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Centres de cyberfraude en Birmanie: un premier groupe de travailleurs chinois transféré en Thaïlande

Un premier groupe de cinquante Chinois exploités dans des centres d’arnaques en ligne à la frontière birmano-thaïlandaise, a rejoint jeudi la Thaïlande en vue de leur rapatriement en Chine, qui compte transférer environ 600 victimes ces prochains jours.Ils ont traversé la frontière au niveau de Mae Sot (nord-ouest) vers 09H00 heure thaïlandaise (02H00 GMT), encadrés par un imposant dispositif de sécurité, ont constaté des journalistes de l’AFP.Deux bus à impériale, rideaux tirés, les ont ensuite conduits au petit aéroport régional voisin, où Pékin a affrété des avions spécialement pour l’occasion.Quelque 16 vols sont prévus jusqu’à samedi, pour transporter environ 600 personnes. Le rapatriement de toutes les personnes concernées pourrait prendre des semaines.La Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra a indiqué mercredi que près de 7.000 personnes attendaient d’être libérées, mais un représentant des Forces des gardes-frontières (BGF) de l’Etat Karen, une milice ethnique active côté birman, a fixé ce chiffre à 10.000.Ces rapatriements interviennent après des mois de protestations de la part de la Chine, les victimes étant principalement chinoises: employées de force dans les centres de cyberfraude, ou ciblées par les escrocs, via des jeux de casino en ligne, ou des montages impliquant les cryptomonnaies.”Un premier groupe de 50 Chinois a rejoint la Thaïlande et se dirige vers l’aéroport. Il y aura trois autres groupes (jeudi), de 50 Chinois chacun”, a confirmé à l’AFP un responsable d’une cellule locale de surveillance de la frontière.Mae Sot ne se trouve qu’à une dizaine de kilomètres, à vol d’oiseau, de Shwe Kokko, ville birmane, qui a bâti sa prospérité grâce des trafics variés, dans une impunité quasi-totale.- Pression de Pékin -Des complexes géants de cyberfraude pullulent dans des régions birmanes frontalières considérées comme des zones de non-droit, à la faveur de la guerre civile qui a mis à genoux le pays depuis le coup d’Etat de février 2021.Les réseaux mafieux emploient par la force une main-d’Å“uvre majoritairement chinoise, et le plus souvent issue du trafic d’êtres humains, pour monter des escroqueries qui rapportent des milliards de dollars par an, selon des experts.Ces derniers mois, Pékin a accru la pression sur la junte birmane, dont elle est l’un des principaux fournisseurs d’armes, pour mettre fin à ces activités.Les centres de cyberfraude emploieraient au moins 120.000 petites mains en Birmanie, selon un rapport des Nations unies publié en 2023.Nombre de victimes ont été soumises à la torture, à la détention arbitraire, à la violence sexuelle ou encore au travail forcé, d’après le texte.De nombreux travailleurs disent avoir été attirés ou trompés par des promesses d’emplois bien rémunérés avant d’être dans les faits retenus captifs, leur passeport leur ayant été confisqué.L’AFP a échangé début février avec plusieurs travailleurs libérés des centres birmans. Beaucoup portaient des traces de violences physiques, notamment une femme qui présentait d’énormes bleus sur un bras et une cuisse, et qui a déclaré avoir été électrocutée. La Thaïlande a coupé début février l’approvisionnement en électricité de plusieurs régions birmanes frontalières, dont Shwe Kokko, dans une tentative de freiner l’essor des activités illégales, qui a terni son image.Le royaume veut donner des gages de sécurité  aux visiteurs chinois, cruciaux pour son secteur touristique. Les craintes des Chinois ont redoublé après l’affaire de l’enlèvement à Bangkok d’un acteur chinois, amené de force dans un centre de cyberfraude en Birmanie, avant d’être libéré, début janvier.

