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Au Groenland, le vice-président américain fustige le Danemark

Le vice-président américain JD Vance a violemment critiqué l’inaction supposée du Danemark au Groenland, dont Donald Trump a répété vouloir s’emparer, lors de sa visite vendredi de la seule base militaire américaine du territoire.”Notre message au Danemark est très simple: Vous n’avez pas fait du bon travail pour le peuple du Groenland”, a dit JD Vance devant les troupes de la base américaine de Pituffik, située sur la côte nord-ouest du Groenland. “Vous avez sous-investi au Groenland et dans la sécurité de cette incroyable et magnifique terre continentale peuplée de gens incroyables. Il faut que cela change”, a-t-il lancé à l’intention des autorités danoises.”Pendant de nombreuses années, nous avons été aux côtés des Américains dans des situations très difficiles”, a réagi la Première ministre danoise Mette Frederiksen, en référence à l’engagement danois aux côtés des troupes américaines notamment en Irak et Afghanistan.”Par conséquent, la façon dont le vice-président se réfère au Danemark n’est pas exacte”, a-t-elle ajouté dans un commentaire écrit adressé aux médias danois. Elle s’est dite prête à “coopérer jour et nuit avec les Américains” sur la sécurité dans l’Arctique.Un peu plus tôt, Donald Trump avait déclaré avoir “besoin du Groenland, et c’est très important, pour la sécurité internationale”.Pour obtenir le territoire autonome danois, qui vient de se doter d’un nouveau gouvernement, JD Vance a estimé que la “force militaire (ne) sera jamais nécessaire”.”Nous pensons que les habitants du Groenland sont rationnels et (…) que nous allons pouvoir conclure un accord du style de Donald Trump, pour assurer la sécurité de ce territoire, mais aussi des Etats-Unis d’Amérique”, a-t-il ajouté.”Je pense qu’ils finiront par s’associer aux Etats-Unis, nous pourrions les rendre beaucoup plus sûrs (…). Et je pense qu’ils s’en sortiraient beaucoup mieux sur le plan économique”, a encore assuré le vice-président venu visiter la base de Pituffik avec son épouse Usha, le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz et le ministre de l’Energie Chris Wright.Face à la convoitise insistante des Américains, Danois et Groenlandais, soutenus par l’Union européenne, avaient durci le ton avant l’arrivée du dirigeant américain. “Venir en visite alors qu’il n’y a pas de gouvernement en place, on ne considère pas ça comme un signe de respect envers un allié”, a affirmé le nouveau Premier ministre groenlandais Jens Frederik Nielsen.  M. Nielsen venait de présenter le nouveau gouvernement groenlandais de coalition constitué pour “faire face à la forte pression extérieure”.- Plan “sérieux”, selon Poutine -La base américaine de Pituffik constitue un avant-poste de la défense antimissile américaine, car la trajectoire la plus courte des missiles en provenance de Russie vers les Etats-Unis passe par le Groenland. Pituffik, qui s’appelait Thule Air Base jusqu’en 2023, a servi de poste d’alerte contre d’éventuelles attaques de l’URSS pendant la Guerre froide et reste un maillon essentiel du bouclier antimissile américain.C’est aussi un endroit stratégique pour la surveillance de l’hémisphère nord et la défense de l’immense île arctique, que, selon l’administration américaine, les Danois ont négligées.Dans ce contexte, le président russe Vladimir Poutine a jugé que le projet de Donald Trump de prendre le contrôle du Groenland était “sérieux” et a affirmé s’inquiéter que l’Arctique ne se transforme en “tremplin pour d’éventuels conflits”.Pour Marc Jacobsen, maître de conférence au Collège royal de Défense danois, JD Vance “a raison de dire que (le Danemark) n’a pas répondu aux souhaits américains d’une présence accrue, mais nous avons pris des mesures pour répondre à ce souhait”. En janvier, Copenhague a annoncé qu’il allait consacrer près de deux milliards d’euros au renforcement de sa présence dans l’Arctique et l’Atlantique Nord. – Repoussoir -L’appétence de Donald Trump pour le territoire de glace, qui fascine pour ses hypothétiques ressources minières et fossiles et son importance géostratégique, fait figure de repoussoir pour ses habitants et sa classe politique, ainsi que pour la puissance de tutelle danoise.Les Etats-Unis “savent que le Groenland n’est pas à vendre. Ils savent que le Groenland ne veut pas faire partie des Etats-Unis. Cela leur a été communiqué sans ambiguïté, tant directement qu’en public”, a réitéré mercredi Mette Frederiksen.Le roi Frederik X du Danemark a fait une rare déclaration vendredi, rappelant son attachement au territoire. “Il ne doit y avoir aucun doute sur mon amour pour le Groenland, et mon lien avec le peuple groenlandais est intact”, a-t-il dit à TV2.Si les principaux partis groenlandais sont favorables à l’indépendance du territoire à plus ou moins long terme, aucun ne soutient l’idée d’un rattachement aux Etats-Unis.La population, majoritairement inuite, rejette également toute perspective de devenir américaine, d’après un sondage publié fin janvier.

