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Madagascar: le colonel Randrianirina en passe d’être investi président

Trois jours seulement après la prise de pouvoir de son unité militaire à Madagascar, le colonel Michaël Randrianirina doit être investi vendredi “président de la refondation” de cette île de l’océan Indien.Le président renversé Andry Rajoelina ayant quitté le pays, le nouvel homme fort de Madagascar, qui réfute le terme de coup d’État, s’évertue à entourer sa prise de pouvoir de légalité.En deux années, ce militaire de 51 ans est passé d’une arrestation pour soupçon de tentative de coup d’État à une investiture imminente au poste suprême sans passer par les urnes.Hommes politiques, représentants du collectif Gen Z à l’initiative des manifestations ayant gagné le pays, influenceurs malgaches et délégations étrangères, dont celles des États-Unis, de l’Union européenne et de la France, représentée par son ambassadeur, ont rejoint vendredi matin le lieu de l’investiture, a constaté un journaliste de l’AFP.L’audience, dans un “esprit de sobriété”, doit se tenir à la Haute cour constitutionnelle, qui n’a pris que quelques heures mardi pour l’inviter à “exercer les fonctions de chef de l’État” après un vote de destitution visant Andry Rajoelina à l’Assemblée nationale, dissoute auparavant par le président déchu.Ce commandant du Capsat, unité qui avait déjà joué un rôle majeur dans le coup d’État de 2009 ayant porté Andry Rajoelina une première fois au pouvoir, doit prêter serment dans les murs de brique rouge du palais d’État d’Ambohidahy, à l’architecture Art nouveau française. La cérémonie doit débuter à 10H00 (7H00 GMT) et durer deux heures.Hasard, l’édifice toise l’entrée du tunnel du même nom – cette trouée qu’ont tenté de franchir des manifestations ayant embrasé la capitale malgache à partir du 25 septembre, d’abord pour demander la fin des coupures d’eau et d’électricité, puis pour contester le pouvoir d’Andry Rajoelina.Au moins 22 personnes ont été tuées et une centaine blessée au début du mouvement de protestation, d’après un bilan de l’ONU.- “Pas un coup d’État” -Les hommes du “colonel Michaël”, comme l’appelle affectueusement la rue, ont condamné la présidence d’Andry Rajoelina en ralliant samedi les protestataires qu’ils ont accompagnés vers le centre-ville. Le coup de grâce est tombé mardi quand cet ancien gouverneur du district d’Androy, dans le sud du pays, a annoncé avec son unité “prendre le pouvoir”.”Un coup d’État, c’est quand les soldats entrent dans le palais présidentiel avec des armes, qu’ils tirent, qu’il y a du sang… Ce n’est pas un coup d’État”, a-t-il assuré.Reste que l’ONU a déclaré qu’elle “condamne un changement inconstitutionnel de pouvoir” à la veille de la prestation de serment. Et l’Union africaine a suspendu Madagascar de ses instances.”La transition est désormais engagée”, a toutefois constaté jeudi depuis le Nigeria le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, appelant à la “pleine association des civils au processus en cours” avec l'”objectif” de “retour à la légalité”.L’entourage du président renversé Andry Rajoelina a confirmé que ce dernier avait “quitté le pays” entre le 11 et le 12 octobre en raison de “menaces explicites et extrêmement graves (…) proférées contre (s)a vie”. D’après la radio française RFI, il a été exfiltré dimanche par un avion militaire français.”On revient dans la loi, on respecte la loi”, a assuré jeudi le colonel Michaël Randrianirina, tout en émettant des doutes sur la possibilité d”organiser des élections dans un délai de 60 jours, comme le demande l’arrêt de la Haute cour constitutionnelle.Selon lui, la commission électorale comme les listes électorales ne sont “pas acceptées par tous”, raison pour laquelle le militaire avait annoncé auparavant prévoir un scrutin dans 18 à 24 mois. Un “processus de consultation pour trouver un Premier ministre le plus vite possible” est en cours, a-t-il dit.Madagascar, qui a une longue histoire de soulèvements populaires contre le pouvoir arbitrés par des militaires, reste l’un des pays les plus pauvres de la planète. Au moins 80% de ses 32 millions d’habitants vivent avec moins de 2,80 euros par jour, le seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale.

