AFP World

Le pape François meurt à 88 ans au lendemain de Pâques

Le pape François est mort lundi matin au Vatican à 88 ans après une grave pneumonie, au terme de 12 ans d’un pontificat marqué par sa popularité chez les fidèles mais aussi une farouche opposition au sein même de l’Eglise catholique.Le corps de François sera mis en bière à 18H00 GMT dans la chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où vivait le pape, pour la constatation officielle du décès. La date des funérailles sera décidée par les cardinaux, en principe entre le 4e et le 6e jour après le décès. La dépouille sera auparavant exposée à la basilique Saint-Pierre.Une prière en public sera aussi organisée en milieu de journée place Saint-Pierre.”Ce matin à 07H35 (05H35 GMT), l’évêque de Rome, François, est retourné à la maison du Père. Il a dédié toute sa vie au service du Seigneur et de son Église”, a annoncé le cardinal camerlingue Kevin Farrell, chargé de gérer les affaires courantes jusqu’à l’élection d’un nouveau pape. A la mi-journée, la cloches de la basilique Saint-Pierre ont sonné le glas pour annoncer sa mort aux fidèles.Le pape argentin était sorti de l’hôpital le 23 mars après avoir été hospitalisé pendant 38 jours pour une double pneumonie, sa quatrième et plus longue hospitalisation depuis son élection en 2013. En dépit de l’avis des médecins lui ayant prescrit un strict repos de deux mois, il avait multiplié les apparitions publiques ces derniers jours, au contact des fidèles, de prisonniers ou de dirigeants.Apparu épuisé dimanche, à l’occasion des célébrations de Pâques, il s’était tout de même offert un bain de foule en “papamobile” auprès de milliers de fidèles sur la place Saint-Pierre.- “Brisé des barrières”-Le visage fermé, il avait été contraint de déléguer la lecture de sa bénédiction à un collaborateur, prononçant à peine quelques mots, à bout de souffle.De l’Iran à l’Allemagne en passant par Israël, l’UE, le Liban ou l’Autorité palestinienne, les dirigeants du monde entier ont rendu un hommage unanime à François.Le président français Emmanuel Macron a salué un homme qui a toujours été “aux côtés des plus vulnérables et des plus fragiles”.Le vice-président américain JD Vance, qui avait été reçu brièvement par François dimanche quelques heures avant sa mort, a adressé ses pensées “aux millions de chrétiens dans le monde qui l’aimaient” tandis que le président russe Vladimir Poutine a salué un “défenseur” de “l’humanisme et de la justice”.Au matin du lundi de Pâques, fête la plus importante de l’année chez les catholiques, et en pleine “Année sainte” de l’Eglise, de nombreux fidèles ont appris la nouvelle sur leur téléphone portable.”J’étais là par hasard, j’ai entendu la nouvelle dans un magasin à la radio, c’est un grand pape qui est parti”, a confié à l’AFP Fabio Malvesi, 66 ans. “Il a changé bien des choses, brisé des barrières, c’était une grande personne, simple.”Les cloches de la cathédrale Notre-Dame de Paris ont sonné 88 coups et de nombreuses paroisses ont annoncé des messes pour le pape.