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Procès Le Scouarnec: la personnalité de l’accusé au coeur du deuxième jour d’audience
Le procès de Joël Le Scouarnec, jugé depuis lundi par la cour criminelle du Morbihan pour des viols et agressions sexuelles sur 299 jeunes victimes, a repris mardi pour une deuxième journée où doit être sondée la personnalité de l’ancien chirurgien, avec le témoignage attendu de son ex-épouse.Défileront à la barre un enquêteur de personnalité mais surtout les trois enfants de l’accusé et leur mère, qui affirme ne jamais avoir eu le moindre soupçon sur la pédocriminalité de son mari. Malgré des écrits de ce dernier laissant penser le contraire, et malgré une première condamnation du chirurgien pour détention d’images pédopornographiques en 2005, déjà à Vannes.”Je n’étais pas au courant de ses penchants, de ses poupées. Je n’ai eu connaissance de ses cahiers qu’après son interpellation”, assurait-elle début février dans une interview au quotidien Ouest-France.Pauline, une des victimes, confiait à l’AFP avant l’audience son espoir d’avoir “des réponses”. “J’espère qu’elle va nous dire la vérité surtout. On attend de savoir si elle ne savait pas ou s’il nous ment (…) On a beaucoup de doutes”.”Aujourd’hui, je trouve que c’est une étape importante du procès, vraiment (…) Et ce serait bien de savoir le début de l’histoire, même si ça n’enlève rien à ce qu’il nous a fait, parce que c’est atroce”, a ajouté Pauline.- “ce silence” -Pour la Fondation pour l’enfance, qui s’est constituée partie civile, l’enjeu de l’audience est que les victimes aient “quelques réponses à leurs questions” et des clés de compréhension du “fonctionnement familial”: “pourquoi ce silence, pourquoi cette incapacité à parler, (…) quels ont pu être les blocages familiaux, notamment de son ex-femme, mais qui sont des blocages finalement assez classiques dans notre société”, a déclaré Joëlle Sicamois, sa directrice.Lundi, l’accusé, âgé de 74 ans, crâne chauve entouré de cheveux blancs, porteur de lunettes et vêtu d’une veste noire, a pris la parole pour la première fois. “Si je comparais devant vous c’est qu’effectivement un jour, alors que pour la plupart ce n’étaient que des enfants, j’ai commis des actes odieux”, a-t-il déclaré en fin d’audience, d’une voix hésitante.”Je suis parfaitement conscient aujourd’hui que ces blessures sont ineffaçables, irréparables”, a-t-il ajouté, disant vouloir “assumer la responsabilité” de ses actes.Au cours d’un propos liminaire, la présidente de la cour Aude Buresi a assuré à l’accusé que “devant cette cour, vous n’êtes ni un objet de curiosité, ni un sujet d’études, ni un débat de société. Mais un justiciable avec un certain nombre de droits”.Selon Me Cécile de Oliveira, qui défend plusieurs victimes, Joël Le Scouarnec réagit “sur un ensemble de crimes et de délits qui lui sont reprochés, qui est une litanie extrêmement longue (…) et je dirais qu’il réagit d’une manière ultra adaptée, parce que je pense que c’est un homme qui sait s’adapter d’une façon exceptionnelle”.- “pédophile” revendiqué -L’audience de lundi a donné lieu à une passe d’armes entre avocats de parties civiles, certains dénonçant la constitution de parties civiles du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) et du Conseil départemental de l’Ordre des médecins du Morbihan, dont ils dénoncent l’inaction.L’avocate Negar Haeri a rappelé que le CNOM “défend les intérêts collectifs de la profession, qui ont été salis par les agissements reprochés à Joël Le Scouarnec, la place du conseil est donc sur le banc des parties civiles aux cotés des victimes”.L’ancien chirurgien consignait méticuleusement dans des carnets et des fichiers le nom, l’âge et l’adresse de ses victimes ainsi que les violences infligées, souvent sous couvert de geste médical.Ses journaux intimes, et l’ampleur inédite de cette affaire, ont été découverts lors d’une perquisition à son domicile en 2017, après que sa voisine de six ans l’a dénoncé auprès de ses parents pour viol.Déjà condamné en 2020 à Saintes (Charente-Maritime) à 15 ans de prison pour viols et agressions sexuelles sur quatre enfants, dont deux nièces, l’ancien médecin est désormais jugé pour des actes perpétrés entre 1989 et 2014 dans plusieurs hôpitaux de l’ouest de la France.Au total, Joël Le Scouarnec, qui se revendique “pédophile” depuis des décennies dans ses écrits, est jugé pour 111 viols et 189 agressions sexuelles, aggravés par le fait qu’il abusait de sa fonction de médecin. Il encourt une peine maximale de 20 ans de réclusion.Le verdict est attendu le 6 juin.