Au Groenland, le vice-président américain fustige le Danemark

Le vice-président américain JD Vance a violemment critiqué l’inaction supposée du Danemark au Groenland, dont Donald Trump a répété vouloir s’emparer, lors de sa visite vendredi de la seule base militaire américaine du territoire.”Notre message au Danemark est très simple: Vous n’avez pas fait du bon travail pour le peuple du Groenland”, a dit JD Vance devant les troupes de la base américaine de Pituffik, située sur la côte nord-ouest du Groenland. “Vous avez sous-investi au Groenland et dans la sécurité de cette incroyable et magnifique terre continentale peuplée de gens incroyables. Il faut que cela change”, a-t-il lancé à l’intention des autorités danoises.”Pendant de nombreuses années, nous avons été aux côtés des Américains dans des situations très difficiles”, a réagi la Première ministre danoise Mette Frederiksen, en référence à l’engagement danois aux côtés des troupes américaines notamment en Irak et Afghanistan.”Par conséquent, la façon dont le vice-président se réfère au Danemark n’est pas exacte”, a-t-elle ajouté dans un commentaire écrit adressé aux médias danois. Elle s’est dite prête à “coopérer jour et nuit avec les Américains” sur la sécurité dans l’Arctique.Un peu plus tôt, Donald Trump avait déclaré avoir “besoin du Groenland, et c’est très important, pour la sécurité internationale”.Pour obtenir le territoire autonome danois, qui vient de se doter d’un nouveau gouvernement, JD Vance a estimé que la “force militaire (ne) sera jamais nécessaire”.”Nous pensons que les habitants du Groenland sont rationnels et (…) que nous allons pouvoir conclure un accord du style de Donald Trump, pour assurer la sécurité de ce territoire, mais aussi des Etats-Unis d’Amérique”, a-t-il ajouté.”Je pense qu’ils finiront par s’associer aux Etats-Unis, nous pourrions les rendre beaucoup plus sûrs (…). Et je pense qu’ils s’en sortiraient beaucoup mieux sur le plan économique”, a encore assuré le vice-président venu visiter la base de Pituffik avec son épouse Usha, le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz et le ministre de l’Energie Chris Wright.Face à la convoitise insistante des Américains, Danois et Groenlandais, soutenus par l’Union européenne, avaient durci le ton avant l’arrivée du dirigeant américain. “Venir en visite alors qu’il n’y a pas de gouvernement en place, on ne considère pas ça comme un signe de respect envers un allié”, a affirmé le nouveau Premier ministre groenlandais Jens Frederik Nielsen.  M. Nielsen venait de présenter le nouveau gouvernement groenlandais de coalition constitué pour “faire face à la forte pression extérieure”.- Plan “sérieux”, selon Poutine -La base américaine de Pituffik constitue un avant-poste de la défense antimissile américaine, car la trajectoire la plus courte des missiles en provenance de Russie vers les Etats-Unis passe par le Groenland. Pituffik, qui s’appelait Thule Air Base jusqu’en 2023, a servi de poste d’alerte contre d’éventuelles attaques de l’URSS pendant la Guerre froide et reste un maillon essentiel du bouclier antimissile américain.C’est aussi un endroit stratégique pour la surveillance de l’hémisphère nord et la défense de l’immense île arctique, que, selon l’administration américaine, les Danois ont négligées.Dans ce contexte, le président russe Vladimir Poutine a jugé que le projet de Donald Trump de prendre le contrôle du Groenland était “sérieux” et a affirmé s’inquiéter que l’Arctique ne se transforme en “tremplin pour d’éventuels conflits”.Pour Marc Jacobsen, maître de conférence au Collège royal de Défense danois, JD Vance “a raison de dire que (le Danemark) n’a pas répondu aux souhaits américains