AFP World

Réforme des retraites: les complémentaires santé et les retraités seront mis à contribution pour financer la suspension

Les complémentaires santé et les retraités seront mis à contribution pour financer la suspension de la réforme des retraites, selon le projet de lettre rectificative examinée au Conseil d’Etat, qui sera présentée en Conseil des ministres jeudi. Cette suspension coûtera 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard d’euros en 2027, selon cette lettre rectificative au budget 2026 de la Sécurité sociale, dévoilée mercredi soir par les Echos et dont l’AFP a obtenu copie.La suspension sera financée d’une part par une hausse du taux de la contribution des organismes complémentaires (mutuelles, assurances de santé…) qui passera de 2,05% en 2,25% en 2026.D’autre part, les retraités seront davantage mis à contribution puisque la sous-indexation de leurs pensions par rapport à l’inflation, initialement prévue à 0,4 point, sera augmentée de 0,5 point supplémentaire en 2027.Pour cette année-là, le gouvernement table sur une inflation (hors tabac) de 1,75%. La mesure pèsera donc sur leur pouvoir d’achat si cette prévision est avérée. Le gouvernement a déjà indiqué que les pensions de retraite et prestations sociales seraient gelées en 2026 pour freiner la dérive des dépenses publiques.Le Premier ministre avait annoncé mardi qu’une “lettre rectificative” au projet de budget de la Sécu serait présentée jeudi matin en Conseil des ministres, afin d’inclure la suspension de la réforme des retraites, au lieu de la proposer au vote lors des débats via un amendement. Une garantie qui était réclamée par la gauche et le Rassemblement national.Le projet décale dans le temps l’application de la réforme Borne. Il suspend jusqu’à janvier 2028 la marche en avant vers les 64 ans, tout comme le relèvement du nombre de trimestres à cotiser pour partir à taux plein.Ainsi, la génération née en 1964 partirait à 62 ans et 9 mois (comme la précédente) au lieu des 63 ans prévus par la réforme, soit à partir d’octobre 2026 au lieu de début 2027.Les textes actuels prévoient par ailleurs que la génération 1964 doive cotiser 171 trimestres. Avec une “suspension”, ces assurés partiraient finalement avec 170 trimestres.L’application de la réforme reprendrait en 2028 pour la génération 1965, qui devrait cotiser 171 trimestres, au lieu de 172. Mais entre-temps, la présidentielle 2027 aura peut-être rebattu les cartes. Emmanuel Macron est remonté au front mardi depuis la Slovénie sur la réforme des retraites, affirmant qu’il n’y aurait “ni l’abrogation ni la suspension”, seulement le “décalage d’une échéance (…) à savoir le relèvement progressif de l’âge légal de départ.Il était au même moment contredit à l’Assemblée nationale par le Premier ministre Sébastien Lecornu, qui annonçait que la “suspension” serait bien ajoutée au budget de la Sécurité sociale.

En prison, Sarkozy protégé par deux policiers armés, “folie sécuritaire” dénonce un syndicat