Accord pour des bateaux moins polluants: vote décisif sous pression américaine

Les pays membres de l’Organisation maritime internationale (OMI) se prononcent vendredi à Londres sur l’adoption d’un plan ambitieux visant à réduire la pollution des navires marchands, mais les Etats-Unis oeuvrent pour faire basculer le vote.L’adoption de ce texte, déjà approuvé en principe en avril, permettrait au secteur, extrêmement polluant, d’opérer un virage climatique historique en contraignant les navires à réduire progressivement leurs émissions dès 2028, jusqu’à décarbonation totale vers 2050.Le système envisagé “n’est pas parfait”, a reconnu Arsenio Dominguez, le secrétaire général de l’OMI, à l’ouverture du sommet de son organisation mardi. Mais “il fournit une base équilibrée.”Il vise à faire payer aux bateaux une sorte de taxe sur leurs émissions au-delà d’un certain seuil, en vue d’alimenter un fonds récompensant les navires à faibles émissions et soutenant les pays vulnérables au changement climatique.- Mesures de rétorsions -Les pays de l’Union européenne, le Brésil, la Chine, notamment, ont réitéré cette semaine leur soutien à l’adoption de ce “cadre net-zéro” (appelé aussi NZF).Les Etats insulaires du Pacifique, qui s’étaient abstenus en avril, jugeant la mesure insuffisante, ont finalement indiqué qu’ils étaient favorables à son adoption.Mais l’opposition est forte du côté des Etats-Unis, de l’Arabie saoudite, de la Russie et de nombreux autres pays producteurs de pétrole.Donald Trump a appelé à voter contre ce plan dans un nouveau message sur X jeudi.”Les États-Unis ne toléreront PAS cette arnaque verte mondiale sous forme de taxe sur le transport maritime et ne s’y conformeront d’aucune manière”, a-t-il affirmé. “Nous ne tolérerons pas d’augmentation des prix pour les consommateurs américains NI la création d’une bureaucratie verte pour dépenser VOTRE argent dans leurs rêves écologiques”, a poursuivi le président américain. Les Etats-Unis vont jusqu’à menacer les délégations qui voteraient pour le projet, avec des restrictions de visas pour les membres de leurs équipages, “des pénalités commerciales” ou “des frais portuaires supplémentaires”.Les pressions américaines pourraient affecter des “pays malheureusement plus sensibles à l’influence américaine et qui seraient touchés par ces rétorsions”, a reconnu une source européenne auprès de l’AFP.- Coup de théâtre -L’Argentine, qui s’était abstenue en avril, devrait ainsi s’opposer au NZF.D’autres pays comme les Philippines qui fournissent le premier contingent mondial de travailleurs du secteur, ou les îles des Caraïbes, dépendantes économiquement des croisières américaines, pourraient aussi faire évoluer leur position.Le vote pourrait donc être très serré, d’autant que les Etats-Unis ont préconisé cette semaine, dans un dernier coup de théâtre, de changer ses modalités afin de le faire capoter.Les nouvelles réglementations de l’OMI sont habituellement considérées comme acceptées sauf si un tiers de ses 176 membres (ou alors l’équivalent de la moitié de la flotte marchande mondiale) déclare s’y opposer – un processus connu sous le nom d'”acceptation tacite”.Washington propose pour sa part une “acceptation explicite”, qui inverserait les rôles et nécessiterait que deux tiers des nations optent officiellement pour l’adoption.Ce changement de procédure, dans laquelle pèsent les abstentionnistes, doit être examiné vendredi par l’OMI.Les principales associations et organisations maritimes se sont pour leur part déclarées favorables à l’adoption du NZF, dans un souci de lisibilité réglementaire.

