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Guerre commerciale: la Chine suspend les réceptions de Boeing, selon Bloomberg

La Chine a ordonné à ses compagnies aériennes de suspendre toute réception d’avions du constructeur américain Boeing, sur fond d’intensification de la guerre commerciale avec les Etats-Unis, a affirmé mardi l’agence de presse Bloomberg.Le président américain Donald Trump a imposé des droits de douane allant jusqu’à 145% sur une grande quantité de produits chinois. En réaction, le géant asiatique a imposé des surtaxes douanières de rétorsion de 125% sur les marchandises américaines importées.La Chine a également demandé aux compagnies aériennes du pays “de stopper tout achat d’équipements et de pièces détachées pour avions auprès d’entreprises américaines”, selon Bloomberg, qui cite des personnes proches du dossier.D’après l’agence, ces ordres ont été émis par les autorités chinoises après les mesures de représailles douanières décidées par Pékin la semaine dernière.Ces surtaxes font plus que doubler le coût des avions et des pièces détachées fabriqués aux Etats-Unis et arrivant sur le sol chinois. Dans les faits, elles auraient donc imposé un surcoût difficilement supportable pour les compagnies aériennes chinoises.Selon Bloomberg, le gouvernement chinois envisage également d’aider les transporteurs qui louent des avions Boeing et doivent faire face à des coûts plus élevés.La semaine dernière, l’agence avait déjà indiqué que la compagnie chinoise Juneyao Airlines avait repoussé la livraison – prévue dans les prochaines semaines – d’un Boeing 787-9 Dreamliner à cause des nouveaux droits de douane.Sollicité par l’AFP, le ministère chinois des Affaires étrangères n’a pas répondu dans l’immédiat.Boeing n’a pas souhaité commenter.D’après son site internet, son carnet de commandes contenait à fin mars 130 avions destinés à des clients chinois (compagnies aériennes et sociétés de leasing). Mais certains clients préférant ne pas être identifiés, ce pourrait être davantage.Vers 14H30, l’action Boeing perdait 1,81% à la Bourse de New York.L’annonce par Donald Trump de sa campagne de droits de douane contre les produits importés, présentés comme devant remédier au déficit commercial américain, a ébranlé les marchés boursiers du globe et accentué les inquiétudes pour la croissance mondiale.Le président américain a suspendu mercredi, et pour 90 jours, les droits de douane dits “réciproques” allant au-delà de 10%. Mais il maintient une forte pression sur la Chine.Les Etats-Unis ont également accordé vendredi une exemption provisoire de surtaxes sur les produits high-tech, smartphones et ordinateurs en tête, ainsi que sur les semi-conducteurs.Michael O’Leary, directeur général de Ryanair, première compagnie aérienne d’Europe en nombre de passagers, a menacé mardi de retarder la livraison de 25 avions Boeing attendus à partir d’août s’ils coûtaient plus chers à cause des droits de douane.

Harvey Weinstein rejugé à New York après l’annulation de sa première condamnation

