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Madagascar: les militaires prennent le pouvoir après un vote de destitution du président
Le scénario se répète à Madagascar: les militaires ont affirmé mardi “prendre le pouvoir” et ont acté de fait la fin de la présidence du contesté Andry Rajoelina, qui avait accédé une première fois au pouvoir par un coup d’Etat en 2009 dans des circonstances similaires.L’unité militaire qui s’est ralliée au mouvement de contestation généralisée dans cette île particulièrement pauvre de l’océan Indien a fait cette déclaration devant le palais présidentiel du centre d’Antananarivo, juste après un vote de l’Assemblée nationale destituant le chef de l’Etat, présumé avoir quitté le pays.”On va prendre le pouvoir à partir d’aujourd’hui et on dissout le Sénat et la Haute cour constitutionnelle. L’Assemblée nationale, on la laisse continuer à travailler”, a indiqué le colonel Michael Randrianirina devant le palais présidentiel, dans le centre de la capitale malgache.Contesté dans la rue et retranché dans un lieu inconnu, Andry Rajoelina, qui avait dissous un peu plus tôt mardi l’Assemblée, a dénoncé à propos du vote le destituant une “réunion (…) dépourvue de toute base légale”.”Il n’est pas à Madagascar et il ose faire un décret pareil. C’est vraiment un manque de respect pour tout le peuple malgache. Et c’est injuste, on n’accepte pas ça”, dit à l’AFP l’un des milliers de manifestants dans la rue mardi, Koloina Rakotomavonirina, ingénieur de 26 ans.Exfiltré par un avion militaire français dimanche d’après la radio française RFI, Andry Rajoelina avait été désigné président de transition par les militaires après un soulèvement populaire en 2009.Après s’être mis en retrait en 2014, il avait été élu président en 2018, puis réélu en 2023 pour un mandat de cinq ans lors d’un scrutin boycotté par l’opposition.”On va mettre en place un comité composé d’officiers venant de l’armée, de la gendarmerie, de la police nationale. Peut-être qu’il y aura des hauts conseillers civils là-dedans. C’est ce comité qui va assurer le travail de la présidence. En même temps, après quelques jours, on va mettre en place un gouvernement civil”, a assuré au micro de l’AFPTV le colonel Randrianirina.- Constitution suspendue -La Constitution est aussi suspendue, a annoncé cet officier qui est à la tête de la Capsat. Cette unité militaire, qui avait joué un rôle majeur dans le coup d’État de 2009, a renversé le rapport de force en se joignant samedi aux manifestations qui ont commencé le 25 septembre.Ses officiers ont appelé les forces de sécurité à “refuser de tirer” sur les manifestants, avant de les rejoindre dans le centre de la capitale.La plupart des forces armées leur ont emboîté le pas depuis et ont changé de commandement, y compris la gendarmerie, auparavant en première ligne de la répression des manifestations. Au moins 22 personnes ont été tuées au début de celles-ci et plus d’une centaine blessées, d’après un bilan des Nations unies.Au total, 130 des 163 députés, soit plus de la majorité des deux tiers requise, ont voté mardi en faveur de la destitution d’Andry Rajoelina. Elle aurait normalement dû être avalisée par la Haute cour constitutionnelle, dont la dissolution a finalement été annoncée mardi par le colonel Randrianirina.Madagascar, île à la population très pauvre, a une longue histoire de soulèvements populaires suivis par la mise en place de gouvernements militaires de transition.Le président en fuite a dit mardi enchaîner “plusieurs visites officielles prévues chez les pays amis, membres de la SADC”, l’organisation de coopération d’Afrique australe.L’incertitude gagne encore plus cette île très pauvre de l’océan Indien où des milliers de manifestants se sont encore rassemblés mardi à Antananarivo.Comme depuis le 25 septembre, il s’agit de jeunes mobilisés par le collectif Gen Z, rejoints par des fonctionnaires appelés à la grève par plusieurs syndicats et des protestataires de toutes générations.”Tout est corrompu à Madagascar. On en a assez. On veut un réel changement de système (…) Enfin avoir un avenir durable et heureux”, témoigne le manifestant Koloina Rakotomavonirina.Au moins 80% des 32 millions d’habitants de Madagascar vivent avec moins de 15.000 ariary par jour (2,80 euros), le seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale.
