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Japon : un homme condamné pour viol sur sa fille dans un rare procès médiatisé

Un tribunal japonais a condamné mardi à huit ans de prison un père pour le viol dont sa fille l’a publiquement accusé, une affaire rare au Japon où de nombreuses victimes préfèrent rester anonymes.Koji Daimon a été reconnu coupable d’avoir violé en 2016 Riho Fukuyama, qui était alors lycéenne.Tout en reconnaissant les faits, il a continué à clamer son innocence, arguant que sa fille “était en position de résister”.”Etant donné que la victime continue de souffrir physiquement et mentalement à ce jour (…), les conséquences doivent être considérées comme graves”, a rétorqué le juge Toshiaki Umezawa.”J’ai été soulagée” après avoir entendu le verdict, a déclaré Riho Fukuyama aux journalistes rassemblés devant le tribunal de Toyama, une ville côtière du centre du Japon. “J’ai envie de me dire à moi-même : +bien joué !+”.Elle a cependant admis que le procès avait été “extrêmement difficile” à vivre.”C’était douloureux d’évoquer des choses dont je n’aurais même pas discuté avec un ami proche”, a-t-elle confié. “J’ai dû me replonger dans mon passé et me remémorer des détails”, a raconté la jeune femme, qui dit avoir souffert de flashbacks et de cauchemars.- Quatre verrous -D’après son mari, également présent devant la presse, Riho Fukuyama pouvait pleurer parfois pendant des heures et ne se sent en sécurité qu’avec quatre verrous installés sur leur porte.”Je veux que les gens sachent ce qu’est la réalité de ce que vivent les victimes de violences sexuelles”, a-t-il lancé, les larmes aux yeux, exhortant chacun à “se mobiliser” pour les victimes.Riho Fukuyama a rendu ses accusations publiques en mars 2024 après l’arrestation de son père. Elle a expliqué que les viols avaient commencé quand elle était au collège et se déroulaient lorsque sa mère était absente.”Je veux dire au monde entier que les violences sexuelles au sein des familles existent bel et bien. Ne détournez pas le regard des victimes”, a-t-elle insisté.”Je sais que les victimes souffrent”, a poursuivi Riho Fukuyama. “Je sais que c’est difficile mais n’hésitez pas à parler et à demander de l’aide. Vous avez des alliés”, a-t-elle conclu.- 1% des victimes saisissent la police -Dans une société japonaise conservatrice, les victimes de viol se taisent en général. Les derniers chiffres du gouvernement montrent que, bien que 8% des femmes japonaises aient été victimes de relations sexuelles non consenties, seules un peu plus de 1% d’entre elles ont contacté la police et 55% ont gardé le silence.Parmi les victimes qui ont choisi de rendre publiques leurs accusations figure la journaliste Shiori Ito, qui a remporté un procès civil historique en 2019 contre un célèbre journaliste de télévision qui l’avait violée.En 2021, la militaire Rina Gonoi a accusé des camarades soldats d’agression sexuelle et trois d’entre eux ont ensuite été condamnés à des peines avec sursis. Elle a ensuite quitté l’armée.Les deux femmes ont été félicitées pour leur courage mais ont également été victimes d’une vague de haine sur internet, ce qui a contraint notamment Mme Ito à déménager à Londres.Dans un autre dossier emblématique, une procureure d’Osaka a accusé son supérieur de l’avoir violée. Elle est restée anonyme dans l’espoir de pouvoir reprendre son travail.Même s’il n’y a pas eu de mouvement #MeToo majeur comme ceux qui ont eu lieu ailleurs dans le monde, des rassemblements modestes contre les violences sexuelles ont vu le jour à travers le Japon après l’acquittement de plusieurs hommes accusés de viols en 2019.Des changements juridiques ont également contribué à cette évolution. La définition du viol a été élargie en 2017, tandis que l’obligation pour les victimes de prouver la violence ou l’intimidation a été supprimée en 2023. Ces nouveautés n’ont cependant pas été prises en compte dans l’affaire Riho Fukuyama, les faits étant antérieurs.

