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Royaume-Uni: six Bulgares coupables d’espionnage au profit de Moscou dans l’attente de leur peine

Six Bulgares, quatre hommes et deux femmes membres d’un réseau d’espions surnommé “Les Minions”, comparaissent à partir de mercredi devant la justice londonienne et risquent plusieurs années de prison pour espionnage au profit de la Russie.Vanya Gaberova, 30 ans, Katrin Ivanova, 33 ans, Tihomir Ivanov Ivanchev, 39 ans, Orlin Roussev, 47 ans, Biser Dzhambazov, 43, et Ivan Stoyanov, 34 ans, encourent jusqu’à 14 années de prison et connaîtront leur peine à l’issue de plusieurs jours d’audience devant la Cour criminelle de l’Old Bailey à Londres.Entre 2020 et 2023, ils ont mené des opérations d’espionnage au Royaume-Uni, en Autriche, en Espagne, en Allemagne et au Monténégro, visant en particulier des dissidents du Kremlin et des journalistes.L’un des membres avait surnommé le groupe “Les Minions”: à l’image des petits personnages jaunes de la série d’animation qui travaillent pour le méchant Gru, eux ont mené leurs opérations au profit du GRU, le service de renseignement militaire russe.Les trois premiers accusés, qui avaient contesté les charges retenues contre eux, ont été jugés coupables début mars à l’issue d’un procès de plusieurs semaines, tandis que les trois autres ont reconnu les faits.Durant son enquête, la police a pu reconstituer six opérations, grâce à l’analyse de plus de 100.000 messages retrouvés sur la plateforme Telegram utilisée par Orlin Roussev, qui dirigeait les opérations du groupe depuis son domicile de Great Yarmouth (est de l’Angleterre).Il prenait notamment ses consignes de l’Autrichien Jan Marsalek, ancien directeur des opérations du fleuron déchu de la finance numérique Wirecard. Depuis sa fuite d’Allemagne en 2020 où il est recherché par la justice, Jan Marsalek se trouverait à Moscou sous une fausse identité, protégé par les services de renseignement russes, selon une investigation journalistique internationale parue en 2022.- “Echelle industrielle” -Orlin Roussev avait ainsi reçu plus de 200.000 euros pour financer ses activités. Après l’arrestation du groupe en février 2023, les enquêteurs ont retrouvé chez lui de nombreux équipements d’espionnage, comme des micros et caméras cachés dans une cravate, une pierre, une peluche ou une bouteille de soda, des logiciels, ou encore un kit de fabrication de faux passeports.Le groupe a notamment visé le journaliste d’investigation bulgare Christo Grozev, qui a enquêté sur le renseignement russe. Ainsi que Roman Dobrokhotov, un journaliste russe et dissident basé au Royaume-Uni, fondateur du site The Insider.Ils ont aussi ciblé Bergey Ryskaliev, un ancien homme politique kazakh ayant obtenu le statut de réfugié au Royaume-Uni.Ils ont également surveillé la base militaire américaine de Patch Barracks à Stuttgart, en Allemagne, pensant que des soldats ukrainiens y étaient formés à l’utilisation du système de défense aérienne Patriot.Le groupe pratiquait “l’espionnage pour la Russie à l’échelle industrielle”, a déclaré le commandant en chef de l’unité antiterroriste de la Metropolitan Police Dominic Murphy à l’issue du procès, ajoutant qu’il n’avait jamais vu cela en plus de 20 ans de carrière.Le ministre britannique à la Sécurité Dan Jarvis a affirmé que ce procès envoyait “un avertissement clair à ceux qui souhaitent nuire au Royaume-Uni”.Les relations entre Londres et Moscou sont particulièrement tendues depuis l’invasion de la Russie contre l’Ukraine, en février 2022. Les deux pays s’accusent régulièrement d’espionnage, ce qui se traduit par de fréquentes expulsions croisées de diplomates.Au Royaume-Uni, la justice a été saisie de plusieurs affaires d’espionnage présumé impliquant Moscou.Un homme de 64 ans, Howard Michael Phillips, accusé d’assistance envers le service de renseignement russe, doit notamment être jugé en juillet.