d’une présence accrue, mais nous avons pris des mesures pour répondre à ce souhait”. En janvier, Copenhague a annoncé qu’il allait consacrer près de deux milliards d’euros au renforcement de sa présence dans l’Arctique et l’Atlantique Nord. – Repoussoir -L’appétence de Donald Trump pour le territoire de glace, qui fascine pour ses hypothétiques ressources minières et fossiles et son importance géostratégique, fait figure de repoussoir pour ses habitants et sa classe politique, ainsi que pour la puissance de tutelle danoise.Les Etats-Unis “savent que le Groenland n’est pas à vendre. Ils savent que le Groenland ne veut pas faire partie des Etats-Unis. Cela leur a été communiqué sans ambiguïté, tant directement qu’en public”, a réitéré mercredi Mette Frederiksen.Le roi Frederik X du Danemark a fait une rare déclaration vendredi, rappelant son attachement au territoire. “Il ne doit y avoir aucun doute sur mon amour pour le Groenland, et mon lien avec le peuple groenlandais est intact”, a-t-il dit à TV2.Si les principaux partis groenlandais sont favorables à l’indépendance du territoire à plus ou moins long terme, aucun ne soutient l’idée d’un rattachement aux Etats-Unis.La population, majoritairement inuite, rejette également toute perspective de devenir américaine, d’après un sondage publié fin janvier.

Bélarus: la scène musicale underground, bouffée d’oxygène d’une jeunesse étouffée

Gleb Gourami en est persuadé, les soirées qu’il organise dans une discothèque de Minsk sont “un exutoire” pour la jeunesse de la capitale du Bélarus, qui reste marquée par l’exode de milliers d’entre eux après les manifestations de 2020, le Covid et la guerre en Ukraine.”Je pense que cette mission de la culture underground, les raves, la musique électro, (cela) aide beaucoup de gens”, assure ce promoteur de 39 ans de la boîte de nuit “Modul Art Platform”, qui dit avoir reçu des “centaines de messages de remerciement” pour son action.Minsk était autrefois réputée pour sa scène punk, héritée de la fin des années soviétiques et de la libération artistique et culturelle des années 1990. Mais ces cinq dernières années, le paysage a radicalement changé.Les grandes manifestations contre l’autocrate Alexandre Loukachenko en 2020 ont été réprimées par la force et des centaines de milliers de Bélarusses, dont une foule de jeunes adultes, ont fui, notamment vers la Pologne voisine.Le plus célèbre des groupes du pays, Bi-2, ne peut de facto plus se produire chez eux, ni en Russie, et tourne à l’international pour un public d’exilés.   Car au Bélarus, la chape de plomb s’est abattue sur la société civile et les milieux artistiques. De nombreux musiciens ont été pourchassés pour leur soutien au soulèvement populaire ou leur opposition à l’invasion de l’Ukraine par la Russie avec le soutien de Minsk. Et les sanctions occidentales ont achevé d’isoler le pays.Gleb Gourami explique vouloir, avec ses soirées endiablées, “donner l’occasion aux gens de se détendre”, afin de leur éviter “la dépression”.”Les gens ne devraient pas souffrir à cause d’histoires qui ne dépendent pas d’eux, pas de leurs opinions, de leurs points de vue, de leurs préférences, surtout dans l’art et la musique”, plaide-t-il.