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Madagascar: le nouvel homme fort dément avoir fait un “coup d’Etat”, Rajoelina confirme sa fuite

A la veille de son investiture à la tête de Madagascar, le colonel Michaël Randrianirina a assuré jeudi que le renversement du président Andry Rajoelina, intervenu après sa fuite confirmée à l’étranger et le ralliement de l’armée aux manifestants, n’était “pas un coup d’État”.Dans les rues d’Antananarivo, capitale de cette île pauvre et touristique de …

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Madagascar: le nouvel homme fort dément avoir fait un “coup d’Etat”, Rajoelina confirme sa fuite

A la veille de son investiture à la tête de Madagascar, le colonel Michaël Randrianirina a assuré jeudi que le renversement du président Andry Rajoelina, intervenu après sa fuite confirmée à l’étranger et le ralliement de l’armée aux manifestants, n’était “pas un coup d’État”.Dans les rues d’Antananarivo, capitale de cette île pauvre et touristique de l’océan Indien, l’heure est la fête depuis mercredi, l’armée invisible, et la vie quotidienne a repris son cours, sans les barrages qui bloquaient la ville depuis le début des manifestations le 25 septembre.”Un coup d’État, c’est quand les soldats entrent dans le palais présidentiel avec des armes, qu’ils tirent, qu’il y a du sang… Ce n’est pas un coup d’État”, a affirmé à la presse le colonel Michaël Randrianirina, 51 ans, qui doit prêter serment vendredi en tant que “président de la refondation de la République de Madagascar”, selon un décret.Sa désignation à la présidence par la plus haute juridiction du pays prouve d’après lui qu’il n’a “pas pris le pouvoir”. “On m’a donné le pouvoir, on m’a transféré le pouvoir, c’est différent.”, a insisté le militaire lors d’un deuxième point presse jeudi depuis son bureau au siège de son unité militaire, le Capsat.Le secrétaire général de l’ONU pourtant “condamne le changement inconstitutionnel de gouvernement à Madagascar” dans un communiqué jeudi de son porte-parole qui “appelle au rétablissement de l’ordre constitutionnel et de l’état de droit”.L’Union africaine, après avoir déjà suspendu le pays de ses instances, a annoncé jeudi l’envoi d’une délégation pour “soutenir le lancement d’un dialogue” qui soit “mené par les Malgaches et dirigé par des civils”.La veille, la France, ex-puissance coloniale, a jugé “essentiel que la démocratie, les libertés fondamentales et l’État de droit soient scrupuleusement préservés”.Lors du point presse, le colonel Randrianirina a précisé qu’il ne dissoudrait plus la quasi-totalité des institutions comme il l’avait déclaré mardi, après avoir annoncé: “on a pris le pouvoir”.- “Pas un régime militaire” -“On revient dans la loi, on respecte la loi”, a expliqué ce dernier, tout en émettant des doutes sur la possibilité d”organiser des élections dans un délai de soixante jours, comme le demande l’arrêt de la Haute cour constitutionnelle.Selon lui, la commission électorale comme les listes électorales ne sont “pas acceptées par tous”, raison pour laquelle le militaire avait annoncé auparavant prévoir un scrutin dans 18 à 24 mois.Seule rescapée de la table rase initialement annoncée, l’Assemblée nationale a élu jeudi un nouveau président, Siteny Randrianasoloniaiko qui était auparavant le chef de l’opposition.”Madagascar n’a pas choisi un régime militaire”, a assuré le nouvel homme fort du pays. “Le gouvernement appartient aux civils et le conseil présidentiel est aussi composé de militaires et de civils.”Il a d’ailleurs dit “souhaiter” l’incorporation de membres du collectif Gen Z, à l’origine des manifestations commencées le 25 septembre, disant les avoir “écouté plusieurs fois”.- “Quitté le pays” -Dans la nuit de mercredi à jeudi, l’entourage de l’ex-président Andry Rajoelina, destitué mardi par un vote de l’Assemblée nationale malgache, a confirmé pour la première fois que le président déchu avait “quitté le pays” entre le 11 et le 12 octobre. Ce départ est intervenu après que “des menaces explicites et extrêmement graves ont été proférées contre la vie du chef de l’État”, précise un communiqué de son entourage transmis à l’AFP dans la nuit.C’est la première fois qu’Andry Rajoelina reconnaît son départ depuis que la radio française RFI avait annoncé son exfiltration dimanche par un avion militaire français. Lors d’une allocution lundi, il avait dit s’être réfugié dans un “lieu sûr”, sans plus de précision.Au moins 22 personnes avaient été tuées et une centaine blessées au début des manifestations, d’après un bilan de l’ONU.Andry Rajoelina était lui-même arrivé au pouvoir en 2009 dans des conditions similaires, désigné par les militaires après un soulèvement populaire. Après un retrait de quatre ans, il s’était fait élire en 2018 et 2023 dans des conditions contestées.Madagascar, qui a une longue histoire de soulèvements populaires suivis par la mise en place de gouvernements militaires, reste l’un des pays les plus pauvres de la planète. Au moins 80% de ses 32 millions d’habitants vivent avec moins de 2,80 euros par jour, le seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale.