Deux policiers autour de Nicolas Sarkozy: l’ancien président, incarcéré depuis mardi à la prison de la Santé, est accompagné par deux officiers de sécurité “eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui”, un “dispositif insensé, une folie sécuritaire”, dénonce un syndicat de surveillants.L’ancien chef de l’Etat bénéficie en temps normal “d’un dispositif de protection eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui” et ces mesures ont “été maintenues en détention”, a indiqué mercredi le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez sur CNews/Europe 1.Deux officiers de sécurité ont été installés dans une cellule voisine de celle de Nicolas Sarkozy au quartier d’isolement de la prison parisienne. Ils sont armés mais ne sont pas équipés de téléphones portables, selon une source proche du dossier.Ce dispositif, qui relève du ministère de l’Intérieur, a été établi “en lien avec le garde des Sceaux” et “sera maintenu tant que le besoin sera jugé utile”, selon Beauvau qui précise que “cette situation inédite impose de prendre les mesures de sécurité adéquates, adaptées à la spécificité de la personnalité et du contexte”.S’il est “un citoyen comme les autres”, “des menaces un peu plus importantes” pèsent sur “l’ancien président de la République qu’est Nicolas Sarkozy. “La décision a été prise et donc elle a été appliquée immédiatement”, a précisé Laurent Nuñez.Cette annonce a provoqué l’ire du syndicat de surveillants pénitentiaires Ufap-Unsa Justice, qui a dénoncé, dans un communiqué, “un dispositif insensé, une folie sécuritaire”.”Introduire des armes dans une détention, même sous prétexte de protection, c’est franchir une ligne rouge”, écrit Alexandre Caby, le secrétaire général du syndicat, dans un communiqué particulièrement courroucé. “En installant des policiers au cœur de la détention, l’État dit clairement: les personnels pénitentiaires ne seraient pas capables d’assurer la sécurité d’un seul détenu, fût-il un ancien Président”, s’estomaque-t-il, parlant de “trahison du service public pénitentiaire”, de “gifle monumentale”.Pour le ministre de l’Intérieur, “c’est une décision visant à assurer sa sécurité”, “en plus, évidemment, de tout ce qui est mis en œuvre par l’administration pénitentiaire”.L’Ufap-Unsa Justice exige notamment “la fin de la présence armée en détention” et “des excuses publiques”. – “Justiciable comme un autre” -Nicolas Sarkozy, 70 ans, a été condamné le 25 septembre pour association de malfaiteurs dans le procès libyen à cinq ans de prison, une détention inédite dans l’histoire de la République. Il a fait appel de cette décision.Salué par les vivats de ses supporters quand il a quitté son domicile de l’ouest parisien vers 09H15 mardi matin, l’ancien président est arrivé une vingtaine de minutes plus tard à la Santé.Trois Français sur quatre estiment qu’il est “un justiciable comme un autre, qui ne doit pas être traité différemment des autres personnes condamnées”, selon un sondage RTL-Toluna Harris Interactive publié mercredi. Un chiffre qui tombe à 52% chez les sympathisants des Républicains, ajoute le sondage. Nicolas Sarkozy devrait rester “un minimum de trois semaines ou d’un mois” en prison, avait indiqué mardi son avocat Christophe Ingrain. La cour d’appel de Paris a deux mois pour statuer sur la demande de mise en liberté déposée dans la foulée du placement sous écrou.Reçu par le président Emmanuel Macron vendredi dernier à l’Elysée, l’ex-chef de l’Etat pourrait aussi recevoir la visite en prison du ministre de la Justice, Gérald Darmanin. Des visites désapprouvées par “une majorité de Français”, tout comme le rassemblement de soutien qui s’est tenu mardi matin devant son domicile, d’après le sondage RTL-Toluna Harris Interactive.Ils sont ainsi 53% à désapprouver ce rassemblement, et 57% la visite annoncée de Gérald Darmanin, selon cette enquête réalisée en ligne mardi auprès d’un échantillon de 1.025 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.Le garde des Sceaux avait déclaré lundi qu’il irait “voir en prison” Nicolas Sarkozy, assurant qu’en tant que ministre de la Justice il pouvait “aller voir n’importe quelle prison et n’importe quel détenu”. Ce projet a été critiqué par le plus haut parquetier de France, le procureur général près la Cour de cassation Rémi Heitz, qui y a vu un risque “d’atteinte à l’indépendance des magistrats”.mca-sm-ng-mby-abo/asl/cbn

