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Course aux drones en Afrique : résultats incertains pour les armées, dévastateurs pour les civils

Les célébrations de Pâques devaient être une rare parenthèse de répit à Gedeb, dans le nord de l’Ethiopie. Le 17 avril a viré au carnage dans cette petite ville de l’Amhara, rattrapée par la guerre qui oppose l’armée à la rébellion Fano. Et comme souvent, la mort est tombée du ciel.A l’occasion de cette importante fête religieuse pour les orthodoxes et protestants éthiopiens, de nombreuses familles s’étaient rassemblées dans la matinée pour réparer l’école primaire locale.Soudain, peu avant 11H00, “un drone a tiré sur la foule et pulvérisé beaucoup de gens sous mes yeux”, raconte à l’AFP un habitant qui participait aux travaux.Un vendeur de chaussures présent sur les lieux, dont le neveu a été tué sur le coup, met lui aussi en cause un drone armé, qui a continué de “planer dans les airs” une vingtaine de minutes après la frappe.”Le spectacle était horrible: il y avait des têtes, des torses, des membres projetés un peu partout, et des personnes grièvement blessées qui hurlaient de douleur”, se souvient-il.Les autorités éthiopiennes n’ont pas communiqué sur cette attaque en Amhara, où la situation sécuritaire rend certaines zones très difficiles d’accès, et les communications sont soumises à d’importantes restrictions.D’après l’un des deux habitants contactés par l’AFP, la frappe a fait “au moins” 50 morts, et selon le deuxième, plus de 100, un bilan corroboré par plusieurs médias locaux.L’Éthiopie, et de nombreux pays africains avec elle, mise de plus en plus sur les drones comme un moyen peu coûteux de mener une guerre, souvent avec des résultats militaires mitigés mais des conséquences dévastatrices pour les populations civiles.La frappe de Gedeb est l’une des plus meurtrières d’une série d’attaques de drones depuis le début du conflit, en août 2023, opposant l’armée éthiopienne et les Fano, milices populaires traditionnelles “d’autodéfense” de l’ethnie Amhara.L’utilisation de drones par l’armée éthiopienne, qui a commencé durant la sanglante guerre du Tigré (2020-2022), s’est étendue aux régions de l’Amhara et de l’Oromia sur fond d’insurrections multiples.Dans la seule région de l’Amhara, aujourd’hui la plus touchée, au moins 669 personnes ont été tuées depuis 2023 dans plus de 70 frappes de drones, selon des données collectées par l’ONG Acled et analysées par l’AFP. L’an passé, l’Ethiopie a mené au total 54 frappes, devancée par le Mali (62), le Burkina Faso (82) et surtout le Soudan (266), selon cette source.- Cinq millions d’euros -Technologies bon marché omniprésentes dans les conflits actuels, notamment en Ukraine, les engins pilotés à distance pour la reconnaissance et les frappes suscitent un engouement massif sur le continent.Une trentaine de gouvernements africains ont acquis des drones, selon des données recoupées par l’AFP à partir du “Military Balance” de l’Institut international d’études stratégiques (IISS) et du Drone Proliferation Dataset du Center for a New American Security (CNAS).Pendant des décennies, les guerres en Afrique ont été terrestres, menées surtout par des unités d’infanterie légère et mobile.”Le drone offre aux armées d’Afrique subsaharienne un accès plus abordable et flexible à la puissance aérienne, jusqu’ici hors de portée en raison de son coût et de sa complexité opérationnelle”, explique Djenabou Cisse, spécialiste des questions de sécurité en Afrique de l’Ouest à la Fondation pour la recherche stratégique.Et des pays comme la Chine, la Turquie et l’Iran présentent l’avantage de vendre des drones “sans y attacher de conditionnalité politique liée au respect des droits humains”, ajoute-t-elle.Au sein des états-majors africains, le plus populaire est sans conteste le drone turc Bayraktar TB2, qui, avec son grand-frère l’Akinci, a détrôné le Wing Loon chinois