Merz se rend en chancelier allemand fragilisé à Paris, puis Varsovie

Après avoir été élu dans la douleur, Friedrich Merz se rend mercredi en chancelier allemand affaibli mais “très européen” à Paris, puis Varsovie, deux capitales où il espère relancer des relations en souffrance.Le président Emmanuel Macron l’a certes félicité après sa nomination en anticipant un moteur franco-allemand “plus fort que jamais”. Mais l’élection mardi aux forceps de Friedrich Merz au poste suprême par les députés allemands, après deux tours de scrutin alors qu’il devait s’agir d’une formalité, inquiète. Car elle a révélé au grand jour la fragilité politique du dirigeant conservateur et de sa coalition avec les sociaux-démocrates, sur qui toute l’Europe comptait pour remettre l’Allemagne au centre du jeu après des années de surplace sous l’ère Olaf Scholz et six mois de crise politique intérieure.”La situation en Allemagne est un choc politique”, a asséné l’eurodéputée française Valérie Hayer sur X. “Une catastrophe absolue”, affirmait une ministre française sous couvert d’anonymat à l’AFP.”Jusqu’ici, il avait renvoyé l’image d’un gouvernement soudé, fort et efficace. Or cela vient brouiller ce message. Cela brouille l’image du retour de l’Allemagne sur la scène européenne”, commente Claire Demesmay, chercheuse associée au Centre Marc Bloch de Berlin, dans un entretien avec l’AFP.Comme il est d’usage en Allemagne, tout nouveau chancelier effectue sa première visite officielle à l’étranger en France, puis en Pologne. Mardi soir, Friedrich Merz, qui ira aussi vendredi à Bruxelles, s’est qualifié sur la chaîne NTV de “chancelier très européen”.- Espoirs -Paris nourrit de grands espoirs dans le président du parti démocrate-chrétien allemand, qui parle ouvertement de renforcer la souveraineté européenne, y compris militaire. Le nouveau gouvernement allemand de coalition promet de “renforcer l’amitié” aussi bien entre l’Allemagne et la France qu’avec la Pologne, notamment dans le cadre du “Triangle de Weimar”, ce forum de coopération trilatérale entre la France, l’Allemagne et la Pologne créé en 1991. “La volonté d’échanger avec ces deux pays est clairement là”, a noté dans un entretien avec l’AFP Martin Koopmann, directeur de la fondation Genshagen, basée près de Berlin et chargée de développer les relations entre ces trois pays. Mais il souligne la nature compliquée des relations entre l’Allemagne et la Pologne qui, par ailleurs, n’est pas dans la zone euro contrairement à Paris et Berlin.Le parti nationaliste Droit et Justice (PiS), actuellement dans l’opposition, continue de réclamer des réparations pour les dégâts et pertes de la Seconde Guerre mondiale à l’Allemagne.A moins de deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle polonaise, le 18 mai, ce sujet est particulièrement sensible: pour le Premier ministre Donald Tusk, européen convaincu, il est délicat d’afficher une trop grande proximité avec le chancelier allemand. M. Tusk s’est d’ailleurs contenté sur X d’un bref message de félicitations et d’un “see you tomorrow in Warsaw”.Sur les questions de défense et l’Ukraine, l’hostilité affichée par Donald Trump et son administration à l’égard de l’Europe et les doutes sur le soutien militaire américain ont fait bouger les lignes en Allemagne.- Divergences -Friedrich Merz est favorable à l’idée de placer son pays – dépendant jusqu’ici de la protection nucléaire américaine – sous le parapluie français et britannique. Ce qui constitue une césure énorme avec la tradition atlantiste germanique.Il est aussi – prudemment – ouvert à l’idée de fournir des missiles longue portée Taurus à Kiev.D’autres divergences traditionnelles entre ces trois pays ne devraient toutefois pas disparaître du jour au lendemain.Berlin a certes assoupli en mars sa règle du “frein à l’endettement”, qui limite la capacité d’emprunt du pays pour les dépenses militaires et pour les régions, mais elle n’est pas prête à donner son feu vert à des euro-obligations, promues par la France.Sur le plan commercial, l’Allemagne, nation fortement exportatrice, devrait continuer à pousser à la signature d’accords de libre-échange, comme celui du Mercosur, tandis que la France, craignant une fronde agricole, y est défavorable.”Sur le plan de la politique énergétique, les différences restent également très fortes entre les trois pays”, note M. Koopmann, “même si la Pologne commence à se tourner vers les renouvelables et la France a fait quelques concessions sur le nucléaire”.