Remise par Bucarest de Mohamed Amra à la France attendue dans les prochaines heures
Le narcotrafiquant Mohamed Amra, arrêté samedi en Roumanie, a finalement décidé de faire appel de sa détention mais il devrait malgré tout être remis dans les prochaines heures aux autorités françaises.Une source roumaine qui n’a pas souhaité être identifiée, invoquant des raisons de sécurité, a annoncé à l’AFP son renvoi imminent dans son pays.”Nous sommes tout à fait confiants dans l’idée que Mohamed Amra pourra être remis dans les jours prochains”, avait également assuré plus tôt la procureure de Paris, Laure Beccuau, sur franceinfo.”Ce qui est certain (…), c’est que la décision de remise est aujourd’hui définitive et la coopération avec les autorités roumaines nous permet d’augurer une remise extrêmement rapide”, a-t-elle ajouté.Le multirécidiviste de 30 ans avait accepté dimanche son renvoi en France avant de contester sa détention.”Comme il conteste sa culpabilité” et qu’il “est victime d’une erreur judiciaire”, “nous avons fait appel pour qu’il soit libéré”, a déclaré à l’AFP son avocate, Maria Marcu. La justice roumaine n’a pas encore examiné cet appel, mais il devrait être jugé irrecevable, la décision de le renvoyer dans son pays étant “finale” selon le droit roumain, ont expliqué deux sources judiciaires.- Chirurgie esthétique -Mohamed Amra a été arrêté samedi en Roumanie où il vivait avec de faux papiers depuis le 8 février après avoir été installé par des complices dans un appartement de la banlieue de Bucarest, selon la police roumaine. “L’hypothèse la plus probable” est qu’il soit resté en France, jusqu’à son départ en Roumanie début février, a confié une source proche de l’enquête lundi à l’AFP.Surnommé la “mouche”, Mohamed Amra attendait de faire de la chirurgie esthétique avant de fuir en Colombie, sans toutefois avoir encore entrepris de démarches concrètes, selon les autorités roumaines.Il se trouve actuellement détenu sous haute sécurité en l’attente de son renvoi vers la France.”Il m’a été confirmé que la décision était définitive et que nul recours, y compris un pourvoi, n’était susceptible de remettre en cause les délais de remise”, a assuré Mme Beccuau.Selon la magistrate, une réunion a eu lieu lundi pour étudier dans quelle prison française il serait incarcéré à son retour.- Sécurité renforcée pour son transfert – Sa remise “se fera sous les conditions de sécurité les plus hautes, les plus renforcées”, a-t-elle indiqué, tout en insistant sur l’importance du “secret” dans cette enquête de la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco).”Gérald Darmanin a demandé que Mohamed Amra soit placé dans un quartier d’isolement, dans un établissement pénitentiaire présentant un très haut niveau de sécurité”, a souligné de son côté l’entourage du ministre de la Justice.Son évasion datait du 14 mai 2024, lorsque le détenu avait été extrait de sa cellule en Normandie pour être amené à un juge d’instruction qui devait l’interroger.Un commando en avait alors profité pour attaquer à la voiture-bélier et aux fusils d’assaut le fourgon dans lequel il se trouvait, tuant deux agents pénitentiaires et en blessant trois autres. Trois jours après son arrestation, 22 personnes se trouvent toujours en garde à vue en France, a indiqué Mme Beccuau mardi matin. Deux Français ont été arrêtés au Maroc et un autre homme en Espagne. “Un certain nombre de membres du commando pourraient se trouver au sein de ces gardes à vue”, a poursuivi Mme Beccuau. “L’ensemble des auditions permettront de crédibiliser ou pas les pistes que nous avons pu construire”.Selon elle, “dans son environnement, il y a effectivement un certain nombre de personnes qui peuvent appartenir” à la “Black Mafia Family”, une organisation criminelle spécialisée dans le trafic de stupéfiants, “dont l’activité mérite d’être creusée”.Selon une source proche du dossier, deux nouvelles interpellations ont eu lieu dans la nuit de lundi à mardi.Preuve du caractère hors norme de l’enquête sur son évasion: tout au long de sa cavale, “100 à 150” enquêteurs de la police judiciaire ont travaillé au quotidien sur ce dossier devenu symbole de l’emprise du narcotrafic en France, a rappelé lundi Christian Sainte, le patron de la police judiciaire.ani-anb-bg-jpa-tll-edy/mat/cnÂ
