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Des Syriens coincés dans des camps après avoir trouvé leurs maisons en ruines

Mehdi al-Chayech pensait pouvoir rapidement retourner chez lui après la chute de Bachar al-Assad, mais, à l’instar de dizaines de milliers de Syriens vivant dans des camps de déplacés, il a trouvé sa maison inhabitable, bombardée pendant la guerre.”Nous étions incroyablement heureux lorsque le régime est tombé”, lance ce quadragénaire depuis son habitation formée de blocs de béton dans le camp d’Atmé dans la province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie.Mais “lorsque nous sommes arrivés dans notre village” dans la province centrale de Hama, “nous avons été déçus”, raconte à l’AFP ce père de quatre enfants. La maison “a été touchée par les bombardements” et après des années d’abandon elle “n’est plus habitable”.  Le renversement du président Assad le 8 décembre par une coalition de factions rebelles islamistes venues de la province d’Idleb, a ravivé l’espoir d’un retour chez eux de millions de Syriens, déplacés ou réfugiés à l’étranger.Mais beaucoup se heurtent à la dure réalité: maisons et infrastructures gravement endommagées, voire détruites et pas de moyens pour reconstruire.Les autorités de transition tablent sur le soutien international, notamment des riches monarchies du Golfe, pour reconstruire le pays après près de 14 années de guerre.Déplacé depuis 2012, M. Chayech a dû revenir dans le camp, l’un des plus grands d’Idleb, tout en reconnaissant avoir été heureux de retrouver des proches dans sa région d’origine.Sous un froid glacial, la fumée s’élève des chauffages à carburant dans ce camp tentaculaire, près de la frontière turque, qui abrite des dizaines de milliers de personnes. – Maisons “rasées” -Avant la chute d’Assad, plus de cinq millions de personnes vivaient dans les zones tenues par les rebelles dans la province d’Idleb et ses environs, la plupart des déplacés. Et après l’arrivée des nouvelles autorités, un petit nombre a quitté la zone.David Carden, coordinateur humanitaire régional adjoint de l’ONU pour la Syrie, explique à l’AFP que “plus de 71.000 personnes ont quitté les camps du nord-ouest de la Syrie ces deux derniers mois, une petite fraction comparée aux deux millions” réparties dans des centaines de camps et “ayant besoin d’une aide vitale”.”De nombreux résidents des camps ne peuvent pas retourner chez eux car leurs maisons ont été détruites ou manquent d’électricité, d’eau courante ou d’autres services de base. Beaucoup craignent également d’être pris dans des champs de mines sur les anciennes lignes de front”, ajoute-t-il. Mère de trois enfants, Mariam Anbari, 30 ans, vit dans le camp d’Atmé depuis sept ans après avoir fui Hama. “Nous voulons retourner dans nos maisons mais elles ont été rasées.”- “Mal au coeur” -Mariam Anbari explique, son bébé de six mois dormant à côté, que le revenu quotidien de son mari suffit à peine à acheter du pain et de l’eau.”La chute du régime ne me dit rien. Notre situation est difficile que ce soit sous Bachar al-Assad ou sous Ahmad al-Chareh”, le nouveau président intérimaire de la Syrie, ajoute-t-elle en faisant la vaisselle dans une eau glacée.Mais elle dit quand même garder l’espoir d’une amélioration de leur situation avec l’arrivée des nouvelles autorités. La majorité des habitants du camp dépendent de l’aide humanitaire, dans un pays à l’économie minée par la guerre et où une grande partie de la population vit dans la pauvreté.Dans le camp, où serpentent des motos entre les habitations et où des enfants jouent à l’extérieur malgré le froid, Sabah al-Jasser, 52 ans, et son mari Mohamed, tiennent une petite épicerie. Elle y est installée avec sa famille depuis sept ans après avoir fui son village situé dans la région de Khan Cheikhoun dans la province d’Idleb. “Nous étions heureux à l’annonce de la chute du régime mais nous sommes tristes car nous avons trouvé nos maisons détruites et nos arbres coupés et brûlés. Cela fait mal au coeur”, s’exclame cette mère de quatre enfants.Malgré tout, elle a l’intention de retourner chez elle à la fin de l’année scolaire. “Nous allons revenir et nous monterons une tente.”

