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“Comment je fais, moi, pour manger?”: des fonctionnaires américains asphyxiés par la paralysie budgétaire
“Faut bien que je vive”, lance d’un ton amer Diane Miller, 74 ans, au milieu d’un parking en banlieue de Washington. A ses côtés, des centaines d’employés fédéraux, étranglés économiquement par la paralysie budgétaire aux Etats-Unis, font la queue devant une distribution d’aide alimentaire.Son tour arrive, elle montre sa carte de fonctionnaire de l’Etat fédéral et reçoit deux cartons: un de fruits et légumes frais, un de denrées non périssables. Une aide “nécessaire” depuis que sa fiche de paie affiche le chiffre “0”.La grande majorité des employés fédéraux ont été placés au chômage technique depuis le 1er octobre et ne touchent plus leur salaire à cause du fameux “shutdown”, faute d’accord entre les républicains de Donald Trump et l’opposition démocrate sur le budget américain.”C’est horrible, on en souffre tous. J’ai travaillé plus de 50 ans pour l’Etat et je me retrouve ici, dans cette file, à venir chercher de la nourriture. Sans ça, comment je fais, moi, pour manger?”, lance, les yeux brillants de colère, Diane Miller.Pour accompagner les fonctionnaires, des distributions de nourriture sont organisées à travers le pays. Mercredi près de Washington, les plus de 310 cartons, contenant chacun l’équivalent de 75 dollars de course, ont été distribués en moins d’une heure.”Ces gens, il y a encore deux semaines, recevaient un salaire régulier et menaient une vie normale. Soudain, ils se sont retrouvés sans rien et font la queue pour recevoir de la nourriture”, soupire Dave Silbert, à la tête de la banque alimentaire qui co-organise la distribution.”Personne ne mérite d’être traité comme nous le sommes actuellement”, fustige Diane Miller, qui travaille pour la Fema, l’agence gouvernementale mobilisée en cas de catastrophe naturelle, qui a vu ses effectifs fondre sous les assauts de Donald Trump.Pour elle, il n’est plus question de faire des dépenses “inutiles”, et encore moins d’aller au restaurant.- “Triste d’être Américaine” -Dans la file d’attente, Adrian, qui préfère taire son nom de famille par crainte de représailles, lâche dans un flot de parole: “On peut à peine payer nos emprunts bancaires et avec les factures du quotidien, comme le téléphone et tout, ça fait effet domino. J’ai besoin d’aide. Ça ne devrait pas être le cas après 33 ans au service de mon pays.””Tout le monde est payé: les députés, les sénateurs. Alors que nous, non. Si on n’est pas payés, ils ne devraient pas l’être non plus.”Cette experte en droit fiscal pointe du doigt la politique de Donald Trump, et notamment les drastiques coupes dans les emplois fédéraux effectuées en début d’année via sa commission à l’efficacité gouvernementale, Doge, chapeautée par Elon Musk: “Tout le monde nous voit maintenant comme un ennemi, alors qu’on fait juste notre travail.””Combien de temps ça va durer?” La paralysie budgétaire, qui s’étire depuis 22 jours, est d’ores et déjà la deuxième plus longue de l’histoire du pays.La question angoisse Amber, employée des ressources humaines de l’armée américaine qui n’a pas souhaité être identifiée: “J’ai très peur que ça dure encore longtemps. Je suis dans une situation très précaire, en plein divorce, et maintenant, sans salaire, j’ai du mal à joindre les deux bouts.”Elle dit qu’elle vient d’emprunter 20.000 dollars pour payer des loyers. “Je suis ici aujourd’hui parce que je dois bien nourrir mes deux enfants…”, glisse-t-elle.”Si ça dure jusqu’aux vacances de Thanksgiving (fin novembre, ndlr), puis jusqu’à l’hiver, ce sera la +cata+!”, renchérit Diane Miller.D’un sourire crispé, la septuagénaire soupire: “Aujourd’hui, je suis triste d’être Américaine.”
