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L’interdiction des achats de gaz russe dans l’UE franchit une étape clé

L’Union européenne a franchi lundi une étape importante dans ses efforts pour assécher l’économie de guerre de la Russie, la majorité des Etats membres ayant approuvé le principe d’une interdiction, d’ici fin 2027, des importations de gaz naturel russe.Cette mesure phare, proposée par la Commission européenne au printemps, était au menu d’un conseil des ministres européens de l’Energie à Luxembourg, où elle a recueilli un large consensus.La Slovaquie et la Hongrie, pays enclavés et très dépendants des hydrocarbures russes, étaient opposés à cette interdiction mais ont été mis en minorité.En cessant ses achats de gaz naturel russe, qui devraient encore représenter 15 milliards d’euros cette année, l’UE veut assécher une source de financement majeure de la guerre menée par Moscou en Ukraine.Cette mesure, qui doit maintenant être négociée avec le Parlement européen, avait été proposée au printemps par la Commission européenne.Le Danemark, qui exerce la présidence tournante de l’UE jusqu’à la fin de l’année, espère parvenir à une adoption définitive avant le Nouvel An.”Cette décision va façonner l’avenir de notre continent. Nous allons cesser de financer la machine de guerre russe et diversifier notre approvisionnement en énergie”, s’est félicité le ministre danois de l’Energie Lars Aagaard, qui présidait la réunion.”Nous envoyons un message très clair aujourd’hui: nous ne permettrons plus à la Russie d’utiliser l’énergie comme une arme”, a déclaré à la presse le Commissaire européen à l’Energie Dan Jorgensen.”Pour nous, l’approvisionnement en énergie n’a rien à voir avec la politique” et n’a “rien à voir avec la Russie”, a plaidé au contraire le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, affirmant que cette mesure allait “tuer” la sécurité d’approvisionnement énergétique de la Hongrie.- Accélérer le mouvement -L’UE essaye de se sevrer des hydrocarbures russes depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie début 2022.Mais si elle a cessé presque totalement ses importations de pétrole russe, elle conserve une forte dépendance envers Moscou pour son approvisionnement en gaz naturel: la Russie représentait encore 19% des importations totales de gaz de l’Union européenne en 2024, contre 45% en 2021.Afin d’accélérer le mouvement, la Commission européenne a donc proposé au printemps aux Etats membres un arrêt total des importations de gaz russe fin 2027.Et elle ne compte pas s’arrêter là. En septembre, elle a proposé d’avancer cette date-butoir à fin 2026, c’est à dire dans un peu plus d’un an, en ce qui concerne les importations de gaz naturel liquéfié (GNL).Cette mesure supplémentaire, proposée dans le cadre d’un 19e “paquet” de nouvelles sanctions contre la Russie, qui est toujours en discussions, n’était cependant pas au menu de la réunion ministérielle de lundi.De son côté, le Parlement européen voudrait aller encore plus loin: ses commissions de l’Industrie et du Commerce ont approuvé jeudi un texte visant à interdire toutes les importations de gaz russe, que ce soit par gazoduc ou sous forme de GNL, et ce dès le 1er janvier 2026, hormis quelques exceptions limitées.Le président américain a lui aussi réclamé l’arrêt des achats d’énergies fossiles russes par les pays européens, dénonçant leur côté absurde, car ils reviennent à contribuer à financer la guerre menée par Vladimir Poutine en Ukraine.”L’Europe doit passer à la vitesse supérieure. Elle ne peut pas continuer à agir comme elle le fait actuellement. Elle achète du pétrole et du gaz à la Russie alors qu’elle est en conflit avec ce pays. C’est embarrassant pour elle”, avait lancé M. Trump, lors de l’Assemblée annuelle des Nations unies à New York.

