AFP World

La France et Paul Marcon décrochent le Bocuse d’Or à Lyon

Un “rêve de gosse” qui se réalise: le chef Paul Marcon a décroché lundi pour la France le Bocuse d’Or, “Graal” de la gastronomie, devant le Danemark et la Suède au terme de deux jours de compétition, et trente ans après le sacre de son père.Vingt-quatre pays étaient finalistes de ces “Jeux olympiques” de la cuisine, qui se déroulaient depuis dimanche au Sirha, le salon des professionnels de l’hôtellerie et de la restauration, à Chassieu, près de Lyon.”Paul, bravo. Le voilà ton Bocuse d’Or!”, lui a lancé le président du concours, Jérôme Bocuse, en remettant la statuette tant convoitée à l’Auvergnat de 28 ans et à sa commis, Camille Pigot, également sacrée meilleure commis de l’édition.”Beaucoup de fierté, beaucoup d’émotion. C’est la récompense d’un travail de deux ans, même plus”, a souligné Paul Marcon devant la presse, visiblement ému, tout comme le reste de son équipe.Il s’agit de la neuvième consécration de la France au Bocuse d’Or, créé en 1987 par l’illustre chef lyonnais Paul Bocuse, décédé en 2018. La précédente édition, en 2023, avait été remportée par le Danemark.”Aujourd’hui, j’espère qu’on fait briller tous les yeux des cuisiniers, et des cuisiniers en devenir de France”, a ajouté ce compétiteur hors-pair, fils du chef triplement étoilé Régis Marcon, lui-même vainqueur du Bocuse d’Or en 1995.Les candidats disposaient de 4H40 pour servir à l’assiette un mets sublimant le céleri, le maigre et le homard. En parallèle, ils ont eu 5H30 pour réaliser un plateau, composé d’un plat et de trois garnitures, autour du chevreuil, du foie gras et du thé.Tous devaient mettre l’identité de leur pays à l’honneur.La tourte croustillante d’épaule de chevreuil braisée au vin rouge, foie gras et champignons sauvages, ou encore le céleri branche en dentelle, pomme verte et Chartreuse, préparés par Paul Marcon et Camille Pigot, ont visiblement séduit les jurys.”C’était ciselé, c’était propre, c’était net. Il n’y a rien d’autre à dire hormis: bravo”, a chaudement salué le chef Davy Tissot, président du Comité international d’organisation du Bocuse d’Or, et lui même vainqueur avec la France en 2021.Les Danois, représentés par Sebastian Holberg, vainqueur des sélections Europe, et l’équipe suédoise, emmenée par Gustav Leonhardt, affichaient des sourires de satisfaction, pouvant aussi s’enorgueillir d’avoir reçu un franc soutien de leurs supporters, venus en masse.