Corée du Sud: le président Yoon réfute à son procès toute volonté d'”insurrection”
Le président sud-coréen suspendu Yoon Suk Yeol a réfuté mardi à son procès toute volonté d'”insurrection” lors de sa tentative ratée d’imposer la loi martiale, qui avait plongé le pays dans une crise inédite.”L’opposition prétend que j’ai décrété la loi martiale pour établir une dictature et étendre mon pouvoir. Il s’agit d’un plan fabriqué de toutes pièces pour m’accuser d’insurrection”, a déclaré M. Yoon en clotûre d’une audience de la Cour constitutionnelle.La Corée du Sud faisait face à “une crise existentielle”, a-t-il ajouté pour tenter de justifier sa décision d’instaurer la loi martiale le 3 décembre 2024.Plus de deux mois et demi après, la Cour constitutionnelle tenait mardi la dernière audience du procès en destitution du président Yoon avant de décider de son sort : déchéance définitive ou retour au pouvoir.La Corée du Sud est plongée dans le chaos politique depuis que l’ancien procureur vedette a mis fin au régime civil pendant quelques heures, dans un coup de force rapidement contrecarré par les députés.Le procureur Lee Gum-gyu a parlé avec émotion de son fils, un soldat en service qui, selon lui, aurait été contraint d’appliquer la loi martiale instaurée par M. Yoon.”En tant que citoyen et père, j’éprouve un sentiment de rage et de trahison à l’égard de M. Yoon, qui a tenté de transformer mon fils en soldat de la loi martiale”, a-t-il déclaré devant le tribunal.Chargé de présenter des arguments en faveur de la destitution du président, le député de l’opposition Jung Chung-rae a de son côté déclaré, en clôture de l’audience, qu”‘un nombre élevé de personnes n’aurait pas eu la vie sauve si la loi martiale était restée en vigueur”.Les huit juges de la Cour constitutionnelle devaient ensuite délibérer. Il leur faudra choisir entre entériner la motion de destitution votée par le Parlement, et ainsi démettre définitivement le dirigeant conservateur, ou bien le rétablir dans ses fonctions.A l’extérieur du tribunal, des partisans de M. Yoon se sont rassemblés en criant “halte à la destitution!”. Ils brandissaient des pancartes hostiles à la Corée du Nord et au Parti communiste chinois, que le camp du président accuse, sans preuves, d’avoir truqué les législatives de l’an dernier pour favoriser l’opposition.Un verdict est attendu pour la mi-mars.Les deux ex-présidents jugés dans des circonstances comparables, Park Geun-hye (destituée et emprisonnée) et Roh Moo-hyun (réinvesti), avaient connu leur sort respectivement 11 et 14 jours après la fin des débats.Si M. Yoon était destitué, une nouvelle élection présidentielle devrait avoir lieu dans les 60 jours. Cette issue requiert le vote favorable de six juges, avec un verdict attendu mi-mars.- “Dictature législative” -M. Yoon, 64 ans, a été suspendu par l’Assemblée nationale, arrêté — une première pour un chef d’Etat en titre dans le pays — puis placé en détention. Il est parallèlement jugé depuis le 20 février par le tribunal central de Séoul pour “insurrection”, un crime passible de la peine de mort.Le soir de son annonce choc, le président avait fait part de sa volonté de protéger le pays des “forces communistes nord-coréennes” et d'”éliminer les éléments hostiles à l’Etat”.La loi martiale peut être employée en cas d’urgence nationale majeure, comme une guerre.Pour l’opposition, le président a pris des mesures extraordinaires injustifiées.Kim Hong-il, l’un de ses avocats, a affirmé quant à lui que la suspension du régime civil n’avait “pas vocation à paralyser l’Etat”.Selon lui, son objectif était “d’alerter la population concernant la crise nationale provoquée par la dictature législative du parti d’opposition dominant, qui avait entravé l’administration”.Largement acquis aux adversaires de M. Yoon, le Parlement torpillait tous ses projets, dont celui de budget.Par ailleurs, l’équipe juridique de l’ancien procureur affirme que l’instauration de la loi martiale était nécessaire pour enquêter sur de prétendues fraudes électorales lors du scrutin législatif de 2024 remporté haut la main par le Parti démocrate, principale force d’opposition.Selon une étude de l’institut Realmeter publiée lundi, 52% des Sud-Coréens sont pour la destitution du président.