- “Censure” -Pour le groupe de groove rock de Vadim Choulga, l’année 2020 a marqué une rupture.Des sept membres originaux, seules “deux sont restés”. Deux autres ont été remplacés, selon le chanteur de 46 ans, qui relève auprès de l’AFP que “beaucoup de groupes se sont séparés après 2020”.Le sien, PlemYA, a été fondé il y a dix ans et jouait avant “en Pologne, en Roumanie, (…) un peu partout”. “Désormais, nous nous produisons au Bélarus ou en Russie” uniquement, relève-t-il amèrement.Impossible dans ces conditions, d’après lui, de vivre de son métier-passion. “A l’étranger, on touchait 1.000 euros ou plus” de cachet contre seulement “100 à 150 dollars par concert” désormais.Il soutient que la scène musicale au Bélarus “n’a pas disparu”, mais que c’est difficile de rester “en dehors” des tensions dans cette société étroitement contrôlée, où les autorités ont de facto le droit de vie ou de mort sur les groupes, en leur accordant ou non l’autorisation de se produire.”Il y a une certaine censure”, reconnaît Svetlana Ramonka, organisatrice de concerts à Minsk. “Avant, c’était plus facile. Maintenant, c’est un peu plus compliqué”, dit-elle, évoquant, non sans euphémisme, des “lourdeurs administratives”.- “Mur invisible” -Un soir de la fin janvier, Svetlana, 44 ans, a vendu 260 billets, entre 25 et 40 euros l’unité, pour un concert à Minsk d’un groupe russe de rock alternatif.”Nous sommes ravis de vous voir !”, lance le chanteur à la foule réunie dans un bar branché.Dans le public, de nombreux jeunes, bière à la main, se déhanchent. Ils sautent, chantent, se serrent les uns contre les autres. Une heure et demie hors du temps, hors d’une réalité oppressante.A la sortie, Artiom Golovaty, un jeune professeur de géographie de 21 ans et “grand fan” de musique, se félicite de voir “plus de concerts organisés”. “Ceux qui voulaient partir sont partis. De toute façon, s’il y a un vide qui se crée, on peut toujours le combler”, affirme-t-il.Gleb Gourami, lui, veut toutefois regarder le futur avec “espoir”, imaginant un monde dans lequel les artistes bélarusses pourraient de nouveau se produire en Europe, et inversement: “J’espère que nous arriverons à briser ce mur invisible”. 

L’équipe Doge d’Elon Musk sort de l’ombre

Ils ont travaillé dans une relative obscurité ces derniers mois, mais l’équipe Doge d’Elon Musk, chargée censément par Donald Trump de traquer la fraude et les dépenses inutiles dans le budget des Etats-Unis, s’est présentée pour la première fois au grand public.L’homme le plus riche de la planète a été interviewé jeudi soir sur Fox News, la chaîne préférée des conservateurs américains. Il était accompagné par ses sept principaux acolytes de la commission à l’efficacité gouvernementale, plus connue sous le nom Doge.Depuis le début de leur mission en janvier, les limogeages massifs de fonctionnaires et le démantèlement de certaines agences et ministères ont déjà ébranlé l’appareil d’Etat américain. “C’est une révolution”, a soutenu Elon Musk.Les membres de Doge avaient jusqu’ici fait profil bas, tandis que la presse américaine faisait état de génies de l’informatique, à peine sortis de l’adolescence, se retrouvant à dormir dans un grand bâtiment connexe de la Maison Blanche, et exigeant l’accès physique et informatique aux services de l’Etat.- Irréaliste -De cette interview à Fox News, ressort une image différente: le groupe était compris presque entièrement de dirigeants de la tech ou de la finance, âgés de la quarantaine, et de lieutenants du patron de Tesla et SpaceX.Assis sur deux rangées, avec Elon Musk au premier rang au centre, la scène a eu lieu dans un des bâtiments de la Maison Blanche.Le multimilliardaire, devenu proche allié de Donald Trump durant la campagne présidentielle l’an dernier, a ouvert l’interview en affirmant que Doge avait pour but de finir sa mission d’ici la fin mai, et que son objectif était de réduire les dépenses publiques fédérales de 15%, soit de 7.000 milliards de dollars annuels à 6.000 milliards de dollars.De nombreux experts jugent cet objectif irréaliste sans coupes dans les dépenses de Medicaid, le programme public d’assurance santé pour les Américains à bas revenu. Or Donald Trump répète à l’envi qu’il n’y touchera pas.