Trump estime que Moscou “a les cartes en main” en Ukraine

Le président américain Donald Trump a affirmé mercredi soir que Moscou avait les “cartes en main” dans les négociations pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine, entamant un peu plus l’espoir de Kiev de voir Washington défendre ses intérêts.Les Russes “ont pris beaucoup de territoires, donc ils ont les cartes en main”, a souligné face à des journalistes le dirigeant américain, qui envisage une rencontre prochaine avec son homologue russe Vladimir Poutine.Ces propos sont formulés alors que que le président ukrainien Volodymyr Zelensky, que M. Trump avait qualifié plus tôt mercredi de “dictateur”, doit recevoir jeudi à Kiev l’envoyé spécial américain Keith Kellogg.Le président ukrainien, dont la position apparaît affaiblie par le rapprochement de Donald Trump avec Vladimir Poutine, a dit espérer un travail “constructif” avec l’émissaire américain.”Notre avenir n’est pas avec Poutine, mais avec la paix. Et c’est un choix pour tout le monde – et pour les plus puissants – d’être avec Poutine, ou d’être avec la paix”, a-t-il affirmé mercredi soir.A son arrivée à Kiev, Keith Kellogg a affirmé comprendre le besoin de “garanties de sécurité” de l’Ukraine.A quelques jours du troisième anniversaire du début de l’invasion russe du 24 février 2022, M. Zelensky a rappelé que l’Ukraine voulait la fin de cette guerre “depuis ses premières secondes”.Il a acccusé son homologue américain, qui a multiplié les attaques verbales à son encontre, de vivre dans “un espace de désinformation” russe et d’aider Vladimir Poutine, traité en paria par les Occidentaux depuis 2022, à “sortir d’années d’isolement”.- “Légitimité démocratique”Les deux chefs d’Etat de pays considérés comme alliés ont échangé ces attaques personnelles inédites au lendemain des discussions russo-américaines en Arabie saoudite, les premières au niveau des chefs des diplomaties des Etats-Unis et de la Russie depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.”Dictateur sans élections, Zelensky devrait se dépêcher ou il ne va pas lui rester de pays”, a déclaré Donald Trump sur sa plateforme Truth Social. “J’adore l’Ukraine, mais Zelensky a fait un boulot épouvantable”, a-t-il ajouté.Le mandat du président ukrainien, élu en 2019, aurait dû expirer en mai 2024, mais l’Ukraine n’a pas organisé d’élections du fait de la guerre et de la loi martiale, des millions d’Ukrainiens ayant fui à l’étranger et 20% du territoire étant sous occupation russe.Il est “tout simplement faux et dangereux de nier au président Zelensky sa légitimité démocratique”, a réagi le chancelier allemand Olaf Scholz, dont le pays est un autre allié de l’Ukraine.M. Zelensky a dit compter “sur l’unité ukrainienne, sur notre courage ukrainien et nos relations avec nos partenaires, et sur l’unité en Europe et sur le pragmatisme de l’Amérique”.Sur X, il a également dit mercredi soir s’être entretenu au téléphone avec son homologue français Emmanuel Macron, ainsi qu’avec Lindsey Graham, un sénateur américain républicain de haut rang et allié de Donald Trump.