L’ex-producteur roi du cinéma Harvey Weinstein, dont la chute a entraîné en 2017 le début de la vague mondiale #MeToo, a retrouvé le banc des accusés mardi à New York lors d’un nouveau procès pour viol et agression sexuelle après l’annulation retentissante de sa condamnation l’année dernière.Costume bleu foncé et cravate, l’ancien patron des studios Miramax, 73 ans, diminué par des problèmes de santé, est entré dans la salle d’audience de la cour criminelle de Manhattan poussé en chaise roulante. Le procès a démarré avec la sélection du jury, qui pourrait prendre plusieurs jours avant les interrogatoires des témoins par l’accusation et la défense.Harvey Weinstein doit être rejugé pour l’agression sexuelle de l’ancienne assistante de production Mimi Haleyi, en 2006, et le viol de l’aspirante actrice Jessica Mann, en 2013. Il avait été reconnu coupable de ces faits en 2020 et condamné à 23 ans de prison. Mais en avril 2024, la cour d’appel de New York a annulé toute la procédure, au motif que le tribunal avait laissé témoigner d’autres victimes présumées sur des faits pour lesquels l’ancien magnat du cinéma n’était pas inculpé.Cette annulation a été vécue comme une gifle pour le mouvement de lutte contre les violences sexuelles et un retour en arrière pour la prise en compte de la parole des victimes par la justice.Le procès portera aussi sur une nouvelle inculpation pour agression sexuelle en 2006 dans un hôtel de Manhattan, sur une victime présumée qui demeure anonyme. Ces femmes “vont faire en sorte que Weinstein soit tenu responsable des crimes odieux qu’il a commis”, a déclaré devant la cour criminelle de Manhattan l’avocate de cette victime, Lindsay Goldbrum.- “Courage” -“Le fait qu’elles témoignent à nouveau témoigne de leur courage”, a-t-elle ajouté.Harvey Weinstein, producteur d’innombrables succès du cinéma indépendant (“Sexe mensonges et vidéo”, “Pulp Fiction”, “Shakespeare in Love”) reste détenu, car il a aussi été condamné en Californie à seize ans de prison en 2023 dans un dossier distinct de viol et agressions sexuelles. Il espère que l’affaire sera “regardée avec un oeil neuf”, plus de sept ans après les enquêtes du New York Times et du New Yorker à l’origine de sa chute et d’une onde de choc planétaire qui a libéré la parole de nombreuses victimes et contraint les sociétés à de profondes remises en question sur la place des femmes.”Ce sera très différent”, veut croire son avocat Arthur Aidala, promettant un procès “sur les faits et pas sur #MeToo”. “Il y a cinq ans (lors de son premier procès en 2020, ndlr), il y avait des manifestations, des gens qui scandaient +C’est un violeur+ (…) les gens étaient tellement contre lui”, ajoute-t-il. “Je pense que tout cela est retombé”, assure-t-il.Décrit par ses accusatrices comme un prédateur qui jouait de sa stature d’homme tout puissant du cinéma pour obtenir des faveurs sexuelles d’actrices ou d’assistantes, le plus souvent dans des chambres d’hôtel, Harvey Weinstein n’a jamais reconnu d’agression et toujours assuré que les relations étaient consenties.Depuis les premières révélations en 2017, Harvey Weinstein a été accusé par plus de 80 femmes de harcèlement, agression sexuelle ou viol, dont les actrices Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow ou Ashley Judd.La déflagration #MeToo s’est poursuivie dans de nombreux pays, dont la France, où le monde du spectacle a été contraint à l’introspection après les accusations de l’actrice Judith Godrèche contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon. Un rapport parlementaire a dressé le 9 avril un constat accablant de violences “systémiques” et “endémiques” dans la culture en France.

Dette: Bayrou présente un sombre “diagnostic” aux Français mais reste discret sur ses remèdes

