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Bélarus: des ex-détenues politiques hantées et traumatisées

Pendant près de quatre ans, Irina Stchastnaïa n’a pas pu voir son fils grandir parce qu’elle était emprisonnée au Bélarus. Et aujourd’hui, elle se surprend à traiter en enfant un adolescent de 14 ans.Guerman avait 10 ans lorsque sa mère a été arrêtée devant lui un matin de novembre 2020. Pourquoi ? Car elle animait une chaîne sur Telegram critiquant le président bélarusse Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 30 ans et qui doit être réélu dimanche pour un septième mandat à la tête de cette ex-république soviétique.Au moment de son arrestation, Irina a tenté de rassurer son fils, de lui cacher “son effroi”. “J’ai réussi à lui dire +Guerman, ne t’inquiète pas, tout ira bien+”, raconte-t-elle à l’AFP. Mais leurs vies ont “changé à jamais”.A compter de ce jour de novembre, Mme Stchastnaïa, 37 ans, a subi la répression impitoyable visant le grand mouvement de contestation contre la réélection, jugée truquée, d’Alexandre Loukachenko en août 2020. Des centaines de personnes furent alors jetées en prison, et certaines soumises à la torture.Courant 2024, le président bélarusse a gracié quelques dizaines de ces prisonniers politiques, principalement des femmes et des personnes malades.Libérée en juin 2024, sous contrôle judiciaire, Irina Stchastnaïa a fui illégalement le Bélarus pour retrouver son fils en septembre en Pologne, dans la ville de Bialystok (est), où ils vivent désormais.”Quand j’ai ouvert la porte, j’ai vu ce grand gars”, dit-elle, émue, en évoquant leurs retrouvailles. “Ce n’est plus la même façon d’être mère (…) Quand j’ai été arrêtée, il me tenait encore la main pour traverser la rue.” – Insomnies -Comme d’autres ex-prisonniers, Irina n’a qu’un souhait : que tous les détenus politiques du Bélarus soient libérés par “tous les moyens possibles”. Selon l’ONG Viasna, elle-même persécutée par les autorités du Bélarus, ce pays allié à la Russie de Vladimir Poutine compte toujours plus de 1.200 prisonniers politiques, pour une population de 9 millions d’habitants. Toutes les figures de l’opposition sont en prison — le plus souvent à l’isolement et sans droit de correspondance — ou en exil à l’étranger, où plus de 300.000 Bélarusses ont fui la répression, selon l’ONU. Le fils d’Irina Stchastnaïa est parti après l’arrestation de sa maman avec son père en Ukraine, puis en Pologne peu avant l’invasion russe de février 2022. Son fils s’est fait à sa nouvelle vie. Pour elle, c’est encore difficile. Parfois, elle se rend en voiture jusqu’à la frontière bélarusse, à seulement 50 kilomètres de Bialystok, “juste pour voir” son pays.Traumatisée et hantée, elle raconte, avec un étrange regard figé, avoir toujours du mal à dormir. En prison, dans la colonie pour femmes de Gomel (sud-est), elle était enfermée avec une trentaine de codétenues.L’administration pénitentiaire l’employait pour coudre des uniformes de soldats et d’ouvriers. Elle n’avait le droit qu’à un seul appel vidéo par mois avec son fils, sous étroite surveillance et sans aucune intimité.- “Dévorée” par la prison -Une autre ex-prisonnière politique, Kristina Tcherenkova, rassemble des informations sur les personnes graciées qu’elle obtient via des parents ou des avocats, car les autorités ne divulguent jamais leurs noms.  Vivant en exil à Gdansk, dans le nord de la Pologne, Mme Tcherenkova, 34 ans, était décoratrice avant son arrestation. Elle avait manifesté en 2020 dans sa ville, Mazyr, et a refusé de quitter le Bélarus quand la répression a débuté. Elle a finalement été arrêtée en 2022 pour avoir dénoncé sur les réseaux sociaux l’invasion russe de l’Ukraine, lancée en partie depuis le territoire bélarusse. Avant d’être libérée, en 2024, Mme Tcherenkova a aussi été détenue dans la prison de Gomel. Là-bas, “environ 10% des femmes sont des prisonnières politiques”, estime-t-elle. “Il reste beaucoup de monde, beaucoup d’amies.”Daria Afanassïeva, une féministe bélarusse également libérée de prison en 2024, pense que tout doit être fait pour libérer ces détenus “y compris négocier avec le régime”. “Ce n’est pas seulement une personne qui est en prison, c’est une famille entière”, indique cette femme aux cheveux roses, en référence à la souffrances des proches des prisonniers.Arrêtée en 2021, elle dit que la solidarité entre détenues lui a permis de supporter ses deux ans et demi d’emprisonnement. Elle habite aujourd’hui à Varsovie mais reconnait que la prison continue de “dévorer sa vie”. Ce jour-là, il neige sur la capitale polonaise. “Les gens sont heureux”, dit-elle. “Moi, je me dis juste que s’il y a de la neige dans l’enceinte de la prison, les filles là-bas sont en train de la nettoyer.”

