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Steve Witkoff, magnat de l’immobilier et homme de main de Trump au Moyen-Orient

Il n’a aucune expérience en politique étrangère mais des talents de négociateur et est connu pour ne pas avoir la langue dans sa poche: l’envoyé spécial de Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, fait déjà beaucoup parler de lui.A 67 ans, ce magnat de l’immobilier, tout comme son patron dont il est très proche, …

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Steve Witkoff, magnat de l’immobilier et homme de main de Trump au Moyen-Orient

Il n’a aucune expérience en politique étrangère mais des talents de négociateur et est connu pour ne pas avoir la langue dans sa poche: l’envoyé spécial de Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, fait déjà beaucoup parler de lui.A 67 ans, ce magnat de l’immobilier, tout comme son patron dont il est très proche, est crédité d’avoir joué un rôle-clé dans les négociations du cessez-le-feu dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas, en début d’année.Celui-ci est entré en vigueur le 19 janvier, la veille de l’investiture du président américain pour un second mandat.Cette semaine, il est monté au créneau pour défendre la proposition choc du président américain qui a dit mardi vouloir prendre “possession” de la bande de Gaza dévastée en y déplaçant les Palestiniens.”Lorsque le président parle de +faire le ménage+, il parle de rendre (Gaza) habitable”, expliquait-il devant une cohorte de journalistes à la Maison Blanche, peu avant la conférence de presse conjointe de M. Trump et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en visite à Washington.A ses côtés, le conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz, murmure: “Question immobilier, il s’y connaît!”. “Une vie meilleure n’est pas forcément liée au lieu physique dans lequel vous vous trouvez”, a-t-il renchéri le même jour sur la chaîne Fox News, semblant faire fi de toutes les complexités du conflit israélo-palestinien, vieux de plusieurs décennies.Le président américain n’a que des louanges pour lui.”Steve, lève-toi, Steve, s’il te plaît. Quel travail vous avez fait. Un très bon travail. Vous avez fait un travail fantastique”, a-t-il dit lors de cette même conférence de presse.C’est à ce milliardaire, ami et partenaire régulier du président sur les greens, qu’est revenu la tâche d’introduire le président lors de sa fête d’investiture dans un centre de conférences dans la capitale, le 20 janvier.- Pas une négociation immobilière -Bien que complètement néophyte en diplomatie, M. Witkoff a été nommé à ce poste d’émissaire pour le Moyen-Orient dès le 12 novembre, soit quelques jours seulement après l’élection présidentielle remportée par Donald Trump.Comme en signe de sa proximité avec le président.Et non sans rappeler la nomination lors du premier mandat de Donald Trump en 2017 d’un autre néophyte, Jared Kushner, gendre du président, au même poste.Dès avant sa prise de fonction, M. Witkoff a été très vite associé aux négociations du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, participant notamment au dernier round des pourparlers début janvier au côté de Brett McGurk, alors conseiller Moyen-Orient du président Joe Biden, une rare collaboration entre une administration sortante et entrante.Alors qu’il se trouvait à Doha, au Qatar, où se déroulaient les pourparlers, il s’était rendu en urgence en Israël allant jusqu’à interrompre, un samedi, le shabbat du dirigeant israélien pour hâter la conclusion d’un accord.Et le 29 janvier, l’homme d’affaires s’est rendu dans la bande de Gaza, dévastée par quinze mois d’une guerre lancée par Israël en représailles à l’attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.Il s’agissait de la première visite d’un responsable américain dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre.Dans un article publié jeudi sur le site de Foreign Policy, Steven Cook, expert au Council on Foreign Relations, juge que l’absence d’expérience en matière diplomatique de M. Witkoff est peut-être son meilleur atout, mais “le conflit israélo-palestinien n’est pas une négociation immobilière”.Né le 15 mars 1957 dans le Bronx, Steve Witkoff a fait fortune dans l’immobilier, d’abord comme avocat d’affaires puis à la tête de sociétés immobilières.Il a fondé en 1997, “Witkoff Group”, une société de conseil en immobilier à New York, qui se décrit comme étant “à la fois développeur, investisseur et paysagiste”. Le groupe emploie l’un de ses fils et son épouse.Il est diplômé de l’université Hofstra, près de New York, et père de plusieurs enfants dont l’un est décédé en 2011 à l’âge de 22 ans d’une overdose d’opioïde.