Qui accueillera les 30.000 demandeurs d’asile ? Les tractations entre Européens face à un premier accroc
Au moins 30.000 demandeurs d’asile à répartir dans l’Union européenne d’ici à Noël et, pour l’heure, pas de volontaires. La nouvelle politique migratoire du continent, discutée mardi entre les 27 à Luxembourg, subit son premier vrai test.Avant même que les discussions ne débutent officiellement, la Pologne a jeté un pavé dans la mare en annonçant qu’elle n’accepterait pas de demandeurs d’asile d’autres Etats membres.L’Autriche, la Belgique, la Suède… Plusieurs autres pays sont depuis sortis du bois, écartant eux aussi cette idée.”Ça va être une discussion douloureuse”, analyse un diplomate européen. Car une décision finale sur la relocalisation de migrants à travers le continent est indispensable avant la fin de l’année.L’UE a adopté en 2024 une gigantesque réforme migratoire, qui entrera en application d’ici à quelques mois.Parmi les nombreuses mesures qu’il contient, ce texte prévoit notamment un tout nouveau système de prise en charge des demandeurs d’asile sur le continent.Afin de soulager les pays se situant le long des routes migratoires, comme la Grèce et l’Italie, les autres Etats membres devront désormais s’engager chaque année à relocaliser un certain nombre de demandeurs d’asile sur leur sol. Ou, à défaut, à verser une contribution financière de 20.000 euros par demandeur d’asile aux pays sous pression.Un minimum de 30.000 relocalisations est exigé chaque année. Et les premières négociations sur la manière de répartir ces personnes parmi les 27 Etats membres connaissent déjà des remous.- “Pas facile” -La mise en place de ce nouveau système migratoire doit, en théorie, suivre un calendrier bien précis.La Commission européenne avait jusqu’au 15 octobre pour déterminer quels pays de l’UE sont considérés sous “pression migratoire”, en vertu d’une série de critères (nombre des arrivées irrégulières, taille du pays, etc.).C’est sur cette base que les Etats membres discuteront ensuite du nombre des migrants que chacun est prêt à “relocaliser” sur son sol ou de l’aide financière qu’ils sont prêts à verser.Le dossier est si sensible que même la méthode de calcul de la Commission a fait l’objet de discussions. Après de vives récriminations de pays influents, dont l’Allemagne, l’exécutif européen a réclamé “quelques jours” de plus pour peaufiner sa copie.”Ce n’est pas facile, parce que c’est la première fois” que ce système est testé, a insisté le commissaire européen Magnus Brunner mardi matin à Luxembourg.- Hubs de retour ? -En plus de débattre de la façon de gérer les arrivées, les Etats membres travaillent aussi à l’amélioration des procédures en ce qui concerne les expulsions de migrants.Les ministres de l’Intérieur des 27 débattent mardi à Luxembourg d’une proposition de la Commission, qui permettrait, entre autres, aux pays d’ouvrir des centres en dehors des frontières de l’UE pour y envoyer les migrants dont la demande d’asile aurait été rejetée. Les fameux “hubs de retours”.Ce texte prévoit aussi des règles et des sanctions plus strictes pour ceux auxquels est refusé l’asile ne voulant pas quitter le territoire européen, notamment des détentions prolongées.Là encore, les tractations sont complexes.Plusieurs pays, dont la France, s’opposent à un point très précis du texte : la reconnaissance mutuelle des décisions d’expulsion. Soit l’idée qu’une décision prise en Italie puisse par exemple s’appliquer en France. Cette opposition fait patiner des discussions que des Etats favorables à une politique migratoire plus stricte, dont le Danemark, souhaitent à tout prix faire aboutir d’ici à la fin de l’année.
