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Porc européen: la Chine va imposer des droits antidumping provisoires

La Chine a annoncé vendredi l’imposition de droits antidumping provisoires sur les importations de porc en provenance de l’Union européenne (UE), nouvel épisode en date des frictions commerciales et politiques entre les deux puissances économiques.La Commission européenne prendra “toutes les mesures nécessaires pour défendre ses producteurs et ses industriels”, a réagi dans la foulée l’un de ses porte-paroles.Pékin et Bruxelles entretiennent depuis plusieurs années des rapports difficiles, aggravés par l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, car le géant asiatique est un partenaire économique et diplomatique clé de Moscou.Les autorités chinoises avaient lancé une enquête antidumping sur le porc européen en juin 2024, peu de temps après l’annonce par l’UE de sa volonté d’imposer des droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques fabriqués en Chine.”L’autorité responsable de l’enquête a déterminé, de manière préliminaire, que les importations de porc et de sous-produits porcins en provenance de l’Union européenne font l’objet de dumping”, a indiqué vendredi le ministère chinois du Commerce, assurant que l’industrie chinoise avait subi un “préjudice important”.Les autorités ont donc décidé de mettre en place “des mesures antidumping provisoires sous forme de cautions” à déposer auprès des Douanes, a annoncé le ministère du Commerce.Ces droits, compris entre 15,6% et 62,4%, entreront en vigueur le 10 septembre.Les mesures annoncées restent “provisoires” car l’enquête du ministère du Commerce doit se prolonger jusqu’en décembre. Des conclusions finales devraient alors être rendues.- “Très mauvaise nouvelle” -La Chine est la première consommatrice mondiale de porc, une viande très utilisée dans la cuisine locale. A titre d’exemple, elle a importé l’année dernière pour 4,3 milliards de yuans (516 millions d’euros) de produits porcins en provenance d’Espagne, l’un des principaux producteurs européens, selon les Douanes chinoises.Côté espagnol, le gouvernement a pourtant réagi avec mesure vendredi, le ministre de l’Agriculture Luis Planas rappelant que son pays et la Chine entretenaient “des relations commerciales fluides et intenses” et se disant “favorable à la résolution de tout différend éventuel par la voie de la négociation”.Mais du côté des producteurs espagnols, les premiers exportateurs de viande porcine vers la Chine, l’annonce de Pékin a suscité la colère. L’Association des agriculteurs de la région de Valence (est) a accusé l’Union européenne de “sacrifier le secteur porcin”, voyant dans les mesures chinoises une mesure de “représailles” après l’imposition par Bruxelles de droits de douane aux véhicules électriques venant de Chine.”C’est une très mauvaise nouvelle pour la filière porc dans son ensemble, et pas seulement à l’export, car cela aura sûrement un impact baissier sur le prix à la production en Europe”, a pour sa part déclaré à l’AFP Thierry Meyer, vice-président d’Inaporc, l’interprofession du porc en France.”Il n’y a jamais eu de pratiques européennes de dumping en Chine car si on les vend là-bas, c’est parce que les prix sont bons. Cette enquête est venue suite au problème des taxes (de l’UE) sur les voitures électriques”, a-t-il ajouté lui aussi.La France a exporté en 2024 un total de 115.000 tonnes en Chine. – Intense séquence diplomatique -L’annonce de Pékin intervient après une intense séquence diplomatique chinoise au cours de laquelle le président Xi Jinping a reçu des dizaines de dignitaires étrangers – dont les dirigeants russe Vladimir Poutine et nord-coréen Kim Jong Un, qui ont assisté à Pékin à un grand défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a vu dans cette rencontre “un défi direct” à l’ordre international, des propos jugés “irresponsables” par un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.A la grande irritation des Européens, la Chine, qui se présente comme partie neutre et médiatrice potentielle, n’a jamais condamné la guerre en Ukraine. Mais les alliés de Kiev accusent Pékin d’aider Moscou à contourner les sanctions occidentales, notamment en lui permettant d’acquérir les composants technologiques nécessaires à sa production d’armements.Vendredi, le ministère chinois des Affaires étrangères a dit “s’opposer fermement” à toute coercition, après un appel du président américain Donald Trump aux dirigeants européens à faire pression économiquement sur le géant asiatique en raison de son soutien à Moscou.La querelle commerciale entre Pékin et Bruxelles avait éclaté l’été dernier, lorsque l’UE avait pris des mesures en vue d’imposer de lourds droits de douane sur les véhicules électriques fabriqués en Chine, accusant les subventions étatiques chinoises de fausser la concurrence.La Chine avait rejeté ces accusations et lancé en retour des enquêtes, largement perçues comme des mesures de rétorsion, contre le porc, le cognac et les produits laitiers importés de l’UE.pfc-em-ehl-aas-meg/mdm