- Renforcer la “confiance” -Les propos du président américain ont choqué en Ukraine. “J’ai l’impression que Trump a peur de Poutine”, a réagi Ivan Banias, un militaire de 51 ans interrogé par l’AFP à Kiev. Une autre habitante de la capitale ukrainienne, Svitlana Oleksandrivna, 65 ans, a dénoncé les récits “complètement moscovites, comme si le Kremlin lui écrivait tout”.Vladimir Poutine s’est quant à lui félicité de la reprise du dialogue russo-américain, quelques heures après la rencontre entre Sergueï Lavrov et son homologue américain, Marco Rubio, en Arabie saoudite.”Sans renforcer le niveau de confiance entre la Russie et les Etats-Unis, il est impossible de résoudre de nombreux problèmes, y compris la crise ukrainienne”, a-t-il déclaré.MM. Rubio et Lavrov sont notamment convenus de négocier sur l’Ukraine, sans convier Kiev ni les Européens, qui craignent un accord dans leur dos et contre leurs intérêts.”Je rencontrerai avec plaisir Donald (Trump) (…). Et je pense que lui aussi”, a ajouté Vladimir Poutine, précisant toutefois ne pas pouvoir dire d’ici combien de temps une telle rencontre pourrait être organisée.Donald Trump a de nouveau assuré que les Etats-Unis étaient en train de “négocier avec succès une fin de la guerre avec la Russie”. “Une chose que – tout le monde l’admet – seuls +TRUMP+ et l’administration Trump peuvent faire”, selon lui.A contrario, l’Europe “a échoué à apporter la paix”, a-t-il dénoncé.Deux jours après un premier mini-sommet informel à l’Elysée avec sept pays européens, dont le Royaume-uni, le président français, Emmanuel Macron, a réuni 19 chefs d’Etat et de gouvernement de pays membres de l’UE ou de l’Otan (Norvège, Canada, Islande) en visioconférence mercredi pour tenter de trouver une posture commune sur l’Ukraine et la défense collective.

Trump estime que Moscou “a les cartes en main” en Ukraine

Le président américain Donald Trump a affirmé mercredi soir que Moscou avait les “cartes en main” dans les négociations pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine, entamant un peu plus l’espoir de Kiev de voir Washington défendre ses intérêts.Les Russes “ont pris beaucoup de territoires, donc ils ont les cartes en main”, a souligné face à des journalistes le dirigeant américain, qui envisage une rencontre prochaine avec son homologue russe Vladimir Poutine.Ces propos sont formulés alors que que le président ukrainien Volodymyr Zelensky, que M. Trump avait qualifié plus tôt mercredi de “dictateur”, doit recevoir jeudi à Kiev l’envoyé spécial américain Keith Kellogg.Le président ukrainien, dont la position apparaît affaiblie par le rapprochement de Donald Trump avec Vladimir Poutine, a dit espérer un travail “constructif” avec l’émissaire américain.”Notre avenir n’est pas avec Poutine, mais avec la paix. Et c’est un choix pour tout le monde – et pour les plus puissants – d’être avec Poutine, ou d’être avec la paix”, a-t-il affirmé mercredi soir.A son arrivée à Kiev, Keith Kellogg a affirmé comprendre le besoin de “garanties de sécurité” de l’Ukraine.A quelques jours du troisième anniversaire du début de l’invasion russe du 24 février 2022, M. Zelensky a rappelé que l’Ukraine voulait la fin de cette guerre “depuis ses premières secondes”.Il a acccusé son homologue américain, qui a multiplié les attaques verbales à son encontre, de vivre dans “un espace de désinformation” russe et d’aider Vladimir Poutine, traité en paria par les Occidentaux depuis 2022, à “sortir d’années d’isolement”.