Comment redresser les comptes publics ? A défaut de résoudre l’équation immédiatement, François Bayrou a voulu de nouveau alerter les Français sur le “piège” de la dette qui menace “la survie de notre pays” et promis des réponses d’ici le 14 juillet en écartant déjà la piste d’augmentation des impôts.”Seule la confrontation les yeux ouverts avec la vérité de notre situation peut soutenir une action déterminée”, a déclaré le Premier ministre à l’issue d’un “Comité d’alerte du budget” qui a réuni – sans lui – plusieurs membres de son gouvernement avec des parlementaires, des représentants d’organismes de sécurité sociale ou encore syndicaux. Graphiques à l’appui, le chef du gouvernement a énuméré les faiblesses de la France qui “manque de moyens” pour financer ses priorités parce “qu’elle ne produit pas assez et ne travaille pas assez” par rapport à ses voisins, notamment en raison d’un taux d’emploi plus faible chez les jeunes et les seniors.Cela conduit à une aggravation de la dette – 3.305,3 milliards d’euros en 2024, soit 113% du PIB – qui devient “un piège dangereux, potentiellement irréversible”, selon le Premier ministre. – “explosion assurée” -“Nous ne pourrons pas en supporter durablement la charge” qui pourrait “atteindre 100 milliards d’euros en 2029”, a-t-il prévenu.  “Si les taux d’intérêt explosent, alors c’est l’explosion assurée” à laquelle aucun gouvernement ne résistera, a-t-il insisté, un leitmotiv de longue date chez lui.Après avoir fait ce “diagnostic” d’une “situation intolérable”, et annoncé “un effort de quelque 3 milliards supplémentaires” en 2026 pour la défense face à la guerre en Ukraine et au retournement stratégique des États-Unis, François Bayrou n’a pas détaillé de réponses concrètes à ce stade. Il a simplement annoncé que les “grandes orientations” et les “grands choix” du prochain budget seront proposés avant le 14 juillet, en amont des débats budgétaires au Parlement début octobre.”Ce calendrier va permettre de rassembler toutes les contributions pendant quelques semaines autour des choix que nous allons devoir faire”, a-t-il expliqué, en ajoutant que cela passera par “la refondation de l’action publique” via “une véritable remise à plat des missions et des budgets de nos administrations”.Dans un contexte de ralentissement de la croissance pour 2025, rabotée à 0,7% dans les prévisions du gouvernement, après 1,1% en 2024, le Premier ministre n’a pas chiffré le volume d’économies à réaliser.A ses côtés, le ministre de l’Economie Eric Lombard avait évoqué dimanche “un effort” de 40 milliards pour réduire le déficit de 5,4% du PIB — objectif 2025 — à 4,6% en 2026. Il a précisé mardi viser une réduction de 6% des dépenses en cinq ans.Sur quels leviers agir ? “L’effort doit être équitable entre les trois grandes catégories” – Etat, sécurité sociale et collectivités locales, a indiqué M. Lombard. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a notamment évoqué une action contre “la très grande dérive” des arrêts maladie. Côté recettes, M. Bayrou a exclu “d’augmenter les prélèvements” car c’est “intenable”.”Si nous choisissions de continuer à augmenter ces prélèvements, c’est notre pays qui en souffrirait”, a-t-il dit. Afin de préserver la compétitivité des entreprises, “nous ne souhaitons pas augmenter ni les impôts, ni les charges des entreprises”, a renchéri M. Lombard.- ‘opération de communication’ -Embourbé dans les sondages et souvent taxé d’immobilisme après quatre mois à Matignon, François Bayrou entendait mardi amorcer la méthode dite de “coresponsabilité” avec les Français qu’il a souvent prônée avant de prendre les commandes du gouvernement.Mais ce gouvernement tiendra-t-il jusqu’à la présentation du budget 2026 alors que La France insoumise et le Rassemblement national menacent à nouveau de censurer ? “La conférence de presse du Premier ministre n’est pas à la hauteur de la grave crise des finances publiques”, a réagi Marine Le Pen, prévenant que le RN “ne laissera pas passer des mesures contre les Français alors qu’il existe tant de gabegies”.La gauche s’inquiète, elle, de “l’impact récessif” sur la croissance de nouvelles économies et appelle le  gouvernement à envisager des hausses d’impôts pour les plus riches et des remises en causes d’exonérations aux entreprises.Invité au comité d’alerte comme président de la commission des Finances de l’Assemblée, Eric Coquerel (LFI) a eu “l’impression d’être figurant d’une opération de communication”.Même vocabulaire chez la leader de la CGT, Sophie Binet, pour qui le Premier ministre n’a apporté “aucune réponse” à ses “interrogations” et “interpellations”. De son côté, la patronne de la CFDT, Marylise Léon, a déploré “une vision comptable” du gouvernement, estimant qu'”on ne fait pas un budget uniquement avec un tableur Excel”. bur-bpa-far/hr/dch   