Un soldat britannique acquitté de deux meurtres lors du “Bloody Sunday”
Un tribunal a acquitté jeudi à Belfast un soldat britannique qui était jugé pour deux meurtres et cinq tentatives de meurtres lors du “Bloody Sunday” en 1972, l’un des épisodes les plus sombres du conflit en Irlande du Nord.”Je déclare l’accusé non coupable des sept chefs d’accusation”, a déclaré le juge Patrick Lynch en mettant en avant l’insuffisance des preuves.L’ancien parachutiste, connu uniquement comme le “soldat F” pour des raisons légales, était le premier militaire jugé pour ce “dimanche sanglant”, il y a plus d’un demi-siècle. Le 30 janvier 1972 à Londonderry (également appelé Derry), des parachutistes britanniques avaient ouvert le feu sur une manifestation pacifique de militants catholiques, faisant treize morts et au moins quinze blessés.Le soldat F était accusé de deux meurtres, ceux de James Wray et William McKinney, et de cinq tentatives de meurtres.Le verdict a été rendu dans une salle comble, en présence de dizaines de proches de victimes, qui ont accueilli la décision dans le calme.”Les responsables devraient avoir honte”, a déclaré le juge, en rendant sa décision.Mais “quels que soient les soupçons que le tribunal peut avoir sur le rôle de F, ce tribunal est contraint et limité par les preuves présentées devant lui”, a-t-il ajouté. Il faut qu’elles soient “convaincantes et manifestement fiables”, a souligné le magistrat, en indiquant que c’était “loin” d’être le cas. – “Déni de justice” -“Le déni de justice persistant pour les familles du +Bloody Sunday+ est profondément décevant”, a dénoncé sur X Michelle O’Neill, la Première ministre d’Irlande du Nord, une responsable du parti nationaliste Sinn Fein.L’armée britannique a longtemps affirmé que les parachutistes avaient répondu aux tirs de “terroristes” de l’IRA (Armée républicaine irlandaise, paramilitaires opposés à toute présence britannique sur l’île d’Irlande), une version alors confortée par un rapport réalisé à la hâte.Malgré de nombreux témoignages contredisant ces affirmations, il a fallu attendre 2010 pour que soit officiellement reconnue l’innocence des victimes, atteintes pour certaines dans le dos ou même à terre, agitant un mouchoir blanc.Le Premier ministre de l’époque, David Cameron, avait présenté des excuses officielles, qualifiant d'”injustifiables” les faits lors du “Bloody Sunday”.Le verdict, dans ce procès qui a démarré le 15 septembre, était très attendu en Irlande du Nord, où des décennies de violences intercommunautaires ont laissé des blessures profondes.”Soldat F”, qui a plaidé non coupable, est resté pendant tout le procès dissimulé derrière un rideau bleu, pour préserver son anonymat. Ses avocats ont affirmé que sa sécurité était en danger. Il n’a pas témoigné.- “L’intention de tuer” -Le représentant de l’accusation, Louis Mably, avait décrit au procès les tirs de l’armée britannique alors que des civils non armés fuyaient. Ces actes ont été commis “sans justification” et “avec l’intention de tuer”, avait-il affirmé, avant de trancher : “Ce sont les ingrédients d’un meurtre”.”La seule question dans cette affaire est de savoir si F faisait partie des soldats ayant participé à cette fusillade, soit en tant qu’auteur principal, soit en tant que participant secondaire”, avait-il cependant déclaré.Les principaux éléments de preuve étaient d’anciennes déclarations de deux parachutistes, soldats G et H, qui se trouvaient avec F lors des tirs. Mais, selon la défense, ces déclarations se contredisaient entre elles et contredisaient les récits d’autres témoins cités au procès. Le parquet nord-irlandais avait engagé des poursuites pénales contre le soldat F en 2019. Elles ont ensuite été abandonnées, puis relancées en 2022.Le massacre du “Bloody Sunday” — immortalisé par le tube du groupe de rock irlandais U2 “Sunday Bloody Sunday” (1983) — a eu pour effet de précipiter de nombreux jeunes catholiques républicains dans les bras de l’IRA.C’est l’un des moments les plus sombres des trois décennies de “Troubles” qui ont opposé républicains, surtout catholiques, partisans d’une réunification avec l’Irlande, et unionistes protestants, défenseurs de l’appartenance de l’Irlande du Nord à la Couronne britannique. Il faudra attendre 1998 pour que l’accord de paix du Vendredi Saint mette un terme à ce conflit qui a fait environ 3.500 morts.Depuis la fin du conflit nord-irlandais, seul un ex-soldat britannique a été condamné: début 2023, David Holden a écopé d’une peine de trois ans avec sursis, pour avoir tué un homme d’une balle dans le dos à un check-point en 1988. Il avait expliqué avoir tiré par accident car il avait les mains mouillées.
