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Le chemin de croix de Josip Jelinic pour appeler au pardon dans une Bosnie encore à vif

A genoux, appuyé sur un crucifix en bois, sous une pluie battante, Josip Jelinic prononce des mots rares en Bosnie, pays dont les plaies sont encore à vif, 30 ans après la guerre : “Je pardonne à tout le monde, et je prie pour le pardon.”Sa croix de 8 kilos sur le dos, un drapeau de la Bosnie accroché au sac à dos, il traverse villes et villages, va d’un monument aux morts à un autre, et rend hommage aux victimes des trois communautés qui forment le pays – bosniaques musulmans, serbes orthodoxes et croates catholiques.En pleine crise politique et alors que les dirigeants des Serbes de Bosnie multiplient les provocations sécessionnistes, le pèlerinage de ce catholique de 32 ans a un grand retentissement dans ce pays des Balkans.Les gens sortent de chez eux pour l’inviter à manger, lui proposent un logement, les voitures klaxonnent, leurs occupants s’arrêtent sur la route pour l’embrasser, faire une photo ou lui donner de l’argent “pour la route”, souvent les larmes aux yeux.Mardi, dans la cour de la mosquée blanche de Stupni Do, au coeur de la Bosnie, le jeune homme se fait tout petit au pied d’un monument qui rend hommage aux 38 civils bosniaques tués en octobre 1993 par des membres des forces croates de Bosnie.Les yeux fermés, front appuyé contre la croix, il prie sous le regard de l’imam Ramiz Zubaca.”Seigneur, tu connais la douleur de ce peuple, tu sais leurs souffrances. Je te prie pour que la guerre ne survienne plus jamais en Bosnie-Herzégovine. Je te prie de nous offrir la paix, toi qui en es le roi.”- 1.000 kilomètres -Honorés de cette visite, l’imam et quelques villageois l’invitent dans la mosquée. La discussion est chaleureuse autour d’une table ornée d’un bouquet de roses rouges. Les hôtes jeûnent – c’est le ramadan – mais un homme apporte des gâteaux, des dattes chocolatées et un jus de cerises au marcheur.”Ca signifie beaucoup pour nous”, dit M. Zubaca, assurant que les trois communautés du pays “sont prêtes” pour une véritable réconciliation.”Mais le problème, ajoute-t-il, c’est la politique qui, malheureusement, s’impose comme une entrave à la réconciliation. Elle produit des problèmes artificiels, amène le doute, l’insécurité. Ce que Josip fait, c’est ce dont nous avons besoin.”Stupni Do est l’une des étapes du “chemin de croix” de 1.000 kilomètres que Josip Jelinic a entamé le 26 février au sanctuaire marial de Medjugorje (sud). Sa “marche pour la réconciliation des peuples en Bosnie-Herzégovine” doit se terminer le 18 avril, deux jours avant Pâques.”Je marche depuis vingt jours et je rencontre des gens des trois communautés. Ce sont tous des gens bien qui m’ont ouvert leur coeur. Une écrasante majorité des gens souhaite la paix”, assure le pèlerin lors d’une halte entre Stupni Do et le village de Borovica, où 18 civils et militaires croates ont été tués en novembre 1993 par des membres des forces bosniaques.- “C’est ça la Bosnie” -Le conflit inter-communautaire (1992-1995) a fait près de 100.000 morts en Bosnie.Né pendant la guerre, Josip ne s’en souvient pas. Mais ce physiothérapeute de Ljubuski (sud), et depuis peu évangélisateur catholique, dit aller à la rencontre de la douleur.”Il y a sûrement des gens aujourd’hui encore qui sont très blessés”, dit-il à l’AFP”Nous ne devons pas oublier les victimes, et nous ne les oublierons jamais (…) Mais pour nous, pour la paix dans notre coeur, j’appelle au pardon”, car “la rancune est un poison qui ravage l’être humain”.”C’est exceptionnel, rare, quel honorable jeune homme ! Nous avons besoin de ça, et pas de tensions entre les peuples”, dit Ismet Abdulahovic, un retraité bosniaque de 68 ans qui s’arrête sur la route à Vares pour saluer Josip.Un peu plus loin, dans le village de Pogar, le jeune homme doit s’arrêter. Andjelka Petrovic, 52 ans, et son mari, Croates, installent une table devant leur maison et insistent pour lui servir à manger et à boire.”Il est porteur de messages d’amour, de paix. Il a uni tous les gens, toute la Bosnie-Herzégovine”, dit Andjelka, 52 ans, “émue et honorée”.”C’est ça la Bosnie!”, veut croire Josip entre deux bouchées.