Après le casse spectaculaire au Louvre, la sécurité des musées en question

Le vol de joyaux d’une valeur inestimable au musée du Louvre dimanche, précédé d’une série de cambriolages à Paris et ailleurs en France, interroge la sécurité des musées, défaillante, selon plusieurs sources interrogées par l’AFP.Un pré-rapport de la Cour des comptes pointe ainsi le “retard persistant” pris par le musée le plus visité au monde (neuf millions de visiteurs en 2024) dans le déploiement d’équipements destinés à assurer la protection de ses oeuvres.En janvier, la présidente du Louvre, Laurence Des Cars, avait alerté la ministre de la Culture, Rachida Dati, pointant un “niveau d’obsolescence inquiétant”, une “multiplication d’avaries” et la nécessité de grands travaux.”On sait très bien qu’il y a une grande vulnérabilité dans les musées français”, a reconnu le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, interrogé sur de possibles failles dans le dispositif de surveillance, après le ce casse spectaculaire.Dimanche, peu après l’ouverture, des cambrioleurs se sont introduits dans la galerie d’Apollon du musée, qui abrite notamment les joyaux de la Couronne de France, brisant les fenêtres de la salle à l’aide d’une disqueuse après s’être hissés depuis l’extérieur sur une nacelle. Ils ont fracturé les vitrines et ont dérobé un ensemble de parures en pierres précieuses et diamants, le tout en quelques minutes à peine.- Système inopérant -Un mois plus tôt, des voleurs s’étaient introduits durant la nuit au Muséum d’histoire naturelle à Paris en forçant une porte de secours à l’aide d’une disqueuse puis une vitrine blindée avec un chalumeau pour emporter 6 kg de pépites d’or. Le système d’alarme et de vidéosurveillance du Muséum était “inopérant” depuis une cyberattaque survenue le le 25 juillet, a appris l’AFP de source policière, ce que le musée n’a ni confirmé, ni démenti.Début septembre, deux plateaux chinois et un vase classés “trésors nationaux” ont été dérobés en pleine nuit au musée national Adrien Dubouché de Limoges, qui possède une riche collection de porcelaine, un préjudice de plusieurs millions d’euros, opéré probablement à la demande d’un commanditaire, selon les autorités.Selon l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC), si “la sécurité est inégale d’un musée à l’autre”, ils “sont de plus en plus ciblés au titre des valeurs et oeuvres très importantes qu’ils détiennent”.La Cour des comptes explique que des équipements ont été installés au cours des dernières années au Louvre dans les espaces d’expositions temporaires qui accueillent nombre de prêts venus de l’étranger, au détriment des salles qui abritent les collections permanentes.-Manque d’équipements et d’agents-Ainsi, “60% des salles de l’aile Sully et 75% pour l’aile Richelieu ne sont pas protégées” par vidéosurveillance, précise-t-elle.”Le 26 mai 2024 à 13H49 j’ai pu m’approcher d’un fragment de retable peint par Raphaël, une tête d’ange, jusqu’à le toucher, ce que je n’ai pas fait, sans qu’aucune alarme ne se déclenche ni qu’aucun agent ni conservateur ne m’interpelle”, raconte à l’AFP une spécialiste française de la Renaissance italienne sous couvert d’anonymat.Elle déplore “une protection des oeuvres défaillante contrairement à nombre de musées italiens”.Quand les équipements de vidéosurveillance existent, “ils sont en partie obsolètes”, déplore Christian Galani de la CGT Culture, en poste au musée.Selon ce représentant syndical, le Louvre “manque aussi d’agents de surveillance, avec 200 emplois supprimés en 15 ans alors que la fréquentation a été multipliée par 1,5. Vous pouvez traverser plusieurs espaces sans en croiser un seul et plusieurs salles sont systématiquement fermées faute d’agents disponibles”, ajoute-t-il.En cause, “des budgets insuffisants et peu transparents”, affirme-t-il. Selon lui, “environ 17 millions d’euros ont été programmés en 2025 pour la prévention des risques, l’électricité, les ascenseurs et la climatisation dont deux millions pour la sûreté”.De grands travaux de rénovation ont été promis fin juin pour le Louvre par le président de la République Emmanuel Macron. Ils ont été évalués entre 700 et 800 millions d’euros sur une dizaine d’années, dont seulement une part minoritaire sera financée par l’Etat.Le musée compte notamment sur un billet d’entrée plus cher, fixé à environ 35 euros pour les visiteurs hors UE à partir de 2026, pour garantir un apport supplémentaire de recettes.

