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Royaume-Uni: hausse inédite des dépenses de défense depuis la fin de la Guerre froide, selon Starmer

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé mardi que le Royaume-Uni allait s’engager dans une hausse de ses dépenses de défense, inédite “depuis la fin de la Guerre froide”, à deux jours de sa rencontre à Washington avec le président américain Donald Trump.Dans un discours surprise devant la chambre des Communes, Keir Starmer a déclaré que son gouvernement porterait le budget de la défense à 2,5% du PIB en 2027, contre 2,3% actuellement.”Je peux annoncer que ce gouvernement va lancer la plus forte augmentation prolongée des dépenses de défense depuis la fin de la Guerre froide”, a-t-il affirmé devant les députés.Cette annonce de Keir Starmer intervient deux jours avant son déplacement à Washington où il doit rencontrer le président américain Donald Trump pour évoquer le sort de l’Ukraine.Le gouvernement travailliste s’était déjà engagé à accroître son budget de la défense à 2,5% du PIB mais sans donner d’échéance. Il comptait dévoiler ses plans après la publication de sa revue stratégique de défense au printemps.Mais depuis son retour à la Maison Blanche, le président américain Donald Trump a encore renforcé ses pressions sur les Européens pour qu’ils contribuent davantage à l’Otan, et a même laissé planer la menace d’une remise en cause du soutien militaire historique des Etats-Unis à l’Europe.”Nous sommes dans un monde où tout a changé” depuis l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, a défendu Keir Starmer.”La nature de la guerre a considérablement changé. C’est une évidence quand on regarde le champ de bataille en Ukraine, et nous devons donc nous moderniser et revoir nos capacités”, a insisté le Premier ministre.- “Leader” dans l’Otan -A partir de 2027, le budget alloué aux services de sécurité et de renseignements porteront les dépenses totales dans la défense à 2,6% du PIB, avec l'”ambition” d’atteindre 3% “durant la prochaine législature”, soit à partir de 2029, a encore détaillé Keir Starmer.”Cet investissement signifie que le Royaume-Uni renforcera sa position de leader au sein de l’Otan et dans la défense collective de notre continent”, a-t-il affirmé.Londres veut être comme un pont entre les Etats-Unis et une Union Européenne décriée par l’administration Trump, mais le Royaume-Uni “doit rejeter tout faux choix” entre ses alliés, a insisté Keir Starmer.Cette hausse des dépenses de défense se fera au détriment du budget britannique dédié à l’aide internationale au développement, qui passera de 0,5% à 0,3% du PIB sur la période.”Ce n’est pas une annonce que je suis heureux de faire” mais la sécurité des Britanniques est “la priorité numéro 1 de ce gouvernement”, a défendu Keir Starmer.Il a assuré que le Royaume-Uni continuerait de “jouer un rôle humanitaire” au Soudan, en Ukraine et à Gaza, et soutiendrait l’effort mondial face au réchauffement climatique.Il a également réitéré le soutien de son pays envers l’Ukraine face à la Russie.”Nous devons soutenir l’Ukraine parce que si nous ne parvenons pas à obtenir une paix durable, alors l’instabilité économique et les menaces pour notre sécurité ne feront que croître”, a-t-il déclaré.Durant son déplacement à Washington, quelques jours après le président français Emmanuel Macron, Keir Starmer espère convaincre Donald Trump d’apporter des garanties de sécurité américaines à Kiev dans la perspective d’une résolution du conflit.Face aux députés, il a affirmé que Londres comptait “s’assurer” que les Ukrainiens “négocient leur avenir”, alors qu’Américains et Russes ont discuté directement d’une résolution du conflit, sans impliquer Kiev.