Vance en Israël pour consolider le cessez-le-feu à Gaza

Le vice-président américain JD Vance est en visite mardi en Israël à l’heure où Washington accentue ses efforts diplomatiques afin de consolider le cessez-le-feu en vigueur dans la bande de Gaza, fragilisé par des violences et le retard dans le retour d’otages.M. Vance et son épouse Usha ont atterri à la mi-journée à l’aéroport de Tel-Aviv, où ils ont été accueillis par le vice-Premier ministre israélien Yariv Levin, avant de s’entretenir sur place avec Steve Witkoff et Jared Kushner, émissaires de Donald Trump arrivés lundi, puis de prendre la route pour Jérusalem où il doit tenir une conférence de presse. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a indiqué qu’il le rencontrerait mais sans préciser quand. L’administration Trump intensifie ses efforts diplomatiques après les violences de dimanche dans le territoire palestinien, les plus importantes depuis l’entrée en vigueur le 10 octobre d’un accord de cessez-le-feu, qui a permis la libération des 20 otages vivants du 7-Octobre encore détenus à Gaza en échange de celle de prisonniers palestiniens.”Nous avons passé un accord avec le Hamas selon lequel ils vont bien se tenir et si ce n’est pas le cas, nous allons les éradiquer, si nécessaire”, a déclaré lundi le président américain, disant vouloir donner encore “une petite chance” à la poursuite de sa feuille de route pour faire taire les armes à Gaza.Le Hamas devait aussi rendre d’ici le 13 octobre dernier les 28 corps d’otages encore retenus à Gaza. Il a remis lundi à la Croix-Rouge une 13e dépouille, que le gouvernement a ensuite identifié comme celle de Tal Haïmi, tué le 7 octobre 2023 dans le kibboutz Nir Yitzhak lors de l’attaque du Hamas sur Israël ayant déclenché la guerre. Le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, a assuré mardi que son mouvement restait “engagé” dans le cessez-le-feu. “Nous sommes déterminés à récupérer les corps de toutes les personnes détenues” malgré des “difficultés pour les extraire”, a-t-il affirmé sur la chaîne égyptienne Al-Qahera News.”L’accord pour Gaza tiendra, car nous le voulons et que notre volonté de le respecter est forte”, a-t-il insisté, alors qu’Israël a rappelé qu’elle exigeait le retour de toutes les dépouilles d’otages.- “Sur deux tableaux” -Avec JD Vance, Benjamin Netanyahu entend discuter de “deux choses”: “les défis de sécurité auxquels nous faisons face et les opportunités diplomatiques qui s’offrent à nous”, a-t-il dit lundi.  