Qui accueillera les 30.000 demandeurs d’asile ? Les tractations entre Européens face à un premier accroc
Au moins 30.000 demandeurs d’asile à répartir dans l’Union européenne d’ici à Noël et, pour l’heure, pas de volontaires. La nouvelle politique migratoire du continent, discutée mardi entre les 27 à Luxembourg, subit son premier vrai test.Avant même que les discussions ne débutent officiellement, la Pologne a jeté un pavé dans la mare en annonçant …
Lecornu suspend la réforme des retraites, dans l’espoir d’éloigner la censure
La “crise de régime” n’aura “pas lieu”: Sébastien Lecornu a annoncé mardi devant l’Assemblée nationale la suspension de la réforme des retraites, condition exigée par les socialistes pour épargner la censure au gouvernement, et repousser ainsi la dissolution.”Je proposerai au Parlement dès cet automne que nous suspendions la réforme de 2023 sur les retraites jusqu’à l’élection présidentielle”, a annoncé le Premier ministre, mettant un terme à plusieurs semaines de suspense.”Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028, comme l’avait précisément demandé la CFDT. En complément, la durée d’assurance sera elle aussi suspendue et restera à 170 trimestres jusqu’à janvier 2028″, a-t-il précisé.Dans une déclaration de politique générale sobre d’une demi-heure, M. Lecornu a également confirmé l’abandon de l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution, qui permet l’adoption d’un texte sans vote. “C’est la garantie pour l’Assemblée nationale que le débat, notamment budgétaire mais pas seulement, dans tous les domaines, vivra, ira jusqu’au bout, jusqu’au vote”, a-t-il ajouté.L’exécutif peut ainsi espérer souffler, après une nouvelle crise ouverte la semaine dernière par un gouvernement Lecornu 1 n’ayant pas tenu une journée, fragilisé dans l’oeuf par la contestation du président des Républicains (LR) Bruno Retailleau.Avant cette déclaration à l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron avait mis la pression sur les oppositions lors du Conseil des ministres, qualifiant les motions de censure à venir de “motions de dissolution”. La France insoumise et le Rassemblement national ont déjà déposé la leur, pour un débat prévu jeudi matin.Le PS, qui demandait “la suspension immédiate et complète” de la réforme des retraites de 2023, la confirmation de l’abandon du 49.3 et du relâchement de la trajectoire budgétaire, menaçait de déposer sa propre motion de censure dès mardi soir en cas de réponse négative ou évasive du gouvernement.-“Anomalies” fiscales-Renommé vendredi par le président Macron, l’ancien ministre des Armées a “carte blanche”, avait expliqué l’Elysée, pour dénouer la crise politique et parlementaire.Mardi matin, M. Lecornu s’était une nouvelle fois rendu à l’Elysée consulter Emmanuel Macron avant d’assister au premier Conseil des ministres de son gouvernement, qui a adopté les projets de budget de l’Etat et de la Sécurité sociale pour qu’ils soient transmis dans les temps au Parlement.Le projet de budget de l’Etat, qui devrait être largement modifié par le Parlement, propose un effort d’une trentaine de milliards d’euros et repose sur des hypothèses “optimistes” de croissance en 2026, selon le Haut conseil des finances publiques.Le déficit devra “dans tous les cas de figure être à moins de 5% à la fin de la discussion” parlementaire, a précisé M. Lecornu, après avoir présenté un projet de budget avec un déficit de 4,7%.Le Premier ministre a par ailleurs reconnu “des anomalies” dans la fiscalité des très grandes fortunes, souhaitant “une contribution exceptionnelles” des plus riches dans le prochain budget.M. Lecornu a également annoncé une Conférence sur les retraites et le travail avec les partenaires sociaux. Et promis un nouvel “acte de décentralisation” par un projet de loi déposé en décembre – “Plus d’argent” -Le camp présidentiel était divisé sur la question des retraites: si certains ne voulaient pas voir détricoter un marqueur emblématique du second quinquennat d’Emmanuel Macron, d’autres espéraient une telle initiative pour tenter de sortir de la crise politique.La chute du gouvernement “coûterait plus d’argent à la France” qu’une “suspension de quelques mois” de la réforme des retraites, avait fait valoir dans la matinée l’entourage du garde des Sceaux Gérald Darmanin, proche de M. Lecornu.Les Républicains, au bord de l’explosion après la volte-face sur la participation à l’exécutif, étaient aussi divisés sur la suspension. Le vice-président du parti, François-Xavier Bellamy, juge que ce serait d'”une irresponsabilité absolue”, mais il n’est pas favorable à la censure pour “ne pas aggraver le chaos”.Le patron des députés LR, Laurent Wauquiez, a donné la consigne de ne pas censurer le gouvernement aux membres de son groupe, dont une large majorité était favorable à la participation à l’exécutif contre l’avis du parti.Le projet de budget est “terriblement mauvais”, a affirmé Marine Le Pen, qui entend de toute manière censurer le gouvernement et estime “qu’il manque une poignée de voix” pour y parvenir. Le RN a déjà commencé à accuser le PS de “magouilles” avec l’exécutif pour éviter de renverser le gouvernement.Une “panne budgétaire” et une crise “réjouiraient” les ennemis de la France, a mis en garde M. Lecornu.sac-sl-are-bpa/hr/tes