ces dernières années. Le TB2 a fait une apparition remarquée en 2019 en Libye, premier théâtre africain d’une guerre de drones, entre le Gouvernement d’union nationale soutenu par Ankara, et son rival de l’Est, le maréchal Haftar, équipé d’engins chinois fournis par les Émirats arabes unis.L’année suivante, son déploiement dans le Karabakh pendant le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, puis en Ukraine à partir de 2022, font grimper sa cote. Les commandes explosent et les listes d’attente s’étirent.Si les détails des contrats sont gardés secrets, des experts consultés par l’AFP chiffrent à 5 millions d’euros un “système” de trois drones, contre plusieurs dizaines de millions pour un avion de chasse ou un hélicoptère de combat.De quoi compenser une performance plutôt moyenne, avec un rayon d’action limité à 150 km.Ce drone produit par l’entreprise privée Baykar, dirigée par le gendre du président turc Recep Tayyip Erdogan, “fait aujourd’hui partie intégrante de la politique étrangère de la Turquie, dont la stratégie consiste à exporter ses produits militaires dans le monde entier”, constate Batu CoÅŸkun, chercheur au Sediq Institute à Tripoli.La percée des drones turcs en Afrique est d’autant plus facilitée que, contrairement aux Occidentaux, Ankara s’affranchit des lourdes procédures de contrôle des exportations de matériels militaires. “C’est essentiellement à la discrétion du président”, relève-t-il.- Plus grande autonomie -Au Sahel, après avoir chassé la France, les pouvoirs militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont fait des drones turcs un vecteur privilégié pour frapper leurs ennemis de l’intérieur, combattants jihadistes ou indépendantistes.Comme en décembre 2024, lorsque l’armée malienne a éliminé un responsable et plusieurs membres du Front de libération de l’Azawad (FLA), une coalition indépendantiste, dans une attaque de drones sur Tinzaouatène (nord).En novembre 2023, ils ont joué un rôle déterminant dans la prise de Kidal aux rebelles majoritairement touaregs du Cadre stratégique permanent (CSP), offrant une victoire symbolique au général Assimi Goïta.Sous couvert d’anonymat, un officier supérieur malien loue la “discrétion” de la coopération militaire turque. “Quand vous payez des équipements militaires en Occident, il faut que ça passe par des accords politiques, des négociations. Avec la Turquie, nous avons une célérité que nous n’avons pas ailleurs, même pas en Russie ou en Chine”, qui fournissent aussi des équipements militaires, confie-t-il.Selon un jeune pilote malien de drone de surveillance qui souhaite également garder l’anonymat, les appareils turcs “ont une facilité de pilotage qui fait que nous n’avons pas besoin d’un long temps de formation”.Au Tchad, quatre drones turcs viennent combler le départ des avions de chasse français dans les bases avancées qu’ils occupaient jusqu’à la rupture des accords de coopération militaire par N’Djamena fin 2024.Ces derniers avaient fourni à plusieurs reprises un appui aérien pour aider le pouvoir tchadien à stopper l’avancée de rebelles menaçant la capitale. N’Djamena n’est équipé que de cinq avions Sukhoï russes et d’autant d’hélicoptères MI-24 vieillissants.Contrairement aux relations franco-tchadiennes, “il n’y a pas d’accord de coopération militaire (entre N’Djamena et Ankara, ndlr) mais un accord commercial qui nous permet d’acquérir des matériels militaires”, assure un officier tchadien à l’AFP.Des Turcs sont présents pour fournir une assistance technique, et les ex-bases françaises sont “entièrement entre les mains des militaires tchadiens”, revendique la même source.Cette coopération souple sur les drones illustre bien la volonté de certains dirigeants africains d'”affirmer leur souveraineté et une plus grande autonomie stratégique”, note la chercheuse Djenabou Cisse.