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Avocats, journalistes, manifestants: la Turquie durcit la répression

Les autorités turques accentuent la répression pour tenter d’éteindre la contestation déclenchée le 19 mars par l’incarcération du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, procédant à des centaines d’arrestations de manifestants, de journalistes et d’avocats.Vendredi, M. Imamoglu, principal rival du président Recep Tayyip Erdogan, a annoncé l’arrestation de son principal avocat, remis en liberté plus tard dans la journée sous contrôle judiciaire.”Cette fois c’est mon avocat Mehmet Pehlivan qui a été arrêté pour des motifs inventés de toutes pièces”, avait annoncé sur X le maire d’Istanbul, figure de l’opposition démis dimanche de ses fonctions et incarcéré pour “corruption”.”Comme si la tentative de coup d’État contre la démocratie ne suffisait pas, ils ne peuvent tolérer que les victimes de ce coup d’État se défendent”, a-t-il ajouté.Le syndicat des journalistes (TGS) a annoncé de son côté l’arrestation à l’aube de deux reporters de médias de gauche critiques du pouvoir, confronté à une contestation inédite depuis le grand mouvement de Gezi en 2013, parti de la place Taksim d’Istanbul.”Laissez les journalistes faire leur travail. Arrêtez ces détentions illégales”, s’est insurgé le syndicat.Un journaliste suédois, Joakim Medin, arrêté jeudi à son arrivée en Turquie où il devait couvrir les manifestations secouant le pays, a été placé en détention, a indiqué le rédacteur en chef de son journal Dagens UTC, Andreas Gustavsson, vendredi soir à l’AFP.- “Arrestations arbitraires” -Le gouvernement turc a annoncé jeudi près de 2.000 arrestations depuis le 19 mars, lors de manifestations interdites par les autorités. Parmi les personnes arrêtées, 260 avaient été incarcérées jeudi, selon le ministère de l’Intérieur.De très nombreux manifestants, jeunes en majorité, ont été interpellés chez eux ou lors des rassemblements et envoyés en prison, selon des avocats.C’est entre autres le cas d’un étudiant en économie de 23 ans que l’AFP avait rencontré sur son campus à Istanbul, a annoncé une de ses amies à l’AFP en faisant part de “nombreuses arrestations” parmi leurs camarades.”Ces arrestations sont arbitraires”, a déclaré à l’AFP Musa Akyol, le père d’un étudiant de 21 ans arrêté dimanche à Istanbul et incarcéré depuis mercredi, se disant inquiet pour “tous ces jeunes qui ne rêvent que d’une Turquie meilleure”.Selon le barreau d’Istanbul, vingt mineurs ont été arrêtés entre le 22 et le 25 mars, dont sept étaient toujours détenus vendredi.Des députés du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale force de l’opposition à laquelle appartient le maire emprisonné d’Istanbul, ont fait état de témoignages de jeunes et de mineurs affirmant avoir été “maltraités” par la police.- “Incitation à la haine” -Malgré tout, des étudiants se sont encore mobilisés vendredi à Ankara, lors d’un rassemblement dans un grand parc de la capitale, selon des images de médias turcs. A Istanbul, la police, qui encercle les manifestants et les filme, a exigé lors de plusieurs rassemblements ces derniers jours de voir leurs visages pour les laisser passer, a constaté l’AFP.Plusieurs manifestants, qui dissimulaient leurs visages de peur d’être identifiés par la police, ont été embarqués devant les journalistes.Face à la réponse policière, des groupes d’étudiants maintiennent leurs appels au boycott des cours, parfois sous la menace d’être expulsés par leur établissement.Le ministre de la Justice Yilmaz Tunç a justifié la vague d’arrestations par “la violence” dont ont fait preuve, selon lui, les personnes arrêtées.Dans l’enquête pour corruption qui vaut au maire et à plusieurs dizaines d’autres personnes d’être emprisonnées, le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé que “d’autres gros radis (allaient) sortir du sac”, laissant présager de nouvelles enquêtes et de nouvelles arrestations.Mais les autorités ciblent toutes les voix qu’elles jugent critiques: le Haut conseil turc de l’audiovisuel a imposé jeudi dix jours d’interruption de programmes à Sözcü TV, une chaîne proche de l’opposition, pour “incitation à la haine et à l’hostilité”, annonçant en avoir sanctionné trois autres.Les autorités ont également expulsé jeudi un journaliste de la BBC, Mark Lowen, venu couvrir les manifestations dans le pays.