Royaume-Uni: hausse inédite des dépenses de défense depuis la fin de la Guerre froide, selon Starmer

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé mardi que le Royaume-Uni allait s’engager dans une hausse de ses dépenses de défense, inédite “depuis la fin de la Guerre froide”, à deux jours de sa rencontre à Washington avec le président américain Donald Trump.Dans un discours surprise devant la chambre des Communes, Keir Starmer a …

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Bucarest remet le narcotrafiquant Mohamed Amra à la France après neuf mois de cavale

Le narcotrafiquant Mohamed Amra – arrêté samedi en Roumanie après neuf mois de cavale marquée par la mort de deux agents pénitentiaires sur une aire d’autoroute française en mai- a été renvoyé mardi en France par avion, selon les autorités aéroportuaires roumaines.L’ennemi public numéro un français a été escorté à l’aéroport de Bucarest par un convoi des forces spéciales de la police roumaine et a traversé le hall large sourire aux lèvres, menottes au poignet et avec la même teinture rousse qui avait surpris lors de son arrestation samedi.Le GIGN, l’unité d’élite de la gendarmerie française, a pris le relais dans l’avion pour le ramener en France.Le multirécidiviste de 30 ans avait accepté dimanche son renvoi en France avant de contester en vain sa détention.”Comme il conteste sa culpabilité” et qu’il “est victime d’une erreur judiciaire”, “nous avons fait appel pour qu’il soit libéré”, avait précisé à l’AFP son avocate, Maria Marcu, avant son renvoi du pays.Mohamed Amra a été arrêté samedi en Roumanie où il vivait avec de faux papiers depuis le 8 février après avoir été installé par des complices dans un appartement de la banlieue de Bucarest, selon la police roumaine. “L’hypothèse la plus probable” est qu’il soit resté en France, jusqu’à son départ en Roumanie début février, a confié une source proche de l’enquête lundi à l’AFP.Surnommé la “mouche”, Mohamed Amra attendait de faire de la chirurgie esthétique avant de fuir en Colombie, sans toutefois avoir encore entrepris de démarches concrètes, selon les autorités roumaines.Il avait été détenu sous haute sécurité en l’attente de son renvoi vers la France.- Sécurité renforcée pour son transfert – Selon la procureure de Paris, Laure Beccuau, une réunion a eu lieu lundi pour étudier dans quelle prison française il serait incarcéré à son retour.Sa remise “se fera sous les conditions de sécurité les plus hautes, les plus renforcées”, a-t-elle indiqué sur franceinfo, tout en insistant sur l’importance du “secret” dans cette enquête de la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco).”Gérald Darmanin a demandé que Mohamed Amra soit placé dans un quartier d’isolement, dans un établissement pénitentiaire présentant un très haut niveau de sécurité”, a souligné de son côté l’entourage du ministre français de la Justice.Son évasion datait du 14 mai 2024, lorsque le détenu avait été extrait de sa cellule en Normandie, dans l’ouest de la France, pour être amené à un juge d’instruction qui devait l’interroger.Un commando en avait alors profité pour attaquer à la voiture-bélier et aux fusils d’assaut le fourgon dans lequel il se trouvait, tuant deux agents pénitentiaires et en blessant trois autres. Trois jours après son arrestation en Roumanie, 22 personnes se trouvent toujours en garde à vue en France, a indiqué Mme Beccuau mardi matin. Deux Français ont été arrêtés au Maroc et un autre homme en Espagne. “Un certain nombre de membres du commando pourraient se trouver au sein de ces gardes à vue”, a poursuivi Mme Beccuau. “L’ensemble des auditions permettront de crédibiliser ou pas les pistes que nous avons pu construire”.Selon elle, “dans son environnement, il y a effectivement un certain nombre de personnes qui peuvent appartenir” à la “Black Mafia Family”, une organisation criminelle spécialisée dans le trafic de stupéfiants, “dont l’activité mérite d’être creusée”.Selon une source proche du dossier, deux nouvelles interpellations ont eu lieu en France dans la nuit de lundi à mardi.Preuve du caractère hors norme de l’enquête sur son évasion: tout au long de sa cavale, “100 à 150” enquêteurs de la police judiciaire ont travaillé au quotidien sur ce dossier devenu symbole de l’emprise du narcotrafic en France, a rappelé lundi Christian Sainte, le patron de la police judiciaire.