M. Netanyahu a rencontré mardi le chef des services de renseignements égyptiens, venu à Jérusalem, a indiqué son bureau. L’Egypte, médiatrice pour le cessez-le-feu à Gaza, a accueilli lundi une délégation du Hamas. Parrainé par Donald Trump, l’accord de cessez-le-feu a paru vaciller dimanche après des violences dans la bande de Gaza, fatales à au moins 45 Palestiniens, selon la Défense civile locale, et deux soldats israéliens selon l’armée.  “Le seul élément qui empêche Israël de ravager encore davantage Gaza, c’est Trump”, souligne Mairav Zonszein, analyste au centre de réflexion International Crisis Group (ICG), pour qui le cessez-le-feu reste “très, très fragile”.”Les Israéliens sont heureux de la libération des otages (…) Ils ne veulent plus de roquettes, mais craignent que le Hamas se tienne toujours debout”, ajoute-t-elle, soutenant que dans ce contexte, M. Netanyahu joue “sur deux tableaux”.”Il parle de paix (…) Mais en même temps, il bombarde Gaza et tente de nouveau de conditionner l’entrée d’aide”, dit-elle. – “Urgence absolue” -Le maintien du cessez-le feu est “vital” pour “sauver des vies” à Gaza, a d’ailleurs exhorté mardi le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU, appelant à l’ouverture de tous les points de passage vers le territoire palestinien.Le PAM achemine actuellement de l’aide via Kissoufim (centre-est) et Kerem Shalom (sud), mais a besoin d’atteindre le nord de Gaza et réclame notamment en ce sens l’ouverture du passage de Zikim.Il faut “passer tout de suite, et c’est l’urgence absolue, à la réouverture des ponts humanitaires et des différentes routes humanitaires”, a renchéri depuis la Slovénie le président français Emmanuel Macron, appelant à ce que “la pression demeure pour que le cessez-le-feu soit pleinement observé”.Une étape ultérieure du plan Trump prévoit le retrait progressif des forces israéliennes dans la bande de Gaza, mais aussi le désarmement du Hamas. Le plan, en 20 points, exclut tout rôle du Hamas dans la gouvernance de Gaza afin que le territoire palestinien “ne pose plus de menace à ses voisins”.L’attaque du 7 octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles. L’offensive israélienne menée en représailles a fait 68.229 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, et provoqué un désastre humanitaire.burs-gl/cab