Pauvre et exposé aux chocs climatiques: la double peine pour près de 900 millions de personnes

Près de 80% des pauvres dans le monde, soit près de 900 millions de personnes, sont en plus directement exposés à des aléas climatiques renforcés par le réchauffement de la planète, un “double fardeau” sur lequel alerte l’ONU vendredi.Canicule, sécheresses, inondations… “Personne n’est épargné par les impacts de plus en plus forts et fréquents du changement climatique (…), mais les plus pauvres d’entre nous sont le plus durement touchés”, commente Haoliang Xu, patron par intérim du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).Alors la COP30 au Brésil en novembre “doit être l’occasion pour les dirigeants mondiaux de considérer l’action climatique comme une action contre la pauvreté”, dit-il dans une déclaration écrite à l’AFP.Le PNUD et le centre de recherche Initiative d’Oxford sur la pauvreté et le développement humain (OPHI) publient chaque année l’Indice mondial de pauvreté multidimensionnelle, qui brasse désormais des données de 109 pays où vivent 6,3 milliards de personnes.Cet indice prend en compte des indicateurs comme la malnutrition, la mortalité infantile, mais aussi le manque de logements adéquats, de systèmes d’assainissement, d’électricité, ou d’accès à l’éducation.Selon leurs conclusions, 1,1 milliard de personnes vivaient en 2024 dans une pauvreté multidimensionnelle “aiguë”, dont la moitié de mineurs.Les chiffres, similaires à ceux de l’année précédente, témoignent également d’une tendance à la stagnation de cette pauvreté multidimensionnelle, illustrée dans le rapport par la famille de Ricardo.Membre de la communauté indigène guarani, il vit à Santa Cruz de la Sierra, en Bolivie, avec sa femme, ses trois enfants, ses parents, sa soeur divorcée et ses enfants. Au total 19 personnes, un seul petit logement, une seule salle de bain, des revenus rares, une cuisine au bois et au charbon, aucun enfant scolarisé.- Les 4 en une seule année -Deux régions sont particulièrement touchées par cette pauvreté: l’Afrique sub-saharienne (565 millions de pauvres) et l’Asie du Sud (390 millions), en outre très vulnérables aux impacts du changement climatique.Dans ce contexte, à quelques semaines de la COP30, le PNUD et l’OPHI ont voulu cette année mettre en lumière le “chevauchement” entre cette pauvreté et l’exposition à quatre risques environnementaux : chaleur extrême (au moins 30 jours dépassant 35°C), sécheresse, inondations et pollution de l’air (concentration de particules fines). Résultat, 78,8% de ces populations pauvres (887 millions de personnes) sont exposés directement à au moins une de ces menaces, avec la chaleur extrême arrivant en tête (608 millions), devant la pollution (577), les inondations (465) et la sécheresse (207).651 millions sont exposés à au moins deux des risques, 309 millions à trois ou quatre risques, et 11 millions ont même déjà subi les quatre en une seule année.”La concomitance de la pauvreté et des aléas climatiques est clairement un problème mondial”, insiste le rapport.Et la multiplication des événements climatiques extrêmes menace les progrès de développement. Ainsi, l’Asie du Sud a prouvé son “succès” en matière de lutte contre la pauvreté mais, avec 99,1% de sa population pauvre exposée à au moins un aléa climatique, la région “doit une fois encore tracer un nouveau chemin, équilibrant réduction déterminée de la pauvreté et action climatique innovante”.Alors que le climat actuel est réchauffé d’environ 1,4°C déjà par rapport au XIXe siècle, la situation risque encore de s’aggraver et les projections estiment par exemple que les pays les plus pauvres aujourd’hui sont ceux qui seront le plus frappés par l’augmentation des températures.”Face à ces pressions qui se chevauchent, il faut donner la priorité à la fois aux populations et à la planète, et surtout passer de la description à l’action rapide”, plaide le rapport.”Aligner réduction de la pauvreté, baisse des émissions, adaptation aux impacts et restauration des écosystèmes permet l’émergence et le développement de communautés résilientes, sans laisser personne au bord de la route, en particulier ceux en première ligne dans un monde qui se réchauffe”. 