En Arabie saoudite, un tailleur perpétue l’art de fabriquer le “bisht”

Dans son atelier dans l’est de l’Arabie saoudite, Habib Mohammed fabrique des manteaux traditionnels arabes à la main, déterminé à défendre ce savoir-faire artisanal face à la production de masse qui inonde le marché. Ce tailleur de 60 ans brode des “bishts”, vêtements portés par les hommes dans les pays du Golfe depuis des siècles, et dont la confection peut nécessiter parfois des semaines de travail.Face à la concurrence des manteaux bon marché fabriqués en Chine, l’atelier a du mal à survivre, mais son propriétaire refuse de baisser les bras.  Alors que son fils unique n’a pas voulu reprendre l’activité, M. Mohammed a décidé de transmettre son savoir-faire à ses petit-enfants.”Nous avons commencé la formation ici, dans l’atelier et à la maison”, dit-il à l’AFP, dans son atelier sans fenêtre situé dans l’oasis de Hofuf, dans l’est du royaume.Dans sa région natale d’Al-Ahsa, “il était mal vu pour un homme de se rendre à un enterrement, au marché, ou de rendre visite à qui que ce soit, où que ce soit, sans porter le bisht”, raconte le tailleur. Ce vêtement traditionnel s’est fait mondialement connaître durant la Coupe du monde de football 2022, lorsque l’émir du Qatar l’a posé sur les épaules du champion argentin Lionel Messi après la finale. – Né dans l’atelier -Si le bisht reste souvent porté dans la région, notamment durant les grandes occasions, la fabrication industrielle a pris la place de nombreux ateliers artisanaux. M. Mohammed, lui, compte sur sa petite-fille Fajr, âgée de 9 ans et son frère de 10 ans, Ghassan, pour perpétuer cette tradition. “C’est toute ma vie”, dit-il en les regardant broder. Vêtu de l’abaya blanche et de la coiffe traditionnelle à carreaux rouges et blancs, il raconte avoir toujours été entouré de bishts. “Je suis né dans l’atelier et j’ai grandi en regardant ma mère coudre. J’ai vu mes frères et mes cousins travailler avec mon père”, ajoute-t-il avec fierté. Sa femme est également couturière, particulièrement douée, selon lui, pour la broderie des cols des bishts. Mais la boutique familiale, située dans le marché traditionnel de Hofuf, rapporte beaucoup moins maintenant, déplore son propriétaire.”Les pièces que je faisais pour 1.500 riyals (400 dollars) se vendent maintenant pour 150 riyals. Ce n’est pas suffisant pour gagner sa vie”, explique-t-il.  Selon lui, un bisht de qualité pouvait autrefois valoir jusqu’à 6.000 riyals, tandis que les manteaux fabriqués à la machine se vendent aujourd’hui pour une fraction de ce prix. – Année de l’artisanat -Le pays pétrolier, qui cherche à attirer investisseurs et touristes, semblent toutefois avoir pris conscience de l’importance de préserver cet artisanat, parmi d’autres. La confection de bishts, que les pays du Golfe cherchent à inscrire au patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO, figure parmi la dizaine de métiers mis en avant par les autorités saoudiennes dans le cadre de “l’année de l’artisanat” décrétée en 2025. L’an dernier, les ministres et autres hauts fonctionnaires avaient été sommés de porter un bisht lorsqu’ils assistent à des événements officiels. Sur les murs de l’atelier de M. Mohammed, certains bishts accrochés datent d’au moins un siècle, affirme leur propriétaire en  montrant un manteau brun en laine de mouton.”Quelqu’un m’a offert 200.000 riyals pour celui-là, mais j’ai refusé de vendre parce qu’il m’est aussi cher que ma vie. Il représente l’histoire de mon pays”, dit-il. “Je veux les transmettre à mes enfants et à mes petits-enfants, et je leur dirai de ne jamais les vendre”, ajoute-t-il. Toute les semaines, le tailleur donne aussi des cours de couture dans un institut voisin, principalement pour les jeunes. “Nous n’avons pas abandonné”, dit-il. C’est un patrimoine qui était en train de disparaitre, mais “nous le ferons revivre” assure le tailleur. 