Le gouvernement acte la suspension de la réforme des retraites, son financement critiqué
Le gouvernement a acté jeudi la suspension de la réforme des retraites dans le projet de budget de la Sécurité sociale, mais la mise à contribution des complémentaires santé et des retraités, prévue pour la financer, suscite de vives critiques. Après plusieurs jours de tergiversations sur le véhicule législatif – amendement, projet de loi à part… – l’option de la lettre rectificative au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) a finalement été entérinée lors d’un Conseil des ministres spécial présidé, en visioconférence, par le président Emmanuel Macron depuis Bruxelles.”Gage de clarté et de transparence, cette inscription dans le texte initial”, réclamée par le RN et la gauche, “vise à garantir la tenue d’un débat parlementaire loyal et sincère”, a souligné Matignon dans un communiqué alors que l’examen du PLFSS débute lundi au Parlement.Le projet décale dans le temps l’application de la réforme Borne de 2023. Il suspend jusqu’à janvier 2028 la marche en avant vers les 64 ans, tout comme le relèvement du nombre de trimestres à cotiser pour partir à taux plein.Cette suspension coûtera 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard d’euros en 2027, selon la lettre rectificative dévoilée mercredi par le quotidien économique Les Échos et dont l’AFP a obtenu copie.Pour financer la mesure, les complémentaires santé et les retraités seront mis à contribution, d’après le document.La sous-indexation des pensions par rapport à l’inflation, initialement prévue à 0,4 point, sera augmentée de 0,5 point supplémentaire en 2027, ce qui pèsera sur le pouvoir d’achat des retraités.Le taux de contribution des organismes complémentaires (mutuelles, assurances de santé…) passera de 2,05% à 2,25% en 2026.- “jeu de dupes” -Les options retenues font controverse. D’autant que le gouvernement avait indiqué que les pensions de retraite et les prestations sociales seraient gelées en 2026 pour freiner la dérive des dépenses publiques.”Il n’est pas possible que la désindexation des pensions prévoie quasiment deux années blanches pour les retraités en 2026 et 2027. Les plus modestes ne peuvent supporter une telle mesure”, a réagi à l’AFP Yvan Ricordeau, numéro 2 de la CFDT.”On fait payer une micro-suspension de la réforme aux retraités actuels et futurs”, a déploré Denis Gravouil, secrétaire confédéral de la CGT, Rémi Servot, de l’Association nationale des retraités (ANR), qualifiant le projet de financement d'”assez scandaleux”.A gauche, La France insoumise a dénoncé “un jeu de dupes”. “Les retraités partiront trois mois avant mais avec une retraite plus faible”, a relevé le président de la commission des Finances, Eric Coquerel.LFI a rapidement reporté les torts sur les socialistes qui ont décidé de ne pas censurer, dans l’immédiat, le gouvernement de Sébastien Lecornu notamment contre la promesse d’une suspension de la réforme Borne. “Bravo le PS!”, a ironisé sur X le coordinateur du mouvement Manuel Bompard.”Quel est l’objectif derrière ça?”, s’est interrogée la présidente du groupe écologiste et social à l’Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain, pour qui le gouvernement veut rendre “ce report finalement insupportable”.Le Rassemblement national, également favorable à la suspension, a lui aussi dénoncé le financement de la mesure. “Ils tapent toujours sur les mêmes. Et en l’occurrence, évidemment, les retraités sont assez lourdement frappés par ce budget”, a dénoncé, depuis l’Assemblée nationale, la présidente des députés RN Marine Le Pen. “La question, c’est comment le PS va voter ça? Comment les LR vont voter ça?”, a-t-elle ajouté, sans préciser si son parti pourrait s’abstenir sur le projet de budget de la Sécurité sociale afin de laisser passer la suspension.Dans un climat déjà empreint de suspicion, le chef de l’État avait semé le trouble mardi en déclarant depuis la Slovénie que la réforme n’était ni “abrogée” ni “suspendue”, au risque de fragiliser son Premier ministre.L’entourage du président de la République a toutefois démenti depuis tout contentieux entre les deux têtes de l’exécutif, expliquant qu’il avait seulement signifié que la réforme ne pouvait être suspendue “ad vitam” au regard des besoins de financement du système.bur-bj-vl-sde/jmt/tes
JD Vance rejette toute annexion en Cisjordanie, Rubio attendu en Israël