- Rituel simplifié -Problèmes de hanche, douleurs au genou, opérations, infections respiratoires: le pape, qui se déplaçait en fauteuil roulant, affichait une santé déclinante mais avait tenu à maintenir un rythme effréné.Une constitution prévoit des obsèques quatre à six jours après le décès et un délai de 15 à 20 jours pour organiser le conclave, lors duquel les 135 cardinaux électeurs, dont environ 80% choisis par François lui-même, auront la lourde tâche d’élire son successeur.François avait révélé fin 2023 qu’il souhaitait être inhumé dans la basilique Sainte-Marie Majeure, dans le centre de Rome, plutôt que dans la crypte de la basilique Saint-Pierre, une première depuis plus de trois siècles.Les alertes sur sa santé s’étaient multipliées ces derniers mois, alimentant les spéculations sur une possible renonciation dans la lignée de son prédécesseur Benoît XVI.Le chef spirituel de près de 1,4 milliard de catholiques avait déjà connu deux hospitalisations en 2023, dont une pour une lourde opération de l’abdomen, et avait été contraint d’annuler plusieurs engagements ces derniers mois. – Réformes multiples -Amateur de musique et de football, Jorge Mario Bergoglio, réfractaire aux vacances, enchaînait souvent une dizaine de rendez-vous par jour. Il avait même effectué en septembre le plus long voyage de son pontificat, aux confins de l’Asie et de l’Océanie.En 12 ans de pontificat, le premier pape jésuite et sud-américain de l’Histoire s’est engagé sans relâche pour la défense des migrants, l’environnement et la justice sociale sans remettre en cause les positions de l’Eglise sur l’avortement ou le célibat des prêtres.En février, il avait encore condamné les expulsions massives de migrants voulues par le président américain Donald Trump, s’attirant les foudres de la Maison Blanche.Opposant acharné au commerce des armes, l’ancien archevêque de Buenos Aires est toutefois resté impuissant face aux conflits en Ukraine ou au Proche-Orient, malgré d’innombrables appels à la paix.Ce politique madré au franc-parler abrasif a aussi voulu réformer une Curie – le gouvernement central du Saint-Siège – rongée par l’inertie, y développer la place des femmes et des laïcs et assainir les sulfureuses finances du Vatican.Face au drame de la pédocriminalité dans l’Eglise, il a levé le secret pontifical et obligé religieux et laïcs à signaler les cas à leur hiérarchie. Sans convaincre les associations de victimes, qui lui ont reproché de ne pas être allé assez loin.- “Périphéries” -Attaché au dialogue inter-religieux, notamment avec l’islam, il a défendu jusqu’au bout une Eglise “ouverte à tous”, s’attirant les foudres des mouvements populistes pour son soutien aux migrants.Si ce pape au style chaleureux a suscité une grande ferveur populaire, souhaitant chaque dimanche “bon appétit” aux fidèles place Saint-Pierre, il fut aussi durement critiqué par une opposition conservatrice pour son supposé manque d’orthodoxie et une gouvernance jugée autoritaire.En témoignent les levées de boucliers suscitées par certaines décisions, comme l’ouverture des bénédictions de couples de même sexe fin 2023, ou la restriction des célébrations de la messe en latin.Ces critiques furent aussi alimentées par l’ombre de Benoît XVI, qui a résidé au Vatican jusqu’à sa mort fin 2022, nourrissant la saga des “deux papes”.La “guerre civile” au sein de l’Eglise a atteint des sommets avec les diatribes de certains cardinaux, notamment avant le Synode sur l’avenir de l’Eglise fin 2023.Le style détonant de François, qui a préféré un sobre deux-pièces de 70m² aux ors du palais apostolique, lui a aussi valu d’être accusé de désacraliser à l’excès la fonction.Le 266e pape, davantage intéressé par les “périphéries” de la planète que par les grands pays occidentaux, a aussi réorienté les débats au sein de l’Eglise, à l’image de son encyclique écologiste et sociale “Laudato si” en 2015, réquisitoire très remarqué contre la finance exaltant la sauvegarde de la planète.