Après le retrait américain annoncé, l’OMS doit couper son budget de 20%

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a proposé de réduire d’un cinquième son budget suite à la décision des États-Unis, son principal contributeur, de se retirer, et doit désormais réduire ses missions et son personnel, a déclaré son directeur dans un email interne consulté par l’AFP samedi.L’OMS fait face à un manque à gagner de près de 600 millions de dollars en 2025 et n’a “pas d’autre choix” que de commencer à faire des coupes, a ainsi expliqué le directeur général de l’institution, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans le message envoyé vendredi au personnel de l’agence de santé de l’ONU. En plus de déclencher le retrait de son pays après son entrée à la Maison Blanche en janvier, le président Donald Trump a décidé de geler pratiquement toute l’aide étrangère américaine, y compris d’importants programmes visant à améliorer la santé dans le monde. Les Etats-Unis avaient déjà entamé les démarches pour quitter l’OMS lors du premier mandat de M. Trump en 2020.Celui-ci a justifié sa décision en janvier par l’écart des contributions financières américaines et chinoises, accusant l’organisation d'”arnaquer” son pays.En conséquence, M. Tedros avait déjà prévenu fin janvier que l’OMS allait prendre des mesures d’économie.Les États-Unis étaient de loin le plus grand contributeur au budget de l’OMS: sur le dernier cycle budgétaire de deux ans, pour 2022-23, ils ont apporté 16,3% des 7,89 milliards de dollars de budget total de l’organisation.  “Des réductions drastiques de l’aide publique au développement par les États-Unis et d’autres pays causent d’énormes perturbations pour des pays, des ONG et des agences des Nations Unies, y compris l’OMS”, a souligné M. Tedros dans son email. Avant-même le début du processus de retrait américain, l’OMS était déjà confrontée à des contraintes financières, et avait commencé voici plus de neuf mois à travailler sur des mesures pour améliorer son efficacité, remarque aussi son dirigeant. Mais “l’annonce des États-Unis, combinée à des réductions récentes de l’aide publique au développement de certains pays pour financer une augmentation des dépenses de défense, a rendu notre situation beaucoup plus critique”, a encore expliqué M. Tedros. “Bien que nous ayons réalisé des économies de coûts substantielles, les conditions économiques et géopolitiques actuelles rendent la mobilisation des ressources particulièrement difficile”, écrit-il. En février, le conseil exécutif de l’OMS avait réduit le budget proposé pour 2026-2027 de 5,3 à 4,9 milliards de dollars. “Depuis lors, les perspectives de l’aide au développement se sont détériorées”, a rappelé M. Tedros. Et “nous avons donc proposé aux États membres un budget encore réduit de 4,2 milliards de dollars, soit une baisse de 21 % par rapport au budget initialement proposé”. La majorité du financement américain provenait de contributions volontaires pour des projets spécifiques, plutôt que d’une participation fixe. “Malgré tous nos efforts, nous en sommes maintenant au point où nous n’avons d’autre choix que de réduire le périmètre de notre travail et de notre personnel”, conclut M. Tedros. Et de préciser: “ces mesures s’appliqueront d’abord au niveau du siège, en commençant par les hauts dirigeants, mais affectera tous les niveaux et toutes les régions”.

Massacre de 2009 en Guinée: l’ex-dictateur Dadis Camara, gracié, est sorti de prison

