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Allemagne: Merz réunit une industrie automobile en crise

Le chancelier allemand Friedrich Merz reçoit jeudi les acteurs clés d’une industrie automobile en crise et qui cherche à lever l’interdiction programmée des moteurs thermiques dans l’UE, faute de pouvoir résister à la concurrence chinoise dans la mobilité électrique.Le chef du gouvernement et plusieurs ministres vont échanger avec les acteurs du secteur, constructeurs, fournisseurs, syndicats, lobbyistes et présidents des régions abritant des bastions de l’automobile.”Il s’agit de trouver des solutions le plus rapidement possible afin d’offrir des perspectives d’avenir à cette industrie clé allemande”, a déclaré Stefan Kornelius, porte-parole du gouvernement mercredi lors d’une conférence de presse.Les annonces de bénéfices en chute libre, de suppressions de postes et de restructurations mettent en lumière presque chaque semaine la fragilité du modèle économique allemand, longtemps porté par la demande mondiale et une énergie bon marché importée de Russie.Entre un retard sur des modèles électriques chinois de qualité et meilleur marché et des infrastructures insuffisantes, la crise affecte les grands constructeurs – Volkswagen, Audi, BMW, Mercedes-Benz – mais également des fournisseurs majeurs comme Bosch ou ZF, ainsi que tout le tissu de PME sous-traitantes qui forment l’ossature du secteur.Le secteur a perdu plus de 50.000 emplois en un an sur un total d’environ 800.000, selon EY.Outre la concurrence chinoise, l’automobile allemande souffre du coût de l’énergie en hausse depuis l’invasion russe de l’Ukraine, d’une demande mondiale en baisse et plus récemment des droits de douane américains de 15% imposés sur les voitures européennes.Parmi les sujets centraux du “sommet” convoqué par M. Merz, l’interdiction prévue par l’UE de la commercialisation de nouveaux moteurs thermiques à partir de 2035, une mesure destinée à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à favoriser l’essor de la mobilité électrique. Nombre de constructeurs européens voudraient obtenir la levée de cette date butoir, pour pouvoir s’adapter à une transition électrique jugée plus lente que prévu.Friedrich Merz a plaidé lundi pour son abandon, jugeant la mesure “erronée”. De quoi raviver les tensions au sein de sa coalition avec les sociaux-démocrates du SPD, qui veulent la conserver.L’UE s’est engagée à se prononcer sur le dossier prochainement.Selon plusieurs médias allemands, un compromis pourrait être proposé à Bruxelles, visant à assouplir l’interdiction sans la supprimer complètement.Prolonger certains véhicules thermiques équipés de prolongateurs d’autonomie ou les hybrides rechargeables au delà de 2035 permettre “d’assurer la compétitivité de note industrie et des milliers d’emplois en Europe”, a plaidé mercredi Stefan Hartung, PDG de Bosch, le premier fournisseur automobile mondial. Des solutions “factices” pour l’ONG Transport & Environment (T&E), qui a exhorté mercredi le gouvernement à “respecter les objectifs européens” en matière de CO₂.- Enième sommet -Le ministre des Finances Lars Klingbeil, un social démocrate, veut lui inciter les Allemands à passer à l’électrique en prolongeant de cinq ans des avantages fiscaux qui expirent début 2026.Quant aux Verts allemands, ils n’ont de cesse de souligner que la mobilité électrique est la technologie d’avenir et qu’une prolongation des moteurs thermiques ne fera que creuser le retard de l’Allemagne sur la Chine.  Mais in fine les participants au sommet convoqué par M. Merz “discuteront beaucoup et décideront de peu, surtout parce que les décisions sont prises au niveau européen”, observe Frank Schwope, spécialiste du secteur à l’université FHM de Cologne.”Ce dont nous avons besoin en Allemagne, ce n’est pas d’un énième sommet industriel, mais d’un programme qui agit sur les coûts et la compétitivité du pays”, commente pour sa part Ferdinand Dudenhöffer, expert du Centre de recherche automobile (CAR) de Bochum.D’après une étude de ce centre parue mercredi, l’écart entre le prix des voitures électriques et thermiques n’a jamais été aussi faible, rendant selon lui injustifiée toute remise en cause de l’interdiction des moteurs à combustion à partir de 2035.