Merz se rend en chancelier allemand fragilisé à Paris, puis Varsovie

Après avoir été élu dans la douleur, Friedrich Merz se rend mercredi en chancelier allemand affaibli mais “très européen” à Paris, puis Varsovie, deux capitales où il espère relancer des relations en souffrance.Le président Emmanuel Macron l’a certes félicité après sa nomination en anticipant un moteur franco-allemand “plus fort que jamais”. Mais l’élection mardi aux forceps de Friedrich Merz au poste suprême par les députés allemands, après deux tours de scrutin alors qu’il devait s’agir d’une formalité, inquiète. Car elle a révélé au grand jour la fragilité politique du dirigeant conservateur et de sa coalition avec les sociaux-démocrates, sur qui toute l’Europe comptait pour remettre l’Allemagne au centre du jeu après des années de surplace sous l’ère Olaf Scholz et six mois de crise politique intérieure.”La situation en Allemagne est un choc politique”, a asséné l’eurodéputée française Valérie Hayer sur X. “Une catastrophe absolue”, affirmait une ministre française sous couvert d’anonymat à l’AFP.”Jusqu’ici, il avait renvoyé l’image d’un gouvernement soudé, fort et efficace. Or cela vient brouiller ce message. Cela brouille l’image du retour de l’Allemagne sur la scène européenne”, commente Claire Demesmay, chercheuse associée au Centre Marc Bloch de Berlin, dans un entretien avec l’AFP.Comme il est d’usage en Allemagne, tout nouveau chancelier effectue sa première visite officielle à l’étranger en France, puis en Pologne. Mardi soir, Friedrich Merz, qui ira aussi vendredi à Bruxelles, s’est qualifié sur la chaîne NTV de “chancelier très européen”.- Espoirs -Paris nourrit de grands espoirs dans le président du parti démocrate-chrétien allemand, qui parle ouvertement de renforcer la souveraineté européenne, y compris militaire. Le nouveau gouvernement allemand de coalition promet de “renforcer l’amitié” aussi bien entre l’Allemagne et la France qu’avec la Pologne, notamment dans le cadre du “Triangle de Weimar”, ce forum de coopération trilatérale entre la France, l’Allemagne et la Pologne créé en 1991. “La volonté d’échanger avec ces deux pays est clairement là”, a noté dans un entretien avec l’AFP Martin Koopmann, directeur de la fondation Genshagen, basée près de Berlin et chargée de développer les relations entre ces trois pays. Mais il souligne la nature compliquée des relations entre l’Allemagne et la Pologne qui, par ailleurs, n’est pas dans la zone euro contrairement à Paris et Berlin.Le parti nationaliste Droit et Justice (PiS), actuellement dans l’opposition, continue de réclamer des réparations pour les dégâts et pertes de la Seconde Guerre mondiale à l’Allemagne.A moins de deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle polonaise, le 18 mai, ce sujet est particulièrement sensible: pour le Premier ministre Donald Tusk, européen convaincu, il est délicat d’afficher une trop grande proximité avec le chancelier allemand. M. Tusk s’est d’ailleurs contenté sur X d’un bref message de félicitations et d’un “see you tomorrow in Warsaw”.Sur les questions de défense et l’Ukraine, l’hostilité affichée par Donald Trump et son administration à l’égard de l’Europe et les doutes sur le soutien militaire américain ont fait bouger les lignes en Allemagne.- Divergences -Friedrich Merz est favorable à l’idée de placer son pays – dépendant jusqu’ici de la protection nucléaire américaine – sous le parapluie français et britannique. Ce qui constitue une césure énorme avec la tradition atlantiste germanique.Il est aussi – prudemment – ouvert à l’idée de fournir des missiles longue portée Taurus à Kiev.D’autres divergences traditionnelles entre ces trois pays ne devraient toutefois pas disparaître du jour au lendemain.Berlin a certes assoupli en mars sa règle du “frein à l’endettement”, qui limite la capacité d’emprunt du pays pour les dépenses militaires et pour les régions, mais elle n’est pas prête à donner son feu vert à des euro-obligations, promues par la France.Sur le plan commercial, l’Allemagne, nation fortement exportatrice, devrait continuer à pousser à la signature d’accords de libre-échange, comme celui du Mercosur, tandis que la France, craignant une fronde agricole, y est défavorable.”Sur le plan de la politique énergétique, les différences restent également très fortes entre les trois pays”, note M. Koopmann, “même si la Pologne commence à se tourner vers les renouvelables et la France a fait quelques concessions sur le nucléaire”.