L’ancien dictateur guinéen Moussa Dadis Camara, condamné à 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité, a été gracié par le chef de la junte et est sorti de prison, une décision surprise accueillie samedi avec joie par sa famille et avec consternation par l’opposition et une partie de la société civile. Moussa Dadis Camara a été gracié pour “raison de santé” par le chef de la junte en Guinée, le général Mamadi Doumbouya, selon un décret lu vendredi soir à la télévision nationale. L’ancien président (2008-2010) et ancien chef d’une junte est sorti de prison vendredi soir et se trouve dans la capitale Conakry, selon l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme (OGDH). “Il a fait une brève escale chez lui (…) puis a été conduit dans une villa dans un quartier chic de Conakry où il est surveillé par des pick-up de la gendarmerie”, a ajouté cette source.A l’issue d’un procès historique qui avait duré près de deux ans, Moussa Dadis Camara avait été condamné le 31 juillet 2024 à 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité, pour sa responsabilité de commandement lors du massacre du 28 septembre 2009.Ce jour-là, alors que M. Camara était président, au moins 156 personnes ont été tuées, par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette, et des centaines d’autres blessées dans la répression d’un rassemblement de l’opposition dans un stade de Conakry et ses environs, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU. Au moins 109 femmes ont été violées.Les exactions ont continué à être perpétrées plusieurs jours contre des femmes séquestrées et des détenus torturés, dans ce qui est considéré comme l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire contemporaine de la Guinée. Moussa Dadis Camara avait été déclaré coupable “sur la base de la responsabilité du supérieur hiérarchique”, avait déclaré le président du tribunal. Il avait aussi été reconnu coupable pour “son intention de réprimer la manifestation” et pour avoir manqué à son devoir de sanctions contre les auteurs du massacre.Interrogé samedi par l’AFP, Jean Dadis Camara, jeune frère de Moussa Dadis Camara, a fait part de sa joie à l’annonce de la grâce présidentielle. “Tout Gboyeba, tout N’Zérékoré, comme à Koulé aussi, tout le monde est content. On remercie monsieur le président (…)”, a réagi Jean Dadis Camara.- “Manipulation” -“Nous remercions infiniment le président Mamadi Doumbouya pour cette grâce. Tout le monde est content aujourd’hui à N’Zérékoré et partout dans la région. Moussa Dadis Camara est un pilier pour toute la famille”, a déclaré de son côté Marcus Olivier Théa, un proche qui se présente comme son confident.Aux côtés de M. Camara, sept autres personnes ont été condamnées en 2024 à des peines allant jusqu’à la perpétuité pour leur responsabilité dans ce massacre. Mercredi dernier, le général Doumbouya avait annoncé la “prise en charge des frais d’indemnisation des victimes du massacre”. La junte, arrivée au pouvoir par un putsch en 2021, avait permis la tenue de ce procès très attendu par les victimes.Réagissant à la grâce de M. Camara, un responsable au Front national de défense de la constitution (FNDC) – une des dernières voix dissidentes à pouvoir encore se faire entendre en Guinée – a dénoncé samedi “la manipulation la plus cynique et la politique politicienne la plus abjecte”, dans un communiqué. “En graciant le capitaine Moussa Dadis Camara quelques jours après avoir décrété que l’indemnisation des victimes des événements du 28 septembre 2009 sera prise en charge par l’État guinéen, Mamadi Doumbouya joue avec l’intelligence des Guinéens; c’est de la politique politicienne pure et simple, dans la perspective de la confiscation du pouvoir”, a-t-il estimé. De son côté, l’artiste Elie Kanamo, converti en politique et critique envers la junte, a mis en garde M. Camara contre le “deal machiavélique qui se cache derrière ce spectacle lamentable”. “Vous allez fumer le calumet de la paix avec eux juste le temps de passer les élections. Le temps de leur vendre vos parents comme du bétail à vil prix (…) et ensuite vous ne servirez plus à rien”, a-t-il asséné dans un message sur les réseaux sociaux. 

Sur les plages de la mer du Nord, des objets abandonnés racontent des vies de migrants