Corée du Sud: le président Yoon réfute à son procès toute volonté d'”insurrection”
Le président sud-coréen suspendu Yoon Suk Yeol a réfuté mardi à son procès toute volonté d'”insurrection” lors de sa tentative ratée d’imposer la loi martiale, qui avait plongé le pays dans une crise inédite.”L’opposition prétend que j’ai décrété la loi martiale pour établir une dictature et étendre mon pouvoir. Il s’agit d’un plan fabriqué de toutes pièces pour m’accuser d’insurrection”, a déclaré M. Yoon en clotûre d’une audience de la Cour constitutionnelle.La Corée du Sud faisait face à “une crise existentielle”, a-t-il ajouté pour tenter de justifier sa décision d’instaurer la loi martiale le 3 décembre 2024.Plus de deux mois et demi après, la Cour constitutionnelle tenait mardi la dernière audience du procès en destitution du président Yoon avant de décider de son sort : déchéance définitive ou retour au pouvoir.La Corée du Sud est plongée dans le chaos politique depuis que l’ancien procureur vedette a mis fin au régime civil pendant quelques heures, dans un coup de force rapidement contrecarré par les députés.Le procureur Lee Gum-gyu a parlé avec émotion de son fils, un soldat en service qui, selon lui, aurait été contraint d’appliquer la loi martiale instaurée par M. Yoon.”En tant que citoyen et père, j’éprouve un sentiment de rage et de trahison à l’égard de M. Yoon, qui a tenté de transformer mon fils en soldat de la loi martiale”, a-t-il déclaré devant le tribunal.Chargé de présenter des arguments en faveur de la destitution du président, le député de l’opposition Jung Chung-rae a de son côté déclaré, en clôture de l’audience, qu”‘un nombre élevé de personnes n’aurait pas eu la vie sauve si la loi martiale était restée en vigueur”.Les huit juges de la Cour constitutionnelle devaient ensuite délibérer. Il leur faudra choisir entre entériner la motion de destitution votée par le Parlement, et ainsi démettre définitivement le dirigeant conservateur, ou bien le rétablir dans ses fonctions.A l’extérieur du tribunal, des partisans de M. Yoon se sont rassemblés en criant “halte à la destitution!”. Ils brandissaient des pancartes hostiles à la Corée du Nord et au Parti communiste chinois, que le camp du président accuse, sans preuves, d’avoir truqué les législatives de l’an dernier pour favoriser l’opposition.Un verdict est attendu pour la mi-mars.Les deux ex-présidents jugés dans des circonstances comparables, Park Geun-hye (destituée et emprisonnée) et Roh Moo-hyun (réinvesti), avaient connu leur sort respectivement 11 et 14 jours après la fin des débats.Si M. Yoon était destitué, une nouvelle élection présidentielle devrait avoir lieu dans les 60 jours. Cette issue requiert le vote favorable de six juges, avec un verdict attendu mi-mars.- “Dictature législative” -M. Yoon, 64 ans, a été suspendu par l’Assemblée nationale, arrêté — une première pour un chef d’Etat en titre dans le pays — puis placé en détention. Il est parallèlement jugé depuis le 20 février par le tribunal central de Séoul pour “insurrection”, un crime passible de la peine de mort.Le soir de son annonce choc, le président avait fait part de sa volonté de protéger le pays des “forces communistes nord-coréennes” et d'”éliminer les éléments hostiles à l’Etat”.La loi martiale peut être employée en cas d’urgence nationale majeure, comme une guerre.Pour l’opposition, le président a pris des mesures extraordinaires injustifiées.Kim Hong-il, l’un de