Au Soudan, deux ans de guerre civile sans issue en vue

La guerre civile qui ravage le Soudan est entrée mardi dans sa troisième année, sans aucune issue en vue, après avoir fait des dizaines de milliers de morts, déraciné 13 millions de personnes et plongé dans la famine une partie du pays.Depuis deux ans, les combats acharnés entre l’armée et les paramilitaires déchirent ce pays d’Afrique de l’Est, où des millions de civils “continuent à faire les frais du mépris des deux parties pour la vie humaine”, a averti le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à la veille de cet anniversaire.La guerre a éclaté le 15 avril 2023 entre l’armée régulière commandée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par son ancien adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo. En quelques heures, la capitale, Khartoum, s’est transformée en champ de bataille. Des centaines de milliers de personnes ont fui, ceux qui sont restés ont dû lutter pour survivre.”Je pèse moitié moins qu’au début de la guerre”, a raconté à l’AFP Rafi Hussein, un homme de 52 ans qui a vécu pendant près de deux ans dans la capitale contrôlée par les FSR et reprise en mars par l’armée.A présent, “nous sommes en sécurité, mais nous souffrons toujours du manque d’eau et d’électricité et la plupart des hôpitaux ne fonctionnent pas”, a-t-il ajouté.Beaucoup de civils ont célébré ce qui était pour eux une “libération” après les mois passés sous l’emprise des paramilitaires, accusés de génocide, de pillages et de violences sexuelles. Zainab Abdelrahim, une femme de 38 ans, est rentrée début avril à Khartoum Nord avec ses six enfants, où elle a à peine reconnu sa maison pillée. “Nous essayons de rassembler l’essentiel, mais il n’y a ni eau, ni électricité, ni médicaments”, a-t-elle confié à l’AFP.- “Détourner le regard” -Les FSR poursuivent à présent leur offensive au Darfour, une vaste région de l’ouest du pays, frontalière du Tchad, qu’ils contrôlent presque totalement, pour tenter de s’emparer d’El-Facher, la dernière capitale provinciale de cette région à leur échapper.Mardi, l’armée a dit avoir mené “avec succès des frappes aériennes” sur des positions des FSR au nord-est de la ville.Des responsables de pays d’Afrique et d’Europe étaient réunis pendant ce temps à Londres, en l’absence des deux parties soudanaises, avec l’objectif de mobiliser la communauté internationale pour mettre fin au conflit.”Deux ans, c’est beaucoup trop long – la guerre brutale au Soudan a dévasté la vie de millions de personnes – et pourtant, une grande partie du monde continue de détourner le regard”, a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy.”Les Soudanais sont assiégés de toutes parts : guerre, exactions généralisées, indignité, faim et autres épreuves”, a affirmé mardi le Haut-Commissaire de l’ONU aux réfugiés, Filippo Grandi. “Continuer à détourner le regard du Soudan aura des conséquences catastrophiques”, a-t-il prévenu.La guerre a fait des dizaines de milliers de morts mais la destruction du système de santé rend impossible tout bilan exact.En 2024, l’ancien émissaire de l’ONU au Soudan, Tom Perriello, avait avancé des estimations faisant état de 150.000 morts.Les deux camps ont été accusés de viser des civils, de bombarder aveuglément des zones habitées et de faire obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire.- “Soutien extérieur” -Près de 25 millions de Soudanais souffrent d’insécurité alimentaire aigüe, dont huit millions sont au bord de la famine.”Deux années de guerre et de déplacements ont brisé les vies de millions d’enfants”, a déploré la directrice exécutive de l’Unicef, Catherine Russell.Selon l’agence de l’ONU, le nombre d’enfants tués ou mutilés est passé de 150 cas vérifiés en 2022 à une estimation de 2.776 pour 2023 et 2024.Au Darfour, les paramilitaires ont annoncé dimanche avoir pris le contrôle du camp de Zamzam, proche d’El-Facher, où vivaient plus de 500.000 réfugiés frappés par la famine, lors d’un assaut qui a fait plus de 400 morts, selon l’ONU.Selon des experts, les FSR se concentrent à présent sur les zones frontalières, cherchant à rétablir les lignes d’approvisionnement rompues et à consolider la fragmentation du pays, dont l’armée contrôle le nord et l’est tandis que les paramilitaires dominent le sud et l’ouest. Lundi, Antonio Guterres a appelé à mettre fin “au soutien extérieur et au flux d’armes” qui alimentent la guerre.Le Soudan a accusé les Emirats arabes unis de soutenir les paramilitaires en leur livrant des armes, ce que nient les FSR comme ce pays du Golfe.