Trois ans après le meurtre de Lola, l’accusée devant la cour d’assises de Paris

En 2022, le meurtre de Lola avait bouleversé l’opinion et enflammé la classe politique: trois ans après les faits, la cour d’assises de Paris doit juger, à partir de vendredi, Dahbia Benkired, accusée d’avoir violé, torturé et tué cette adolescente de 12 ans.Agée de 27 ans, elle répondra pendant six journées d’audience du meurtre et du viol de Lola, accompagnés d’actes de torture et de barbarie. La jeune femme encourt la réclusion criminelle à perpétuité.Le 14 octobre 2022, vers 16H40, plusieurs résidents d’un immeuble du 19e arrondissement de Paris l’avait aperçue dans leur hall d’entrée, chargée de valises et surtout d’une imposante malle recouverte d’une couverture.Une heure et demie plus tôt, elle apparaissait sur les bandes de vidéosurveillance de la résidence en train d’aborder une jeune adolescente, Lola Daviet, 12 ans, la fille du gardien de l’immeuble, qui rentrait du collège.Entre les deux séquences, l’enquête a reconstitué une scène de crime sordide: Dahbia Benkired a contraint la fillette à la suivre dans l’appartement qu’elle occupait – en fait celui de sa sœur -, lui a imposé des actes sexuels et l’a frappée à plusieurs reprises avec ciseaux et cutter. Enroulée d’adhésif, y compris sur l’ensemble du visage, la jeune Lola est morte d’asphyxie.L’accusée avait alors placé le corps de sa victime dans une malle trouvée dans l’appartement, avant d’entamer une fuite erratique. Au bar en bas de l’immeuble, alors qu’un client croit deviner un reste humain dans cet imposant bagage, elle affirme qu’elle “vend un rein”. A l’ami qu’elle appelle ensuite et qui consent à la ramener chez lui, en banlieue ouest, Dahbia Benkired ne donne en revanche aucune explication à ces lourds bagages – aucune charge n’a été retenue contre lui.Elle avait finalement décidé de retourner au domicile de sa sœur en VTC. Lorsque l’aînée distingue les restes humains, elle hurle, entraînant la panique de Dahbia Benkired qui constate en outre un énorme dispositif policier autour de l’immeuble. Elle prend la fuite, se réfugie chez un autre ami, où elle est interpellée le lendemain matin.- “Conduites manipulatoires” -Devant la cour d’assises, il s’agira notamment d’établir le mobile de ce crime sordide.Lors d’un premier interrogatoire, Dahbia Benkired avait d’abord montré son agacement de ne pas détenir de pass permettant d’appeler les ascenseurs – sa sœur ne lui avait donné que la clé de son appartement- et d’avoir essuyé le refus de la gardienne, la mère de Lola, de lui en fournir un.Elle a ensuite accusé un ex-conjoint d’être l’auteur des faits.Les enquêteurs se sont aussi interrogés sur des croyances autour de la sorcellerie, aiguillonnés par plusieurs recherches internet qu’elle avait effectuées quelques jours plus tôt. Pourquoi, en outre, les chiffres 1 et 0 écrits au vernis sur la voûte plantaire de chaque pied de sa victime? “Ça vous intéresse, la mort d’une petite? Pas moi”, avait répondu Dahbia Benkired.Si les experts ont relevé des “conduites manipulatoires”, l’accusée, grosse consommatrice de cannabis, ne souffre pas “d’une pathologie psychiatrique majeure”.Sans véritable domicile fixe ni activité professionnelle, elle apparaissait au moment des faits sombrer dans une grande précarité, point d’orgue d’une existence chaotique entre l’Algérie et la France, élevée un temps par des tantes peu aimantes avant une installation définitive en France en 2013.Selon une enquête de personnalité consultée par l’AFP, le décès de sa mère, en septembre 2020, avait été un “point de bascule”.L'”affaire Lola” avait déclenché une vague d’effroi dans l’opinion publique. La situation irrégulière en France de Dahbia Benkired, de nationalité algérienne, avait été mise en avant par la droite et l’extrême droite.Six mois après la présidentielle, le parti d’Eric Zemmour avait dénoncé un “francocide”, organisé une manifestation – la présence de l’ultradroite avait convaincu in extremis Jordan Bardella de ne pas y participer – et acheté les noms “ManifPourLola.fr” ou “JusticePourLola.fr”, au mépris de la famille de l’adolescente, qui avait réclamé qu’on n’utilise plus son nom.

