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Italie: une bombe explose sous la voiture d’un journaliste renommé, sorti indemne

Une bombe a fait exploser dans la nuit, sans faire de victime, la voiture d’un célèbre journaliste d’enquête italien, menacé par la mafia, provoquant vendredi l’indignation générale dans le pays.La voiture de Sigfrido Ranucci a été détruite, tandis que celle de sa fille et la façade d’une maison à proximité ont été endommagées par l’explosion qui s’est produite devant son domicile, à Pomezia une vingtaine de kilomètres au sud de Rome, selon son émission d’investigation, Report.”La puissance de l’explosion a été telle qu’elle aurait pu tuer si quelqu’un était passé à ce moment précis à côté”, ajoute ce programme de la télévision publique RAI, conduit par M. Ranucci. “Au moins un kilogramme d’explosif a été utilisé”, a déclaré M. Ranucci au quotidien Corriere della Sera. Une vidéo publiée par Report sur les réseaux sociaux montrait des tôles tordues et des vitres de voiture brisées.”J’ai reçu une liste infinie de menaces diverses, dont j’ai toujours informé la Justice, et sur lesquelles les membres de ma garde rapprochée ont toujours fait des rapports”, a déclaré Sigfrido Ranucci à l’agence Ansa après avoir porté plainte à Rome vendredi matin. Le journaliste, qui vit sous escorte policière depuis plusieurs années, avait notamment trouvé deux cartouches devant sa maison.”Ce qui s’est passé cette nuit représente une escalade inquiétante”, a poursuivi le journaliste. “Je me sens néanmoins tranquille dans le sens où l’Etat et les institutions m’ont toujours soutenu ces derniers mois.”Selon le témoignage d’une voisine, l’explosion a été tellement forte qu’elle a fait trembler les vitres et tomber des tableaux accrochés aux murs de sa maison. Le parquet anti-mafia de Rome s’est saisi de l’enquête.- Menaces systématiques -Cette explosion nocturne a suscité un déluge de condamnations vendredi.La cheffe du gouvernement ultraconservateur Giorgia Meloni a exprimé dans un communiqué sa “pleine solidarité” au journaliste et a “fermement condamné le grave acte d’intimidation”. Dans le classement 2025 de Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de la presse, l’Italie occupe une peu reluisante 49e place.Les journalistes qui enquêtent sur le crime organisé et la corruption sont systématiquement menacés et parfois victimes de violences physiques en raison de leur travail d’investigation, ajoute RSF. Une vingtaine de journalistes vivent actuellement sous protection policière permanente après avoir été la cible d’intimidations et d’agressions. “Nous condamnons fermement l’acte d’intimidation qui a visé le journaliste d’investigation Sigfrido Ranucci, l’attaque la plus grave contre un reporter italien ces dernières années”, a déclaré RSF à l’AFP.Dans une émission de 2021, M. Ranucci raconte comment un ex-détenu lui a dit que des chefs mafieux incarcérés “avaient donné l’ordre de [le] tuer (…) mais ça été stoppé”. “J’ai donné l’ordre de renforcer au maximum toutes les mesures concernant sa protection”, a écrit sur X le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi.”Un attentat contre un journaliste est un attentat contre l’Etat”, a commenté de son côté le ministre de la Justice Carlo Nordio sur la chaîne SkyTG24.- “Cible” -“C’est lié à un climat (général, ndlr) que nous acceptons”, où un journaliste peut “devenir une cible”, a commenté sur Instagram le journaliste Roberto Saviano, auteur de livres-enquêtes sur la mafia et qui vit lui aussi en Italie sous escorte. “Continuer à dire les faits, aujourd’hui, est un acte de résistance civile.”M. Ranucci, 64 ans, travaille pour la RAI depuis 1989. Il a réalisé de nombreuses enquêtes sur la mafia et le trafic illégal de déchets et a remplacé en 2017 à la tête de Report la créatrice de l’émission, Milena Gabanelli.”Ca ne signifie qu’une chose: +cher Sigfrido, chez Report vous ne devez plus vous occuper de nos affaires”, a commenté Milena Gabanelli auprès de l’agence Adnkronos. Mais ceux qui ont posé cette bombe “se sont trompés de cible”, a-t-elle poursuivi. “Cette équipe ne se laisse pas intimider.”M. Ranucci avait récemment annoncé la nouvelle saison de Report, prévue pour débuter le dimanche 26 octobre et qui parlera, entre autres, de la ‘Ndrangheta, la puissante mafia calabraise et de Cosa Nostra.