Hand: Luka Karabatic annonce la fin de sa carrière internationale

L’ancien capitaine de l’équipe de France de handball Luka Karabatic, champion olympique en 2021, a annoncé mardi prendre sa retraite internationale à l’âge de 36 ans.”C’est avec émotion que je vous annonce la fin de mon aventure avec l’équipe de France”, a écrit sur instagram le pivot français, qui totalise 172 sélections avec les Bleus pour 182 buts.En plus du titre olympique au Japon, Luka Karabatic a également remporté deux titres de champion d’Europe en 2014 et plus récemment en 2024, ainsi que deux sacres mondiaux en 2015 et 2017. Le frère cadet de Nikola Karabatic a par ailleurs terminé son aventure en sélection avec une médaille de bronze aux Mondial, glanée au bout du suspense contre le Portugal (35-34) il y a moins d’un mois. A l’occasion de cette ultime compétition, Luka Karabatic avait d’ores et déjà cédé son brassard de capitaine à Ludovic Fabregas. Il s’était montré décisif en quart de finale, en qualifiant les Bleus pour le dernier carré grâce à un incroyable but au buzzer contre l’Egypte (34-33).”Au delà de ses performances, +Loulou+ a marqué le groupe France par son état d’esprit en plaçant l’équipe au-dessus de tout”, a salué dans un communiqué de la fédération française le sélectionneur Guillaume Gille.L’annonce de son départ de la sélection intervient quelques mois après celui du frère ainé Nikola, qui avait pris sa retraite à l’issue des JO, terminés par une élimination cruelle en quart de finale contre l’Allemagne.”Tellement fier du chemin que tu as parcouru et de la manière dont tu as porté le plus beau des maillots Frérot”, a réagi l’ainé de 40 ans, légende de l’équipe de France et de son sport, là encore sur instagram.L’idée de prendre sa retraite internationale “a germé après les Jeux olympiques, peut-être même un peu avant, a indiqué Luka dans une interview pour la fédération, lorsque mon frère Nikola a annoncé la fin de sa carrière en équipe de France, cela m’a fait réfléchir. (…) J’ai commencé à me demander : +Et toi, Luka, où en es-tu?+”.”Après l’échec aux Jeux, je ne voulais pas finir sur une note amère. J’avais encore la possibilité de jouer une dernière grande compétition et d’essayer de clore cette aventure sur une belle note. C’est là que ma décision a pris forme”, a-t-il ajouté.

