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Testée par la Russie, l’Otan veut muscler sa riposte antidrones

L’Otan va tester de nouveaux systèmes de détection et de neutralisation de drones, après de multiples incursions russes dans le ciel européen, a annoncé mercredi son secrétaire général Mark Rutte.L’Alliance atlantique et l’Union européenne s’efforcent de combler des lacunes dans la défense du continent, à la suite de plusieurs violations de l’espace aérien par la Russie au mois de septembre, au-dessus de la Pologne et de l’Estonie.L’Otan va “mettre en œuvre un certain nombre de mesures supplémentaires antidrones qui renforceront, élargiront et accélèreront notre capacité à (les) contrer”, a déclaré Mark Rutte devant la presse, à l’issue d’une réunion des ministres de la Défense de l’Otan à Bruxelles.Concrètement, l’Alliance veut tester des “systèmes intégrés” capables de mieux “détecter, suivre et neutraliser les menaces aériennes”.Les ministres ont également discuté de leur soutien militaire à l’Ukraine. Dès son arrivée au siège de l’Otan, le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth a encouragé les pays européens et le Canada à en faire plus, dans le cadre du programme Purl. Cette initiative, lancée par Washington, permet à Kiev d’acheter des armes américaines financées par les Européens.- Paix par la force -“On obtient la paix quand on est fort, pas quand on use de grandes phrases ou qu’on fait la leçon. On l’obtient lorsqu’on dispose de capacités réelles et solides que les adversaires respectent”, a-t-il déclaré.Dans le cadre du programme Purl, Kiev a déjà reçu deux tranches d’aide pour environ deux milliards de dollars, financés par les Pays-Bas, et plusieurs pays scandinaves.L’Allemagne et le Canada se sont engagés à en financer deux autres, à hauteur de 500 millions de dollars chacun, et Kiev espère que deux autres tranches seront rapidement finalisées.M. Rutte a assuré que plus de la moitié des 32 pays de l’Otan avaient déjà répondu à l’appel, sans toutefois préciser pour quels montants.Pressée de contribuer elle aussi à ce programme, la France s’y refuse pour l’instant. La nouvelle ministre de la Défense Catherine Vautrin, qui participait mercredi pour la première fois à une réunion de l’Otan, n’a pas évoqué le sujet à son arrivée à Bruxelles. En début d’après-midi, le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal a lui aussi appelé les alliés européens à participer à cette initiative, et de manière générale à renforcer leur soutien militaire.L’Ukraine aura besoin de pas moins de 120 milliards de dollars l’an prochain pour son effort de guerre, dont la moitié qu’elle sera en mesure de financer elle-même. Mais Kiev a aussi besoin “urgemment” de 4 milliards de dollars en 2026. “Nous serons en mesure de construire jusqu’à 10 millions de drones si nos partenaires s’engagent à fournir les fonds nécessaires”, a assuré Denys Chmygal.- 5.600 drones -Pour le seul mois de septembre, l’Ukraine a été frappée par quelque 5.600 drones et 180 missiles, a-t-il encore souligné, alors que les pays de l’Otan entendent profiter de l’expérience de l’Ukraine dans la guerre antidrones.L’intrusion d’une vingtaine de drones russes en septembre dans l’espace aérien polonais avait contraint l’Otan à en abattre trois, une première depuis sa création en 1949. Quelques jours plus tard, les chasseurs de l’Otan avaient escorté trois MiG russes hors du ciel estonien, après une intrusion ayant duré 12 minutes, un record.Cette réponse dans l’urgence avait été suivie par le lancement de l’opération “Eastern Sentry” (sentinelle orientale) pour renforcer la surveillance du flanc est de l’Alliance.L’Otan envisage aussi d’affiner ses règles d’engagement en donnant davantage de flexibilité à son commandement militaire. L’idée est de simplifier les règles qui reposent sur des systèmes différents et qui limitent parfois la capacité d’agir du commandement militaire de l’Alliance.”Lorsque les choses se compliquent, lorsque les F-35 sont en vol, vous devez vous assurer que tout le monde comprend clairement quelles sont les règles”, a expliqué le ministre néerlandais de la Défense Ruben Brekelmans.L’Union européenne, dont les ministres de la Défense se réuniront dans la soirée mercredi après l’Otan, a proposé un “mur” antidrones pour y faire face et voudrait qu’il soit pleinement opérationnel d’ici à 2027.Interrogé sur le risque de doublon avec l’Otan, son secrétaire général Mark Rutte a assuré du contraire. “Il n’y a pas de double emploi. Je tiens à le dire une fois pour toutes, l’UE et l’Otan travaillent en étroite collaboration, et nous connaissons tous deux nos forces respectives”, a-t-il affirmé.