Crues: l’Ille-et-Vilaine toujours en vigilance rouge, pas d’accalmie en vue

“Il y a 50 cm d’eau dans toute la maison, on n’a jamais vu ça”: l’Ille-et-Vilaine est placée lundi et mardi en vigilance rouge pour crues après les importantes précipitations de la dépression Herminia qui ont provoqué des inondations sans précédent depuis 40 ans à Rennes et ses alentours.Comme cette habitante d’Amanlis, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Rennes, des dizaines de personnes dans le département ont dû évacuer leur logement devant l’inexorable montée des eaux entamée ce week-end.”C’est monté très vite cette nuit. Le voisin a 70 cm !”, témoigne cette habitante du lieu-dit Le Pont de Seiche, âgée d’une quarantaine d’années et qui souhaite rester anonyme, en chargeant des affaires dans sa petite voiture.Près de Rennes, la station Météo-France de Saint-Jacques-de-la-lande a enregistré un cumul mensuel de janvier qui “dépasse aujourd’hui les 170 mm”.”Il n’avait jamais autant plu en janvier sur cette station ouverte en 1944 (169,6 mm en janvier 1995). Depuis le début du mois, il a plu trois fois plus que la moyenne sur cette période”, indique le météorologiste.En Bretagne, ce sont surtout la Vilaine médiane et la Seiche, en vigilance rouge, qui affichent des niveaux préoccupants. “Ces deux cours d’eau vont atteindre des niveaux exceptionnels”, indique Vigicrues dans son bulletin de 16H00.Sur la Seiche, le niveau est monté à plus de deux mètres lundi matin, battant le record de 1966 (1,83 m).Selon les prévisions de Vigicrues, l’eau devrait continuer à monter mardi et pourrait dépasser 2,25 m. “On quitte la maison, pas le choix”, lance la quadragénaire.- 1.800 parpaings -Toujours au sud de Rennes, sur la Vilaine médiane, “les niveaux actuels se rapprochent ou dépassent” ceux “de la crue de 2001″, selon Vigicrues.”Compte tenu de la lente propagation et des précipitations prévues encore jusqu’en milieu de semaine, les crues sur ce secteur devraient être durables”, avertit Vigicrues.”On ne peut plus traverser le bourg”, où entre 40 et 50 maisons sont inondées, a indiqué à l’AFP le maire de Guichen Pont-Réan, Dominique Delamarre, qui a supervisé l’évacuation de certains habitants depuis dimanche.”On a toute une rue commerçante de Pont-Réan avec des habitations, des commerces qui sont touchés”, explique le maire, dont les services ont déjà mis en place 1.800 parpaings.Venue la veille pour mettre en sécurité le matériel informatique de son cabinet, l’architecte Charlotte Piel a dû revenir lundi à cause de la rapidité de la crue. “L’eau monte très vite. Donc je surélève – avec de l’aide heureusement – avec des parpaings tous les meubles en bois massif qui craignent le plus”, explique-t-elle à une journaliste de l’AFP.A Rennes, traversée par deux cours d’eau gonflés par les pluies, la mairie avait pris dès samedi soir un arrêté d’évacuation pour quatre rues proches du canal Saint-Martin, où les péniches ont atteint le même niveau que les voitures.”Ce qui m’impressionne le plus, c’est la hauteur des bateaux”, s’exclame Gilbert Le Bihan, venu d’une commune voisine pour contempler les dégâts. “Ça fait peur. Avec le réchauffement climatique, ça va arriver de plus en plus souvent”, lâche son épouse Pascale.Un gymnase accueillant les personnes sans solution d’hébergement était ouvert lundi dans le centre-ville. Une trentaine y a passé la nuit, selon un responsable de la Croix-Rouge gérant le site.Sept autres départements de l’ouest sont placés en vigilance orange crues (Calvados, Eure, Loire-Atlantique, Orne, Mayenne, Morbihan et Maine-et-Loire), d’après le dernier bulletin de Météo-France.En outre, huit départements littoraux sont placés jusqu’à mardi 6H en vigilance orange pour vagues-submersion, du Finistère aux Pyrénées-Atlantiques.”Les vagues les plus impactantes touchent le sud de la Bretagne: le déferlement de ces fortes vagues risque d’engendrer des submersions par franchissement de paquets de mer sur le littoral du sud Finistère et du Morbihan”, indique Météo-France.Cette situation en Ille-et-Vilaine fait suite au passage dimanche de la dépression Herminia, qui a succédé à la tempête Eowyn.Vers 17h00, 5.000 clients étaient privés d’électricité en Bretagne, selon Enedis.La tempête a aussi perturbé le trafic ferroviaire en Bretagne et en Normandie, avec des dizaines de trains annulés encore lundi. Quant aux Hautes-Alpes, elles sont maintenues en vigilance orange pour les avalanches (risque de 4 sur une échelle de 5) en raison des fortes précipitations attendues sur les Alpes du Sud.et-ban-mas-cor/mb/dsa