Trêve à Gaza: offensive diplomatique américaine auprès de l’allié israélien

Les responsables de l’administration de Donald Trump se succèdent en Israël pour consolider le cessez-le-feu fragile dans la bande de Gaza, avec l’arrivée attendue jeudi du chef de la diplomatie Marco Rubio.Après un entretien avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu à Jérusalem, le vice-président américain JD Vance a jugé “très difficiles” les prochaines étapes de l’accord de cessez-le-feu, incluant notamment le désarmement du Hamas et la reconstruction de la bande de Gaza, dévastée par deux ans de guerre. M. Vance a été précédé en Israël par Steve Witkoff et Jared Kushner, émissaire et gendre du président américain. Le secrétaire d’Etat doit rencontrer vendredi M. Netanyahu, selon le gouvernement israélien.Ces visites “visent à garantir le maintien de la paix et le respect du cessez-le-feu. Elles illustrent à quel point l’administration (américaine) est déterminée à donner une chance à la paix”, selon un éditorial du quotidien israélien Yedioth Ahronoth. Entré en vigueur le 10 octobre et basé sur un plan de M. Trump, l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, a paru vaciller dimanche après des violences meurtrières et des échanges d’accusations de violations de la trêve à Gaza.La première phase de l’accord prévoit outre le cessez-le-feu, la libération de tous les otages, vivants et morts, aux mains du Hamas depuis son attaque du 7 octobre 2023 contre Israël, des retraits israéliens dans Gaza et l’afflux d’aide humanitaire pour la population gazaouie.Le Hamas a libéré au 13 octobre tous les otages vivants, au nombre de 20. Il devait aussi rendre à cette date les 28 corps des captifs qu’il retient, mais il n’en a restitué que 15 jusque-là, arguant de difficultés pour trouver les dépouilles dans le territoire ravagé par l’offensive israélienne lancée en représailles à l’attaque du 7-Octobre.- “Très, très difficile” -Israël a restitué en échange 195 corps de Palestiniens. Les forces israéliennes se sont retirées de secteurs de Gaza mais contrôlent toujours environ la moitié du territoire palestinien et l’assiègent. Les aides humanitaires restent insuffisantes selon l’ONU.Les phases ultérieures du plan Trump prévoient un nouveau retrait israélien dans Gaza, le désarmement du Hamas, le déploiement d’une force de sécurité internationale ainsi que la reconstruction du territoire notamment.”Nous avons une tâche très, très difficile devant nous, qui est de désarmer le Hamas et de reconstruire Gaza, de rendre la vie meilleure pour les gens de Gaza, mais aussi de s’assurer que le Hamas ne soit plus une menace pour nos amis en Israël”, a déclaré JD Vance.La veille, il a exclu des troupes américaines au sol à Gaza et affirmé chercher des pays près à contribuer à cet effort militaire.Le Hamas a jusque-là refusé d’envisager son désarmement et ses combattants se sont redéployés dans des secteurs de Gaza après la trêve, s’affrontant avec des groupes armés dont il accuse certains de “collaborer” avec Israël. “L’accord sur Gaza est un élément clé pour déverrouiller les accords d’Abraham, et pourrait ainsi permettre la création d’une alliance au Moyen-Orient qui perdure”, a dit mercredi M. Vance en référence au plan de l’administration Trump pour une normalisation entre Israël et les pays arabes.”Nous sommes en train de créer (…) une vision complètement nouvelle” sur “comment avoir un gouvernement civil, sur la manière d’assurer la sécurité” à Gaza, a déclaré M. Netanyahu. “Ce ne va pas être facile” et cela “va nécessiter beaucoup de travail”, mais “c’est possible”.- “Besoins fondamentaux” -A La Haye, la Cour internationale de justice a déclaré qu’Israël, en tant que puissance occupante, avait l’obligation de “garantir les besoins fondamentaux de la population locale, y compris les fournitures essentielles à sa survie”. Israël a rejeté l’avis de la CIJ.Dans la bande de Gaza, en proie à un désastre humanitaire, Imran Skek, un Palestinien âgé de 34 ans réduit à vivre sous une tente, espère que la trêve va tenir. “La guerre a cessé et on n’entend plus le bruit des bombardements comme avant. Nous espérons que le cessez-le-feu tiendra et qu’Israël et le Hamas le respecteront.” “Nous commençons à peine à nous reposer, mais de nombreux problèmes subsistent. Devrons-nous vivre sous des tentes? Cela est une autre forme de souffrance”, ajoute-t-il.L’attaque du 7-Octobre, qui a provoqué la guerre, a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles.  L’offensive israélienne menée en représailles a fait 68.234 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.

Climat: le dépassement de l’objectif de 1,5 °C est “inévitable”, selon le chef de l’ONU