Le pape François meurt à 88 ans au lendemain de Pâques

Le pape François est mort lundi matin au Vatican à 88 ans après une grave pneumonie, au terme de 12 ans d’un pontificat marqué par sa popularité chez les fidèles mais aussi une farouche opposition au sein même de l’Eglise catholique.Le corps de François sera mis en bière à 18H00 GMT dans la chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où vivait le pape, pour la constatation officielle du décès. La date des funérailles sera décidée par les cardinaux, en principe entre le 4e et le 6e jour après le décès. La dépouille sera auparavant exposée à la basilique Saint-Pierre.Une prière en public sera aussi organisée en milieu de journée place Saint-Pierre.”Ce matin à 07H35 (05H35 GMT), l’évêque de Rome, François, est retourné à la maison du Père. Il a dédié toute sa vie au service du Seigneur et de son Église”, a annoncé le cardinal camerlingue Kevin Farrell, chargé de gérer les affaires courantes jusqu’à l’élection d’un nouveau pape. A la mi-journée, la cloches de la basilique Saint-Pierre ont sonné le glas pour annoncer sa mort aux fidèles.Le pape argentin était sorti de l’hôpital le 23 mars après avoir été hospitalisé pendant 38 jours pour une double pneumonie, sa quatrième et plus longue hospitalisation depuis son élection en 2013. En dépit de l’avis des médecins lui ayant prescrit un strict repos de deux mois, il avait multiplié les apparitions publiques ces derniers jours, au contact des fidèles, de prisonniers ou de dirigeants.Apparu épuisé dimanche, à l’occasion des célébrations de Pâques, il s’était tout de même offert un bain de foule en “papamobile” auprès de milliers de fidèles sur la place Saint-Pierre.- “Brisé des barrières”-Le visage fermé, il avait été contraint de déléguer la lecture de sa bénédiction à un collaborateur, prononçant à peine quelques mots, à bout de souffle.De l’Iran à l’Allemagne en passant par Israël, l’UE, le Liban ou l’Autorité palestinienne, les dirigeants du monde entier ont rendu un hommage unanime à François.Le président français Emmanuel Macron a salué un homme qui a toujours été “aux côtés des plus vulnérables et des plus fragiles”.Le vice-président américain JD Vance, qui avait été reçu brièvement par François dimanche quelques heures avant sa mort, a adressé ses pensées “aux millions de chrétiens dans le monde qui l’aimaient” tandis que le président russe Vladimir Poutine a salué un “défenseur” de “l’humanisme et de la justice”.Au matin du lundi de Pâques, fête la plus importante de l’année chez les catholiques, et en pleine “Année sainte” de l’Eglise, de nombreux fidèles ont appris la nouvelle sur leur téléphone portable.”J’étais là par hasard, j’ai entendu la nouvelle dans un magasin à la radio, c’est un grand pape qui est parti”, a confié à l’AFP Fabio Malvesi, 66 ans. “Il a changé bien des choses, brisé des barrières, c’était une grande personne, simple.”Les cloches de la cathédrale Notre-Dame de Paris ont sonné 88 coups et de nombreuses paroisses ont annoncé des messes pour le pape.- Rituel simplifié -Problèmes de hanche, douleurs au genou, opérations, infections respiratoires: le pape, qui se déplaçait en fauteuil roulant, affichait une santé déclinante mais avait tenu à maintenir un rythme effréné.Une constitution prévoit des obsèques quatre à six jours après le décès et un délai de 15 à 20 jours pour organiser le conclave, lors duquel les 135 cardinaux électeurs, dont environ 80% choisis par François lui-même, auront la lourde tâche d’élire son successeur.François avait révélé fin 2023 qu’il souhaitait être inhumé dans la basilique Sainte-Marie Majeure, dans le centre de Rome, plutôt que dans la crypte de la basilique Saint-Pierre, une première depuis plus de trois siècles.Les alertes sur sa santé s’étaient multipliées ces derniers mois, alimentant les spéculations sur une possible renonciation dans la lignée de son prédécesseur Benoît XVI.Le chef spirituel de près de 1,4 milliard de catholiques avait déjà connu deux hospitalisations en 2023, dont une pour une lourde opération de l’abdomen, et avait été contraint d’annuler plusieurs engagements ces derniers mois. – Réformes multiples -Amateur de musique et de football, Jorge Mario Bergoglio, réfractaire aux vacances, enchaînait souvent une dizaine de rendez-vous par jour. Il avait même effectué en septembre le plus long voyage de son pontificat, aux confins de l’Asie et de l’Océanie.En 12 ans de pontificat, le premier pape jésuite et sud-américain de l’Histoire s’est engagé sans relâche pour la défense des migrants, l’environnement et la justice sociale sans remettre en cause les positions de l’Eglise sur l’avortement ou le célibat des prêtres.En février, il avait encore condamné les expulsions massives de migrants voulues par le président américain Donald Trump, s’attirant les foudres de la Maison Blanche.Opposant acharné au commerce des armes, l’ancien archevêque de Buenos Aires est toutefois resté impuissant face aux conflits en Ukraine ou au Proche-Orient, malgré d’innombrables appels à la paix.Ce politique madré au franc-parler abrasif a aussi voulu réformer une Curie – le gouvernement central du Saint-Siège – rongée par l’inertie, y développer la place des femmes et des laïcs et assainir les sulfureuses finances du Vatican.Face au drame de la pédocriminalité dans l’Eglise, il a levé le secret pontifical et obligé religieux et laïcs à signaler les cas à leur hiérarchie. Sans convaincre les associations de victimes, qui lui ont reproché de ne pas être allé assez loin.- “Périphéries” -Attaché au dialogue inter-religieux, notamment avec l’islam, il a défendu jusqu’au bout une Eglise “ouverte à tous”, s’attirant les foudres des mouvements populistes pour son soutien aux migrants.Si ce pape au style chaleureux a suscité une grande ferveur populaire, souhaitant chaque dimanche “bon appétit” aux fidèles place Saint-Pierre, il fut aussi durement critiqué par une opposition conservatrice pour son supposé manque d’orthodoxie et une gouvernance jugée autoritaire.En témoignent les levées de boucliers suscitées par certaines décisions, comme l’ouverture des bénédictions de couples de même sexe fin 2023, ou la restriction des célébrations de la messe en latin.Ces critiques furent aussi alimentées par l’ombre de Benoît XVI, qui a résidé au Vatican jusqu’à sa mort fin 2022, nourrissant la saga des “deux papes”.La “guerre civile” au sein de l’Eglise a atteint des sommets avec les diatribes de certains cardinaux, notamment avant le Synode sur l’avenir de l’Eglise fin 2023.Le style détonant de François, qui a préféré un sobre deux-pièces de 70m² aux ors du palais apostolique, lui a aussi valu d’être accusé de désacraliser à l’excès la fonction.Le 266e pape, davantage intéressé par les “périphéries” de la planète que par les grands pays occidentaux, a aussi réorienté les débats au sein de l’Eglise, à l’image de son encyclique écologiste et sociale “Laudato si” en 2015, réquisitoire très remarqué contre la finance exaltant la sauvegarde de la planète.