Le président syrien promet que l’Etat aura le “monopole” des armes

Le président par intérim de la Syrie, Ahmad al-Chareh, s’est engagé mardi à garantir le “monopole” de l’Etat sur les armes lors de la conférence de dialogue national sur l’avenir du pays, qui s’est ouverte deux mois et demi après la chute de Bachar al-Assad.Ahmad al-Chareh, qui a salué mardi une “nouvelle phase historique” avait été nommé en janvier président par intérim, après l’offensive rebelle menée par son groupe radical islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qui a pris le pouvoir le 8 décembre à Damas. Il avait annoncé qu’il mettrait en place un dialogue national durant la période de transition.Des représentants de la société civile, des communautés religieuses, des personnalités de l’opposition et des artistes participent à Damas à cette conférence censée représenter tous les Syriens. Organisée à la hâte par les nouvelles autorités, elle constitue une démarche inédite dans le pays qui sort de près de 14 ans de guerre civile.Mais l’administration autonome dirigée par les Kurdes, qui contrôle une grande partie du nord-est de la Syrie, et son bras armé, les Forces démocratiques syriennes (FDS), n’ont pas été invitées. Selon les organisateurs, aucune entité armée n’a reçu d’invitation.Mardi, 35 partis de l’administration autonome ont dénoncé une représentation “purement symbolique” de  cette conférence, qui selon eux “ne reflète pas la réalité des composantes de la société syrienne”. Ces conférences “n’ont ni sens ni valeur et (…) ne contribueront pas à trouver des solutions concrètes à la crise que traverse le pays”, ont ajouté ces partis.”La Syrie n’accepte pas la division, elle est un tout intégré et sa force réside dans son unité”, a lancé Ahmad al-Chareh dans son discours d’ouverture.”Le monopole des armes entre les mains de l’Etat n’est pas un luxe, mais un devoir et une obligation”, a-t-il affirmé.Le nouveau pouvoir avait annoncé la dissolution de l’armée syrienne et de toutes les factions armées rebelles, dont le HTS. Il a formé à la mi-février une commission de sept personnes, dont deux femmes, pour préparer cette conférence.Deux membres de cette commission avaient affirmé dimanche que des rencontres avaient été organisées “dans plusieurs provinces syriennes, avec la participation de quelque 4.000 hommes et femmes”. – “Rétablir les droits” -La commission préparatoire avait aussi assuré que la conférence, ouverte mardi, mettrait l’accent sur “la justice de transition, la constitution, la réforme des institutions et de l’économie, l’unité du territoire syrien, ainsi que les libertés publiques et individuelles, et les libertés politiques”.Dans ce contexte, Ahmad al-Chareh a annoncé mardi la mise en place d’une commission pour travailler sur la justice de transition dans le but de “rétablir les droits” des Syriens.”Nous avons travaillé au cours des deux derniers mois pour poursuivre les auteurs de crimes contre les Syriens, et travaillerons à former une commission pour la justice de transition qui rétablira les droits des gens et, si Dieu le veut, leur rendra justice et traduira les criminels en justice”, a-t-il déclaré.”La Syrie vous a tous appelés aujourd’hui (..) à vous consulter sur l’avenir (..), car les événements actuels sont le signe d’une nouvelle phase historique”, a-t-il ajouté dans un message à l’adresse des participants.La conférence représente “la première étape d’un long processus” visant à “construire une nouvelle identité nationale syrienne qui préserve la paix civile” et doit émettre des recommandations “qui serviront de base” pour un plan de réforme des institutions, selon la commission préparatoire.Un gouvernement provisoire est chargé de gérer les affaires courantes jusqu’au 1er mars, date à laquelle la Syrie doit se doter d’un nouveau gouvernement reflétant “la diversité” du peuple syrien, selon les nouvelles autorités.Ahmad al-Chareh avait précédemment déclaré que les forces dirigées par les Kurdes devraient être intégrées à l’armée nationale et rejeter l’idée d’une autonomie.Les Kurdes de Syrie ont montré des signes d’ouverture et les deux parties sont en pourparlers sur plusieurs questions.”La paix nationale est un devoir pour tous les citoyens”, a réaffirmé M. Chareh mardi.”Nous continuerons à mener une politique qui protège les intérêts du peuple syrien, sans aucune pression ou diktat extérieur”, a affirmé pour sa part le chef de la diplomatie, Assaad al-Chaibani.

“Question de survie” : le monde se dispute à Rome sur le financement de la sauvegarde de la nature