L’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle sera inévitablement dépassé ces prochaines années, a admis mercredi le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, à un mois de la tenue de la COP30 au Brésil.”Une chose est claire: nous ne parviendrons pas à contenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 °C dans les prochaines années”, a déclaré M. Guterres devant l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations unies à Genève, soulignant que “le dépassement est désormais inévitable”.Contenir le réchauffement de la planète à +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle (1850-1900) est l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015.Mais de nombreux climatologues conviennent que ce seuil sera très probablement atteint avant la fin de cette décennie, la planète continuant à brûler toujours plus de pétrole, de gaz et de charbon. Le climat est déjà en moyenne 1,4°C plus chaud aujourd’hui, selon l’observatoire européen Copernicus.M. Guterres a déclaré que les derniers plans nationaux pour réduire les émissions de carbone sont loin d’atteindre l’objectif de 1,5 °C et qu’un dépassement aurait des conséquences “dévastatrices”. L’ONU est en train d’évaluer ces plans, dont beaucoup manquent encore à l’appel, qui fixent un objectif de réduction des émissions de carbone pour 2035 et détaillent les moyens d’y parvenir. M. Guterres a indiqué que les engagements couvrant 70 % des émissions mondiales entraineraient une réduction de la pollution carbone d’environ 10% d’ici 2035. Or le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) des Nations unies souligne que les émissions doivent baisser de 60% d’ici 2035, par rapport aux niveaux de 2019, pour avoir une bonne chance de limiter le réchauffement à 1,5 °C sans dépassement ou avec un dépassement limité.- “Bord du gouffre” -Les scientifiques soulignent l’importance de contenir le plus possible le réchauffement climatique, chaque fraction de degré supplémentaire entraînant plus de risques comme des vagues de chaleur ou la destruction de la vie marine.Contenir le réchauffement à 1,5°C plutôt qu’à 2°C permettrait de limiter significativement ses conséquences les plus catastrophiques, selon le Giec.Estimant un peu plus tôt à la tribune de l’OMM que ces bouleversements menaient “notre planète au bord du gouffre”, le chef de l’ONU a aussi réclamé aux gouvernements de nouveaux plans d’action nationaux “audacieux” pour le climat en vue de la prochaine COP.”La science nous indique qu’une ambition bien plus grande est nécessaire”, a relevé M. Guterres, appelant de nouveau les pays de la COP30 à “convenir d’un plan crédible pour mobiliser 1.300 milliards de dollars par an de financement climatique d’ici 2035 pour les pays en développement”. La COP30, qui se tient du 10 au 21 novembre à Belem, au Brésil, aura pour défi colossal d’unir les pays du monde pour ne pas relâcher l’action contre le changement climatique malgré les vents contraires comme le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris.- Désinformation -Un mois après que Donald Trump eut brocardé la science du climat à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, qualifiant le changement climatique de “plus grande arnaque jamais menée”, M. Guterres a appelé à lutter contre la désinformation climatique. “Partout, nous devons lutter contre la désinformation, le harcèlement en ligne et le greenwashing”, le fait de se présenter comme plus vertueux pour l’environnement qu’en réalité, a déclaré le chef de l’ONU. Sans la science et les données climatiques “lucides”, le monde n’aurait jamais compris l’émergence de la “menace dangereuse et existentielle du changement climatique”, a poursuivi M. Guterres, ajoutant que “les scientifiques et les chercheurs ne devraient jamais avoir peur de dire la vérité”. En outre, a-t-il insisté devant l’OMM, “les énergies renouvelables sont la source d’énergie nouvelle la moins chère, la plus rapide et la plus judicieuse. Elles représentent la seule voie crédible pour mettre fin à la destruction inexorable de notre climat”. L’OMM, qui célèbre son 75e anniversaire cette année, oeuvre pour que tous les pays soient couverts par des systèmes d’alerte précoce aux phénomènes météorologiques extrêmes d’ici 2027.