Le vice-président américain JD Vance a condamné jeudi les discussions au Parlement israélien sur des projets d’annexion en Cisjordanie occupée, après des critiques similaires du secrétaire d’Etat Marco Rubio attendu dans la journée en Israël.En pleine visite mercredi de M. Vance en Israël, la Knesset s’est prononcée pour l’examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.Pour les responsables américains, un tel projet nuit à leur efforts visant à consolider le fragile cessez-le-feu dans la bande de Gaza après deux ans de guerre dévastatrice, déclenchée par une attaque du Hamas palestinien contre Israël le 7 octobre 2023.”La politique de l’administration Trump est que la Cisjordanie ne sera pas annexée par Israël, cela continuera d’être notre politique”, a dit M. Vance au terme de sa visite en Israël. “Si c’était un coup politique, c’était un coup politique très stupide et je le prends personnellement comme une insulte.” Avant de quitter Washington mercredi pour se rendre en Israël, M. Rubio a estimé qu’un tel projet “menacerait” le cessez-le-feu à Gaza et serait “contre-productif”.”Ce n’est pas quelque chose que nous pouvons soutenir pour le moment”, ajouté le secrétaire d’Etat, qui doit rencontrer le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu vendredi.Fin septembre, le président Donald Trump a affirmé qu’il ne “permettrait pas à Israël d’annexer la Cisjordanie. Non, je ne le permettrai pas. Cela n’arrivera pas”.Ce projet est soutenu par l’extrême droite israélienne.- “Très difficile” -Plusieurs responsables de l’administration Trump se sont succédé cette semaine à Jérusalem pour tenter de cimenter le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre et basé sur un plan de M. Trump.L’accord entre Israël et le Hamas a paru vaciller dimanche après des violences meurtrières à Gaza et des échanges d’accusations de violations de la trêve.Mercredi, après un entretien avec Benjamin Netanyahu M. Vance a reconnu que les prochaines étapes de l’accord, dont le désarmement du Hamas et la reconstruction de Gaza, seraient “très difficiles”. “Nous avons une tâche très, très difficile devant nous, qui est de désarmer le Hamas et de reconstruire Gaza, de rendre la vie meilleure pour les gens de Gaza, mais aussi de s’assurer que le Hamas ne soit plus une menace pour nos amis en Israël”, a-t-il dit.La première phase de l’accord prévoit, outre le cessez-le-feu, la libération de tous les otages, vivants et morts, aux mains du Hamas depuis l’attaque du 7-Octobre, des retraits israéliens dans Gaza et l’afflux d’aide humanitaire pour la population gazaouie.Le Hamas a libéré au 13 octobre tous les otages vivants, au nombre de 20. Il devait aussi rendre à cette date les 28 corps des captifs qu’il retient, mais il n’en a restitué que 15 jusque-là, arguant de difficultés pour trouver les dépouilles dans le territoire ravagé par l’offensive israélienne lancée en représailles à l’attaque du 7-Octobre.Israël a restitué en échange 195 corps de Palestiniens. Les forces israéliennes se sont retirées de secteurs de Gaza mais contrôlent toujours environ la moitié du territoire palestinien et l’assiègent. L’aide humanitaire reste insuffisante selon l’ONU.- La presse étrangère déçue -Les phases ultérieures du plan Trump prévoient un nouveau retrait israélien dans Gaza, le désarmement du Hamas, le déploiement d’une force de sécurité internationale ainsi que la reconstruction du territoire notamment.M. Vance a exclu le déploiement de troupes américaines au sol à Gaza et affirmé chercher des pays prêts à contribuer à cet effort militaire. Le Hamas a jusqu’à présent refusé d’envisager son désarmement et ses combattants se sont redéployés dans des secteurs de Gaza après la trêve, s’affrontant avec des groupes armés dont il accuse certains de “collaborer” avec Israël. M. Netanyahu veut chasser le Hamas de Gaza où le mouvement a pris le pouvoir en 2007.L’attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles. L’offensive israélienne menée en représailles a fait 68.280 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, et provoqué un désastre humanitaire.Jeudi, l’Association de la presse étrangère à Jérusalem (FPA) a exprimé sa déception après que la Cour suprême israélienne a reporté de 30 jours sa décision sur la demande de la FPA d’un accès indépendant à Gaza qu’elle réclame depuis deux ans.Les autorités israéliennes qui contrôlent tous le accès de Gaza, empêchent depuis deux ans les journalistes de médias étrangers d’entrer de manière indépendante dans le territoire dévasté.