Jour J pour un conclave historique au Vatican

Jour J au Vatican: les cardinaux chargés d’élire le pape s’enferment à partir de mercredi après-midi dans la chapelle Sixtine pour un conclave historique chargé de désigner, dans le plus grand secret, le successeur de François.Plus de deux semaines après la mort de Jorge Bergoglio, les 133 cardinaux électeurs venant de 70 pays – un record – lanceront ce cérémonial extrêmement codifié et suivi avec attention par quelque 1,4 milliard de catholiques, via les médias du monde entier.Prélude à ce rituel ancestral, les cardinaux participeront à 10H00 (08H00 GMT) à une messe solennelle dans la basilique Saint-Pierre, présidée par le doyen du collège cardinalice, l’Italien Giovanni Battista Re.S’ensuivra l’après-midi une prière dans la chapelle Pauline, qui jouxte la Sixtine, à 16H30 (14H30 GMT).Le compte à rebours s’enclenchera vraiment vers 17H00 (15H00 GMT), avec l’entrée en procession des cardinaux dans une chapelle Sixtine à l’isolement drastique: aucun téléphone portable ne sera autorisé, et les réseaux de télécommunications seront coupés entre les murs de la Cité du Vatican.Ayant prêté serment de ne rien révéler des échanges – sous peine d’excommunication – ils s’enfermeront alors face à la fresque majestueuse mais aussi intimidante du Jugement dernier de Michel-Ange.Une vidéo diffusée mardi par le Vatican permet de mesurer la solennité du cadre: double rangée de tables recouvertes de lourd tissu, aiguille pour percer les bulletins, places nominatives indiquées par un chevalet et sous-mains à rabats rouge frappé des armes du Saint-Siège. – Intérêt massif -Mercredi soir aura lieu un premier vote, dont le résultat ne sera sans doute pas connu avant 19H00 (17H00 GMT). Ce premier tour permettant de jauger les forces en présence, il est peu probable que la majorité des deux tiers, c’est-à-dire 89 voix, soit déjà atteinte.L’élection devrait ainsi se poursuivre jeudi, avec deux tours prévus lors de la session du matin et deux autres l’après-midi.Le monde aura les yeux rivés sur la mince cheminée métallique fixée sur le toit de la chapelle Sixtine qui libérera, à la fin de chaque session, sa fumée annonciatrice: noire en l’absence de choix, et blanche si le pape est élu.Couvert par quelque 5.000 journalistes, ce conclave suscite un intérêt massif dans le monde, bien au-delà des sphères religieuses, à l’image des millions d’euros de paris sur l’identité du prochain pape, du succès des jeux en ligne ou des records du film “Conclave”, sorti en 2024.Qui, parmi les 133 cardinaux, se présentera habillé de blanc au balcon de la basilique Saint-Pierre ? Des Italiens Pietro Parolin et Pierbattista Pizzaballa au Maltais Mario Grech en passant par l’archevêque de Marseille, le Français Jean-Marc Aveline, ou le Philippin Luis Antonio Tagle, plusieurs noms ont émergé parmi les “papabili”, considérés comme favoris.”Je pense qu’il doit représenter tous les continents où le catholicisme est présent”, a confié mardi à l’AFP Enzo Orsingher, retraité romain de 78 ans.- “Clivage” -“Un pape qui est en faveur de l’avortement est impensable”, mais “je trouve très positif que le pape aille visiter les détenus en prison (…). Il faut rester proche de ceux qui souffrent”.Mais ce conclave s’annonce particulièrement ouvert avec une représentation inédite des “périphéries” chères au pape François, qui a nommé 81% des cardinaux électeurs. Quinze pays sont ainsi représentés pour la première fois, dont Haïti, le Cap-Vert et le Soudan du Sud.”Il y a sans doute une opposition à la fois culturelle, et presque de ressentiment politique, de certaines Eglises du Sud à l’égard des Occidentaux et notamment des Européens”, affirme à l’AFP François Mabille, directeur de l’Observatoire géopolitique du religieux.Il existe aussi, selon lui, “un clivage qu’on a bien vu pendant tout le pontificat de François” entre “ceux qui estiment qu’il faut rappeler en permanence la doctrine, et les profils plus pastoraux, dans une logique d’accompagnement” des fidèles.Pour apprendre à se connaître et confronter leurs points de vue sur les défis de l’Eglise, les cardinaux ont tenu ces derniers jours 12 “congrégations générales” permettant de dessiner le profil du prochain pape.Mais dans cette élection très ouverte, le contexte géopolitique pourrait également peser, entre montée des populismes, retour de Donald Trump à la Maison Blanche et durcissement de la guerre entre Israël et le Hamas.”On peut tout à fait imaginer que les cardinaux sensibles au contexte international qu’on connaît depuis le retour de Trump se disent qu’il faut une personne expérimentée à la tête de l’Eglise catholique, et notamment quelqu’un qui connaît parfaitement les relations internationales”, ajoute François Mabille.