- Mine de calcaire -Après Elon Musk, ce fut au tour de Steve Davis de se présenter au grand public sur Fox News. Ce quadragénaire est dans les faits le directeur des opérations de Doge et est un fidèle lieutenant d’Elon Musk après l’avoir suivi de son entreprise spatiale SpaceX à son réseau social X. Pour cet ancien ingénieur en aérospatiale, les Etats-Unis étaient à risque de “faire faillite”, si Doge n’était pas intervenue.Joe Gebbia, l’un des cofondateurs d’Airbnb, est également venu expliquer son rôle avec Doge.A 43 ans, celui qui a quitté le géant des locations de logement de courte durée en 2022 est chargé de réformer de fond en comble la gestion des documents de retraite des fonctionnaires fédéraux.Sous le système actuel, ces documents sont conservés dans une ancienne mine calcaire de Pennsylvanie et doivent être récupérés manuellement lorsqu’un fonctionnaire fait sa demande de départ à la retraite.Avec le processus de numérisation et d’amélioration de l’efficacité, Joe Gebbia a estimé que l’Etat pouvait fournir aux Américains “une expérience digne de l’Apple store”, en référence au portail d’applications de la marque à la pomme.- “Vrais méchants” -Pour de nombreux fonctionnaires fédéraux, le vécu jusque-là avec Doge est bien différent.Au moins 113.000 d’entre eux ont été limogés depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, selon la chaîne CNN.Et certaines agences, comme celle du développement international (USAID), ont été réduites à peau de chagrin.Doge fait face également à de nombreuses critiques sur ces méthodes, jugées brutales et cruelles par les démocrates. L’opposition accuse en outre l’équipe d’Elon Musk d’avoir survendu les montants déjà économisés pour l’Etat, entre impossibilité de vérifier, redondances, ou annulations de contrats déjà payés.De nombreux sondages récents soulignent qu’une majorité d’Américains ne voient pas d’un bon oeil les profondes perturbations subies par l’appareil d’Etat.Elon Musk a cependant balayé jeudi ces critiques et inquiétudes du revers de la main, estimant que ces griefs provenaient pour la plupart de “fraudeurs”.Le multimilliardaire a aussi déclaré à Fox News que l’administration Trump réprimerait la diffusion de “propagande” sur Tesla, après de nombreux actes de vandalisme contre son entreprise de véhicules électriques.”Ce sont les vrais méchants ici. Et on ira les chercher”, a-t-il lancé.

Israël bombarde la banlieue sud de Beyrouth après quatre mois de trêve

Israël a bombardé vendredi la banlieue sud de Beyrouth, un bastion du Hezbollah, pour la première fois après quatre mois de trêve, en riposte à des tirs de roquettes qui ont visé son territoire.L’armée israélienne, qui a aussi bombardé le sud du Liban, avait appelé à évacuer une partie des habitants de la banlieue sud, cible de bombardements intenses pendant les deux mois de guerre ouverte qui l’ont opposée au mouvement libanais, avant un fragile cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre.La frappe a visé le quartier densément peuplé de Hadath, dégageant un immense champignon de fumée noire.L’armée israélienne affirme avoir visé un dépôt de drones, accusant le Hezbollah de “dissimule(r) systématiquement ses infrastructures terroristes au milieu de la population civile”.Dans les ruines fumantes des immeubles soufflés, où les pompiers tentaient d’éteindre les flammes, les secouristes fouillaient les décombres et évacuaient des blessés, selon des images de l’AFP.”Nous avons très peur que la guerre revienne”, a affirmé Mohammad, un chauffeur de taxi de 55 ans qui fuyait la banlieue sud avec sa famille, comme il l’avait déjà fait pendant la guerre de