoir malgache.Les promesses du président Andry Rajoelina, 51 ans, n’éteignent pas le mouvement Gen Z instigateur des manifestations, braqué par le ton sécuritaire du nouveau gouvernement. Ce dernier s’est concrétisé par de nombreuses blessures par des balles de caoutchouc, des grenades assourdissantes et des coups ainsi que des arrestations jeudi, a observé une équipe de l’AFP.Madagascar est le théâtre depuis deux semaines d’un mouvement de protestation né d’un ras-le-bol des coupures incessantes d’eau et d’électricité, qui s’est mué en une contestation plus large, notamment dirigée contre le président.”On vit toujours dans la galère. Le problème, c’est le système. Depuis qu’on a obtenu l’indépendance de la France (en 1960), notre vie ne s’est pas améliorée”, clame Heritiana Rafanomezantsoa, 35 ans, parmi les manifestants à Antananarivo.Dans la capitale de Madagascar, île particulièrement pauvre de l’océan Indien, un premier rassemblement d’au moins un millier de protestataires près du lac d’Anosy à la mi-journée a été dispersé par un recours immédiat et important au gaz lacrymogène, suivi de charges d’engins blindés.A la suite de cette intervention, une bataille de rue a éclaté entre les forces de l’ordre, usant en plus de balles de caoutchouc, et des groupes éparpillés, rejoints par d’autres manifestants, qui ont répliqué par des jets de pierres.Des gaz lacrymogènes tirés près d’une maternité s’y sont infiltrés, obligeant à déplacer des bébés prématurés à l’arrière du bâtiment, a relevé un journaliste de l’AFP.- Homme roué de coup -Dans le quartier voisin d’Anosibe, un homme poursuivi puis roué de coups par les forces de sécurité a été laissé inanimé au sol, avant d’être évacué par la Croix-Rouge, a constaté un journaliste de l’AFP.Par ailleurs au moins quatre personnes ont été blessées par des balles en caoutchouc, dont une ayant nécessité des points de suture, et deux par des projectiles, vraisemblablement issus de grenades assourdissantes, d’après les observations de journalistes de l’AFP et les bilans des rares organisations médicales faisant état de leurs interventions, SOS Médecin et Medikelly.Ces manifestations ont été en septembre les deuxièmes plus importantes à Madagascar depuis que l’ONG spécialiste du suivi des troubles, Acled, y collecte des données en 1997.Après avoir renvoyé son gouvernement pour tenter d’enrayer la contestation, le président Rajoelina a repris la main en nommant lundi un militaire Premier ministre, le général Ruphin Zafisambo, méconnu du grand public.Les seuls nouveaux ministres dévoilés depuis sont sont ceux des Armées, de la Sécurité publique et la Gendarmerie, car le pays “n’a plus besoin de perturbation”, a-t-il souligné.Installé une première fois au pouvoir en 2009 par les militaires à la suite d’une mobilisation populaire, Andry Rajoelina, après s’être mis en retrait en 2014, a été élu en 2018 et réélu en 2023 lors d’un scrutin boycotté par l’opposition.”Le président est égoïste, il fait des promesses mais il ne les réalise pas. Je n’y crois plus”, témoigne Niaina Ramangason, étudiant de 20 ans à l’Ecole polytechnique d’Antananarivo, venu manifester.La contestation a démontré jeudi une nouvelle vigueur après un essoufflement relatif ces derniers jours. Un cortège de centaines de manifestants a aussi été signalé à Toliara, grande ville du sud.- “Dérive militaire” -Plus de 200 organisations de la société civile malgache ont exprimé jeudi leurs “inquiétudes quant à une dérive militaire dans la gouvernance du pays”.Au moins 22 personnes ont été tuées dans les manifestations, d’après un bilan fourni le 29 septembre par l’ONU. Des “chiffres erronés” d’après le chef de l’Etat, qui estime les “pertes de vies” à 12, tous “des pilleurs, des casseurs” selon lui.Cinq protestataires ont été placés en détention provisoire et 17 sous contrôle judiciaire, selon un communiqué mercredi d’un collectif d’avocats les défendant bénévolement. Ces cinq personnes n’ont pu être incarcérées à la prison d’Antanimora, à Antananarivo, car les agents pénitentiaires y sont en grève. Il est difficile d’estimer si l’appel à la grève générale lancé par le collectif Gen Z est suivi, mais le personnel de plusieurs lycées publics de la capitale a dit débrayer.A Madagascar, 80% de la population au moins vit avec moins de 15.000 ariary par jour (2,80 euros), le seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale.