Gaza: le Hamas a remis les quatre otages israéliennes à la Croix-Rouge

Des combattants du Hamas ont remis samedi à la Croix-Rouge quatre soldates israéliennes enlevées le 7 octobre 2023 en Israël et retenues en otages depuis dans la bande de Gaza, dans le cadre d’un nouvel échange de prisonniers palestiniens conformément à l’accord de trêve.Avant de monter dans les véhicules de la Croix-Rouge, les quatre otages …

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Dans un labo à Paris, les drogues des consommateurs sous le microscope

Ordinateur en bandoulière, un couple de trentenaires arrive dans la permanence d’analyse “Before”, organisée tous les jeudis à Paris, pour savoir ce que contiennent leurs produits: de l’héroïne blanche et de la brune. Dans une ambiance détendue, musique et petits gâteaux, l’éducateur spécialisé Arthur Morel les reçoit.”Certains usagers ont déjà le stress de venir avec une drogue, de se faire arrêter, donc on essaye de les mettre à l’aise”, explique Grégory Pfau, pharmacien spécialisé dans les substances psychoactives et cofondateur du réseau Analyse Ton Prod’ (ATP).Cette permanence d’analyse se tient dans le Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud), installé dans le 10e arrondissement de Paris.Autorisée depuis 2016, l’analyse de drogue s’adresse à tous les consommateurs majeurs souhaitant s’informer sur leurs produits “pour pouvoir faire des choix éclairés sur leur consommation”.”Je n’ai pas le droit de toucher au produit, c’est vous qui allez le faire”, annonce Arthur Morel. Le couple écrase la poudre d’héroïne dans un mortier. Vingt milligrammes suffisent à détecter les différentes substances psychoactives présentes et leur concentration. Le couple pense que son héroïne est pure à 70%. “Il n’y a plus qu’à faire tourner la bécane”, s’amuse un habitué de “Before” au détour d’un couloir.Dans le laboratoire de quelques mètres carrés, Maxime Triguel, toxicologue, explique le fonctionnement du chromatographe en phase liquide à haute performance (HPLC). La machine, haute d’un mètre, permet de séparer les différentes molécules en seulement 12 minutes.L’ordinateur affiche une courbe de six pics, correspondant à un médicament de la famille des benzodiazépines, un dépresseur, comme l’héroïne. “Le cocktail de plusieurs produits dépresseurs présente un risque mortel de ralentissement du système nerveux”, avertit Maxime Triguel. L’échantillon va donc être envoyé à l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) et le couple sera averti des résultats par SMS.Créée en 2021, l’association Analyse Ton Prod est partenaire du Système d’identification national des toxiques et des substances de l’OFDT. “On veille ensemble sur la circulation des produits nouveaux et atypiques”, précise Grégory Pfau.