l’automne.L’armée israélienne avait annoncé plus tôt bombarder des cibles du Hezbollah dans le sud du Liban, frontalier d’Israël, en riposte au tir de deux “projectiles” dont l’un a été intercepté et l’autre est tombé sur le sol libanais. Le Hezbollah a nié être à l’origine de ces tirs.Les frappes israéliennes ont fait au moins cinq morts dans deux villages du sud du Liban, selon le ministère de la Santé. L’armée israélienne a indiqué avoir “frappé des centres de commandement du Hezbollah, des infrastructures terroristes, des rampes de lancement et des terroristes”. – “Tourbillon de violence” -Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé l’ouverture d’une enquête. “Tout indique”, selon lui, que “le Hezbollah n’est pas responsable”. L’armée libanaise a annoncé avoir découvert les rampes de lancement de roquettes utilisées pour viser Israël, situées à la limite nord du fleuve Litani, la zone d’où le Hezbollah est censé se retirer en vertu de l’accord de cessez-le-feu, à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne.Le mouvement islamiste libanais, sorti très affaibli de la guerre, a annulé un rassemblement prévu vendredi dans la banlieue sud. C’est la deuxième fois depuis le début du cessez-le-feu que des roquettes sont tirées depuis le Liban vers Israël, la précédente remontant au 22 mars.Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a aussitôt menacé: “S’il n’y a pas de calme”, dans le nord d’Israël, “il n’y aura pas de calme à Beyrouth”.Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a averti, lui, que Israël frapperait “partout au Liban contre toute menace”. Joseph Aoun, en visite à Paris, a condamné “toute tentative détestable de ramener le Liban dans un tourbillon de violence”.Son homologue français, Emmanuel Macron, a dénoncé des frappes “inacceptables”, “en violation du cessez-le-feu”, et annoncé qu’il allait s’entretenir avec le président américain, Donald Trump, et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.Les Etats-Unis ont estimé qu’il était de la “responsabilité” du Liban et de son armée de désarmer le Hezbollah, disant soutenir Israël après les bombardements dans la banlieue sud de Beyrouth.L’Iran, principal soutien du Hezbollah, a exprimé son “dégoût face à cet acte criminel du régime sioniste, qui constitue une violation flagrante de l’intégrité territoriale et de la souveraineté du Liban”. – Ecoles fermées -Après les menaces israéliennes, plusieurs écoles ont fermé dans le sud du Liban, comme à Tyr, visée par une frappe le 22 mars, où des familles paniquées ont ramené leurs enfants à la maison.”J’ai décidé d’emmener mes enfants à l’école malgré la situation, mais la direction m’a dit qu’ils avaient fermé après les menaces israéliennes”, a témoigné Ali Qassem, un père de quatre enfants.Le Hezbollah, allié du Hamas, avait ouvert un front contre Israël au début de la guerre dans la bande de Gaza le 7 octobre 2023.Ces hostilités, qui ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2024, ont fait plus de 4.000 morts au Liban et contraint plus d’un million de personnes à fuir.Du côté israélien, le bilan se monte à 78 morts, parmi lesquels 48 soldats en plus des 56 soldats tombés lors d’une offensive au sol déclenchée au Liban à la fin du mois de septembre, selon des données officielles.Quelque 60.000 habitants du nord d’Israël ont été déplacés, dont la moitié n’est pas encore rentrée chez elle, selon les autorités.   Depuis le retrait incomplet des soldats israéliens du sud du Liban le 15 février, Israël continue de mener des frappes au Liban.L’armée israélienne a par ailleurs repris le 18 mars ses bombardements meurtriers sur la bande de Gaza, mettant fin à deux mois de trêve. 