- “Peur extrême” -Sur le terrain, les gains tactiques et stratégiques du recours aux drones ne sont pourtant pas toujours au rendez-vous, soulignent plusieurs experts. Pour Djenabou Cisse, “les drones ne permettent pas à eux seuls de vaincre un adversaire. On l’a vu en Libye, où les deux camps disposaient de drones sophistiqués, et plus récemment au Soudan, où chacun utilise des drones, mais avec des capacités très inégales. Non seulement ces pays ne se sont pas pleinement stabilisés, mais les conflits se sont souvent enlisés voire intensifiés”.Les drones s’avèrent surtout décisifs en terrain découvert, lorsque l’ennemi n’est pas capable de se disperser et de se dissimuler comme c’est le cas des jihadistes au Sahel, qui ne cessent de gagner du terrain, conclut une étude fouillée de l’Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité (SWP).En Ethiopie, ils ont permis d’inverser le cours du conflit au Tigré à un moment-clé, donnant un avantage décisif aux forces fédérales sans pour autant permettre une victoire définitive.A l’été 2021, une large colonne de forces rebelles du Tigré parvenue à moins de 200 km d’Addis Abeba, menaçant de s’emparer de la capitale, est stoppée in extremis par l’arsenal de drones déployés par le gouvernement.L’analyse d’images satellites par l’ONG PAX sur plusieurs bases aériennes éthiopiennes atteste de la présence de plusieurs TB2 et plus récemment de l’Akinci, mais aussi de Wing Loon chinois et de Mohajer-6 iraniens.Ces drones ont “considérablement accru les possibilités de renseignement, de surveillance et de reconnaissance de l’armée éthiopienne, car ils peuvent rôder pendant près de 24 heures, suivre les mouvements de l’ennemi, identifier ses positions, fournir des informations de ciblage ou frapper directement des cibles”, affirme à l’AFP Wim Zwijnenburg, spécialiste des drones pour l’ONG PAX. Si les combats se sont ensuite concentrés principalement au Tigré, ils se sont tout de même poursuivis jusqu’en 2022, et de très fortes tensions subsistent dans cette région septentrionale malgré la conclusion d’un fragile accord de paix, tandis que d’autres foyers d’insurrections violentes ont essaimé en Amhara et en Oromia.Le Premier ministre Abiy Ahmed, lauréat du Prix Nobel de la Paix en 2019 pour ses efforts de paix avec son voisin érythréen, est aujourd’hui régulièrement accusé d’exactions indiscriminées envers les populations.”Les drones ont continué à cibler des civils malgré la présence de systèmes de capteurs sophistiqués, de caméras haute définition et de vision nocturne” censés permettre de mieux distinguer les menaces, accuse Wim Zwijnenburg, qui déplore “un manque de formation des opérateurs, ou, dans le pire des cas, une décision délibérée”.A Gedeb, la petite ville d’Amhara visée durant la Pâque, les habitants contactés par l’AFP ont assuré qu’il n’y avait pas eu de combats, ni même de miliciens Fano présents dans la zone les jours précédant l’attaque. Mais tous redoutent d’être à nouveau pris pour cible.”Nous sommes prêts à fuir vers la brousse à tout moment en cas de frappe de drone soudaine”, dit l’un d’eux. “Nous vivons dans une peur extrême”.burs-cl-mra/dab/sva/thm

RD Congo: l’ex-président Kabila jugé pour “crimes contre la paix”

L’ex-président de la République démocratique du Congo Joseph Kabila, opposant déclaré au gouvernement actuel, est jugé par la Haute cour militaire du pays à partir de vendredi pour “crime contre la paix”, accusé de complicité avec le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda.Joseph Kabila, qui vit à l’étranger depuis plus de deux ans même s’il a récemment été vu dans l’est du pays, ne devrait pas être présent à l’ouverture de son procès. Il est poursuivi pour “participation à un mouvement insurrectionnel, crime contre la paix et la sécurité de l’humanité, homicide intentionnel par balles, trahison, apologie, viol, torture et déportation, occupation à force ouverte de la ville de Goma”, selon l’acte d’accusation.Ces