Avocats, journalistes, manifestants: la Turquie durcit la répression

Les autorités turques accentuent la répression pour tenter d’éteindre la contestation déclenchée le 19 mars par l’incarcération du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, procédant à des centaines d’arrestations de manifestants, de journalistes et d’avocats.Vendredi, M. Imamoglu, principal rival du président Recep Tayyip Erdogan, a annoncé l’arrestation de son principal avocat, remis en liberté plus tard dans la journée sous contrôle judiciaire.”Cette fois c’est mon avocat Mehmet Pehlivan qui a été arrêté pour des motifs inventés de toutes pièces”, avait annoncé sur X le maire d’Istanbul, figure de l’opposition démis dimanche de ses fonctions et incarcéré pour “corruption”.”Comme si la tentative de coup d’État contre la démocratie ne suffisait pas, ils ne peuvent tolérer que les victimes de ce coup d’État se défendent”, a-t-il ajouté.Le syndicat des journalistes (TGS) a annoncé de son côté l’arrestation à l’aube de deux reporters de médias de gauche critiques du pouvoir, confronté à une contestation inédite depuis le grand mouvement de Gezi en 2013, parti de la place Taksim d’Istanbul.”Laissez les journalistes faire leur travail. Arrêtez ces détentions illégales”, s’est insurgé le syndicat.Un journaliste suédois, Joakim Medin, arrêté jeudi à son arrivée en Turquie où il devait couvrir les manifestations secouant le pays, a été placé en détention, a indiqué le rédacteur en chef de son journal Dagens UTC, Andreas Gustavsson, vendredi soir à l’AFP.- “Arrestations arbitraires” -Le gouvernement turc a annoncé jeudi près de 2.000 arrestations depuis le 19 mars, lors de manifestations interdites par les autorités. Parmi les personnes arrêtées, 260 avaient été incarcérées jeudi, selon le ministère de l’Intérieur.De très nombreux manifestants, jeunes en majorité, ont été interpellés chez eux ou lors des rassemblements et envoyés en prison, selon des avocats.C’est entre autres le cas d’un étudiant en économie de 23 ans que l’AFP avait rencontré sur son campus à Istanbul, a annoncé une de ses amies à l’AFP en faisant part de “nombreuses arrestations” parmi leurs camarades.”Ces arrestations sont arbitraires”, a déclaré à l’AFP Musa Akyol, le père d’un étudiant de 21 ans arrêté dimanche à Istanbul et incarcéré depuis mercredi, se disant inquiet pour “tous ces jeunes qui ne rêvent que d’une Turquie meilleure”.Selon le barreau d’Istanbul, vingt mineurs ont été arrêtés entre le 22 et le 25 mars, dont sept étaient toujours détenus vendredi.Des députés du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale force de l’opposition à laquelle appartient le maire emprisonné d’Istanbul, ont fait état de témoignages de jeunes et de mineurs affirmant avoir été “maltraités” par la police.- “Incitation à la haine” -Malgré tout, des étudiants se sont encore mobilisés vendredi à Ankara, lors d’un rassemblement dans un grand parc de la capitale, selon des images de médias turcs. A Istanbul, la police, qui encercle les manifestants et les filme, a exigé lors de plusieurs rassemblements ces derniers jours de voir leurs visages pour les laisser passer, a constaté l’AFP.Plusieurs manifestants, qui dissimulaient leurs visages de peur d’être identifiés par la police, ont été embarqués devant les journalistes.Face à la réponse policière, des groupes d’étudiants maintiennent leurs appels au boycott des cours, parfois sous la menace d’être expulsés par leur établissement.Le ministre de la Justice Yilmaz Tunç a justifié la vague d’arrestations par “la violence” dont ont fait preuve, selon lui, les personnes arrêtées.Dans l’enquête pour corruption qui vaut au maire et à plusieurs dizaines d’autres personnes d’être emprisonnées, le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé que “d’autres gros radis (allaient) sortir du sac”, laissant présager de nouvelles enquêtes et de nouvelles arrestations.Mais les autorités ciblent toutes les voix qu’elles jugent critiques: le Haut conseil turc de l’audiovisuel a imposé jeudi dix jours d’interruption de programmes à Sözcü TV, une chaîne proche de l’opposition, pour “incitation à la haine et à l’hostilité”, annonçant en avoir sanctionné trois autres.Les autorités ont également expulsé jeudi un journaliste de la BBC, Mark Lowen, venu couvrir les manifestations dans le pays.