Verdict au procès de Cédric Jubillar, après quatre semaines de débats

Epilogue d’un procès hors normes, la cour d’assises du Tarn dira vendredi si Cédric Jubillar est coupable ou non du meurtre de son épouse Delphine, dont le corps n’a pas été retrouvé depuis fin 2020.Le ministère public a requis 30 ans de réclusion criminelle à son encontre, ses avocats réclament son acquittement. Vendredi, à l’ouverture de l’audience à Albi, le peintre-plaquiste de 38 ans, qui clame son innocence, aura une dernière opportunité de s’exprimer devant la cour. Les trois magistrats et les six jurés se retireront ensuite pour délibérer, avec pour consigne que le doute doit profiter à l’accusé. Sept sur neuf doivent déclarer Cédric Jubillar coupable, pour qu’il soit condamné. Si trois d’entre eux votent “non coupable”, il sera acquitté.- Semer le doute -Invariablement, l’accusé, stoïque dans son box mais régulièrement secoué de mouvements nerveux, a martelé qu’il n’avait rien à voir avec la disparition de la mère de ses deux enfants, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines, près d’Albi. “Je conteste toujours les faits qui me sont reprochés”, a-t-il dit dès sa première prise de parole le 22 septembre, au premier jour du procès de quatre semaines. Et il n’aura pas dévié jusqu’à la fin.Lors de leurs plaidoiries, jeudi, ses avocats ont cherché à semer le doute dans l’esprit des jurés. Alors que parties civiles et avocats généraux estiment qu’un “pétage de plomb” de l’accusé a pu conduire au meurtre de l’infirmière de 33 ans, Emmanuelle Franck a affirmé: “Un pétage de plomb, c’est ce qu’on appelle un crime pulsionnel, un crime passionnel, celui qui laisse le plus de traces, parce qu’on ne contrôle rien, on éclabousse tout”. Or il n’y a aucune trace, a insisté l’avocate, adressant ses dernières salves aux enquêteurs et aux juges d’instruction.”Vous ne serez pas le jury du festival de Cannes qui vient récompenser le meilleur scenario”, a lancé aux jurés son confrère Alexandre Martin. Faute de preuves, les enquêteurs ont en effet, selon lui, imaginé “un faisceau d’indices” et bâti un scénario, qui vient conclure une instruction “à charge”.- Féminicide -Depuis le 16 décembre 2020, une “machine effrayante” s’est mise en marche, “quinze jours après la condamnation de Daval, cela ne peut être que le mari”, a fustigé Me Martin, en référence à la condamnation de Jonathann Daval pour un féminicide retentissant, jugé en novembre 2020.”La conviction des gendarmes dès le premier jour” a empêché la manifestation de la vérité et le procès, quatre ans et demi plus tard, n’a fait que dérouler un “tapis rouge à l’erreur judiciaire”, a-t-il plaidé.Pour les parties civiles et l’accusation, la culpabilité de Cédric Jubillar ne fait en revanche aucun doute. L’avocat général Pierre Aurignac a estimé que “pour défendre l’idée de l’innocence de M. Jubillar, il faut écarter quatre experts, faire taire 19 témoins et tuer le chien pisteur” qui a établi que la mère de famille n’a pas quitté son domicile la nuit de la disparition.”Le crime parfait attendra, a-t-il ajouté, le crime parfait, ce n’est pas le crime sans cadavre mais celui pour lequel on n’est pas condamné, et vous allez être condamné M. Jubillar”.Pour Me Laurent Boguet, avocat des enfants du couple, “il ne l’a pas seulement tuée, il l’a étranglée pour la faire taire, il l’a effacée en faisant disparaître le corps”.Pauline Rongier, avocate d’une amie de la disparue, a quant à elle demandé aux jurés de trouver le “courage” de condamner l’accusé malgré l’absence de corps. Dénigrement, “surveillance”, “violences sur les enfants”, elle décrit la “chape de plomb, la prison dans laquelle était Delphine”, ce “contrôle coercitif” qui, selon elle, précède la plupart des féminicides.Incarcéré en juin 2021, Cédric Jubillar est détenu à l’isolement à la prison de Seysses, près de Toulouse. Le prononcé de l’arrêt de la cour d’assises mettra fin aux quatre semaines de procès, au cours desquelles les jurés -deux femmes, quatre hommes- auront pu se forger une intime conviction.Quelle que soit la décision, elle fera l’objet d’un appel, ont fait savoir les parties. Et un nouveau procès se tiendra en 2026, probablement devant la cour d’appel de Toulouse.