Les négociations des Nations unies sur la protection de la nature ont repris mardi à Rome avec un appel à s’unir pour “soutenir la vie sur la planète” et surmonter la dispute financière Nord-Sud à l’origine de l’échec du sommet initial en Colombie.La ministre colombienne Susana Muhamad, qui préside la 16e conférence de la Convention sur la diversité biologique (CDB), a rappelé que les pays avaient entre leurs mains “la mission la plus importante de l’humanité au XXIe siècle, c’est-à-dire notre capacité à soutenir la vie sur cette planète”.Face à elle, 154 pays, sur les 196 signataires de la CDB, ont pris place en milieu de matinée dans la grande salle du siège de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), dominant les ruines du Circus Maximus sous une pluie fine.Objectif de leurs retrouvailles pour trois jours : mettre fin à la dispute qui les avait conduit, le 2 novembre à Cali, à brutalement interrompre la COP16 après une nuit blanche de négociations supplémentaires.La controverse porte sur le financement de l’accord de Kunming-Montréal de 2022 et de sa feuille de route, destinée à arrêter d’ici à 2030 la destruction de la nature qui menace l’alimentation de l’humanité, sa santé, la régulation du climat et la prospérité de tous les écosystèmes de la planète.Ce programme “a le pouvoir d’unifier le monde”, “ce qui n’est pas rien dans un paysage géopolitique très polarisé, fragmenté, divisé et conflictuel”, a exhorté Susana Muhamad.Son appel a été suivi de trois heures de discours des pays reprenant peu ou prou les mêmes positions qu’à Cali, mais à fleurets mouchetés, entre pays riches, toujours hostiles à la création d’un nouveau fonds, et monde en développement réclamant le respect de leurs engagements.Les pays développés sont tenus de fournir 20 milliards de dollars d’aide annuelle pour la nature d’ici à 2025 et n’ont atteint qu’environ 15 milliards en 2022, selon l’OCDE. “Sans cela, la confiance pourrait être rompue”, a averti la déléguée du Panama. Résoudre la “crise de la biodiversité (…) est une question de survie pour les écosystèmes, l’économie et l’humanité (…), le monde n’a plus le temps”.”Nous ne pouvons pas répéter les échecs du financement de la lutte contre le changement climatique”, a-t-elle ajouté.- Nouveau fonds ? -Les pays en développement, sous la direction du Brésil et du groupe africain, réclament la création d’un nouveau fonds consacré à la biodiversité et placé sous l’autorité de la COP, comme prévu par le texte de la convention de 1992.Mais les pays développés – menés par l’Union européenne, le Japon et le Canada en l’absence des Etats-Unis, non-signataires de la convention mais important bailleur – y sont très hostiles : ils dénoncent une fragmentation de l’aide au développement, déjà fragilisée par les crises budgétaires et l’effacement en cours des Américains depuis l’élection de Donald Trump.Vendredi, la présidence colombienne a rendu publique une proposition de compromis qui contient une feuille de route pour réformer d’ici à 2030 les différents systèmes à l’origine des flux financiers destinés à la sauvegarde de la nature, répondant aux difficultés des pays pauvres et endettés.Le document prévoit d'”améliorer les performances” du Fonds mondial pour l’Environnement (GEF, en anglais) et du Fonds-cadre mondial pour la biodiversité (GBFF, en anglais), une solution provisoire modestement dotée (400 millions de dollars). Il envisage aussi qu’une institution financière, déjà existante ou à créer, soit à terme placée sous l’autorité de la COP.La plupart des pays en développement ont réclamé mardi de revenir au compromis qui était sur la table à Cali, prévoyant explicitement la création d’un nouveau fonds. Les quelque 300 représentants des pays, renforcés à partir de mercredi par 25 ministres ou équivalents, ont jusqu’à jeudi, voire vendredi pour trouver une solution, dans un contexte géopolitique défavorable. Après l’échec de Cali, le multilatéralisme environnemental avait subi un autre coup avec l’issue, jugée décevante, de la COP29 sur le climat, là encore en raison d’une dispute concernant l’aide des pays riches en vertu de leur responsabilité historique. Puis, en décembre, la conférence de l’ONU sur la désertification en Arabie saoudite et les négociations en Corée du Sud sur un traité mondial contre la pollution par le plastique se sont conclues sans succès.