Sur la place Saint-Pierre, stupeur et recueillement: “Un grand pape est parti”

“C’est un grand pape qui est parti”, souffle Fabio Malvesi, encore sous le choc, comme de nombreux fidèles et touristes affluant place Saint-Pierre après l’annonce lundi matin de la mort à 88 ans du pape François.En ce lundi de Pâques, fête religieuse extrêmement importante et jour férié en Italie, beaucoup de Romains avaient prévu de passer par la place Saint-Pierre au Vatican.”J’étais là par hasard, j’ai entendu la nouvelle dans un magasin à la radio, c’est un grand pape qui est parti, il a changé bien des choses, brisé des barrières. C’était une grande personne, simple”, résume Fabio Malvesi, 66 ans, qui fume nerveusement une cigarette.Derrière lui, des équipes de télévision commencent à déployer leurs caméras sur la grande place entourée de la célèbre colonnade du Bernin, dominée par l’imposante silhouette de la basilique Saint-Pierre.”Hier on était à la messe de Pâques (…) et ce matin, en marchant, on a reçu des infos sur sa mort. Donc on est venu ici pour rendre hommage au pape parce que c’est une grande émotion, une grande tristesse pour toute la population”, explique Marius Cesbondarnaud, 17 ans, de Paris.Plus loin, des policiers discutent du dispositif de sécurité à mettre en place pour faire face à l’afflux de fidèles.Le préfet de police de la capitale italienne a convoqué une réunion en milieu de journée pour décider des mesures de sécurité à instaurer, aussi bien pour les fidèles que pour les personnalités du monde entier qui viendront pour les obsèques du pape argentin, dès que la date sera connue.Au bord des larmes, Cristina Borsetto ne peut s’empêcher de faire le lien entre le pape François, élu en 2013, et son fils cadet, né précisément cette année-là.”C’est un moment difficile pour nous chrétiens, encore plus pour notre famille, car cela me rappelle la naissance de mon fils”, explique cette femme au foyer, venue à Rome de Padoue (nord-est de l’Italie) pour le week-end pascal.”C’est un pape qui a toujours été d’une extrême spontanéité et simplicité (…) Il représentait Dieu, l’autorité suprême de l’Église, mais il n’était pas trop éloigné des gens ordinaires”, rappelle-t-elle.- Glas -Alors que le glas a commencé à résonner à partir de 10H35 (08H35 GMT) dans toutes les églises de Rome, deux couples de touristes français ont le sentiment de vivre “un moment historique”.”Ça nous a fait quelque chose, ce sont des Romains qui nous l’ont annoncé, ils étaient tristes. On partage leur tristesse, sans être plus croyants que ça”, résume Pascale Girard, 57 ans.”C’était un pape qui était quand même proche des gens, peut-être un peu plus pauvres. Il venait d’Amérique latine et de ce côté-là, ça avait tranché avec Benoît (XVI, son prédécesseur allemand, NDLR). On a trouvé que c’était un pape humain, moderne”, insiste-t-elle.En cette année de Jubilé, une “année sainte” organisée tous les 25 ans, des pèlerins du monde entier convergent vers Rome et ce lundi ne fait pas exception à la règle: ils sont des milliers, italiens, sud-américains ou philippins, à se diriger vers Saint-Pierre.Ils sont cornaqués par des bénévoles portant des chasubles vertes, comme Royben Noris qui a du mal à cacher sa tristesse: “Nous sommes vraiment tous étonnés parce qu’hier (dimanche), il était sur la Place Saint-Pierre, il a fait le tour complet de la place sans assistance ni oxygène”.”Cela avait été une grande joie pour tout le monde de le voir à nouveau sur la Place Saint-Pierre”, raconte ce Vénézuélien de 33 ans, trop ému pour pouvoir continuer à parler.”Malheureusement, nous nous y attendions tous, mais après sa sortie de l’hôpital, je ne pensais pas que c’était imminent (…) C’est triste…”, déplore Valeria De Filippis, 37 ans.