Ethiopie, Soudan, Libye, Italie, France et, enfin, Royaume-Uni: une feuille rongée par le sable et l’eau trouvée sur la plage de Gravelines (Nord), dresse l’itinéraire, à travers deux continents et des milliers de kilomètres, d’une personne migrante en quête d’Angleterre.Lorsqu’elle est repérée par Aäron Fabrice de Kisangani, un Belge flamand de 27 ans, la feuille est en grande partie enfouie dans le sable, encore trempée et attaquée par de petits “talitres”, des crustacés de quelques millimètres qui grignotent les objets abandonnés sur les plages.Avec une grande précaution, ce ratisseur de plage ou “beachcomber”, qui consacre son temps libre à la quête de trouvailles en tous genres, extrait la feuille du sable et la déplie, puis en retire un talitre.Lors de chaque départ d’embarcation clandestine vers l’Angleterre, des candidats à l’exil laissent des affaires sur la plage, par précipitation ou besoin de s’alléger.Chaussures, vêtements, sacs et documents se retrouvent éparpillés sur les plages du littoral du nord de la France, aux côtés d’affaires abandonnées par pêcheurs et promeneurs, et d’objets parfois insolites recrachés par la mer.”Beachcomber” depuis 20 ans, Aäron Fabrice de Kisangani collectionne des graines de plantes tropicales ou encore des dents de requin, et s’intéresse depuis un an aux objets laissés par les exilés. “J’en trouvais tout le temps mais je ne les prenais pas, et j’ai commencé à me demander pourquoi”, explique-t-il à l’AFP. A défaut d’être ramassés, “ils sont perdus”, souligne-t-il.- “Désert” -Cette feuille extraite du sable semble retracer le parcours migratoire d’une Ethiopienne nommée Rose I., à en croire le nom inscrit en haut du papier.On y voit, reliés par des flèches, des noms de villes, temps de trajet, moyens de transport. Tel qu’esquissé, le périple commence à “A.A.”, soit Addis-Abeba, capitale de l’Ethiopie.Huit cent cinquante kilomètres et 17 heures de voiture plus tard, la voici à Métemma, à la frontière avec le Soudan.”Dix minutes de marche” doivent suffire pour atteindre Gallabat, de l’autre côté de la frontière, espère l’auteur ou l’autrice du document.Après Khartoum, capitale du Soudan, un mot résume l’ampleur de la tâche: “Désert”. Des milliers de kilomètres à travers le Sahara jusqu’à Tripoli, en Libye, d’où suivent une traversée en bateau jusqu’à l’Italie puis un trajet en train jusqu’à la France. Enfin, la dernière flèche indique l’objectif, rêvé dès l’Ethiopie: “UK”, le Royaume-Uni.L’histoire ne dit pas si Rose a suivi son itinéraire à la lettre, ni si elle a réussi à gagner l’Angleterre.En une matinée de recherches, Aäron Fabrice de Kisangani trouve plusieurs autres fragments de vies d’exilés: la convocation en vue de son expulsion, le 18 mars, d’un Albanais placé en rétention administrative ; des billets utilisés pour rallier Bucarest au littoral en quelques heures, par avion jusqu’à Roissy puis en train de Paris à Dunkerque.- “mieux comprendre” -Ces objets qui racontent “l’histoire des réfugiés”, pourraient permettre de leur “redonner leur humanité” espère Aäron Fabrice de Kisangani, qui ne sait pas encore précisément sous quelle forme exploiter cette collection. “Je veux montrer le problème sous un autre angle, en tant que +beachcomber+.”Lui-même, depuis qu’il récupère ces objets, a “beaucoup appris sur la manière dont les réfugiés voyagent et à quelle vitesse, leurs nationalités (…) Je fais des recherches sur ce qui arrive dans leurs pays, et ça me permet de mieux comprendre le problème et la raison de leur départ vers le Royaume-Uni.”Alors qu’il marche sur le sable en direction de sa voiture, une poignée de vies humaines se jouent à l’autre bout de la plage. Une trentaine de migrants sortent des dunes et courent vers un bateau déjà à l’eau. Repoussés par la police, ils retentent leur chance, quelques minutes plus tard.Cette fois-ci, une grande majorité parviennent à monter à bord. Un enfant pleure.Trois membres d’une même famille échouent, dont l’un, un trentenaire, implore sans succès sa mère, montée sur le bateau, d’en descendre. Des scènes qu’aucun document laissé sur les plages ne peut raconter.