Trump et Poutine se parlent avant la venue de Zelensky à Washington

Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine ont entamé jeudi une “longue” conversation téléphonique, selon le président américain, qui recevra vendredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.”Je suis actuellement en conversation avec le président Poutine. La conversation est en cours, elle est longue et j’en rendrai compte, tout comme le président Poutine, à la fin”, a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social. Cet entretien se déroule à la veille d’une visite à la Maison Blanche du président ukrainien, qui vient demander à son homologue des missiles de croisière Tomahawk.Donald Trump avait indiqué auparavant qu’il entendait échanger avec le président russe avant de prendre une décision à ce sujet.Ces missiles américains permettraient à l’Ukraine de frapper loin à l’intérieur du territoire russe, et Moscou a d’ores et déjà averti qu’une livraison de ces armements à Kiev constituerait une “escalade” à ses yeux.Au moment où la Russie multiplie les frappes contre les infrastructures énergétiques en Ukraine, le Tomahawk sera le “sujet principal” de la rencontre avec Donald Trump vendredi, a dit jeudi à l’AFP un haut responsable ukrainien.Il a aussi évoqué les systèmes de défense antiaérienne Patriot, alors que les Ukrainiens craignent d’affronter l’hiver sans lumière ni chauffage.Le président américain laisse jusqu’ici planer le doute sur ses intentions.L’Ukraine “veut passer à l’attaque, je vais prendre une décision à ce sujet”, a-t-il déclaré mercredi.Dimanche, il a estimé que l’utilisation de Tomahawk par l’Ukraine serait “une nouvelle étape agressive.”- Frappes massives -Vladimir Poutine a lui averti que la livraison de ces missiles constituerait “une nouvelle escalade” et affecterait les relations entre Washington et Moscou.L’Ukraine est visée depuis une dizaine de jours par davantage d’attaques russes.Dans la nuit de mercredi à jeudi, la Russie a tiré une série de 320 drones et 37 missiles, selon l’armée de l’air ukrainienne, qui a souligné que 283 drones et cinq missiles avaient été abattus.Pour faire face à ces frappes massives, les Ukrainiens veulent renforcer l’efficacité de leurs défenses antiaériennes.La rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky permettra peut-être d’en savoir plus sur l’état d’esprit actuel du changeant président américain.Il avait récemment estimé, à la surprise générale, que l’Ukraine pouvait remporter le conflit, en saluant la résistance opposée depuis l’invasion russe de février 2022.Mais certains observateurs estiment que ces louanges pourraient signaler une volonté de désengagement du président américain, tenté de laisser le conflit suivre son cours.Donald Trump avait reçu Vladimir Poutine en Alaska en août 2015, pour un sommet qui n’avait débouché sur aucune avancée concrète.Le dirigeant républicain, qui se flatte d’avoir toujours eu une excellente relation avec le président russe, a quelque peu changé de ton récemment en se disant “très déçu” par con homologue.Il n’a toutefois pas exercé de pression significative sur la Russie depuis son retour au pouvoir.Vladimir Poutine “ne veut tout simplement pas mettre fin à cette guerre”, a lancé Donald Trump mardi.