Athènes dénonce l'”indifférence provocatrice” du British Museum après un dîner devant les frises du Parthénon

La ministre grecque de la Culture, Lina Mendoni, a dénoncé lundi l’”indifférence provocatrice” du British Museum qui a organisé un dîner de collecte de fonds notamment dans la galerie qui accueille les frises du Parthénon.”La sécurité, l’intégrité et la dignité des monuments devraient constituer la principale préoccupation du British Museum, qui, une fois encore, fait …

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Athènes dénonce l'”indifférence provocatrice” du British Museum après un dîner devant les frises du Parthénon

La ministre grecque de la Culture, Lina Mendoni, a dénoncé lundi l'”indifférence provocatrice” du British Museum qui a organisé un dîner de collecte de fonds notamment dans la galerie qui accueille les frises du Parthénon.”La sécurité, l’intégrité et la dignité des monuments devraient constituer la principale préoccupation du British Museum, qui, une fois encore, fait preuve d’une indifférence provocatrice”, a-t-elle commenté dans un communiqué après cet événement mondain qui a rassemblé samedi 800 invités dont des célébrités comme Mick Jagger et Naomi Campbell.Rappelant qu’elle avait “condamné à maintes reprises les dîners, réceptions et défilés de mode organisés dans les espaces des musées où sont exposés des monuments et des œuvres d’art”, la ministre a jugé que “de telles initiatives sont offensantes pour les biens culturels”.Elles “mettent (aussi) en danger les objets eux-mêmes”, selon elle.Lina Mendoni a fustigé le fait que les frises du Parthénon, trésors archéologiques vieux de quelque 2.500 ans, soient utilisées “comme éléments décoratifs pour le dîner que (le British Museum) a organisé”.Le grand musée londonien a tenu samedi sa première soirée de collecte de fonds, un événement glamour pour récolter de l’argent.Les VIP présents samedi, qui ont acheté leur billet 2.000 livres (environ 2.300 euros), ont dîné à des tables dressées au milieu des chefs d’œuvre du musée, notamment dans la galerie Duveen où se trouvent les frises du Parthénon.Ces vestiges antiques font l’objet d’une querelle historique entre la Grèce et l’institution londonienne.En décembre dernier, les deux parties avaient semblé se rapprocher d’une solution, le British Museum s’étant montré ouvert à un “partenariat sur le long terme” avec Athènes.Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, ardent partisan d’un retour de ces trésors archéologiques exposés depuis deux siècles à Londres, s’était dit “fermement convaincu” que les marbres du Parthénon reviendraient à Athènes.Depuis les discussions n’ont pas semblé faire de progrès tangibles.Une loi britannique de 1963 empêche le musée d’effectuer des restitutions.Mais la Grèce, qui réclame depuis des décennies le retour de ces précieuses frises détachées du Parthénon, est déterminée à retrouver son patrimoine. Les autorités grecques soutiennent qu’elles ont été l’objet d’un “pillage” orchestré en 1802 par Lord Elgin, ambassadeur britannique auprès de l’Empire ottoman.Mais Londres affirme que les sculptures ont été “acquises légalement” par Lord Elgin, qui les a revendues au British Museum.