Sur la place Saint-Pierre, stupeur et recueillement: “Un grand pape est parti”

“C’est un grand pape qui est parti”, souffle Fabio Malvesi, encore sous le choc, comme de nombreux fidèles et touristes affluant place Saint-Pierre après l’annonce lundi matin de la mort à 88 ans du pape François.En ce lundi de Pâques, fête religieuse extrêmement importante et jour férié en Italie, beaucoup de Romains avaient prévu de passer par la place Saint-Pierre au Vatican.”J’étais là par hasard, j’ai entendu la nouvelle dans un magasin à la radio, c’est un grand pape qui est parti, il a changé bien des choses, brisé des barrières. C’était une grande personne, simple”, résume Fabio Malvesi, 66 ans, qui fume nerveusement une cigarette.Derrière lui, des équipes de télévision commencent à déployer leurs caméras sur la grande place entourée de la célèbre colonnade du Bernin, dominée par l’imposante silhouette de la basilique Saint-Pierre.”Hier on était à la messe de Pâques (…) et ce matin, en marchant, on a reçu des infos sur sa mort. Donc on est venu ici pour rendre hommage au pape parce que c’est une grande émotion, une grande tristesse pour toute la population”, explique Marius Cesbondarnaud, 17 ans, de Paris.Plus loin, des policiers discutent du dispositif de sécurité à mettre en place pour faire face à l’afflux de fidèles.Le préfet de police de la capitale italienne a convoqué une réunion en milieu de journée pour décider des mesures de sécurité à instaurer, aussi bien pour les fidèles que pour les personnalités du monde entier qui viendront pour les obsèques du pape argentin, dès que la date sera connue.Au bord des larmes, Cristina Borsetto ne peut s’empêcher de faire le lien entre le pape François, élu en 2013, et son fils cadet, né précisément cette année-là.”C’est un moment difficile pour nous chrétiens, encore plus pour notre famille, car cela me rappelle la naissance de mon fils”, explique cette femme au foyer, venue à Rome de Padoue (nord-est de l’Italie) pour le week-end pascal.”C’est un pape qui a toujours été d’une extrême spontanéité et simplicité (…) Il représentait Dieu, l’autorité suprême de l’Église, mais il n’était pas trop éloigné des gens ordinaires”, rappelle-t-elle.- Glas -Alors que le glas a commencé à résonner à partir de 10H35 (08H35 GMT) dans toutes les églises de Rome, deux couples de touristes français ont le sentiment de vivre “un moment historique”.”Ça nous a fait quelque chose, ce sont des Romains qui nous l’ont annoncé, ils étaient tristes. On partage leur tristesse, sans être plus croyants que ça”, résume Pascale Girard, 57 ans.”C’était un pape qui était quand même proche des gens, peut-être un peu plus pauvres. Il venait d’Amérique latine et de ce côté-là, ça avait tranché avec Benoît (XVI, son prédécesseur allemand, NDLR). On a trouvé que c’était un pape humain, moderne”, insiste-t-elle.En cette année de Jubilé, une “année sainte” organisée tous les 25 ans, des pèlerins du monde entier convergent vers Rome et ce lundi ne fait pas exception à la règle: ils sont des milliers, italiens, sud-américains ou philippins, à se diriger vers Saint-Pierre.Ils sont cornaqués par des bénévoles portant des chasubles vertes, comme Royben Noris qui a du mal à cacher sa tristesse: “Nous sommes vraiment tous étonnés parce qu’hier (dimanche), il était sur la Place Saint-Pierre, il a fait le tour complet de la place sans assistance ni oxygène”.”Cela avait été une grande joie pour tout le monde de le voir à nouveau sur la Place Saint-Pierre”, raconte ce Vénézuélien de 33 ans, trop ému pour pouvoir continuer à parler.”Malheureusement, nous nous y attendions tous, mais après sa sortie de l’hôpital, je ne pensais pas que c’était imminent (…) C’est triste…”, déplore Valeria De Filippis, 37 ans.