ses avocats, a affirmé quant à lui que la suspension du régime civil n’avait “pas vocation à paralyser l’Etat”.Selon lui, son objectif était “d’alerter la population concernant la crise nationale provoquée par la dictature législative du parti d’opposition dominant, qui avait entravé l’administration”.Largement acquis aux adversaires de M. Yoon, le Parlement torpillait tous ses projets, dont celui de budget.Par ailleurs, l’équipe juridique de l’ancien procureur affirme que l’instauration de la loi martiale était nécessaire pour enquêter sur de prétendues fraudes électorales lors du scrutin législatif de 2024 remporté haut la main par le Parti démocrate, principale force d’opposition.Selon une étude de l’institut Realmeter publiée lundi, 52% des Sud-Coréens sont pour la destitution du président.
Au Cachemire indien, derrière le fracas des armes la bataille de la terre
C’est un autre front du conflit meurtrier qui déchire le Cachemire indien. Une sourde bataille foncière qui oppose le gouvernement ultranationaliste hindou aux agriculteurs musulmans expropriés à la faveur de grands travaux d’infrastructures.Longtemps, Musadiq Hussain, 41 ans, a fait sa vie en cultivant son lopin de terre autour de Srinagar, la principale ville de la région. Jusqu’à ce que, dit-il, des pelleteuses protégées par des soldats viennent “détruire” sa parcelle de riz.  “C’est très perturbant”, lâche l’agriculteur. “J’ai l’impression que mon esprit s’est rétréci, tout comme ma terre…”Sa parcelle avait pour tort de mordre sur le tracé d’une autoroute de 60 kilomètres voulue par New Delhi pour désenclaver le territoire.Depuis leur partition meurtrière en 1947 à leur indépendance, l’Inde et le Pakistan se disputent la souveraineté de tout le Cachemire, à majorité musulmane, divisé entre les deux pays.Dans la partie indienne, une rébellion séparatiste a fait plusieurs dizaines de milliers de victimes depuis 1989. New Delhi y a déployé un contingent de quelque 500.000 soldats.En abolissant le statut de semi-autonomie du Cachemire indien en 2019 – vieille revendication des nationalistes hindous – le Premier ministre Narendra Modi y a lancé d’ambitieux travaux d’infrastructures: route, rail, logements…Lui-même répète depuis à chaque discours que le Cachemire et ses 12 millions d’habitants sont entrés dans une “nouvelle ère de paix” et de “développement sans précédent”.- “Colonialisme” -L’autoroute va doper le commerce, servir le tourisme et renforcer la sécurité en facilitant l’accès des troupes aux frontières du Pakistan ou de la Chine, a plaidé le gouvernement.Musadiq Hussain n’en croit pas un mot. “Des projets comme celui-là nous pompent le sang. Je ne comprends vraiment pas à quoi ils servent”.”Les agriculteurs du Cachemire (…) sont dépossédés de leurs terres et de leurs moyens de subsistance au nom du développement de l’Inde”, accuse Goldie Osuri, enseignante à l’université de Warwick (Royaume-Uni).L’agriculture contribuait à hauteur de 16,9% du Produit intérieur brut (PIB) du Cachemire pendant l’année fiscale 2022-2023.”Cette autosuffisance a permis à la population de survivre à des décennies de couvre-feux, grèves ou émeutes”, note Mme Osuri.L’autoroute de Srinagar n’est pas la seule en cause. Autour d’elle, les autorités veulent construire une vingtaine de quartiers d’habitations.”Ce que nous voyons sous nos yeux, ce n’est ni plus ni moins qu’un effort d’appropriation des terres de type colonial”, dénonce encore Goldie Osuri, “un projet d’hindouisation du Cachemire aux dépens des Cachemiris musulmans”.Dans les années 1950 et 1960, une réforme foncière a octroyé des petits lopins de terre à des centaines de milliers de petits paysans du cru, pour l’essentiel de confession musulmane.Mais quand il a repris les rênes de la région en 2019, le pouvoir central a autorisé tous les Indiens à acquérir des terres et en a même octroyé des parcelles entières à des entreprises.Les statistiques de ces acquisitions n’ont pas été rendues publiques.