Sur un aérodrome isolé, l’Allemagne prépare ses défenses antidrone
C’est sur un aérodrome bâti par les Soviétiques que l’Allemagne prépare aujourd’hui ses défenses antidrone, pour faire face à la menace croissante à travers l’Europe que constituent, selon les autorités, la Russie et ses aéronefs.D’une arme de guerre dominante dans la guerre en Ukraine, avec des innovations en série chez les Russes et les Ukrainiens, les drones hostiles sont devenus une réalité de la “guerre hybride” dans l’Union européenne.Soit un ensemble de moyens non létaux que les Européens soupçonnent Moscou d’utiliser pour affaiblir leur défense, leur démocratie et leur cohésion sociale.En Allemagne, on ne compte plus les signalements de vols au-dessus de bases militaires, de sites industriels ou d’aéroports. Pour Berlin, si certains sont l’oeuvre d’amateurs imprudents, d’autres sont très probablement des opérations d’espionnage ou d’intimidation russes, comme ceux ayant paralysé l’aéroport de Munich début octobre.Face à la multiplication des incidents, le gouvernement, démuni, a promis des investissements à neuf chiffres dans les défenses antidrone et annoncé une réforme pour autoriser la police à abattre de tels appareils.Sur l’aérodrome de Cochstedt, près de Magdebourg (est), les chercheurs du Centre allemand pour l’aéronautique et l’espace (DLR) travaillent d’arrache-pied à des solutions alternatives aux tirs pour neutraliser ces menaces volantes.- Filets et pinces -“Les contre-mesures doivent être adaptées avec précision à chaque situation”, explique Johann Dauer, le responsable de la recherche sur les drones au sein de l’Institut des systèmes de vol du DLR. “Si je veux protéger une foule, au cours d’un concert ou d’un événement politique, je ne peux pas provoquer le crash d’un drone. Je privilégierais des filets ou des drones chasseurs équipés de pinces” pour saisir leur cible, poursuit-il, pendant une visite du site à laquelle l’AFP a été conviée. Parmi les solutions alternatives à l’usage de la force brute, M. Dauer cite également le brouillage, pour empêcher le pilotage d’un appareil. Ou encore la transmission de faux signaux GPS, tandis que, selon lui, des signalements de drones interviennent “presque tous les jours”.Les chercheurs travaillent donc à Cochstedt, en toute discrétion, aux systèmes que les forces de l’ordre allemandes pourraient adopter à l’avenir.L’isolement relatif du site offre un cadre propice. Etant un centre de recherche sur l’aéronautique sans pilote, il peut aussi s’affranchir de certaines règles de sécurité imposées à d’autres organismes pour tester drones et systèmes d’interception.- Innovations menaçantes -“Ici, nous avons l’autorisation de brouiller, de falsifier, voire d’utiliser des lasers — tout ce qu’on ne veut normalement pas dans un aéroport”, explique Daniel Süllberg, le responsable du centre d’essai.Ces contre-mesures électroniques peuvent perturber d’autres appareils. Leur déploiement exige donc des tests rigoureux mais aussi d’être à bonne distance de toute victime collatérale potentielle.Dans la panoplie de capteurs et de radars, certains sont achetés auprès de fournisseurs militaires ou civils. D’autres sont conçus par les équipes du DLR pour détecter les drones, évaluer leur dangerosité et enfin déterminer la meilleure riposte.Le coût reste un défi majeur. Certains systèmes très performants sont bien trop chers pour une utilisation à grande échelle, d’autant que leur efficacité sur le long terme est loin d’être garantie.L’évolution technologique très rapide, portée par la guerre en Ukraine, le coût relativement faible des drones et le développement de l’intelligence artificielle accroissent le risque d’obsolescence des moyens de défense. Un problème que l’armée ukrainienne connaît bien.Puisque “l’innovation est très forte du côté des menaces”, souligne M. Dauer, “la défense doit suivre, tout en restant abordable. Car les drones que nous combattons ne sont souvent pas chers — la protection ne doit donc pas l’être non plus”.
