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A Londres, un musée met ses œuvres sur commande

Se faire servir une Å“uvre d’art sur un plateau est désormais possible à Londres où un grand musée vient d’inaugurer un espace interactif inédit qui permet aux visiteurs d’accéder sur demande à des milliers d’objets issus de ses réserves.”C’est fantastique! Et tellement mieux qu’un musée ordinaire”, s’enthousiasme Jane Bailey. Cette professeure de physique à la retraite n’arrive pas à détacher son regard de la batterie de Keith Moon, batteur du légendaire groupe de rock des années 1960-1970 The Who.”J’aimerais le ressusciter pour qu’il puisse nous jouer un morceau, ce serait fabuleux,” dit-elle en pointant du doigt l’impressionnante batterie noire et rouge disposée sur une palette, elle-même posée sur une étagère métallique.A côté, des dizaines d’objets précieux –céramiques, tableaux, jouets issus du règne des Tudor…– cohabitent dans cet espace aux airs de hangar commercial.Cet endroit, c’est la Storehouse du Victoria et Albert Museum, une antenne de ce grand musée londonien des arts décoratifs, qui a ouvert le 31 mai. Mardi, elle a reçu la visite de la princesse Kate, marraine de l’institution.Située sur l’ancien site des Jeux Olympiques de 2012, dans l’est de la capitale, elle abrite quelque 250.000 pièces issues des réserves du musée, réparties sur quatre étages, soit un cinquième de sa collection totale.- Toucher une Å“uvre -Certaines pièces comme “Le train bleu”, impressionnant rideau de scène pour le ballet du même nom, long de douze mètres et peint d’après un tableau de Picasso, n’ont quasiment jamais été exposées.Ici, pas de vitres protectrices, toutes les Å“uvres sont accessibles au public, sept jours sur sept, gratuitement. Mais surtout: des milliers de pièces peuvent être réservées sur le site internet du musée. Une fois la réservation effectuée, elles sont mises à disposition du visiteur, qui peut les manipuler à l’aide de gants fournis par l’institution. Le tout sous l’étroite surveillance de membres du personnel. Au cÅ“ur du projet: l’ouverture. Faire tomber les barrières physiques et mentales pour accueillir tous les publics, dont les jeunes. “Notre collection appartient à tout le monde, et tout le monde doit pouvoir y avoir accès librement”, explique à l’AFP Georgia Haseldine, l’une des conservatrices du musée, affirmant que cette initiative est “une première mondiale”.Reste que le projet a d’abord suscité les craintes d’une partie du personnel, redoutant des dégradations. “Mais une fois que nous avons expliqué le projet en insistant sur la nécessité de nous ouvrir et de regarder vers l’avenir”, ces dernières se sont envolées, assure-t-elle.Selon elle, “le fait de pouvoir étudier l’arrière d’un objet, regarder à l’intérieur d’une robe… toutes ces choses participent à notre façon d’appréhender notre culture matérielle”.Ce projet est “assez inhabituel”, souligne auprès de l’AFP Kate Hill, chercheuse spécialiste de l’histoire des musées à l’université de Lincoln en Angleterre.- QR Code -Si les grands musées commencent à se lancer dans des “visites guidées” de leurs réserves, elles se résument souvent à des déambulations à côté d’Å“uvres hautement protégées.”Elle sont visibles mais pas accessibles”, résume-t-elle.En pleine flânerie dans la réserve du Victoria and Albert, Gemma Glaister a un avis tranché sur le sujet. “Les Å“uvres d’art ne devraient pas être derrière une vitre, loin des gens, je pense qu’elles devraient être proches, interactives”, soutient la jeune femme de 28 ans.Même sentiment pour Manu Garza, un New-Yorkais installé à Londres depuis janvier, qui ne sait où donner de la tête. Selon lui, l’avenir des musées réside dans le fait d’avoir “accès aux Å“uvres”.Contrairement à un musée traditionnel, il n’y a ici pratiquement pas de pancartes explicatives. Mais des QR codes ont été disséminés sur le parcours. Ils renvoient au catalogue, permettant au visiteur de se renseigner sur l’œuvre qu’il vient de voir.”Vous pouvez voir un objet que vous ne connaissiez pas il y a cinq minutes mais qui a attiré votre attention et soudain vous voulez en savoir plus. C’est formidable”, dit Jane Bailey.Pour Kate Hill, l’ouverture des réserves est une façon de faire du visiteur un acteur et non plus le réceptacle passif d’un savoir dispensé par des experts. “C’est une invitation à participer à la conversation”, conclut-elle.