- Question d’identité -En décembre, plus de 240 hectares de vergers ont ainsi été attribués à la construction d’un nouveau campus universitaire. “Ça va nous conduire tout droit au chômage”, se plaint un producteur de fruits sous couvert d’anonymat.”Tout cela relève d’un accaparement des terres en bonne et due forme, et d’une lente destruction de l’environnement”, dénonce un élu du district, Waheed-Ur-Rehman Para.En 2021, la revue de droit de la prestigieuse université américaine de Harvard a comparé la politique foncière de New Delhi au Cachemire à celle de “l’expropriation des terres indigènes en Palestine ou en Australie”.En outre, les autorités indiennes saisissent régulièrement des terres ou des propriétés appartenant à ceux qu’elles considèrent comme proches de la rébellion séparatiste.Toutes ces opérations et décisions foncières nourrissent la colère des populations.Dans le village de Dirhama, les autorités veulent opérer des coupes claires dans les vergers pour construire une gare sur une voie ferrée qui desservira le site d’un pèlerinage hindou.”Cette terre (…) c’est tout ce que nous avons”, enrage un producteur de pommes, Mohammad Ramzan, 78 ans. “Ma famille va mourir dès qu’ils vont poser leur scie sur le premier de mes arbres”, anticipe Ghulam Mohammad Tantray.Le chef de l’exécutif local Omar Abdullah, vainqueur du parti de Narendra Modi aux élections locales de l’automne, s’est lui aussi publiquement inquiété de cette bataille de la terre.”Notre identité est intimement liée à notre terre”, a-t-il déclaré récemment. “Et nous voulons la garder. Sans elle, que nous resterait-il?”
Au Cachemire indien, derrière le fracas des armes la bataille de la terre
C’est un autre front du conflit meurtrier qui déchire le Cachemire indien. Une sourde bataille foncière qui oppose le gouvernement ultranationaliste hindou aux agriculteurs musulmans expropriés à la faveur de grands travaux d’infrastructures.Longtemps, Musadiq Hussain, 41 ans, a fait sa vie en cultivant son lopin de terre autour de Srinagar, la principale ville de la région. Jusqu’à ce que, dit-il, des pelleteuses protégées par des soldats viennent “détruire” sa parcelle de riz.  “C’est très perturbant”, lâche l’agriculteur. “J’ai l’impression que mon esprit s’est rétréci, tout comme ma terre…”Sa parcelle avait pour tort de mordre sur le tracé d’une autoroute de 60 kilomètres voulue par New Delhi pour désenclaver le territoire.Depuis leur partition meurtrière en 1947 à leur indépendance, l’Inde et le Pakistan se disputent la souveraineté de tout le Cachemire, à majorité musulmane, divisé entre les deux pays.Dans la partie indienne, une rébellion séparatiste a fait plusieurs dizaines de milliers de victimes depuis 1989. New Delhi y a déployé un contingent de quelque 500.000 soldats.En abolissant le statut de semi-autonomie du Cachemire indien en 2019 – vieille revendication des nationalistes hindous – le Premier ministre Narendra Modi y a lancé d’ambitieux travaux d’infrastructures: route, rail, logements…Lui-même répète depuis à chaque discours que le Cachemire et ses 12 millions d’habitants sont entrés dans une “nouvelle ère de paix” et de “développement sans précédent”.