Aux Etats-Unis, les consommateurs plumés par le prix des oeufs

“Tellement chers”: avec le rebond de l’épidémie de grippe aviaire, qui sévit depuis 2022 aux Etats-Unis, les poulaillers se vident et le prix des oeufs s’envole, déboussolant des consommateurs habitués à débourser peu pour cet aliment de base.A Washington et dans sa banlieue, les rayons oeufs des supermarchés sont régulièrement vides ou presque. Certains magasins limitent le nombre de boîtes vendues par client pour éviter une pénurie. Partout, les consommateurs remarquent la flambée des étiquettes. Les oeufs “deviennent chers”, commente auprès de l’AFP Samantha Lopez, une étudiante de 26 ans, rencontrée dans une grande surface de la capitale américaine. “C’est assez difficile, (…) mon budget pour la nourriture est déjà très serré.”Au sud, en Floride, la situation est similaire: “Les oeufs sont essentiels, ils sont très nutritifs et il est difficile d’en acheter parce qu’ils sont tellement chers (…) c’est vraiment dommage”, observe Blanche De Jesus, habitante de Miami.Pour se justifier de cette hausse des prix, les grandes surfaces n’hésitent pas à placarder des affiches dans les rayons, comme à Washington: “Il se peut que vous remarquiez une augmentation du prix des oeufs en raison de la récente épidémie de grippe aviaire dans le Midwest”, le coeur agricole des Etats-Unis, prévient l’une d’elle.Plus de 21 millions de poules pondeuses ont été euthanasiées depuis le début de l’année à cause de l’épizootie – l’équivalent d’une épidémie chez les animaux – de grippe aviaire, dont 13,2 millions depuis décembre, selon le dernier rapport sur le secteur du ministère américain de l’Agriculture (USDA), publié vendredi.”S’il n’y a pas de poules pondeuses, il n’y a pas d’oeufs, ce qui entraîne une pénurie de l’offre et une hausse des prix en raison de la dynamique de l’offre et de la demande”, résume Jada Thompson, spécialiste du sujet et professeure à l’Université de l’Arkansas.-“Niveaux record”-En outre, selon l’USDA, certains “commerçants concernés (…) maintiennent les prix à des niveaux record, ou proches des records, pour freiner la demande”.Le prix moyen de la boîte de douze oeufs, toutes qualités confondues, a progressé de près de 65% sur un an, passant d’environ 2,5 dollars en décembre 2023 à 4,15 dollars un an plus tard, selon un institut statistique officiel. Et la hausse des prix ne se fait pas uniquement ressentir à la caisse des supermarchés. Waffle House, une chaîne de restauration américaine spécialisée dans les gaufres, a fait les gros titres outre-Atlantique après avoir décidé d’appliquer un supplément de 50 centimes par oeuf aux consommateurs en voulant dans leur assiette.”La pénurie persistante d’oeufs causée par la grippe aviaire a entraîné une augmentation spectaculaire de (leur) prix”, a expliqué le groupe dans un communiqué transmis à la chaîne CNN, se disant “contraint de prendre des décisions difficiles”.Aux Etats-Unis, le virus circule dans des élevages de volailles mais aussi chez les vaches laitières. Soixante-sept cas ont aussi été détectés chez des humains depuis début 2024, l’extrême majorité étant bénins et liés à des contacts connus avec des animaux infectés.Grands amateurs d’oeufs, notamment au petit-déjeuner, les Américains en consomment en moyenne 277 par habitant et par an, selon la coopérative agricole américaine United Egg Producers. Moins tout de même que le record des Mexicains (environ 375).

Isolement et incertitude: les sept mois à Guantanamo d’une migrante cubaine

Sentiment d’isolement et incertitude: une migrante cubaine ayant fui son pays par la mer en 2022 raconte les sept mois qu’elle a passés sur la base militaire de Guantanamo, où un centre de rétention a commencé à recevoir des migrants expulsés des Etats-Unis.Dix personnes arrêtées sur le sol américain sont arrivées mardi sur la base …

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Isolement et incertitude: les sept mois à Guantanamo d’une migrante cubaine