Royaume-Uni: la numéro deux du gouvernement démissionne, revers pour Keir Starmer

Nouveau coup dur pour le gouvernement travailliste de Keir Starmer : sa numéro deux, Angela Rayner, a dû démissionner vendredi, emportée par une controverse après avoir admis avoir sous-payé un impôt lors de l’achat d’un logement.La vice-Première ministre, également ministre du Logement et numéro deux du Labour, s’était signalée au conseiller en éthique du gouvernement, qui a conclu vendredi qu’elle avait “enfreint le code” de conduite ministérielle.La démission de cette femme de 45 ans, issue d’un milieu populaire et qui incarnait l’aile gauche du parti travailliste au sein de l’exécutif, constitue un nouveau revers pour le gouvernement, en difficulté un an après son arrivée au pouvoir et dépassé dans les sondages par le parti anti-immigration de Nigel Farage, Reform UK.Un remaniement plus large est attendu dans la journée.Dans sa lettre de démission adressée à Keir Starmer, Angela Rayner a dit “regretter profondément (sa) décision de ne pas avoir recherché des conseils fiscaux spécialisés supplémentaires”, et assumer “l’entière responsabilité de cette erreur”.”Compte tenu des conclusions et de l’impact sur ma famille, j’ai donc décidé de démissionner,” a-t-elle poursuivi, après plusieurs jours de controverse et d’intense couverture médiatique.Dans sa lettre acceptant sa démission, Keir Starmer, “très attristé”, a assuré à Angela Rayner qu’elle demeurerait “une figure majeure” du parti travailliste.La cheffe de l’opposition conservatrice Kemi Badenoch s’est réjouie sur X qu’Angela Rayner soit “enfin partie”, accusant le chef du gouvernement de “faiblesse” pour ne pas avoir agi dès les premières révélations. – “Bonne foi” -Angela Rayner avait révélé mercredi qu’elle avait payé moins d’impôts que ce qu’elle aurait dû après l’acquisition en mai d’un logement à Hove, station balnéaire du sud de l’Angleterre.Elle a, selon les médias, économisé 40.000 livres sterling (46.050 euros) en retirant son nom des titres de propriété d’un autre bien immobilier, dans sa circonscription du nord du pays. Elle avait vendu ses parts dans la maison familiale après son divorce au profit d’un trust établi pour son fils handicapé.En conséquence, elle a déclaré son nouvel appartement acheté 800.000 livres (922.000 euros) comme sa résidence principale, et non comme logement secondaire – qui aurait été soumis à une imposition supérieure. Or la situation liée au trust ne lui permettait pas de le faire.”Je pensais avoir tout fait correctement”, avait assuré Angela Rayner mercredi dans une interview donnée à la chaîne Sky News. “Je suis effondrée parce que j’ai toujours respecté les règles”, avait-elle ajouté, très émue.Laurie Magnus, le conseiller d’éthique du gouvernement, a estimé qu’elle avait agi “de bonne foi”, mais qu’elle devait être tenue responsable, comme tout contribuable, de ses déclarations fiscales.Souvent prise pour cible par les médias conservateurs, Angela Rayner a quitté l’école sans diplôme et, à 16 ans, est devenue mère célibataire. Elle a découvert le syndicalisme puis la politique après avoir travaillé dans le social, et a gravi les échelons du Labour.Sa démission intervient après un été difficile pour le gouvernement, à la fois impopulaire auprès des électeurs travaillistes et confronté à des divisions internes, dans un contexte budgétaire difficile.Mi-juillet, il avait fait face à une fronde d’un tiers des députés travaillistes s’opposant à sa réforme de la protection sociale, et a été contraint de rétropédaler pour éviter une défaite humiliante au Parlement.Angela Rayner était restée proche de la base du parti, et elle passait parfois pour une possible remplaçante du Premier ministre Keir Starmer en raison de sa popularité.