Adolescent fauché en marge du Mondial 2022: “C’était un accident”, dit l’accusé

“C’était un accident”: un jeune homme jugé mercredi à Montpellier pour avoir mortellement fauché Aymen, 13 ans, en marge des célébrations de la demi-finale France-Maroc de la Coupe du monde de football 2022, a soutenu n’avoir “jamais voulu faire de mal” à personne.”Je voudrais m’excuser à la famille…”, a déclaré depuis le box des accusés, William C., 23 ans, t-shirt blanc, petite barbe et cheveux noirs noués en catogan, à l’ouverture de son procès devant la cour criminelle de l’Hérault.Comme il l’avait affirmé devant les enquêteurs, il a répété que, pour lui, c’était “un accident” et qu’il n’avait “jamais voulu faire de mal” à personne.L’audience de mercredi a été ajournée en fin de journée mais William C. doit être interrogé sur les faits jeudi matin, avant le réquisitoire de l’avocat général, les plaidoiries et le verdict, attendu le jour même.La mère d’Aymen, vêtue d’un t-shirt portant une photo de son fils et les mots “mon ange”, son père, son frère et ses deux soeurs, assis sur le banc des parties civiles, n’ont pas réagi à ses excuses.”Ca vient un peu tard”, a déclaré lors d’une suspension Me Marc Gallix, avocat de la famille, soulignant que les proches d’Aymen “attendent beaucoup de la décision qui va être rendue (mais) ne sont pas animés par des sentiments de haine ou de vengeance”.L’accusé est jugé jusqu’à jeudi pour “violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner”. Il encourt jusqu’à 20 ans de prison.- Trois piétons percutés -Le décès d’Aymen avait endeuillé Montpellier durant le Mondial et un millier de personnes avaient défilé, roses blanches à la main, pour rendre hommage à l’adolescent. Sa mort avait aussi provoqué des échauffourées dans le quartier défavorisé où s’était déroulé le drame.Le 14 décembre 2022, des dizaines de supporters arborant le drapeau marocain étaient descendus dans les rues du quartier de La Mosson, en périphérie de Montpellier, à l’issue de la demi-finale remportée 2-0 par la France. Certains, le visage dissimulé, ont mis le feu à des poubelles et procédé à des tirs de mortiers.Au même moment, William C., alors âgé de 20 ans, a décidé d’aller fêter la victoire de la France en paradant au volant de la Citroën C4 de sa mère, drapeau tricolore accroché à la portière.Il s’était retrouvé bloqué entre deux véhicules à un feu rouge, à proximité des supporters du Maroc, selon des vidéos tournées par des témoins et projetées à l’audience. On le voit se faire chahuter par des jeunes et l’un d’entre eux arracher le drapeau français.William C. démarre alors brusquement, effectue un demi-tour sur les voies du tramway où se trouvent des dizaines de personnes et en percute trois, dont Aymen.Sur l’une des vidéos, on voit l’adolescent gisant inanimé pendant que la C4 s’éloigne à toute allure et que la foule affolée lui lance des invectives et tente de l’atteindre avec une pierre.Grièvement blessé, Aymen, qui avait regardé le match dans le snack de son grand frère avant de rejoindre ses amis pour faire la fête, est décédé peu après sa prise en charge. Un autre ado, légèrement blessé, s’est constitué partie civile.- Fuite en Espagne -Activement recherché, le chauffard était interpellé 12 jours plus tard dans les Pyrénées-Orientales après avoir passé plusieurs jours en Espagne avec l’aide de sa famille maternelle, qui a dit avoir craint des représailles de la part de la communauté marocaine envers la communauté gitane.Né d’un père marocain, William C. a été élevé par une mère issue de la communauté des gens du voyage. Ayant arrêté l’école au primaire, il est illettré et n’a jamais vraiment travaillé.”Il s’est retrouvé dans une situation qu’il n’a pas su gérer du fait qu’il s’est senti agressé. C’est un mouvement de panique qui empêche toute réflexion et prise en compte de l’autre”, a avancé l’experte psychologue qui l’a examiné, entendue mercredi par la cour.Elle a aussi estimé qu’il présente un “niveau scolaire de cour préparatoire” et un intelligence pratique “de l’ordre d’un âge mental de neuf ans”.

Tempête Benjamin: gros coup de vent jeudi sur le littoral et à l’intérieur du pays

La tempête Benjamin occasionnera de “fortes rafales” de vent sur une “bonne partie du territoire” jeudi, avec de grosses vagues sur le littoral atlantique et les côtes de la Manche, selon Météo France qui a placé 18 départements au total en vigilance orange.Seize sont concernés par l’épisode venteux: le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme, la Manche, la Vendée, les Deux-Sèvres, la Charente-Maritime et la Charente, la Gironde, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques, ainsi que le Puy-de-Dôme, l’Aude, les Pyrénées-Orientales et les deux départements de Corse.La trajectoire et l’intensité de cette dépression automnale, qui survient “après une longue période de temps calme”, sont encore incertains, indique l’institut national dans son dernier bulletin.Des rafales de 100 à 130 km/h sont néanmoins attendues sur la côte atlantique et les côtes de Manche, et de 90 à 110 km/h à l’intérieur des terres, le vent pouvant localement souffler plus fort encore sur les reliefs du Puy-de-Dôme, les Corbières ou les plaines des Pyrénées-Orientales, avertit le prévisionniste.Les rafales atteindront 160 à 170 km/h sur le Cap Corse, ce vent violent se maintenant dans la nuit de jeudi à vendredi.Sur les côtes de la Gironde, des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, ainsi qu’en Seine-Maritime, les vents forts soufflant d’ouest à nord-ouest, qui se renforceront en cours de nuit dans le golfe de Gascogne puis en Manche jeudi matin, engendreront “de très fortes vagues et une surélévation temporaire du niveau de la mer”, ajoute Météo-France.Ce phénomène, combiné à des coefficients de marée “de vive-eau” (autour de 80), pourrait provoquer des “submersions marines” sur le littoral de ces quatre départements placés en vigilance orange à ce titre, le risque étant le plus marqué au moment des pleines mers.Enfin, après plusieurs jours de précipitations abondantes avec des cumuls compris entre 40 et 90 mm (soit 40 à 90 litres d’eau par mètre carré), le département de la Corrèze est placé quant à lui en vigilance orange pour le risque d’inondation.