- “Légitimité démocratique”Les deux chefs d’Etat de pays considérés comme alliés ont échangé ces attaques personnelles inédites au lendemain des discussions russo-américaines en Arabie saoudite, les premières au niveau des chefs des diplomaties des Etats-Unis et de la Russie depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.”Dictateur sans élections, Zelensky devrait se dépêcher ou il ne va pas lui rester de pays”, a déclaré Donald Trump sur sa plateforme Truth Social. “J’adore l’Ukraine, mais Zelensky a fait un boulot épouvantable”, a-t-il ajouté.Le mandat du président ukrainien, élu en 2019, aurait dû expirer en mai 2024, mais l’Ukraine n’a pas organisé d’élections du fait de la guerre et de la loi martiale, des millions d’Ukrainiens ayant fui à l’étranger et 20% du territoire étant sous occupation russe.Il est “tout simplement faux et dangereux de nier au président Zelensky sa légitimité démocratique”, a réagi le chancelier allemand Olaf Scholz, dont le pays est un autre allié de l’Ukraine.M. Zelensky a dit compter “sur l’unité ukrainienne, sur notre courage ukrainien et nos relations avec nos partenaires, et sur l’unité en Europe et sur le pragmatisme de l’Amérique”.Sur X, il a également dit mercredi soir s’être entretenu au téléphone avec son homologue français Emmanuel Macron, ainsi qu’avec Lindsey Graham, un sénateur américain républicain de haut rang et allié de Donald Trump.- Renforcer la “confiance” -Les propos du président américain ont choqué en Ukraine. “J’ai l’impression que Trump a peur de Poutine”, a réagi Ivan Banias, un militaire de 51 ans interrogé par l’AFP à Kiev. Une autre habitante de la capitale ukrainienne, Svitlana Oleksandrivna, 65 ans, a dénoncé les récits “complètement moscovites, comme si le Kremlin lui écrivait tout”.Vladimir Poutine s’est quant à lui félicité de la reprise du dialogue russo-américain, quelques heures après la rencontre entre Sergueï Lavrov et son homologue américain, Marco Rubio, en Arabie saoudite.”Sans renforcer le niveau de confiance entre la Russie et les Etats-Unis, il est impossible de résoudre de nombreux problèmes, y compris la crise ukrainienne”, a-t-il déclaré.MM. Rubio et Lavrov sont notamment convenus de négocier sur l’Ukraine, sans convier Kiev ni les Européens, qui craignent un accord dans leur dos et contre leurs intérêts.”Je rencontrerai avec plaisir Donald (Trump) (…). Et je pense que lui aussi”, a ajouté Vladimir Poutine, précisant toutefois ne pas pouvoir dire d’ici combien de temps une telle rencontre pourrait être organisée.Donald Trump a de nouveau assuré que les Etats-Unis étaient en train de “négocier avec succès une fin de la guerre avec la Russie”. “Une chose que – tout le monde l’admet – seuls +TRUMP+ et l’administration Trump peuvent faire”, selon lui.A contrario, l’Europe “a échoué à apporter la paix”, a-t-il dénoncé.Deux jours après un premier mini-sommet informel à l’Elysée avec sept pays européens, dont le Royaume-uni, le président français, Emmanuel Macron, a réuni 19 chefs d’Etat et de gouvernement de pays membres de l’UE ou de l’Otan (Norvège, Canada, Islande) en visioconférence mercredi pour tenter de trouver une posture commune sur l’Ukraine et la défense collective.

Retraites: le diagnostic de la Cour des comptes attendu au tournant

Avec la promesse d’un “état des lieux” “indiscutable et indiscuté”, la Cour des comptes dévoile jeudi au gouvernement puis aux partenaires sociaux, son rapport sur la situation financière du système de retraites censé être le point de départ de nouvelles négociations sur la réforme de 2023.Rarement un travail de la Cour des comptes aura été tant attendu. Son président Pierre Moscovici doit présenter à François Bayrou à 8H30 les conclusions de la “mission flash” que lui a confiée le Premier ministre il y a une poignée de semaines pour établir la “vérité des chiffres” sur le système de retraites, objets de controverses à répétition. Le président de la juridiction financière quittera ensuite Matignon pour traverser le 7e