Vance en Israël pour consolider le cessez-le-feu à Gaza

Le vice-président américain JD Vance est en visite mardi en Israël à l’heure où Washington accentue ses efforts diplomatiques afin de consolider le cessez-le-feu en vigueur dans la bande de Gaza, fragilisé par des violences et le retard dans le retour d’otages.M. Vance et son épouse Usha ont atterri à la mi-journée à l’aéroport de Tel-Aviv, où ils ont été accueillis par le vice-Premier ministre israélien Yariv Levin, avant de s’entretenir sur place avec Steve Witkoff et Jared Kushner, émissaires de Donald Trump arrivés lundi, puis de prendre la route pour Jérusalem où il doit tenir une conférence de presse. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a indiqué qu’il le rencontrerait mais sans préciser quand. L’administration Trump intensifie ses efforts diplomatiques après les violences de dimanche dans le territoire palestinien, les plus importantes depuis l’entrée en vigueur le 10 octobre d’un accord de cessez-le-feu, qui a permis la libération des 20 otages vivants du 7-Octobre encore détenus à Gaza en échange de celle de prisonniers palestiniens.”Nous avons passé un accord avec le Hamas selon lequel ils vont bien se tenir et si ce n’est pas le cas, nous allons les éradiquer, si nécessaire”, a déclaré lundi le président américain, disant vouloir donner encore “une petite chance” à la poursuite de sa feuille de route pour faire taire les armes à Gaza.Le Hamas devait aussi rendre d’ici le 13 octobre dernier les 28 corps d’otages encore retenus à Gaza. Il a remis lundi à la Croix-Rouge une 13e dépouille, que le gouvernement a ensuite identifié comme celle de Tal Haïmi, tué le 7 octobre 2023 dans le kibboutz Nir Yitzhak lors de l’attaque du Hamas sur Israël ayant déclenché la guerre. Le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, a assuré mardi que son mouvement restait “engagé” dans le cessez-le-feu. “Nous sommes déterminés à récupérer les corps de toutes les personnes détenues” malgré des “difficultés pour les extraire”, a-t-il affirmé sur la chaîne égyptienne Al-Qahera News.”L’accord pour Gaza tiendra, car nous le voulons et que notre volonté de le respecter est forte”, a-t-il insisté, alors qu’Israël a rappelé qu’elle exigeait le retour de toutes les dépouilles d’otages.- “Sur deux tableaux” -Avec JD Vance, Benjamin Netanyahu entend discuter de “deux choses”: “les défis de sécurité auxquels nous faisons face et les opportunités diplomatiques qui s’offrent à nous”, a-t-il dit lundi.  M. Netanyahu a rencontré mardi le chef des services de renseignements égyptiens, venu à Jérusalem, a indiqué son bureau. L’Egypte, médiatrice pour le cessez-le-feu à Gaza, a accueilli lundi une délégation du Hamas. Parrainé par Donald Trump, l’accord de cessez-le-feu a paru vaciller dimanche après des violences dans la bande de Gaza, fatales à au moins 45 Palestiniens, selon la Défense civile locale, et deux soldats israéliens selon l’armée.  “Le seul élément qui empêche Israël de ravager encore davantage Gaza, c’est Trump”, souligne Mairav Zonszein, analyste au centre de réflexion International Crisis Group (ICG), pour qui le cessez-le-feu reste “très, très fragile”.”Les Israéliens sont heureux de la libération des otages (…) Ils ne veulent plus de roquettes, mais craignent que le Hamas se tienne toujours debout”, ajoute-t-elle, soutenant que dans ce contexte, M. Netanyahu joue “sur deux tableaux”.”Il parle de paix (…) Mais en même temps, il bombarde Gaza et tente de nouveau de conditionner l’entrée d’aide”, dit-elle. – “Urgence absolue” -Le maintien du cessez-le feu est “vital” pour “sauver des vies” à Gaza, a d’ailleurs exhorté mardi le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU, appelant à l’ouverture de tous les points de passage vers le territoire palestinien.Le PAM achemine actuellement de l’aide via Kissoufim (centre-est) et Kerem Shalom (sud), mais a besoin d’atteindre le nord de Gaza et réclame notamment en ce sens l’ouverture du passage de Zikim.Il faut “passer tout de suite, et c’est l’urgence absolue, à la réouverture des ponts humanitaires et des différentes routes humanitaires”, a renchéri depuis la Slovénie le président français Emmanuel Macron, appelant à ce que “la pression demeure pour que le cessez-le-feu soit pleinement observé”.Une étape ultérieure du plan Trump prévoit le retrait progressif des forces israéliennes dans la bande de Gaza, mais aussi le désarmement du Hamas. Le plan, en 20 points, exclut tout rôle du Hamas dans la gouvernance de Gaza afin que le territoire palestinien “ne pose plus de menace à ses voisins”.L’attaque du 7 octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles. L’offensive israélienne menée en représailles a fait 68.229 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, et provoqué un désastre humanitaire.burs-gl/cab