Testée par la Russie, l’Otan veut muscler sa riposte antidrones

L’Otan va tester de nouveaux systèmes de détection et de neutralisation de drones, après de multiples incursions russes dans le ciel européen, a annoncé mercredi son secrétaire général Mark Rutte.L’Alliance atlantique et l’Union européenne s’efforcent de combler des lacunes dans la défense du continent, à la suite de plusieurs violations de l’espace aérien par la Russie au mois de septembre, au-dessus de la Pologne et de l’Estonie.L’Otan va “mettre en œuvre un certain nombre de mesures supplémentaires antidrones qui renforceront, élargiront et accélèreront notre capacité à (les) contrer”, a déclaré Mark Rutte devant la presse, à l’issue d’une réunion des ministres de la Défense de l’Otan à Bruxelles.Concrètement, l’Alliance veut tester des “systèmes intégrés” capables de mieux “détecter, suivre et neutraliser les menaces aériennes”.Les ministres ont également discuté de leur soutien militaire à l’Ukraine. Dès son arrivée au siège de l’Otan, le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth a encouragé les pays européens et le Canada à en faire plus, dans le cadre du programme Purl. Cette initiative, lancée par Washington, permet à Kiev d’acheter des armes américaines financées par les Européens.- Paix par la force -“On obtient la paix quand on est fort, pas quand on use de grandes phrases ou qu’on fait la leçon. On l’obtient lorsqu’on dispose de capacités réelles et solides que les adversaires respectent”, a-t-il déclaré.Dans le cadre du programme Purl, Kiev a déjà reçu deux tranches d’aide pour environ deux milliards de dollars, financés par les Pays-Bas, et plusieurs pays scandinaves.L’Allemagne et le Canada se sont engagés à en financer deux autres, à hauteur de 500 millions de dollars chacun, et Kiev espère que deux autres tranches seront rapidement finalisées.M. Rutte a assuré que plus de la moitié des 32 pays de l’Otan avaient déjà répondu à l’appel, sans toutefois préciser pour quels montants.Pressée de contribuer elle aussi à ce programme, la France s’y refuse pour l’instant. La nouvelle ministre de la Défense Catherine Vautrin, qui participait mercredi pour la première fois à une réunion de l’Otan, n’a pas évoqué le sujet à son arrivée à Bruxelles. En début d’après-midi, le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal a lui aussi appelé les alliés européens à participer à cette initiative, et de manière générale à renforcer leur soutien militaire.L’Ukraine aura besoin de pas moins de 120 milliards de dollars l’an prochain pour son effort de guerre, dont la moitié qu’elle sera en mesure de financer elle-même. Mais Kiev a aussi besoin “urgemment” de 4 milliards de dollars en 2026. “Nous serons en mesure de construire jusqu’à 10 millions de drones si nos partenaires s’engagent à fournir les fonds nécessaires”, a assuré Denys Chmygal.- 5.600 drones -Pour le seul mois de septembre, l’Ukraine a été frappée par quelque 5.600 drones et 180 missiles, a-t-il encore souligné, alors que les pays de l’Otan entendent profiter de l’expérience de l’Ukraine dans la guerre antidrones.L’intrusion d’une vingtaine de drones russes en septembre dans l’espace aérien polonais avait contraint l’Otan à en abattre trois, une première depuis sa création en 1949. Quelques jours plus tard, les chasseurs de l’Otan avaient escorté trois MiG russes hors du ciel estonien, après une intrusion ayant duré 12 minutes, un record.Cette réponse dans l’urgence avait été suivie par le lancement de l’opération “Eastern Sentry” (sentinelle orientale) pour renforcer la surveillance du flanc est de l’Alliance.L’Otan envisage aussi d’affiner ses règles d’engagement en donnant davantage de flexibilité à son commandement militaire. L’idée est de simplifier les règles qui reposent sur des systèmes différents et qui limitent parfois la capacité d’agir du commandement militaire de l’Alliance.”Lorsque les choses se compliquent, lorsque les F-35 sont en vol, vous devez vous assurer que tout le monde comprend clairement quelles sont les règles”, a expliqué le ministre néerlandais de la Défense Ruben Brekelmans.L’Union européenne, dont les ministres de la Défense se réuniront dans la soirée mercredi après l’Otan, a proposé un “mur” antidrones pour y faire face et voudrait qu’il soit pleinement opérationnel d’ici à 2027.Interrogé sur le risque de doublon avec l’Otan, son secrétaire général Mark Rutte a assuré du contraire. “Il n’y a pas de double emploi. Je tiens à le dire une fois pour toutes, l’UE et l’Otan travaillent en étroite collaboration, et nous connaissons tous deux nos forces respectives”, a-t-il affirmé.