Dans une ville du Texas, la vie marquée par la militarisation de la frontière

Troupes armées, barbelés et caméras à l’affût de migrants illégaux marquent, depuis un an, le quotidien des habitants de la ville d’Eagle Pass, au Texas (sud des Etats-Unis), à la frontière mexicaine.Alors que le décret récent du président Donald Trump sur une “urgence nationale” à la frontière sud pourrait bientôt entraîner l’envoi de milliers de soldats américains, les déploiements de militaires à Eagle Pass ont déjà été renforcés l’année dernière.Séparée de la ville mexicaine de Piedras Negras par le fleuve Rio Grande, Eagle Pass a été le sujet de disputes entre le gouverneur républicain du Texas Greg Abbott, allié de Donald Trump, et l’administration de l’ancien président Joe Biden.Accusant Joe Biden de ne pas avoir protégé le Texas contre une “invasion” de migrants, Greg Abbott a envoyé des troupes de la Garde nationale à Eagle Pass. Le parc Shelby est le centre de cette activité militaire. Pendant des décennies, les familles d’Eagle Pass y ont pique-niqué, se sont baignées dans le Rio Grande, où y ont fait du kayak, en bonne entente avec leurs voisins mexicains.Désormais, d’énormes conteneurs bloquent la vue sur la frontière, où des véhicules blindés soulèvent la poussière brune en patrouillant.Et sur le Rio Grande circulent des aéroglisseurs sur lesquels des soldats scrutent les rives.- “Spectacle” -Pour Jessie Fuentes, un habitant, ces déploiements ne sont qu’un “spectacle” et ont peu d’effets sur l’immigration illégale.”Que font les soldats, ici ? Si vous les regardez, tout ce qu’ils font, c’est s’asseoir et se tourner les pouces”, lâche-t-il.”Il ne s’agit que d’une zone d’une dizaine de kilomètres de long. Tout le reste est ouvert, donc si (Greg Abbott) pense que cela a fait une différence, il se trompe”, ajoute cet homme de 64 ans, dont la famille vit à la frontière depuis “plus de 200 ans”.Samedi, une cinquantaine de soldats envoyés à la frontière après les annonces de Donald Trump se sont arrêtés à San Antonio, à trois heures de la frontière, pour petit-déjeuner. Ils ont été accueillis par des applaudissements des clients.A Eagle Pass, certains habitants se disent rassurés par l’envoi de militaires voulu par Donald Trump. Maria Aquado, 25 ans, vit dans un ranch près de la frontière et dit parfois trouver des étrangers dans ses écuries, venus s’abriter pour la nuit avant de continuer vers le nord.”Je pense que le déploiement de troupes par Donald Trump diminuera l’immigration illégale, et je me sentirai davantage en sécurité dans mon ranch”, assure-t-elle.Le nombre d’interpellations à la frontière mexicaine avait atteint les 250.000 en décembre 2023, mais est descendu à 54.000 en septembre 2024. Une diminution due au durcissement des politiques migratoires de l’administration Biden en cours d’année électorale.- “Vie meilleure” -Sur les rives du Rio Grande à Quemado, ville voisine d’Eagle Pass, ouvriers et machines construisent de nouveaux murs frontaliers.En tant que patron d’une entreprise de kayak sur le fleuve, Jessie Fuentes a été durement touché par la militarisation de la frontière.En 2023, des bouées ont été installées, destinées à rendre la traversée plus difficile pour les migrants. De nouveaux flotteurs sont apparus cette semaine.”Maintenant, à la frontière, nous avons non seulement le gouvernement de l’État, mais aussi le gouvernement fédéral qui arrive en force. Beaucoup de gens d’ici sont épuisés et ont peur des répercussions s’ils s’expriment” à ce sujet, explique-t-il.”Nous n’avons pas besoin de mettre en place des moyens de dissuasion tels que des fils barbelés, des grilles ou des troupes armées”, juge-t-il.Ismael Castillo, 51 ans, pense lui que les migrants peuvent gêner les habitants.Mais “en fin de compte, ils ne sont pas ici pour faire du mal”, dit-il, avant d’ajouter: “Ils veulent une vie meilleure, pour eux et leur famille, et ne restent pas dans les villes frontalières, ils partent généralement vers le nord”.

Dans une ville du Texas, la vie marquée par la militarisation de la frontière

Troupes armées, barbelés et caméras à l’affût de migrants illégaux marquent, depuis un an, le quotidien des habitants de la ville d’Eagle Pass, au Texas (sud des Etats-Unis), à la frontière mexicaine.Alors que le décret récent du président Donald Trump sur une “urgence nationale” à la frontière sud pourrait bientôt entraîner l’envoi de milliers de …

Dans une ville du Texas, la vie marquée par la militarisation de la frontière Read More »

80e anniversaire de la libération d’Auschwitz: les survivants dénoncent l’antisémitisme