Gaza: la Turquie envoie des équipes pour rechercher des dépouilles d’otages, avertissement de Trump

La Turquie a commencé à déployer des spécialistes jeudi pour aider à la recherche des corps ensevelis sous les décombres à Gaza, alors que Donald Trump a lancé un avertissement au Hamas après une série d’exécutions menées dans le territoire palestinien. Le président américain Donald Trump, à l’origine du plan destiné à mettre fin à deux ans de guerre, a menacé jeudi “d’aller tuer” les membres du Hamas si ce dernier “n’arrêtait pas de tuer des gens” à Gaza.Depuis l’arrêt des combats, le mouvement islamiste palestinien a étendu sa présence dans la bande de Gaza en ruines et revendiqué mardi dans une vidéo l’exécution d’hommes présentés comme des “collaborateurs” d’Israël.Le Hamas a réaffirmé “son engagement” envers la “mise en oeuvre” de l’accord de cessez-le-feu à Gaza négocié avec Israël sous l’égide des États-Unis, et s’est à nouveau engagé à “remettre tous les corps restants” des otages. Israël accuse le Hamas de violer l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre, qui prévoyait un retour de tous les otages, vivants et morts, avant lundi matin.Dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu, le Hamas a libéré dans les temps les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza, mais n’a remis depuis lundi que neuf dépouilles sur les 28 qu’il retient. Le Hamas soutient que ce sont les seuls corps auxquels il a pu accéder, disant avoir besoin d’un “équipement spécial” pour récupérer les autres dépouilles.Jeudi, la Turquie a annoncé envoyer des spécialistes pour participer aux recherches des corps ensevelis, “y compris des otages”. Quelque 80 de ces secouristes habitués des terrains difficiles, notamment des tremblements de terre, se trouvent déjà sur place, selon les autorités turques. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est à nouveau dit jeudi “déterminé” à ramener “tous les otages”, lors de la commémoration officielle du deuxième anniversaire de l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre ayant fait des dizaines de milliers de morts à Gaza.Il est sous pression des familles des otages, qui l’ont appelé “à cesser immédiatement la mise en œuvre de toute autre étape de l’accord” initié par le président américain Donald Trump tant que tous les corps ne sont pas rendus. La veille, son ministre de la Défense Israël Katz a menacé de reprendre l’offensive, “en coordination avec les États-Unis”, si “le Hamas refuse de respecter l’accord”.- “Ils creusent” -Donald Trump avait semblé appeler à la patience mercredi : “C’est un processus macabre (…) mais ils creusent, ils creusent vraiment” et “trouvent beaucoup de corps”, avait-il affirmé, interrogé par des journalistes sur le sujet.En échange du retour des dépouilles d’otages, Israël a remis au total 120 corps de Palestiniens, dont 30 jeudi à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les accès à Gaza – tous contrôlés par Israël – restent très restreints. Après le cessez-le-feu et la libération des otages, Israël doit en principe ouvrir à l’aide humanitaire le point de passage crucial de Rafah, entre l’Egypte et le territoire palestinien.Le chef de la diplomatie israélienne Gideon Saar a annoncé jeudi qu’il ouvrirait “probablement dimanche”.Fin août, l’ONU, qui réclame l’ouverture immédiate de tous les points de passage, a déclaré une famine dans plusieurs zones de Gaza, ce que conteste Israël.De retour dans les ruines de Gaza-ville, plusieurs habitants installent des tentes ou des abris de fortune au milieu des décombres, selon des images de l’AFP.”Nous sommes jetés à la rue. Il n’y a pas d’eau, pas de nourriture, pas d’électricité. Rien. Toute la ville de Gaza a été réduite en cendres”, déclare Mustafa Mahram.Le plan de Donald Trump, qui vise à mettre fin définitivement à la guerre dans la bande de Gaza, prévoit dans une première phase le cessez-le-feu, la libération des otages, un retrait israélien de plusieurs secteurs et l’acheminement de plus d’aide humanitaire dans le territoire dévasté.Puis, dans une étape ultérieure, notamment le désarmement du Hamas et l’amnistie ou l’exil de ses combattants et la poursuite du retrait israélien, des points qui restent sujets à discussion.L’attaque du 7 octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles.La campagne de représailles israélienne a fait 67.967 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.