- “Fatigue cardiaque” -“Mimi” vient faire analyser ses produits pour la première fois au “Before”. L’ingénieur de 27 ans dit consommer “tous les week-ends”, en soirée ou en rave-party.Ce grand timide évoque des doutes sur de la MDMA “un peu forte, peut-être un peu coupée”, de la “fatigue cardiaque”, un sommeil difficile. “J’aurai dû venir avant”, reconnaît cet habitant de banlieue qui habite loin du laboratoire. “J’ai vraiment envie de savoir: est-ce que j’ai bousillé mon corps?””La cocaïne, la MDMA et la kétamine sont de plus en plus concentrées”, constate Grégory Pfau. En témoigne l’échantillon de kétamine d’un usager de 29 ans analysée il y a quelques minutes: concentrée à 92%. “Les usagers viennent souvent après avoir ressenti des effets négatifs. Ils pensent que c’est coupé avec d’autres choses, mais en fait c’est dosé à plus de 80%”, poursuit le pharmacien.”Je leur propose souvent de peser tout ce qu’ils ont sur eux. Beaucoup sont surpris devant la balance. Ils se rendent compte qu’ils allaient consommer plus que ce qu’ils avaient prévu, parce qu’un pochon de 100 milligrammes peut en peser 70 ou 140 en réalité.” A propos de la kétamine dosée à 92%, “une erreur de 30 milligrammes sur un produit quasiment pur peut entraîner des effets très différents”, avertit-il.Les analyses volontaires de produits par les consommateurs sont de plus en plus nombreuses dans l’Hexagone: 4.400 en 2024, contre 2.126 en 2022, selon des chiffres fournis par ATP. Quant à l’Outre-mer, un premier laboratoire devrait y ouvrir prochainement. Quentin Gorrias et Armelle Crosse, de l’association de prévention réunionnaise Réseau Oté!, sont justement de passage à Paris pour se former. “Les gens s’inquiètent” et sont demandeurs d’un dispositif d’analyse de leurs produits, car de nouvelles drogues de synthèse circulent dans les fêtes de l’île où l’association fait déjà de la prévention, explique Quentin Gorrias.”Malheureusement, il faut qu’il y ait des accidents pour que les pouvoirs publics se mobilisent”, regrette-t-il.Le 17 janvier notamment, une alerte a été émise après une overdose à l’héroïne contenant un opioïde de synthèse dans les Yvelines.  