Deuil et incertitudes au Kenya après le décès du chef de l’opposition Raila Odinga

Le chef de l’opposition kényane Raila Odinga est décédé mercredi matin à 80 ans dans le sud de l’Inde après un malaise, endeuillant le pays d’Afrique de l’Est et suscitant un séisme politique alors que se profile l’élection présidentielle de 2027. Longtemps député, cinq fois candidat malheureux à la présidentielle – notamment en 2022, “Baba” (“papa” en swahili, son surnom) – a été Premier ministre de 2008 à 2013.La disparition de cette figure incontournable de la communauté Luo, l’une des plus importantes du pays, laisse un grand vide dans l’opposition kényane et rebat les cartes de la campagne vers la présidentielle de 2027.Le président William Ruto, qui a décrété sept jours de deuil national, est arrivé dans la matinée au domicile familial de M. Odinga à Nairobi, où une foule de partisans s’étaient rassemblés, effondrés, des femmes en larmes criant “Baba”, d’autres agitant des branches selon une tradition funéraire luo.Dans une allocation à la nation en début d’après-midi depuis le palais présidentiel, le chef de l’Etat, qui avait battu de peu M. Odinga lors de la dernière présidentielle de 2022, a rendu hommage à “l’un des plus grands hommes d’État du Kenya et l’un des plus grands fils de l’Afrique”.L’ancien Premier ministre kényan est mort en Inde, a annoncé la police indienne, qui a affirmé qu’il marchait avec sa sœur, sa fille et son médecin lors d’une promenade matinale “lorsqu’il s’est soudainement effondré”, et a été conduit dans un hôpital où il a été déclaré mort.Tous les magasins étaient fermés dans le bidonville de Kibera à Nairobi, un bastion de M. Odinga, tandis que des personnes en deuil bloquaient les routes dans de nombreuses zones, dont son État d’origine, Kisumu (Ouest).”C’est un mercredi sombre pour le Kenya, et pour le monde entier”, a déclaré depuis le bastion de M. Odinga à Kisumu (ouest) Pablo Gila, leader de la jeunesse du parti de l’opposant. “Nous pleurons la mort d’une personne qui a combattu pour toutes les luttes politiques que nous avons menées dans ce pays”, a-t-il ajouté auprès de l’AFP.Né le 7 janvier 1945, Raila Odinga était issu d’une dynastie politique. Son père Jaramogi Oginga Odinga, fut le grand perdant de la lutte pour le pouvoir après l’indépendance du Kenya en 1963, au profit du premier président Jomo Kenyatta.Cette figure de l’opposition kényane a plusieurs fois été emprisonnée pour avoir combattu le régime à parti unique ou contraint à l’exil sous la présidence autocratique de Daniel Arap Moi (1978-2002).  En 2007, sa contestation de la victoire de Mwai Kibaki dégénère en sanglantes violences ethniques, faisant plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés.- Influent -Opposant à William Ruto, à l’origine de rassemblements contre la politique économique du gouvernement en 2024, il s’était depuis plusieurs mois rapproché du président, qui l’avait d’ailleurs soutenu en février pour le poste de président de la Commission de l’Union africaine, élection également perdue. Un peu moins de deux ans avant la présidentielle, le Kenya “perd l’un de ses acteurs politiques les plus influents. Un grand homme qui a accompli de grandes choses”, laissant le pays sur une voie incertaine, a déclaré l’analyste politique Barrack Muluka.”Il jouissait d’une large audience nationale. On ne peut en dire autant de personne d’autre”, a-t-il ajouté à l’AFP.Puisque M. Odinga a mené presque seul l’alliance politique avec M. Ruto, qui l’avait battu lors du scrutin de 2022, celle-ci est désormais “morte et enterrée”, a-t-il aussi estimé. – “Panafricaniste” -Réputé pour ses talents d’orateur, M. Odinga avait cependant vu son charisme s’éteindre quelque peu avec l’âge. Son décès suscite une vive émotion au Kenya et dans le reste de la région où de nombreux dirigeants, ainsi que l’Union africaine, ont rendu hommage au leader “panafricaniste” et “visionnaire”.Martha Karua, qui avait participé comme colistière à la campagne de M. Odinga en 2022 et est d’ores et déjà aussi candidate à la présidentielle de 2027, a salué dans un communiqué “un camarade inébranlable dans la lutte pour la seconde libération”.Son adversaire aux présidentielles de 2013 et 2017, l’ex-président Uhuru Kenyatta, a salué sur X “un adversaire redoutable, mais un allié encore plus précieux pour la cause de la réconciliation”. burs-er-jcp/dyg/djb