Inde: un Boeing d’Air India s’écrase sur une zone résidentielle avec 242 personnes à bord

Un Boeing 787 d’Air India s’est écrasé jeudi sur des immeubles d’Ahmedabad  dans le nord-ouest de l’Inde peu après son décollage à destination de Londres, ne laissant qu’un survivant connu sur les 242 personnes à bord et faisant un nombre indéterminé de victimes au sol. Un journaliste de l’AFP à Ahmedabad a vu des personnes récupérer des corps et des pompiers tenter d’éteindre l’épave en flammes après que le Boeing 787-8 Dreamliner a percuté des bâtiment à l’heure du déjeuner, entre l’hôpital public de la ville et le quartier Ghoda Camp.”Nous confirmons qu’il y a un survivant”, a déclaré à l’AFP Dhananjay Dwivedi, secrétaire principal du département de la santé de l’Etat du Gujarat, dans le nord-ouest de l’Inde, indiquant que cette personne avait été hospitalisée.  Quelques heures auparavant, le chef de la police de la ville, GS Malik, avait fait état de  victimes parmi les personnes vivant dans les immeubles sur lequel l’appareil s’est écrasé. “Nous avons retrouvé 204 corps et 41 personnes sont soignées”, avait-il détaillé.Selon l’aviation civile, le vol 171 d’Air India avait embarqué 230 passagers – 169 Indiens, 53 Britanniques, 7 Portugais et un Canadien – et douze membres d’équipage.”Notre bureau est situé juste à côté de l’endroit où l’avion s’est écrasé”, a témoigné sous couvert d’anonymat auprès de l’AFP un habitant. “Nous avons vu des personnes sauter du 2e et du 3e étage. L’avion était en feu”.”Nous avons vu environ 15 à 20 corps brûlés dans les débris de l’avion”, a pour sa part rapporté à l’AFP le Dr Krishna, intervenu auprès des blessés.- “Tragédie” -“Une moitié de l’appareil s’est écrasée sur une résidence où vivaient des médecins avec leurs familles”, a-t-il poursuivi, “le nez de l’avion et la roue avant ont atterri sur la cantine où les étudiants déjeunaient”.Sur d’autres vidéos partagées sur les réseaux sociaux, des pompiers tentent de maîtriser l’incendie provoqué par les débris de l’avion, en feu, non loin d’un bâtiment.L’appareil, un long-courrier de type Boeing 787-8 Dreamliner, avait décollé à 13h39 locales (08h09 GMT) pour l’aéroport de Gatwick, au Royaume-Uni, selon les premiers détails livrés par la direction générale de l’aviation civile indienne.Il a presqu’aussitôt émis un appel de détresse avant de s’écraser “hors du périmètre de l’aéroport”, a-t-elle précisé, sans donner d’autres détails.Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent l’avion qui perd rapidement de l’altitude juste après son décollage, semblant manquer de puissance, avant de tomber sur des immeubles et d’exploser en une boule de feu orange.”La tragédie d’Ahmedabad nous a tous abasourdis et attristés. Cela nous brise le cÅ“ur au-delà des mots”, a déclaré le Premier ministre indien Narendra Modi sur son compte X.Son homologue britannique Keir Starmer a exprimé ses “pensées” pour les “passagers et leurs familles dans ce moment profondément éprouvant”. Quant au roi Charles III, il s’est dit “extrêmement choqué”.Le constructeur aéronautique américain Boeing a déclaré être en en contact avec Air India et être “prêt à les soutenir”. Selon une source proche du dossier, ce crash est le premier d’un B-787, un long-courrier entré en service en 2011. Le titre Boeing a perdu 5,02% à Wall Street après le crash.Les bureaux d’enquête Britannique et Américain ont annoncé qu’ils dépêchaient chacun des équipes pour soutenir leurs homologues indiens. Le président de la compagnie aérienne, Natarajan Chandrasekaran, a déclaré qu’une cellule d’urgence a été mise en  place pour soutenir les familles à la recherche d’informations. Le gouvernement du Gujarat a appelé les familles de victimes à fournir des échantillons d’ADN pour aider à identifier les corps.Le groupe Tata, propriétaire d’Air India, a indiqué prévoir 110 millions d’euros pour les proches “de chaque personne qui a perdu la vie dans cette tragédie”, s’engageant par ailleurs à couvrir les frais médicaux des blessés.