Au Groenland, le vice-président américain fustige le Danemark

Le vice-président américain JD Vance a violemment critiqué l’inaction supposée du Danemark au Groenland, dont Donald Trump a répété vouloir s’emparer, lors de sa visite vendredi de la seule base militaire américaine du territoire.”Notre message au Danemark est très simple: Vous n’avez pas fait du bon travail pour le peuple du Groenland”, a dit JD Vance devant les troupes de la base américaine de Pituffik, située sur la côte nord-ouest du Groenland. “Vous avez sous-investi au Groenland et dans la sécurité de cette incroyable et magnifique terre continentale peuplée de gens incroyables. Il faut que cela change”, a-t-il lancé à l’intention des autorités danoises.”Pendant de nombreuses années, nous avons été aux côtés des Américains dans des situations très difficiles”, a réagi la Première ministre danoise Mette Frederiksen, en référence à l’engagement danois aux côtés des troupes américaines notamment en Irak et Afghanistan.”Par conséquent, la façon dont le vice-président se réfère au Danemark n’est pas exacte”, a-t-elle ajouté dans un commentaire écrit adressé aux médias danois. Elle s’est dite prête à “coopérer jour et nuit avec les Américains” sur la sécurité dans l’Arctique.Un peu plus tôt, Donald Trump avait déclaré avoir “besoin du Groenland, et c’est très important, pour la sécurité internationale”.Pour obtenir le territoire autonome danois, qui vient de se doter d’un nouveau gouvernement, JD Vance a estimé que la “force militaire (ne) sera jamais nécessaire”.”Nous pensons que les habitants du Groenland sont rationnels et (…) que nous allons pouvoir conclure un accord du style de Donald Trump, pour assurer la sécurité de ce territoire, mais aussi des Etats-Unis d’Amérique”, a-t-il ajouté.”Je pense qu’ils finiront par s’associer aux Etats-Unis, nous pourrions les rendre beaucoup plus sûrs (…). Et je pense qu’ils s’en sortiraient beaucoup mieux sur le plan économique”, a encore assuré le vice-président venu visiter la base de Pituffik avec son épouse Usha, le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz et le ministre de l’Energie Chris Wright.Face à la convoitise insistante des Américains, Danois et Groenlandais, soutenus par l’Union européenne, avaient durci le ton avant l’arrivée du dirigeant américain. “Venir en visite alors qu’il n’y a pas de gouvernement en place, on ne considère pas ça comme un signe de respect envers un allié”, a affirmé le nouveau Premier ministre groenlandais Jens Frederik Nielsen.  M. Nielsen venait de présenter le nouveau gouvernement groenlandais de coalition constitué pour “faire face à la forte pression extérieure”.- Plan “sérieux”, selon Poutine -La base américaine de Pituffik constitue un avant-poste de la défense antimissile américaine, car la trajectoire la plus courte des missiles en provenance de Russie vers les Etats-Unis passe par le Groenland. Pituffik, qui s’appelait Thule Air Base jusqu’en 2023, a servi de poste d’alerte contre d’éventuelles attaques de l’URSS pendant la Guerre froide et reste un maillon essentiel du bouclier antimissile américain.C’est aussi un endroit stratégique pour la surveillance de l’hémisphère nord et la défense de l’immense île arctique, que, selon l’administration américaine, les Danois ont négligées.Dans ce contexte, le président russe Vladimir