Après les inondations de Valence, des milliers de photos sauvées de la boue

Des centaines de photos, tenues par des pinces à linge, sèchent dans un laboratoire de Valence. Des souvenirs d’anniversaires, de naissances ou de vacances que la boue des inondations meurtrières de 2024 en Espagne avait failli emporter, mais qui ont été sauvés par une initiative universitaire.Vêtues de blouses blanches et de masques pour se protéger des …

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Après les inondations de Valence, des milliers de photos sauvées de la boue

Des centaines de photos, tenues par des pinces à linge, sèchent dans un laboratoire de Valence. Des souvenirs d’anniversaires, de naissances ou de vacances que la boue des inondations meurtrières de 2024 en Espagne avait failli emporter, mais qui ont été sauvés par une initiative universitaire.Vêtues de blouses blanches et de masques pour se protéger des moisissures, une douzaine d’étudiants travaillent sur des clichés dans une salle de la Faculté des Beaux-Arts de l’Université Polytechnique de Valence (UPV).”Ne pas toucher. Matériel contaminé”, avertit une pancarte à l’entrée, à côté d’une montagne d’albums vides encore couverts de traces de boue. Cette même boue qui avait ravagé une partie de la province de Valence après les pluies torrentielles du 29 octobre 2024, causant la mort de 237 personnes et détruisant des milliers de logements.De nombreux volontaires avaient alors afflué pour aider les rescapés à nettoyer leurs maisons et à récupérer leurs souvenirs, ensevelis au milieu de quelque 800.000 tonnes de débris laissées dans le sillage de la catastrophe. “Nous avons commencé à recevoir des appels d’étudiants préoccupés, qui aidaient dans la zone sinistrée et voyaient qu’il y avait énormément de photos qui étaient jetées, des albums entiers”, explique Esther Nebot, professeure au département de Conservation et Restauration de l’UPV et l’une des directrices du projet “Salvem les fotos” (“Sauvons les photos”).- 340.000 images -“Les mêmes étudiants (…) ont commencé à ramasser les photos dans leurs sacs à dos”, raconte-t-elle à côté des congélateurs où étaient stockés les clichés en question, souvent très abîmés, dans le but de les restaurer et de les restituer un jour à leurs propriétaires.Depuis lors, environ 340.000 images sont passées par ce laboratoire, dont 75% ont été restaurées grâce au travail de volontaires, d’étudiants, de donateurs et de professeurs de l’Université. La catastrophe “a entraîné une perte énorme aux niveaux documentaire, des archives, de l’histoire et, surtout, de ce qu’est la société”, souligne Esther Nebot, évoquant “des objets qui n’ont peut-être pas de valeur économique, ni même historique, mais qui ont une charge émotionnelle”. Avec un pinceau et un bac d’eau de plus en plus sombre, Ruth Acuña nettoie délicatement une photo en noir et blanc où, parmi les taches, on distingue le portrait d’une femme. Impliquée dans le projet depuis le début, elle travaille minutieusement, consciente de manier les souvenirs de familles qui ont déjà beaucoup perdu. “Une image que vous voyez et dont vous vous dites +Ca ne va pas marcher+, quand tout à coup elle ressort presque parfaite (…), c’est une grande satisfaction”, raconte cette doctorante de 25 ans.À la table voisine, des collègues démontent soigneusement un album froissé, tandis que d’autres désinfectent et nettoient avec leurs pinceaux une série de photos décolorées, qui seront ensuite suspendues pour sécher sur des cordes au fond de la salle. Les plus délicates, la plupart en noir et blanc, reposeront sur des plaques avec du carton pour éviter qu’elles ne se courbent. – “Nous avons beaucoup pleuré” -Certaines sont tellement abîmées qu’il est difficile d’en distinguer les protagonistes, mais d’autres ont retrouvé un fragment de vie. “C’est très beau de nettoyer et finalement de réussir à voir un visage, surtout avec celles qui sont très abîmées (…). Cela vous remplit de joie de savoir que les familles pourront ensuite voir les photos ensemble”, explique Andrea Baldwin, une étudiante, tout en nettoyant une photo avec du coton. Dans la salle voisine, deux de ses collègues numérisent et classent les photos qui, dans la dernière étape, sont montées dans un format similaire à celui dans lequel elles sont arrivées pour être rendues aux familles.”On leur fixe un rendez-vous et on leur consacre du temps. Elles voient comment nous avons traité leurs photos et cela nous permet aussi de les remercier pour la confiance qu’elles nous ont accordée”, raconte Esther Nebot.Evoquant ces rencontres avec les propriétaires des photos, dont certains n’ont toujours pas réintégré leur domicile, elle confie: “nous avons beaucoup pleuré”. 