- “Corps calcinés” -Un témoin, Poonam Patni, a déclaré que trois immeubles avaient été endommagés.”Lorsque nous sommes arrivés sur place, il y avait des corps éparpillés et les pompiers tentaient d’éteindre le feu”, a-t-il rapporté, “beaucoup étaient calcinés”.  Une photo diffusée par la police indienne sur X montre l’empennage de l’appareil comme posé sur le toit d’un bâtiment. Ahmedabad, la principale ville de l’Etat du Gujarat, frontalier du Pakistan, compte environ 8 millions d’habitants. Son aéroport international, le septième plus fréquenté du pays, est situé au milieu d’un quartier résidentiel densément peuplé. Le trafic y a été suspendu après l’accident.Cette catastrophe aérienne intervient trois jours avant l’ouverture en France du salon du Bourget, le grand rassemblement bisannuel du secteur de l’aéronautique, près de Paris.Le nouveau patron du constructeur américain, Kelly Ortberg, y était attendu.La dernière catastrophe aérienne en Inde remonte à 2010. Un avion d’Air India en provenance de Dubaï s’était écrasé à l’atterrissage à Bangalore, dans le sud de l’Inde, faisant 158 morts.En 1996, un vol 763 de la Saudi Arabian Airlines était entré en collision en plein vol près de New Delhi avec le vol 1907 de Kazakhstan Airlines.  Les 349 personnes à bord des deux avions avaient été tuées, faisant de cet événement la collision aérienne la plus meurtrière de l’histoire.Depuis 2000, dans le monde, six catastrophes aériennes ont fait plus de 200 morts.L’accident de jeudi intervient dans un pays où le trafic aérien a explosé ces dernières années. 

Inde: un Boeing d’Air India s’écrase sur une zone résidentielle avec 242 personnes à bord

Un Boeing 787 d’Air India s’est écrasé jeudi sur des immeubles d’Ahmedabad  dans le nord-ouest de l’Inde peu après son décollage à destination de Londres, ne laissant qu’un survivant connu sur les 242 personnes à bord et faisant un nombre indéterminé de victimes au sol. Un journaliste de l’AFP à Ahmedabad a vu des personnes récupérer des corps et des pompiers tenter d’éteindre l’épave en flammes après que le Boeing 787-8 Dreamliner a percuté des bâtiment à l’heure du déjeuner, entre l’hôpital public de la ville et le quartier Ghoda Camp.”Nous confirmons qu’il y a un survivant”, a déclaré à l’AFP Dhananjay Dwivedi, secrétaire principal du département de la santé de l’Etat du Gujarat, dans le nord-ouest de l’Inde, indiquant que cette personne avait été hospitalisée.  Quelques heures auparavant, le chef de la police de la ville, GS Malik, avait fait état de  victimes parmi les personnes vivant dans les immeubles sur lequel l’appareil s’est écrasé. “Nous avons retrouvé 204 corps et 41 personnes sont soignées”, avait-il détaillé.Selon l’aviation civile, le vol 171 d’Air India avait embarqué 230 passagers – 169 Indiens, 53 Britanniques, 7 Portugais et un Canadien – et douze membres d’équipage.”Notre bureau est situé juste à côté de l’endroit où l’avion s’est écrasé”, a témoigné sous couvert d’anonymat auprès de l’AFP un habitant. “Nous avons vu des personnes sauter du 2e et du 3e étage. L’avion était en feu”.”Nous avons vu environ 15 à 20 corps brûlés dans les débris de l’avion”, a pour sa part rapporté à l’AFP le Dr Krishna, intervenu auprès des blessés.