La censure s’éloigne à l’Assemblée mais le chaudron budgétaire s’annonce

Si la perspective de la censure s’éloigne pour Sébastien Lecornu, les tensions politiques sont loin d’être retombées, l’Assemblée nationale s’apprêtant à plonger dans des débats budgétaires qui promettent d’être épiques et inédits sans la menace du 49.3 pour en garantir l’issue.Mercredi, après son baptême du feu des questions au gouvernement à l’Assemblée, le Premier ministre est arrivé au Sénat pour une déclinaison de sa déclaration de politique générale – où il devrait développer ses intentions en matière de décentralisation. Conséquence de sa décision de suspendre la réforme des retraites, totem de la présidence Macron, “jusqu’à l’élection présidentielle”, les socialistes ne voteront pas les motions de censure de La France insoumise et du Rassemblement national débattues jeudi matin. Il devrait dès lors manquer une vingtaine de voix à l’addition des votes RN, LFI, écologistes et communistes pour atteindre la majorité absolue des 289 voix. D’autant que seuls trois députés socialistes sur 69, selon le patron du PS Olivier Faure, devraient voter la censure, malgré la consigne du parti, et suivre ainsi l’appel “à désobéir” lancé par le coordinateur de LFI Manuel Bompard.La présidente du RN Marine Le Pen a fait contre mauvaise fortune bon cœur : si le gouvernement ne tombe pas jeudi, il “ne tiendra pas sur la durée”, a-t-elle assuré en prévoyant une dissolution “dans trois semaines ou dans trois mois”.Car le Parlement va entrer en terrain inconnu avec la promesse de Sébastien Lecornu de lui laisser le dernier mot : “Le gouvernement proposera, nous débattrons, vous voterez”, a-t-il répété aux députés. Et le Premier ministre s’est engagé à s’abstenir de recourir à l’article 49.3 de la Constitution qui a permis l’adoption de tous les budgets sans vote depuis 2022.Cette mise en retrait de l’exécutif – même s’il dispose d’autres moyens pour faire avancer les débats – risque de faire de l’Assemblée un champ de bataille permanent, où la volonté affichée par Sébastien Lecornu de négocier des compromis pourrait se heurter à la tentation de certaines oppositions de provoquer l’enlisement des débats.- “Semaines très dures” -“Maintenant que la balle est dans le camp de l’Assemblée, il faut qu’on soit responsables et qu’on arrive à cadrer correctement les débats pour aller au bout. Ce serait quand même assez +abracadabrantesque+ qu’on ne puisse pas aller au vote de notre fait”, a averti la présidente de la chambre basse Yaël Braun-Pivet.Les majorités risquent en outre d’être variables en fonction des sujets et de… l’assiduité des parlementaires. “Les semaines qui viennent vont être très dures, j’ai dit à mes députés qu’il faudra être là tout le temps”, anticipe le patron du groupe PS Boris Vallaud. Déjà la suspension de la réforme des retraites n’est à ce stade qu’une annonce. Sébastien Lecornu s’est borné à assurer que le gouvernement la soumettrait “dès le mois de novembre” aux députés via un amendement au projet de loi de finances pour la Sécurité sociale.Face à l’opposition ou a minima l’abstention d’une large partie du socle commun – camp présidentiel et LR – le RN et LFI n’ont pour l’instant pas confirmé qu’ils voteraient cette suspension alors qu’ils accusent les socialistes de “trahison” et qu’ils y voient un renoncement par rapport à l’abrogation qu’ils défendent.Au-delà de leur “victoire” sur les retraites, les socialistes qui font “le pari” du débat parlementaire entendent mener bataille, vote par vote, contre le gel du barème de l’impôt sur le revenu, des prestations sociales ou encore le doublement des franchises médicales. Ces mesures font partie de l’effort budgétaire prévu par le gouvernement d’une trentaine de milliards d’euros, dont 14 milliards de nouveaux prélèvements obligatoires, selon le ministre de l’Économie Roland Lescure. Cela promet des débats houleux avec le camp présidentiel et la droite – notamment sénatoriale – qui ont du mal à avaler la concession faite sur les retraites.Si Sébastien Lecornu a reconnu que le projet de budget était “une copie de départ” ouverte à “négociation”, l’exécutif s’étant laissé une marge sur son objectif initial de déficit à 4,7% du PIB l’an prochain, il s’est posé en “garant” du retour sous les 3% en 2029, un niveau permettant de stabiliser la dette.