Au Soudan, deux ans de guerre civile sans issue en vue

La guerre civile qui ravage le Soudan est entrée mardi dans sa troisième année, sans aucune issue en vue, après avoir fait des dizaines de milliers de morts, déraciné 13 millions de personnes et plongé dans la famine une partie du pays.Depuis deux ans, les combats acharnés entre l’armée et les paramilitaires déchirent ce pays d’Afrique de l’Est, où des millions de civils “continuent à faire les frais du mépris des deux parties pour la vie humaine”, a averti le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à la veille de cet anniversaire.La guerre a éclaté le 15 avril 2023 entre l’armée régulière commandée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par son ancien adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo. En quelques heures, la capitale, Khartoum, s’est transformée en champ de bataille. Des centaines de milliers de personnes ont fui, ceux qui sont restés ont dû lutter pour survivre.”Je pèse moitié moins qu’au début de la guerre”, a raconté à l’AFP Rafi Hussein, un homme de 52 ans qui a vécu pendant près de deux ans dans la capitale contrôlée par les FSR et reprise en mars par l’armée.A présent, “nous sommes en sécurité, mais nous souffrons toujours du manque d’eau et d’électricité et la plupart des hôpitaux ne fonctionnent pas”, a-t-il ajouté.Beaucoup de civils ont célébré ce qui était pour eux une “libération” après les mois passés sous l’emprise des paramilitaires, accusés de génocide, de pillages et de violences sexuelles. Zainab Abdelrahim, une femme de 38 ans, est rentrée début avril à Khartoum Nord avec ses six enfants, où elle a à peine reconnu sa maison pillée. “Nous essayons de rassembler l’essentiel, mais il n’y a ni eau, ni électricité, ni médicaments”, a-t-elle confié à l’AFP.- “Détourner le regard” -Les FSR poursuivent à présent leur offensive au Darfour, une vaste région de l’ouest du pays, frontalière du Tchad, qu’ils contrôlent presque totalement, pour tenter de s’emparer d’El-Facher, la dernière capitale provinciale de cette région à leur échapper.Mardi, l’armée a dit avoir mené “avec succès des frappes aériennes” sur des positions des FSR au nord-est de la ville.Des responsables de pays d’Afrique et d’Europe étaient réunis pendant ce temps à Londres, en l’absence des deux parties soudanaises, avec l’objectif de mobiliser la communauté internationale pour mettre fin au conflit.”Deux ans, c’est beaucoup trop long – la guerre brutale au Soudan a dévasté la vie de millions de personnes – et pourtant, une grande partie du monde continue de détourner le regard”, a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy.”Les Soudanais sont assiégés de toutes parts : guerre, exactions généralisées, indignité, faim et autres épreuves”, a affirmé mardi le Haut-Commissaire de l’ONU aux réfugiés, Filippo Grandi. “Continuer à détourner le regard du Soudan aura des conséquences catastrophiques”, a-t-il prévenu.La guerre a fait des dizaines de milliers de morts mais la destruction du système de santé rend impossible tout bilan exact.En 2024, l’ancien émissaire de l’ONU au Soudan, Tom Perriello, avait avancé des estimations faisant état de 150.000 morts.Les deux camps ont été accusés de viser des civils, de bombarder aveuglément des zones habitées et de faire obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire.- “Soutien extérieur” -Près de 25 millions de Soudanais souffrent d’insécurité alimentaire aigüe, dont huit millions sont au bord de la famine.”Deux années de guerre et de déplacements ont brisé les vies de millions d’enfants”, a déploré la directrice exécutive de l’Unicef, Catherine Russell.Selon l’agence de l’ONU, le nombre d’enfants tués ou mutilés est passé de 150 cas vérifiés en 2022 à une estimation de 2.776 pour 2023 et 2024.Au Darfour, les paramilitaires ont annoncé dimanche avoir pris le contrôle du camp de Zamzam, proche d’El-Facher, où vivaient plus de 500.000 réfugiés frappés par la famine, lors d’un assaut qui a fait plus de 400 morts, selon l’ONU.Selon des experts, les FSR se concentrent à présent sur les zones frontalières, cherchant à rétablir les lignes d’approvisionnement rompues et à consolider la fragmentation du pays, dont l’armée contrôle le nord et l’est tandis que les paramilitaires dominent le sud et l’ouest. Lundi, Antonio Guterres a appelé à mettre fin “au soutien extérieur et au flux d’armes” qui alimentent la guerre.Le Soudan a accusé les Emirats arabes unis de soutenir les paramilitaires en leur livrant des armes, ce que nient les FSR comme ce pays du Golfe.