Des Syriens coincés dans des camps après avoir trouvé leurs maisons en ruines

Mehdi al-Chayech pensait pouvoir rapidement retourner chez lui après la chute de Bachar al-Assad, mais, à l’instar de dizaines de milliers de Syriens vivant dans des camps de déplacés, il a trouvé sa maison inhabitable, bombardée pendant la guerre.”Nous étions incroyablement heureux lorsque le régime est tombé”, lance ce quadragénaire depuis son habitation formée de …

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Des Syriens coincés dans des camps après avoir trouvé leurs maisons en ruines

Mehdi al-Chayech pensait pouvoir rapidement retourner chez lui après la chute de Bachar al-Assad, mais, à l’instar de dizaines de milliers de Syriens vivant dans des camps de déplacés, il a trouvé sa maison inhabitable, bombardée pendant la guerre.”Nous étions incroyablement heureux lorsque le régime est tombé”, lance ce quadragénaire depuis son habitation formée de blocs de béton dans le camp d’Atmé dans la province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie.Mais “lorsque nous sommes arrivés dans notre village” dans la province centrale de Hama, “nous avons été déçus”, raconte à l’AFP ce père de quatre enfants. La maison “a été touchée par les bombardements” et après des années d’abandon elle “n’est plus habitable”.  Le renversement du président Assad le 8 décembre par une coalition de factions rebelles islamistes venues de la province d’Idleb, a ravivé l’espoir d’un retour chez eux de millions de Syriens, déplacés ou réfugiés à l’étranger.Mais beaucoup se heurtent à la dure réalité: maisons et infrastructures gravement endommagées, voire détruites et pas de moyens pour reconstruire.Les autorités de transition tablent sur le soutien international, notamment des riches monarchies du Golfe, pour reconstruire le pays après près de 14 années de guerre.Déplacé depuis 2012, M. Chayech a dû revenir dans le camp, l’un des plus grands d’Idleb, tout en reconnaissant avoir été heureux de retrouver des proches dans sa région d’origine.Sous un froid glacial, la fumée s’élève des chauffages à carburant dans ce camp tentaculaire, près de la frontière turque, qui abrite des dizaines de milliers de personnes. – Maisons “rasées” -Avant la chute d’Assad, plus de cinq millions de personnes vivaient dans les zones tenues par les rebelles dans la province d’Idleb et ses environs, la plupart des déplacés. Et après l’arrivée des nouvelles autorités, un petit nombre a quitté la zone.David Carden, coordinateur humanitaire régional adjoint de l’ONU pour la Syrie, explique à l’AFP que “plus de 71.000 personnes ont quitté les camps du nord-ouest de la Syrie ces deux derniers mois, une petite fraction comparée aux deux millions” réparties dans des centaines de camps et “ayant besoin d’une aide vitale”.”De nombreux résidents des camps ne peuvent pas retourner chez eux car leurs maisons ont été détruites ou manquent d’électricité, d’eau courante ou d’autres services de base. Beaucoup craignent également d’être pris dans des champs de mines sur les anciennes lignes de front”, ajoute-t-il. Mère de trois enfants, Mariam Anbari, 30 ans, vit dans le camp d’Atmé depuis sept ans après avoir fui Hama. “Nous voulons retourner dans nos maisons mais elles ont été rasées.”- “Mal au coeur” -Mariam Anbari explique, son bébé de six mois dormant à côté, que le revenu quotidien de son mari suffit à peine à acheter du pain et de l’eau.”La chute du régime ne me dit rien. Notre situation est difficile que ce soit sous Bachar al-Assad ou sous Ahmad al-Chareh”, le nouveau président intérimaire de la Syrie, ajoute-t-elle en faisant la vaisselle dans une eau glacée.Mais elle dit quand même garder l’espoir d’une amélioration de leur situation avec l’arrivée des nouvelles autorités. La majorité des habitants du camp dépendent de l’aide humanitaire, dans un pays à l’économie minée par la guerre et où une grande partie de la population vit dans la pauvreté.Dans le camp, où serpentent des motos entre les habitations et où des enfants jouent à l’extérieur malgré le froid, Sabah al-Jasser, 52 ans, et son mari Mohamed, tiennent une petite épicerie. Elle y est installée avec sa famille depuis sept ans après avoir fui son village situé dans la région de Khan Cheikhoun dans la province d’Idleb. “Nous étions heureux à l’annonce de la chute du régime mais nous sommes tristes car nous avons trouvé nos maisons détruites et nos arbres coupés et brûlés. Cela fait mal au coeur”, s’exclame cette mère de quatre enfants.Malgré tout, elle a l’intention de retourner chez elle à la fin de l’année scolaire. “Nous allons revenir et nous monterons une tente.”