Au lendemain du coup d’État, Madagascar sous régime militaire

Madagascar se préparait mercredi à une nouvelle ère de régime militaire, au lendemain de la prise du pouvoir, suite à la destitution du président Andry Rajoelina, par une unité d’élite de l’armée qui a promis des élections d’ici deux ans.Le contingent militaire du Capsat a pris le pouvoir mardi quelques instants après que les parlementaires ont voté à une majorité écrasante la destitution d’Andry Rajoelina, qui semble avoir fui la nation insulaire alors que des soldats se sont joints le week-end dernier aux protestataires antigouvernementaux après des semaines de manifestations de rue.La capitale Antananarivo était calme mercredi matin, mais une certaine incertitude régnait quant à la suite des événements, sur fond d’inquiétude exprimée par les instances internationales.Le commandant du Capsat, le colonel Michael Randrianirina, nouveau président de fait de ce pays parmi les plus pauvres et corrompus de la planète, a déclaré mardi aux journalistes que la transition politique prendrait moins de deux ans et comprendrait la restructuration des principales institutions. Elle sera supervisée par un comité d’officiers de l’armée, de la gendarmerie et de la police.Le colonel Randrianirina a promis des élections dans 18 à 24 mois et assuré que le comité cherchera un “Premier ministre de consensus” pour former un nouveau gouvernement.L’autorité du nouveau pouvoir a été légitimée par la Cour constitutionnelle après la validation du vote de destitution contre Andry Rajoelina.- La Gen Z soutient l’armée -Critique virulent de longue date du pouvoir de M. Rajoelina, le colonel Randrianirina avait été emprisonné plusieurs mois à partir de novembre 2023 pour incitation à la mutinerie en vue d’un coup d’État, selon des informations de presse.La présidence a dénoncé “un acte clair de tentative de coup d’État” et souligné qu’Andry Rajoelina, dont on ignore où il se trouve et qui a été vu en public pour la dernière fois il y a une semaine, “reste pleinement en fonction”.Les Nations unies ont dit mardi qu’elles attendaient que “la poussière retombe”, tout en se déclarant “préoccupées par tout changement de pouvoir inconstitutionnel”.L’organe de sécurité de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), organisation régionale dont Andry Rajoelina assurait la présidence tournante, s’est dit “particulièrement alarmé par les informations faisant état d’une tentative de coup d’État”.”Les chefs militaires qui ont pris le pouvoir devraient respecter et protéger les droits de tous les Malgaches”, a déclaré l’ONG Human Rights Watch mercredi.Le mouvement Gen Z mené par les jeunes, qui a initié les manifestations à partir du 25 septembre contre le manque d’eau et d’énergie, a salué l’intervention du colonel Randrianirina.Le mouvement de contestation, qui dénonçait au départ les coupures incessantes d’eau et d’électricité, s’est ensuite mué en une contestation plus large du président Rajoelina et de son clan.Andry Rajoelina, réélu lors d’un scrutin contesté en 2023, était arrivé au pouvoir en 2009 à la faveur d’un coup d’État soutenu par l’armée, qui avait été dénoncé par la communauté internationale, laquelle avait gelé l’aide étrangère et les investissements pendant près de quatre ans.Il a résisté aux appels croissants à sa démission, déclarant lundi dans une allocution à la nation depuis un lieu inconnu qu’il cherchait des solutions aux problèmes de Madagascar.Alors que des informations indiquaient qu’il avait été aidé à partir avec l’aide de la France, l’ancienne puissance coloniale, il a déclaré qu’il se trouvait dans un “endroit sûr pour protéger (sa) vie”.Madagascar, île à la population très pauvre, a une longue histoire de soulèvements populaires suivis par la mise en place de gouvernements militaires de transition.Au moins 80% des 32 millions d’habitants de Madagascar vivent avec moins de 15.000 ariary par jour (2,80 euros), le seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale.