Une femme séquestrée dans un garage pendant cinq ans, deux suspects mis en examen

La victime avait “disparu des radars”. Le parquet de Nantes a annoncé mercredi la mise en examen d’un homme de 82 ans et d’une femme de 60 ans pour la “séquestration avec torture ou actes de barbarie” d’une femme pendant plusieurs années à Saint-Molf, en Loire-Atlantique.La victime, âgée de 45 ans et “fragile psychologiquement”, a été hospitalisée en état “d’hypothermie”, a indiqué à l’AFP le procureur de Nantes, Antoine Leroy, confirmant des informations du quotidien Ouest-France. Elle a été contrainte de vivre pendant cinq ans dans le jardin et un garage attenant à la maison où habitaient les mis en cause, a-t-il précisé.La femme a été placée en détention provisoire, selon le parquet, tandis que l’homme avec lequel elle vivait a été placé sous contrôle judiciaire.Celui-ci était enfermé chez lui mercredi, derrière les volets fermés de cette maison située dans le calme hameau de Kerhudal, à Saint-Molf, au nord de Guérande. Derrière sa porte close, il a répondu brièvement à quelques questions de journalistes. La femme qui habitait avec lui était une “amie” et la victime une “personne qui travaillait avec elle”, a-t-il dit. “Elles se sont embrouillées toutes les deux et puis ça a pris des proportions…”, a-t-il ajouté. “C’est grave”.- Tente et garage -Le 14 octobre, profitant d’un moment où le mis en cause regardait la télévision pour “sortir de l’enclos extérieur dans lequel elle était enfermée”, la quadragénaire s’est présentée vers 21H30 chez des voisins, a expliqué le procureur. “Dévêtue en grande partie, elle est venue frapper à la fenêtre” et a affirmé être “séquestrée” depuis environ cinq ans.”Je l’ai faite rentrer, je l’ai couverte, je lui ai donné de l’eau”, a raconté la voisine qui lui a porté secours ce soir-là. “Il y a cinq ans, elle vivait avec une dame. Donc évidemment, on se croisait dans le jardin. Après, on ne l’a plus vue, il y a une autre personne qui est arrivée”, a-t-elle raconté.De son côté, la victime a expliqué qu’elle “vivait en colocation dans la maison avec une autre femme” jusqu’à l’arrivée de l’homme mis en cause. Elle a alors “été priée de quitter les lieux pour aller vivre dans le jardin, soit dehors, soit dans une tente, soit dans un garage attenant à la maison”, a poursuivi M. Leroy.Le plus souvent enfermée dans le garage, “elle dormait dans des conditions précaires, sur un transat. Elle faisait ses besoins dans un pot ou dans des sacs plastique. Elle mangeait de la bouillie mélangée à du liquide vaisselle”, a indiqué le procureur. “Elle était empêchée de sortir”. Sur place, les gendarmes ont constaté que la porte du garage était bloquée depuis l’extérieur par des parpaings.A Saint-Molf, “la première réaction, c’est la stupéfaction”, a déclaré à l’AFP le maire, Hubert Delorme.”On n’entendait rien, on ne voyait rien (…) De se dire que ça s’est passé juste à côté de chez vous, c’est très surprenant”, a témoigné Laurence Allaire, 56 ans, une femme au foyer habitant le hameau de Kerhudal.- “Vulnérabilité” -La victime “est une femme particulièrement fragile psychologiquement et donc en état de vulnérabilité, sinon elle se serait probablement défendue autrement. Elle a réussi à sortir quelquefois de la maison mais elle y revenait”, a expliqué le procureur. Elle “pouvait passer des journées entières dehors, dans le froid, sous la pluie, et elle a indiqué également être victime de violences”.Le médecin légiste a prescrit à la victime 30 jours d’incapacité totale de travail (ITT).D’après le magistrat, cette femme avait “disparu des radars” depuis avril 2022, date correspondant à son divorce. “Ses comptes bancaires n’étaient plus actifs sauf à verser des sommes d’argent importantes” aux mis en cause.Ces deux personnes “ont admis une partie de la matérialité des faits mais en les minimisant considérablement”, selon M. Leroy.Outre la “séquestration avec torture ou actes de barbarie”, crime passible de la prison à perpétuité, ils ont aussi été mis en examen pour “abus frauduleux” de “l’état de sujétion psychologique ou physique d’une personne” et de la “faiblesse d’une personne vulnérable”.