Poutine a jugé que le projet de Donald Trump de prendre le contrôle du Groenland était “sérieux” et a affirmé s’inquiéter que l’Arctique ne se transforme en “tremplin pour d’éventuels conflits”.Pour Marc Jacobsen, maître de conférence au Collège royal de Défense danois, JD Vance “a raison de dire que (le Danemark) n’a pas répondu aux souhaits américains d’une présence accrue, mais nous avons pris des mesures pour répondre à ce souhait”. En janvier, Copenhague a annoncé qu’il allait consacrer près de deux milliards d’euros au renforcement de sa présence dans l’Arctique et l’Atlantique Nord. – Repoussoir -L’appétence de Donald Trump pour le territoire de glace, qui fascine pour ses hypothétiques ressources minières et fossiles et son importance géostratégique, fait figure de repoussoir pour ses habitants et sa classe politique, ainsi que pour la puissance de tutelle danoise.Les Etats-Unis “savent que le Groenland n’est pas à vendre. Ils savent que le Groenland ne veut pas faire partie des Etats-Unis. Cela leur a été communiqué sans ambiguïté, tant directement qu’en public”, a réitéré mercredi Mette Frederiksen.Le roi Frederik X du Danemark a fait une rare déclaration vendredi, rappelant son attachement au territoire. “Il ne doit y avoir aucun doute sur mon amour pour le Groenland, et mon lien avec le peuple groenlandais est intact”, a-t-il dit à TV2.Si les principaux partis groenlandais sont favorables à l’indépendance du territoire à plus ou moins long terme, aucun ne soutient l’idée d’un rattachement aux Etats-Unis.La population, majoritairement inuite, rejette également toute perspective de devenir américaine, d’après un sondage publié fin janvier.

Au Groenland, le vice-président américain fustige le Danemark

Le vice-président américain JD Vance a violemment critiqué l’inaction supposée du Danemark au Groenland, dont Donald Trump a répété vouloir s’emparer, lors de sa visite vendredi de la seule base militaire américaine du territoire.”Notre message au Danemark est très simple: Vous n’avez pas fait du bon travail pour le peuple du Groenland”, a dit JD Vance devant les troupes de la base américaine de Pituffik, située sur la côte nord-ouest du Groenland. “Vous avez sous-investi au Groenland et dans la sécurité de cette incroyable et magnifique terre continentale peuplée de gens incroyables. Il faut que cela change”, a-t-il lancé à l’intention des autorités danoises.”Pendant de nombreuses années, nous avons été aux côtés des Américains dans des situations très difficiles”, a réagi la Première ministre danoise Mette Frederiksen, en référence à l’engagement danois aux côtés des troupes américaines notamment en Irak et Afghanistan.”Par conséquent, la façon dont le vice-président se réfère au Danemark n’est pas exacte”, a-t-elle ajouté dans un commentaire écrit adressé aux médias danois. Elle s’est dite prête à “coopérer jour et nuit avec les Américains” sur la sécurité dans l’Arctique.Un peu plus tôt, Donald Trump avait déclaré avoir “besoin du Groenland, et c’est très important, pour la sécurité internationale”.Pour obtenir le territoire autonome danois, qui vient de se doter d’un nouveau gouvernement, JD Vance a estimé que la “force militaire (ne) sera jamais nécessaire”.”Nous pensons que les habitants du Groenland sont rationnels et (…) que nous allons pouvoir conclure un accord du style de