Royaume-Uni: la numéro deux du gouvernement démissionne, revers pour Keir Starmer

Nouveau coup dur pour le gouvernement travailliste de Keir Starmer : sa numéro deux, Angela Rayner, a dû démissionner vendredi, emportée par une controverse après avoir admis avoir sous-payé un impôt lors de l’achat d’un logement.La vice-Première ministre, également ministre du Logement et numéro deux du Labour, s’était signalée au conseiller en éthique du gouvernement, qui a conclu vendredi qu’elle avait “enfreint le code” de conduite ministérielle.La démission de cette femme de 45 ans, issue d’un milieu populaire et qui incarnait l’aile gauche du parti travailliste au sein de l’exécutif, constitue un nouveau revers pour le gouvernement, en difficulté un an après son arrivée au pouvoir et dépassé dans les sondages par le parti anti-immigration de Nigel Farage, Reform UK.Un remaniement plus large est attendu dans la journée.Dans sa lettre de démission adressée à Keir Starmer, Angela Rayner a dit “regretter profondément (sa) décision de ne pas avoir recherché des conseils fiscaux spécialisés supplémentaires”, et assumer “l’entière responsabilité de cette erreur”.”Compte tenu des conclusions et de l’impact sur ma famille, j’ai donc décidé de démissionner,” a-t-elle poursuivi, après plusieurs jours de controverse et d’intense couverture médiatique.Dans sa lettre acceptant sa démission, Keir Starmer, “très attristé”, a assuré à Angela Rayner qu’elle demeurerait “une figure majeure” du parti travailliste.La cheffe de l’opposition conservatrice Kemi Badenoch s’est réjouie sur X qu’Angela Rayner soit “enfin partie”, accusant le chef du gouvernement de “faiblesse” pour ne pas avoir agi dès les premières révélations. – “Bonne foi” -Angela Rayner avait révélé mercredi qu’elle avait payé moins d’impôts que ce qu’elle aurait dû après l’acquisition en mai d’un logement à Hove, station balnéaire du sud de l’Angleterre.Elle a, selon les médias, économisé 40.000 livres sterling (46.050 euros) en retirant son nom des titres de propriété d’un autre bien immobilier, dans sa circonscription du nord du pays. Elle avait vendu ses parts dans la maison familiale après son divorce au profit d’un trust établi pour son fils handicapé.En conséquence, elle a déclaré son nouvel appartement acheté 800.000 livres (922.000 euros) comme sa résidence principale, et non comme logement secondaire – qui aurait été soumis à une imposition supérieure. Or la situation liée au trust ne lui permettait pas de le faire.”Je pensais avoir tout fait correctement”, avait assuré Angela Rayner mercredi dans une interview donnée à la chaîne Sky News. “Je suis effondrée parce que j’ai toujours respecté les règles”, avait-elle ajouté, très émue.Laurie Magnus, le conseiller d’éthique du gouvernement, a estimé qu’elle avait agi “de bonne foi”, mais qu’elle devait être tenue responsable, comme tout contribuable, de ses déclarations fiscales.Souvent prise pour cible par les médias conservateurs, Angela Rayner a quitté l’école sans diplôme et, à 16 ans, est devenue mère célibataire. Elle a découvert le syndicalisme puis la politique après avoir travaillé dans le social, et a gravi les échelons du Labour.Sa démission intervient après un été difficile pour le gouvernement, à la fois impopulaire auprès des électeurs travaillistes et confronté à des divisions internes, dans un contexte budgétaire difficile.Mi-juillet, il avait fait face à une fronde d’un tiers des députés travaillistes s’opposant à sa réforme de la protection sociale, et a été contraint de rétropédaler pour éviter une défaite humiliante au Parlement.Angela Rayner était restée proche de la base du parti, et elle passait parfois pour une possible remplaçante du Premier ministre Keir Starmer en raison de sa popularité.

Poutine menace de cibler les forces occidentales déployées en Ukraine

Le président russe Vladimir Poutine a menacé vendredi les alliés européens de Kiev de cibler leurs forces si elles étaient déployées en Ukraine et dont le nombre, selon Volodymyr Zelensky, pourrait se compter en “milliers” en cas de cessez-le-feu.Bien que les négociations en vue d’une paix soient toujours dans l’impasse et que Moscou continue de …

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Poutine menace de cibler les forces occidentales déployées en Ukraine