- “Tragédie” -“Une moitié de l’appareil s’est écrasée sur une résidence où vivaient des médecins avec leurs familles”, a-t-il poursuivi, “le nez de l’avion et la roue avant ont atterri sur la cantine où les étudiants déjeunaient”.Sur d’autres vidéos partagées sur les réseaux sociaux, des pompiers tentent de maîtriser l’incendie provoqué par les débris de l’avion, en feu, non loin d’un bâtiment.L’appareil, un long-courrier de type Boeing 787-8 Dreamliner, avait décollé à 13h39 locales (08h09 GMT) pour l’aéroport de Gatwick, au Royaume-Uni, selon les premiers détails livrés par la direction générale de l’aviation civile indienne.Il a presqu’aussitôt émis un appel de détresse avant de s’écraser “hors du périmètre de l’aéroport”, a-t-elle précisé, sans donner d’autres détails.Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent l’avion qui perd rapidement de l’altitude juste après son décollage, semblant manquer de puissance, avant de tomber sur des immeubles et d’exploser en une boule de feu orange.”La tragédie d’Ahmedabad nous a tous abasourdis et attristés. Cela nous brise le cÅ“ur au-delà des mots”, a déclaré le Premier ministre indien Narendra Modi sur son compte X.Son homologue britannique Keir Starmer a exprimé ses “pensées” pour les “passagers et leurs familles dans ce moment profondément éprouvant”. Quant au roi Charles III, il s’est dit “extrêmement choqué”.Le constructeur aéronautique américain Boeing a déclaré être en en contact avec Air India et être “prêt à les soutenir”. Selon une source proche du dossier, ce crash est le premier d’un B-787, un long-courrier entré en service en 2011. Le titre Boeing a perdu 5,02% à Wall Street après le crash.Les bureaux d’enquête Britannique et Américain ont annoncé qu’ils dépêchaient chacun des équipes pour soutenir leurs homologues indiens. Le président de la compagnie aérienne, Natarajan Chandrasekaran, a déclaré qu’une cellule d’urgence a été mise en  place pour soutenir les familles à la recherche d’informations. Le gouvernement du Gujarat a appelé les familles de victimes à fournir des échantillons d’ADN pour aider à identifier les corps.Le groupe Tata, propriétaire d’Air India, a indiqué prévoir 110 millions d’euros pour les proches “de chaque personne qui a perdu la vie dans cette tragédie”, s’engageant par ailleurs à couvrir les frais médicaux des blessés.- “Corps calcinés” -Un témoin, Poonam Patni, a déclaré que trois immeubles avaient été endommagés.”Lorsque nous sommes arrivés sur place, il y avait des corps éparpillés et les pompiers tentaient d’éteindre le feu”, a-t-il rapporté, “beaucoup étaient calcinés”.  Une photo diffusée par la police indienne sur X montre l’empennage de l’appareil comme posé sur le toit d’un bâtiment. Ahmedabad, la principale ville de l’Etat du Gujarat, frontalier du Pakistan, compte environ 8 millions d’habitants. Son aéroport international, le septième plus fréquenté du pays, est situé au milieu d’un quartier résidentiel densément peuplé. Le trafic y a été suspendu après l’accident.Cette catastrophe aérienne intervient trois jours avant l’ouverture en France du salon du Bourget, le grand rassemblement bisannuel du secteur de l’aéronautique, près de Paris.Le nouveau patron du constructeur américain, Kelly Ortberg, y était attendu.La dernière catastrophe aérienne en Inde remonte à 2010. Un avion d’Air India en provenance de Dubaï s’était écrasé à l’atterrissage à Bangalore, dans le sud de l’Inde, faisant 158 morts.En 1996, un vol 763 de la Saudi Arabian Airlines était entré en collision en plein vol près de New Delhi avec le vol 1907 de Kazakhstan Airlines.  Les 349 personnes à bord des deux avions avaient été tuées, faisant de cet événement la collision aérienne la plus meurtrière de l’histoire.Depuis 2000, dans le monde, six catastrophes aériennes ont fait plus de 200 morts.L’accident de jeudi intervient dans un pays où le trafic aérien a explosé ces dernières années. 