Cinébébé, où l’on fait les bébés hyperréalistes de vos films et séries

La pointe de la longue aiguille entre et sort du crâne du bébé: Céline Lallement, technicienne d’atelier, vient de débuter un marathon de plusieurs jours pour implanter un à un les cheveux de ce poupon de 3 mois, dernière création de Cinébébé.Cette entreprise, créée en 2008 et installée à Saint-Denis, en banlieue parisienne,depuis 2023, est l’une des seules au monde spécialisées dans la création de bébés en silicone hyperréalistes pour des tournages de films ou de séries.”C’est du mohair, ça vient de la chèvre angora. C’est plus fin que les cheveux des adultes, donc ça imite très bien les cheveux des bébés”, explique en cette fin janvier Céline Lallement, qui pique et repique. Soudain, elle repère un “poireau”. “Il y a deux cheveux dans un même trou, ça ne va pas”, dit-elle avant de prendre une pince à épiler pour corriger cela. Le dernier-né de Cinébébé est destiné à un tournage en Angleterre d’ici quelques jours, selon Justine Ray Le Solliec, co-gérante de cet atelier d’effets spéciaux avec Julie Barrère. Rougeurs sur les joues, petites veines apparentes sous les paupières, plis et pores de la peau, le réalisme de ce nourrisson est saisissant. “Il faut compter dans les 700 euros pour la location d’un bébé pour un jour de tournage et entre 9.000 et 15.000 euros pour l’achat, en fonction du temps de travail qui peut aller jusqu’à un mois et demi si on part de zéro”, précise la dirigeante.  Du prématuré de 26 semaines au bébé de 18 mois, une cinquantaine de mannequins miniatures ultra-réalistes sont disponibles à la location, selon les besoins des tournages, du film “Le Comte de Monte-Cristo” à la série “Emily in Paris”, en passant par “Titane” ou “The Pod génération”. A partir de photos, une sculpture de la tête du bambin est créée par l’équipe pour faire des moules dans lesquels sont réalisés des “tirages” en silicone. – Une centaine de productions par an -“En France, la réglementation interdit de faire participer à un tournage un nourrisson de moins de 3 mois. Entre 3 mois et 3 ans, le temps de prise de vue est limité à une heure par jour. Ce qui peut être compliqué lorsqu’il y a de nombreuses scènes avec des enfants”, décrypte Justine Ray Le Solliec. Outre la réglementation, depuis les différents confinements en 2020 et 2021 liés à la pandémie de Covid-19, leur activité a connu une accélération. “Cela nous a aidés car il ne pouvait pas y avoir de bébé sur les plateaux de tournage durant cette période”, ajoute-t-elle. Leur chiffre d’affaires post-pandémie a doublé tous les ans, avec un “léger ralentissement” en 2024 par rapport à 2023 avec 35% de croissance, selon la dirigeante qui indique avoir “atteint un plafond en France” et souhaite s’installer à Londres en 2025 pour se développer à l’international. Ces dernières années, “on tourne à une centaine de productions par an en France et en Europe mais on passe plus de temps sur chaque projet, avec l’activité de conseil, donc ça fait plus de chiffre d’affaires”.  Car outre des bébés et autres ventres et poitrines de femmes enceintes, placentas, fÅ“tus, cordons ombilicaux, Cinébébé propose des bassins de femmes pour pouvoir filmer des scènes d’accouchement de face, des conseils lors de l’écriture du film et une assistance aux comédiens sur le tournage pour que la scène soit la plus réaliste possible à l’écran. “On travaille nous-mêmes avec le milieu médical qui nous conseille, notamment avec l’association Néo’Sens basée à l’hôpital de Port-Royal (à Paris, NDLR), spécialisée dans les prématurés”, fait savoir Justine Ray Le Solliec. Pour 2025, l’objectif est également de développer des bébés avec les yeux ouverts, un défi en termes de réalisme, et des poupons plus grands pour des scènes de cascade, conclut la dirigeante. 