Sentiment d’isolement et incertitude: une migrante cubaine ayant fui son pays par la mer en 2022 raconte les sept mois qu’elle a passés sur la base militaire de Guantanamo, où un centre de rétention a commencé à recevoir des migrants expulsés des Etats-Unis.Dix personnes arrêtées sur le sol américain sont arrivées mardi sur la base navale située dans l’est de l’île de Cuba, après que le président Donald Trump a ordonné de l’aménager pour accueillir 30.000 migrants sans papier.Des milliers de Cubains et Haïtiens avaient déjà été retenus sur place lors des crises migratoires des années 1990. En septembre, un article du New York Times a révélé que, outre la prison, la base était utilisée pour incarcérer des migrants interceptés en mer et que 37 migrants y avaient été retenus entre 2020 et 2023.Parmi eux, Yeilis Torres, une Cubaine de 38 ans. “Le plus dur à la base, c’est l’incertitude, l’attente de ce processus si long” pour tenter d’obtenir l’asile aux Etats-Unis, raconte-t-elle à l’AFP par téléphone depuis Miami.Elle a débarqué à Guantanamo mi-2022, après avoir été secourue dans le détroit de Floride par les garde-côtes américains, alors qu’elle dérivait sur une embarcation de fortune avec 16 autres Cubains. Ces derniers ont été renvoyés à Cuba comme des milliers d’autres qui sont interceptés chaque année en mer. Yeilis Torres est la seule du groupe à avoir obtenu une “protection politique”, invoquant les risques qu’elle courait en retournant dans son pays.Une fois à Guantanamo, elle raconte avoir ressenti de la solitude, avoir eu des difficultés pour parler à sa famille et qu’il lui a été impossible de contacter son avocat. “Je n’ai jamais eu la possibilité de parler avec lui”, relate-elle. Quant à ses deux enfants, “je ne savais pratiquement pas comment ils allaient parce qu’on ne te donnait que cinq ou six minutes tous les trois jours pour pouvoir leur parler”.- Pays tiers -Parmi les 21 migrants – 18 Cubains, deux Haïtiens et un Dominicain – qui se trouvaient dans le centre de rétention de Guantanamo en même temps qu’elle, Yeilis Torres a été la seule à obtenir l’asile aux Etats-Unis. Les autres ont trouvé refuge dans un pays tiers, comme le Canada ou l’Australie.Au cours du processus de demande d’asile, elle a passé sept mois à Guantanamo, quatre mois dans un centre de rétention pour étrangers en situation irrégulière sur le territoire américain et connu trois audiences de demande d’asile.La base de Guantanamo, territoire de 117 kilomètres carrés, abrite depuis 2002 une prison qui a vu défiler des centaines de prisonniers, dont des membres d’Al-Qaïda, et a provoqué de vifs débats aux Etats-Unis à cause de ses conditions de détention extrêmes et de son recours à la torture.Cette prison, à l’écart du centre de rétention, compte encore 15 détenus.A l’arrivée à la base, “ils nous mettent automatiquement les menottes et nous mettent des lunettes noires pour que l’on ne voie rien”, raconte Yeilis Torres. Les migrants sont ensuite transportés dans un centre de santé pour un examen médical, puis dirigés vers un dortoir.C’est là, raconte la Cubaine, que “le processus éprouvant commence”, dont plusieurs entretiens scrupuleux avec des fonctionnaires du Département d’Etat qu’il faut convaincre du risque encouru en cas de renvoi dans son pays d’origine.”J’ai été isolée trois jours. Il y a des personnes qui sont restées isolées dans leurs chambres (…) pendant environ trois, quatre mois”, souligne celle qui travaille aujourd’hui dans une usine textile.Parmi les détenus, elle raconte qu’il y avait deux familles avec des enfants et une femme enceinte. Les mineurs faisaient face à des conditions particulièrement difficiles, dit-elle, car ils ne pouvaient pas aller à l’école ni côtoyer d’autres enfants de la base.Cependant, Yeilis Torres s’oppose à la fermeture du centre de rétention car elle considère qu’il offre aux “personnes qui fuient” leur pays une possibilité de défendre leur cause.Elle-même dit avoir fui Cuba après avoir passé dix mois dans une prison de La Havane, accusée d’avoir porté atteinte à un journaliste local, membre du Comité central du Parti communiste.

