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Coupures d’électricité à travers l’Ukraine après des frappes russes massives

Des dizaines de milliers de personnes sont sans courant vendredi à Kiev et dans neuf régions d’Ukraine après l’une des attaques russes les plus massives dirigées contre le réseau énergétique, qui a tué un enfant de 7 ans et fait une trentaine de blessés.La Russie multiplie depuis plusieurs semaines les frappes sur les infrastructures énergétiques et le réseau ferroviaire ukrainiens à l’approche de l’hiver, faisant craindre une campagne, comme les années précédentes, qui pourrait plonger des millions de personnes dans le noir.Selon l’opérateur du réseau électrique ukrainien, Ukrenergo, les bombardements de la nuit ont provoqué des coupures de courant chez “un nombre significatif d’usagers” dans la capitale et neuf autres régions de l’est, du sud, du nord et du centre du pays. Maksym Timtchenko, le PDG du principal acteur privé du secteur, DTEK, a estimé que cette attaque “marque une grave escalade dans la campagne menée par la Russie contre le système énergétique ukrainien”. Sa société a fait état de “centrales thermiques gravement endommagées”.Une source au sein du secteur ukrainien de l’énergie a indiqué à l’AFP que “des dizaines de milliers de foyers” se retrouvent sans courant à Kiev. Elle a expliqué qu’en raison du temps nuageux, de nombreux drones russes ont “réussi à contourner la défense antiaérienne”.”Depuis plusieurs semaines, les Russes font tout pour plonger le pays dans l’obscurité”, a dénoncé le président Volodymyr Zelensky, plaidant une nouvelle fois pour une “action décisive” des Occidentaux qu’il exhorte à livrer des systèmes antiaériens supplémentaires.Selon les autorités, les frappes ont fait au moins un mort – un garçon de 7 ans dans la région de Zaporijjia –  et 33 blessés.L’armée russe a de son côté affirmé avoir visé des sites énergétiques alimentant “le complexe militaro-industriel” ukrainien.- Kiev dans le noir -Il s’agit de “l’une des plus importantes frappes concentrées spécifiquement contre des installations énergétiques”, a dénoncé de son côté la Première ministre Ioulia Svyrydenko, soulignant que les infrastructures ont “subi des dommages importants”.Selon l’armée de l’air ukrainienne, la Russie a tiré 465 drones et 32 missiles sur le pays, dont respectivement 405 et 15 ont été abattus.Des journalistes de l’AFP à Kiev ont entendu de nombreuses explosions ainsi que le vrombissement de drones d’attaque.A Kiev, “la rive gauche (orientale, ndlr) est sans électricité. Il y a également des problèmes sur le réseau d’eau”, a indiqué le maire de la ville, Vitali Klitschko, sur Telegram.Un journaliste de l’AFP vivant dans l’est de Kiev a également constaté l’absence de courant et d’eau potable et témoigné que cette partie de la ville était plongée dans une obscurité totale.Selon le correspondant de guerre russe Alexandre Kots, deux centrales électriques ont été touchées à Kiev et au moins six autres à travers l’Ukraine.- “Hiver extrêmement difficile” -M. Zelensky avait déjà dénoncé plus tôt cette semaine la multiplication des frappes contre des cibles énergétiques et estimé que “l’objectif de la Russie est de semer le chaos” au sein de la population.Autre signe de la pression russe, les autorités ukrainiennes ont annoncé jeudi de nouvelles évacuations de civils dans l’est du pays, où se déroule l’essentiel des combats.Le secteur gazier ukrainien est aussi mis à rude épreuve par les frappes russes, ce qui pourrait pousser Kiev à recourir à de coûteuses importations. L’hiver dernier, les bombardements russes avaient déjà réduit de moitié la production nationale de gaz en Ukraine.L’Ukraine frappe elle aussi régulièrement la Russie, ciblant en particulier les raffineries, ce qui a provoqué une hausse des prix du carburant dans ce pays depuis l’été.M. Zelensky a estimé cette semaine que les pénuries de carburant en Russie se chiffraient “à hauteur de 20% des besoins”.L’Ukraine a aussi récemment frappé une centrale électrique dans la région russe frontalière de Belgorod, y provoquant des coupures de courant.Une délégation ukrainienne conduite par la Première ministre Ioulia Svyrydenko doit se rendre “en début de semaine” aux Etats-Unis pour évoquer notamment la question de l’énergie et de la défense antiaérienne, selon M. Zelensky.