Sur la place Saint-Pierre, stupeur et recueillement: “Un grand pape est parti”

“C’est un grand pape qui est parti”, souffle Fabio Malvesi, encore sous le choc, comme de nombreux fidèles et touristes affluant place Saint-Pierre après l’annonce lundi matin de la mort à 88 ans du pape François.En ce lundi de Pâques, fête religieuse extrêmement importante et jour férié en Italie, beaucoup de Romains avaient prévu de …

Sur la place Saint-Pierre, stupeur et recueillement: “Un grand pape est parti” Read More »

Mort du pape François à 88 ans au lendemain de Pâques

Le pape François est mort lundi matin au Vatican à 88 ans des suites d’une sévère pneumonie, au terme de 12 ans d’un pontificat marqué par sa popularité chez les fidèles mais aussi une farouche opposition au sein même de l’Eglise catholique.”Ce matin à 07H35 (05H35 GMT), l’évêque de Rome, François, est retourné à la maison du Père. Il a dédié toute sa vie au service du Seigneur et de son Église”, a annoncé le cardinal camerlingue Kevin Farrell, chargé de gérer les affaires courantes jusqu’à l’élection d’un nouveau pape. A la mi-journée, la cloches de la basilique Saint-Pierre ont sonné le glas pour annoncer sa mort aux fidèles.Le pape argentin était sorti de l’hôpital le 23 mars après avoir été hospitalisé pendant 38 jours pour une double pneumonie, sa quatrième et plus longue hospitalisation depuis son élection en 2013. En dépit de l’avis des médecins lui ayant prescrit un strict repos de deux mois, il avait multiplié les apparitions publiques ces derniers jours, au contact des fidèles, de prisonniers ou de dirigeants.Dimanche, à l’occasion des célébrations de Pâques, il était apparu très affaibli mais s’était offert un bain de foule en “papamobile” au milieu de milliers de fidèles sur la place Saint-Pierre. Le visage fermé, visiblement éprouvé, il avait toutefois été contraint de déléguer la lecture de son bénédiction à un collaborateur, prononçant à peine quelques mots, la voix essoufflée.Selon le rituel, le corps sera porté dans la chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où vivait le pape. Son décès doit être officiellement constaté dans la soirée. Une prière du rosaire sera aussi organisée “en milieu de journée” place Saint-Pierre.De l’Iran à l’Allemagne en passant par Israël, le Liban, l’Autorité palestinienne ou l’Espagne, les réactions se sont succédé dans le monde entier aussitôt après l’annonce de son décès.Le président français Emmanuel Macron a adressé “ses condoléances aux catholiques du monde entier”, rendant hommage à un homme qui a toujours été “aux côtés des plus vulnérables et des plus fragiles”.Le vice-président américain JD Vance, qui avait été reçu brièvement par François dimanche quelques heures avant sa mort, a adressé ses pensées “aux millions de chrétiens dans le monde qui l’aimaient” tandis que le président russe Vladimir Poutine a salué un “défenseur” de “l’humanisme et de la justice”.Au matin du lundi de Pâques, de nombreux fidèles ont appris la nouvelle sur leur téléphone portable tandis que les églises de Rome sonnaient le glas.”J’étais là par hasard, j’ai entendu la nouvelle dans un magasin à la radio, c’est un grand pape qui est parti”, a confié à l’AFP Fabio Malvesi, 66 ans. “Il a changé bien des choses, brisé des barrières, c’était une grande personne, simple.”Les cloches de la cathédrale Notre-Dame de Paris ont sonné 88 coups et de nombreuses paroisses ont annoncé des messes pour le pape.