Le colonel Randrianirina investi président de Madagascar

Le colonel Michaël Randrianirina a été investi vendredi président de Madagascar, quelques jours après la prise de pouvoir par son unité militaire, qui a poussé l’ex-dirigeant Andry Rajoelina à fuir.Michaël Randrianirina, 51 ans, chef d’une unité de l’armée, le Capsat, qui s’est mutinée et jointe aux manifestants antigouvernementaux le week-end dernier, avait annoncé la prise de pouvoir par les militaires mardi après la destitution d’Andry Rajoelina par l’Assemblée nationale.”Le jour d’aujourd’hui marque un tournant historique pour notre pays”, a-t-il déclaré après sa prestation de serment à la Haute cour constitutionnelle à Antananarivo, la capitale devant une multitude d’écharpes d’élus et de képis ainsi qu’à l’étage des représentants de la Gen Z et des influenceurs s’étant joints à la lutte.”Nous allons travailler main dans la main avec toutes les forces vives de la nation afin d’élaborer une belle Constitution de la République et se concerter sur de nouveaux textes électoraux sur l’organisation des élections et référendums”, a-t-il assuré. “Notre mission principale est de réformer en profondeur les systèmes administratifs, socio-économiques et politiques de gouvernance du pays”.Il a remercié les jeunes du mouvement Gen Z d’avoir été à la pointe des manifestations et affirmé que l’armée était intervenue à la demande de la Haute cour pour “éviter l’anarchie et le désordre”. Sur le perron face aux médias, il a assuré que les jeunes seraient “consultés avant la nomination du nouveau premier ministre”.Plusieurs délégations étrangères ont assisté à la cérémonie, dont celles des États-Unis, de l’Union européenne, de la Russie et de la France, l’ex-puissance coloniale, dont l’ambassadeur s’est borné à de multiples “pas de commentaire”.”Le dialogue est en cours avec la communauté internationale et leur présence nombreuse ici témoigne qu’ils respectent la souveraineté nationale”, a-t-il estiméQuelques dizaines de personnes s’étaient rassemblées vendredi matin devant la Haute cour constitutionnelle, espérant apercevoir le nouveau président.”On est heureux de pouvoir espérer du changement. On espère mais on verra”, s’est réjouie Faniry Randrianaridoa, une commerçante. “Ce n’est pas un caprice de vouloir de l’eau et de l’électricité”, tranche-t-elle en référence à la revendication initiale des manifestations commencées le 25 septembre.Sous le feu de critiques à l’international, dont celles de l’ONU, le nouvel homme fort de Madagascar, qui réfute tout coup d’État, s’évertue à entourer sa prise de pouvoir de légalité.Il a promis des élections d’ici 18 à 24 mois, même si la plus haute juridiction du pays lui a donné un délai de 60 jours, et il a assuré jeudi que le pays ne serait pas dirigé par un régime militaire car “le gouvernement appartient aux civils”.Pour la cérémonie de vendredi, il avait troqué son uniforme pour un costume et s’est adressé aux délégations étrangères en français, les invitant à “accompagner Madagascar dans le processus de pilotage et de mise en œuvre de la refondation nationale”. Selon la presse locale, il a rencontré jeudi une délégation russe.L’Union européenne a appelé vendredi à un dialogue entre “toutes les parties” afin de renouer “avec les valeurs démocratiques”.L’Union africaine et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont prévu d’envoyer des missions d’enquête sur l’île et appelé au respect de la démocratie constitutionnelle.- L’ex-président en fuite -Les partisans d’Andry Rajoelina ont condamné le soutien de la Haute cour constitutionnelle au commandant du CAPSAT, le jugeant entaché d’illégalités procédurales.Faute de recours possible légalement, une requête a tout de même été déposée auprès de la HCC, a indiqué à l’AFP sa conseillère Lova Rinel Rajaoarinelina. “C’est une requête pour avoir des explications sur chaque point, prouver que ce sont des institutions vérolées et donner des arguments juridiques aux médiateurs pour démontrer l’incohérence”, explique-t-elle.Les forces gouvernementales ont été accusées de répression violente contre les manifestants, avec au moins 22 morts et une centaines de blessé selon l’ONU, jusqu’à ce que le CAPSAT annonce le 11 octobre qu’il refuserait de tirer sur eux.Cette mutinerie a marqué un tournant, l’unité ayant été célébrée par les protestataires qui espèrent désormais un rôle dans la nouvelle administration.Madagascar est la dernière de plusieurs anciennes colonies françaises passées sous contrôle militaire depuis 2020, après des coups d’État au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Gabon et en Guinée.A Madagascar, il s’agit de la troisième transition militaire depuis son indépendance de la France en 1960, après les coups d’État de 1972 et 2009.Le pays, situé au large du Mozambique, est un des plus pauvres au monde malgré une abondance de ressources naturelles et sa riche biodiversité attirant le tourisme.Au moins 80% de ses 32 millions d’habitants vivent avec moins de 2,80 euros par jour, le seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale.Andry Rajoelina est le troisième dirigeant malgache renversé à fuir le pays. Avant lui, Didier Ratsiraka était parti pour la France en 2002 après des violences post-électorales et Marc Ravalomanana s’était envolé pour l’Afrique du Sud en 2009.