Coupures d’électricité à travers l’Ukraine après des frappes russes massives

Des dizaines de milliers de personnes sont sans courant vendredi à Kiev et dans neuf régions d’Ukraine après l’une des attaques russes les plus massives dirigées contre le réseau énergétique, qui a tué un enfant de 7 ans et fait une trentaine de blessés.La Russie multiplie depuis plusieurs semaines les frappes sur les infrastructures énergétiques et le réseau ferroviaire ukrainiens à l’approche de l’hiver, faisant craindre une campagne, comme les années précédentes, qui pourrait plonger des millions de personnes dans le noir.Selon l’opérateur du réseau électrique ukrainien, Ukrenergo, les bombardements de la nuit ont provoqué des coupures de courant chez “un nombre significatif d’usagers” dans la capitale et neuf autres régions de l’est, du sud, du nord et du centre du pays. Maksym Timtchenko, le PDG du principal acteur privé du secteur, DTEK, a estimé que cette attaque “marque une grave escalade dans la campagne menée par la Russie contre le système énergétique ukrainien”. Sa société a fait état de “centrales thermiques gravement endommagées”.Une source au sein du secteur ukrainien de l’énergie a indiqué à l’AFP que “des dizaines de milliers de foyers” se retrouvent sans courant à Kiev. Elle a expliqué qu’en raison du temps nuageux, de nombreux drones russes ont “réussi à contourner la défense antiaérienne”.”Depuis plusieurs semaines, les Russes font tout pour plonger le pays dans l’obscurité”, a dénoncé le président Volodymyr Zelensky, plaidant une nouvelle fois pour une “action décisive” des Occidentaux qu’il exhorte à livrer des systèmes antiaériens supplémentaires.Selon les autorités, les frappes ont fait au moins un mort – un garçon de 7 ans dans la région de Zaporijjia –  et 33 blessés.L’armée russe a de son côté affirmé avoir visé des sites énergétiques alimentant “le complexe militaro-industriel” ukrainien.- Kiev dans le noir -Il s’agit de “l’une des plus importantes frappes concentrées spécifiquement contre des installations énergétiques”, a dénoncé de son côté la Première ministre Ioulia Svyrydenko, soulignant que les infrastructures ont “subi des dommages importants”.Selon l’armée de l’air ukrainienne, la Russie a tiré 465 drones et 32 missiles sur le pays, dont respectivement 405 et 15 ont été abattus.Des journalistes de l’AFP à Kiev ont entendu de nombreuses explosions ainsi que le vrombissement de drones d’attaque.A Kiev, “la rive gauche (orientale, ndlr) est sans électricité. Il y a également des problèmes sur le réseau d’eau”, a indiqué le maire de la ville, Vitali Klitschko, sur Telegram.Un journaliste de l’AFP vivant dans l’est de Kiev a également constaté l’absence de courant et d’eau potable et témoigné que cette partie de la ville était plongée dans une obscurité totale.Selon le correspondant de guerre russe Alexandre Kots, deux centrales électriques ont été touchées à Kiev et au moins six autres à travers l’Ukraine.- “Hiver extrêmement difficile” -M. Zelensky avait déjà dénoncé plus tôt cette semaine la multiplication des frappes contre des cibles énergétiques et estimé que “l’objectif de la Russie est de semer le chaos” au sein de la population.Autre signe de la pression russe, les autorités ukrainiennes ont annoncé jeudi de nouvelles évacuations de civils dans l’est du pays, où se déroule l’essentiel des combats.Le secteur gazier ukrainien est aussi mis à rude épreuve par les frappes russes, ce qui pourrait pousser Kiev à recourir à de coûteuses importations. L’hiver dernier, les bombardements russes avaient déjà réduit de moitié la production nationale de gaz en Ukraine.L’Ukraine frappe elle aussi régulièrement la Russie, ciblant en particulier les raffineries, ce qui a provoqué une hausse des prix du carburant dans ce pays depuis l’été.M. Zelensky a estimé cette semaine que les pénuries de carburant en Russie se chiffraient “à hauteur de 20% des besoins”.L’Ukraine a aussi récemment frappé une centrale électrique dans la région russe frontalière de Belgorod, y provoquant des coupures de courant.Une délégation ukrainienne conduite par la Première ministre Ioulia Svyrydenko doit se rendre “en début de semaine” aux Etats-Unis pour évoquer notamment la question de l’énergie et de la défense antiaérienne, selon M. Zelensky.