Isolement et incertitude: les sept mois à Guantanamo d’une migrante cubaine

Sentiment d’isolement et incertitude: une migrante cubaine ayant fui son pays par la mer en 2022 raconte les sept mois qu’elle a passés sur la base militaire de Guantanamo, où un centre de rétention a commencé à recevoir des migrants expulsés des Etats-Unis.Dix personnes arrêtées sur le sol américain sont arrivées mardi sur la base navale située dans l’est de l’île de Cuba, après que le président Donald Trump a ordonné de l’aménager pour accueillir 30.000 migrants sans papier.Des milliers de Cubains et Haïtiens avaient déjà été retenus sur place lors des crises migratoires des années 1990. En septembre, un article du New York Times a révélé que, outre la prison, la base était utilisée pour incarcérer des migrants interceptés en mer et que 37 migrants y avaient été retenus entre 2020 et 2023.Parmi eux, Yeilis Torres, une Cubaine de 38 ans. “Le plus dur à la base, c’est l’incertitude, l’attente de ce processus si long” pour tenter d’obtenir l’asile aux Etats-Unis, raconte-t-elle à l’AFP par téléphone depuis Miami.Elle a débarqué à Guantanamo mi-2022, après avoir été secourue dans le détroit de Floride par les garde-côtes américains, alors qu’elle dérivait sur une embarcation de fortune avec 16 autres Cubains. Ces derniers ont été renvoyés à Cuba comme des milliers d’autres qui sont interceptés chaque année en mer. Yeilis Torres est la seule du groupe à avoir obtenu une “protection politique”, invoquant les risques qu’elle courait en retournant dans son pays.Une fois à Guantanamo, elle raconte avoir ressenti de la solitude, avoir eu des difficultés pour parler à sa famille et qu’il lui a été impossible de contacter son avocat. “Je n’ai jamais eu la possibilité de parler avec lui”, relate-elle. Quant à ses deux enfants, “je ne savais pratiquement pas comment ils allaient parce qu’on ne te donnait que cinq ou six minutes tous les trois jours pour pouvoir leur parler”.- Pays tiers -Parmi les 21 migrants – 18 Cubains, deux Haïtiens et un Dominicain – qui se trouvaient dans le centre de rétention de Guantanamo en même temps qu’elle, Yeilis Torres a été la seule à obtenir l’asile aux Etats-Unis. Les autres ont trouvé refuge dans un pays tiers, comme le Canada ou l’Australie.Au cours du processus de demande d’asile, elle a passé sept mois à Guantanamo, quatre mois dans un centre de rétention pour étrangers en situation irrégulière sur le territoire américain et connu trois audiences de demande d’asile.La base de Guantanamo, territoire de 117 kilomètres carrés, abrite depuis 2002 une prison qui a vu défiler des centaines de prisonniers, dont des membres d’Al-Qaïda, et a provoqué de vifs débats aux Etats-Unis à cause de ses conditions de détention extrêmes et de son recours à la torture.Cette prison, à l’écart du centre de rétention, compte encore 15 détenus.A l’arrivée à la base, “ils nous mettent automatiquement les menottes et nous mettent des lunettes noires pour que l’on ne voie rien”, raconte Yeilis Torres. Les migrants sont ensuite transportés dans un centre de santé pour un examen médical, puis dirigés vers un dortoir.C’est là, raconte la Cubaine, que “le processus éprouvant commence”, dont plusieurs entretiens scrupuleux avec des fonctionnaires du Département d’Etat qu’il faut convaincre du risque encouru en cas de renvoi dans son pays d’origine.”J’ai été isolée trois jours. Il y a des personnes qui sont restées isolées dans leurs chambres (…) pendant environ trois, quatre mois”, souligne celle qui travaille aujourd’hui dans une usine textile.Parmi les détenus, elle raconte qu’il y avait deux familles avec des enfants et une femme enceinte. Les mineurs faisaient face à des conditions particulièrement difficiles, dit-elle, car ils ne pouvaient pas aller à l’école ni côtoyer d’autres enfants de la base.Cependant, Yeilis Torres s’oppose à la fermeture du centre de rétention car elle considère qu’il offre aux “personnes qui fuient” leur pays une possibilité de défendre leur cause.Elle-même dit avoir fui Cuba après avoir passé dix mois dans une prison de La Havane, accusée d’avoir porté atteinte à un journaliste local, membre du Comité central du Parti communiste.