JD Vance rejette toute annexion en Cisjordanie, Rubio attendu en Israël
Le vice-président américain JD Vance a condamné jeudi les discussions au Parlement israélien sur des projets d’annexion en Cisjordanie occupée, après des critiques similaires du secrétaire d’Etat Marco Rubio attendu dans la journée en Israël.En pleine visite mercredi de M. Vance en Israël, la Knesset s’est prononcée pour l’examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.Pour les responsables américains, un tel projet nuit à leur efforts visant à consolider le fragile cessez-le-feu dans la bande de Gaza après deux ans de guerre dévastatrice, déclenchée par une attaque du Hamas palestinien contre Israël le 7 octobre 2023.”La politique de l’administration Trump est que la Cisjordanie ne sera pas annexée par Israël, cela continuera d’être notre politique”, a dit M. Vance au terme de sa visite en Israël. “Si c’était un coup politique, c’était un coup politique très stupide et je le prends personnellement comme une insulte.” Avant de quitter Washington mercredi pour se rendre en Israël, M. Rubio a estimé qu’un tel projet “menacerait” le cessez-le-feu à Gaza et serait “contre-productif”.”Ce n’est pas quelque chose que nous pouvons soutenir pour le moment”, ajouté le secrétaire d’Etat, qui doit rencontrer le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu vendredi.Fin septembre, le président Donald Trump a affirmé qu’il ne “permettrait pas à Israël d’annexer la Cisjordanie. Non, je ne le permettrai pas. Cela n’arrivera pas”.Ce projet est soutenu par l’extrême droite israélienne.- “Très difficile” -Plusieurs responsables de l’administration Trump se sont succédé cette semaine à Jérusalem pour tenter de cimenter le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre et basé sur un plan de M. Trump.L’accord entre Israël et le Hamas a paru vaciller dimanche après des violences meurtrières à Gaza et des échanges d’accusations de violations de la trêve.Mercredi, après un entretien avec Benjamin Netanyahu M. Vance a reconnu que les prochaines étapes de l’accord, dont le désarmement du Hamas et la reconstruction de Gaza, seraient “très difficiles”. “Nous avons une tâche très, très difficile devant nous, qui est de désarmer le Hamas et de reconstruire Gaza, de rendre la vie meilleure pour les gens de Gaza, mais aussi de s’assurer que le Hamas ne soit plus une menace pour nos amis en Israël”, a-t-il dit.La première phase de l’accord prévoit, outre le cessez-le-feu, la libération de tous les otages, vivants et morts, aux mains du Hamas depuis l’attaque du 7-Octobre, des retraits israéliens dans Gaza et l’afflux d’aide humanitaire pour la population gazaouie.Le Hamas a libéré au 13 octobre tous les otages vivants, au nombre de 20. Il devait aussi rendre à cette date les 28 corps des captifs qu’il retient, mais il n’en a restitué que 15 jusque-là, arguant de difficultés pour trouver les dépouilles dans le territoire ravagé par l’offensive israélienne lancée en représailles à l’attaque du 7-Octobre.Israël a restitué en échange 195 corps de Palestiniens. Les forces israéliennes se sont retirées de secteurs de Gaza mais contrôlent toujours environ la moitié du territoire palestinien et l’assiègent. L’aide humanitaire reste insuffisante selon l’ONU.- La presse étrangère déçue -Les phases ultérieures du plan Trump prévoient un nouveau retrait israélien dans Gaza, le désarmement du Hamas, le déploiement d’une force de sécurité internationale ainsi que la reconstruction du territoire notamment.M. Vance a exclu le déploiement de troupes américaines au sol à Gaza et affirmé chercher des pays prêts à contribuer à cet effort militaire. Le Hamas a jusqu’à présent refusé d’envisager son désarmement et ses combattants se sont redéployés dans des secteurs de Gaza après la trêve, s’affrontant avec des groupes armés dont il accuse certains de “collaborer” avec Israël. M. Netanyahu veut chasser le Hamas de Gaza où le mouvement a pris le pouvoir en 2007.L’attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles. L’offensive israélienne menée en représailles a fait 68.280 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, et provoqué un désastre humanitaire.Jeudi, l’Association de la presse étrangère à Jérusalem (FPA) a exprimé sa déception après que la Cour suprême israélienne a reporté de 30 jours sa décision sur la demande de la FPA d’un accès indépendant à Gaza qu’elle réclame depuis deux ans.Les autorités israéliennes qui contrôlent tous le accès de Gaza, empêchent depuis deux ans les journalistes de médias étrangers d’entrer de manière indépendante dans le territoire dévasté.