Viols de Mazan: le volet judiciaire se referme définitivement pour Gisèle Pelicot

Gisèle Pelicot va enfin pouvoir se “concentrer sur sa nouvelle vie”: l’unique accusé qui avait persisté à faire appel et dont la peine a été alourdie jeudi en deuxième instance n’ira pas en cassation, clôturant ainsi l’affaire des viols de Mazan.”Non, il n’y aura pas de pourvoi en cassation. Il accepte la décision”, a annoncé vendredi à l’AFP l’un de ses avocats, Jean-Marc Darrigade, ajoutant que “le procès Mazan est fini”.Le chapitre judiciaire de cette affaire au retentissement mondial, qui avait donné lieu à un procès hors-norme de près de quatre mois à Avignon l’an dernier avec 51 accusés, tous condamnés, puis un second de quatre jours en appel cette semaine à Nîmes, est donc officiellement clôturé.Cette procédure avait transformé Mme Pelicot, malgré elle, en icône féministe en devenant un symbole de la lutte contre les violences sexuelles, la soumission chimique et le non-consentement notamment pour avoir refusé que ces deux procès se tiennent à huis clos, afin que “la honte change de camp”.Contacté par l’AFP, ses avocats n’ont pas voulu faire de commentaire.La victime, qui entre 2011 et 2020 avait été assommée aux anxiolytiques par son ex-époux Dominique qui la violait puis la livrait à des dizaines d’inconnus recrutés sur internet à leur domicile conjugal de Mazan (Vaucluse), va désormais pouvoir “se concentrer sur sa nouvelle vie et sur son avenir”, comme avait annoncé à l’AFP son avocat Antoine Camus peu avant le procès de cette semaine.- “Pensée d’un autre âge!” -Husamettin Dogan, qui avait fait appel de sa peine de neuf ans de prison prononcée en première instance en décembre à Avignon, a été condamné jeudi par la cour d’assises d’appel du Gard cette fois-ci à 10 ans de réclusion.”On savait que ce serait difficile car il y avait un effet loupe sur M. Dogan. Il était seul et il aurait eu besoin d’avoir raison seul contre tous”, a regretté Me Darrigade. “Le fait d’avoir reçu une année de plus est peut-être à mettre sur le compte d’un préjudice supplémentaire qu’à eu à subir la victime avec ce nouveau procès”, a-t-il avancé.Et il s’est dit toutefois “satisfait” que la cour “n’ait pas suivi les réquisitions de l’avocat général” qui avait, comme ses confrères en première instance de la cour criminelle de Vaucluse, demandé 12 ans de réclusion criminelle.Agé de 44 ans, cet ex-ouvrier au parcours socioprofessionnel chaotique s’était rendu la nuit du 28 juin 2019 au domicile conjugal des Pelicot à Mazan pour y violer Gisèle Pelicot, préalablement sédatée et inconsciente par son mari Dominique.Comme en première instance, M. Dogan a, pendant les quatre jours d’audience à Nîmes, maintenu n’avoir “violé personne”, disant avoir été “sous l’emprise” de Dominique Pelicot.Dans un réquisitoire puissant, l’avocat général Dominique Sié avait souligné son attitude “désespérante”, lui lançant: “Tant que vous refuserez de l’admettre, ce n’est pas seulement une femme, c’est tout un fonctionnement social sordide que vous cautionnez.”Ce procès pouvait difficilement être le procès ordinaire d’un viol, notamment parce qu’il y a avait dans ce dossier, fait rare, des preuves vidéo accablantes, Dominique Pelicot ayant tout filmé et archivé méticuleusement.Ce dossier a permis “une prise de conscience collective sur un fonctionnement social archaïque, destructeur, qui fait de l’homme, le mâle, le centre de l’univers”, avait asséné l’avocat général. Avant d’ajouter: “On ne peut pas en 2025 considérer que parce qu’elle n’a rien dit, elle était d’accord. Car là, on se situe dans un mode de pensée d’un autre âge!”De son côté, Gisèle Pelicot avait à la barre expliqué avoir “le sentiment d’être allée au bout de cette épreuve qui a duré cinq ans. Je souhaite ne jamais retourner dans un tribunal de ma vie. Moi, le mal est fait. Il va falloir que je me reconstruise sur cette ruine. Je suis en bonne voie.”