- Rituel simplifié -Problèmes de hanche, douleurs au genou, opérations, infections respiratoires: le pape, qui se déplaçait en fauteuil roulant, affichait une santé déclinante mais avait tenu à maintenir un rythme effréné.Une constitution prévoit des obsèques pendant neuf jours et un délai de 15 à 20 jours pour organiser le conclave, lors duquel les cardinaux électeurs, dont près de 80% choisis par François lui-même, auront la lourde tâche d’élire son successeur.Entre-temps, c’est le cardinal camerlingue, l’Irlandais Kevin Farrell, qui gèrera les affaires courantes.François avait révélé fin 2023 qu’il souhaitait être inhumé dans la basilique Sainte-Marie Majeure, dans le centre de Rome, plutôt que dans la crypte de la basilique Saint-Pierre, une première depuis plus de trois siècles.Les alertes sur sa santé s’étaient multipliées ces derniers temps, alimentant les spéculations sur une éventuelle renonciation dans la lignée de son prédécesseur Benoît XVI.Le chef spirituel de près de 1,4 milliard de catholiques avait déjà connu deux hospitalisations en 2023, dont une pour une lourde opération de l’abdomen, et avait été contraint d’annuler plusieurs engagements ces derniers mois. Amateur de musique et de football, François, réfractaire aux vacances, enchaînait souvent une dizaine de rendez-vous par jour. Il avait même effectué en septembre le plus long voyage de son pontificat, un périple de 12 jours aux confins de l’Asie du Sud-Est et de l’Océanie.- Réformes multiples -En 12 ans de pontificat, le premier pape jésuite et sud-américain de l’Histoire s’est engagé sans relâche pour la défense des migrants, l’environnement et la justice sociale sans remettre en cause les positions de l’Eglise sur l’avortement ou le célibat des prêtres.En février, il avait encore condamné les expulsions massives de migrants voulues par le président américain Donald Trump, s’attirant les foudres de la Maison Blanche.Opposant acharné au commerce des armes, l’ancien archevêque de Buenos Aires est toutefois resté impuissant face aux conflits en Ukraine ou au Proche-Orient, malgré d’innombrables appels à la paix.Ce politique madré au franc-parler abrasif a aussi voulu réformer une Curie – le gouvernement central du Saint-Siège – rongée par l’inertie, y développer la place des femmes et des laïcs et assainir les sulfureuses finances du Vatican.Face au drame de la pédocriminalité dans l’Eglise, il a levé le secret pontifical et obligé religieux et laïcs à signaler les cas à leur hiérarchie. Sans convaincre les associations de victimes, qui lui ont reproché de ne pas être allé assez loin.- “Périphéries” -Attaché au dialogue inter-religieux, notamment avec l’islam, il a défendu jusqu’au bout une Eglise “ouverte à tous”, s’attirant les foudres des mouvements populistes pour son soutien aux migrants.Si ce pape au style chaleureux a suscité une grande ferveur populaire, souhaitant chaque dimanche “bon appétit” aux fidèles place Saint-Pierre, il fut aussi durement critiqué par une opposition conservatrice pour son supposé manque d’orthodoxie et une gouvernance jugée autoritaire.En témoignent les levées de boucliers suscitées par certaines décisions, comme l’ouverture des bénédictions de couples de même sexe fin 2023, ou la restriction des célébrations de la messe en latin.Ces critiques furent aussi alimentées par l’ombre de Benoît XVI, qui a résidé au Vatican jusqu’à sa mort fin 2022, nourrissant la saga des “deux papes”.La “guerre civile” au sein de l’Eglise a atteint des sommets avec les diatribes de certains cardinaux, notamment avant le Synode sur l’avenir de l’Eglise fin 2023.Le style détonant de François, qui a préféré un sobre deux-pièces de 70m² aux ors du palais apostolique, lui a aussi valu d’être accusé de désacraliser à l’excès la fonction.Le 266e pape, davantage intéressé par les “périphéries” de la planète que par les grands pays occidentaux, a aussi réorienté les débats au sein de l’Eglise, à l’image de son encyclique écologiste et sociale “Laudato si” en 2015, réquisitoire très remarqué contre la finance exaltant la sauvegarde de la planète.