Dans les fermes anglaises, la colère ne faiblit pas contre le gouvernement travailliste

Dans un champ du Devon où paissent ses vaches laitières, Adam Stanbury s’inquiète: le nouvel impôt agricole décidé par le gouvernement risque de mettre en danger son exploitation et beaucoup d’autres, dans un contexte déjà difficile pour les agriculteurs britanniques.Le mois dernier, cet éleveur de 55 ans, troisième génération à exploiter ces terres près de Barnstaple dans le sud-ouest de l’Angleterre, a conduit son tracteur jusqu’à Londres pour manifester avec des centaines d’autres agriculteurs. Du jamais vu.”On avait l’air de poissons hors de l’eau (…) mais on devait faire quelque chose”, explique-t-il à l’AFP, alors qu’un ouvrier agricole conduit les bêtes pour l’une des deux traites quotidiennes. De nouveaux rassemblements sont prévus samedi partout dans le pays.Dans un contexte budgétaire serré, le gouvernement travailliste de Keir Starmer a annoncé à l’automne que certaines exploitations agricoles ne seraient désormais plus exonérées des droits de succession. Une exception ancienne censée faciliter la transmission des fermes.A partir d’avril 2026, l’exonération sera plafonnée à 1 million de livres (1,20 millions d’euros), puis une taxe de 20% (la moitié du taux normal), s’appliquera au-delà. Pour Adam, le calcul est vite fait. Quand il met bout à bout ses bêtes (400 vaches laitières, et environ 350 jeunes vaches), ses équipements, ses 240 hectares de terres et sa maison, pourtant modeste, construite à deux pas des hangars où est stocké le foin, il dépasse largement ce seuil.Il estime qu’à sa mort, ses trois filles auraient à payer au moins 400.000 livres de droits de succession. – “Goutte d’eau” -Même avec l’étalement possible sur 10 ans prévu par le gouvernement, étant donné ses marges “faibles”, “cela ne suffira pas”, juge-t-il. “Ça veut certainement dire vendre des terres dont elles vont hériter”.Pour l’instant, si Lucy, son ainée de 16 ans, aide régulièrement à la ferme, elle ne se voit pas forcément devenir éleveuse. Mais Adam voudrait offrir à ses filles cette “opportunité”, sans que ce soit “un fardeau” financier.Pour éviter la taxe, il devra transmettre la ferme à ses filles de son vivant, mais les formalités sont complexes.Et encore, lui s’estime relativement chanceux, parce que malgré ses nombreux crédits à rembourser, sa production d’environ 3,4 millions de litres de lait bio est rentable. Mais au Royaume-Uni, 17% des exploitations agricoles n’ont dégagé aucun profit en 2023. Et 41% seulement plus de 50.000 livres (59.000 euros) de bénéfice, selon des chiffres du ministère de l’Environnement et de l’Agriculture.Comme ailleurs en Europe, les prix bas imposés par la grande distribution et les contraintes environnementales pèsent sur les agriculteurs. Le Brexit a aussi compliqué les exportations et le recrutement de travailleurs saisonniers. Les agriculteurs critiquent également la concurrence, qu’ils jugent déloyale, venue de pays ayant signé des accords commerciaux avec le Royaume-Uni, alors que le pays produit environ 60% de la nourriture qu’il consomme.La taxe est “la goutte d’eau qui a fait déborder le vase”, juge Adam.Le gouvernement assure que sa mesure ne concernera que les plus grosses propriétés (500 par an) et ceux ayant acheté des terres pour des raisons fiscales, faisant par ailleurs grimper les prix des terrains agricoles.- “Etre considérés” -Parmi les exploitations bénéficiant des exemptions actuelles, “moins de la moitié des propriétaires avaient reçu un revenu issu de l’agriculture dans les 5 années précédant leur décès” et une majorité des autres n’étaient pas directement exploitantes, selon l’économiste Arun Advani.Mais cette évaluation est contestée par les syndicats agricoles qui jugent que bien plus d’exploitations seront concernées.”Si nous devons vendre des terres ou une ferme (…) Où cette terre va-t-elle aller? Elle va être rachetée par une multinationale qui peut se le permettre”, prévient Adam.Selon lui, l’impôt devrait être recalibré.En octobre, le ministre de l’Agriculture Steve Reed a dit “regretter” le choc suscité par le nouvel impôt. “Mais des finances stables sont la fondation de la croissance économique dont nous avons besoin”, a-t-il défendu.Il a insisté sur les 5 milliards de livres débloquées sur 2 ans par le gouvernement, comprenant notamment des aides à l’adaptation environnementale et à la diversification. “Je ne pense pas que le ministre ait saisi à quel point la situation est grave sur le terrain”, a rétorqué auprès de l’AFP Tom Bradshow, président du principal syndicat agricole NFU.Pour Adam, “les agriculteurs ne veulent pas forcément plus d’aides, ils veulent être considérés”.

DakhaBrakha, le folklore ukrainien en mode world music pour résister à “l’assimilation” russe