Au Chili, l’observation d’un des ciels les plus étoilés du monde menacée

La nuit tombe sur le désert d’Atacama et quatre puissants télescopes commencent à scruter l’un des ciels les plus purs et les plus étoilés du monde. Pourtant, l’Observatoire de Paranal, dans le nord du Chili, pourrait être menacé par la pollution lumineuse d’un mégaprojet énergétique. Situé à 2.635 mètres d’altitude, le site permet d'”observer la Voie lactée avec une clarté inégalée (…), il s’agit des ciels les plus dégagés, les plus sombres”, explique à l’AFP Itziar de Gregorio, une astronome espagnole de l’Observatoire Européen Austral (ESO), qui exploite les lieux.A quelques kilomètres de ce “sanctuaire astronomique mondial” est pourtant prévue la construction d’une usine consacrée aux énergies propres, dans le cadre de l’ambitieux programme chilien de remplacement des énergies fossiles d’ici à 2050. Les scientifiques s’inquiètent de la pollution lumineuse que pourrait générer le projet : l’excès de lumière artificielle limite en effet la visibilité de certains phénomènes, comme les éclipses et les pluies de météorites, préviennent-ils. Ce phénomène, généralement lié à une augmentation de l’éclairage public et à la présence de panneaux publicitaires lumineux, affecte aussi les cycles de sommeil chez les humains et désoriente les oiseaux migrateurs. Pourtant, il passe souvent inaperçu.”Quand on voit un robinet ouvert, on réalise que l’on perd de l’eau. Mais si on voit un endroit très éclairé la nuit, on ne pense pas que c’est une pollution”, note Daniela Gonzalez, de la Fondation Cielos de Chile, qui lutte contre le fléau.A Paranal, c’est quand le soleil se couche que débute la phase la plus intense du travail. Dans la journée, astronomes et ingénieurs traitent les données. La nuit, ils sondent l’infini.Ici, “les recherches portent sur presque tous les phénomènes de l’espace”, comme les planètes et les comètes proches de la Terre, les trous noirs et la vie hors du système solaire, s’enthousiasme Steffen Mieske, le chef des opérations scientifiques du site.- Zone d'”exclusion lumineuse” -Dans le désert d’Atacama, le plus aride et le plus sec du monde, les nuages sont rares, offrant des conditions idéales pour l’observation du cosmos. En outre, la pollution lumineuse y est faible. L’Observatoire de Paranal se trouve ainsi à plus de 100 km d’Antofagasta, la ville la plus proche.Mais cela pourrait changer avec la construction de la nouvelle usine. Dans une lettre ouverte, une quarantaine d’astronomes, scientifiques et même poètes ont récemment exprimé leur préoccupation. Le projet, financé à hauteur de 10 milliards de dollars par AES Andes, la filiale chilienne de la compagnie américaine AES Corporation, s’étendrait sur 3.000 hectares. Il prévoit, selon l’entreprise, “la production d’hydrogène et d’ammoniac vert, ainsi que le développement du solaire, de l’éolien et du stockage des batteries”.Cependant, la question de la distance entre l’Observatoire de Paranal et la future usine divise. Tandis que l’entreprise l’évalue à 20 ou 30 km, les chercheurs estiment qu’elle ne dépasse pas 11 km. Sans s’opposer au projet, ces derniers réclament la création d’une zone d'”exclusion lumineuse” afin de préserver l’intégrité du site.AES Andes, dans un court communiqué de presse, assure que son projet respecte “les normes les plus élevées en termes d’éclairage” et répond à celle édictée par le gouvernement sur le sujet. Mise en place en octobre, cette dernière vise notamment à protéger les principaux lieux d’observation astronomique.- “Fenêtre sur l’univers” -Le projet, actuellement en cours d’évaluation environnementale, ne devrait pas recevoir sa licence d’exploitation avant deux à trois ans.Dans les montagnes du Cerro Armazones, à une vingtaine de kilomètres de l’Observatoire, la construction du Télescope Géant Européen (ELT) progresse. Il s’agit de l’instrument optique le plus grand du monde avec 39 mètres de diamètre. Pour les scientifiques, le risque est aussi que le mégaprojet énergétique interfère avec le fonctionnement de ce dispositif dont le lancement est prévu en 2028. Inestimable pour la recherche astronomique, la “fenêtre sur l’univers” que représente le Chili pourrait se fermer, avertit Itziar de Gregorio. Une augmentation de la pollution lumineuse dans ce site unique pourrait retarder “la réponse à laquelle nous aspirons tant (…), savoir si nous sommes seuls ou non dans l’univers”, alerte l’astronome.  