Cédric Jubillar a pu se sentir “rabaissé”, dit un psychologue avant l’interrogatoire de l’accusé

Cédric Jubillar a pu se sentir “rabaissé” par la perspective du départ de son épouse et de la potentielle perte de sa maison, a expliqué vendredi devant la cour d’assises du Tarn un psychologue, revenant sur l’état d’esprit de l’accusé au moment de la disparition de son épouse, en 2020.Avant un dernier interrogatoire du peintre-plaquiste de 38 ans, la cour a longuement écouté vendredi matin le rapport et les réponses de cet expert qui a rencontré cinq fois M. Jubillar en détention.”Il lui est difficile de se sentir rabaissé, ça le fait souffrir”, a expliqué ce psychologue, soulignant qu’il avait pu éprouver cette “sensation de rabaissement” dans les semaines précédant la nuit du 15 au 16 décembre 2020, une analyse sur laquelle l’avocat général Pierre Aurignac et les avocats des parties civiles se sont attardés, cherchant à établir un lien entre cet état d’esprit et un potentiel passage à l’acte.”Lui, il s’est senti pris pour un con”, a appuyé l’expert, estimant notamment que le “rejet” symbolisé par le potentiel départ de sa femme pour un autre homme pouvait “faire ressortir les douleurs du ressenti d’abandon” de l’accusé, liées à son enfance chaotique, faite de placements en famille d’accueil et de forte instabilité affective. – “Hypothèses” -Le psychologue a fait référence à un adage breton (“Quand on n’a rien, on n’est rien”) pour expliquer que M. Jubillar, accusé du meurtre de sa femme, avait pu se trouver au moment des faits dans une “angoisse d’anéantissement” personnel, ce qui “peut amener au passage à l’acte”. Mais il s’agit d'”hypothèses” et non d'”affirmations”, a-t-il nuancé à l’adresse des jurés. L’interrogatoire de l’expert s’est achevé à la mi-journée, la défense insistant justement sur la notion d’hypothèses au sujet de ces conclusions. L’interrogatoire récapitulatif de l’accusé ne commencera qu’en début d’après-midi et devrait se poursuivre lundi, a expliqué la présidente des assises, Hélène Ratinaud, qui a listé une dizaine de thèmes pour orienter ses questions.Jusqu’ici Cédric Jubillar n’a été interrogé que ponctuellement sur certains éléments. “Je ne crains pas le faux pas d’un innocent”, a affirmé son avocat Alexandre Martin, au sujet de la perspective de ce long interrogatoire.La défense l’a bien “préparé”, a de son côté souligné Mourad Battikh, avocat d’une partie civile, qui ne croit pas “qu’il passera aux aveux” vendredi. “Il a des réponses mécaniques depuis le début de ce procès”, a-t-il dit, “il y a très peu de chances qu’il change de couloir de nage”.- “Des blagues” -Menaces de mort avant la disparition, confidences après, les auditions à charge se sont multipliées ces derniers jours devant les assises d’Albi, à commencer par celle de sa propre mère. Mercredi, elle est venue rappeler une déclaration de son fils confronté à la dislocation de son couple: “J’en ai marre, elle m’énerve, je vais la tuer, l’enterrer et personne ne va la retrouver”.Jeudi, c’était au tour de ses anciennes petites amies de détailler les confidences qu’il leur aurait faites après la disparition de Delphine.Lors d’une visite au parloir au cours de l’année écoulée, Jennifer, 31 ans, a rapporté : “Il m’a dit: +Je l’ai étranglée+”, allant jusqu’à mimer sur lui puis sur elle “la clé de coude” qui aurait causé la mort de Delphine Jubillar, née Aussaguel.Sa précédente compagne, Séverine, 48 ans, a dit que Cédric lui avait affirmé, “en rigolant”, avoir enterré le corps “près d’une ferme qui a brûlé”.”Des blagues”, n’a cessé de justifier l’accusé, confronté à ces accusations, ainsi que celles rapportées par deux anciens codétenus appelés à la barre mercredi.”C’est un personnage qui, à un moment donné, quand on lui pose des questions qu’il estime être absurdes, à savoir, qu’est-ce que tu as fait de Delphine, va répondre par des choses absurdes qu’il met sur le compte de l’humour”, a commenté son avocate Emmanuelle Franck.”Je suis le coupable idéal”, a déclaré jeudi l’accusé au dernier jour de cette accumulation de témoignages. “C’est l’effet des médias, j’ai été condamné avant même le procès”, a-t-il estimé.