Répression, sanctions, exode: au Bélarus, un secteur amoindri de la tech survit

Chef de projet basé à Minsk, au Bélarus, Andreï Dorine reconnaît que le secteur jadis florissant de la tech est en crise. En cause, l’exode de milliers d’informaticiens du fait des répressions politiques, et le soutien à l’invasion russe de l’Ukraine.Sur les “quelque 400 ingénieurs” employés chez Qulix, l’entreprise de développement informatique dans laquelle Andreï travaille, un quart a fui le Bélarus en cinq ans pour s’installer à l’étranger.”C’est beaucoup !”, constate ce responsable de 42 ans, interrogé par l’AFP.”Nous traversons une crise, nous ne pouvons pas le nier”, conclut-il.Fleuron de l’économie bélarusse, un des rares secteurs libéralisés dans cette économie largement étatique, les hautes technologies ont connu jusqu’en 2020 un boom indéniable, qu’il s’agisse du développement d’apps, de logiciels ou de maintenance. Symbole de ce succès le “Parc des hautes technologies” de Minsk, surnommé “la Silicon Valley” du Bélarus.C’est dans cet ensemble de bâtiments à l’écart du centre-ville que la messagerie chiffrée Viber et le jeu vidéo à succès “World of Tanks” ont été développés.Mais la répression qui s’est abattue sur la société bélarusse après la réélection en août 2020 du président Alexandre Loukachenko a poussé ingénieurs et informaticiens, une classe moyenne urbaine dans l’ensemble favorable à l’opposition, à fuir le pays.- Chute de 45 % -Le coup de semonce est intervenu en septembre 2020 lorsque la police a fait des descentes dans la société de logiciels PandaDoc, arrêtant plusieurs employés, peu après que le patron du groupe eut annoncé son soutien aux manifestants.L’invasion russe de l’Ukraine en février 2022 n’a fait qu’accélérer le mouvement d’exode, le Bélarus ayant prêté son territoire à l’armée du Kremlin et subissant du coup aussi les sanctions occidentales adoptées en représailles.Si le “Parc des hautes technologies” compte encore plus de 1.000 entreprises bénéficiant d’un régime fiscal avantageux, signe des temps “difficiles”, le nombre total d’employés a chuté de près de 30% depuis 2022, reconnaît auprès de l’AFP Kirill Zalesski, le vice-président du complexe.”Ces entreprises emploient (encore) plus de 56.000 personnes”, précise-t-il, mais les exportations annuelles en 2023 totalisaient 1,8 milliards de dollars, une chute de quasiment 45% par rapport à 2021 (3,2 milliards).Il veut pourtant “voir le verre à moitié plein, plutôt qu’à moitié vide”, car “l’exode a globalement cessé il y a plus d’un an”. Selon lui, il y aurait même “de nombreux développeurs qui aimeraient revenir”.Selon lui, les entreprises, qui ont perdu des parts de marché en Occident du fait des tensions géopolitiques, ont dû trouver de nouveaux marchés, notamment en Asie. “Si auparavant les pays occidentaux représentaient 80 à 90% de toutes nos exportations, ce chiffre est aujourd’hui d’environ 60%”, relève M. Zalesski, évoquant le chiffre de “10%” pour les pays asiatiques.- Stabilité régionale -Stephan Hoffmann, le directeur allemand de la chambre de commerce Europe-Bélarus très implanté dans la tech, n’a pas suivi l’exode, et il veut croire en l’avenir, même si son quotidien est plus “inconfortable” depuis 2022, du fait des sanctions.Ainsi, à la place des vols directs entre l’Allemagne et Minsk, ce sont de longs trajets de bus vers la Lituanie qu’effectue ce chef d’entreprise de 39 ans.Autre difficulté: les paiements bancaires.”C’est de plus en plus cher et ça prend plus de temps”, dit-il, les sanctions européennes ayant exclu quatre banques bélarusses du système international Swift.Il dit avoir aussi “bien sûr” des amis qui ont quitté le Bélarus, mais assure que “ce n’est pas tout blanc ou tout noir”.D’après lui, nombre de Bélarusses exilés et ceux restés au pays “travaillent toujours ensemble” à distance. “Il y a toujours des liens”, assure-t-il.Kirill Zalesski reste “prudent” s’agissant de l’avenir, évoquant, outre la conjoncture mondiale, la nécessité d’une “situation régionale stable”. Comprendre, la fin de la guerre en Ukraine et du conflit russo-occidental.