Viols de Mazan: l’heure du verdict pour l’unique accusé en appel

Husamettin Dogan est-il un violeur, comme le soutient Gisèle Pelicot ? Ou a-t-il été victime d’une machination de Dominique Pelicot ? La cour d’assises du Gard tranche jeudi sur le sort de l’unique accusé des viols de Mazan à avoir maintenu l’appel de sa condamnation.A l’issue de quatre jours d’audience à Nîmes, cet ancien ouvrier de 44 ans au parcours socioprofessionnel chaotique, condamné en première instance à neuf ans de prison pour “viols aggravés”, risque jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle.Une peine cependant peu probable car elle le mettrait sur le même pied que Dominique Pelicot, chef d’orchestre d’une décennie de viols commis sur sa désormais ex-épouse Gisèle, qui avait reçu la peine maximale l’an dernier à Avignon.Les 49 autres condamnés avaient écopé de peines allant de trois ans de prison, dont deux avec sursis, à 15 ans pour un homme venu à six reprises au domicile du couple à Mazan (Vaucluse).C’est là que Dominique Pelicot droguait celle qui est devenue un symbole mondial des violences sexuelles faites aux femmes, avant de la livrer à des inconnus recrutés sur internet.”La peine est à revoir”, a plaidé mercredi Antoine Camus, l’un des avocats de Gisèle Pelicot. “Une victime endormie, on n’y touche pas.”Et d’ajouter: “Après le parcours du combattant mené par Gisèle Pelicot, on espère que ce jury dira haut et fort qu’en France, les droits de l’homme sont aussi ceux de la femme, que le consentement ne se recueille pas auprès du mari, qu’un acte sexuel imposé à un corps endormi est un viol”.- Testament pour les générations futures -Contrairement à la cour criminelle de Vaucluse, composée de cinq juges professionnels, c’est un jury populaire de cinq hommes et quatre femmes, épaulés par trois magistrats, qui rendra sa décision, attendue dans l’après-midi.Avant cela, ils auront écouté le réquisitoire de l’avocat général, Dominique Sié.A Avignon, l’accusation avait réclamé contre M. Dogan une peine de 12 ans de réclusion. Dans un réquisitoire remarqué, qui portait alors sur l’ensemble des accusés, une représentante du ministère public, Laure Chabaud, avait estimé que le verdict devait constituer un “testament pour les générations futures” et rendre “une part de son humanité volée à Gisèle Pelicot”.Un message qu’a fait sien Mme Pelicot, appelant à la barre mercredi à ce “que les victimes n’aient jamais honte de ce qu’on leur a imposé par la force”. – “Jamais eu l’intention” -La défense tentera ensuite de faire entendre les arguments de l’accusé, qui ressort fragilisé par la diffusion à l’audience de vidéos où on le voit se livrer à des pénétrations sexuelles sur une Gisèle Pelicot réduite à un état qu’elle a elle-même comparé à une “anesthésie générale”.Depuis son interpellation en 2021, deux ans après les faits, lors du procès d’Avignon comme devant la cour d’assises de Nîmes, Husamettin Dogan soutient qu’il n’a “jamais eu l’intention” de violer Mme Pelicot et pensait participer au jeu consenti d’un couple libertin.L’une de ses avocates, Sylvie Menvielle, l’a amené sur ce terrain: “Vous aviez conscience de commettre un viol ?””S’il m’avait dit +Viens, je vais te filmer, on va la violer+, je serais jamais allé là-bas !”, lui a-t-il répondu, répétant à l’envi être victime d’une manipulation “inimaginable”.Ses conseils ont fait diffuser à l’audience trois photos montrant une femme ressemblant à Gisèle Pelicot avoir des rapports sexuels avec trois hommes, dont Dominique Pelicot. Images, ont-ils suggéré, qui ont pu servir “d’appât” et contribuer à faire croire à M. Dogan qu’il allait participer à une soirée libertine.Une argumentation balayée l’an dernier par la cour criminelle dans son jugement condamnant tous les accusés, estimant que “chacun était en mesure d’appréhender à sa juste mesure la situation à laquelle il se trouvait confronté lorsqu’il abordait le corps inerte de Gisèle Pelicot”.Gisèle Pelicot l’a redit à sa manière mercredi à l’accusé: “A quel moment je vous ai donné le consentement ? Jamais !”.