Recueillis dans les montagnes des Carpates ou les plaines fertiles du Dniepr, des chants traditionnels, dopés à la world music voire au rap, portent témoignage de l’ancestrale culture ukrainienne: le groupe DakhaBrakha conçoit son répertoire comme une résistance à la volonté d'”assimilation” de son pays par le voisin russe.”Dobrii vetchir z vilnoï Oukraïni” (Bonsoir de l’Ukraine libre) lance sur la scène parisienne du Cabaret Sauvage Marko Halanevych, chanteur du groupe. A ses côtés, Nina Garenetska au violoncelle bariolé, Iryna Kovalenko au clavier et Olena Tsybulska aux percussions ressemblent à trois soeurs: mêmes blouses paysannes, couches de colliers et chapkas noires longues comme des tuyaux de poêle – une trouvaille purement théâtrale pour le coup, sans racine dans le folklore national.Le propos est clairement politique : “nous subissons depuis trois cents ans la politique d’assimilation de la Russie. C’est un miracle que l’identité, la culture et la langue ukrainiennes existent encore, après la répression stalinienne, l’Holodomor (famine largement provoquée par le pouvoir soviétique dans les années 30) et tant d’autres épisodes tragiques”, affirme Marko Halanevych, 42 ans, philologue ukrainien de formation.- Fatigue -Les sourires de l’accordéoniste, guitariste et chanteur du groupe cachent mal sa fatigue. Celle de la tournée en cours, en France, en Suisse et au Luxembourg, mais plus largement celle liée à la guerre qui ravage son pays depuis l’invasion des troupes russes le 24 février 2022.Les concerts de DakhaBrakha sont émaillés de rappels de la guerre en cours, et une partie des recettes contribue à l’effort national. “Nous sentons bien que les gens en Europe sont fatigués d’entendre cela. Nous pouvons le comprendre et nous ne nous permettons certainement pas de juger. Nous aussi en Ukraine sommes très fatigués”, soupire M. Halanevych, crâne rasé et longue barbe piquée de poils blancs.Après une pause de deux ans provoquée par le chaos de l’invasion russe, DakhaBrakha, formé en 2004, a repris la route des concerts. A l’étranger, et en Ukraine dans la mesure du possible: en mai et juin derniers, le groupe a joué à Dnipro – concert interrompu trois fois suite à des alertes aériennes – Tchernivtsi, Odessa et Vinnytsia. Le groupe retournera en studio le mois prochain, pour la première fois depuis 2020 et à Kiev, “un choix important et symbolique”.Le répertoire folklorique fait l’objet d’un regain d’intérêt depuis plusieurs décennies en Ukraine, avec des ethnomusicologues allant tendre leurs micros, le plus souvent à des femmes âgées, pour recueillir ce patrimoine. C’est ce qu’ont fait, au début des années 2000, Nina Garenetska, Iryna Kovalenko et Olena Tsybulska, toutes trois issues de l’Université nationale de la culture et des arts de Kiev.Une rencontre avec une figure clé de l’avant-garde théâtrale de Kiev, Vladyslav Troitsky, convainc Nina Garenetska et ses deux amies d’adapter cet héritage à la scène, en lui donnant un coup de jeune, à partir de 2004. Les polyphonies d’Europe centrale sont désormais rythmées par des basses appuyées, une guitare électrique saturée, et le chant folklorique se mue à l’occasion en un “flow” évoquant le rap.- Dissonance -Le groupe a tourné en Europe, aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Des concerts souvent marqués par “une sensation de forte dissonance”. “Il nous arrive régulièrement qu’à l’étranger se déclenchent les alarmes anti-attaques aériennes des applications téléphoniques de nos villes respectives en Ukraine. Et nous nous inquiétons alors du sort de nos proches”, explique Marko Halanevych.L’Ukraine manque d’hommes au combat, nombre d’entre eux cherchent à échapper à la guerre, et plusieurs alliés occidentaux incitent Kiev à abaisser encore l’âge de la mobilisation, passée de 27 à 25 ans l’an dernier.Seul homme du groupe DakhaBrakha, M. Halanevych explique que “(son) pays comprend (son) rôle actuel de diplomate culturel et le juge important”. “Mais la guerre dure depuis bientôt trois ans et qui sait, on aura peut-être besoin de plus de gens pour prendre les armes ou creuser des tranchées. Je suis prêt à défendre mon pays”, assure ce père de deux filles. Qui ajoute que son frère Taras, 37 ans, journaliste et ingénieur du son, a entamé sa formation militaire le mois dernier.