Le président russe Vladimir Poutine a menacé vendredi les alliés européens de Kiev de cibler leurs forces si elles étaient déployées en Ukraine et dont le nombre, selon Volodymyr Zelensky, pourrait se compter en “milliers” en cas de cessez-le-feu.Bien que les négociations en vue d’une paix soient toujours dans l’impasse et que Moscou continue de rejeter tout cessez-le-feu, les alliés de Kiev, surtout au sein de l’UE, s’efforcent depuis plusieurs semaines de déterminer les contours de leur soutien à l’Ukraine après la guerre.Vingt-six pays, essentiellement européens, se sont engagés jeudi à Paris à contribuer aux garanties de sécurité pour l’Ukraine afin d’empêcher une potentielle nouvelle attaque de la Russie, après l’entrée en vigueur d’une cessation des hostilités qui demeure hypothétique.”Si des forces, quelles qu’elles soient, apparaissent sur place, surtout maintenant, au moment où des combats sont en cours, nous partirons du principe qu’elles seront des cibles légitimes”, a déclaré M. Poutine lors d’un forum économique à Vladivostok en Extrême-Orient.”Et si des décisions sont obtenues pour aboutir à la paix, à une paix durable, je ne vois tout simplement pas de sens à leur présence” sur le territoire ukrainien, a ajouté M. Poutine, en appelant à ce que “personne ne doute que la Russie respectera pleinement” un futur accord de paix.Son porte-parole, Dmitri Peskov, a estimé que “les contingents militaires européens et américains” ne “peuvent absolument pas” faire partie des garanties de sécurité pour l’Ukraine. Il a souligné que les intérêts de la Russie doivent aussi être pris en compte.Il a également accusé les Européens d'”entraver” le règlement du conflit.- “Choses concrètes” -Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, les combats ont fait des dizaines, voire des centaines de milliers de morts, déplacé des millions d’habitants et détruit une partie de l’est et du sud de l’Ukraine.”Le jour où le conflit s’arrête, les garanties de sécurité se déploient”, avait affirmé jeudi le président français Emmanuel Macron, que ce soit via un “cessez-le-feu”, un “armistice” ou un “traité de paix”. Il n’a cependant pas fourni de précisions sur les contributions de chaque pays.Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le nombre de militaires déployés pourrait se compter en “milliers”. “C’est un fait, mais il est encore un peu tôt pour en parler” en détail, a-t-il indiqué vendredi, l’une des rares fois ou un nombre, même imprécis, pour ce contingent, est cité.”Il s’agit de choses concrètes sur terre, dans le ciel, dans l’espace maritime, dans le cyberespace, ainsi que du financement de nos forces” armées, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse.La Russie a signifié à de nombreuses reprises son opposition au déploiement de forces occidentales en Ukraine. Elle considère l’expansion de l’Otan à ses frontières comme l’une des causes de la guerre.A Kiev, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Georgiï Tykhy, a balayé les propos de Vladimir Poutine. “Ce n’est pas à lui de décider (…) qui est invité par l’Ukraine”, a-t-il déclaré.- “Backstop” américain -L’un des enjeux des tractations actuelles sur les garanties de sécurité pour l’Ukraine est la teneur de la participation américaine. Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a multiplié les efforts pour mettre fin au conflit tout critiquant l’aide apportée à Kiev.M. Macron a assuré que le soutien américain aux garanties de sécurité serait finalisé “dans les prochains jours” et que les Américains avaient “été très clairs” sur leur participation.M. Trump avait discuté sanctions et protection du ciel ukrainien avec M. Zelensky jeudi au téléphone et pris part à une visioconférence dans la foulée du sommet à Paris, auquel a aussi en partie participé son émissaire Steve Witkoff.”Nous comptons sur le +backstop+ (+filet de sécurité+) des Etats-Unis”, avait fait savoir M. Zelensky jeudi.Depuis mi-février, Paris et Londres, à la tête d’une “coalition des volontaires”, multiplient les réunions de planification au niveau des chefs d’état-major, des ministres et des chefs d’État.Les garanties de sécurité, inexistantes dans les accords de Minsk conclus en 2014 et 2015 pour mettre un terme aux combats entre l’armée ukrainienne et des séparatistes prorusses pilotés par Moscou, sont présentées comme un moyen d’empêcher une reprise du conflit.Mais ces garanties doivent s’appliquer après une fin des hostilités. Or, les négociations sont toujours dans l’impasse tant les conditions des deux camps semblent irréconciliables.