Cédric Jubillar face aux accusations de ses anciennes compagnes

Soumis aux coups de boutoir des témoignages accablants de sa mère et d’anciens codétenus, Cédric Jubillar ne devrait pas avoir de répit jeudi à son procès pour meurtre, où seront entendues des ex-compagnes, auxquelles il aurait également confié avoir tué sa femme Delphine.En ce 12e jour d’audience devant la cour d’assises du Tarn, les deux ex-petites amies du peintre-plaquiste de 38 ans seront les derniers témoins, très attendus, de ce procès médiatique, avant l’interrogatoire récapitulatif de l’accusé, vendredi.A Jennifer, sa dernière petite amie, Cédric aurait confié “à plusieurs reprises” cette année avoir “étranglé” sa femme, une fois sur le canapé et une autre fois derrière, à l’intérieur de la maison du couple à Cagnac-les-Mines.Interrogée en juillet dernier par les enquêteurs, la jeune femme, qui avait rencontré l’accusé avant son incarcération et avait ensuite entretenu une relation amoureuse au parloir de la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses, a affirmé aux gendarmes que Cédric avait même mimé sur elle le geste de l’étranglement, en lui disant: “Si tu me trompes, tu vas finir à côté d’elle”.- Des confessions en question -L’ouvrier en bâtiment, accusé du meurtre de son épouse de 33 ans, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, a toujours nié être responsable de la disparition mystérieuse de l’infirmière. Son corps n’a jamais été retrouvé. Selon l’un de ses avocats, Alexandre Martin, il a nié avoir “fait quelque aveu que ce soit” à Jennifer, qui sera entendue jeudi après-midi. Cédric Jubillar avait néanmoins tenté d’appeler la trentenaire plusieurs fois le 4 septembre en lui laissant un message “réponds quand je t’appelle, tu as peur de quoi?” selon l’avocat de Jennifer. Le parquet a classé sans suite une enquête pour subornation de témoin.Sa petite amie précédente sera également auditionnée sur des révélations que Cédric Jubillar lui aurait faites.  Séverine, avec laquelle il s’était affiché sur Facebook peu de temps après la disparition, secouant son entourage, sera entendue dans la matinée.Mercredi, la mère de Cédric, Nadine, s’est dite “choquée” lorsqu’elle avait appris que son fils vivait aussi rapidement une “aventure” avec une autre femme. Cette quadragénaire, rencontrée lors d’une battue destinée à retrouver des traces de Delphine en avril 2021, a été longuement évoquée mercredi, lors de l’audition devant la cour d’un ancien codétenu de Cédric Jubillar, surnommé “Marco”.Placé à l’isolement à la maison d’arrêt de Seysses en 2021 dans une cellule voisine de celle du peintre-plaquiste, l’ancien prisonnier, désormais en liberté et résidant au Portugal, a dit avoir rencontré à plusieurs reprises Séverine. Selon ses propos, l’accusé lui aurait confié s’être “débarrassé” du corps de Delphine “à la ferme qui a brûlé”, près du village de Cagnac-les-Mines où résidait le couple.A l’occasion de la sortie de prison de Marco, Cédric Jubillar lui aurait, toujours selon cet ancien codétenu, transmis des courriers, dont certains à destination de sa petite amie de l’époque. Il aurait demandé à Marco d’aller s’assurer que l’emplacement du corps de Delphine était sûr, mais également d’incriminer l’amant de son épouse pour faire réorienter l’enquête vers lui.Marco a également affirmé que Séverine, au cours de leurs échanges, lui aurait rapporté une menace proférée par Cédric: “Elle m’a dit qu’il lui avait dit une fois: +je me suis débarrassé de la première, ça ne me coûte rien de me débarrasser de la deuxième+”.- “Des blagues” -Questionné sur les propos souvent décousus de son ancien codétenu, le mis en cause a assuré que “95% de ce qu’il dit est faux”, concédant toutefois avoir dit à Marco ainsi qu’à Séverine qu’il avait placé le corps de Delphine près de la ferme brûlée évoquée dans leurs témoignages. Des “blagues” selon lui. Les fouilles entreprises autour de cette ferme n’ont rien donné.Un temps placée en garde à vue pour recel de cadavre avant d’être relâchée sans être inquiétée, Séverine a déclaré aux enquêteurs qu’il lui “avait dit plusieurs fois qu’il avait fait disparaître son épouse, mais toujours sur le ton de la rigolade”, selon un document judiciaire.