Groenland : le Danemark s’en prend au “ton employé” par l’administration Trump

Le ton vire à l’aigre samedi entre Etats-Unis et Danemark, la diplomatie danoise déplorant la virulence des critiques du vice-président américain JD Vance sur l’inaction supposée du pays nordique au Groenland.”Nous sommes ouverts aux critiques, mais, pour être tout à fait honnête, nous n’apprécions pas le ton sur lequel elles ont été formulées”, a dit Lars Løkke Rasmussen dans une vidéo en anglais sur les réseaux sociaux. “Ce n’est pas ainsi que l’on s’adresse à ses proches alliés, et je considère toujours le Danemark et les Etats-Unis comme des proches alliés”, a-t-il ajouté.La réplique danoise achève une semaine de fortes tensions entre les deux pays, déclenchée par l’annonce d’une visite non souhaitée de dirigeants américains dans le territoire autonome danois, déplacement qui s’est finalement réduit vendredi à la base américaine de Pituffik. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées samedi devant l’ambassade américaine à Copenhague, brandissant des pancartes “Trump/Putin stealing countries” (Trump et Poutine volent des pays), “Yankees go home” ou “Make icecubes not war” (faites des glaçons, pas la guerre”, a constaté une journaliste de l’AFP.”C’est très important” que nous soyons aussi nombreux aujourd’hui, dit une  Groenlandaise Kista Lynge Høegh. “Nous sommes inquiets pour notre famille qui vit au Groenland et nous nous inquiétons de ce qui leur arrivera si l’annexion a lieu, comme Trump en a fait la menace”.”Nous voulons nous rassembler pour dire que la rhétorique américaine concernant le Groenland et le Danemark n’est pas acceptable”, insiste de son côté un autre Groenlandais, Mimik Rosing.Lors d’un discours sur l’unique base militaire américaine au Groenland, JD Vance a estimé que le Danemark “n’a pas fait du bon travail pour le peuple du Groenland”, lui reprochant en particulier de ne pas avoir suffisamment investi dans l’immense île arctique que convoite Donald Trump.”L’accord de défense de 1951 offre aux Etats-Unis de nombreuses possibilités d’avoir une présence militaire beaucoup plus forte au Groenland. Si c’est ce que vous souhaitez, discutons-en”, a répliqué le ministre danois en référence au texte régissant la présence américaine au Groenland.En 1945, les Etats-Unis avaient 17 bases et installations militaires au Groenland, avec des milliers de soldats, a-t-il rappelé. “Nous pouvons faire plus, beaucoup plus dans le cadre actuel”, a-t-il ajouté.La base américaine de Pituffik constitue un avant-poste de la défense antimissile américaine, car la trajectoire la plus courte des missiles en provenance de Russie vers les Etats-Unis passe par le Groenland.Vendredi soir, la Première ministre danoise Mette Frederiksen avait déjà déploré les critiques “injustes” des Américains, leur rappelant que le Danemark avait été à leurs côtés “dans des situations très difficiles”, en référence à l’engagement danois aux côtés des troupes américaines notamment en Irak et Afghanistan.- Statu quo “révolu” -Donald Trump a répété vendredi avoir “besoin du Groenland”. “C’est très important, pour la sécurité internationale”. “Nous avions jusque-là tous agi en partant du principe que l’Arctique était et devait rester une zone à faible risque, mais cette époque est révolue”, a constaté pour sa part le chef de la diplomatie danoise. “Le statu quo n’est pas une option, et c’est pourquoi nous avons intensifié nos efforts en investissant” dans la sécurité de l’Arctique, a-t-il ajouté.En janvier, Copenhague a annoncé qu’il allait consacrer près de deux milliards d’euros au renforcement de sa présence dans l’Arctique et l’Atlantique Nord. En dépit du ton menaçant de Donald Trump, le vice-président américain a exclu un usage de la force pour parvenir à s’emparer du territoire autonome danois, assurant que Washington parviendrait à convaincre les Groenlandais de se rallier aux Etats-Unis et de signer un accord avec eux.”Nous pensons que les habitants du Groenland sont rationnels et (…) que nous allons pouvoir conclure un accord, dans le style de Donald Trump, pour assurer la sécurité de ce territoire, mais aussi des Etats-Unis d’Amérique”, a dit JD Vance.Le Groenland vient de se doter d’un nouveau gouvernement de coalition et la majorité des Groenlandais souhaite l’indépendance du territoire, qui jouit d’une large autonomie au sein du royaume du Danemark.”Il est très important que nous mettions de côté nos désaccords et nos différends (…), car c’est seulement ainsi que nous pourrons faire face à la forte pression à laquelle nous sommes exposés de l’extérieur”, a dit le nouveau Premier ministre groenlandais, Jens-Frederik Nielsen en présentant son équipe vendredi.La population, majoritairement inuite, rejette toute perspective de devenir américaine, d’après un sondage publié fin janvier.