Venezuela: Maria Corina Machado, visage et âme de l’opposition

Récompensée par le prix Nobel de la Paix, Maria Corina Machado, la cheffe de l’opposition au Venezuela, 58 ans, surnommée la “libératrice” par ses partisans, vit dans la clandestinité depuis la présidentielle contestée de juillet 2024 mais reste l’âme de l’opposition vénézuélienne.”Très juste reconnaissance pour la longue lutte d’une femme et de tout un peuple pour notre liberté et notre démocratie”, a affirmé le candidat de l’opposition à la présidentielle Edmundo Gonzalez Urrutia. Si le président Nicolas Maduro, au pouvoir depuis 2013, a été proclamé vainqueur par l’autorité électorale considérée aux ordres du pouvoir, l’opposition a revendiqué la victoire pour son candidat.Mme Machado, déclarée inéligible, n’avait pas pu se présenter, mais avait mené la campagne pour un candidat alors inconnu ralliant derrière elle des foules. Et c’est elle qui avait appelé ses partisans à recueillir les procès-verbaux de chaque bureau de vote, pour “prouver” la victoire de l’opposition. Le pouvoir vénézuélien, qui n’a pas jusqu’ici publié les résultats complets du scrutin, a durement réprimé les troubles post-électoraux et a intensifié ces derniers mois la répression politique, selon une mission d’experts de l’ONU.Mme Machado a choisi de rester dans son pays alors que M. Gonzalez Urrutia, visé par un mandat d’arrêt et harcelé verbalement par le pouvoir, a lui été contraint à l’exil en septembre.Fin septembre 2024 lors d’un entretien avec l’AFP, elle avait expliqué vivre parfois “des semaines sans contact humain” : “Je suis là où je me sens le plus utile pour la lutte”. Réfugiée dans un lieu tenue secret, elle continue de mener son combat. “Si quelque chose m’arrive, la consigne est très claire (…), personne ne négociera la liberté du Venezuela contre ma liberté”, avait elle affirmé, lors d’une interview par appel vidéo avec l’AFP.Depuis la présidentielle, elle donne des interviews virtuelles et participe à des débats sur internet, toujours sur un fond neutre pour que personne ne reconnaisse l’endroit où elle se trouve.- “Jusqu’au bout” -La notoriété de Mme Machado a explosé lors des primaires de l’opposition en octobre 2023, en recueillant plus de 90% des voix dans une démonstration de force avec 3 millions de participants. Elle est rapidement devenue favorite des sondages, surnommée la “libertadora” (“libératrice”), en hommage au “libertador” Simon Bolivar.Réputée franche et sans demi-mesure, des traits de caractère qui, selon les experts, ont fortement contribué à sa popularité, Mme Machado répétait à l’envi le slogan de sa campagne: “jusqu’au bout”. Son nom n’était pas sur les bulletins mais le visage et l’âme de l’opposition, c’était elle. Elle a sillonné inlassablement le pays, faisant campagne en voiture, interdite de prendre l’avion. Cris, pleurs et bousculades accompagnaient ses apparitions.Mme Machado promettait alors sans cesse “le changement” au Venezuela, dirigé depuis 1999 par le président Hugo Chavez (1999-2013), puis son héritier Nicolas Maduro.Ce dernier a été proclamé vainqueur de la dernière présidentielle avec 52% des voix par le Conseil national électoral, considéré aux ordres du pouvoir. Celui-ci n’a pas publié le détail des votes, se disant victime d’un piratage informatique.L’opposition, qui a publié des procès-verbaux des bureaux de vote, assure que M. Gonzalez Urrutia a remporté le scrutin avec plus de 67% des voix. Le pouvoir assure que ces procès-verbaux sont des “faux”.C’est justement Mme Machado qui avait demandé en amont à ses troupes d’organiser la collecte des procès-verbaux.Cela lui a valu un fort soutien international, les Etats-Unis, l’Europe et de nombreux pays d’Amérique latine ne reconnaissant pas la réélection de M. Maduro.Couronnée par le prix Sakhraov en 2024, Mme Machado avait estimé qu’il s’agissait d’une “reconnaissance pour chaque prisonnier politique, demandeur d’asile, exilé et chaque citoyen de notre pays qui se bat pour ce qu’il pense”.Libérale, elle prône une économie de marché et a proposé la privatisation du géant public pétrolier Petroleos de Venezuela (PDVSA), principale source de revenus du pays dont la production s’est effondrée, en raison de la mauvaise gestion et de la corruption.”Nous allons libérer notre pays et ramener nos enfants à la maison”, lançait-elle en référence aux 7 millions de Vénézuéliens qui, selon l’ONU, ont quitté le pays en proie à une interminable crise économique.Ce retour espéré de la diaspora la touche de près. Ses trois enfants – Ana Corina, Henrique et Ricardo – vivent à l’étranger.Ingénieure de profession, Mme Machado a entamé son parcours politique en 2002 avec la création de l’association Sumate (Rejoins-nous), réclamant un référendum pour révoquer le président Chavez.Accusée de trahison – Sumate percevant des fonds en provenance des États-Unis – et faisant l’objet de menaces de mort, elle avait alors décidé d’envoyer ses enfants, en bas âge, vivre aux États-Unis mais jure régulièrement comme son slogan de campagne qu’elle ira “jusqu’au bout”.Soutenant le déploiement de navires de guerre américain dans les Caraïbes, elle avait récemment affirmé sur les réseaux sociaux: “Il ne nous reste que très peu de temps avant que les Vénézuéliens ne récupèrent leur souveraineté et leur démocratie. Nous sommes prêts à prendre les rênes du nouveau gouvernement”.