Accord de principe Israël-Hamas pour un cessez-le-feu à Gaza

Après deux ans de guerre, Israël et le Hamas palestinien se sont entendus tôt jeudi sur un cessez-le-feu à Gaza dans le cadre du plan de Donald Trump visant à établir une paix “durable” dans la région.Dans un message sur son réseau Truth Social, le président américain s’est dit “fier d’annoncer qu’Israël et le Hamas ont tous deux accepté la première phase” de son plan de paix pour Gaza, dans le cadre de pourparlers indirects en Egypte.”Cela veut dire que TOUS les otages seront libérés très prochainement et qu’Israël retirera ses troupes jusqu’à la ligne convenue, les premières étapes en vue d’une paix solide, durable et éternelle”, a indiqué le président américain.Le Qatar, pays médiateur, a confirmé “qu’un accord a été conclu ce soir sur toutes les dispositions et les mécanismes de mise en œuvre de la première phase de l’accord de cessez-le-feu à Gaza, qui conduira à la fin de la guerre, à la libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens, et à l’entrée d’aide humanitaire”, par la voix du porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, Majed al-Ansari. De son côté, le Hamas a annoncé être parvenu à un accord “prévoyant la fin de la guerre à Gaza”.”C’est un grand jour pour Israël”, a commenté le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui a remercié Donald Trump et dit réunir dès jeudi son cabinet afin de “ratifier l’accord et rapatrier tous nos précieux otages”. Donald Trump, qui convoite le prix Nobel de la paix, qui doit être annoncé vendredi, avait un peu plus tôt annoncé une possible visite au Moyen-Orient en fin de semaine, jugeant qu’un accord était “très proche”, au quatrième jour de ces négociations à Charm el-Cheikh en Egypte pour tenter de parvenir à un cessez-le-feu à Gaza.Des sources ayant connaissance du dossier ont indiqué à l’AFP que l’accord sur la première phase du plan serait signée dès jeudi en Egypte. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi avait auparavant indiqué avoir invité, en cas d’accord, le président américain pour “assister à sa signature”.- “Une fois pour toutes” -“Les combats doivent s’arrêter une fois pour toutes, a réagi le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, appelant les parties à “respecter pleinement les termes” de l’accord. “La souffrance doit prendre fin”, a-t-il martelé.Signe des fortes pressions pour conclure un accord, des émissaires de M. Trump ainsi que le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani et le chef des services de renseignement turc Ibrahim Kalin avaient rejoint la station balnéaire de Charm el-Cheikh.Basés sur le plan Trump, les pourparlers, lancés lundi, ont lieu deux ans après le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023.Pendant les discussions, l’armée israélienne a poursuivi ses bombardements meurtriers à travers le territoire palestinien, affamé, assiégé et dévasté, selon la Défense civile locale.- Garanties -Le plan Trump annoncé le 29 septembre prévoit un cessez-le-feu, un échange des otages enlevés le 7 octobre 2023 contre des prisonniers palestiniens retenus par Israël, le retrait par étapes de l’armée israélienne de Gaza et le désarmement du Hamas.Selon une source au sein du Hamas, les otages israéliens vivants, estimés à 20 sur les 47 détenus à Gaza, seront libérés contre près de 2.000 détenus palestiniens. Et d’après une source proche du Hamas, “de premières cartes ont été présentées par la partie israélienne concernant le retrait de ses troupes”.La veille, le négociateur en chef du Hamas Khalil al-Hayya avait réclamé des “garanties” de M. Trump que la guerre à Gaza finirait “une fois pour toutes”. Le Hamas a accepté de libérer les otages, mais a aussi réclamé le retrait total israélien de Gaza. Il n’a pas mentionné son propre désarmement, point clé de la proposition. M. Netanyahu a, lui, souligné que son armée resterait dans la majeure partie de Gaza et répété que le Hamas devait être désarmé.- “Détruire le Hamas” -Le ministre israélien d’extrême droite Itamar Ben Gvir s’est rendu avant l’annonce venue de la Maison Blanche sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, provoquant l’ire du Hamas et de plusieurs pays arabes.”Je prie seulement pour que notre Premier ministre permette une victoire totale à Gaza, afin de détruire le Hamas, avec l’aide de Dieu, et ramener les otages”, a dit M. Ben Gvir, hostile à tout accord.Deux précédentes trêves en novembre 2023 et début 2025 avaient permis le retour d’otages ou de corps de captifs en échange de prisonniers palestiniens, sans toutefois déboucher sur un règlement du conflit.L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 sont toujours otages à Gaza dont 25 sont mortes selon l’armée.En riposte, Israël a lancé une campagne militaire qui a dévasté le territoire palestinien, et fait selon le ministère de la Santé du Hamas, plus de 67.183 morts, en majorité des civils.L’ONU a déclaré l’état de famine dans une partie de Gaza et ses enquêteurs affirment qu’Israël y commet un génocide. Des affirmations rejetées par Israël.