TotalEnergies condamnée pour ses promesses de “neutralité carbone”
La compagnie pétrolière TotalEnergies a été condamnée jeudi par la justice française pour pratiques commerciales trompeuses pour la promotion de ses engagements vers la neutralité carbone d’ici 2050, une première de ce type contre une major pétrolière.Il s’agit du “premier jugement au monde qui statue qu’un grand groupe pétrolier et gazier a trompé le public en verdissant son image”, a réagi auprès de l’AFP l’ONG ClientEarth qui suit de près la jurisprudence sur le greenwashing contre l’industrie pétrolière et gazière et a soutenu les associations plaignantes.Le tribunal judiciaire de Paris a estimé que le groupe TotalEnergies et sa filiale TotalEnergies Electricité et Gaz avaient fait état d’allégations environnementales à partir du site commercial totalenergies.fr qui “étaient susceptibles d’altérer le comportement d’achat du consommateur” et de nature à l'”induire en erreur” en lui faisant croire qu’elle pouvait atteindre la neutralité carbone en 2050 tout en augmentant la production de pétrole et de gaz, selon un communiqué du tribunal sur cette procédure civile. Le tribunal a en revanche rejeté les demandes des associations concernant les allégations de TotalEnergies sur le gaz fossile et les agro-carburants.Le tribunal avait été saisi en 2022 au civil par les ONG Greenpeace France, Les Amis de la Terre France et Notre Affaire à Tous.Elles se sont immédiatement félicitées d'”un précédent juridique majeur contre la désinformation climatique des majors pétrolières”, dans un communiqué.La décision sera centrale dans la jurisprudence naissante sur le greenwashing ou écoblanchiment – le fait de se présenter plus vertueux sur l’environnement qu’en réalité – non seulement en France mais en Europe et au-delà.Des tribunaux et régulateurs européens ont déjà épinglé pour écoblanchiment les compagnies aériennes KLM en 2024 et Lufthansa en mars, et d’autres entreprises dans l’alimentation et d’autres secteurs.Mais jamais une compagnie pétrolière n’avait été condamnée par un tribunal pour sa communication sur sa stratégie climatique autour d’objectifs de zéro émission de gaz à effet de serre. Et bien que le jugement soit français, la condamnation devrait faire référence au-delà, explique Johnny White, juriste de ClientEarth. – Retrait des messages -L’affaire portait sur la campagne de communication du groupe déployée à partir de mai 2021 sur son site internet, dans la presse, sur les réseaux sociaux et à la télévision. A l’époque, Total venait de se rebaptiser TotalEnergies pour souligner son ambition d’être “la compagnie de toutes les énergies”, du pétrole à l’électricité éolienne et solaire.Le groupe affichait alors son objectif de “neutralité carbone d’ici 2050, ensemble avec la société” et vantait le gaz comme “l’énergie fossile la moins émettrice de gaz à effet de serre”, malgré son bilan climatique contesté en raison des fuites de méthane, très réchauffant pour l’atmosphère.En tout, une quarantaine de messages, dont une partie sont encore accessibles en ligne, étaient épinglés. Les associations ont obtenu le retrait sous astreinte “dans le délai d’un mois à compter de la signification de la décision” de ceux concernant la neutralité carbone et la transition énergétique, tels que: “Notre ambition est d’être un acteur majeur de la transition énergétique tout en continuant à répondre aux besoins en énergie des populations” ou “Nous avons pour ambition de contribuer à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ensemble avec la société”. TotalEnergies et TotalEnergies Electricité et Gaz France devront en outre publier dans le même délai et pendant 180 jours le jugement sur la page d’accueil du site www.totalenergies.fr- Des investissements réels -En face, le groupe, qui n’a pas encore réagi au jugement, défendait sa bonne foi et la réalité de ces investissements “bas carbone”, dans le solaire par exemple.Il avançait que ces messages n’étaient pas des publicités destinées aux consommateurs mais relevaient d’une “communication institutionnelle” et générale, encadrée par le code monétaire et financier.Cette affaire est “une instrumentalisation du droit de la consommation pour critiquer la stratégie de la société”, affirmait le groupe.