Venezuela: Maria Corina Machado, visage et âme de l’opposition

Récompensée par le prix Nobel de la Paix, Maria Corina Machado, la cheffe de l’opposition au Venezuela, 58 ans, surnommée la “libératrice” par ses partisans, vit dans la clandestinité depuis la présidentielle contestée de juillet 2024 mais reste l’âme de l’opposition vénézuélienne.”Très juste reconnaissance pour la longue lutte d’une femme et de tout un peuple …

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Venezuela: Maria Corina Machado, visage et âme de l’opposition

Récompensée par le prix Nobel de la Paix, Maria Corina Machado, la cheffe de l’opposition au Venezuela, 58 ans, surnommée la “libératrice” par ses partisans, vit dans la clandestinité depuis la présidentielle contestée de juillet 2024 mais reste l’âme de l’opposition vénézuélienne.”Très juste reconnaissance pour la longue lutte d’une femme et de tout un peuple pour notre liberté et notre démocratie”, a affirmé le candidat de l’opposition à la présidentielle Edmundo Gonzalez Urrutia. Si le président Nicolas Maduro, au pouvoir depuis 2013, a été proclamé vainqueur par l’autorité électorale considérée aux ordres du pouvoir, l’opposition a revendiqué la victoire pour son candidat.Mme Machado, déclarée inéligible, n’avait pas pu se présenter, mais avait mené la campagne pour un candidat alors inconnu ralliant derrière elle des foules. Et c’est elle qui avait appelé ses partisans à recueillir les procès-verbaux de chaque bureau de vote, pour “prouver” la victoire de l’opposition. Le pouvoir vénézuélien, qui n’a pas jusqu’ici publié les résultats complets du scrutin, a durement réprimé les troubles post-électoraux et a intensifié ces derniers mois la répression politique, selon une mission d’experts de l’ONU.Mme Machado a choisi de rester dans son pays alors que M. Gonzalez Urrutia, visé par un mandat d’arrêt et harcelé verbalement par le pouvoir, a lui été contraint à l’exil en septembre.Fin septembre 2024 lors d’un entretien avec l’AFP, elle avait expliqué vivre parfois “des semaines sans contact humain” : “Je suis là où je me sens le plus utile pour la lutte”. Réfugiée dans un lieu tenue secret, elle continue de mener son combat. “Si quelque chose m’arrive, la consigne est très claire (…), personne ne négociera la liberté du Venezuela contre ma liberté”, avait elle affirmé, lors d’une interview par appel vidéo avec l’AFP.Depuis la présidentielle, elle donne des interviews virtuelles et participe à des débats sur internet, toujours sur un fond neutre pour que personne ne reconnaisse l’endroit où elle se trouve.