L’agriculture, victime et solution face aux inondations

Des hectares de terre inondés, des animaux déplacés: les inondations dans l’Ouest vont laisser des traces pendant encore plusieurs semaines chez certains agriculteurs, en première ligne face aux aléas climatiques, et mettent en lumière l’importance du bocage et des zones humides.”On a des fermes où les bâtiments ont été inondés, l’outil de travail mis à mal, le fourrage détruit”, énumère Sébastien Vétil, du syndicat agricole Confédération paysanne. “La solidarité s’est organisée directement de la part du monde paysan”, souligne l’éleveur de vaches laitières à Guipry-Messac, mais “ça va être des jours et des semaines de nettoyage, de remplacement de matériel, etc.”La succession de trois tempêtes hivernales et leur lot de pluie sur des sols déjà saturés a entraîné des crues exceptionnelles depuis plus de 40 ans sur les rivières Vilaine et Seiche, en Ille-et-Vilaine. Le mois de janvier à Rennes a été le plus pluvieux depuis 1945, tous mois confondus, selon Météo-France.En Bretagne, première région agricole de France, l’eau a inondé des villes, mais aussi des exploitations agricoles. L’éleveur Emmanuel Foulon, à Bruz près de Rennes, a vu ses génisses sauvées des eaux par l’armée dans sa ferme rendue inaccessible aux tracteurs par la crue trop rapide.”Si les céréales restent plusieurs jours dans l’eau, au printemps, tout sera à jeter”, redoute Cédric Henry, agriculteur à Paimpont et président du syndicat agricole FDSEA 35 (Ille-et-Vilaine), avec un impact sur le fourrage.Jean-Paul Riault, producteur de lait à Guipry-Messac, a vu l’eau monter “à quelques mètres” de sa maison. “Le terrain est impraticable (…) Il y a des parties de mon exploitation que je préfère ne pas aller voir, parce que ça va me faire mal de voir ça”, lâche-t-il. Environ 7.000 hectares sont touchés dans le département, dont environ deux-tiers de prairies et 20% de maïs, selon les premières données de la chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine. “On nous dit beaucoup que c’est du jamais vu”, avec des “sols gorgés d’eau depuis le mois de décembre”, explique Pascale Gelin, directrice adjointe de la chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine.- ‘Respect de l’environnement’ -L’état de catastrophe naturelle promis par le gouvernement “peut aider pour les bâtiments agricoles inondés” mais seules “environ 10% des cultures sont assurées en Bretagne”, estime Cédric Henry.”A la Confédération paysanne, on alerte depuis des années sur le dérèglement climatique. On voit bien qu’on est en plein dedans, qu’on va devoir changer nos pratiques”, constate Sébastien Vétil. “Cela passe obligatoirement par le respect de l’environnement.””La destruction des bocages, le drainage des zones humides, a été encouragé avec l’intensification de l’agriculture, au sortir de la Deuxième Guerre mondiale”, rappelle Christophe Cudennec, professeur d’hydrologie à l’Institut Agro Rennes-Angers.”Dans certains coins de Bretagne, vous voyez des immenses étendues, sans aucune végétation”, abonde Gérard Gruau, directeur de recherche au CNRS. “Ces surfaces ne sont pas aussi imperméables qu’un parking de grande surface, mais pas loin”, poursuit-il.Si des programmes publics encouragent à replanter des haies, “il faut trouver des raisons économiques et de faisabilité technique pour que les agriculteurs s’engagent d’avantage, parce que c’est plus de travail”, décrypte Pascale Gelin.”Il existe des réflexions “autour de taille de parcelles qui permettent de travailler dans de bonnes conditions et d’implanter du bocage”, mais pas question de revenir “à des petites parcelles d’avant les remembrements” qui n’offraient pas de bonnes conditions de travail ni de rendement, ajoute-t-elle.Ces aménagements paysagers “vont ralentir, renforcer l’infiltration” de l’eau, estime Christophe Cudennec. Mais en cas d’événement climatique extrême comme celui de janvier, ils atteignent leurs limites.”Il ne faut pas demander à l’amont et en particulier à l’agriculture, de rattraper tous les excès de l’urbanisation vulnérable dans les zones où il ne faudrait pas construire”, avertit l’hydrologue.