faits sont passibles de la peine de mort en RDC, où un moratoire sur l’exécution de la peine capitale en vigueur depuis 2003 a été levé en 2024 (aucune exécution n’a cependant eu lieu depuis).Fils de Laurent-Désiré Kabila, rebelle ayant fait tomber le dictateur Mobutu Sese Seko, Joseph Kabila, 54 ans, avait hérité du pouvoir en 2001 après l’assassinat de son père. Il a dirigé la RDC jusqu’en 2019, et est resté très discret après son départ du pouvoir. La coalition politique qu’il formait avec son successeur Félix Tshisekedi avait éclaté au bout de deux ans.En avril, l’ex-ministre de la Justice Constant Mutamba avait saisi la justice militaire afin d’engager des poursuites contre M. Kabila “pour sa participation directe” au M23.Le procureur général de l’armée avait déposé une requête en levée de son immunité auprès du Sénat, qui l’avait approuvée par 88 voix contre cinq et avait autorisé les poursuites. M. Kabila bénéficiait de cette immunité en tant qu’ancien chef de l’Etat et sénateur à vie.Un des principaux éléments exposés par le procureur est un témoignage qui attesterait que Joseph Kabila a tenu une conversation téléphonique avec un haut responsable du M23 au sujet d’un plan orchestré par le Rwanda visant à assassiner le président Tshisekedi.D’après ce témoignage, M. Kabila aurait déconseillé la mise en Å“uvre d’une telle machination qui aboutirait à ériger M. Tshisekedi en “martyr”, et aurait affirmé qu’un coup d’Etat militaire est préférable.Dans une rare allocution transmise en ligne le 23 mai, après la levée de son immunité, l’ancien dirigeant avait dénoncé la “dictature” du gouvernement Tshisekedi, et fustigé une justice n’étant plus selon lui “qu’un instrument d’oppression d’une dictature qui tente désespérément de survivre”.- Aucune alliance formelle -Joseph Kabila, qui avait quitté le pays fin 2023, a regagné en mai Goma, grande ville de l’est du pays contrôlée par le groupe armé M23 et des milices congolaises.L’est congolais, région riche en ressources naturelles frontalière du Rwanda, est déchiré par des conflits depuis 30 ans. Les violences se sont intensifiées ces derniers mois avec la prise de contrôle par le M23 de Goma et Bukavu, capitales des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Le 19 juillet au Qatar, le M23 et le gouvernement de Kinshasa ont signé une déclaration de principes pour un “cessez-le-feu” permanent dans cette partie du pays. Mais jeudi, au moins onze personnes ont été tuées dans des combats entre le M23 et des milices pro-Kinshasa dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu, selon des sources locales.L’accord signé à Doha a été salué par la communauté internationale comme une “avancée” vers un accord de paix global dans l’est de la RDC. De précédents accords de paix et cessez-le-feu ont été violés ces dernières années.Le Rwanda nie soutenir militairement le M23 qui a repris dans ces opérations dans l’est de la RDC. Mais début juillet, des experts de l’ONU ont pointé le “rôle déterminant” joué par son armée dans l’offensive du M23 de janvier et février.Selon un proche de M. Kabila à l’AFP, aucune alliance formelle n’a été conclue entre l’ancien président Kabila et le M23, mais ils partagent un “même objectif”: mettre fin au régime de Félix Tshisekedi.

La Thaïlande affirme que plus de 100.000 civils ont fui les affrontements avec le Cambodge