Jour J pour un conclave historique au Vatican

Jour J au Vatican: les cardinaux chargés d’élire le pape s’enferment à partir de mercredi après-midi dans la chapelle Sixtine pour un conclave historique chargé de désigner, dans le plus grand secret, le successeur de François.Plus de deux semaines après la mort de Jorge Bergoglio, les 133 cardinaux électeurs venant de 70 pays – un record – lanceront ce cérémonial extrêmement codifié et suivi avec attention par quelque 1,4 milliard de catholiques, via les médias du monde entier.Prélude à ce rituel ancestral, les cardinaux participeront à 10H00 (08H00 GMT) à une messe solennelle dans la basilique Saint-Pierre, présidée par le doyen du collège cardinalice, l’Italien Giovanni Battista Re.S’ensuivra l’après-midi une prière dans la chapelle Pauline, qui jouxte la Sixtine, à 16H30 (14H30 GMT).Le compte à rebours s’enclenchera vraiment vers 17H00 (15H00 GMT), avec l’entrée en procession des cardinaux dans une chapelle Sixtine à l’isolement drastique: aucun téléphone portable ne sera autorisé, et les réseaux de télécommunications seront coupés entre les murs de la Cité du Vatican.Ayant prêté serment de ne rien révéler des échanges – sous peine d’excommunication – ils s’enfermeront alors face à la fresque majestueuse mais aussi intimidante du Jugement dernier de Michel-Ange.Une vidéo diffusée mardi par le Vatican permet de mesurer la solennité du cadre: double rangée de tables recouvertes de lourd tissu, aiguille pour percer les bulletins, places nominatives indiquées par un chevalet et sous-mains à rabats rouge frappé des armes du Saint-Siège. – Intérêt massif -Mercredi soir aura lieu un premier vote, dont le résultat ne sera sans doute pas connu avant 19H00 (17H00 GMT). Ce premier tour permettant de jauger les forces en présence, il est peu probable que la majorité des deux tiers, c’est-à-dire 89 voix, soit déjà atteinte.L’élection devrait ainsi se poursuivre jeudi, avec deux tours prévus lors de la session du matin et deux autres l’après-midi.Le monde aura les yeux rivés sur la mince cheminée métallique fixée sur le toit de la chapelle Sixtine qui libérera, à la fin de chaque session, sa fumée annonciatrice: noire en l’absence de choix, et blanche si le pape est élu.Couvert par quelque 5.000 journalistes, ce conclave suscite un intérêt massif dans le monde, bien au-delà des sphères religieuses, à l’image des millions d’euros de paris sur l’identité du prochain pape, du succès des jeux en ligne ou des records du film “Conclave”, sorti en 2024.Qui, parmi les 133 cardinaux, se présentera habillé de blanc au balcon de la basilique Saint-Pierre ? Des Italiens Pietro Parolin et Pierbattista Pizzaballa au Maltais Mario Grech en passant par l’archevêque de Marseille, le Français Jean-Marc Aveline, ou le Philippin Luis Antonio Tagle, plusieurs noms ont émergé parmi les “papabili”, considérés comme favoris.”Je pense qu’il doit représenter tous les continents où le catholicisme est présent”, a confié mardi à l’AFP Enzo Orsingher, retraité romain de 78 ans.- “Clivage” -“Un pape qui est en faveur de l’avortement est impensable”, mais “je trouve très positif que le pape aille visiter les détenus en prison (…). Il faut rester proche de ceux qui souffrent”.Mais ce conclave s’annonce particulièrement ouvert avec une représentation inédite des “périphéries” chères au pape François, qui a nommé 81% des cardinaux électeurs. Quinze pays sont ainsi représentés pour la première fois, dont Haïti, le Cap-Vert et le Soudan du Sud.”Il y a sans doute une opposition à la fois culturelle, et presque de ressentiment politique, de certaines Eglises du Sud à l’égard des Occidentaux et notamment des Européens”, affirme à l’AFP François Mabille, directeur de l’Observatoire géopolitique du religieux.Il existe aussi, selon lui, “un clivage qu’on a bien vu pendant tout le pontificat de François” entre “ceux qui estiment qu’il faut rappeler en permanence la doctrine, et les profils plus pastoraux, dans une logique d’accompagnement” des fidèles.Pour apprendre à se connaître et confronter leurs points de vue sur les défis de l’Eglise, les cardinaux ont tenu ces derniers jours 12 “congrégations générales” permettant de dessiner le profil du prochain pape.Mais dans cette élection très ouverte, le contexte géopolitique pourrait également peser, entre montée des populismes, retour de Donald Trump à la Maison Blanche et durcissement de la guerre entre Israël et le Hamas.”On peut tout à fait imaginer que les cardinaux sensibles au contexte international qu’on connaît depuis le retour de Trump se disent qu’il faut une personne expérimentée à la tête de l’Eglise catholique, et notamment quelqu’un qui connaît parfaitement les relations internationales”, ajoute François Mabille.