Friedrich Merz: le millionnaire mal aimé aux portes de la chancellerie

Dans sa ville natale de Brilon, en Allemagne, le millionnaire et favori à la chancellerie Friedrich Merz s’efforce, verre de bière à la main, d’atténuer son image hautaine et de donner un élan populaire à sa campagne.Dimanche, ce pilote et propriétaire d’un jet privé, a invité dans sa petite commune de l’ouest du pays le très populaire chef des conservateurs bavarois Markus Söder pour un “petit déjeuner” avec bière, boudin blanc et bretzel, propre à plaire à son hôte.”Je m’en tiendrai au fait (…) que je suis ici chez moi, que je suis là et que je recherche le contact avec les gens tout autant qu’avec notre merveilleux environnement”, a-t-il lancé devant un millier de partisans.Une rare expression d’émotion émanant de ce député de 69 ans, ancien rival malheureux d’Angela Merkel, à un moment où son camp chrétien-démocrate reste, certes, en tête des sondages mais stagne autour de 30%, à un mois des élections législatives anticipées du 23 février.Une récente étude de l’Insa le voit même descendre en dessous de cette barre symbolique, à 29%. – “A nouveau fier de l’Allemagne” -Ce catholique, marié depuis plus de 40 ans à une juriste et père de trois enfants, prêche un retour aux valeurs traditionnelles et un durcissement sur l’immigration afin de contenir la montée de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD, extrême droite), en deuxième position des sondages.Il s’est prononcé contre la parité entre femmes et hommes dans un gouvernement sous sa direction et son parti a dit vouloir annuler la loi du gouvernement d’Olaf Scholz visant à faciliter le changement de genre. Mais il est “la réponse de la CDU au succès de l’AfD”, qui séduit avec ses positions “anti-woke” et hostiles aux étrangers, analyse l’hebdomadaire Die Zeit.Atlantiste convaincu, il s’est aussi engagé à ouvrir “un nouveau chapitre” avec les États-Unis de Donald Trump, tout en plaidant pour une “Europe unie” face au nouveau président américain.L’un des slogans de campagne de la CDU – “une Allemagne dont nous pouvons de nouveau être fier” après deux récessions successives dans le pays – rappelle d’ailleurs celui de Trump visant à “rendre sa grandeur à l’Amérique”.Depuis qu’il a pris les rênes du parti conservateur en janvier 2022, Friedrich Merz, connu pour ses sautes d’humeur, a tenté de gommer son image d’homme du passé, animé par une soif de revanche contre Angela Merkel.Ecarté en 2002 par l’ex-chancelière (2005-2021) du poste stratégique de président du groupe parlementaire, il s’était reconverti dans la finance en 2009, travaillant pour BlackRock, l’un des plus gros gestionnaires d’actifs au monde.- Objectif: “compétitivité” -Les sociaux-démocrates aiment pointer “l’inexpérience” de cet élu qui n’a assuré aucune fonction gouvernementale, enchaînant les mandats au Bundestag allemand et au Parlement européen (1989-1994).Une étude de l’institut Forsa de novembre révélait pourtant que 47% des sondés lui faisaient confiance pour relancer l’économie, contre 16% au social-démocrate Olaf Scholz.”Chaque jour, chaque décision de mon futur gouvernement ne comportera qu’une seule question +est-ce bon pour la compétitivité de notre industrie?+ Nous devons rétablir la compétitivité de ce pays”, a asséné mardi le conservateur lors du Forum économique de Davos en Suisse.Les recettes de ce libéral: réduire les impôts des entreprises et la bureaucratie et durcir les règles de “l’allocation citoyenne”, prestation versée aux chômeurs, afin de les contraindre à réintégrer le marché du travail. En matière de politique migratoire, il prône l’expulsion des demandeurs d’asile déboutés et des criminels, assortie d’une réduction des aides aux migrants.Il a parfois usé d’une rhétorique similaire à celle de l’AfD, même s’il exclut toute alliance avec ce parti, qualifiant notamment de “petits pachas” originaires de “l’espace arabe” les auteurs présumés d’échauffourées à Berlin en 2022.La même année, il avait accusé les Ukrainiens venus se réfugier en Allemagne après l’invasion russe, surtout des femmes et des enfants, de pratiquer un “tourisme social” pour empocher des allocations, avant de s’excuser.Friedrich Merz n’en est pas moins l’un des plus fervents partisans déclarés de l’aide militaire à Kiev. 

Friedrich Merz: le millionnaire mal aimé aux portes de la chancellerie

Dans sa ville natale de Brilon, en Allemagne, le millionnaire et favori à la chancellerie Friedrich Merz s’efforce, verre de bière à la main, d’atténuer son image hautaine et de donner un élan populaire à sa campagne.Dimanche, ce pilote et propriétaire d’un jet privé, a invité dans sa petite commune de l’ouest du pays le …

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Friedrich Merz: le millionnaire mal aimé aux portes de la chancellerie