Le pape et le roi Charles III prient ensemble, une première historique
Le roi Charles III est devenu jeudi le premier monarque britannique à prier publiquement avec un pape depuis le schisme anglican au XVIe siècle, lors d’une célébration présidée par Léon XIV dans la chapelle Sixtine.Cette cérémonie, qui a mêlé des traditions catholiques et anglicanes, marque un nouveau rapprochement entre les deux Eglises, d’une ampleur inédite depuis la naissance de l’anglicanisme en 1534 lors de la rupture du roi Henri VIII avec Rome.Sous les célèbres fresques de Michel-Ange, Léon XIV et l’archevêque de York Stephen Cottrell ont présidé la célébration en présence de prélats catholiques et anglicans, de responsables politiques et de diplomates, tandis que la chorale de la chapelle Sixtine accompagnait celle de la chapelle Saint-Georges de Windsor.Temps fort de la visite d’Etat du roi au Vatican, cette prière d’une trentaine de minutes était axée sur la protection de la nature, signe de la convergence entre les deux Eglises sur les questions environnementales, dix ans après l’encyclique Laudato Si’ du pape François sur l’écologie intégrale.Quelques minutes plus tôt, le monarque de 76 ans, qui a le rôle de gouverneur suprême de l’Eglise – anglicane – d’Angleterre, a été reçu en audience privée par le pape américain, leur première rencontre depuis que Léon XIV a succédé en mai à François à la tête de l’Eglise catholique.Accompagné de son épouse Camilla, les cheveux couverts d’une mantille noire, Charles s’est adressé en anglais au souverain pontife dans une ambiance cordiale et a échangé des cadeaux avec lui, selon des images diffusées par le Vatican.- Différends théologiques -Cette visite intervient dans un contexte délicat pour le monarque britannique, dont le frère Andrew fait l’objet de nouvelles révélations accablantes dans l’affaire du pédocriminel Jeffrey Epstein. L’anglicanisme est né en 1534 d’une scission avec l’Eglise catholique, provoquée par le roi d’Angleterre Henri VIII à la suite du refus du pape d’annuler son mariage avec Catherine d’Aragon.Cette prière “est un évènement historique”, explique à l’AFP William Gibson, professeur d’histoire ecclésiastique à la Oxford Brookes university. Il rappelle que le souverain britannique est tenu par la loi d’être protestant.”De 1536 à 1914, il n’y avait pas de relations diplomatiques officielles entre le Royaume-Uni et le Saint-Siège”, dit-il. Londres a ouvert une ambassade au Vatican en 1982 seulement. Et ce n’est qu’en 2013 que la loi a permis aux membres de la famille royale épousant des catholiques de conserver leur place dans l’ordre de succession, explique William Gibson. Récent, ce rapprochement est “important dans la mesure où l’anglicanisme est né en réaction à l’Eglise catholique, et donc dans l’opposition”, rappelle à l’AFP le frère Hyacinthe Destivelle, prêtre dominicain français, membre du dicastère (ministère) pour la promotion de l’unité des chrétiens.Contrairement à l’Eglise catholique romaine, l’Eglise anglicane ordonne des femmes et permet aux prêtres de se marier. Pour la première fois de son histoire, elle vient de nommer à sa tête une femme, Sarah Mullally, une mère de famille de 63 ans, provoquant de fortes tensions internes.Cette dernière prendra ses fonctions officielles en janvier 2026 et n’est pas présente jeudi.- “Confrère royal” -Jeudi après-midi, Charles et Camilla doivent assister également à un autre service religieux oecuménique à Saint-Paul-hors-les-murs, l’une des quatre basiliques majeures de Rome.A cette occasion, le roi sera fait “confrère royal”, et un siège spécial a été créé pour lui, qui restera dans la basilique et pourra être utilisé à l’avenir par ses successeurs sur le trône britannique.Le couple royal avait rencontré en privé le pape François le 9 avril dernier au Vatican, 12 jours avant sa mort. Charles III était représenté par son fils William aux funérailles du jésuite argentin, puis par son frère le prince Edward à la messe d’intronisation de Léon XIV le 18 mai. En 1961, la mère de Charles, Elizabeth II, avait été la première monarque britannique à se rendre au Vatican depuis le schisme.L’Eglise d’Angleterre, en perte de vitesse, compte une vingtaine de millions de fidèles baptisés, mais évalue à un peu moins d’un million ses pratiquants réguliers, selon des statistiques portant sur l’année 2022.