- “Colonialisme” -L’autoroute va doper le commerce, servir le tourisme et renforcer la sécurité en facilitant l’accès des troupes aux frontières du Pakistan ou de la Chine, a plaidé le gouvernement.Musadiq Hussain n’en croit pas un mot. “Des projets comme celui-là nous pompent le sang. Je ne comprends vraiment pas à quoi ils servent”.”Les agriculteurs du Cachemire (…) sont dépossédés de leurs terres et de leurs moyens de subsistance au nom du développement de l’Inde”, accuse Goldie Osuri, enseignante à l’université de Warwick (Royaume-Uni).L’agriculture contribuait à hauteur de 16,9% du Produit intérieur brut (PIB) du Cachemire pendant l’année fiscale 2022-2023.”Cette autosuffisance a permis à la population de survivre à des décennies de couvre-feux, grèves ou émeutes”, note Mme Osuri.L’autoroute de Srinagar n’est pas la seule en cause. Autour d’elle, les autorités veulent construire une vingtaine de quartiers d’habitations.”Ce que nous voyons sous nos yeux, ce n’est ni plus ni moins qu’un effort d’appropriation des terres de type colonial”, dénonce encore Goldie Osuri, “un projet d’hindouisation du Cachemire aux dépens des Cachemiris musulmans”.Dans les années 1950 et 1960, une réforme foncière a octroyé des petits lopins de terre à des centaines de milliers de petits paysans du cru, pour l’essentiel de confession musulmane.Mais quand il a repris les rênes de la région en 2019, le pouvoir central a autorisé tous les Indiens à acquérir des terres et en a même octroyé des parcelles entières à des entreprises.Les statistiques de ces acquisitions n’ont pas été rendues publiques.- Question d’identité -En décembre, plus de 240 hectares de vergers ont ainsi été attribués à la construction d’un nouveau campus universitaire. “Ça va nous conduire tout droit au chômage”, se plaint un producteur de fruits sous couvert d’anonymat.”Tout cela relève d’un accaparement des terres en bonne et due forme, et d’une lente destruction de l’environnement”, dénonce un élu du district, Waheed-Ur-Rehman Para.En 2021, la revue de droit de la prestigieuse université américaine de Harvard a comparé la politique foncière de New Delhi au Cachemire à celle de “l’expropriation des terres indigènes en Palestine ou en Australie”.En outre, les autorités indiennes saisissent régulièrement des terres ou des propriétés appartenant à ceux qu’elles considèrent comme proches de la rébellion séparatiste.Toutes ces opérations et décisions foncières nourrissent la colère des populations.Dans le village de Dirhama, les autorités veulent opérer des coupes claires dans les vergers pour construire une gare sur une voie ferrée qui desservira le site d’un pèlerinage hindou.”Cette terre (…) c’est tout ce que nous avons”, enrage un producteur de pommes, Mohammad Ramzan, 78 ans. “Ma famille va mourir dès qu’ils vont poser leur scie sur le premier de mes arbres”, anticipe Ghulam Mohammad Tantray.Le chef de l’exécutif local Omar Abdullah, vainqueur du parti de Narendra Modi aux élections locales de l’automne, s’est lui aussi publiquement inquiété de cette bataille de la terre.”Notre identité est intimement liée à notre terre”, a-t-il déclaré récemment. “Et nous voulons la garder. Sans elle, que nous resterait-il?”