Après les inondations de Valence, des milliers de photos sauvées de la boue

Des centaines de photos, tenues par des pinces à linge, sèchent dans un laboratoire de Valence. Des souvenirs d’anniversaires, de naissances ou de vacances que la boue des inondations meurtrières de 2024 en Espagne avait failli emporter, mais qui ont été sauvés par une initiative universitaire.Vêtues de blouses blanches et de masques pour se protéger des moisissures, une douzaine d’étudiants travaillent sur des clichés dans une salle de la Faculté des Beaux-Arts de l’Université Polytechnique de Valence (UPV).”Ne pas toucher. Matériel contaminé”, avertit une pancarte à l’entrée, à côté d’une montagne d’albums vides encore couverts de traces de boue. Cette même boue qui avait ravagé une partie de la province de Valence après les pluies torrentielles du 29 octobre 2024, causant la mort de 237 personnes et détruisant des milliers de logements.De nombreux volontaires avaient alors afflué pour aider les rescapés à nettoyer leurs maisons et à récupérer leurs souvenirs, ensevelis au milieu de quelque 800.000 tonnes de débris laissées dans le sillage de la catastrophe. “Nous avons commencé à recevoir des appels d’étudiants préoccupés, qui aidaient dans la zone sinistrée et voyaient qu’il y avait énormément de photos qui étaient jetées, des albums entiers”, explique Esther Nebot, professeure au département de Conservation et Restauration de l’UPV et l’une des directrices du projet “Salvem les fotos” (“Sauvons les photos”).- 340.000 images -“Les mêmes étudiants (…) ont commencé à ramasser les photos dans leurs sacs à dos”, raconte-t-elle à côté des congélateurs où étaient stockés les clichés en question, souvent très abîmés, dans le but de les restaurer et de les restituer un jour à leurs propriétaires.Depuis lors, environ 340.000 images sont passées par ce laboratoire, dont 75% ont été restaurées grâce au travail de volontaires, d’étudiants, de donateurs et de professeurs de l’Université. La catastrophe “a entraîné une perte énorme aux niveaux documentaire, des archives, de l’histoire et, surtout, de ce qu’est la société”, souligne Esther Nebot, évoquant “des objets qui n’ont peut-être pas de valeur économique, ni même historique, mais qui ont une charge émotionnelle”. Avec un pinceau et un bac d’eau de plus en plus sombre, Ruth Acuña nettoie délicatement une photo en noir et blanc où, parmi les taches, on distingue le portrait d’une femme. Impliquée dans le projet depuis le début, elle travaille minutieusement, consciente de manier les souvenirs de familles qui ont déjà beaucoup perdu. “Une image que vous voyez et dont vous vous dites +Ca ne va pas marcher+, quand tout à coup elle ressort presque parfaite (…), c’est une grande satisfaction”, raconte cette doctorante de 25 ans.À la table voisine, des collègues démontent soigneusement un album froissé, tandis que d’autres désinfectent et nettoient avec leurs pinceaux une série de photos décolorées, qui seront ensuite suspendues pour sécher sur des cordes au fond de la salle. Les plus délicates, la plupart en noir et blanc, reposeront sur des plaques avec du carton pour éviter qu’elles ne se courbent. – “Nous avons beaucoup pleuré” -Certaines sont tellement abîmées qu’il est difficile d’en distinguer les protagonistes, mais d’autres ont retrouvé un fragment de vie. “C’est très beau de nettoyer et finalement de réussir à voir un visage, surtout avec celles qui sont très abîmées (…). Cela vous remplit de joie de savoir que les familles pourront ensuite voir les photos ensemble”, explique Andrea Baldwin, une étudiante, tout en nettoyant une photo avec du coton. Dans la salle voisine, deux de ses collègues numérisent et classent les photos qui, dans la dernière étape, sont montées dans un format similaire à celui dans lequel elles sont arrivées pour être rendues aux familles.”On leur fixe un rendez-vous et on leur consacre du temps. Elles voient comment nous avons traité leurs photos et cela nous permet aussi de les remercier pour la confiance qu’elles nous ont accordée”, raconte Esther Nebot.Evoquant ces rencontres avec les propriétaires des photos, dont certains n’ont toujours pas réintégré leur domicile, elle confie: “nous avons beaucoup pleuré”. 

Sous Trump, la capitale du pétrole californien renoue avec ses rêves d’Eldorado

Cowboys à cheval, voitures centenaires et chars ornés de pompes à pétrole: tous les cinq ans, la ville de Taft, épicentre de la ruée vers l’or noir en Californie, replonge le temps d’une parade dans ses heures de gloire, lors du festival “Oildorado”.Mais pour cette édition, neuf mois après le retour de Donald Trump à …

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