Groenland : le Danemark s’en prend au “ton employé” par l’administration Trump

Le ton vire à l’aigre samedi entre Etats-Unis et Danemark, la diplomatie danoise déplorant la virulence des critiques du vice-président américain JD Vance sur l’inaction supposée du pays nordique au Groenland.”Nous sommes ouverts aux critiques, mais, pour être tout à fait honnête, nous n’apprécions pas le ton sur lequel elles ont été formulées”, a dit Lars Løkke Rasmussen dans une vidéo en anglais sur les réseaux sociaux. “Ce n’est pas ainsi que l’on s’adresse à ses proches alliés, et je considère toujours le Danemark et les Etats-Unis comme des proches alliés”, a-t-il ajouté.La réplique danoise achève une semaine de fortes tensions entre les deux pays, déclenchée par l’annonce d’une visite non souhaitée de dirigeants américains dans le territoire autonome danois, déplacement qui s’est finalement réduit vendredi à la base américaine de Pituffik. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées samedi devant l’ambassade américaine à Copenhague, brandissant des pancartes “Trump/Putin stealing countries” (Trump et Poutine volent des pays), “Yankees go home” ou “Make icecubes not war” (faites des glaçons, pas la guerre”, a constaté une journaliste de l’AFP.”C’est très important” que nous soyons aussi nombreux aujourd’hui, dit une  Groenlandaise Kista Lynge Høegh. “Nous sommes inquiets pour notre famille qui vit au Groenland et nous nous inquiétons de ce qui leur arrivera si l’annexion a lieu, comme Trump en a fait la menace”.”Nous voulons nous rassembler pour dire que la rhétorique américaine concernant le Groenland et le Danemark n’est pas acceptable”, insiste de son côté un autre Groenlandais, Mimik Rosing.Lors d’un discours sur l’unique base militaire américaine au Groenland, JD Vance a estimé que le Danemark “n’a pas fait du bon travail pour le peuple du Groenland”, lui reprochant en particulier de ne pas avoir suffisamment investi dans l’immense île arctique que convoite Donald Trump.”L’accord de défense de 1951 offre aux Etats-Unis de nombreuses possibilités d’avoir une présence militaire beaucoup plus forte au Groenland. Si c’est ce que vous souhaitez, discutons-en”, a répliqué le ministre danois en référence au texte régissant la présence américaine au Groenland.En 1945, les Etats-Unis avaient 17 bases et installations militaires au Groenland, avec des milliers de soldats, a-t-il rappelé. “Nous pouvons faire plus, beaucoup plus dans le cadre actuel”, a-t-il ajouté.La base américaine de Pituffik constitue un avant-poste de la défense antimissile américaine, car la trajectoire la plus courte des missiles en provenance de Russie vers les Etats-Unis passe par le Groenland.Vendredi soir, la Première ministre danoise Mette Frederiksen avait déjà déploré les critiques “injustes” des Américains, leur rappelant que le Danemark avait été à leurs côtés “dans des situations très difficiles”, en référence à l’engagement danois aux côtés des troupes américaines notamment en Irak et Afghanistan.- Statu quo “révolu” -Donald Trump a répété vendredi avoir “besoin du Groenland”. “C’est très important, pour la sécurité internationale”. “Nous avions jusque-là tous agi en partant du principe que l’Arctique était et devait rester une zone à faible risque, mais cette époque est révolue”, a constaté pour sa part le chef de la diplomatie danoise. “Le statu quo n’est pas une option, et c’est pourquoi nous avons intensifié nos efforts en investissant” dans la sécurité de l’Arctique, a-t-il ajouté.En janvier, Copenhague a annoncé qu’il allait consacrer près de deux milliards d’euros au renforcement de sa présence dans l’Arctique et l’Atlantique Nord. En dépit du ton menaçant de Donald Trump, le vice-président américain a exclu un usage de la force pour parvenir à s’emparer du territoire autonome danois, assurant que Washington parviendrait à convaincre les Groenlandais de se rallier aux Etats-Unis et de signer un accord avec eux.”Nous pensons que les habitants du Groenland sont rationnels et (…) que nous allons pouvoir conclure un accord, dans le style de Donald Trump, pour assurer la sécurité de ce territoire, mais aussi des Etats-Unis d’Amérique”, a dit JD Vance.Le Groenland vient de se doter d’un nouveau gouvernement de coalition et la majorité des Groenlandais souhaite l’indépendance du territoire, qui jouit d’une large autonomie au sein du royaume du Danemark.”Il est très important que nous mettions de côté nos désaccords et nos différends (…), car c’est seulement ainsi que nous pourrons faire face à la forte pression à laquelle nous sommes exposés de l’extérieur”, a dit le nouveau Premier ministre groenlandais, Jens-Frederik Nielsen en présentant son équipe vendredi.La population, majoritairement inuite, rejette toute perspective de devenir américaine, d’après un sondage publié fin janvier.