Donald Trump, pour assurer la sécurité de ce territoire, mais aussi des Etats-Unis d’Amérique”, a-t-il ajouté.”Je pense qu’ils finiront par s’associer aux Etats-Unis, nous pourrions les rendre beaucoup plus sûrs (…). Et je pense qu’ils s’en sortiraient beaucoup mieux sur le plan économique”, a encore assuré le vice-président venu visiter la base de Pituffik avec son épouse Usha, le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz et le ministre de l’Energie Chris Wright.Face à la convoitise insistante des Américains, Danois et Groenlandais, soutenus par l’Union européenne, avaient durci le ton avant l’arrivée du dirigeant américain. “Venir en visite alors qu’il n’y a pas de gouvernement en place, on ne considère pas ça comme un signe de respect envers un allié”, a affirmé le nouveau Premier ministre groenlandais Jens Frederik Nielsen.  M. Nielsen venait de présenter le nouveau gouvernement groenlandais de coalition constitué pour “faire face à la forte pression extérieure”.- Plan “sérieux”, selon Poutine -La base américaine de Pituffik constitue un avant-poste de la défense antimissile américaine, car la trajectoire la plus courte des missiles en provenance de Russie vers les Etats-Unis passe par le Groenland. Pituffik, qui s’appelait Thule Air Base jusqu’en 2023, a servi de poste d’alerte contre d’éventuelles attaques de l’URSS pendant la Guerre froide et reste un maillon essentiel du bouclier antimissile américain.C’est aussi un endroit stratégique pour la surveillance de l’hémisphère nord et la défense de l’immense île arctique, que, selon l’administration américaine, les Danois ont négligées.Dans ce contexte, le président russe Vladimir Poutine a jugé que le projet de Donald Trump de prendre le contrôle du Groenland était “sérieux” et a affirmé s’inquiéter que l’Arctique ne se transforme en “tremplin pour d’éventuels conflits”.Pour Marc Jacobsen, maître de conférence au Collège royal de Défense danois, JD Vance “a raison de dire que (le Danemark) n’a pas répondu aux souhaits américains d’une présence accrue, mais nous avons pris des mesures pour répondre à ce souhait”. En janvier, Copenhague a annoncé qu’il allait consacrer près de deux milliards d’euros au renforcement de sa présence dans l’Arctique et l’Atlantique Nord. – Repoussoir -L’appétence de Donald Trump pour le territoire de glace, qui fascine pour ses hypothétiques ressources minières et fossiles et son importance géostratégique, fait figure de repoussoir pour ses habitants et sa classe politique, ainsi que pour la puissance de tutelle danoise.Les Etats-Unis “savent que le Groenland n’est pas à vendre. Ils savent que le Groenland ne veut pas faire partie des Etats-Unis. Cela leur a été communiqué sans ambiguïté, tant directement qu’en public”, a réitéré mercredi Mette Frederiksen.Le roi Frederik X du Danemark a fait une rare déclaration vendredi, rappelant son attachement au territoire. “Il ne doit y avoir aucun doute sur mon amour pour le Groenland, et mon lien avec le peuple groenlandais est intact”, a-t-il dit à TV2.Si les principaux partis groenlandais sont favorables à l’indépendance du territoire à plus ou moins long terme, aucun ne soutient l’idée d’un rattachement aux Etats-Unis.La population, majoritairement inuite, rejette également toute perspective de devenir américaine, d’après un sondage publié fin janvier.