Poutine menace de cibler les forces occidentales déployées en Ukraine

Le président russe Vladimir Poutine a menacé vendredi les alliés européens de Kiev de cibler leurs forces si elles étaient déployées en Ukraine et dont le nombre, selon Volodymyr Zelensky, pourrait se compter en “milliers” en cas de cessez-le-feu.Bien que les négociations en vue d’une paix soient toujours dans l’impasse et que Moscou continue de rejeter tout cessez-le-feu, les alliés de Kiev, surtout au sein de l’UE, s’efforcent depuis plusieurs semaines de déterminer les contours de leur soutien à l’Ukraine après la guerre.Vingt-six pays, essentiellement européens, se sont engagés jeudi à Paris à contribuer aux garanties de sécurité pour l’Ukraine afin d’empêcher une potentielle nouvelle attaque de la Russie, après l’entrée en vigueur d’une cessation des hostilités qui demeure hypothétique.”Si des forces, quelles qu’elles soient, apparaissent sur place, surtout maintenant, au moment où des combats sont en cours, nous partirons du principe qu’elles seront des cibles légitimes”, a déclaré M. Poutine lors d’un forum économique à Vladivostok en Extrême-Orient.”Et si des décisions sont obtenues pour aboutir à la paix, à une paix durable, je ne vois tout simplement pas de sens à leur présence” sur le territoire ukrainien, a ajouté M. Poutine, en appelant à ce que “personne ne doute que la Russie respectera pleinement” un futur accord de paix.Son porte-parole, Dmitri Peskov, a estimé que “les contingents militaires européens et américains” ne “peuvent absolument pas” faire partie des garanties de sécurité pour l’Ukraine. Il a souligné que les intérêts de la Russie doivent aussi être pris en compte.Il a également accusé les Européens d'”entraver” le règlement du conflit.- “Choses concrètes” -Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, les combats ont fait des dizaines, voire des centaines de milliers de morts, déplacé des millions d’habitants et détruit une partie de l’est et du sud de l’Ukraine.”Le jour où le conflit s’arrête, les garanties de sécurité se déploient”, avait affirmé jeudi le président français Emmanuel Macron, que ce soit via un “cessez-le-feu”, un “armistice” ou un “traité de paix”. Il n’a cependant pas fourni de précisions sur les contributions de chaque pays.Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le nombre de militaires déployés pourrait se compter en “milliers”. “C’est un fait, mais il est encore un peu tôt pour en parler” en détail, a-t-il indiqué vendredi, l’une des rares fois ou un nombre, même imprécis, pour ce contingent, est cité.”Il s’agit de choses concrètes sur terre, dans le ciel, dans l’espace maritime, dans le cyberespace, ainsi que du financement de nos forces” armées, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse.La Russie a signifié à de nombreuses reprises son opposition au déploiement de forces occidentales en Ukraine. Elle considère l’expansion de l’Otan à ses frontières comme l’une des causes de la guerre.A Kiev, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Georgiï Tykhy, a balayé les propos de Vladimir Poutine. “Ce n’est pas à lui de décider (…) qui est invité par l’Ukraine”, a-t-il déclaré.- “Backstop” américain -L’un des enjeux des tractations actuelles sur les garanties de sécurité pour l’Ukraine est la teneur de la participation américaine. Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a multiplié les efforts pour mettre fin au conflit tout critiquant l’aide apportée à Kiev.M. Macron a assuré que le soutien américain aux garanties de sécurité serait finalisé “dans les prochains jours” et que les Américains avaient “été très clairs” sur leur participation.M. Trump avait discuté sanctions et protection du ciel ukrainien avec M. Zelensky jeudi au téléphone et pris part à une visioconférence dans la foulée du sommet à Paris, auquel a aussi en partie participé son émissaire Steve Witkoff.”Nous comptons sur le +backstop+ (+filet de sécurité+) des Etats-Unis”, avait fait savoir M. Zelensky jeudi.Depuis mi-février, Paris et Londres, à la tête d’une “coalition des volontaires”, multiplient les réunions de planification au niveau des chefs d’état-major, des ministres et des chefs d’État.Les garanties de sécurité, inexistantes dans les accords de Minsk conclus en 2014 et 2015 pour mettre un terme aux combats entre l’armée ukrainienne et des séparatistes prorusses pilotés par Moscou, sont présentées comme un moyen d’empêcher une reprise du conflit.Mais ces garanties doivent s’appliquer après une fin des hostilités. Or, les négociations sont toujours dans l’impasse tant les conditions des deux camps semblent irréconciliables.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