Tirs dans un stade de Nairobi, l’hommage à Raila Odinga se mue en mouvement de panique

Des tirs des forces de sécurité kényanes ont brutalement transformé jeudi en mouvement de panique l’hommage à l’opposant historique Raila Odinga, décédé la veille en Inde, des dizaines de milliers de personnes évacuant un stade de Nairobi en quelques minutes.Sur la pelouse, un homme git visiblement grièvement blessé à la tête, selon une photo prise par un photographe de l’AFP. Des journalistes de l’AFP ont vu deux autres personnes blessées.Le bilan aurait pu être bien pire encore, alors que les forces de sécurité, dépassées, ont tiré pour disperser une foule nombreuse qui tentait de pénétrer dans la section VIP du stade de Kasarani, le plus grand de la capitale kényane, où la dépouille de Raila Odinga devait être montrée.L’AFPTV a filmé une foule prise totalement au dépourvu, couchée au sol, puis courant dans tous les sens, alors que des dizaines de coups de feu se faisaient entendre. Les images de l’AFP montrent aussi les forces de sécurité frapper à coups de bâton de jeunes hommes dans les tribunes.Des dizaines de milliers de Kényans s’étaient rassemblés jeudi après-midi dans l’enceinte sportive pour rendre hommage à cette figure politique du pays, cinq fois candidat malheureux à la présidentielle, notamment en 2022, et décédé en Inde à l’âge de 80 ans d’une probable crise cardiaque.La mort de ce combattant pour la démocratie, qui a passé huit ans en détention sous le régime autocratique d’Arap Moi, est un séisme pour les Kényans, tout particulièrement pour les Luos, qui voyaient en lui une sorte de figure paternelle vénérée. Elle laisse aussi un grand vide dans l’opposition kényane.Toute la journée des foules conséquentes ont accompagné l’arrivée au pays de la dépouille de “Baba” (papa), le surnom qui lui était affectueusement donné, débordant un dispositif sécuritaire visiblement mal calibré.  Après l’arrivée du corps vers 09H30 (06H30 GMT), l’autorité de l’aviation civile kényane (KCAA) avait dû suspendre temporairement les opérations de l’aéroport Jomo Kenyatta pour “rétablir l’ordre et assurer la sécurité” . Des personnes en deuil avaient accédé à des zones réglementées.- Foule considérable -Le cercueil de Raila Odinga, recouvert d’un drapeau kényan, devait ensuite être amené au Parlement kényan. Mais les milliers de personnes entourant le cortège avaient forcé les autorités à le rediriger vers le stade de Kasarani, ce qui avait créé d’importantes perturbations de circulation.Les télévisions kényanes avaient montré en début d’après-midi une foule considérable paralysant complètement la circulation sur les grands axes menant à l’enceinte sportive.Celle-ci a été d’abord envahie par un grand nombre de personnes endeuillées agitant des branchages, selon une tradition funéraire luo, avant d’être désertée peu avant 15H30 (12H30 GMT).”Pourquoi donc la police utilise-t-elle des gaz lacrymogènes et des balles pour disperser des gens en deuil ?”, s’est indignée sur X l’ancienne ministre Martha Karua, candidate à la prochaine présidentielle.La police a une image déplorable au Kenya, où elle est fréquemment accusée de violences disproportionnées contre la population.”La police est entraînée et aurait pu gérer la foule différemment”, a également commenté sur X le militant des droits humains Boniface Mwangi, regrettant qu’aucune “instruction” n’ait été communiquée à la foule. “La police kényane tire vite, et puis elle réfléchit”, a encore réagi cet autre candidat au scrutin de 2027.- Deuil national -Le président William Ruto a décrété sept jours de deuil national pour Raila Odinga. Jeudi après-midi, il s’est incliné dans un couloir du stade Kasarani face à la dépouille de son adversaire de la dernière présidentielle, qui l’avait accusé de fraude avant que les deux hommes ne s’allient politiquement.Après le chef de l’Etat, Ida Odinga, la veuve de l’opposant historique, s’est recueillie quelques instants son mari allongé dans un cercueil ouvert, le haut du corps recouvert d’un tissu orange, la couleur de son parti, et sur lequel avait été posé un large chapeau emblématique.Des milliers de personnes ont ensuite été autorisées à revenir dans le stade pour pouvoir se recueillir à leur tour sur le corps de leur héros.Des espaces de deuil publics ont été installés dans Nairobi avant une cérémonie nationale vendredi, aussi déclaré jour férié. La dépouille doit ensuite transférée dans l’ouest du Kenya, où M. Odinga est né, et où il bénéficiait d’un soutien populaire immense.La chaîne Citizen TV a montré qu’un grand nombre de personnes s’étaient également rassemblées à Bondo, le siège ancestral de la famille de M. Odinga dans l’ouest du Kenya, où il doit être enterré dimanche.