Plus de 100.000 civils ont été évacués par la Thaïlande le long de sa frontière avec le Cambodge, théâtre d’échanges de combats qui ont fait au moins 14 morts, a annoncé vendredi Bangkok, à quelques heures d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU demandée par le Premier ministre cambodgien Hun Manet.Le ministère thaïlandais de l’Intérieur a indiqué que 100.672 civils provenant de quatre provinces frontalières avaient été transférés dans quelque 300 centres d’accueil. Le ministère de la Santé a annoncé pour sa part que le nombre de morts causées par les frappes de l’artillerie cambodgienne était désormais passé à 14 (13 civils et un militaire).Dans la ville cambodgienne de Samraong, à 20 km de la frontière, des journalistes de l’AFP ont entendu des tirs d’artillerie lointains vendredi matin, et vu certaines familles avec des enfants et leurs affaires à l’arrière de leurs véhicules s’enfuir à toute vitesse.”Je vis tout près de la frontière. Nous avons peur car ils ont recommencé à tirer vers 6 heures du matin”, a déclaré à l’AFP Pro Bak, 41 ans, en emmenant sa femme et ses enfants dans un temple bouddhiste pour s’y réfugier.”Je ne sais pas quand nous pourrons rentrer chez nous”, a-t-il dit.Les journalistes de l’AFP ont également vu des soldats se précipiter vers des lance-roquettes et partir à toute vitesse en direction de la frontière.Les affrontements, d’une rare intensité, ont éclaté jeudi à la frontière entre les deux pays, longue d’environ 800 km, avec des échanges de tirs, d’obus et de roquettes. Les combats se concentrent autour de six endroits, a indiqué l’armée thaïlandaise. Bangkok a déployé jeudi six avions F-16 pour frapper “deux cibles militaires cambodgiennes au sol”, a déclaré le porte-parole adjoint des forces armées, Ritcha Suksuwanon.Le Cambodge n’a communiqué aucun bilan jusqu’à présent. La porte-parole du ministère khmer de la Défense Maly Socheata a refusé de répondre à une question sur d’éventuelles victimes lors d’une conférence de presse.Selon les autorités thaïlandaises, huit civils ont été tués dans la province de Sisaket (nord-est), où une attaque à la roquette a touché une supérette près d’une station-service. Un enfant de huit ans a perdu la vie dans la province de Surin (nord-est), et des obus ont aussi touché un hôpital d’une trentaine de lits à Phanom Dong Rak, dans la province de Surin, près de la frontière, provoquant l’effondrement partiel du toit.- “Avide de guerre” -Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU est programmée vendredi à 15H00 (19H00 GMT). Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, qui occupe la présidence tournante de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) et s’est entretenu avec les deux pays, a appelé à la “retenue”.Bangkok et Phnom Penh sont engagés dans un bras-de-fer depuis la mort d’un soldat khmer fin mai, lors d’un échange nocturne de tirs dans une zone contestée de leur frontière commune surnommée le “Triangle d’émeraude”.Les deux royaumes d’Asie du Sud-Est se déchirent de longue date sur le tracé de leur frontière commune, définie durant l’Indochine française, mais des affrontements à ce niveau de violence n’avaient pas secoué la région depuis presque quinze ans.L’épisode moderne le plus violent lié à la frontière remonte en effet à des affrontements autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011, qui avaient fait au moins 28 morts et des dizaines de milliers de déplacés.A la demande du Premier ministre cambodgien Hun Manet, le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra une réunion en urgence et à huis clos vendredi à 15H00 (19H00 GMT) pour discuter des affrontements meurtriers, ont indiqué des sources diplomatiques à l’AFP.Le porte-parole du gouvernement thaïlandais Jirayu Houngsub a condamné les actions du Cambodge “avide de guerre” en ciblant des civils.L’ambassade thaïlandaise au Cambodge a appelé ses concitoyens à quitter le pays “le plus tôt possible”.Mercredi, Bangkok a rappelé son ambassadeur à Phnom Penh et expulsé de son territoire l’ambassadeur cambodgien, après qu’un soldat thaïlandais a perdu une jambe en marchant sur une mine à la frontière.Une enquête de l’armée thaïlandaise a permis de déterminer que le Cambodge avait posé de nouvelles mines à la frontière, selon les autorités thaïlandaises.Le Cambodge a rejeté ces accusations et indiqué que des zones frontalières restent infestées de mines actives datant de “guerres du passé”.