Kenya : manifestations à Nairobi alors que le gouvernement présente son budget

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté jeudi à Nairobi contre les violences policières, alors que le gouvernement kényan présentait au parlement son budget, sans hausses massives d’impôts afin d’éviter que la rue ne s’embrase comme l’an passé.Le Kenya est une puissance économique régionale, fortement endettée auprès de bailleurs étrangers. Sa population dénonce une montée en flèche du coût de la vie, dans un marché de l’emploi stagnant, et une élite politique impliquée dans de multiples scandales de corruption.Le projet de loi de finances de 2024, qui prévoyait d’augmenter les taxes sur des biens de consommation courante, avait dans ce contexte suscité une énorme colère. Des milliers de manifestants avaient pris d’assaut le parlement le 25 juin 2024, forçant le président William Ruto à retirer le texte. Au moins 60 personnes avaient été tuées lors de semaines de manifestations en juin et juillet 2024. Les groupes de défense des droits humains affirment que des dizaines d’autres ont été illégalement détenues par les forces de sécurité dans la foulée, dont certaines ne sont jamais réapparues.- “Tuer l’un des nôtres” -Jeudi, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés dans la capitale, davantage pour protester contre les violences policières suite à la récente mort en cellule d’un professeur de 31 ans, Albert Ojwang, que contre le projet de loi de finances. “Vous ne pouvez pas tuer l’un des nôtres en prison et attendre qu’on ne fasse rien”, a dénoncé Tiffany, 22 ans. “Nous venons nous battre pour notre pays”, a affirmé Tupac Thuku, 21 ans, alors que les forces de l’ordre tiraient des grenades lacrymogènes sur les manifestants.Au moins trois personnes ont été blessées par des balles en caoutchouc, a constaté un journaliste de l’AFP. Deux voitures ont aussi été incendiées et des pierres lancées.Le gouvernement a pour sa part joué la carte de la prudence. “Pour regagner la confiance publique, nous avons renforcé la participation citoyenne dans toute la formulation des politiques, y compris l’élaboration du budget”, a expliqué au parlement le ministre des Finances John Mbadi.Plutôt que d’augmenter les taxes directes appliquées aux consommateurs, l’exécutif s’est davantage concentré sur les entreprises, tout en cherchant à réduire les dépenses publiques et à fermer les échappatoires fiscaux pour augmenter ses revenus.A l’instar de nombreuses nations africaines, le Kenya est lourdement endetté auprès de bailleurs étrangers. Le paiement des intérêts de ses emprunts excède les budgets de la santé et de l’éducation.”Le projet de loi de finances de cette année cherche, en comparaison avec celui de l’année dernière, à éviter la controverse”, observe Patricia Rodrigues, du cabinet de conseil Control Risks. Mais il sera “difficile pour de nombreuses entreprises de l’accepter, car il inclut des augmentations potentielles des impôts sur le revenu et des contributions sociales”, ajoute-t-elle.La Banque mondiale a réduit ses prévisions de croissance pour le Kenya de 5% à 4,5% pour 2025.Le pays cherche actuellement un nouvel accord avec le Fonds monétaire international, ce qui signifie qu’un éventuel nouveau prêt ne sera pas inclus dans le budget. Moins susceptible de provoquer des manifestations que celui de 2024, le budget à venir n’en suscite pas moins déjà une certaine désapprobation, que les autorités s’emploient à faire taire.- Démission -Fin mai, la développeuse d’une plateforme critiquant le projet de loi de finances 2025 – car il entraînera, selon elle, une baisse du pouvoir d’achat et un accroissement des violations de la vie privée – a été arrêtée plusieurs jours, puis poursuivie pour cybercriminalité. Alors que la répression des voix discordantes s’accroît dans le pays, Albert Ojwang, qui avait critiqué en ligne le numéro deux de la police kényane, Eliud Kipkoech Lagat, a été retrouvé mort en cellule ce weekend, quelque heures après son arrestation. La police a d’abord annoncé un suicide, avant que des médecins légistes n’invalident cette thèse, évoquant “blessure à la tête, compression du cou, et (…) d’autres blessures sur tout son corps qui pointent vers une agression”. Cinq policiers ont été suspendus, et l’affaire, qui indigne dans le pays, a fait réagir jusqu’au président Ruto, qui a dénoncé mercredi un décès “déchirant et inacceptable”.Les manifestants de jeudi ont demandé la démission d’Eliud Kipkoech Lagat.Vingt personnes sont mortes en détention ces quatre derniers mois, a indiqué devant l’Assemblée nationale Issak Hassan, qui dirige l’Autorité indépendante de surveillance de la police kényane.