Madagascar: le nouvel homme fort dément avoir fait un “coup d’Etat”, Rajoelina confirme sa fuite

A la veille de son investiture à la tête de Madagascar, le colonel Michaël Randrianirina a assuré jeudi que le renversement du président Andry Rajoelina, intervenu après sa fuite confirmée à l’étranger et le ralliement de l’armée aux manifestants, n’était “pas un coup d’État”.Dans les rues d’Antananarivo, capitale de cette île pauvre et touristique de l’océan Indien, l’heure est la fête depuis mercredi, l’armée invisible, et la vie quotidienne a repris son cours, sans les barrages qui bloquaient la ville depuis le début des manifestations le 25 septembre.”Un coup d’État, c’est quand les soldats entrent dans le palais présidentiel avec des armes, qu’ils tirent, qu’il y a du sang… Ce n’est pas un coup d’État”, a affirmé à la presse le colonel Michaël Randrianirina, 51 ans, qui doit prêter serment vendredi en tant que “président de la refondation de la République de Madagascar”, selon un décret.Sa désignation à la présidence par la plus haute juridiction du pays prouve d’après lui qu’il n’a “pas pris le pouvoir”. “On m’a donné le pouvoir, on m’a transféré le pouvoir, c’est différent.”, a insisté le militaire lors d’un deuxième point presse jeudi depuis son bureau au siège de son unité militaire, le Capsat.Le secrétaire général de l’ONU s’est pourtant dit “profondément préoccupé par le changement inconstitutionnel de pouvoir”. Et la France, ex-puissance coloniale, a jugé “essentiel que la démocratie, les libertés fondamentales et l’État de droit soient scrupuleusement préservés”.Lors du point presse, le colonel Randrianirina a précisé qu’il ne dissoudrait plus la quasi-totalité des institutions comme il l’avait déclaré mardi, après avoir annoncé: “on a pris le pouvoir”.Le site du Capsat dans la capitale malgache a des airs de cour depuis la veille. Des centaines de visiteurs s’y pressent pour prodiguer des conseils.”On vient discuter avec le président sauveur de ce pays pour faire avancer Madagascar”, explique l’ancien sénateur Robert Razaka, en attente d’une éventuelle audience avec le “colonel Michaël”, comme il est affectueusement appelé dans la rue.- “Pas un régime militaire” -“On revient dans la loi, on respecte la loi”, a expliqué ce dernier, tout en émettant des doutes sur la possibilité d”organiser des élections dans un délai de soixante jours, comme le demande l’arrêt de la Haute cour constitutionnelle.Selon lui, la commission électorale comme les listes électorales ne sont “pas acceptées par tous”, raison pour laquelle le militaire avait annoncé auparavant prévoir un scrutin dans 18 à 24 mois.Seule rescapée de la table rase initialement annoncée, l’Assemblée nationale a élu jeudi un nouveau président, Siteny Randrianasoloniaiko qui était auparavant le chef de l’opposition.”Madagascar n’a pas choisi un régime militaire”, a assuré le nouvel homme fort du pays. “Le gouvernement appartient aux civils et le conseil présidentiel est aussi composé de militaires et de civils.”Il a d’ailleurs dit “souhaiter” l’incorporation de membres du collectif Gen Z, à l’origine des manifestations commencées le 25 septembre, disant les avoir “écouté plusieurs fois”.- “Quitté le pays” -Dans la nuit de mercredi à jeudi, l’entourage de l’ex-président Andry Rajoelina, destitué mardi par un vote de l’Assemblée nationale malgache, a confirmé pour la première fois que le président déchu avait “quitté le pays” entre le 11 et le 12 octobre. Ce départ est intervenu après que “des menaces explicites et extrêmement graves ont été proférées contre la vie du chef de l’État”, précise un communiqué de son entourage transmis à l’AFP dans la nuit.C’est la première fois qu’Andry Rajoelina reconnaît son départ depuis que la radio française RFI avait annoncé son exfiltration dimanche par un avion militaire français. Lors d’une allocution lundi, il avait dit s’être réfugié dans un “lieu sûr”, sans plus de précision.Au moins 22 personnes avaient été tuées et une centaine blessées au début des manifestations, d’après un bilan de l’ONU.Andry Rajoelina était lui-même arrivé au pouvoir en 2009 dans des conditions similaires, désigné par les militaires après un soulèvement populaire. Après un retrait de quatre ans, il s’était fait élire en 2018 et 2023 dans des conditions contestées.Madagascar, qui a une longue histoire de soulèvements populaires suivis par la mise en place de gouvernements militaires, reste l’un des pays les plus pauvres de la planète. Au moins 80% de ses 32 millions d’habitants vivent avec moins de 2,80 euros par jour, le seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale.