Chine et Etats-Unis annoncent des négociations commerciales

La Chine et les Etats-Unis ont annoncé qu’ils allaient se réunir le week-end prochain en Suisse pour jeter les bases de négociations commerciales, une première depuis l’imposition par Donald Trump de droits de douane exorbitants sur les produits chinois et la riposte de Pékin.Dans le même temps, la banque centrale chinoise a annoncé un train de mesures pour soutenir l’économie du pays menacée par la guerre commerciale avec Washington et une consommation intérieur morose.La Chine “ne sacrifiera pas sa position de principe” et “défendra la justice” lors de cette rencontre entre son vice-Premier ministre He Lifeng, le ministre américain des Finances Scott Bessent et le représentant américain au commerce Jamieson Greer, a averti mercredi le ministère chinois du Commerce.”Si les Etats-Unis veulent résoudre le problème par la voie de la négociation, ils doivent faire face au grave impact négatif des droits de douane unilatéraux sur eux-mêmes et sur le monde”, a-t-il ajouté dans un communiqué. “Si les Etats-Unis parlent d’une manière et agissent d’une autre, ou (…) s’ils tentent de continuer à contraindre et à faire chanter la Chine sous le couvert de discussions, la Chine ne sera jamais d’accord”.”J’ai hâte de mener des discussions productives dans l’optique de rééquilibrer le système économique international pour mieux servir les intérêts des Etats-Unis”, a pour sa part déclaré dans un communiqué M. Bessent.Les deux parties se réuniront samedi et dimanche afin de jeter les bases de futures négociations, a-t-il dit lors d’un entretien à la chaîne Fox News mardi “Je m’attends à ce que nous parlions de désescalade, pas d’un grand accord commercial”, a-t-il anticipé. “Il nous faut la désescalade avant de pouvoir aller de l’avant.”- Mesures de soutien -Afin de soutenir une économie plombée par une consommation atone et la guerre commerciale avec les Etats-Unis, Pékin a également annoncé mercredi la baisse d’un taux d’intérêt clé et du montant des réserves obligatoires des banques pour faciliter le crédit.”Le taux de réserve obligatoire va être réduit de 0,5 point de pourcentage”, a expliqué le chef de la banque centrale chinoise, Pan Gongsheng, lors d’une conférence de presse. Il a ajouté que le taux de repo inversé à sept jours diminuait lui aussi, de 1,5 à 1,4%.Les annonces économiques se sont poursuivies avec la baisse des taux d’emprunt pour ceux qui achètent leur premier bien immobilier. Le taux pour les premiers achats immobiliers avec des prêts d’une durée supérieure à cinq ans sera réduit de 2,85% à 2,6% a déclaré Pan Gongsheng.Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, son administration a imposé de nouveaux droits de douane d’un montant total de 145% sur les marchandises en provenance de Chine, auxquels s’ajoutent des mesures sectorielles.Pékin a riposté en imposant 125% de droits de douane sur les importations américaines en Chine, ainsi que des mesures plus ciblées.Ces niveaux sont jugés intenables par la plupart des économistes, au point de faire planer sur les Etats-Unis et la Chine, mais aussi probablement au-delà, un risque de récession qui s’accompagnerait d’une flambée des prix.”Ce n’est pas soutenable, (…) tout particulièrement côté chinois”, a estimé le secrétaire américain au Trésor. “145% et 125%, c’est l’équivalent d’un embargo.”Les négociations des 10 et 11 mai seront le premier engagement public officiel entre les deux plus grandes économies du monde en vue de résoudre cette guerre commerciale.