- “Jusqu’au bout” -La notoriété de Mme Machado a explosé lors des primaires de l’opposition en octobre 2023, en recueillant plus de 90% des voix dans une démonstration de force avec 3 millions de participants. Elle est rapidement devenue favorite des sondages, surnommée la “libertadora” (“libératrice”), en hommage au “libertador” Simon Bolivar.Réputée franche et sans demi-mesure, des traits de caractère qui, selon les experts, ont fortement contribué à sa popularité, Mme Machado répétait à l’envi le slogan de sa campagne: “jusqu’au bout”. Son nom n’était pas sur les bulletins mais le visage et l’âme de l’opposition, c’était elle. Elle a sillonné inlassablement le pays, faisant campagne en voiture, interdite de prendre l’avion. Cris, pleurs et bousculades accompagnaient ses apparitions.Mme Machado promettait alors sans cesse “le changement” au Venezuela, dirigé depuis 1999 par le président Hugo Chavez (1999-2013), puis son héritier Nicolas Maduro.Ce dernier a été proclamé vainqueur de la dernière présidentielle avec 52% des voix par le Conseil national électoral, considéré aux ordres du pouvoir. Celui-ci n’a pas publié le détail des votes, se disant victime d’un piratage informatique.L’opposition, qui a publié des procès-verbaux des bureaux de vote, assure que M. Gonzalez Urrutia a remporté le scrutin avec plus de 67% des voix. Le pouvoir assure que ces procès-verbaux sont des “faux”.C’est justement Mme Machado qui avait demandé en amont à ses troupes d’organiser la collecte des procès-verbaux.Cela lui a valu un fort soutien international, les Etats-Unis, l’Europe et de nombreux pays d’Amérique latine ne reconnaissant pas la réélection de M. Maduro.Couronnée par le prix Sakhraov en 2024, Mme Machado avait estimé qu’il s’agissait d’une “reconnaissance pour chaque prisonnier politique, demandeur d’asile, exilé et chaque citoyen de notre pays qui se bat pour ce qu’il pense”.Libérale, elle prône une économie de marché et a proposé la privatisation du géant public pétrolier Petroleos de Venezuela (PDVSA), principale source de revenus du pays dont la production s’est effondrée, en raison de la mauvaise gestion et de la corruption.”Nous allons libérer notre pays et ramener nos enfants à la maison”, lançait-elle en référence aux 7 millions de Vénézuéliens qui, selon l’ONU, ont quitté le pays en proie à une interminable crise économique.Ce retour espéré de la diaspora la touche de près. Ses trois enfants – Ana Corina, Henrique et Ricardo – vivent à l’étranger.Ingénieure de profession, Mme Machado a entamé son parcours politique en 2002 avec la création de l’association Sumate (Rejoins-nous), réclamant un référendum pour révoquer le président Chavez.Accusée de trahison – Sumate percevant des fonds en provenance des États-Unis – et faisant l’objet de menaces de mort, elle avait alors décidé d’envoyer ses enfants, en bas âge, vivre aux États-Unis mais jure régulièrement comme son slogan de campagne qu’elle ira “jusqu’au bout”.Soutenant le déploiement de navires de guerre américain dans les Caraïbes, elle avait récemment affirmé sur les réseaux sociaux: “Il ne nous reste que très peu de temps avant que les Vénézuéliens ne récupèrent leur souveraineté et leur démocratie. Nous sommes prêts à prendre les rênes du nouveau gouvernement”.