Procès Jubillar: pour éviter un “désastre” ou une “erreur judiciaire”, la défense plaide l’acquittement

Le procès de Cédric Jubillar pour le meurtre de sa femme Delphine est un “tapis rouge” déroulé à une “erreur judiciaire”, a plaidé jeudi après-midi Me Alexandre Martin, à la suite de son associée de la défense qui, face aux assises du Tarn, a fustigé la “chronique d’un désastre”.La cour n’a désormais plus qu’à entendre l’accusé, vendredi matin, à qui sera donné, comme le prévoit le code de procédure pénale, la possibilité de s’exprimer une dernière fois, avant de partir délibérer pour rendre un verdict attendu dans la journée. “Ce procès est vicié, c’est dérouler un tapis rouge à l’erreur judiciaire d’accepter même qu’il se tienne”, a affirmé l’avocat de M. Jubillar, avant de conclure à l’adresse des jurés: “Votre devoir vous dicte de l’acquitter”.Me Martin a estimé que cette affaire était devenue un “cimetière de certitudes”, avec des “indices” qui ne sont pas ceux “d’un crime” ou “d’une scène de crime”, mais ceux “d’un coupable annoncé sans crime, ni scène de crime”.D’une voix forte au ton solennel, Me Martin a décrit son client, contre lequel une peine de 30 ans de réclusion a été requise mercredi, comme un “homme seul, détruit”, victime “d’une conviction des gendarmes figée depuis le début”, soumis à une “meute accusatrice” et à un “acharnement médiatique”.Alors que sa consoeur Emmanuelle Franck avait dans la matinée décortiqué l’enquête, Me Martin s’est attaché à défendre l’accusé en évoquant sa “vie sans aucune caricature, sans aucun travestissement”.Un homme qui “gueule pour exister”, “qui veut qu’on l’aime”, a décrit l’avocat. “Il est chiant oui, il sait tout sur tout, lui, le gamin agité, il veut qu’on le regarde”, a énuméré Me Martin qui, au passage, a dénoncé le comportement de la mère de l’accusé.- “Plus de mère” -“Cédric, tu n’as plus de mère”, a ainsi lancé le conseil toulousain, ajoutant: “Je n’avais jamais vu une mère abandonner son fils” pour attaquer avec force le témoignage de Nadine Jubillar, partie civile dans cette procédure et qui n’a pas caché à la barre qu’elle pensait son fils capable d’avoir tué son épouse.Dans une plaidoirie d’environ trois heures, Me Martin a retracé le parcours personnel de son client et l’évolution du couple qu’il formait avec Delphine jusqu’aux semaines ayant précédé la nuit de la disparition de l’infirmière, entre le 15 et le 16 décembre 2020, réfutant le scénario d’un crime commis par un homme “dévoré par la