L’ONU revoit en forte baisse son plan d’aide humanitaire mondial faute de fonds
Les Nations unies ont annoncé lundi une réduction drastique de l’aide humanitaire face “aux pires coupes financières” dans le monde, en particulier des Etats-Unis. Une décision qui va aggraver le sort déjà précaire de dizaines de millions de personnes cette année. Le nouveau plan de 29 milliards de dollars, là où l’ONU en réclamait 44 milliards pour 2025, doit “hyper-prioriser” l’aide pour 114 millions de personnes, selon le communiqué diffusé par l’agence de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU (OCHA).Le plan initial devait permettre d’aider “180 millions de personnes vulnérables”.- Coupes brutales -Selon OCHA, l’ONU n’a réussi à récolter que 5,6 milliards de dollars, sur les 44 milliards initialement réclamés, soit 13% du total alors que l’on est déjà à la moitié de l’année et que les crises humanitaires se sont multipliées : Soudan, Gaza, République démocratique du Congo, Birmanie, Ukraine notamment.Tout le secteur humanitaire mondial a été jeté dans la tourmente par la décision du président américain Donald Trump de mettre fin ou de revoir à la baisse l’aide financière à l’étranger des Etats-Unis. Washington était jusque-là le principal donateur en termes d’aide au développement sous toutes ses formes et les coupes brutales du financement ont des conséquences dramatiques pour l’aide d’urgence, la vaccination ou encore la distribution de médicaments pour lutter contre le sida.  Les fonds américains représentaient parfois une part importante des budgets des agences de l’ONU ou de diverses ONG, et ces pertes sont impossibles à compenser en quelques semaines ou même quelques mois.  Dès la fin avril, Tom Fletchern le patron d’OCHA, avait prévenu. Réduire le financement “n’est pas quelque chose dont il faut se vanter… le résultat de ces coupes dans l’aide c’est que des millions de personnes meurent”, avait-il averti, depuis un hôpital débordé en Afghanistan.Quelques exemples parmi des milliers d’autres: Début mai, le Programme alimentaire mondial avait tiré la sonnette d’alarme sur l’aggravation de la faim en Afrique de l’Ouest et centrale. L’agence des Nations unies avait évoqué fin mars une “crise sans précédent” due à la baisse de 40% de ses financements pour l’année 2025.Au Bangladesh, c’est la lutte contre la tuberculose et son éradication qui ont été remises en cause. En Afrique australe, ce sont les progrès de la lutte contre le sida qui sont menacés.Mais les Etats-Unis ne sont pas seuls en cause, nombre de pays donateurs ayant revu à la baisse leur aide pour se consacrer à d’autres priorités dans des contextes économiques parfois difficiles.- “Tri de survie humaine” -“Nous avons été forcés de faire un tri de la survie humaine”, a dénoncé Tom Fletcher, le sous-Secrétaire général aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence. “Les comptes sont cruels, et les conséquences sont déchirantes. Trop de personnes ne recevront pas l’aide dont elles ont besoin, mais nous sauverons autant de vies que possible avec les ressources qui nous sont données”, a-t-il promis.Pour faire autant que possible avec beaucoup moins, l’ONU veut mettre l’accent sur deux objectifs clés : atteindre les personnes et les endroits confrontés aux besoins les plus urgents et s’appuyer sur les plans d’aide déjà établis pour que les ressources limitées soient dirigées là où elles peuvent être les plus utiles – le plus rapidement possible.L’ONU va se fonder sur une échelle qui classe la gravité des besoins humanitaires. Les zones classées niveau 4 ou 5 – “indiquant des conditions extrêmes ou catastrophiques” – auront la priorité.Pour gagner en souplesse et en rapidité, l’assistance sera apportée en espèces lorsque cela sera possible, afin de “permettre aux personnes de choisir ce dont elles ont le plus besoin”. “Des coupes budgétaires brutales nous laissent avec des choix brutaux”, reconnaît Tom Fletcher. “Tout ce que nous demandons, c’est 1 pour cent de ce que vous avez choisi de dépenser l’année dernière pour la guerre. Mais ce n’est pas juste un appel à l’argent – c’est un appel à la responsabilité globale, à la solidarité humaine, à un engagement pour mettre fin à la souffrance”, enjoint-il.L’impact n’est pas limité à la nourriture ou aux soins. A l’ouverture de la session d’été du Conseil des droits de l’homme, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est dit “profondément préoccupé” par les réductions de financement de son bureau et des mécanismes internationaux dans ce domaine.Ces coupes ne feront qu'”offrir du réconfort aux dictateurs et aux autoritaires”, a-t-il lancé.