Le pape et le roi Charles III prient ensemble, une première historique
Le roi Charles III est devenu jeudi le premier monarque britannique à prier publiquement avec un pape depuis le schisme anglican au XVIe siècle, lors d’une célébration présidée par Léon XIV dans la chapelle Sixtine.Cette cérémonie, qui a mêlé des traditions catholiques et anglicanes, marque un nouveau rapprochement entre les deux Eglises, d’une ampleur inédite depuis la naissance de l’anglicanisme en 1534 lors de la rupture du roi Henri VIII avec Rome.Sous les célèbres fresques de Michel-Ange, Léon XIV et l’archevêque de York Stephen Cottrell ont présidé la célébration en présence de prélats catholiques et anglicans, de responsables politiques et de diplomates, tandis que la chorale de la chapelle Sixtine accompagnait celle de la chapelle Saint-Georges de Windsor.Temps fort de la visite d’Etat du roi au Vatican, cette prière d’une trentaine de minutes était axée sur la protection de la nature, signe de la convergence entre les deux Eglises sur les questions environnementales, dix ans après l’encyclique Laudato Si’ du pape François sur l’écologie intégrale.Quelques minutes plus tôt, le monarque de 76 ans, qui a le rôle de gouverneur suprême de l’Eglise – anglicane – d’Angleterre, a été reçu en audience privée par le pape américain, leur première rencontre depuis que Léon XIV a succédé en mai à François à la tête de l’Eglise catholique.Accompagné de son épouse Camilla, les cheveux couverts d’une mantille noire, Charles s’est adressé en anglais au souverain pontife dans une ambiance cordiale et a échangé des cadeaux avec lui, selon des images diffusées par le Vatican.- Différends théologiques -Cette visite intervient dans un contexte délicat pour le monarque britannique, dont le frère Andrew fait l’objet de nouvelles révélations accablantes dans l’affaire du pédocriminel Jeffrey Epstein. L’anglicanisme est né en 1534 d’une scission avec l’Eglise catholique, provoquée par le roi d’Angleterre Henri VIII à la suite du refus du pape d’annuler son mariage avec Catherine d’Aragon.Cette prière “est un évènement historique”, explique à l’AFP William Gibson, professeur d’histoire ecclésiastique à la Oxford Brookes university. Il rappelle que le souverain britannique est tenu par la loi d’être protestant.”De 1536 à 1914, il n’y avait pas de relations diplomatiques officielles entre le Royaume-Uni et le Saint-Siège”, dit-il. Londres a ouvert une ambassade au Vatican en 1982 seulement. Et ce n’est qu’en 2013 que la loi a permis aux membres de la famille royale épousant des catholiques de conserver leur place dans l’ordre de succession, explique William Gibson. Récent, ce rapprochement est “important dans la mesure où l’anglicanisme est né en réaction à l’Eglise catholique, et donc dans l’opposition”, rappelle à l’AFP le frère Hyacinthe Destivelle, prêtre dominicain français, membre du dicastère (ministère) pour la promotion de l’unité des chrétiens.Contrairement à l’Eglise catholique romaine, l’Eglise anglicane ordonne des femmes et permet aux prêtres de se marier. Pour la première fois de son histoire, elle vient de nommer à sa tête une femme, Sarah Mullally, une mère de famille de 63 ans, provoquant de fortes tensions internes.Cette dernière prendra ses fonctions officielles en janvier 2026 et n’est pas présente jeudi.- “Confrère royal” -Jeudi après-midi, Charles et Camilla doivent assister également à un autre service religieux oecuménique à Saint-Paul-hors-les-murs, l’une des quatre basiliques majeures de Rome.A cette occasion, le roi sera fait “confrère royal”, et un siège spécial a été créé pour lui, qui restera dans la basilique et pourra être utilisé à l’avenir par ses successeurs sur le trône britannique.Le couple royal avait rencontré en privé le pape François le 9 avril dernier au Vatican, 12 jours avant sa mort. Charles III était représenté par son fils William aux funérailles du jésuite argentin, puis par son frère le prince Edward à la messe d’intronisation de Léon XIV le 18 mai. En 1961, la mère de Charles, Elizabeth II, avait été la première monarque britannique à se rendre au Vatican depuis le schisme.L’Eglise d’Angleterre, en perte de vitesse, compte une vingtaine de millions de fidèles baptisés, mais évalue à un peu moins d’un million ses pratiquants réguliers, selon des statistiques portant sur l’année 2022.