Accalmie à la frontière entre Afghanistan et Pakistan après un cessez-le-feu

La frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan a retrouvé le calme jeudi, les deux pays respectant un cessez-le-feu approuvé la veille au terme de plusieurs jours d’affrontements ayant fait des dizaines de morts et ayant débordé jusqu’à Kaboul, théâtre d’explosions.D’après Islamabad, la trêve entrée en vigueur à 13H00 GMT mercredi doit durer 48H, le temps de “trouver une solution positive (…) par un dialogue constructif”.”La balle est dans le camp” des autorités talibanes, a affirmé jeudi le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif. Si, en 48 heures, elles “souhaitent résoudre les problèmes et répondre à nos véritables revendications, alors nous sommes prêts à les recevoir”, a-t-il dit, en dénonçant le fait que “des terroristes opèrent du côté afghan de la frontière avec impunité”.Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres – qui a salué le cessez-le feu – suit  “avec préoccupation” la situation, appelant les deux parties à mettre un terme aux hostilités “de façon durable”, d’après son porte-parole, Stéphane Dujarric.Les violences avaient débuté le week-end dernier, après de premières explosions à Kaboul et dans le sud-est de l’Afghanistan. Kaboul a alors décidé de lancer une offensive à la frontière, à laquelle le Pakistan a promis une “réponse musclée”.Islamabad a dit avoir visé des positions de talibans afghans et de groupes armés sur le sol afghan. Aux premiers jours des affrontements samedi et dimanche, seuls des combattants avaient été déclarés morts, par dizaines, dans les régions frontalières.Mais depuis des civils ont également été tués, selon des sources afghanes et l’ONU. Quarante sont morts et 170 ont été blessés mercredi à Spin Boldak, ville du sud de l’Afghanistan collée à la frontière, a déclaré à l’AFP Karimullah Zubair Agha, directeur de la Santé publique de cette région.- “Aucun tir” -De son côté, la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) a recensé en tout 37 civils tués et 425 blessés.Le long de la frontière, la trêve a été respectée jeudi.”Aucun tir n’a été recensé dans les districts frontaliers depuis hier soir (mercredi). Mais des troupes paramilitaires supplémentaires ont été déployées pour contrer toute opération du TTP (talibans pakistanais) qui pourrait compromettre le cessez-le-feu”, a déclaré à l’AFP un haut responsable sécuritaire pakistanais.Le calme est également revenu à Kaboul où, peu de temps avant l’annonce de cessez-le-feu mercredi, de nouvelles explosions avaient retenti.Des sources de sécurité pakistanaises ont indiqué que l’armée y avait visé un groupe armé avec “des frappes de précision”.Les autorités talibanes n’ont cette fois pas officiellement blâmé leur voisin. Elles ont fait état, sans détailler, de l’explosion d’une citerne de pétrole puis d’un transformateur électrique, provoquant des incendies. Mais sous couvert d’anonymat, un haut responsable taliban a indiqué à l’AFP que la deuxième explosion était le fait d’Islamabad, qui avait voulu “viser des civils”.Le porte-parole de la police de Kaboul, Khalid Zadran, a affirmé qu’il s’agissait de “frappes aériennes”, qu’il n’a pas attribuées.Aucun bilan officiel n’a été communiqué, mais l’ONG italienne Emergency, qui gère un hôpital dans la capitale, a dit avoir pris en charge 35 blessés et fait état d’au moins cinq morts.- “Vieille pratique” -Le gouvernement taliban avait décidé de lancer une offensive à la frontière en représailles aux premières explosions survenues dans la capitale afghane jeudi dernier.Elles avaient eu lieu alors que débutait une visite inédite du chef de la diplomatie talibane en Inde, ennemi historique du Pakistan. Le Premier ministre Sharif a suggéré jeudi que New Delhi était impliqué dans la confrontation, sans détailler.”C’est une vieille pratique du Pakistan d’accuser ses voisins pour ses propres échecs internes”, a déclaré la diplomatie indienne.L’escalade militaire s’inscrit dans des tensions bilatérales récurrentes, alimentées par des questions sécuritaires. Islamabad, confronté à une résurgence d’attaques contre ses forces de sécurité, accuse inlassablement son voisin afghan “d’abriter” des groupes “terroristes”, ce que Kaboul dément.