Inondations: Bali fait les frais du développement touristique effréné

Se tenant debout là où se dressait encore récemment sa maison familiale, Ruth Deidree Boelan ferme les yeux et prie pour ses proches disparus lors des inondations meurtrières qui ont balayé l’île touristique de Bali début septembre.”Je suis encore sous le choc. Mon frère, mon père et ma mère ont été emportés par les eaux et la maison entière”, située en bord de rivière, “a disparu”, confie à l’AFP la femme de 28 ans, des sanglots dans la voix.Ces inondations et glissements de terrain provoqués par des pluies torrentielles ont fait 18 morts sur “l’île des dieux” et ont mis en lumière les méfaits sur l’environnement d’années de développement urbanistique et touristique effréné.Le sud de l’île indonésienne, autrefois verdoyant, a été transformé par un boom touristique créateur d’emplois mais qui a fragilisé des terres assurant auparavant le drainage de l’eau.En comparant des images d’espionnage américaines déclassifiées datant la guerre froide et des photos satellites récentes, la start-up TreeMap, via son projet Nusantara Atlas, fait apparaître nettement ces bouleversements. “Tout ce terrain est désormais transformé en routes ou en bâtiments, le sol n’a plus la même capacité à absorber l’eau”, explique David Gaveau, son fondateur.Plus de 4,6 millions de touristes étrangers ont visité Bali sur les sept premiers mois de 2025, soit plus que les 4,4 millions d’habitants permanents.L’infrastructure pour les accueillir a entraîné “une conversion des terres et une gestion urbaine chaotique, accompagnées d’une application laxiste des lois d’aménagement du territoire”, dénonce Made Krisna Dinata, directeur exécutif de l’ONG locale Walhi Bali.Tout cela “a placé Bali dans une situation très propice aux catastrophes”, estime-t-il.- Précipitations record -Selon les données de l’agence de météorologie locale, Bali a connu des précipitations record le 9 septembre dernier, notamment dans le district de Badung qui abrite certaines des installations touristiques les plus populaires de l’île.”Il n’y a jamais eu de précipitations aussi importantes”, a déclaré à l’AFP le gouverneur de Bali, Wayan Koster, tout en reconnaissant que des problèmes d’infrastructures ont également joué un rôle dans les inondations désastreuses.Une étude sur les constructions le long de quatre grands cours d’eau va être lancée, ainsi qu’une chasse aux constructions enfreignant les réglementations de zonage, a ajouté le gouverneur.s”Si les règles sont violées, des mesures seront prises pour les faire respecter”, a-t-il promis.Une réglementation visant à protéger les emblématiques rizières en terrasse de Bali de tout développement ultérieur est également prévue.Mais à cet enjeu s’ajoute celui de la gestion des déchets.Selon des recherches menées en 2019, Bali produit 4.200 tonnes de déchets par jour, dont moins de la moitié est envoyée à la décharge, explique I Gede Hendrawan, professeur à l’Université Udayana de Bali.Mal collectés ou éliminés, ces déchets obstruent les rivières et les égouts, aggravant les inondations, explique-t-il à l’AFP.- Déchets -Les autorités balinaises s’apprêtent à fermer une importante décharge sur l’île cette année et exhortent les ménages à mieux gérer leurs déchets organiques. Mais bon nombre de détritus risquent de finir dans la nature, déplore M. Hendrawan, car “nous sommes tous confrontés (…) à l’absence d’un bon système de gestion des ordures”.Bien que le gouvernement local travaille avec Jakarta en vue de construire une usine de valorisation énergétique des déchets, cela ne devrait pas se concrétiser rapidement, indique M. Koster.Les volumes de déchets risquent également d’augmenter si le projet d’ouverture d’un deuxième aéroport international dans le nord de l’île voit le jour, visant à développer, selon les autorités, le tourisme dans cette partie encore peu fréquentée.Le changement climatique fait par ailleurs craindre des pluies record plus fréquentes car une atmosphère plus chaude retient davantage d’humidité.”Si nous ne parvenons pas à résoudre ce problème (de gestion des déchets), alors en décembre et janvier, lorsque la saison des pluies sera à son apogée, nous pouvons craindre qu’une catastrophe encore plus grande ne se produise”, met en garde M. Hendrawan.