Journal d’un agriculteur: “les Petits Poucets comme moi, on se débrouille seul”

Jérôme Caze, 37 ans, marié et père de trois enfants, à la tête d’une exploitation maraîchère et d’élevage de poulets et de porcs en Lot-et-Garonne, raconte depuis octobre à l’AFP son quotidien de “petit agriculteur” dans un monde paysan en proie à des crises récurrentes.Dans ce quatrième épisode, il confie sa solitude et ses déboires, accentués selon lui par des normes évolutives et complexes, les conditions du marché et une politique agricole mal adaptée aux petits exploitants.- MacGyver -“Ces derniers jours, j’ai enchaîné les galères de matériel. Le matin où je veux préparer le parcours des truies, la batterie du tracteur ne démarre pas. Sans le chargeur frontal, je n’ai pas pu aller chercher chez les voisins les déchets de pommes et de poires pour les cochons. Du coup, tu fais tout à la main, tu nourris au seau et tu perds du temps. Physiquement, j’ai mal partout.J’ai eu le pneu avant du tracteur, la carte-mère de la chambre froide et la batterie du Trafic qui sont morts. Moralement, tu t’en sors pas, c’est pour ça que tu peux lâcher.Tu dois toujours te débrouiller tout seul pour réparer, chercher de nouvelles façons de faire. Tu cherches la notice sur Internet, tu te démerdes. Tu es MacGyver mais niveau débutant. Lui, il est capable de tout faire avec rien, toi, tu as tout l’équipement qu’il te faut, à pas cher, mais ça ne marche pas.”- Sous-doués -“Les Petits Poucets comme moi, on est un peu les sous-doués dont personne ne se préoccupe dans les ministères. On n’est pas intéressant.De toute façon, je n’ai pas de ministre de l’Agriculture. Les lois ne sont pas faites pour moi mais pour les gros, ceux qui ont des moissonneuses-batteuses à plusieurs centaines de milliers d’euros.Ils vont faire quelle loi pour moi? Je dois lutter contre des revendeurs sans foi ni loi qui mentent sur l’origine des produits et vendent à perte, contre des grandes surfaces qui font des promos spéciales toutes les trois semaines. Comment tu veux lutter ? Même avec les lois Egalim (destinées à protéger le revenu des agriculteurs, NDLR),  je ne suis pas protégé.Je travaille avec une structure qui s’occupe des réfectoires. S’ils font une journée +Produits du terroir+, ils me prendront du rôti de porc. Sinon, je suis trop cher. Ce n’est pas dans le cahier des charges des cantines scolaires de savoir si l’animal a vu la lumière du jour.”- Normes – “Les normes c’est bien, car l’hygiène avant c’était n’importe quoi. Mais ça nous bloque aussi. Pour mon bâtiment de poulets, les normes ont changé lors de mon installation.On a une entreprise de qualification qui vient une fois à chaque nouvel élevage de poulets par bande (au même stade de croissance, NDLR). Il faut déjà avoir tous les papiers en main. Ils regardent les perchoirs, le respect de la nouvelle norme sur la luminosité pour le bien-être animal, sortie il y a deux ans.On est les seuls à payer pour se faire contrôler. C’est comme si lors d’un contrôle routier, le flic te dit de payer avant de voir tes papiers.Tout ce qui est biosécurité est aussi à ta charge. Il ne faut pas que tu aies les produits au même endroit que les animaux. Mais à la maison, j’ai des enfants. Donc on te demande un cabanon pour les stocker sans risque. OK mais c’est une dépense d’au moins 1.000 euros, que je n’avais pas prévue.”- Chacun pour soi -“Pour monter un atelier de transformation, c’est une usine à gaz. Il faut tout: les tables en inox, l’étiqueteuse, les balances calibrées et vérifiées tous les ans, soit entre 40.000 et 50.000 euros. Et passer un diplôme de boucher.Ils vont te dire OK mais ensuite que le carrelage n’est pas le bon.Les chambres d’agriculture pourraient se dire : +Je vais mettre un producteur avec un boucher, on va créer une société et vous allez travailler ensemble, répartir les marges+. Mais c’est chacun pour soi, il n’y a pas d’idées, pas de bon sens.”Propos recueillis par Karine ALBERTAZZI et Thomas SAINT-CRICQ