passion”.Cédric Jubillar acceptait la perspective d’un divorce, même si c’était difficile, a soutenu son avocat, ironisant sur la volonté de l’accusation de transformer son client en Othello ou en Don José, en référence au mari jaloux de la tragédie de Shakespeare et au meurtrier de Carmen.”Ce soir-là, il faudrait imaginer que Cédric Jubillar va exploser et commettre un crime passionnel qui ne lui correspond nullement”, un scénario impossible selon Me Martin, tout comme pour Me Franck qui avait le matin fait remarquer que le “pétage de plomb” imaginé par l’accusation “est ce qu’on appelle un crime pulsionnel, un crime passionnel, celui qui laisse le plus de traces, parce qu’on ne contrôle rien, on éclabousse tout”.- “Cauchemar” -Or, il n’y a aucune trace, a insisté l’avocate qui a conclu sa plaidoirie de trois heures également, la voix un moment voilée par l’émotion pour demander aux jurés de mettre “fin à ce cauchemar”.A la barre, elle a longuement dénoncé le travail des enquêteurs, assénant: “Rien de pire que des gendarmes qui ont des certitudes de bonne foi mais qui, pour combler les vides, font des choses de mauvaise foi”.L’avocate a repris tous les éléments du dossier: l’attitude de Cédric Jubillar, le cri d’effroi entendu par les voisines, la téléphonie… jetant le discrédit sur chacun d’entre eux, tentant d’introduire le doute dans l’esprit des jurés en ponctuant ses affirmations d’un “ça colle pas”.”On fabule, on raconte une histoire, on essaie de faire rentrer des ronds dans des carrés”, a-t-elle accusé. “C’est bien beau de parler d’indices mais encore faut-il qu’ils s’imbriquent entre eux.””Vous êtes les derniers remparts de ce cirque judiciaire”, a-t-elle dit aux jurés. Vendredi, les trois magistrats et les six jurés devront rendre leur verdict selon leur intime conviction. Sept sur neuf doivent déclarer Cédric Jubillar coupable pour qu’il soit condamné. Si trois votent non coupable, il sera acquitté.

“Un venin mortel”: en Tunisie, une ville asphyxiée par un complexe chimique “délabré”

Ikram Aioua est emplie d’une colère froide. Depuis début septembre, son fils a été hospitalisé trois fois après avoir inhalé des gaz toxiques imputés à un complexe chimique vieillissant à Gabès, dans le sud de la Tunisie. Comme les proches de dizaines d’autres personnes intoxiquées, elle exige la fermeture de l’usine.Le complexe “est un venin …

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Pédocriminalité: l’Eglise néglige trop les victimes, selon un rapport du Vatican