Le Soleil avait rendez-vous avec la Lune pour une éclipse partielle

Le Soleil avait rendez-vous avec la Lune, venue cacher un bout de l’astre samedi, lors d’une éclipse partielle visible sur une partie de l’hémisphère Nord, de l’est du Canada à la Sibérie.L’éclipse, la dix-septième du XXIe siècle et la première de l’année, a duré environ quatre heures. Elle a démarré à 08H50 GMT (09H50 à Paris) pour s’achever vers 12H43 GMT (13H43 à Paris). “Les premiers continentaux à la voir (étaient) les habitants de Mauritanie et du Maroc et les derniers ceux du nord de la Sibérie”, a précisé à l’AFP Florent Deleflie, astronome à l’Observatoire de Paris-PSL, chargé pour la France du calcul des éphémérides.Elle était aussi visible en Europe, selon le Laboratoire Temps-Espace de l’Observatoire de Paris. Et a atteint son maximum à 10H47 GMT (11H47 heure de Paris) au-dessus du nord-est du Canada et Groenland.C’est là que l’éclipse a été la plus spectaculaire, couvrant 90% de la surface apparente du Soleil. Pas suffisamment toutefois pour que le ciel soit obscurci.Une éclipse de Soleil se produit lorsque le Soleil, la Lune et la Terre sont alignés dans cet ordre. Quand l’alignement est quasiment parfait, le cône d’ombre de la Lune touche la surface de la Terre et obstrue l’intégralité du disque solaire: l’éclipse est totale.Cette fois-ci, “l’alignement n'(était) pas suffisamment parfait pour que le cône d’ombre touche la surface terrestre. Il rest(ait) dans l’espace, ce qui signifie qu’il n’y (avait) nulle part et à aucun moment d’éclipse totale”, explique M. Deleflie.- Attention aux yeux -En France métropolitaine, l’éclipse était visible entre 10H00 et 12H00 GMT (11H00 et 13H00 de Paris) et entre 10 à 30% de la surface de l’astre étaient occultés selon les régions.A l’oeil nu, aucune différence n’était donc perceptible. Les plus chanceux, qui ont pu profiter du spectacle lorsque le ciel était dégagé, ont dû se munir d’équipements adaptés pour protéger ses yeux.La lumière intense du Soleil peut en effet provoquer des brûlures oculaires et entraîner des lésions irrémédiables.Il est indispensable de se procurer des lunettes spéciales éclipse en parfait état. “Le moindre défaut sur la surface des lunettes, si elles ne sont pas neuves, même un trou microscopique, peut engendrer des brûlures de l’Å“il”, selon l’astronome.Autre possibilité, il fallait se rendre dans une association d’astronomie ou un centre d’observation, qui organisaient des animations pour l’admirer à l’aide d’instruments grossissants munis de filtres adaptés. Et observer au passage tâches et protubérances solaires.Cette éclipse solaire est intervenue quinze jours après une éclipse totale de Lune, qui avait fait “rougir” notre satellite naturel. Ce qui est “souvent le cas” car la Lune a fait dans l’intervalle “un demi-tour autour de la Terre, inversant en quelque sorte la configuration”, souligne M. Deleflie.En France métropolitaine, la dernière éclipse partielle remonte au 25 octobre 2022.Le 12 août 2026, se produira une éclipse totale, dont la zone de totalité ne traversera pas l’Hexagone, mais qui donnera lieu à une obscuration du disque solaire de 92 % vue depuis Paris et de 96 % vue depuis Marseille.