Perpétuité pour l’auteur du féminicide de Chahinez, brûlée vive à Mérignac

Mounir Boutaa a été condamné vendredi à la réclusion criminelle à perpétuité pour “l’assassinat” il y a quatre ans de son épouse Chahinez Daoud, brûlée vive à Mérignac, une affaire retentissante dans laquelle des policiers avaient été sanctionnés.Le 4 mai 2021, ce maçon franco-algérien avait tiré au fusil dans les jambes de la victime, avant de l’asperger d’essence et de mettre le feu, dans un “acharnement meurtrier destiné à exterminer” qui a marqué “profondément toute notre société”, a déclaré l’avocate générale Cécile Kauffman devant la cour d’assises de la Gironde, qui a suivi ses réquisitions.La peine de l’accusé de 48 ans, a été assortie d’une période de sûreté de 22 ans. A l’issue de celle-ci, un tribunal d’application des peines statuera sur sa période de rétention.”C’est une sanction extrêmement lourde dans la mesure où ça signifie qu’il n’a quasiment aucun espoir de sortir un jour de détention”, a déclaré l’une de ses avocates, Me Anaïs Divot, en refusant de se prononcer sur un éventuel appel et en s’interrogeant sur le “sens de cette peine pour une personne qui souffre de troubles psychiatriques en réalité”.”Paranoïaque” aux “traits narcissiques”, Mounir Boutaa a basculé progressivement “dans une pathologie psychotique”, faisant de sa conjointe “la cause de tous ses maux”, selon les experts psychiatriques qui ont conclu durant l’instruction à l’altération de son discernement, ce qui aurait pu limiter la peine à 30 ans de réclusion.- “Dangerosité” –  La cour a écarté cette diminution de peine, comme l’avait requis l’avocate générale en raison de “la dangerosité de cette homme”, de son “incapacité à se réinsérer”.”La peine tient compte de la gravité des faits et de la personnalité de l’accusé”, a estimé l’avocat de la famille de la victime Me Julien Plouton, qui l’avait dépeint en “figure emblématique” des auteurs de féminicides, au “cheminement typique”, passant “d’un amour surdimensionné” à la “dévalorisation” de celle qui devint “le diable en personne”.Caché depuis l’aube dans un fourgon inconnu de la victime et aménagé pour observer sans être vu, Mounir Boutaa avait épié toute la journée les allées et venues de la jeune femme de 31 ans, avec laquelle il s’était marié en 2015, avant de passer à l’acte.Il a maintenu à la barre qu’il voulait “lui faire la peur de sa vie” mais sans la tuer, convaincu qu’elle lui était infidèle – ce qu’aucun élément de l’enquête n’a confirmé.La mort de Chahinez, “c’était pas moi, c’était mon corps, pas mon esprit”, a-t-il répété. “Bien sûr que je regrette”, “je l’aimais”, a-t-il fini par lâcher jeudi, sans s’excuser. “Tuer parce qu’on aime à la folie est une aberration”, a cinglé l’avocate générale. “Chahinez était bien vivante quand cet homme a allumé le feu”, “son corps a brûlé à 85%”.La victime, mère de trois enfants dont deux issus d’une première union, “vivait dans la peur” et se savait condamnée, ont témoigné des amies.Son téléphone était vérifié, son compte Facebook contrôlé et ses papiers administratifs déchirés par son mari pour l’empêcher de travailler. “Il voulait tout maîtriser: la façon de s’habiller, la façon de cuisiner”, a dénoncé une sÅ“ur de Chahinez Daoud.Mais elle “n’a pas voulu être prisonnière, être un jouet, c’est pour ça qu’elle a été tuée”, a dit son père, qui a souri à l’annonce du verdict pendant que sa femme sanglotait brièvement.- “Emblématique” -L’ancienne épouse de Mounir Boutaa a aussi raconté à la cour avoir subi “gifles, coups de pieds, insultes”, et une emprise similaire.La défense a évoqué un homme “en souffrance permanente”, “envahi par ses croyances” qui n’a pas pu préméditer son acte exhortant les jurés à ne pas juger “une affaire symbole” mais à “comprendre” celui qui “n’est pas le monstre décrit dans la presse”.Avant que la cour se retire pour délibérer pendant près de cinq heures, l’accusé a demandé pardon “au monde entier”. Il n’a pas réagi à l’annonce du verdict.Un mois et demi avant sa mort, Chahinez Daoud avait déposé une nouvelle plainte contre celui qu’elle cherchait à quitter.Mais celle-ci fut mal enregistrée par un policier qui venait lui-même d’être condamné pour violences conjugales, parmi une série de “défaillances” pointées ultérieurement par une enquête administrative sur l’affaire, pour lesquelles la famille de la victime a engagé une procédure contre l’État. Cinq fonctionnaires ont été sanctionnés et ce dossier a conduit le ministère de l’Intérieur à préconiser une révocation automatique des policiers et gendarmes condamnés définitivement pour certains faits, dont les violences intrafamiliales. tsq-kal/gf/cbn