“Question de survie” : le monde se dispute à Rome sur le financement de la sauvegarde de la nature

Les négociations des Nations unies sur la protection de la nature ont repris mardi à Rome avec un appel à s’unir pour “soutenir la vie sur la planète” et surmonter la dispute financière Nord-Sud à l’origine de l’échec du sommet initial en Colombie.La ministre colombienne Susana Muhamad, qui préside la 16e conférence de la Convention sur la diversité biologique (CDB), a rappelé que les pays avaient entre leurs mains “la mission la plus importante de l’humanité au XXIe siècle, c’est-à-dire notre capacité à soutenir la vie sur cette planète”.Face à elle, 154 pays, sur les 196 signataires de la CDB, ont pris place en milieu de matinée dans la grande salle du siège de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), dominant les ruines du Circus Maximus sous une pluie fine.Objectif de leurs retrouvailles pour trois jours : mettre fin à la dispute qui les avait conduit, le 2 novembre à Cali, à brutalement interrompre la COP16 après une nuit blanche de négociations supplémentaires.La controverse porte sur le financement de l’accord de Kunming-Montréal de 2022 et de sa feuille de route, destinée à arrêter d’ici à 2030 la destruction de la nature qui menace l’alimentation de l’humanité, sa santé, la régulation du climat et la prospérité de tous les écosystèmes de la planète.Ce programme “a le pouvoir d’unifier le monde”, “ce qui n’est pas rien dans un paysage géopolitique très polarisé, fragmenté, divisé et conflictuel”, a exhorté Susana Muhamad.Son appel a été suivi de trois heures de discours des pays reprenant peu ou prou les mêmes positions qu’à Cali, mais à fleurets mouchetés, entre pays riches, toujours hostiles à la création d’un nouveau fonds, et monde en développement réclamant le respect de leurs engagements.Les pays développés sont tenus de fournir 20 milliards de dollars d’aide annuelle pour la nature d’ici à 2025 et n’ont atteint qu’environ 15 milliards en 2022, selon l’OCDE. “Sans cela, la confiance pourrait être rompue”, a averti la déléguée du Panama. Résoudre la “crise de la biodiversité (…) est une question de survie pour les écosystèmes, l’économie et l’humanité (…), le monde n’a plus le temps”.”Nous ne pouvons pas répéter les échecs du financement de la lutte contre le changement climatique”, a-t-elle ajouté.- Nouveau fonds ? -Les pays en développement, sous la direction du Brésil et du groupe africain, réclament la création d’un nouveau fonds consacré à la biodiversité et placé sous l’autorité de la COP, comme prévu par le texte de la convention de 1992.Mais les pays développés – menés par l’Union européenne, le Japon et le Canada en l’absence des Etats-Unis, non-signataires de la convention mais important bailleur – y sont très hostiles : ils dénoncent une fragmentation de l’aide au développement, déjà fragilisée par les crises budgétaires et l’effacement en cours des Américains depuis l’élection de Donald Trump.Vendredi, la présidence colombienne a rendu publique une proposition de compromis qui contient une feuille de route pour réformer d’ici à 2030 les différents systèmes à l’origine des flux financiers destinés à la sauvegarde de la nature, répondant aux difficultés des pays pauvres et endettés.Le document prévoit d'”améliorer les performances” du Fonds mondial pour l’Environnement (GEF, en anglais) et du Fonds-cadre mondial pour la biodiversité (GBFF, en anglais), une solution provisoire modestement dotée (400 millions de dollars). Il envisage aussi qu’une institution financière, déjà existante ou à créer, soit à terme placée sous l’autorité de la COP.La plupart des pays en développement ont réclamé mardi de revenir au compromis qui était sur la table à Cali, prévoyant explicitement la création d’un nouveau fonds. Les quelque 300 représentants des pays, renforcés à partir de mercredi par 25 ministres ou équivalents, ont jusqu’à jeudi, voire vendredi pour trouver une solution, dans un contexte géopolitique défavorable. Après l’échec de Cali, le multilatéralisme environnemental avait subi un autre coup avec l’issue, jugée décevante, de la COP29 sur le climat, là encore en raison d’une dispute concernant l’aide des pays riches en vertu de leur responsabilité historique. Puis, en décembre, la conférence de l’ONU sur la désertification en Arabie saoudite et les négociations en Corée du Sud sur un traité mondial contre la pollution par le plastique se sont conclues sans succès.