Le colonel Randrianirina investi président de Madagascar

Le colonel Michaël Randrianirina a été investi vendredi président de Madagascar, quelques jours après la prise de pouvoir par son unité militaire, qui a poussé l’ex-dirigeant Andry Rajoelina à fuir.Michaël Randrianirina, 51 ans, chef d’une unité de l’armée, le Capsat, qui s’est mutinée et jointe aux manifestants antigouvernementaux le week-end dernier, avait annoncé la prise …

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Caracas déploie l’armée près de la Colombie, Washington frappe des trafiquants présumés

Des dizaines de milliers de soldats vénézuéliens étaient déployés vendredi près de la frontière colombienne, pendant que Washington frappait de nouveau des trafiquants de drogue présumés dans les Caraïbes, nouvel épisode de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela.Pour la première fois depuis début septembre et le déploiement de navires de guerre américains dans la zone, la dernière frappe a laissé des survivants, selon des médias américains.La crise, qui menace d’entraîner les deux pays dans la guerre, provoque de part et d’autre des soubresauts au coeur des appareils d’Etat.Aux Etats-Unis, l’amiral chargé de superviser les frappes a annoncé jeudi sa retraite prochaine, après seulement un an en poste. Et au Venezuela, la vice-présidente Delcy Rodriguez a dû nier des informations de presse l’accusant d’avoir négocié avec Washington une éviction du président Nicolas Maduro.Depuis quelques temps, bruits de bottes et propos acerbes se multiplient. Les États vénézuéliens de Tachira et Amazonas ont annoncé jeudi le déploiement de patrouilles et des procédures de contrôle aux passages frontaliers avec la Colombie. Dans le Tachira, où se trouvent les trois principaux ponts reliant les deux pays, l’armée s’est déployée autour du pont Simon Bolivar, qui relie les villes colombiennes de Cucuta et Villa del Rosario à la ville vénézuélienne de San Antonio, a constaté l’AFP.Selon le commandant de la Zone opérationnelle de Défense intégrée (Zodi) de Tachira, le général Michell Valladares, pas moins de 17.000 soldats ont été déployés. Dans l’État d’Amazonas, qui borde le Brésil au sud, les militaires s’organisent pour protéger “les entreprises stratégiques” et “les services de base”. L’objectif est d’assurer l’intégration du “peuple en armes”, selon le chef de la zone de défense locale, le général Lionel Sojo.La crise couve depuis que Washington a déployé sept navires de guerre dans les Caraïbes et un dans le Golfe du Mexique, dans le cadre d’une opération présentée comme destinée à lutter contre le narcotrafic. – “Guerre psychologique” -Donald Trump accuse le président vénézuélien d’implication directe dans les trafics, ce qu’il dément formellement. L’arrestation de Nicolas Maduro, inculpé par la justice américaine, fait l’objet d’une prime de 50 millions de dollars.Le président américain, qui a indiqué cette semaine avoir autorisé des opérations clandestines de la CIA sur le territoire du Venezuela, a fait part d’au moins cinq frappes sur des bateaux de trafiquants présumés depuis début septembre, faisant au moins 27 morts.Une sixième opération a eu lieu jeudi. Elle a laissé “pour la première fois des survivants” à bord, selon des télévisions comme CBS, CNN et NBC, citant des responsables américains. Le Pentagone n’a pas immédiatement répondu aux questions de l’AFP.L’amiral Alvin Holsey a de son côté annoncé qu’il allait quitter son poste de commandement des forces américaines pour l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale le 12 décembre pour “prendre sa retraite de la Marine”, sur le réseau social X, sans autres explications, après “plus de 37 ans” dans l’armée.Il rejoint une longue liste de hauts responsables militaires américains évincés ou partis depuis le début du second mandat de Trump à la Maison Blanche, en janvier. Les récents propos de Donald Trump sur les opérations de la CIA ont scandalisé Caracas, qui s’est insurgé contre “les coups d’Etat fomentés” par la principale agence américaine de renseignement extérieur.Mais le journal américain Miami Herald a affirmé jeudi, sans citer de sources, que la vice-présidente Delcy Rodriguez et son frère Jorge négociaient avec Washington pour évincer Nicolas Maduro en échange de leur maintien au pouvoir.Le Miami Herald soutien que Mme Rodriguez discuterait par l’intermédiaire du Qatar, qui a déjà servi de médiateur pour des échanges de prisonniers entre les deux pays.”FAKE !! Un autre média qui s’ajoute au dépotoir de la guerre psychologique contre le peuple vénézuélien. Ils n’ont ni éthique ni morale et favorisent exclusivement le mensonge et la charogne”, a réagi Mme Rodriguez sur la messagerie Telegram.”La révolution bolivarienne compte sur un haut commandement politico-militaire uni autour de la volonté du peuple”, a-t-elle ajouté, publiant une photo d’elle et du président.Lundi, la prix Nobel de la paix 2025 Maria Corina Machado s’était pour sa part déclarée convaincue, lors d’un entretien par visioconférence avec l’AFP, que Maduro devrait partir, “avec ou sans négociation”.