Trump demande à la Cour suprême son feu vert pour reprendre l’expulsion d’immigrés en vertu d’une loi d’exception

L’administration Trump a demandé vendredi à la Cour suprême des Etats-Unis d’autoriser l’expulsion d’immigrés en vertu d’une loi d’exception utilisée jusqu’alors uniquement en temps de guerre, un projet contrarié par plusieurs revers judiciaires.Un juge fédéral, James Boasberg, avait suspendu le 15 mars pour deux semaines toute expulsion fondée exclusivement sur la loi de 1798 sur “les ennemis étrangers” alors qu’environ 200 personnes présentées comme des membres du gang vénézuélien Tren de Aragua étaient en cours de renvoi par avion, sans autre forme de procès, vers le Salvador.La décision du juge a été confirmée mercredi par une cour d’appel fédérale.”Ce dossier soulève des questions fondamentales sur qui décide de la manière dont sont conduites des opérations sensibles liées à la sécurité nationale, le président ou le pouvoir judiciaire”, fait valoir l’administration du président Donald Trump dans son argumentaire à la Cour suprême.”La Constitution fournit une réponse claire : le président. La République ne peut pas se permettre un choix différent”, ajoute-t-elle, demandant “a minima” à la Cour à majorité conservatrice de bloquer la décision du juge de première instance le temps d’examiner le fond de l’affaire.A la demande des plaignants, défendus notamment par l’influente organisation de défense des droits civiques ACLU, le juge a reconduit vendredi de deux semaines, jusqu’au 12 avril, sa suspension des expulsions sur ce seul motif.”Les nazis ont été mieux traités quant à l’application de la loi sur les ennemis étrangers” dans les années 1940, avait relevé lundi à l’audience en appel l’une des juges, Patricia Millett, soulignant qu’à l’époque “il y avait des instances d’appel avant qu’une personne puisse être expulsée”.La loi de 1798 avait jusqu’alors été utilisée uniquement en temps de guerre, notamment à l’encontre des ressortissants japonais et allemands en territoire américain pendant la Seconde Guerre mondiale.Elle a été invoquée dans une déclaration présidentielle publiée le 15 mars pour justifier l’expulsion le jour même vers le Salvador de personnes présentées comme des membres de Tren de Aragua, décrété “organisation terroriste” par Washington en février.- “Prison de sinistre réputation” -“Tant que les décisions (de première instance, NDLR) restent en vigueur, les Etats-Unis ne peuvent pas s’appuyer sur la déclaration présidentielle pour chasser de dangereux membres d’une organisation terroriste étrangère, même s’ils reçoivent des informations selon lesquelles certains membres de Tren de Aragua sont sur le point de commettre des actions de déstabilisation ou d’infiltration”, insiste l’administration Trump.Le président de la Cour suprême, John Roberts, a donné à la partie adverse jusqu’au 1er avril pour répondre à l’administration Trump.”Nous exhorterons la Cour suprême à préserver le statu quo pour donner aux tribunaux le temps d’examiner le dossier, afin que davantage de personnes ne soient pas expédiées vers une prison étrangère de sinistre réputation sans aucun recours, sur la base d’un usage inédit et illégal d’une législation de temps de guerre”, a affirmé dans un communiqué Lee Gelernt, de l’ACLU.La ministre américaine de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, en visite cette semaine au Salvador, s’est rendue dans la mégaprison où sont incarcérés les Vénézuéliens expulsés le 15 mars.”Le président Trump et moi-même avons un message clair pour les immigrés illégaux criminels : PARTEZ MAINTENANT. Si vous ne partez pas, nous vous traquerons, nous vous arrêterons et vous pourriez échouer dans cette prison salvadorienne”, a-t-elle écrit dans une publication sur ses réseaux sociaux accompagnée de photos de l’établissement pénitentiaire.La Maison Blanche a voué aux gémonies le juge, Donald Trump allant la semaine dernière jusqu’à appeler à sa révocation, s’attirant un rare rappel à l’ordre du président de la Cour suprême.L’administration Trump reproche notamment à ce magistrat d’avoir ordonné, en vain, que les avions ayant déjà décollé rebroussent chemin.Le juge a notamment considéré qu’avant leur éventuelle expulsion, les plaignants devaient pouvoir contester individuellement devant la justice américaine leur appartenance au gang visé par la déclaration présidentielle.