La Thaïlande affirme que plus de 100.000 civils ont fui les affrontements avec le Cambodge

Plus de 100.000 civils ont été évacués par la Thaïlande le long de sa frontière avec le Cambodge, théâtre d’échanges de combats qui ont fait au moins 14 morts, a annoncé vendredi Bangkok, à quelques heures d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU demandée par le Premier ministre cambodgien Hun Manet.Le ministère thaïlandais de l’Intérieur a indiqué que 100.672 civils provenant de quatre provinces frontalières avaient été transférés dans quelque 300 centres d’accueil. Le ministère de la Santé a annoncé pour sa part que le nombre de morts causées par les frappes de l’artillerie cambodgienne était désormais passé à 14 (13 civils et un militaire).Dans la ville cambodgienne de Samraong, à 20 km de la frontière, des journalistes de l’AFP ont entendu des tirs d’artillerie lointains vendredi matin, et vu certaines familles avec des enfants et leurs affaires à l’arrière de leurs véhicules s’enfuir à toute vitesse.”Je vis tout près de la frontière. Nous avons peur car ils ont recommencé à tirer vers 6 heures du matin”, a déclaré à l’AFP Pro Bak, 41 ans, en emmenant sa femme et ses enfants dans un temple bouddhiste pour s’y réfugier.”Je ne sais pas quand nous pourrons rentrer chez nous”, a-t-il dit.Les journalistes de l’AFP ont également vu des soldats se précipiter vers des lance-roquettes et partir à toute vitesse en direction de la frontière.Les affrontements, d’une rare intensité, ont éclaté jeudi à la frontière entre les deux pays, longue d’environ 800 km, avec des échanges de tirs, d’obus et de roquettes. Les combats se concentrent autour de six endroits, a indiqué l’armée thaïlandaise. Bangkok a déployé jeudi six avions F-16 pour frapper “deux cibles militaires cambodgiennes au sol”, a déclaré le porte-parole adjoint des forces armées, Ritcha Suksuwanon.Le Cambodge n’a communiqué aucun bilan jusqu’à présent. La porte-parole du ministère khmer de la Défense Maly Socheata a refusé de répondre à une question sur d’éventuelles victimes lors d’une conférence de presse.Selon les autorités thaïlandaises, huit civils ont été tués dans la province de Sisaket (nord-est), où une attaque à la roquette a touché une supérette près d’une station-service. Un enfant de huit ans a perdu la vie dans la province de Surin (nord-est), et des obus ont aussi touché un hôpital d’une trentaine de lits à Phanom Dong Rak, dans la province de Surin, près de la frontière, provoquant l’effondrement partiel du toit.- “Avide de guerre” -Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU est programmée vendredi à 15H00 (19H00 GMT). Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, qui occupe la présidence tournante de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) et s’est entretenu avec les deux pays, a appelé à la “retenue”.Bangkok et Phnom Penh sont engagés dans un bras-de-fer depuis la mort d’un soldat khmer fin mai, lors d’un échange nocturne de tirs dans une zone contestée de leur frontière commune surnommée le “Triangle d’émeraude”.Les deux royaumes d’Asie du Sud-Est se déchirent de longue date sur le tracé de leur frontière commune, définie durant l’Indochine française, mais des affrontements à ce niveau de violence n’avaient pas secoué la région depuis presque quinze ans.L’épisode moderne le plus violent lié à la frontière remonte en effet à des affrontements autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011, qui avaient fait au moins 28 morts et des dizaines de milliers de déplacés.A la demande du Premier ministre cambodgien Hun Manet, le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra une réunion en urgence et à huis clos vendredi à 15H00 (19H00 GMT) pour discuter des affrontements meurtriers, ont indiqué des sources diplomatiques à l’AFP.Le porte-parole du gouvernement thaïlandais Jirayu Houngsub a condamné les actions du Cambodge “avide de guerre” en ciblant des civils.L’ambassade thaïlandaise au Cambodge a appelé ses concitoyens à quitter le pays “le plus tôt possible”.Mercredi, Bangkok a rappelé son ambassadeur à Phnom Penh et expulsé de son territoire l’ambassadeur cambodgien, après qu’un soldat thaïlandais a perdu une jambe en marchant sur une mine à la frontière.Une enquête de l’armée thaïlandaise a permis de déterminer que le Cambodge avait posé de nouvelles mines à la frontière, selon les autorités thaïlandaises.Le Cambodge a rejeté ces accusations et indiqué que des zones frontalières restent infestées de mines actives datant de “guerres du passé”.