Dans sa ville natale de Brilon, en Allemagne, le millionnaire et favori à la chancellerie Friedrich Merz s’efforce, verre de bière à la main, d’atténuer son image hautaine et de donner un élan populaire à sa campagne.Dimanche, ce pilote et propriétaire d’un jet privé, a invité dans sa petite commune de l’ouest du pays le très populaire chef des conservateurs bavarois Markus Söder pour un “petit déjeuner” avec bière, boudin blanc et bretzel, propre à plaire à son hôte.”Je m’en tiendrai au fait (…) que je suis ici chez moi, que je suis là et que je recherche le contact avec les gens tout autant qu’avec notre merveilleux environnement”, a-t-il lancé devant un millier de partisans.Une rare expression d’émotion émanant de ce député de 69 ans, ancien rival malheureux d’Angela Merkel, à un moment où son camp chrétien-démocrate reste, certes, en tête des sondages mais stagne autour de 30%, à un mois des élections législatives anticipées du 23 février.Une récente étude de l’Insa le voit même descendre en dessous de cette barre symbolique, à 29%. – “A nouveau fier de l’Allemagne” -Ce catholique, marié depuis plus de 40 ans à une juriste et père de trois enfants, prêche un retour aux valeurs traditionnelles et un durcissement sur l’immigration afin de contenir la montée de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD, extrême droite), en deuxième position des sondages.Il s’est prononcé contre la parité entre femmes et hommes dans un gouvernement sous sa direction et son parti a dit vouloir annuler la loi du gouvernement d’Olaf Scholz visant à faciliter le changement de genre. Mais il est “la réponse de la CDU au succès de l’AfD”, qui séduit avec ses positions “anti-woke” et hostiles aux étrangers, analyse l’hebdomadaire Die Zeit.Atlantiste convaincu, il s’est aussi engagé à ouvrir “un nouveau chapitre” avec les États-Unis de Donald Trump, tout en plaidant pour une “Europe unie” face au nouveau président américain.L’un des slogans de campagne de la CDU – “une Allemagne dont nous pouvons de nouveau être fier” après deux récessions successives dans le pays – rappelle d’ailleurs celui de Trump visant à “rendre sa grandeur à l’Amérique”.Depuis qu’il a pris les rênes du parti conservateur en janvier 2022, Friedrich Merz, connu pour ses sautes d’humeur, a tenté de gommer son image d’homme du passé, animé par une soif de revanche contre Angela Merkel.Ecarté en 2002 par l’ex-chancelière (2005-2021) du poste stratégique de président du groupe parlementaire, il s’était reconverti dans la finance en 2009, travaillant pour BlackRock, l’un des plus gros gestionnaires d’actifs au monde.- Objectif: “compétitivité” -Les sociaux-démocrates aiment pointer “l’inexpérience” de cet élu qui n’a assuré aucune fonction gouvernementale, enchaînant les mandats au Bundestag allemand et au Parlement européen (1989-1994).Une étude de l’institut Forsa de novembre révélait pourtant que 47% des sondés lui faisaient confiance pour relancer l’économie, contre 16% au social-démocrate Olaf Scholz.”Chaque jour, chaque décision de mon futur gouvernement ne comportera qu’une seule question +est-ce bon pour la compétitivité de notre industrie?+ Nous devons rétablir la compétitivité de ce pays”, a asséné mardi le conservateur lors du Forum économique de Davos en Suisse.Les recettes de ce libéral: réduire les impôts des entreprises et la bureaucratie et durcir les règles de “l’allocation citoyenne”, prestation versée aux chômeurs, afin de les contraindre à réintégrer le marché du travail. En matière de politique migratoire, il prône l’expulsion des demandeurs d’asile déboutés et des criminels, assortie d’une réduction des aides aux migrants.Il a parfois usé d’une rhétorique similaire à celle de l’AfD, même s’il exclut toute alliance avec ce parti, qualifiant notamment de “petits pachas” originaires de “l’espace arabe” les auteurs présumés d’échauffourées à Berlin en 2022.La même année, il avait accusé les Ukrainiens venus se réfugier en Allemagne après l’invasion russe, surtout des femmes et des enfants, de pratiquer un “tourisme social” pour empocher des allocations, avant de s’excuser.Friedrich Merz n’en est pas moins l’un des plus fervents partisans déclarés de l’aide militaire à Kiev. 