Nucléaire: l’Iran défie les Etats-Unis avant de nouveaux pourparlers

L’Iran a annoncé jeudi la prochaine construction d’un nouveau site d’enrichissement et une augmentation “significative” de sa production d’uranium enrichi, exacerbant les tensions sur son programme nucléaire avant des pourparlers avec les Etats-Unis prévus dimanche.Peu avant ces annonces, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait adopté une résolution condamnant l’Iran pour “non-respect” de ses obligations en matière nucléaire.Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a affirmé jeudi que cette résolution “ajoutait à la complexité des discussions” avec Washington, dont un sixième cycle est prévu dimanche via une médiation du sultanat d’Oman.”Nous serons à Mascate pour défendre les droits du peuple iranien”, a-t-il déclaré.L’enrichissement d’uranium est la principale pierre d’achoppement dans ces discussions visant à encadrer le programme nucléaire iranien en échange d’une levée des lourdes sanctions imposées à l’Iran.Les Etats-Unis exigent que l’Iran renonce totalement à l’enrichissement, ce que Téhéran refuse.L’Iran est le seul Etat non doté d’armes nucléaires à enrichir de l’uranium au niveau élevé de 60%, selon l’AIEA. Pour fabriquer une bombe atomique, l’enrichissement doit être poussé jusqu’à 90%.Les Occidentaux et Israël accusent l’Iran de chercher à se doter de l’arme atomique. Téhéran dément en défendant un droit au nucléaire civil en vertu du Traité de non-prolifération (TNP) dont il est signataire.Jeudi, les Affaires étrangères iraniennes et l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA) ont annoncé que “les ordres nécessaires” avaient été donnés “pour lancer un nouveau centre d’enrichissement dans un endroit sécurisé”. “Nous remplaçons toutes (les) machines de première génération par des machines avancées de sixième génération” à l’usine d’enrichissement de Fordo, au sud de Téhéran, a déclaré Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l’OIEA, ajoutant que la production “de matière enrichie augmentera de manière significative”.Le chef de l’OIEA, Mohammad Eslami, a lui jugé “illégale” la résolution de l’AIEA, l’imputant à “l’influence” israélienne.M. Eslami a souligné que son pays avait respecté ses engagements envers l’AIEA mais qu’il s’était affranchi de certaines obligations liées à l’accord nucléaire conclu avec les grandes puissances en 2015, après le retrait unilatéral américain en 2018.Selon lui, l’enrichissement sur le nouveau site débutera “dès l’installation des machines”.L’accord de 2015 fixait la limite de l’enrichissement à 3,67%.- Menaces d’attaques -Israël a aussitôt appelé la communauté internationale à “une réponse décisive” contre l’Iran, dont les actes constituent selon lui “une menace imminente pour la sécurité et la stabilité” internationales.Des médias américains, dont le New York Times et NBC News, ont rapporté qu’Israël, proche allié des Etats-Unis, semblait préparer une attaque imminente contre l’Iran.Israël a maintes fois menacé d’attaquer les sites nucléaires iraniens.L’Iran a averti qu’il répondrait à toute frappe israélienne en ciblant les “installations nucléaires secrètes” d’Israël.Mercredi, il a aussi menacé de frapper les bases militaires américaines au Moyen-Orient en cas de conflit consécutif à un éventuel échec des négociations.Dans la foulée, un responsable américain a déclaré que les effectifs de l’ambassade des Etats-Unis à Bagdad avaient été réduits pour raisons de sécurité et Washington a décidé de restreindre les déplacements en Israël des employés du gouvernement américain et de leurs familles.- Eviter une “escalade” -A Vienne, la résolution adoptée par l’AIEA appelle l’Iran à “remédier d’urgence au non-respect” des engagements pris en vertu du TNP. En l’état, l’AIEA, une instance onusienne, “n’est pas en mesure de garantir que le programme nucléaire iranien est exclusivement pacifique”.L’Union européenne a appelé l’Iran à “éviter toute mesure qui contribuerait à une escalade”. La France a dénoncé “la poursuite assumée de l’escalade nucléaire de l’Iran” et l’Allemagne a appelé Téhéran à renoncer “de manière crédible” à tout projet d’armement nucléaire.Washington et Téhéran, qui n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, tentent depuis avril de s’entendre sur un accord après le retrait des Etats-Unis de celui de 2015, sous le premier mandat de Donald Trump, et le rétablissement des sanctions américaines.Dans un podcast du New York Post, enregistré lundi, M. Trump a dit être “beaucoup moins confiant (qu’auparavant) de parvenir à un accord”. L’Iran a indiqué lundi qu’il soumettrait dans les prochains jours sa propre proposition aux Etats-Unis en vue d’un accord, après avoir critiqué un plan proposé par les Etats-Unis. On ignore le contenu des deux propositions.