Une poignée de survivants d’Auschwitz sont retournés lundi dans le camp de la mort nazi, dénonçant la “montée énorme” de l’antisémitisme, à l’occasion du 80e anniversaire de la libération de ce symbole de l’Holocauste, dans lequel six millions de Juifs européens ont péri.Auschwitz était le plus grand des camps d’extermination construits par l’Allemagne nazie. Un million de Juifs et plus de 100.000 non-Juifs y sont morts entre 1940 et 1945.Une cinquantaine de survivants étaient lundi devant l’entrée du camps d’Auschwitz-Birkenau, aux côtés du roi Charles III, du président français Emmanuel Macron et de dizaines d’autres dirigeants.La parole a été réservée aux survivants, Marian Turski, Tova Friedman, Leon Weintraub et Janina Iwanska.”Nous assistons aujourd’hui à une montée énorme de l’antisémitisme, or c’est précisément l’antisémitisme qui a conduit à l’Holocauste”, a averti M. Turski, âgé de 98 ans, en ouvrant les cérémonies, devant un des wagons à bestiaux ayant servi à transporter les victimes vers Auschwitz. Tova Friedman, 86 ans, a dénoncé une réalité où “nos valeurs judéo-chrétiennes ont été éclipsées dans le monde entier par les préjugés, la peur, la suspicion et l’extrémisme, et l’antisémitisme rampant qui se répand parmi les nations”.- Ne jamais se taire -M. Weintraub, un médecin suédois de 99 ans, né en Pologne, a condamné la prolifération des mouvements d’inspiration nazie en Europe. Le président du Congrès juif mondial, Ronald Lauder, a souligné que les horreurs d’Auschwitz et l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 étaient toutes deux inspirées par “la haine ancestrale des Juifs”. “Le 27 janvier 1945, lorsque l’Armée rouge a franchi ces portes, le monde a enfin vu où mène la progression graduelle de l’antisémitisme. Il mène ici même”, a-t-il insisté. “Aujourd’hui, nous devons tous nous engager à ne jamais nous taire face à l’antisémitisme ou à toute autre forme de haine”, a déclaré M. Lauder.Certains survivants portaient des casquettes et des écharpes à rayures bleues et blanches symbolisant leurs anciens uniformes de prisonniers.Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui faisait partie des dirigeants présents à la cérémonie, a déclaré dans un communiqué que le monde devait s’unir “pour empêcher le mal de gagner”. Lundi, le président russe Vladimir Poutine a rendu hommage aux soldats soviétiques qui ont vaincu un “mal terrible et total” en libérant le camp, dans un message publié par le Kremlin.Jusqu’à l’invasion de l’Ukraine en 2022, une délégation russe avait toujours assisté aux cérémonies anniversaires, mais depuis trois ans elle n’y est plus invitée, décision des organisateurs vivement critiquée par Moscou.Les organisateurs ont souligné qu’il pourrait s’agir du dernier grand anniversaire réunissant un groupe aussi important de survivants.”Nous savons tous que dans dix ans, il ne sera plus possible d’avoir un groupe aussi important pour le 90e anniversaire”, a déclaré Pawel Sawicki, porte-parole du musée d’Auschwitz. “Avec la diminution du nombre de survivants de l’Holocauste, la responsabilité de la mémoire repose beaucoup plus lourdement sur nos épaules et sur celles des générations à venir”, a déclaré le roi Charles III lors d’une visite au centre communautaire juif de Cracovie lundi. – “Voudra-t-on nous croire?” -Le camp a été créé en 1940 dans des baraquements d’Oswiecim, dans le sud de la Pologne occupée, dont le nom a été germanisé en Auschwitz par les nazis. Les 728 premiers prisonniers politiques polonais y sont arrivés le 14 juin de cette année-là.Du 21 au 26 janvier 1945, les Allemands font sauter les chambres à gaz et les fours crématoires de Birkenau et se retirent. Le 27 janvier, les troupes soviétiques arrivent et retrouvent 7.000 survivants.Le jour de la libération du camp a été proclamé par les Nations unies Journée de commémoration de l’Holocauste.Avant ce 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau, une quarantaine de survivants des camps nazis ont accepté de parler à l’AFP.Dans 15 pays, d’Israël à la Pologne, de la Russie à l’Argentine, du Canada à l’Afrique du Sud, ils ont raconté leur histoire et posé pour une photo, seuls ou entourés de leurs enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, preuve de leur victoire sur le mal absolu.Ils ont mis en garde contre la montée de la haine et de l’antisémitisme dans le monde et partagé leurs craintes de voir l’Histoire se répéter.Julia Wallach, une Parisienne presque centenaire, qui a survécu deux ans à Birkenau où un nazi l’a fait descendre in extremis d’un camion à destination d’une chambre à gaz continue à témoigner. “Tant que je pourrai le faire, je le ferai”, insiste-t-elle. A ses côtés, sa petite-fille Frankie se demande: “Quand elle ne sera plus là, est-ce qu’on voudra nous croire, nous, quand on en parlera?”.C’est pourquoi Esther Senot, 97 ans, s’est rendue à Birkenau le mois dernier accompagnant des lycéens français. C’est une promesse qu’elle a faite en 1944 à sa sÅ“ur Fanny, mourante, qui, allongée sur la paille et crachant du sang, lui avait demandé dans son dernier souffle de raconter ce qui est arrivé “pour que l’Histoire ne nous oublie pas”.