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Mongolie: un nouveau Premier ministre après les manifestations anticorruption

Les députés mongols ont investi vendredi l’ancien président du Parlement, Gombojav Zandanshatar, âgé de 52 ans, nouveau Premier ministre, après la démission début juin de son prédécesseur suite à des manifestations anticorruption.Des milliers de jeunes avaient manifesté à Oulan-Bator ces dernières semaines, exprimant leur défiance envers les élites et la corruption présumée d’une partie de la classe politique, dans un contexte d’inquiétudes quant à la hausse du coût de la vie.Ils avaient notamment exigé le départ de celui qui était alors Premier ministre, Luvsannamsrain Oyun-Erdene. Ce dernier, après avoir perdu un vote de confiance dans son gouvernement, avait finalement annoncé sa démission le 3 juin.Comme son prédécesseur, le nouveau Premier ministre Gombojav Zandanshatar est membre du Parti du peuple mongol (PPM).Il a été élu aux premières heures de vendredi par le Grand Khoural d’Etat – le Parlement monocaméral du pays – par 108 voix pour, sur 117 députés présents.Dans un discours aux députés après son élection, il a souligné “l’urgence de stabiliser l’économie et d’améliorer les revenus et les conditions de vie des citoyens”, selon un communiqué publié par le Parlement.Gombojav Zandanshatar est un personnage incontournable de la scène politique mongole depuis deux décennies. Il avait déjà occupé plusieurs fonctions importantes.Il était notamment ministre des Affaires étrangères, chef de cabinet de l’actuel président Ukhnaa Khurelsukh, ou encore président du Parlement lorsque celui-ci a adopté des réformes constitutionnelles clés en 2019.- Conflit politique -Vaste pays de seulement 3,4 millions d’habitants situé entre la Chine et la Russie, la Mongolie dispose de ressources naturelles abondantes mais est confrontée depuis des décennies à des problèmes de corruption.Avant la crise politique actuelle, la Mongolie était dirigée par un gouvernement de coalition à trois partis.Il avait été mis en place après la perte par le Parti du peuple mongol (PPM) d’une part importante de sa majorité, suite aux élections de l’an passé.Mais le mois dernier, le PPM avait exclu de la coalition la deuxième force politique, le Parti démocrate (PD), après que certains jeunes députés du PD eurent soutenu les appels à la démission du désormais ex-Premier ministre.Cela avait poussé Luvsannamsrain Oyun-Erdene à organiser un vote de confiance en son gouvernement, qu’il a perdu après le boycott des députés du Parti démocrate (PD) lors du scrutin.En mai, le bureau de l’ex-Premier ministre avait affirmé à l’AFP qu’il niait “avec véhémence” les allégations de corruption visant Luvsannamsrain Oyun-Erdene, les qualifiant de “diffamation”.Sous son mandat, débuté en 2021, la Mongolie avait toutefois dégringolé dans l’indice de perception de la corruption de l’organisation Transparency International.- “Changement de cap” -Une partie de la population estime que les richesses issues de l’exploitation minière, notamment du charbon, sont accaparées par l’élite politique et économique. Le mandat du nouveau Premier ministre Gombojav Zandanshatar devrait marquer un “changement de cap”, déclare à l’AFP l’analyste politique Munkhnaran Bayarlkhagva.Il “devra revoir à la baisse les mégaprojets pharaoniques, alléger la fiscalité, notamment pour les plus pauvres, résorber la crise en matière de coût de la vie et enrayer le recul démocratique”, affirme-t-il.Dans les rues d’Oulan-Bator, avant le vote de vendredi, Tumentsetseg Purevdorj, une sociologue de 38 ans, a estimé auprès de l’AFP que l’expérience politique du nouveau Premier ministre était “un atout”.”Mais nous avons besoin d’un gouvernement solide et efficace”, a-t-elle souligné. “En tant que femme, je veux qu’il inclue des femmes compétentes dans son nouveau gouvernement.”Pour d’autres jeunes Mongols cependant, l’arrivée du nouveau Premier ministre ne présageait aucun changement notable.Zoljargal Ganzereg, un économiste de 25 ans, se dit également sceptique: le nouveau Premier ministre “était déjà en politique quand je suis né, et il est toujours là”, souligne-t-il.”On vit au jour le jour, avec à peine de quoi couvrir nos besoins essentiels”, déclare-t-il à l’AFP. “S’il est incapable de changer ça, alors je n’aurai d’autre choix que de partir à l’étranger.”