A Chicago, ville de Léon XIV, les catholiques affligés par les descentes antimigrants

Le père Brendan Curran connaît beaucoup de catholiques à Chicago qui étaient favorables au retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Mais aujourd’hui, ils regardent horrifiés les descentes de la police de l’immigration dans leur ville, un effroi partagé par le pape Léon XIV.”Ils sont presque tous en état de choc. “Ils n’ont pas signé pour ça”, dit à l’AFP le frère dominicain.Le président américain mène depuis janvier une campagne musclée contre ce qu’il qualifie d’immigration clandestine, évoquant une “invasion” du pays par des “criminels venus de l’étranger” et communiquant abondamment sur les expulsions. Dans la troisième ville du pays qualifiée de “zone de guerre” par le milliardaire républicain, des catholiques tentent de résister alors que le pape Léon XIV, un natif de Chicago, a lui-même critiqué la politique migratoire du gouvernement.Faisant référence à l’opposition de l’Église à l’avortement – un point commun entre les républicains de Donald Trump et de nombreux catholiques-, le premier Américain à diriger l’Eglise catholique a évoqué le “traitement inhumain des migrants aux Etats-Unis”, demandant s’il était “pro-vie”. Environ 30% de la population de Chicago est d’origine latino ou hispanique, dont de nombreux catholiques. Pour Arielle Santoyo, qui tient une boutique de vêtements à Little Village, un quartier très latino, la déception causée par la réalité de l’administration de Donald Trump est à la hauteur des espoirs suscités par sa candidature.-  Malaise -Ses promesses, en particulier sur l’avortement, “plaisent à beaucoup de gens” dans sa communauté, dit-elle. Mais ils ne veulent pas des arrestations souvent violentes de migrants par des hommes masqués en civil.”C’est ce que nous ressentons souvent de la part (…) d’amis qui ont voté pour Trump, de membres de ma famille (…) qui disent: +Je n’aurais jamais pensé que ça arriverait+”.Les images des agents de la police fédérale de l’immigration (ICE) pourchassant des migrants, les jetant dans des fourgons et aspergeant les manifestants de gaz lacrymogène plaisent à de nombreux trumpistes.Mais chez les fidèles, en particulier catholiques, le malaise est de plus en plus visible. “En tant qu’Eglise, que chefs religieux et que fidèles, nous avons totalement le droit d’exprimer notre opinion sur les politiques d’immigration des Etats-Unis. Et à l’heure actuelle, nous sommes en opposition complète avec la politique fédérale de la Maison Blanche”, déclare le père Curran.Le pasteur Gary Graf a entrepris une marche symbolique de 1.300 kilomètres de la maison d’enfance du pape Léon jusqu’à la statue de la Liberté à New York pour protester contre les politiques de Trump.Le week-end dernier, des centaines de fidèles ont participé à une marche eucharistique, entre une église catholique et les locaux de ICE dans la banlieue de Chicago pour tenter en vain de communier avec des migrants détenus.- “Cruauté”-“Notre mission en tant qu’Eglise est menacée”, poursuit le père Curran. “Lorsque nous parlons de nourrir les affamés, d’habiller ceux qui sont nus, d’héberger les sans-abri, et que c’est considéré comme un crime fédéral, notre pays va mal”.Le religieux a assisté à une cérémonie de prières devant les locaux d’ICE. Alors qu’un hélicoptère vrombissait au-dessus de leurs têtes, deux dizaines de fidèles catholiques ont récité le rosaire.L’un d’eux a expliqué à l’AFP prier pour que les autorités “continuent d’ouvrir leur esprit et leur coeur” et fassent preuve d’empathie. Parmi eux, Royal Berg, un avocat spécialisé dans l’immigration, assure que les politiques d’expulsions massives de migrants “ne sont pas américaines”.”Le pape appelle à la compassion. Ce que je vois à Washington, c’est de la cruauté”, dit-il encore à l’AFP.Les partisans de Trump, parmi lesquels figurent des catholiques tels que le vice-président JD Vance et la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt, rejettent ces accusations. Certains des soutiens d’extrême droite de Trump accusent Léon XIV d’être “woke”. “Il est anti-Trump, anti-MAGA, pro-frontières ouvertes et totalement marxiste, comme le pape François”, a asséné sur X l’influenceuse Laura Loomer, qui a l’oreille du président.