Soudan: plus de 800 millions d’euros d’aide humanitaire engrangés à la conférence de Londres

La communauté internationale, réunie à Londres mardi, a appelé à la fin des hostilités au Soudan et s’est engagée à mobiliser plus de 800 millions d’euros supplémentaires pour ce pays, enfoncé dans une crise humanitaire catastrophique après deux ans de conflit.”Nous ne pouvons tout simplement pas regarder ailleurs”, a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy en ouvrant la conférence, co-organisée par le Royaume-Uni, l’Union européenne, l’Allemagne, la France et l’Union africaine (UA).”Beaucoup ont abandonné le Soudan (…) C’est une erreur morale lorsqu’il y a autant de civils décapités, des nourrissons d’à peine un an victimes de violences sexuelles, et plus de personnes menacées de famine que partout ailleurs dans le monde”, a-t-il insisté, dénonçant “le manque de volonté politique” pour mettre fin au conflit et aux souffrances de la population.La guerre qui a éclaté le 15 avril 2023 oppose le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée de ce pays d’Afrique du Nord-Est, et son ancien adjoint, Mohamed Hamdane Daglo, chef des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).Elle a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 13 millions de déplacés et réfugiés, plongeant le pays de 50 millions d’habitants dans une crise humanitaire majeure, selon l’ONU.L’armée contrôle désormais le nord et l’est du Soudan, tandis que les FSR dominent une partie du sud et la quasi-totalité de la vaste région du Darfour, dans l’ouest. Les deux camps sont accusés d’exactions et d’atrocités.A l’ouverture de la conférence, à laquelle participent une quinzaine de pays, dont l’Arabie saoudite et les Etats-Unis, et des représentants des Nations unies et de la Ligue arabe, plusieurs pays ont annoncé pour plus de 800 millions d’euros de nouveaux financements pour l’aide humanitaire.Ils s’ajoutent aux plus de deux milliards d’euros d’engagements obtenus l’an dernier lors d’un précédent sommet à Paris.L’Union européenne va ainsi débloquer 522 millions d’euros supplémentaires cette année et la commissaire à la Coopération internationale Hadja Lahbib a appelé à montrer un “front uni” pour exiger des belligérants “le respect du droit humanitaire international, la protection des civils”.Avant elle, David Lammy a annoncé une nouvelle aide de 120 millions de livres sterling (139,5 millions d’euros) qui permettra de fournir des approvisionnements alimentaires vitaux, notamment aux enfants, et de soutenir les victimes de violences sexuelles.L’Allemagne va débloquer 125 millions d’euros supplémentaires pour le Soudan et les pays voisins qui accueillent de nombreux réfugiés.La France mobilisera 50 millions d’euros, selon son ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.- éviter toute “ingérence” -Avant l’ouverture de la conférence, le Haut-Commissaire de l’ONU aux réfugiés, Filippo Grandi a mis en garde sur les “conséquences catastrophiques” pour le pays et la région de la poursuite du conflit.Il a appelé la communauté internationale à “tout mettre en Å“uvre pour ramener la paix au Soudan”.A Londres, à l’instar des autres dirigeants présents, le commissaire à la Paix et la Sécurité de l’UA, Bankole Adeoye, a réclamé mardi “la fin immédiate et sans conditions des hostilités”, assurant que l’UA “n’accepterait pas (…) une désintégration du Soudan”.”Nous appelons tous les acteurs extérieurs à s’abstenir de toute ingérence au Soudan”, a-t-il ajouté, alors que le Soudan accuse les Emirats arabes unis de soutenir les FSR. Les Emirats réfutent ces accusations et ont appelé mardi dans un communiqué les belligérants à un “cessez-le-feu” immédiat. “Ceux qui cherchent à gagner du pouvoir ou de l’influence au Soudan par le biais d’un soutien militaire ou financier soufflent sur les braises du conflit”, a aussi dénoncé la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock. Lundi, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’était dit “très inquiet du fait que des armes et des combattants continuent d’arriver au Soudan”, sans toutefois préciser leur provenance.Le gouvernement soudanais n’a pas été invité à Londres, et a protesté auprès du Royaume-Uni, l’accusant de mettre sur un pied d’égalité l’Etat soudanais “souverain et membre des Nations Unies depuis 1956” et les FSR, “milice terroriste qui commet des génocides et des crimes contre l’humanité”.