Les secours passent le site du crash du Boeing d’Air India au peigne fin

Sauveteurs et chiens renifleurs continuent à fouiller vendredi le site du crash du Boeing 787 d’Air India, qui s’est écrasé la veille dans un quartier résidentiel d’Ahmedabad, au nord-ouest de l’Inde, tuant au moins 265 personnes. Un des passagers du vol 171, qui transportait 242 personnes, a miraculeusement survécu à l’accident, survenu juste après son décollage à destination de Londres.L’empennage de l’appareil était toujours visible vendredi au deuxième étage d’une résidence dans laquelle vivaient des médecins et étudiants en médecine travaillant dans un hôpital à proximité.Selon le dernier bilan fourni par un responsable de la police locale, Kanan Desai, les sauveteurs ont déjà extirpé 265 corps des débris de l’avion et des bâtiments sur lesquels il s’est écrasé.Au moins 24 personnes ont été tuées au sol quand l’appareil s’est écrasé sur la résidence des médecins, selon son décompte.Le bilan pourrait s’alourdir à mesure que d’autres corps seront retrouvés.”Le nombre officiel de victimes ne sera déclaré qu’une fois les tests ADN terminés”, a déclaré jeudi soir le ministre de l’Intérieur, Amit Shah. Le Premier ministre indien Narendra Modi, originaire de l’Etat du Gujarat dont Ahmedabad est la principale ville, s’est rendu sur le site du crash et auprès des blessés vendredi matin, selon des images des télévisions locales.”La tragédie d’Ahmedabad nous a tous abasourdis et attristés. Cela nous brise le cÅ“ur au-delà des mots”, avait-il déclaré jeudi à l’annonce de la catastrophe.- ADN des familles recueilli -Selon l’aviation civile indienne, le vol 171 d’Air India avait embarqué 230 passagers – 169 Indiens, 53 Britanniques, 7 Portugais et un Canadien – et douze membres d’équipage.L’unique survivant est un Britannique d’origine indienne, a déclaré Air India.Les médias indiens ont affirmé que Vishwash Kumar Ramesh occupait le siège 11A, à l’avant de l’appareil. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux l’ont montré en t-shirt ensanglanté, boitant jusqu’à une ambulance. “Je n’ai aucune idée de la façon dont je suis sorti de cet avion”, a-t-il déclaré à son frère Nayan Kumar Ramesh, 27 ans, cité par l’agence de presse britannique Press AssociationToute la nuit, des proches des victimes se sont pressés à la faculté de médecine d’Ahmedabad pour donner des échantillons de leur ADN à fin d’identification des corps. Ashfaque Nanabawa, 40 ans, a raconté à l’AFP que son cousin Akeel Nanabawa, se trouvait à bord avec sa femme et sa fille de trois ans.Il lui avait parlé quelques minutes alors qu’il était assis dans l’avion, avant le décollage. “Il nous a dit: +Je suis dans l’avion, (…) tout va bien”. C’était son dernier appel”.Une femme a expliqué que son gendre a perdu la vie dans l’accident.- “Ma fille ne sait pas” -“Ma fille ne sait pas qu’il n’est plus là”, a-t-elle dit à l’AFP en essuyant ses larmes. “Je ne peux pas lui annoncer la nouvelle, quelqu’un peut-il le faire à ma place, s’il vous plaît?”, a-t-elle imploré. L’avion s’est écrasé jeudi moins d’une minute après son décollage à 13h39 locales (8h09 GMT), selon l’aviation civile indienne. Il a presqu’aussitôt émis un appel de détresse avant de s’écraser lourdement au-delà de l’aéroport.Selon une source proche du dossier, ce crash est le premier d’un B-787 Dreamliner, un long-courrier entré en service en 2011.Les bureaux d’enquête britannique et américain ont annoncé qu’ils dépêchaient chacun des équipes pour soutenir leurs homologues indiens du Bureau d’enquêtes des accidents aéronautiques (AAIB). Le groupe Tata, propriétaire d’Air India, a indiqué prévoir une aide financière de 110.000 euros pour les familles de chaque personne décédée, s’engageant par ailleurs à couvrir les frais médicaux des blessés.En 1996, un vol 763 de la Saudi Arabian Airlines était entré en collision en plein vol près de New Delhi avec le vol 1907 de Kazakhstan Airlines.  Les 349 personnes à bord des deux avions avaient été tuées, faisant de cet événement la collision aérienne la plus meurtrière de l’histoire.Depuis 2000, dans le monde, six catastrophes aériennes ont fait plus de 200 morts.L’accident de jeudi intervient dans un pays où le trafic aérien a explosé ces dernières années.Â