En Ukraine, des soldats tuent pour accumuler des points

Cela fait des semaines que Roubik, le nom de guerre d’un droniste ukrainien, traque les moindres mouvements d’un soldat russe. S’il le tue, il gagnera au moins six points.Une fois accumulés, ils permettront à sa brigade de reconstituer ses stocks de drones, grâce à un nouveau système tout droit sorti de l’univers des jeux vidéo.”C’est l’infanterie qui rapporte le plus de points, donc tout le monde se concentre sur la destruction de ses effectifs”, reprend Roubik, 22 ans, rencontré par l’AFP sur les lieux d’une école détruite dans l’est de l’Ukraine, utilisée par son groupe de reconnaissance du 3e corps d’armée.Le marché où sont dépensés les points, appelé Brave1, est une initiative du ministère ukrainien de la Transformation numérique.Ses créateurs l’ont surnommé “le premier Amazon militaire du monde” car il permet aux brigades de choisir les armes qu’elles veulent – et même de laisser des avis, comme sur le célèbre site d’achats en ligne.- “Une décentralisation complète” -Ce programme de points, lancé en août 2024, permet depuis quelques semaines de choisir des drones, dont le prix varie entre deux et plusieurs dizaines de points, suivant les modèles.”C’est une décentralisation complète”, affirme à l’AFP le directeur de la plateforme, Andriï Hrytseniouk.Pour lui, Brave1 encourage une “saine compétition” entre les unités de dronistes et pousse les entreprises à produire les meilleures armes possibles.De nombreux soldats qui combattent aux côtés de Roubik sont, comme lui, issus d’une génération qui a grandi un smartphone à la main et les yeux rivés sur des jeux vidéo.Cela en fait des candidats parfaits pour le pilotage de drones, qui partage certains des codes du “gaming”.Ces petits engins volants souvent bon marché, qui s’écrasent sur leurs cibles ou larguent des explosifs, sont incontournables sur le front ukrainien, une révolution qui transforme la façon dont les armées combattent.Quand leurs pilotes, qui dirigent leur drone à l’aide de manettes via un écran, téléchargent les preuves de leurs attaques réussies sur Brave1, elles sont vérifiées par la plateforme puis tout cela est converti en points.- Rigidités soviétiques -Le programme s’inscrit dans une tendance plus globale, celle où la technologie influence la façon de faire la guerre, explique Matthew Ford, un expert de l’université suédoise de Défense.Le ministère ukrainien de la Transformation numérique, qui supervise l’initiative, tente de moderniser l’armée nationale, critiquée pour ses rigidités héritées de l’époque soviétique.Avec Brave1, les coordinateurs peuvent augmenter le nombre des points correspondant à chaque cible russe, en fonction des principales menaces dans chaque zone du front.Mais le programme n’a pas pour but de remplacer les commandes d’armement centralisées, ni de contourner les ordres de la hiérarchie militaire, selon les soldats.”Notre mission est toujours la priorité, pas les points ou les classements”, dit un officier du régiment Achilles, qui se fait appeler Foma.- “Un peu gênant” -Les brigades ukrainiennes ont beau servir sous le même commandement, elles cultivent leur identité propre pour attirer les meilleures recrues et les financements.Brave1 alimente cette compétition en publiant chaque mois un classement des dix unités ayant obtenu les meilleurs scores.”Lafayette”, un pilote de drones au sein d’Achilles, explique avoir été extrêmement fier de voir le nom de son régiment dans le dernier classement en date.Mais cet homme de 37 ans, qui travaillait dans l’informatique avant le début de la guerre, comprend que ce mélange entre jeux et guerre puisse mettre mal à l’aise.”Quand j’essaie de me remettre dans la peau d’un civil et d’y réfléchir, c’est un peu gênant”, admet-il.Mais les pilotes sont aussi les premiers témoins des horreurs du champ de bataille, où les drones sont responsables de la plupart des pertes humaines.Roubik, qui traquait un soldat russe, explique avoir tout entendu des détails de sa vie personnelle en surveillant les transmissions radio.Finalement, “on l’a tué”, dit-il. “J’ai ressenti un peu de vide dans mon âme”.Mais Roubik assure avoir gardé à l’esprit l’enjeu de cette guerre pour son pays et les points que l’attaque fournirait à son unité.”Si les gens étaient à notre place, ils comprendraient de quoi il s’agit. Notre pays est en guerre. Il ne peut y avoir aucune pitié”.