Bélarus: la scène musicale underground, bouffée d’oxygène d’une jeunesse étouffée

Gleb Gourami en est persuadé, les soirées qu’il organise dans une discothèque de Minsk sont “un exutoire” pour la jeunesse de la capitale du Bélarus, qui reste marquée par l’exode de milliers d’entre eux après les manifestations de 2020, le Covid et la guerre en Ukraine.”Je pense que cette mission de la culture underground, les raves, la musique électro, (cela) aide beaucoup de gens”, assure ce promoteur de 39 ans de la boîte de nuit “Modul Art Platform”, qui dit avoir reçu des “centaines de messages de remerciement” pour son action.Minsk était autrefois réputée pour sa scène punk, héritée de la fin des années soviétiques et de la libération artistique et culturelle des années 1990. Mais ces cinq dernières années, le paysage a radicalement changé.Les grandes manifestations contre l’autocrate Alexandre Loukachenko en 2020 ont été réprimées par la force et des centaines de milliers de Bélarusses, dont une foule de jeunes adultes, ont fui, notamment vers la Pologne voisine.Le plus célèbre des groupes du pays, Bi-2, ne peut de facto plus se produire chez eux, ni en Russie, et tourne à l’international pour un public d’exilés.   Car au Bélarus, la chape de plomb s’est abattue sur la société civile et les milieux artistiques. De nombreux musiciens ont été pourchassés pour leur soutien au soulèvement populaire ou leur opposition à l’invasion de l’Ukraine par la Russie avec le soutien de Minsk. Et les sanctions occidentales ont achevé d’isoler le pays.Gleb Gourami explique vouloir, avec ses soirées endiablées, “donner l’occasion aux gens de se détendre”, afin de leur éviter “la dépression”.”Les gens ne devraient pas souffrir à cause d’histoires qui ne dépendent pas d’eux, pas de leurs opinions, de leurs points de vue, de leurs préférences, surtout dans l’art et la musique”, plaide-t-il.- “Censure” -Pour le groupe de groove rock de Vadim Choulga, l’année 2020 a marqué une rupture.Des sept membres originaux, seules “deux sont restés”. Deux autres ont été remplacés, selon le chanteur de 46 ans, qui relève auprès de l’AFP que “beaucoup de groupes se sont séparés après 2020”.Le sien, PlemYA, a été fondé il y a dix ans et jouait avant “en Pologne, en Roumanie, (…) un peu partout”. “Désormais, nous nous produisons au Bélarus ou en Russie” uniquement, relève-t-il amèrement.Impossible dans ces conditions, d’après lui, de vivre de son métier-passion. “A l’étranger, on touchait 1.000 euros ou plus” de cachet contre seulement “100 à 150 dollars par concert” désormais.Il soutient que la scène musicale au Bélarus “n’a pas disparu”, mais que c’est difficile de rester “en dehors” des tensions dans cette société étroitement contrôlée, où les autorités ont de facto le droit de vie ou de mort sur les groupes, en leur accordant ou non l’autorisation de se produire.”Il y a une certaine censure”, reconnaît Svetlana Ramonka, organisatrice de concerts à Minsk. “Avant, c’était plus facile. Maintenant, c’est un peu plus compliqué”, dit-elle, évoquant, non sans euphémisme, des “lourdeurs administratives”.- “Mur invisible” -Un soir de la fin janvier, Svetlana, 44 ans, a vendu 260 billets, entre 25 et 40 euros l’unité, pour un concert à Minsk d’un groupe russe de rock alternatif.”Nous sommes ravis de vous voir !”, lance le chanteur à la foule réunie dans un bar branché.Dans le public, de nombreux jeunes, bière à la main, se déhanchent. Ils sautent, chantent, se serrent les uns contre les autres. Une heure et demie hors du temps, hors d’une réalité oppressante.A la sortie, Artiom Golovaty, un jeune professeur de géographie de 21 ans et “grand fan” de musique, se félicite de voir “plus de concerts organisés”. “Ceux qui voulaient partir sont partis. De toute façon, s’il y a un vide qui se crée, on peut toujours le combler”, affirme-t-il.Gleb Gourami, lui, veut toutefois regarder le futur avec “espoir”, imaginant un monde dans lequel les artistes bélarusses pourraient de nouveau se produire en Europe, et inversement: “J’espère que nous arriverons à briser ce mur invisible”. 