arrondissement et rejoindre le bâtiment où seront réunis à partir de 10h00 les partenaires sociaux. Signe du caractère politiquement inflammable du rapport, la remise du document été décalée de 24 heures, en raison d’un calendrier parlementaire qui cumulait l’examen d’une motion de censure du Parti socialiste contre le gouvernement Bayrou.Censé offrir une base commune de discussions entre syndicats et patronat, le rapport de la Cour des comptes devrait en premier lieu lever l’ambiguïté sur le “vrai” déficit des retraites introduite par François Bayrou lors de sa déclaration de politique générale.- Scenarii -Le chef du gouvernement défend depuis plusieurs années une position controversée, minoritaire chez les économistes et très critiquée par les syndicats, estimant le déficit lié aux retraites à 55 milliards d’euros, quand le Conseil d’orientation des retraites (COR) le chiffre à 6,1 milliards d’euros en 2024, et jusqu’à 0,4% du PIB en 2030, soit 14 milliards d’euros selon son “scénario de référence”.Contrairement au COR, il refuse d’intégrer aux recettes du système l’ensemble des impôts affectés et subventions que verse l’Etat pour équilibrer le régime de la fonction publique, victime d’un lourd déséquilibre démographique. Il juge que l’Etat cotise à un taux beaucoup trop élevé par rapport au secteur privé.Sauf surprise, la Cour des comptes doit s’approcher des chiffres établis par le COR, instance indépendante référence en la matière qui publie chaque année des prévisions de solde considérées comme officielles.Mi-janvier, face aux menaces de censure sur le budget brandies par la gauche, François Bayrou a consenti à remettre en “chantier” la réforme des retraites de 2023, confiant aux syndicats et au patronat la mission d’en rediscuter sans “tabou”, mais sans dégrader l’équilibre financier du système. Il a promis de soumettre au Parlement tout accord, même partiel.Plusieurs syndicats ont eux prévenu qu’ils refuseraient de négocier sur la base des chiffres de François Bayrou, qui ne leur laisserait aucune marge de manÅ“uvre pour “abroger” la mesure phare de la réforme des retraites, le décalage de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans qui a provoqué des manifestations massives avant son adoption au forceps via le 49.3.Pour la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet, le travail des magistrats financiers sur le système de retraites doit donner “la mesure de l’effort qui se fait pour ce bien commun et ensuite, effectivement, seront dressées les différentes pistes – en fonction des hypothèses qui sont très importantes, de croissance économique, de productivité, d’emploi – de soutenabilité financière”, a-t-elle expliqué devant les sénateurs, mercredi. – Accord impossible? -Trouver un accord entre partenaires sociaux s’annonce comme une mission particulièrement ardue, tant l’ampleur des désaccords sur le fond est grand.Les syndicats espèrent tous revenir en arrière sur les 64 ans, et avanceront diverses pistes de recettes pour mieux financer le système.Le patronat refuse lui toute mesure qui entraînerait une augmentation de sa contribution et avance des irritants pour les syndicats : une augmentation du temps de travail, l’introduction d’une dose de capitalisation dans le système, qui fonctionne aujourd’hui par répartition – les actifs actuels financent les retraités d’aujourd’hui – voire l’indexation de l’âge de départ à la retraite sur l’espérance de vie comme vient de le proposer la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). 