Sur un aérodrome isolé, l’Allemagne prépare ses défenses antidrone
C’est sur un aérodrome bâti par les Soviétiques que l’Allemagne prépare aujourd’hui ses défenses antidrone, pour faire face à la menace croissante à travers l’Europe que constituent, selon les autorités, la Russie et ses aéronefs.D’une arme de guerre dominante dans la guerre en Ukraine, avec des innovations en série chez les Russes et les Ukrainiens, …
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C’est sur un aérodrome bâti par les Soviétiques que l’Allemagne prépare aujourd’hui ses défenses antidrone, pour faire face à la menace croissante à travers l’Europe que constituent, selon les autorités, la Russie et ses aéronefs.D’une arme de guerre dominante dans la guerre en Ukraine, avec des innovations en série chez les Russes et les Ukrainiens, les drones hostiles sont devenus une réalité de la “guerre hybride” dans l’Union européenne.Soit un ensemble de moyens non létaux que les Européens soupçonnent Moscou d’utiliser pour affaiblir leur défense, leur démocratie et leur cohésion sociale.En Allemagne, on ne compte plus les signalements de vols au-dessus de bases militaires, de sites industriels ou d’aéroports. Pour Berlin, si certains sont l’oeuvre d’amateurs imprudents, d’autres sont très probablement des opérations d’espionnage ou d’intimidation russes, comme ceux ayant paralysé l’aéroport de Munich début octobre.Face à la multiplication des incidents, le gouvernement, démuni, a promis des investissements à neuf chiffres dans les défenses antidrone et annoncé une réforme pour autoriser la police à abattre de tels appareils.Sur l’aérodrome de Cochstedt, près de Magdebourg (est), les chercheurs du Centre allemand pour l’aéronautique et l’espace (DLR) travaillent d’arrache-pied à des solutions alternatives aux tirs pour neutraliser ces menaces volantes.- Filets et pinces -“Les contre-mesures doivent être adaptées avec précision à chaque situation”, explique Johann Dauer, le responsable de la recherche sur les drones au sein de l’Institut des systèmes de vol du DLR. “Si je veux protéger une foule, au cours d’un concert ou d’un événement politique, je ne peux pas provoquer le crash d’un drone. Je privilégierais des filets ou des drones chasseurs équipés de pinces” pour saisir leur cible, poursuit-il, pendant une visite du site à laquelle l’AFP a été conviée. Parmi les solutions alternatives à l’usage de la force brute, M. Dauer cite également le brouillage, pour empêcher le pilotage d’un appareil. Ou encore la transmission de faux signaux GPS, tandis que, selon lui, des signalements de drones interviennent “presque tous les jours”.Les chercheurs travaillent donc à Cochstedt, en toute discrétion, aux systèmes que les forces de l’ordre allemandes pourraient adopter à l’avenir.L’isolement relatif du site offre un cadre propice. Etant un centre de recherche sur l’aéronautique sans pilote, il peut aussi s’affranchir de certaines règles de sécurité imposées à d’autres organismes pour tester drones et systèmes d’interception.- Innovations menaçantes -“Ici, nous avons l’autorisation de brouiller, de falsifier, voire d’utiliser des lasers — tout ce qu’on ne veut normalement pas dans un aéroport”, explique Daniel Süllberg, le responsable du centre d’essai.Ces contre-mesures électroniques peuvent perturber d’autres appareils. Leur déploiement exige donc des tests rigoureux mais aussi d’être à bonne distance de toute victime collatérale potentielle.Dans la panoplie de capteurs et de radars, certains sont achetés auprès de fournisseurs militaires ou civils. D’autres sont conçus par les équipes du DLR pour détecter les drones, évaluer leur dangerosité et enfin déterminer la meilleure riposte.Le coût reste un défi majeur. Certains systèmes très performants sont bien trop chers pour une utilisation à grande échelle, d’autant que leur efficacité sur le long terme est loin d’être garantie.L’évolution technologique très rapide, portée par la guerre en Ukraine, le coût relativement faible des drones et le développement de l’intelligence artificielle accroissent le risque d’obsolescence des moyens de défense. Un problème que l’armée ukrainienne connaît bien.Puisque “l’innovation est très forte du côté des menaces”, souligne M. Dauer, “la défense doit suivre, tout en restant abordable. Car les drones que nous combattons ne sont souvent pas chers — la protection ne doit donc pas l’être non plus”.