L’équipe Doge d’Elon Musk sort de l’ombre

Ils ont travaillé dans une relative obscurité ces derniers mois, mais l’équipe Doge d’Elon Musk, chargée censément par Donald Trump de traquer la fraude et les dépenses inutiles dans le budget des Etats-Unis, s’est présentée pour la première fois au grand public.L’homme le plus riche de la planète a été interviewé jeudi soir sur Fox News, la chaîne préférée des conservateurs américains. Il était accompagné par ses sept principaux acolytes de la commission à l’efficacité gouvernementale, plus connue sous le nom Doge.Depuis le début de leur mission en janvier, les limogeages massifs de fonctionnaires et le démantèlement de certaines agences et ministères ont déjà ébranlé l’appareil d’Etat américain. “C’est une révolution”, a soutenu Elon Musk.Les membres de Doge avaient jusqu’ici fait profil bas, tandis que la presse américaine faisait état de génies de l’informatique, à peine sortis de l’adolescence, se retrouvant à dormir dans un grand bâtiment connexe de la Maison Blanche, et exigeant l’accès physique et informatique aux services de l’Etat.- Irréaliste -De cette interview à Fox News, ressort une image différente: le groupe était compris presque entièrement de dirigeants de la tech ou de la finance, âgés de la quarantaine, et de lieutenants du patron de Tesla et SpaceX.Assis sur deux rangées, avec Elon Musk au premier rang au centre, la scène a eu lieu dans un des bâtiments de la Maison Blanche.Le multimilliardaire, devenu proche allié de Donald Trump durant la campagne présidentielle l’an dernier, a ouvert l’interview en affirmant que Doge avait pour but de finir sa mission d’ici la fin mai, et que son objectif était de réduire les dépenses publiques fédérales de 15%, soit de 7.000 milliards de dollars annuels à 6.000 milliards de dollars.De nombreux experts jugent cet objectif irréaliste sans coupes dans les dépenses de Medicaid, le programme public d’assurance santé pour les Américains à bas revenu. Or Donald Trump répète à l’envi qu’il n’y touchera pas.- Mine de calcaire -Après Elon Musk, ce fut au tour de Steve Davis de se présenter au grand public sur Fox News. Ce quadragénaire est dans les faits le directeur des opérations de Doge et est un fidèle lieutenant d’Elon Musk après l’avoir suivi de son entreprise spatiale SpaceX à son réseau social X. Pour cet ancien ingénieur en aérospatiale, les Etats-Unis étaient à risque de “faire faillite”, si Doge n’était pas intervenue.Joe Gebbia, l’un des cofondateurs d’Airbnb, est également venu expliquer son rôle avec Doge.A 43 ans, celui qui a quitté le géant des locations de logement de courte durée en 2022 est chargé de réformer de fond en comble la gestion des documents de retraite des fonctionnaires fédéraux.Sous le système actuel, ces documents sont conservés dans une ancienne mine calcaire de Pennsylvanie et doivent être récupérés manuellement lorsqu’un fonctionnaire fait sa demande de départ à la retraite.Avec le processus de numérisation et d’amélioration de l’efficacité, Joe Gebbia a estimé que l’Etat pouvait fournir aux Américains “une expérience digne de l’Apple store”, en référence au portail d’applications de la marque à la pomme.- “Vrais méchants” -Pour de nombreux fonctionnaires fédéraux, le vécu jusque-là avec Doge est bien différent.Au moins 113.000 d’entre eux ont été limogés depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, selon la chaîne CNN.Et certaines agences, comme celle du développement international (USAID), ont été réduites à peau de chagrin.Doge fait face également à de nombreuses critiques sur ces méthodes, jugées brutales et cruelles par les démocrates. L’opposition accuse en outre l’équipe d’Elon Musk d’avoir survendu les montants déjà économisés pour l’Etat, entre impossibilité de vérifier, redondances, ou annulations de contrats déjà payés.De nombreux sondages récents soulignent qu’une majorité d’Américains ne voient pas d’un bon oeil les profondes perturbations subies par l’appareil d’Etat.Elon Musk a cependant balayé jeudi ces critiques et inquiétudes du revers de la main, estimant que ces griefs provenaient pour la plupart de “fraudeurs”.Le multimilliardaire a aussi déclaré à Fox News que l’administration Trump réprimerait la diffusion de “propagande” sur Tesla, après de nombreux actes de vandalisme contre son entreprise de véhicules électriques.”Ce sont les vrais méchants ici. Et on ira les chercher”, a-t-il lancé.