Adoption en vue pour la loi d’orientation agricole, in extremis avant le Salon

La loi d’orientation agricole va être définitivement adoptée au Parlement jeudi, point final d’un sprint pour délivrer avant le Salon de l’agriculture ce texte présenté comme une réponse à la grogne du secteur, mais critiqué à gauche pour des “renoncements” environnementaux.Largement adopté à l’Assemblée mercredi, le texte issu d’un accord entre députés et sénateurs en commission mixte paritaire (CMP) aura conclu son parcours législatif jeudi après-midi à l’issue d’un ultime vote au Sénat, juste à temps pour l’ouverture du Salon de l’agriculture.Un vote sans suspense à la chambre haute dominée par la droite et le centre, et une aubaine pour l’exécutif qui se sait attendu au tournant par la profession au “Salon”, après les manifestations agricoles des années passées.C’est ce samedi que le président Emmanuel Macron effectuera sa traditionnelle déambulation dans les allées de la plus grande ferme de France, un an après une visite d’inauguration très chahutée.La ministre de l’Agriculture Annie Genevard a défendu à l’Assemblée “un texte très attendu” et “une réponse forte aux demandes de nos agriculteurs”. C’est un “texte nécessaire”, même s’il a “perd(u) une partie de son ambition initiale”, ont souligné les Jeunes agriculteurs (JA).Constat inverse pour Cyrielle Chatelain, cheffe des députés écologistes : “on est passé d’un texte sans ambition à un texte de régression environnementale majeure”, s’est-elle alarmée mercredi devant la presse parlementaire (AJP). Son groupe dénonce un texte qui ne répond pas “à la principale colère des agriculteurs : la faiblesse de leurs revenus”.”L’agriculture méritait mieux, il n’y a pas de loi d’orientation tous les quatre matins” a critiqué Aurélie Trouvé, présidente LFI de la commission des Affaires économiques. Dans le viseur de la gauche, un article très irritant, nettement étendu à l’initiative du Sénat, qui révise l’échelle des peines en cas d’atteintes à l’environnement. Il prévoit une dépénalisation de ces infractions lorsqu’elles ne sont pas commises “de manière intentionnelle”, au profit d’une simple amende administrative de 450 euros maximum, ou du suivi d’un stage de sensibilisation.”En aucune manière ce texte n’accorde à nos agriculteurs je ne sais quel permis de détruire des espèces ou espaces protégés”, a répondu la ministre.- “Intérêt général majeur” -Une autre mesure inquiète la gauche et les écologistes, celle qui invite le gouvernement à “s’abstenir d’interdire les usages de produits phytopharmaceutiques autorisés par l’Union européenne” en l’absence d’alternatives viables. Une forme de traduction du principe “pas d’interdiction sans solution”, mantra de la FNSEA sur les pesticides.”Malgré des avancées”, la loi d’orientation agricole “marque une inquiétante régression environnementale”, a réagi l’association Agir pour l’Environnement.”Il est faux d’affirmer que le Sénat a imposé ses vues”, insiste le rapporteur à l’Assemblée Pascal Lecamp, défendant par exemple le retour dans le texte d’un objectif de consacrer 21% de la surface agricole au bio en 2030.Quant à la mesure phare du texte, elle prévoit d’ériger l’agriculture au rang “d’intérêt général majeur”. L’objectif affiché est de nourrir la réflexion du juge administratif et de faciliter le parcours de projets de structures de retenues d’eau ou de bâtiments d’élevage hors-sol, lorsqu’ils sont en balance avec un objectif de préservation de l’environnement.Mais des élus et des juristes doutent de sa portée, face à une protection de l’environnement à valeur constitutionnelle. En réponse, le Sénat a introduit un principe décrié de “non-régression de la souveraineté alimentaire”, sorte de miroir de la non-régression environnementale déjà consacrée, qui promet déjà une querelle juridique.Le texte accorde aussi une présomption d’urgence en cas de contentieux autour de la construction d’une réserve d’eau pour l’irrigation, espérant réduire les délais des procédures. Et les parlementaires ont fait un pas vers un “droit à l’erreur” des agriculteurs, en approuvant le fait que “la bonne foi” est “présumée” lors d’un contrôle.Le projet de loi éclectique prévoit aussi une simplification de la législation sur les haies, ou encore la mise en place d’un guichet unique départemental – “France services agriculture” – pour faciliter les installations de nouveaux agriculteurs, ou aider des agriculteurs à céder leur exploitation.