Le pape proclame de nouveaux saints, un signal positif sur sa santé
Le pape François, 88 ans, hospitalisé dans un état “critique” avec une double pneumonie, a signé un décret de canonisations, un signal confirmant qu’il peut travailler et que sa santé semble s’améliorer.François “s’est bien reposé, toute la nuit”, a indiqué mardi matin le Vatican au 12e jour de son hospitalisation, après avoir fait état la veille d’une “légère amélioration”. Des nouvelles rassurantes alors que l’état de santé du pontife argentin suscite l’inquiétude à travers le monde.A la mi-journée, le Vatican a annoncé que le pape avait reçu la veille la visite de son Secrétaire d’Etat, le cardinal italien Pietro Parolin, et de Mgr Edgar Peña Parra, respectivement N.2 et N.3 du Saint-Siège.Au cours de cette visite, la première depuis son admission à l’hôpital Gemelli de Rome, le pape a autorisé la canonisation de deux laïcs du Venezuela et d’Italie et convoqué un consistoire (assemblée de cardinaux), dont la date n’a pas été précisée.A court terme, “cette audience signifie que le pape va mieux”, a expliqué à l’AFP une source vaticane, même si le dernier pronostic des médecins,  publié lundi soir, reste “réservé”.François avait été initialement hospitalisé le 14 février pour une bronchite mais celle-ci a évolué en pneumonie, une infection du tissu pulmonaire potentiellement mortelle, et les fidèles prient depuis pour sa guérison.Lundi soir, le Vatican avait assuré que “l’état clinique du Saint-Père, tout en restant critique, s’est légèrement amélioré. Aucun épisode de crise respiratoire asthmatique n’est survenu aujourd’hui; certains résultats d’analyses sont meilleurs”.La “légère insuffisance rénale” qu’il présente depuis dimanche “n’inspire pas d’inquiétude” et s’il continue de recevoir de l’oxygène, c’est à “débit et pourcentage réduits”, précise-t-il.Une autre source vaticane a assuré que François était en mesure de se lever et de se nourrir normalement, qu’il ne souffrait pas et gardait le moral. Selon le Vatican, il a même appelé lundi la paroisse de Gaza, comme à son habitude depuis le début de la guerre.Par ailleurs, le Bureau de presse du Vatican a démenti auprès de l’AFP une information publiée lundi par l’hebdomadaire français Paris Match selon laquelle le pape serait prochainement transféré dans un autre hôpital situé sur l’île Tibérine, à Rome.- “Bouffée d’oxygène” -Sous des averses sporadiques à Rome lundi soir, des centaines de fidèles se sont rassemblés sur la place Saint-Pierre, rejoints par une trentaine de cardinaux qui ont récité le rosaire, priant pour la santé de François.Si la scène rappelait les rassemblements avant la mort de Jean-Paul II, en 2005, “il n’est pas encore temps pour lui (le pape, ndlr) d’aller au ciel”, a déclaré le cardinal hondurien Oscar Rodriguez Maradiaga.”C’est quelqu’un qui ne recule pas devant la difficulté, qui ne se décourage pas (…) et qui n’arrête pas d’aller de l’avant”, a-t-il ajouté au quotidien La Repubblica.A Buenos Aires, ville natale de Jorge Bergoglio dont il a été archevêque avant d’être élu pape, des centaines d’Argentins ont prié pour leur chef spirituel. S’exprimant sur la même place où Bergoglio avait l’habitude de s’insurger contre l’injustice et l’inégalité, l’archevêque Jorge Garcia Cuerva a qualifié le pontificat de François de “bouffée d’oxygène pour un monde asphyxié par la violence, l’égoïsme et l’exclusion”. Des messages de soutien ont également été envoyés par des dirigeants du monde entier. “La situation est très grave mais nous lui souhaitons de se rétablir”, a déclaré le président américain Donald Trump, tandis que son homologue français, Emmanuel Macron lui a souhaité un “prompt rétablissement”.- Interrogations -Au Venezuela, le président Nicolas Maduro a déclaré lundi qu’il avait envoyé au pape une lettre “exprimant toute notre admiration”, et qualifiant François de “leader éthique de l’humanité (…) aimé par toutes les religions”.L’état de santé du chef de l’Eglise catholique s’était dégradé samedi avec “une crise asthmatique prolongée” et des problèmes hématologiques ayant requis “une transfusion sanguine”.Cette hospitalisation, la quatrième et plus longue depuis 2021, suscite de vives inquiétudes, le pape ayant déjà été affaibli par une série de problèmes ces dernières années: il a, entre autres, subi des opérations du côlon et de l’abdomen et connu des difficultés à marcher.L’hospitalisation du pape, à la fois chef spirituel du 1,4 milliard de catholiques et chef de l’Etat de la Cité du Vatican, a relancé les interrogations autour de sa capacité à assumer ses fonctions. Le droit canonique ne prévoit aucune disposition en cas de problème grave qui altérerait sa lucidité.Elle relance également les conjectures sur la possible démission de François, qui a cependant dit plusieurs fois que ce moment n’était pas arrivé.