Représailles “troublantes”, négligence, manque de transparence, lenteur: l’Eglise catholique souffre encore de sévères maux dans l’accompagnement des victimes de violences sexuelles en son sein, malgré des années d’efforts pour lutter contre ce fléau mondial, a révélé jeudi une commission du Vatican.Dans son deuxième rapport annuel, la commission pontificale pour la protection des mineurs pointe aussi du doigt la “résistance culturelle” freinant la lutte contre les violences dans de nombreux diocèses du monde, ainsi que “de grandes disparités” entre les régions.Pour la première fois, 40 victimes ont contribué à l’élaboration du document, certaines faisant état de pressions de la part des responsables de l’institution deux fois millénaire, plus de 20 ans après les premières révélations d’ampleur aux Etats-Unis.”Mon frère était séminariste. L’évêque a dit à ma famille que ma plainte  pouvait compromettre son ordination”, a raconté l’une d’elles, tandis qu’une autre a rapporté avoir vu sa famille publiquement excommuniée après avoir fait un signalement.”C’est un véritable cri que les victimes lancent: elle ne se sentent pas écoutées, pas accompagnées, parfois il n’y a pas de relation empathique, ni même de respect”, a relevé Mgr Luis Manuel Alí Herrera, secrétaire de la commission, lors d’une conférence de presse jeudi.Le document de 103 pages, présenté en septembre au pape Léon XIV, insiste sur les réparations, y compris financières, à garantir aux victimes, à travers un soutien psychologique et des excuses publiques, mais aussi sur l’importance de “communiquer publiquement les raisons” de la révocation d’un prêtre.- “Culture du silence” -Face aux “lacunes systémiques persistantes” de l’Eglise, ce rapport annuel se veut “comme un outil”, a déclaré dans un entretien à l’AFP l’archevêque français Thibault Verny, nommé en juillet président de cette commission par Léon XIV.”Les figures d’autorité au sein de l’Eglise qui ont commis ou permis des abus se sont peut-être considérées comme trop essentielles et importantes pour être tenues responsables. La réponse de l’Eglise aux abus ne doit pas reproduire les mêmes erreurs”, fustige le rapport.La commission, qui s’est penchée en 2024 sur les cas spécifiques d’une vingtaine de pays, met en lumière les “tabous culturels” et la “culture du silence” entourant ces violences, de Malte à l’Ethiopie en passant par le Mozambique ou la Guinée.Particulièrement épinglée, l’Italie, qui entretient des liens historiques avec le Vatican, montre “une résistance culturelle considérable à la lutte contre les abus”, note le document, alors que la péninsule est pointée du doigt pour son retard en la matière.Il reproche également aux évêques du pays de ne pas avoir suffisamment collaboré, seuls 81 diocèses sur 226 ayant répondu à un questionnaire d’enquête.Le groupe de recherche américain BishopAccountability a salué un rapport “constructif” tout en regrettant que la commission n’ait pas le pouvoir de “retirer les délinquants sexuels de leur ministère”.Les témoignages des victimes “sont particulièrement inquiétants”, a réagi dans un communiqué sa co-directrice, Anne Barrett Doyle. “Les évêques continuent de rejeter les victimes et de protéger le clergé accusé en toute impunité.”- “Sur la défensive” -Le pape François avait créé au début de son pontificat, en 2014, cette commission composée d’experts religieux et laïcs dans divers domaines comme le droit, l’éducation, la psychologie ou la psychiatrie.Après les multiples critiques sur son fonctionnement et la démission de plusieurs de ses membres, le pontife argentin l’avait intégrée en 2022 à la Curie romaine, le gouvernement du Saint-Siège, tout en demandant un rapport annuel sur les progrès réalisés. Elu en mai, son successeur Léon XIV “s’est très tôt saisi de cette mission grave et importante”, a confié Mgr Verny.En septembre, le pape américain avait évoqué dans une interview l’importance de protéger les prêtres victimes de fausses accusations, provoquant l’inquiétude des associations de victimes.”Il peut y avoir de fausses allégations. Force est de constater que c’est dans des proportions très, très faibles”, a précisé Mgr Verny en soulignant l’importance, pour l’Eglise, “de ne pas être constamment sur la défensive”.De 2013 jusqu’à sa mort en avril 2025, François a multiplié les mesures contre la multiplication des violences sexuelles mais le secret de la confession demeure absolu, et le clergé n’est pas obligé de dénoncer d’éventuels crimes auprès de la justice civile, sauf si les lois du pays l’y obligent.