Le procès pour “insurrection” contre le président Yoon s’ouvre en Corée du Sud

Pour la première fois en Corée du Sud, un président en exercice est jugé au pénal: le procès pour “insurrection” de Yoon Suk Yeol pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale s’est ouvert jeudi devant le tribunal central de Séoul.L’audience a démarré à 10H00 (01H00 GMT) en présence de l’accusé, dans une salle bondée, selon un journaliste de l’AFP sur place. Un grand nombre de policiers entourent le bâtiment du tribunal.Ce procès pénal est distinct d’une autre procédure en cours devant la Cour constitutionnelle, appelée à confirmer ou infirmer la destitution de M. Yoon votée le 14 décembre par l’Assemblée nationale.Yoon Suk Yeol, 64 ans, est accusé d'”insurrection”, un crime passible de la peine de mort ou de la prison à vie et qui n’est pas couvert par son immunité présidentielle.Arrêté le 15 janvier après s’être retranché pendant des semaines, protégé par sa garde rapprochée, dans sa résidence de Séoul, M. Yoon a été inculpé le 26 janvier et placé en détention provisoire pour six mois, passé lesquels il devra être libéré s’il n’a pas été condamné d’ici-là.Le parquet accuse le président d’être le “meneur d’une insurrection”, mais ses avocats soutiennent que M. Yoon avait constitutionnellement le droit de déclarer la loi martiale.”Etant témoin d’une réalité où l’illégalité s’ajoute à l’illégalité, j’en suis venu à croire fermement (…) que le pouvoir judiciaire doit servir de force stabilisatrice dans cette situation”, a déclaré à l’ouverture du procès l’avocat du président, Kim Hong-il.- Chaos politique -Il a demandé aux trois juges composant le tribunal de “veiller à ce que les droits de l’accusé ne soient pas injustement violés”, et a accusé les médias de “tromper le public en présentant des fausses nouvelles sensationnelles comme des faits”.Le président conservateur avait plongé la Corée du Sud dans le chaos politique le 3 décembre en décrétant la loi martiale et en envoyant l’armée au parlement pour tenter de le museler. Il avait dû faire marche arrière six heures plus tard, les députés étant parvenus à se réunir en urgence et à voter une motion exigeant le retour au régime civil.Le président avait justifié son coup de force par le fait que le Parlement, dominé par l’opposition, bloquait l’adoption du budget de l’Etat. Dans une allocution télévisée surprise, il avait dit vouloir “protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes” et “éliminer les éléments hostiles à l’Etat”.M. Yoon reste officiellement le président en attendant le verdict de la Cour constitutionnelle.- Un autre procès le même jour -Cette dernière doit tenir jeudi à 15H00 locales (06H00 GMT), quelques heures à peine après le début du procès criminel, sa dixième audience.Doivent témoigner à cette occasion Han Duck-soo, éphémère président par intérim en décembre avant d’être lui-même suspendu par les députés, ainsi qu’un ancien responsable des services de renseignement, Hong Jang-won, et le chef de la police nationale Cho Ji-ho, lui-même poursuivi au pénal dans cette affaire.L’audience s’annonce comme l’une des dernières avant que les huit juges de la Cour constitutionnelle ne se retirent pour prononcer leur verdict.Si la Cour confirme la destitution, une élection présidentielle anticipée devra être organisée dans les 60 jours. Dans le cas contraire, M. Yoon sera réinstallé dans ses fonctions, tout en restant sous le coup de poursuites pénales.La majeure partie du procès en destitution de M. Yoon a tourné autour de la question de savoir s’il avait violé la Constitution en déclarant la loi martiale, une mesure qui ne peut être prise que lorsqu’une intervention militaire est nécessaire pour préserver la sécurité et l’ordre public “en cas de conflit armé ou d’une urgence nationale similaire”.Yoon Suk Yeol continue d’être soutenu par une partie de sa formation, le Parti du pouvoir au peuple (PPP), par la frange la plus radicale de la droite sud-coréenne et par d’influents pasteurs évangéliques. Des dizaines de milliers de ses partisans se rassemblent chaque samedi à Séoul pour réclamer sa libération et son retour au pouvoir.Ces manifestations sont largement non-violentes, mais le 19 janvier, un tribunal de Séoul qui venait de prolonger la garde-à-vue de M. Yoon avait été pris d’assaut et mis à sac par des centaines de partisans du président. Plus d’une soixantaine de personnes ont depuis été arrêtées pour cette attaque.