Un haut responsable du gouvernement Trump interroge la complice d’Epstein

Dans ses tentatives tous azimuts pour éteindre l’incendie de l’affaire Epstein, le gouvernement américain a dépêché jeudi un haut responsable, ancien avocat de Donald Trump, pour interroger Ghislaine Maxwell, complice de Jeffrey Epstein, en Floride, où elle purge sa peine de prison.”J’ai rencontré Ghislaine Maxwell aujourd’hui, et je vais poursuivre mon entretien avec elle demain”, a déclaré en fin de journée sur X Todd Blanche, le numéro 2 du ministère de la Justice.La mort de Jeffrey Epstein, riche homme d’affaires retrouvé pendu dans sa cellule à New York le 10 août 2019 avant d’être jugé pour crimes sexuels, a alimenté d’innombrables théories du complot selon lesquelles il aurait été assassiné pour empêcher des révélations embarrassantes sur des personnalités de premier plan.Donald Trump, qui pendant des mois a promis à sa base des révélations explosives sur ce dossier, subit un retour de flamme, y compris dans son propre camp, depuis que son gouvernement a annoncé début juillet n’avoir découvert aucun élément nouveau qui justifierait la publication de documents supplémentaires.Le ministère de la Justice et le FBI, la police fédérale, ont conclu qu’il n’existait aucune preuve de l’existence d’une liste secrète de “clients” de Jeffrey Epstein et confirmé qu’il s’était bien suicidé.- “Répondu à toutes les questions” -Dans ce contexte tendu, Todd Blanche a rencontré Ghislaine Maxwell, ex-compagne et collaboratrice de Jeffrey Epstein, à Tallahassee, capitale de la Floride, où elle purge une peine de 20 ans de prison pour trafic sexuel.Todd Blanche a “pris toute une journée et a posé beaucoup de questions, et Mme Maxwell a répondu à toutes les questions”, a déclaré son avocat, David Markus, à l’issue de la rencontre au tribunal de Tallahassee. Elle a répondu “honnêtement et autant qu’elle le pouvait”, a-t-il ajouté.”Le ministère de la Justice partagera davantage d’information sur ce que nous avons appris au moment opportun”, a précisé Todd Blanche sur X.Ghislaine Maxwell a été condamnée en 2022 pour avoir recruté entre 1994 et 2004 des jeunes filles mineures afin qu’Epstein les exploite sexuellement.- “Corruption à plein nez” -Cette entrevue hautement inhabituelle entre le numéro 2 du ministère de la Justice et une personne condamnée dans un dossier clos suscitait de nombreuses questions parmi les experts juridiques et les détracteurs de l’administration Trump.”Envoyer l’avocat personnel de Donald Trump, Todd Blanche, interroger Ghislaine Maxwell alors qu’elle est en prison, une femme qui a été reconnue coupable d’avoir exploité des personnes, pour lui proposer un marché malhonnête afin qu’elle disculpe Donald Trump sent la corruption à plein nez”, a déclaré le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.Le 14 juillet, le ministère de la Justice s’était opposé à son recours devant la Cour suprême pour obtenir l’annulation des poursuites qui ont amené à sa condamnation.Mais il semble avoir changé de ton à l’égard de la complice de Jeffrey Epstein.Entre-temps, le Wall Street Journal a fait état la semaine dernière d’une lettre salace attribuée à Donald Trump à l’intention de Jeffrey Epstein en 2003 pour le 50e anniversaire du financier, dont il était alors très proche.Le président américain a catégoriquement démenti et poursuit en diffamation le quotidien.Faisant feu de tout bois, il a également tenté de détourner l’attention en ciblant son prédécesseur démocrate Barack Obama, accusé par la Maison Blanche d’avoir orchestré les accusations d’ingérence russe dans l’élection de 2016, remportée par Donald Trump. Un contre-feu qui révèle à quel point l’affaire Epstein embarrasse l’exécutif et divise la droite américaine.La Chambre des représentants a été paralysée cette semaine par la tentative d’un élu républicain, appuyé par les démocrates, de forcer un vote sur une résolution appelant à la publication des documents judiciaires sur le financier déchu.Mais le président républicain de la Chambre basse, Mike Johnson, a fait en sorte de bloquer ce vote, invoquant la nécessité de protéger les victimes.Face à cette paralysie, les responsables républicains ont décidé d’envoyer dès mercredi les élus en vacances pour tout le mois d’août, un jour plus tôt que prévu.