Thaïlande: à Bangkok, des avions pour lutter contre la pollution de l’air

La Thaïlande, prise au dépourvu, a imaginé une méthode originale pour dissiper le brouillard de pollution qui étouffe Bangkok: pulvériser par avion de l’eau glacée ou de la glace carbonique… mais les résultats se font attendre.”La concentration de PM2,5 diminue”, assure Chanti Detyothin, un expert du service d’aviation royale de pluie artificielle.Mais “il existe des limites” pour “faire disparaître complètement la pollution”, concède le spécialiste.Des journalistes de l’AFP sont montées mi-janvier à bord d’un petit avion militaire Casa, qui doit libérer les millions d’habitants de la capitale thaïlandaise pris au piège des particules fines depuis des semaines.A partir de décembre, dans ce qui correspond au début de la saison sèche, un épais nuage toxique enveloppe Bangkok, lié principalement aux émissions des véhicules et des industries, et aux brûlis agricoles.Plus d’un million de Thaïlandais sont tombés malades en raison du “smog” depuis octobre 2023 selon les autorités, et le coût économique de la pollution de l’air pourrait se chiffrer en milliards de dollars ces prochaines années.- Méthode unique -Les autorités ont aussi isolé le phénomène de couche d’inversion, qui agit comme un couvercle d’air chaud au-dessus de la mégapole, empêchant l’échappement en altitude des gaz nocifs.C’est à ce niveau-là que les scientifiques thaïlandais veulent intervenir.Face aux aléas du climat, le pays a l’habitude d’envoyer des avions, même si des voix critiques s’accordent à dire que ce n’est pas la solution la plus efficace.Depuis des décennies, la Thaïlande dispose d’un service d’aviation royale en charge de la pluie artificielle, associé au défunt roi Rama IX qui en aurait eu l’idée dans les années 1950 pour aider les agriculteurs contre la sécheresse.De petits appareils pulvérisent deux fois par jour, à 1.500 mètres d’altitude, des produits censés refroidir la couche d’inversion, et donc permettre la libération des particules polluantes bloquées au sol.Dans l’avion auquel l’AFP a eu accès, l’équipage a rempli des grandes citernes bleues en plastique d’eau glacée, pour un total d’une tonne. D’autres jours, les avions déversent du dioxyde de carbone (CO2) sous forme solide, aussi appelé glace carbonique ou glace sèche.Selon des critiques de cette méthode unique à la Thaïlande, il n’existe pas de preuves suffisantes de son efficacité.Lancée l’an dernier, elle demeure à l’état de test, et diffère de celle qui consiste à déclencher des averses en larguant de vastes quantités de produits chimiques dans les nuages, insiste Chanti.Le CO2 est l’un des principaux gaz à effet de serre, qui contribue au réchauffement climatique, et les effets sur la santé de la pulvérisation de glace carbonique dans l’atmosphère sont peu connus.La glace carbonique est fournie par le géant pétrolier thaïlandais PTT et d’autres entreprises du secteur. PTT n’avait pas répondu dans l’immédiat aux sollicitations de l’AFP.- “Coriandre sur un plat” -C’est comme “ajouter de la coriandre sur le plat”, a balayé Weenarin Lulitanonda, cofondatrice du réseau thaïlandais pour un air propre. “Au lieu de résoudre le problème, (les entreprises) se créent une belle image” pour détourner l’attention vis-à-vis de leur activité génératrice de gaz à effet de serre, explique-t-elle.Ces entreprises peuvent faire “beaucoup plus”, a-t-elle assuré.Un vol de pulvérisation peut coûter jusqu’à 50.000 bahts (1.400 euros).Il serait plus rentable pour Bangkok d’appliquer des mesures éprouvées pour s’attaquer aux causes de la pollution, telles que les zones de circulation à faibles émissions, l’interdiction de certains véhicules lourds et le contrôle du brûlis agricole, a expliqué Ekbordin Winijkul, de l’Institut asiatique de technologie, établi en Thaïlande.”Avant d’essayer de faire quelque chose, nous devrions d’abord avoir confiance dans les données” a-t-il affirmé.Les autorités ont déjà lancé des initiatives pour limiter la circulation des véhicules les plus polluants, développer le réseau de bus électriques ou favoriser le télétravail.Dans le même temps, la pollution de l’air continue d’atteindre des niveaux alarmants à Bangkok, qui figurait jeudi parmi les villes les plus polluées du monde, à des niveaux bien supérieurs aux seuils recommandés par l’Organisation mondiale de la santé, selon la société suisse IQAir.

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