Intenses affrontements entre la Thaïlande et le Cambodge, au moins 12 morts

La Thaïlande a mené jeudi des frappes contre des cibles militaires cambodgiennes et Phnom Penh a lancé contre son voisin des tirs d’artillerie et de roquettes, faisant au moins 12 morts selon Bangkok, dans des affrontements frontaliers d’une rare intensité.Les deux royaumes d’Asie du Sud-Est se déchirent de longue date sur le tracé de leur frontière commune, définie durant l’Indochine française, mais des affrontements à ce niveau de violence n’avaient pas secoué la région depuis presque quinze ans.Le ministère thaïlandais de la Santé a fait état de 12 morts, dont 11 civils, et 35 blessés. Huit civils ont été tués dans la province de Sisaket, où une attaque à la roquette a touché une supérette près d’une station-service.”J’ai entendu un grand bruit trois ou quatre fois, et quand j’ai tourné la tête, il y avait un énorme nuage de fumée”, a décrit à l’AFP Praphas Intaracheun, un jardinier de 53 ans, qui se trouvait dans une station-service à 300 m de celle ciblée, au moment des faits.Un enfant de huit ans a aussi perdu la vie dans la province de Surin (nord-est), selon les autorités.Des obus ont aussi touché un hôpital d’une trentaine de lits à Phanom Dong Rak, dans la province de Surin, près de la frontière, provoquant l’effondrement partiel du toit.Le bâtiment avait été partiellement évacué dans la nuit de mercredi à jeudi par précaution. “On ne sait pas quand les patients pourront revenir en toute sécurité”, a déclaré à l’AFP un soldat à l’entrée, souhaitant gardé l’anonymat. Les combats se concentrent autour de six endroits, a indiqué l’armée thaïlandaise, qui a déployé jeudi matin six avions F-16 pour frapper “deux cibles militaires cambodgiennes au sol”, a déclaré le porte-parole adjoint des forces armées, Ritcha Suksuwanon.Le Cambodge n’a communiqué aucun bilan jusque-là. La porte-parole du ministère khmer de la Défense Maly Socheata a refusé de répondre à une question sur d’éventuelles victimes lors d’une conférence de presse.- “Avide de guerre” -L’Union européenne et la Chine, pays qui entretient traditionnellement de bonnes relations avec les deux pays, se sont déclarées “profondément préoccupées” par les affrontements et ont appelé au dialogue.La France, ancienne puissance coloniale au Cambodge, a également demandé l’arrêt immédiat des combats et l’ouverture de pourparlers. Elle a “fortement déconseillé” les déplacements dans une zone frontalière allant de Phanom Dong Rak à Chong Bok, côté thaïlandais.Les Etats-Unis ont aussi appelé à une “cessation immédiate des hostilités, la protection des civils et un règlement pacifique”.Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, qui occupe la présidence tournante de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) et s’est entretenu avec les deux pays, a appelé à la “retenue”.Bangkok et Phnom Penh sont engagés dans un bras-de-fer depuis la mort d’un soldat khmer fin mai, lors d’un échange nocturne de tirs dans une zone contestée surnommée le “Triangle d’émeraude”.Des mesures de représailles, décrétées par les deux camps malgré des appels à l’apaisement, ont déjà affecté l’économie et le sort de nombreux habitants des régions concernées.Un nouvel échange de coups de feu près de vieux temples disputés, survenu jeudi après 08H00 (01H00 GMT) au niveau de la province thaïlandaise de Surin (nord-est) et celle cambodgienne d’Oddar Meanchey (nord-ouest), a remis le feu aux poudres.Les deux armées se sont mutuellement accusées d’avoir fait feu en premier.A la demande du Premier ministre cambodgien Hun Manet, le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra une réunion en urgence et à huis clos vendredi à 15H00 (19H00 GMT) pour discuter des affrontements meurtriers, ont indiqué des sources diplomatiques à l’AFP.Le porte-parole du gouvernement thaïlandais Jirayu Houngsub a condamné les actions du Cambodge “avide de guerre” en ciblant des civils.L’ambassade thaïlandaise au Cambodge a appelé ses concitoyens à quitter le pays “le plus tôt possible”.- “Guerres du passé” -Mercredi, Bangkok a rappelé son ambassadeur en place à Phnom Penh et expulsé de son territoire l’ambassadeur cambodgien, après qu’un soldat thaïlandais a perdu une jambe en marchant sur une mine à la frontière.Une enquête de l’armée thaïlandaise a permis de déterminer que le Cambodge avait posé de nouvelles mines à la frontière, selon les autorités thaïlandaises.Le Cambodge a rejeté ces accusations et indiqué que des zones frontalières restent infestées de mines actives datant de “guerres du passé”.L’épisode moderne le plus violent lié à la frontière remonte à des affrontements autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011, qui avaient fait au moins 28 morts et des dizaines de milliers de déplacés.